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DISCOURS DE S.E. MONS. JEAN LOUIS TAURAN
SECRÉTAIRE POUR LES RAPPORTS AVEC LES ÉTATS, 
AU SYMPOSIUM DE COMMÉMORATION DU 50ème ANNIVERSAIRE 
DE LA MISSION PONTIFICALE POUR LA PALESTINE ,
 TENU AU SIÈGE DES NATIONS UNIES 

 Lundi 25 octobre 1999 


En nous penchant sur l'histoire récente de ce que nous appelons la Terre Sainte, du 2 avril 1947 (la fin de la juridiction britannique) à aujourd'hui, nous ne pouvons manquer d'être frappés par le fait que cette partie du monde a constamment été en état de guerre.

La Résolution n.181 de 1947 de l'Assemblée générale des Nations unies (qui décida l'établissement de deux Etats, un pour les Arabes et un pour les Juifs - et qui n'a pas encore été totalement mise en pratique), la défaite des armées arabes en 1948 et la modification du territoire par les forces armées qui s'ensuivit, conduisirent à des transferts importants de populations, provoquant des situations de grave injustice et donc, de conflit.

C'est dans ce contexte que les Papes et le Saint-Siège durent accomplir leur service de promotion de la paix parmi les peuples et de rassemblement des différentes traditions religieuses, tout en gardant toujours en mémoire la Ville de Jérusalem et les Lieux Saints, qui faisaient déjà l'objet d'une confusion politique.

En effet, la Terre Sainte a représenté une question centrale à laquelle les Papes ont été confrontés depuis le Moyen-Age. Etant donné les limites de temps, je ne présenterai ce que les Pontifes Romains ont dit et fait que depuis la fin du siècle dernier jusqu'à aujourd'hui, et je m'efforcerai de faire apparaître clairement la continuité des efforts inlassables du Saint-Siège en vue de réconcilier la justice et la charité.

La Terre Sainte dans les interventions des Papes

J'ai pensé qu'il était approprié de prendre comme point de départ de nos réflexions le Motu Proprio de Léon XIII Domini et salvatoris, datant de 1887, non pas parce qu'il constitue le premier document, mais parce que, avec deux autres brèves interventions de Benoît XV et de Pie XI, il représente une sorte de pont entre les deux différentes situations politiques présentes dans cette région.

L'analyse des documents consultés à cet égard nous permet d'identifier trois périodes de l'activité du Saint-Siège en ce qui concerne la Terre Sainte, chacune ayant des caractéristiques spécifiques correspondant aux événements historiques qui se sont succédé dans la région.

1. De 1887 à 1947, c'est-à-dire jusqu'à la Première guerre entre Arabes et Israéliens,
2. De 1947 à 1964, avec la visite historique de Paul VI,
3. De 1964 à nos jours.

- Les documents relatifs à la Terre Sainte en général, avec une référence particulière à Jérusalem, appartiennent à la première période. A cette époque, les Papes s'adressaient fréquemment aux catholiques, leur rappelant la nécessité de conserver l'intégrité matérielle des Lieux Saints et l'attention qu'ils devraient porter aux besoins des catholiques qui y vivent. A cet égard, Léon XIII recommanda que les prêtres organisent "une collecte pour les Lieux Saints" au moins une fois par an.

Au cours de son bref pontificat, Benoît XV prononça deux interventions relatives aux Lieux Saints et aux droits que les chrétiens avaient à leur égard. Lors du Consistoire secret de 1919, à la fin de la Première guerre mondiale, le Pape exprima sa préoccupation à l'égard de la Palestine et rappela les sacrifices des chrétiens de l'Orient, au cours des siècles, pour défendre et maintenir la custodie des Lieux Saints (1). Par la suite, en 1921, à l'occasion de son discours au Sacré Collège des Cardinaux, le Pape fit référence à la Palestine, réclamant "pour tous les chrétiens les droits inaliénables qu'ils y possédaient" (2) et sur lesquels aucun autre droit ne pouvait ni ne devrait prévaloir.

Pie XI ne prononça qu'une intervention sur cette question, quelques jours avant Noël 1922. S'adressant aux Cardinaux, le Pape parla de l'"angoisse dans laquelle la situation en Palestine, cette terre bénie, le plongeait", et il lança un appel aux Etats-membres de la Société des Nations afin que les "droits de tous les chrétiens en Palestine soient préservés dans leur totalité" (3).

- Au cours de la seconde période, les préoccupations des Papes et l'activité du Saint-Siège se concentrèrent principalement sur l'assistance et l'aide que le monde catholique avait l'obligation morale d'apporter aux Lieux Saints et aux communautés présentes là-bas. Ces préoccupations étaient dictées par les conditions de pauvreté et d'incertitude, notamment de nature physique, dans lesquelles ces communautés vivaient.

