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Mgr Ernesto GALLINA

Intervention à la XVIe Conférence de l’association mondiale des juristes

Manille, 26 octobre 1993




Le thème de la présente Conférence on the Law of the World, organisée par le World Jurist Association on the World Peace through Law Center est: «Law in a changing World».

Dans ce cadre, un exposé adressé aux experts des droits de l’homme doit être centré sur un thème défini: «Les droits de l’homme et le nouvel ordre mondial».

La problématique est complexe et elle doit tenir compte des changements historiques qui se produisent progressivement.

Aujourd’hui, elle est affectée par les ruptures provoquées par tant d’événements tragiques qui se déroulent en ce moment; cela fait sentir l’urgence de reprendre la proposition des droits de l’homme et des peuples, avec une insistance renouvelée, en en refaisant l’examen, afin de parvenir à un nouvel ordre du monde dans la paix.

Les processus d’intégration, au niveau régional et mondial, qui ont été et sont le stimulant des aspirations des peuples (spécialement depuis la Deuxième Guerre mondiale), se heurtent (depuis qu’a pris fin récemment entre l’Est et l’Ouest ce qu’on a appelé la guerre froide) à de fortes poussées centrifuges de nationalisme, voire d’ultra-nationalisme.

Des nationalismes défendus en se fondant sur le juste droit à la différence, un droit qu’il faut défendre énergiquement, parce qu’il est étroitement lié à la dignité des personnes humaines et des différents éléments de la société.

Mais l’exaltation de sa propre différence a malheureusement pour effet, dans trop de pays, la tentation d’étouffer la différence des voisins: d’où les conflits en cours entre personnes différentes vivant dans une même région ou un même pays, avec des atrocités qui ne le cèdent en rien aux plus terribles du passé.

Face à ce drame, insoluble apparemment, qui voue tant de peuples à la mort, la Communauté internationale ne peut rester une spectatrice inerte. Elle en deviendrait en quelque sorte complice.

C’est là qu’apparaît le principe nouveau de l’ingérence humanitaire, que le Saint-Siège ne manque pas de proclamer et d’encourager.

J’ai donc conçu la trame de mon exposé en cinq points:

a) L’ordre mondial est en train de changer;
b) Dans le nouvel ordre mondial, il faut reprendre la proposition des droits de l’homme;
c) Le droit à la différence;
d) Entre les différences, harmonie et non conflit;
e) Le droit et le devoir de l’ingérence humanitaire.

L’ordre mondial est en train de changer

La fin de l’ordre mondial qui a régi les relations internationales depuis la Deuxième Guerre mondiale semble aujourd’hui évidente, ne serait-ce que par l’intensité dramatique de certains événements concernant une grande partie des peuples de la terre. Il s’agit d’événements d’une telle portée qu’ils risquent de faire éclater des tensions et des conflits plus grands encore, et même de ranimer ceux qui paraissaient apaisés au cours des années de l’après-guerre.

Le monde de la politique internationale est lui-même désormais modifié; avec lui, changent peu à peu les règles juridiques régissant la conduite des sujets de l’ordre international. Cela s’impose, à certains égards, à cause de l’impuissance des normes internationales en vigueur à répondre aux «nouveaux défis» actuels et à répondre en même temps aux attentes des personnes et des peuples qui revendiquent désormais pour eux-mêmes un rôle de protagonistes – et non seulement d’agents passifs – dans les relations internationales et dans le droit international.

On se pose aussitôt la question du rôle du droit face à un monde qui change. Traiter un tel sujet, cela amènerait à faire porter l’analyse sur tout le domaine du droit international et à aborder directement les fondements de cet ordre, mais avec comme conséquence de devoir tempérer des exigences d’ordre strictement théorique par des considérations plus directement politiques et pragmatiques. En outre, cette perspective conduirait, au-delà de l’étude du problème, a faire la critique détaillée du système comme tel.

Dans le nouvel ordre mondial, il faut reprendre la proposition des droits de l’homme.

Malgré cela, il semble opportun et peut-être nécessaire de proposer une relecture des institutions et des règles du droit international contemporain – précisément dans l’intention d’en évaluer l’adéquation à la situation mondiale –, mais dans un secteur particulier de cet ensemble normatif, à savoir celui de la protection de la personne humaine.

En effet, un élément particulier risque de miner à la base la coexistence internationale de même que les actions ou les activités destinées à établir les bases d’un nouvel ordre mondial: il s’agit du manque de respect envers des droits fondamentaux de la personne et des peuples, ou même de leur négation, surtout si cela va de pair avec la non reconnaissance des identités et des différences de chacun, critères qui doivent accompagner l’évolution même des règles de protection de ces droits et de ces libertés. Avant tout, il faut constater que de telles attitudes négatives paraissent n’avoir d’autre critère que le désir évident de vider de leur sens les attentes et les bonnes intentions, de donner un contenu nouveau au droit international et de le considérer à juste titre comme l’axe porteur de la coopération entre les États.

De prime abord, deux présupposés paraissent devoir être clarifiés en vue de ce développement.