Pie XII, qui consacra une attention particulière à la Terre Sainte au cours des années de son long pontificat, introduisit un nouvel élément, à la fois pastoral et politique, dans la question du Moyen-Orient:  bien qu'assurant l'impartialité du Saint-Siège et condamnant la violence, "quelle qu'en soit l'origine", il souligna fermement qu'en aucun cas, cette impartialité n'était synonyme d'"indifférence" (4).

Au cours des années du conflit qui opposa Arabes et Israéliens, Pie XII ne fit pas moins de sept interventions dans des Encycliques, des discours et des messages sur la question de Jérusalem, soulignant que les Lieux Saints devaient être préservés, que les fidèles des trois religions devaient y avoir libre accès sans danger, et que les trois religions monothéistes avaient le droit d'exercer un contrôle absolu sur leurs propres lieux de prière.

A la veille de la Première guerre entre Arabes et Israéliens, Pie XII, s'adressant aux délégués du Comité arabe pour la Palestine, rappela que "la paix ne peut être atteinte que dans la vérité et la justice" (5). Cette idée, qui devait devenir une constante dans ses documents ainsi que dans ceux de ses successeurs, fut répétée dans les Encycliques de 1948, 1949 et 1956, établissant également les conditions qui pourraient rendre la paix possible.

1. Dans Auspicia Quaedam, datant du 1 mai 1948, le Pape demanda des prières afin que dans le monde, tourmenté par les événements de la Seconde guerre mondiale, "puisse enfin briller, comme un don du ciel, la paix mutuelle, fraternelle et complète entre toutes les nations et l'harmonie tant désirée entre toutes les classes sociales" (6). Le Saint-Père continua:  "Mettons un terme aux désaccords qui ne profitent à personne. Faisons en sorte que ce soit la justice qui dicte la solution de conflits qui sèment souvent les germes d'autres malheurs. Faisons en sorte que les relations internationales, publiques et privées, s'accroissent et se renforcent. Faisons en sorte que la religion, défen-seur  de  toutes  les  vertus,  puissent jouir de la liberté qui lui est due. Et faisons en sorte que le travail pacifique des hommes - placé sous les auspices de la justice et de l'élan divin de la charité - produise d'abondants fruits pour le bien de tous" (7).

Puis, en faisant référence en particulier aux Lieux Saints, le Pape appela à prier afin que "la situation en Palestine puisse enfin être résolue dans la justice, et que la paix et la concorde puissent enfin triompher" (8).

2. Par la suite, dans son Encyclique Redemptoris nostri, en date du 15 avril 1949, le Pape Pie XII invita chacun, et en premier lieu les catholiques du monde, à s'engager à "persuader les gouvernants des nations, et ceux dont le devoir est de régler cette importante question, à garantir à la Ville Sainte et à la région environnante un statut juridique approprié, dont la stabilité ne peut être assurée que par un accord commun entre les nations qui aiment la paix et respectent les droits des autres" (9).

3. Enfin, dans la Lettre Encylique Laetamur Admodum, en date du 1er novembre 1956, avec la menace du conflit à  propos  du  Canal  de  Suez, le Pape exhorta les gouvernants des nations à considérer la nécessité de "choisir la voie de la justice et non celle de la violence", sans négliger les "sacrosaints droits de l'Eglise qui lui sont garantis par son Divin Fondateur" (10).

- Avec le Concile Vatican II, l'Eglise a une fois de plus placé la Ville Sainte au centre de ses intérêts, et ses trois dimensions - terrestre, humaine et spirituelle - ont représenté un thème constant dans les déclarations pontificales.

Au cours de cette période, l'attitude du Saint-Siège, tout en demeurant ferme et spécifique dans ses appels en vue de garanties internationales, tentait, en demandant une solution juste et honorable, de lancer un appel en vue de mettre un terme aux difficultés et aux "antagonismes d'ordre militaire et politique" (11), dans le but de rechercher une solution "digne du lieu de naissance de Dieu fait homme" (12). L'accord international souhaité n'a pas été considéré purement comme une intervention statique et temporaire, mais comme une action constante, capable d'enseigner les principes de la paix, des droits et de la dignité, comme un début d'unité ou encore, comme une étape "sur la voie vers la réconciliation mutuelle" (13).