Le premier concerne la manière dont le droit international considère la personne humaine: c’est un point de vue de stricte théorie générale du droit, toutefois, dans la doctrine officielle, la personne ne semble pas être prise en considération directement quant à sa capacité d’être sujet et agent de l’ordre international. Mais précisément la mise en oeuvre d’une protection juridique de la personne au niveau international a imposé et continue d’imposer une autre conception de sa qualité de sujet international: la seule qualité de sujet «passif», c’est-à-dire conditionné par l’appareil d’État, ne semble pas pouvoir répondre aujourd’hui aux exigences les plus urgentes. En réalité, dans la phase actuelle de «transition», de nouveaux horizons se dessinent sur ce thème discuté, mais on ne peut les comprendre que par l’examen du contexte général des relations internationales.

En second lieu, il paraît désormais évident qu’il y a une corrélation étroite entre l’affirmation de perspectives différentes au sujet des droits fondamentaux – reconnaissance, protection mais aussi violations – et la fin de l’«ancien» ordre mondial reposant sur la bipolarisation des deux superpuissances et de leur sphère d’influence, sur la guerre froide Est-Ouest et sur un système de sécurité fondé sur la dissuasion atomique. Il est maintenant clair, dans ces perspectives, que le «nouvel» ordre mondial a tout son poids: ce n’est plus un modèle à rechercher mais désormais une réalité qui exprime:

a) le rôle paradoxal joué par les petites et moyennes puissances portées à créer leurs propres sphères d’influence;

b) la contradiction qui existe entre des processus d’intégration – au niveau régional et sub-régional ‑ et de fortes poussées nationalistes centrifuges;
 
c) la relance des Institutions internationales – en premier lieu l’ONU ‑ qui, espérée depuis toujours, est aujourd’hui en butte au danger, qu’il faut circonscrire, de se voir opposer l’arme de la souveraineté des États. Mais, en particulier, le «nouvel» ordre mondial conditionne l’avenir des droits humains avec un nombre croissant de pays porteurs d’une culture et d’une conception différente et souvent opposée à celle qui s’était constituée au niveau international à partir de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, adoptée par les Nations unies en 1948.

De fait, si, en poursuivant cette analyse, on tente de déchiffrer la réalité du monde contemporain, on constate à l’évidence les aspirations des individus et des peuples à voir protégés leurs droits, à faire reconnaître des droits nouveaux et, par conséquent, de nouveaux sujets, à dénoncer les violations continuelles et à rechercher dans ces cas l’appui et les interventions de la Communauté internationale. Les seuls motifs «politiques» ne suffisent donc pas à expliquer le risque de paralysie dans la maturation des droits de l’homme au niveau international.

Un premier champ de réflexion concerne la conception occidentale des droits humains qui a du mal désormais à recueillir le consensus de pays d’histoire et de irradiation culturelle différentes: les critères codifiés dans la Déclaration universelle de 1948, même si aucun pays ne les rejette directement, reflètent un monde ne comprenant qu’un tiers des États souverains actuellement existants. Si cet élément est moins évident pour les pays d’Amérique latine et d’Afrique – plus proches de la conception occidentale et donc de sa philosophie des droits fondamentaux – il présente un caractère conflictuel parfois insurmontable à l’égard des pays d’Asie: des sous-continents de l’Inde et de la Chine jusqu’à la région de l’Indochine et du Sud-Est asiatique.

Un deuxième élément est l’existence d’interprétations différentes de certains droits fondamentaux données par les pays de l’hémisphère sud: et il ne s’agit pas de droits «nouveaux» dont il faudrait donc vérifier l’efficacité, mais de droits considérés désormais comme fermes dans leur contenu, leur efficacité et leur observation. Pour saisir cette différence, quelques exemples de la « relecture » actuelle suffiront, peut-être les plus radicaux: le droit des individus et des peuples à ne pas être l’objet de discriminations raciales ne peut être limité aux pays qui pratiquent traditionnellement une ségrégation entre «blancs» et «noirs», mais elle s’applique au défaut d’intégration des personnes d’ethnies différentes qui, venant d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, abordent le monde développé de l’Occident; le droit à l’autodétermination ne doit pas être reconnu seulement aux peuples qui accèdent à l’indépendance par rapport à une domination extérieure, comme c’était le cas dans la période de la décolonisation, mais à tout peuple qui aspire à se donner une forme propre de gouvernement et de contrôle de ses ressources, même dans le cadre d’une indépendance déjà consolidée; le rapport entre la démocratie et les droits de l’homme, considéré en Occident comme le véritable point «critique» dans le conflit dialectique avec les pays de l’Est, doit être relu par rapport à la jouissance effective de tous les droits, non seulement des droits civils et politiques, mais aussi des droits économiques, sociaux et culturels.

On ne peut laisser de côté non plus le problème de la compréhension culturelle des droits fondamentaux, et donc l’apport des différentes cultures pour définir des normes internationales. C’est dans ce sens qu’il faut entendre la requête des pays de l’hémisphère sud de voir reconnue une acception «régionale» des droits humains, c’est-à-dire que l’on tienne compte de la «diversité» dans laquelle il faut «inculturer» les critères des droits élaborés sur le plan mondial. De même il convient de recueillir la contribution positive que les différentes expériences régionales peuvent apporter à la maturation de critères universels.

En substance, le rapport entre l’universalité et les particularismes devient un nouveau défi, non seulement pour l’avenir des droits de l’homme, mais encore pour de plus larges secteurs entrant dans la compétence de l’ordre international.

Notre siècle qui s’achève est plein de contradictions et d’ambiguïtés.

Nous pouvons le caractériser par bien des formules. L’une de celles-ci est «le siècle des droits de l’homme». Mais bien souvent ces droits de l’homme, proclamés et reconnus dans l’abstrait, ne sont pas respectés ni appliqués. On a le sentiment qu’ils suscitent plutôt moins d’intérêt à l’heure actuelle.

C’est pourquoi apparaît la nécessité d’un dialogue réellement mondial entre les nombreuses cultures pour arriver à une nouvelle et plus forte mise en valeur des droits de l’homme, fondés sur les principes communs de la nature humaine.

Une morale mondiale est indispensable, pour laquelle devraient s’accorder toutes les religions et les cultures, afin que le monde de demain puisse trouver la possibilité d’une coexistence pacifique.

On rêve de voir la culture unir ce que la politique divise.

Le droit à la différence

C’est un fait: nous sommes différents. Il faut ajouter: nous avons le droit de l’être.

La différence est normale. Mais on ne doit pas en déduire une différenciation des statuts juridiques.

Le plus grand des dons reçus par chacun a été le don de la vie. Et Dieu ne crée pas en série; il ne se sert pas de chaînes de montage.

Dieu crée chaque homme pour lui-même: il considère chacun comme s’il était unique. Pas un cheveu d’aucune personne n’échappe à son attention.

Tout homme a une valeur infinie, car il vient d’un Dieu infini et il est destiné à retourner à Lui.

Et, même en faisant abstraction de cette perspective transcendante et religieuse, et pour s’en tenir à une considération immanente et purement humaine, l’homme est le seul être qui sait prendre la mesure de lui-même: c’est pourquoi il est au-dessus de toute autre réalité mesurable; tout est fonction de lui.

La notion même de «droit» est conçue par lui seul: c’est pourquoi le droit est, lui aussi, fonction de lui.

Chacun est soi-même. Il doit s’améliorer constamment, mais il reste toujours soi-même.

Même  lorsqu’il se trouve pris dans les liens des divers niveaux de la société: la famille, les relations sociales, la nation.

Chacune de ces réalités, avec son autonomie propre, a le droit de se manifester comme elle est, avec ses caractéristiques qui résultent de sa nature et de son histoire.

Personne ne doit l’empêcher de garder son identité ni la compromettre.

Il doit naturellement y avoir une autolimitation pour garantir le même respect aux autres réalités analogues.

Les limites peuvent et doivent aussi, dans un ordre hiérarchique, venir des réalités supérieures.

Mais le droit d’être soi-même, d’être différent, est sacro-saint.

Entre les différences, harmonie et non conflit

Le principe est que l’amour ne naît pas entre des personnes identiques, mais entre des personnes différentes.

La diversité engendre l’amour, et l’amour engendre la vie.

C’est la loi de la famille. L’homme et la femme sont différents. A cause de cela (non pas malgré cela, mais à cause de cela) ils s’aiment (ce qui est plus que se tolérer) et, en s’aimant, ils créent la vie.

Cette loi doit devenir aussi la loi des peuples et de toute la famille humaine.

Le problème des différences doit être résolu par la force d’attraction de la solidarité qui unit et il en résultera, pour l’avenir, non la mort mais la vie.

Il y a déjà longtemps, le 28 juillet 1938, le Pape Pie XI s’exprimait ainsi en s’adressant aux étudiants du Collège de la Propagation de la Foi: «Séparatisme ? Non. Nous ne voulons rien séparer dans la famille humaine; car Nous considérons ici – c’est clair – le racisme et le nationalisme exagérés, ainsi qu’on en parle communément, c’est-à-dire comme des barrières élevées entre hommes et hommes, entre nation et nation, entre peuples et peuples. [...] Le genre humain est une seule, grande, universelle race humaine. [...] On ne peut toutefois nier que dans cette race universelle il y ait place pour les races spéciales, comme pour tant de variations diverses, comme pour beaucoup de nationalités qui sont encore plus spécialisées. Et de même que dans les vastes compositions musicales il y a de grandes variations dans lesquelles, toutefois, l’on voit le même motif général qui les inspire revenir souvent, mais avec des tonalités, des intonations, des expressions diverses, de même, dans le genre humain, il existe une seule grande race humaine universelle, catholique, une seule grande et universelle famille humaine, et, avec elle, en elle, des variations diverses».

Souvent, au contraire, la réalité est terriblement autre.

Au lieu de la poignée de mains entre les différents groupes humains, c’est un échange de coups de poing. C’est la lutte entre les races, le racisme. C’est la lutte entre les différents groupes ethniques, l’ethnocide.

En contradiction irrémissible non seulement avec les préceptes de la morale, mais encore avec les comportements démocratiques qui requièrent l’égalité et la liberté de tous les citoyens, indépendamment du sexe, de la race, de la langue, de la confession religieuse: tous les êtres humains, en effet, naissent libres et égaux en dignité et en droit.

Les racines de l’ethnocide sont tout à la fois historiques, sociales, politiques et économiques.

Ethnocide signifie perte de l’identité culturelle: on refuse aux membres d’un groupe ethnique, collectivement ou individuellement, le droit d’utiliser, de développer et de transmettre leur langue et leur culture.

Cela veut dire surtout expulsion de son milieu, et même suppression massive. Races à expulser ou à éteindre.