Le Pape Paul VI, au cours de sa visite historique en Terre Sainte en tant que pèlerin de la paix, ayant à l'esprit les problèmes de cette région, ne manqua pas d'implorer "le don de la réconciliation de l'humanité avec Dieu et celui de la concorde profonde et sincère entre tous les peuples" (14). Ainsi, il continua également "le grand mouvement d'unification de la race humaine" (15), qui commençait à prendre deux directions:  l'unité des chrétiens et l'unité du monde.

L'intérêt démontré pour la Terre Sainte au cours des années que nous avons analysées devient de plus en plus urgent et dans le même temps l'une des préoccupations principales du pontificat de Jean-Paul II. Les interventions prononcées par le Pape actuel en ce qui concerne les problèmes et les situations liés à la Terre Sainte sont très nombreuses; ces déclarations ont non seulement prouvé l'importance attribuée à cette région, mais par-dessus tout les efforts sincères et inlassables en vue de rechercher une paix qui, prenant origine dans ces lieux, deviendrait également un exemple et une source d'inspiration pour tant d'autres situations semblables dans le monde.

Avec Jean-Paul II, l'activité du Saint-Siège, fondée essentiellement sur le droit  et  la  justice,  va  au-delà des circonstances présentes et se tourne vers l'avenir, vers l'échange entre nations, religions et toute la race humaine.

Dès ses toutes premières interventions, le Pape Jean-Paul II a voulu indiquer l'activité future du Saint-Siège dans le conflit palestinien:  une activité fondée sur la justice en tant que pivot et fondement de toute paix possible et souhaitée.

Au cours de l'Angelus du 11 mars 1979, soulignant l'attention avec laquelle il suivait le développement de la crise au Moyen-Orient, le Pontife, poussé par l'amour "que le Pape porte pour la paix", exprima son désir et son fervent espoir que la paix soit garantie partout, en portant la considération qui leur est due aux droits et aux aspirations légitimes de tous les peuples concernés.
Cette aspiration à une juste solution de la crise fut soulignée ultérieurement dans le discours historique à l'Assemblée générale des Nations unies, le 2 octobre 1979. En exprimant son appréciation pour les efforts concrets en vue de parvenir à une solution, le Pape déclara que ceux-ci n'auraient aucune valeur s'ils ne représentaient pas "une première pierre" vers l'établissement d'une paix qui, "étant nécessairement fondée sur la reconnaissance équitable des droits de tous, ne pouvait manquer d'inclure la considération et la juste solution de la question palestinienne".

Dans son homélie à l'occasion de la célébration des martyrs d'Otrante, le 5 octobre 1980, le Saint-Père s'arrêta sur différents  facteurs  liés  au  drame du Moyen-Orient:  sur le peuple juif, qui, suite aux tragiques expériences et préoccupé par sa sécurité, établit l'Etat d'Israël; et sur le peuple palestinien, qui a été largement exclu de sa terre. A cette occasion, il appela à accomplir des efforts pour faire prévaloir l'esprit d'unité, de respect mutuel et de compréhension sur tout ce qui divise ou oppose les peuples et les nations.

En conclusion de la première rencontre du Saint-Père avec le Président Arafat, le 15 septembre 1982, le Bureau de Presse du Saint-Siège publia le communiqué suivant: 

"Le Saint-Père, poussé par sa préoccupation constante de promouvoir le processus de paix au Moyen-Orient, a reçu M. Yasser Arafat [...] Au cours de la rencontre, le Souverain Pontife a manifesté sa bonne volonté envers le peuple palestinien et sa solidarité pour ses longues souffrances, en exprimant l'espoir qu'une solution juste et durable au conflit du Moyen-Orient soit trouvée au plus tôt, une solution qui, en excluant le recours aux armes et à la violence, - de toute forme, en particulier celle du terrorisme et des représailles - conduirait à la reconnaissance du droit de tous les peuples, et en particulier du peuple palestinien, à posséder une terre propre, et à celle du peuple israélien à garantir sa propre sécurité".

Ce communiqué montre clairement les principes inspirant l'intérêt du Saint-Père dans le conflit israélo-palestinien. En accord avec l'attitude maintenue depuis le début des hostilités, son opposition sans équivoque à la violence est réaffirmée avec force, que celle-ci soit le fruit d'actes de terrorisme ou d'actes de répression. Le droit du peuple palestinien à posséder une patrie est reconnu, de même que celui d'être reconnus non seulement en tant que réfugiés, mais en tant que peuple possédant des droits spécifiques et légitimes. Enfin, l'existence de l'Etat d'Israël est exprimée de facto, ainsi que son droit à établir et à garantir des frontières.