C’est une forme extrême de violation massive des droits de l’homme, en particulier du droit des groupes ethniques au respect de leur identité culturelle et du droit de tous (individus et peuples) d’être différents, de se considérer et d’être considérés comme tels.

Le drame naît ainsi: en voulant, pour survivre, défendre son intégrité et ses biens, et à l’occasion s’approprier ceux d’autrui (biens meubles et immeubles, aliments, matières premières, territoires, biens réels ou imaginaires, religieux, culturels et symboliques), l’homme est en même temps agresseur et agressé, terrifiant et terrifié.

Et c’est le refus agressif des autres.

On cherche une pseudo-légitimation de l’agression et du profit au nom des différences, jugées valorisantes pour l’accusateur et dévalorisantes pour sa victime: il est bon et beau d’être blanc, et en même temps il devient mauvais et laid d’être noir. Et l’on revendique de «justes» (!!) privilèges.

Il y a une corrélation étroite entre l’ethnocide et le racisme.

La contradiction suivante suscite beaucoup d’étonnement: d’une part, tous (Organisations internationales, religions, gouvernements, savants, et aussi la conscience des individus et des peuples) condamnent le racisme; et d’autre part, le racisme est universellement répandu, même chez ceux qui le condamnent en paroles. Aussi se demande-t-on si cette condamnation, qui porte sur le racisme des autres et non sur le sien propre, n’est pas purement formelle, si ce n’est pas un alibi que chaque peuple et chaque individu se crée pour tenter de se justifier.

L’histoire enseigne que le préjugé racial est une constante quasi universelle: les populations qui en ont été les victimes les plus pitoyables ont été et sont elles-mêmes racistes vis-à-vis d’autres groupes ethniques. Naturellement, il y a racisme et racisme, il y a celui qui se manifeste seulement par le mépris et celui qui, quand il le peut, se manifeste par l’oppression et l’extermination. Mais cela n’empêche pas que tous les racismes sont, à la racine, également condamnables.

Quelles sont les raisons profondes de l’attitude raciste ? S’agit-il d’un comportement acquis, produit par une certaine éducation, ou bien d’une réaction spontanée ? Naît-on raciste ou le devient-on? Quelle est la part qui vient de la nature et quelle est l’influence de la culture?

Il y a deux courants qui dénoncent le racisme:

– le premier, nettement majoritaire, affirme qu’il est dicté par le désir de perpétuer un ordre économique et politique injuste et de le consolider: le raciste est un égoïste (école socio-économique);

– le second fait appel à des motifs d’ordre culturel, psychologique ou même pathologique: le raciste est un malade mental (école psychopathologique).

Le racisme est un fait culturel et non naturel. Le préjugé racial n’a rien d’héréditaire, et moins encore de spontané: c’est un préjugé, c’est-à-dire un jugement de valeur non fondé objectivement, et d’origine culturelle. Loin d’être dans la nature des choses ou inhérent à la nature humaine, il fait partie de ces mythes qui procèdent d’une propagande intéressée plus que d’une tradition séculaire.

Les cultures ne sont, les unes par rapport aux autres, ni supérieures ni inférieures; elles sont complémentaires.

Le racisme ne fait pas partie de la création. C’est l’un des péchés qui découlent de la faute originelle!

Parmi les racismes de notre époque, celui des blancs est le moins excusable, vu l’influence du christianisme sur les populations blanches, et aussi leur plus grand progrès économique et technique qui devrait leur faire dépasser certaines positions absurdes et anachroniques.

On a appelé le racisme «le cancer social de notre temps».

’est un fait paradoxal que la rencontre entre les peuples, au lieu d’amener à dépasser les racismes, semble au contraire, du moins en la présente étape de l’histoire humaine, multiplier les cas de luttes raciales et les sentiments racistes dans l’inconscient des masses et dans le large éventail d’opinions publiques.

On espère toutefois – et des signes encourageants apparaissent dans la fraternité qui unit les jeunes de tous les peuples – qu’une plus grande connaissance réciproque, un meilleur traitement, au niveau international, des conflits économiques et politiques, pourront amener les hommes à se sentir vraiment frères et à vivre comme tels.

Il ne faut pas confondre la défense des ethnies avec les séparatismes: ceux-ci sont le fruit de la crise des valeurs et se manifestent par les dangereuses fragmentations entraînant la diminution ou même la destruction des éléments qui permettent ou du moins facilitent la vie collective.

Le droit et le devoir de l’ingérence humanitaire

Lorsque, dans une partie du monde, prévaut l’irrationalité et la brutalité, et que – par la faute de minorités aguerries et dominatrices – la plus grande partie des populations est inexorablement écrasée par le poids des souffrances et de la mort, peut-on encore parler de «non-ingérence dans les affaires intérieures des États»?

Rester là à regarder ne devient-il pas au contraire une faute grave de complicité ? Y a-t-il un droit et un devoir d’«ingérence humanitaire»?

Parmi les éléments les plus mêlés aux problèmes des droits fondamentaux se distingue la référence aux principales tendances en vigueur dans le secteur des droits humains. Le lien avec un ordre mondial rénové est évident; il reste à préciser quels sont les défis actuels capables de permettre une pleine mise en œuvre des garanties fondamentales pour les personnes et les peuples.

Il n’est pas difficile d’entrevoir le véritable nœud du problème: rendre effectives la reconnaissance et la sauvegarde des droits fondamentaux, entendues jusqu’à maintenant et presque exclusivement comme un devoir que les Etats eux-mêmes accomplissent dans leurs affaires intérieures, malgré les limites imposées par le droit international, limites dont – d’une façon discrétionnaire, ou malheureusement arbitraire – ils tiennent compte ou non. La tendance qui semble se dessiner est celle de soutenir l’activité des mécanismes de contrôle institués au niveau international pour veiller au respect des droits humains et, parallèlement, de prévoir une action directe de la Communauté internationale par ses institutions lorsque dans un pays subsistent ouvertement des violations des droits fondamentaux; c’est ce que l’on appelle l’ingérence humanitaire. Ce concept est ouvertement contesté par les États qui sont enclins à préserver des contrôles extérieurs leur «domaine réservé», bien que, sur le plan international, se soit affermi le principe selon lequel la garantie des droits humains ne peut appartenir exclusivement à la compétence interne des États. Au contraire, aux États est conférée la tâche de mettre en œuvre la fonction exécutive propre à l’ordre international, fonction décentralisée en raison de la nature particulière de cet ordre.

Pourtant, même dans ce cas, l’histoire évolue vite: l’ONU s’est appuyée sur le principe de l’ingérence humanitaire pour envoyer des «casques bleus» dans l’ex-Yougoslavie afin, entre autres, de garantir le droit fondamental des populations aux secours d’urgence; et, plus encore, pour intervenir avec les «casques bleus» afin de sauver de l’extermination et de la mort par la faim les populations de Somalie auxquelles on déniait les droits fondamentaux a la vie et à l’alimentation. Et l’on pourrait continuer ainsi, en pensant aux actions entreprises au Cambodge ou aux cas d’autres situations fortement exposées à des conflits.

En ouvrant à Rome la Conférence internationale sur la Nutrition, le 5 décembre 1992, Jean-Paul II a parlé de l’ingérence humanitaire, affirmant que désormais la conscience commune de l’humanité reconnaît que la Communauté internationale a l’obligation d’intervenir en cas de conflits armés qui remettent en question les droits les plus fondamentaux de personnes ou de groupes ethniques: le droit à la vie, le droit à la survie et à l’alimentation. C’est une ingérence dont le but est clair: assurer la sauvegarde des droits fondamentaux, et non limiter de façon discrétionnaire l’activité des pays; voilà pourquoi elle est considérée comme une obligation, avec d’évidentes références éthiques, et non comme le droit du plus fort.

Cette tendance a été reprise par le Pape dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 1993, qui souligne que la négation d’un droit fondamental des peuples, le droit au développement, fait a la Communauté internationale «un devoir précis d’intervention pour leur porter secours».

Ce même thème de l’ingérence humanitaire a été pour le Saint-Père l’occasion de lancer un sérieux rappel dans son traditionnel discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 16 janvier 1993, et d’affirmer clairement: «Une fois que toutes les possibilités offertes par les négociations diplomatiques, les processus prévus par les conventions et les Organisations internationales, ont été mis en oeuvre et que, malgré cela, des populations sont en train de succomber..., les États n’ont plus le droit à l’indifférence» (n. 13).

Le thème de l’ingérence humanitaire, avec les convergences évidentes entre l’expérience du droit international humanitaire et celle de la valeur internationale des droits humains, montre précisément que, pour les droits fondamentaux et leur sauvegarde, s’ouvre désormais un chapitre nouveau qui échappe au débat en cours dans les relations internationales, débat peut-être trop lié à la perspective d’un ordre mondial nouveau plus préoccupé de défendre les divisions que de souligner les partages.

Mais ce chapitre nouveau doit être sérieusement pris en considération. Ce sera peut-être le nœud de la future politique mondiale.

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INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA XVI CONFERENZA
DELL'ASSOCIAZIONE MONDIALE DEI GIURISTI

INTERVENTO DI MONS. ERNESTO GALLINA*

Manila, 26 ottobre 1993

 


Tema della presente Conferenza “on the Law of the World”, promossa dalla “World Jurist Association on the World Peace through Law Center» è: “Law in a changing World».

Una relazione destinata, in questo quadro, a quanti esperti sui diritti umani, viene così a profilarsi su un tema specifico: I diritti umani e il nuovo ordine mondiale».

La tematica è complessa, ed è soggetta alle variazioni storiche che man mano si succedono.

Oggi poi soffre lo strappo di tanti tragici avvenimenti in corso, che fanno sentire l’urgenza di riproporre con nuovo esame e nuova enfasi i diritti dell’uomo e dei popoli, per riordinare il mondo nella pace.

I processi di integrazione su piano regionale e mondiale, che sono stati e sono la molla delle aspirazioni dei popoli (specialmente dopo la seconda guerra mondiale), si scontrano (dopo la recente fine della cosiddetta guerra fredda tra est e ovest) con forti spinte centrifughe nazionalistiche, anzi ultranazionalistiche.

Nazionalismi propugnati in base al giusto «diritto alla differenza»: un diritto che bisogna difendere energicamente, perché strettamente legato alla dignità delle persone umane e delle varie componenti della società umana.

Ma purtroppo l’esaltazione della propria differenza sta comportando in alcuni (troppi) Paesi il tentativo di soffocare la differenza dei vicini: ed ecco i conflitti in corso tra genti diverse di una stessa regione o Paese: con atrocità non inferiori a quelle più terribili del passato.