Ce même jour, en revenant sur la question israélo-palestinienne, le Saint-Père réaffirma sa ferme conviction selon laquelle il ne peut y avoir de véritable paix sans justice, et que la pleine justice ne peut exister sans la reconnaissance et l'acceptation, de façon stable, équitable et adéquate, des droits de tous les peuples impliqués dans le triste conflit (16).

Cette mention claire et explicite de la justice comme condition préalable pour l'établissement  de  la  paix  reflétait la cohérence de l'enseignement du Pape dans ce domaine et dans le même temps, incluait dans la liste des différents droits des deux peuples, le droit à l'existence, à la sécurité et au maintien de leurs identités respectives.

Le thème de la justice comme solution préalable à la paix revient avec force dans la Lettre apostolique Redemptionis Anno du 20 avril 1984. Rappelant le fait que, depuis des décennies, au Moyen-Orient, deux peuples, israéliens et palestiniens, "s'opposent l'un à l'autre dans un antagonisme dont rien ne semble pouvoir venir à bout", le Pape invoquait la paix et la réconciliation pour les peuples du pays qui était également celui du Christ. Pour le peuple juif  vivant  dans  l'Etat d'Israël, et qui conserve sur cette terre des signes si précieux de son histoire et de sa foi, le Saint-Père encouragea des prières pour la sécurité tant souhaitée et la juste tranquillité qui est la prérogative de chaque nation et la condition de vie et de progrès pour toute société. Le peuple palestinien, qui tire ses racines historiques de cette terre qui a été dispersée depuis des années, "a le droit naturel, en toute justice, de retrouver une patrie et de vivre en paix et en harmonie avec les autres peuples de cette région".

A Vienne, le 24 juin 1988, le Pape s'adressa à la communauté juive locale et réaffirma ce concept de justice, comme il l'avait fait également précédemment en septembre avec la communauté juive des Etats-Unis. En déclarant que le peuple juif avait droit à une patrie, comme toute autre nation, en accord avec le droit international, il souligna que cela était également vrai pour le peuple palestinien, qui compte de si nombreux réfugiés sans patrie.

Très nombreuses sont les interventions dans lesquelles le Saint-Père, faisant référence à la situation du peuple palestinien, a souligné la nécessité pour celui-ci - comme pour tout autre peuple dans le monde - d'avoir une patrie. Il s'agit d'une exigence qui découle non seulement d'un droit, mais qui correspond essentiellement et principalement à un sens de la justice.

Au fil des années, ce qui semblait au début être un appel destiné à être ignoré commença à recueillir un consensus croissant, en particulier au sein de la Communauté internationale, qui, soucieuse de ce qu'elle-même avait établi en 1947, intensifia ses efforts à l'égard de la paix au Moyen-Orient et des droits de tous les peuples dans la région.

A la veille de la Conférence de Madrid sur le processus de paix, le Saint-Père écrivit aux co-présidents de la Conférence, les présidents Bush et Gorbatchev, leur rappelant cela.
Dans sa Lettre au Président Bush, le Pape reconnaissait les difficultés qui s'annonçaient et exprima sa conviction personnelle qu'un accord "est possible s'il est recherché avec persévérance et s'il est poursuivi par tous ceux qui sont concernés, avec une sensibilité constante pour les droits fondamentaux des autres et dans la ferme conviction que la véritable paix, la paix durable, ne peut être réalisée que si les demandes de justice sont satisfaites".

Le Saint-Père assura au Président Gorbatchev qu'il suivrait de près les progrès du processus et rappela que le Saint-Siège, depuis de nombreuses années, "a souhaité la paix pour la région du Moyen-Orient, demandant que l'on mette fin au plus vite à des situations d'injustice grave, en tenant compte des aspirations légitimes de toutes les parties".

Puis, à Madrid, un nouvel espoir vit le jour, un espoir qui s'était parfois affaibli, mais qui n'avait jamais été totalement perdu:  l'espoir qu'à travers le dialogue et au nom de la justice et du droit, le cours de l'histoire changerait et que les peuples du Moyen-Orient, en particulier les Israéliens et les Palestiniens, vivraient dans la paix, selon les aspirations légitimes de chacun.

Nous pouvons témoigner nous-mêmes de ce que le processus de paix semble d'une façon ou d'une autre aller dans la bonne direction. Depuis quelques mois, il semble y avoir une espérance renouvelée d'aller de l'avant dans le processus de paix au Moyen-Orient.

A cet égard, les paroles du Saint-Père au Corps diplomatique, le 9 janvier 1995, semblent prophétiques. "Des hommes courageux", dit le Saint-Père, "acceptant de se regarder et de s'écouter, ne manqueront jamais. Ceux-là seront capables de trouver des instruments appropriés pour construire des sociétés où chaque personne est indispensable aux autres, où la diversité est avant tout reconnue comme une richesse. On n'écrit pas la paix avec des lettres de sang, mais avec l'intelligence et avec le coeur!".