Di fronte al dramma, altrimenti insolubile, che sta uccidendo tanti popoli, la Comunità internazionale non può restare inerte spettatrice. Diventerebbe in certo modo complice.

Sorge allora il nuovo principio, che la Santa Sede non manca di proclamare e incoraggiare, della ingerenza umanitaria.

Ho tracciato in tal modo la trama in cinque punti della mia esposizione:
a) L’ordine mondiale sta cambiando;
b) I diritti umani da riproporre nel nuovo ordine mondiale;
c) Il diritto alla differenza;
d) Armonia e non lotta tra le varie differenze
e) il diritto-dovere dell’ingerenza umanitaria.

a) L’ordine mondiale sta cambiando

La fine dell’ordine mondiale che ha retto le relazioni internazionali a partire dalla fine della seconda guerra mondiale, appare oggi evidente anche attraverso la drammaticità di alcuni avvenimenti che coinvolgono gran parte dei popoli della terra. Avvenimenti la cui portata rischia di far esplodere più profonde tensioni e contrasti, anche quelli che sembravano invece sopiti negli anni successivi al conflitto bellico.

E’ immediato l’interrogativo, su quale sia la funzione del diritto di fronte ad un mondo che cambia. Affrontare un tale tema significherebbe analizzare l’intero ambito del diritto internazionale e toccare direttamente le fondamenta di questo ordinamento, ma con il risultato di dover ottemperare esigenze di ordine strettamente teorico con aspetti più direttamente politici e pragmatici. Uno sguardo che comporterebbe inoltre non lo studio del problema ma piuttosto una puntuale critica al sistema in quanto tale.

b) I diritti umani da riproporre nel nuovo ordine mondiale

Ciononostante sembra opportuno e forse necessario proporre una rilettura degli istituti e delle regole del diritto internazionale contemporaneo – proprio nella prospettiva di vagliare la congruità rispetto alla situazione mondiale – ma attraverso un particolare segmento di tale normativa; quella riguardante la tutela della persona umana.

Due appaiono immediatamente i presupposti da esplicare in vista di questa trattazione.

Il primo riguarda la considerazione che della persona umana fa il diritto internazionale: è un profilo di stretta teoria generale del diritto, ma la persona non sembra avere nella dottrina ufficiale una diretta considerazione quanto alla capacità di essere soggetto agente dell’ordine internazionale. Ma proprio la attivazione di una tutela giuridica sul piano internazionale della persona ha posto e continua a porre come impellente una diversa considerazione della sua oggettività internazionale: la sola soggettività «passiva», ovvero quella mediata attraverso l’apparato statale, non sembra oggi poter rispondere alle esigenze pressanti. Infatti proprio nell’attuale fase di « “transizione” si delineano nuovi orizzonti per questo tema dibattuto, ma orizzonti comprensibili solo attraverso l’esame del generale contesto delle relazioni internazionali.

In secondo luogo si evidenzia ormai la stretta correlazione tra l’affermarsi di prospettive diverse per i diritti fondamentali: riconoscimento, tutela, ma anche violazioni - e la fine del «vecchio» ordine mondiale incentrato sul bipolarismo delle due superpotenze e le connesse sfere di influenza, sulla guerra fredda est-ovest e su un sistema di sicurezza basato sulla dissuasione atomica.

Se nel proseguire in questa analisi si affronta la lettura della realtà del mondo contemporaneo, appaiono evidenti le aspirazioni di singoli, di popoli a vedere tutelati i propri diritti, a far riconoscere nuovi diritti e quindi nuovi soggetti, a denunciare le continue violazioni e a richiedere per tali casi appoggi e interventi della Comunità internazionale. Non bastano, quindi, le sole ragioni «politiche» a spiegare il rischio di una paralisi della maturazione dei diritti umani a livello internazionale.

Una prima pista di riflessione riguarda la concezione occidentale dei diritti umani che stenta ormai ad essere consensualmente accolta da Paesi di storia e di tradizione culturale diverse: gli stessi standard codificati nella dichiarazione Universale del 1948, anche se direttamente non rigettati da alcun Paese, rispecchiano un mondo costituito da un terzo degli Stati sovrani attualmente esistenti.

Un secondo elemento è la differente interpretazione data dai Paesi del Sud del mondo di alcuni diritti fondamentali: e non si tratta di diritti «nuovi» e che quindi richiedono un accertamento della loro effettività, ma di diritti ritenuti ormai consolidati nel loro contenuto, efficacia e osservanza.

Non può tralasciarsi, poi, il problema del profilo culturale dei diritti fondamentali, e quindi l’apporto dato da culture diverse per definire delle norme internazionali. È in questo senso che va letta la richiesta dei Paesi del Sud del mondo perché sta riconosciuto un profilo «regionale» dei diritti umani, che si tengano cioè presenti le «“diversità“ in cui vanno ad “inculturarsi“» gli standard di diritti elaborati sul piano mondiale. Come pure va colto l’apporto positivo che le diverse esperienze regionali possono dare alla maturazione di standard universali.

Sostanzialmente il rapporto tra universalità e particolarismi diventa una ulteriore sfida per il futuro non solo dei diritti umani ma dei più ampi settori interessati alla competenza dell’ordinamento internazionale.

È un secolo contraddittorio e ricco di ambiguità questo nostro che sta uscendo di scena.

Possiamo rappresentarlo con tante definizioni. Una di queste è «il secolo dei diritti dell’uomo». Ma spesso, questi diritti dell’uomo, astrattamente affermati ed accettati, non sono rispettati e realizzati. Si ha la sensazione che per essi ci sia una certa caduta d’interesse.

Sorge perciò la necessità di un dialogo veramente mondiale tra le molte culture, per arrivare a una nuova e più forte valorizzazione dei diritti dell’uomo, fondandoli in principi comuni della natura umana.

È indispensabile una morale mondiale, in cui s’incontrino tutte le religioni e le culture e il mondo di domani possa trovare la possibilità di una pacifica convivenza.

Il sogno è che la cultura unisca ciò che la politica divide.

c) Il diritto alla differenza

E’ un dato di fatto. Siamo differenti. Occorre aggiungere: abbiamo il diritto di esserlo.

La differenza è normale. Ma non se ne deve dedurre una differenziazione di status giuridico.

Il dono più grande per ciascuno è stato il dono della vita. E Dio non crea in serie, non adopera catene di montaggio.

Dio crea ogni uomo per sé; guarda a ciascuno come se fosse il solo. Non gli sfugge un capello di nessuno.

Ogni uomo ha un valore infinito, perché deriva da un Dio infinito e a Lui è destinato a tornare.

E anche a prescindere da questa visuale trascendente e religiosa, e limitandosi ad una considerazione immanente e puramente umana, l’uomo è il solo che sa misurarsi: è perciò al di sopra di ogni altra realtà misurata: tutto è in sua funzione.

La stessa funzione di “diritto” è concepita solo da lui: anche il diritto è perciò essenzialmente in sua funzione.

Ciascuno è se stesso. Deve migliorare continuamente, ma resta sempre se stesso.

Anche quando si trova unito nei vincoli delle diverse società: la famiglia, le colleganze sociali, la nazione.

Ognuna di queste realtà, nella propria autonomia, ha il diritto di manifestarsi come è, con le proprie caratteristiche che promanano dalla loro natura e dalla loro storia.

Nessuno deve impedire ed intaccarne l’identità.

Devono naturalmente esserci degli auto-limiti, per garantire lo stesso rispetto nei confronti di realtà analoghe.

Limiti possono e debbono venire anche in scala gerarchica dalle realtà superiori.

Ma il diritto di essere se stessi, di essere differenti, è sacrosanto.

d) Armonia e non lotta tra le varie differenze

Il principio è che l’amore nasce non tra uguali, ma tra diversi.

Dalla diversità viene l’amore e dall’amore viene la vita.

È la legge della famiglia. L’uomo e la donna sono diversi. Per questo (no nonostante questo, ma per questo) si amano (non soltanto si tollerano) e amandosi creano la vita.

Questa legge deve diventare anche la legge dei popoli e dell’intera famiglia umana.

Il problema delle differenze deve essere risolto dalla forza attraente della solidarietà che unisce, e ne verrà per l’avvenire, non la morte ma la vita.

Già nel lontano 28 luglio 1938, Papa Pio XI così diceva agli alunni del Collegio di Propaganda Fide: “..Separatismo no: non vogliamo separare nulla nella famiglia umana: poiché intendiamo – è chiaro – il razzismo e il nazionalismo esagerati, come se ne parla comunemente, quasi di barriere elevate tra uomini e uomini, gente e gente, popoli e popoli … il genere umano è una sola, universale, cattolica razza. Ne può tuttavia negarsi che in questa razza universale non vi sia luogo per le razze speciali, come per tante diverse variazioni, come per molte nazionalità che sono ancora più specializzate. Nella stessa guisa in cui nelle importanti composizioni musicali vi sono le grandi variazioni nelle quali pur si riscontra lo stesso generale motivo, che le ispira, ritornare sovente, ma con tonalità, intonazioni, espressioni diverse, cosi anche nel genere umano è una sola grande universale cattolica razza umana, una sola grande universale famiglia umana e, con essa, in essa, variazioni diverse …”.

Spesso invece la realtà è terribilmente diversa.

Non una stretta di mano tra i diversi gruppi umani, ma vicendevoli colpi di pugnale.

È la lotta tra le razze, il razzismo.

È la lotta tra i diversi gruppi etnici, l’etnocidio.

In antitesi insanabile non solo con i dettami della morale ma anche con la prassi democratica, che richiede l’uguaglianza e la libertà di tutti i cittadini, indipendentemente da sesso-razza-lingua-confessione religiosa: tutti gli esseri umani, infatti, nascono liberi e uguali in dignità e in diritti.

Le radici dell’etnocidio sono insieme storiche, sociali, politiche ed economiche.

Etnocidio significa perdita dell’identità culturale: si nega ai membri di un gruppo etnico, collettivamente o individualmente, il diritto di utilizzare, sviluppare e trasmettere la propria lingua e cultura.

Significa soprattutto espulsione dal proprio ambiente, e persino soppressione in massa. Razze da mandar via o da estinguere.

L’etnocidio è in stretta simbiosi col razzismo.

Stupisce molto la seguente contraddizione: da una parte tutti (organizzazioni internazionali, religioni, governi, scienziati, e anche le coscienze degli individui e dei popoli) condannano il razzismo: dall’altra il razzismo è universalmente diffuso, anche fra coloro che lo condannano a parole. Per cui ci si chiede se questa condanna, che riguarda il razzismo degli altri e non quello proprio, non sia puramente formale, un alibi che ciascun popolo e ciascun individuo si crea per un tentativo di giustificazione.

Il razzismo è un fatto culturale e non naturale. Il pregiudizio razziale non ha niente di ereditario e tanto meno di spontaneo: esso è un pregiudizio, cioè un giudizio di valore non fondato oggettivamente e d’origine culturale. Lungi dall’essere insito nelle cose o inerente alla natura umana, esso fa parte di quei miti che procedono da una propaganda interessata più che da una tradizione secolare.

Le culture fra loro non sono né supériori né inferiori: sono complementari.

Il razzismo non fa parte della creazione. E’ uno dei peccati derivanti dalla colpa originale!

C’è però la speranza – e se ne vedono segni incoraggianti nella fratellanza giovanile fra tutti i popoli – che una maggiore conoscenza reciproca, una migliore sistemazione internazionale dei contrasti economici e politici, possano portare gli uomini a sentirsi veramente fratelli e a vivere come tali.

La difesa delle etnie non va confusa con i separatismi che sono frutto della crisi dei valori e trovano riscontro nelle pericolose frammentazioni che diminuiscono o addirittura distruggono gli elementi che consentono o almeno facilitano la vita collettiva.;

e) Il diritto-dovere dell’ingerenza umanitaria

Quando in una regione del mondo prevale l’irrazionalità e la brutalità, e per colpa di minoranze agguerrite e prepotenti la massa delle popolazioni è schiacciata inesorabilmente dal peso delle sofferenze e della morte, può ancora parlarsi di “non-ingerenza negli affari interni degli Stati”?

O invece il fermarsi a guardare diventa colpa grave di complicità?

C’è un diritto-dovere di «ingerenza umanitaria»?

Tra gli elementi che maggiormente sono inseriti nella problematica dei diritti fondamentali, spicca il riferimento alle «principali tendenze in atto nel settore dei diritti umani». Il nesso con un ordine mondiale rinnovato è evidente: resta il problema di precisare quale siano le «sfide in atto» in grado di permettere una piena attuazione delle garanzie fondamentali per le persone e i popoli.

Non è facile intravedere il vero nodo del problema; rendere effettivo il riconoscimento e la tutela dei diritti fondamentali, fino ad oggi inteso quasi esclusivamente come un compito che gli stessi Stati realizzano al loro interno, nonostante le limitazioni imposte dal diritto internazionale che vengono discrezionalmente – o purtroppo, arbitrariamente – attese o disattese. La linea che sembra profilarsi è quella di sostenere l’attività dei meccanismi di controllo istituiti a livello internazionale per sorvegliare sull’osservanza dei diritti umani e, in parallelo, di prevedere un’azione diretta della Comunità internazionale attraverso le sue istituzioni, quando in un Paese sussistono palesi violazioni dei diritti fondamentali: la cosiddetta «ingerenza umanitaria».

Dell’ingerenza umanitaria ha parlato Giovanni Paolo II, aprendo il 5 dicembre 1992 a Roma la Conferenza Internazionale sulla Nutrizione, affermando che è ormai la coscienza comune dell’umanità a ritenere un obbligo per la Comunità internazionale di intervenire in caso di conflitti bellici che mettono in discussione i più basilari dei diritti di persone e gruppi etnici: il diritto alla vita, alla sopravvivenza e alla nutrizione.

Un’ingerenza chiaramente finalizzata a garantire la tutela dei diritti fondamentali e non a limitare, discrezionalmente i singoli Paesi: ecco perché definita come obbligo con evidenti richiami etici e non come diritto del più forte.

Una linea che il Papa ha ribadito nel Messaggio per la Giornata Mondiale della Pace del 1 gennaio 1993, sottolineando come la negazione di un fondamentale diritto dei Popoli, quello allo sviluppo, pone per la Comunità internazionale «il dovere di intervenire in loro soccorso».

Lo stesso tema dell’ingerenza umanitaria poi, ha costituito per il Santo Padre motivo di forte richiamo nel tradizionale discorso al Corpo Diplomatico presso la Santa Sede il 16 gennaio 1993, con la chiara affermazione che «quando le possibilità offerte dai negoziati diplomatici, i processi previsti dalle convenzioni e dalle organizzazioni internazionali siano stati messi in atto, e che, nonostante questo, delle intere popolazioni sono sul punto di soccombere... gli Stati non hanno più il diritto all’indifferenza».

Proprio il tema dell’ingerenza umanitaria, con le aperte convergenze tra l’esperienza del diritto internazionale umanitario e quella del valore internazionale dei diritti umani, dimostra che per i diritti fondamentali e la loro tutela si apre ormai un capitolo nuovo che sfugge al dibattito in corso nelle relazioni internazionali, fosse troppo legato alla prospettiva di un nuovo ordine mondiale che si preoccupa di difendere le “divisioni” piuttosto che sottolineare le “condivisioni”.

Ma questo capitolo nuovo deve essere preso in seria considerazione. Sarà forse il centro della futura politica mondiale.



*L'Osservatore Romano 17.11.1993 p.5.

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