Nous nous réjouissions tous de la reprise du processus de paix et des résultats obtenus à Sharm-el-Sheik; notre espoir est que ce millénaire puisse se conclure par un geste courageux qui servira d'inspiration pour entamer des processus de paix semblables ou pour mettre un terme à des situations qui, malheureusement, attendent toujours une solution.

Diplomatie et charité

Cette brève vue d'ensemble fait apparaître clairement que parmi les préoccupations du Saint-Siège, la Terre Sainte a toujours occupé et continue d'occuper une priorité centrale, dictée non seulement par un intérêt à aider et à protéger les communautés catholiques de cette région, mais également par un désir de promouvoir une coexistence pacifique parmi les différents peuples qui y vivent, ainsi que par le besoin de faire reconnaître et de faire respecter les droits humains des juifs, des chrétiens et des musulmans de la même façon.

Cette préoccupation a trouvé une expression concrète dans des actions qui ont toujours souligné l'indépendance de l'activité du Saint-Siège à l'égard de facteurs qui, dans de nombreux autres cas, sont différents de ceux qui sont sans doute à la base des divers intérêts, mêmes légitimes. De plus, l'activité visant à préserver la foi, promouvoir la paix et consolider la justice et le respect des droits humains fait partie de la mission spécifique de l'Eglise, qui est universellement reconnue comme un guide moral capable de contribuer à l'édification d'un monde meilleur.

De plus, et en référence particulièrement à la Terre Sainte, l'activité du Saint-Siège a également poursuivi inlassablement  l'objectif  de  garantir  la coexistence pacifique entre les fidèles des différentes religions, comme moyen de montrer que la foi en Dieu qui les unit peut et doit devenir une source d'harmonie plutôt que de division ou, pire encore, de conflit. C'est la raison pour laquelle la Secrétairerie d'Etat est particulièrement préoccupée par la situation actuelle à Nazareth. Construire une mosquée à quelques mètres de la Basilique de l'Annonciation n'est certainement pas le meilleur moyen de renforcer le respect et la coexistence entre musulmans et chrétiens. S'il y a besoin d'une  mosquée,  pourquoi  ne pas la construire ailleurs?

Chacun sait que la préoccupation du Saint-Siège et des Pontifes romains pour la Terre Sainte n'a pas seulement été démontrée dans le domaine de la diplomatie, mais a également tenté de recherché une expression concrète dans les efforts visant à démontrer une préoccupation concrète dans les domaines de l'assistance sociale et de la culture.

Ma présence ici parmi vous aujourd'hui est liée à l'établissement, il y a cinquante ans, d'un bureau qui tira son origine de la préoccupation du Pape Pie XII pour les peuples de Terre Sainte et, en particulier, des palestiniens. Je veux parler de la Mission pontificale pour la Palestine.

Fondée en 1949, la Mission pontificale avait pour tâche originale d'aider les réfugiés palestiniens, en fournissant des aides et des services afin de répondre à leurs besoins humanitaires, religieux, culturels et éducatifs. Son bureau central se trouve dans cette ville, mais elle possède également des ramifications à Beyrouth, à Jérusalem, à Amman et un bureau de coordination à Rome. La Mission travaille en étroite collaboration avec l'Association d'Assistance catholique du Proche-Orient (Catholic Near East Welfare Association - CNEWA), une organisation missionnaire du Saint-Siège pour les Eglises orientales fondée en 1924.

Tout en demeurant fidèle à son objectif original, la Mission pontificale, avec la CNEWA, a étendu ses activités et est devenue une organisation d'assistance pour tous les peuples de Terre Sainte. Moi-même, par exemple, je peux témoigner de l'engagement et du dévouement avec lesquels la Mission a oeuvré pour soulager les souffrances des peuples du Liban. Lorsque j'étais en fonction à la Nonciature apostolique de Beyrouth, les Libanais, chrétiens et musulmans, ont souvent exprimé leur gratitude pour les activités humanitaires accomplies par la Mission pontificale et la CNEWA.

En l'heureuse occasion du 50 anniversaire de la Mission pontificale, je voudrais exprimer sincèrement aux membres, ainsi qu'à tous leurs associés au niveau local, les remerciements profonds et sincères du Saint-Siège et du Saint-Père lui-même pour leurs efforts généreux et inlassables en vue de servir les besoins des peuples de Terre Sainte.

Conclusion

L'appel à la paix dans le monde, qui fut proclamé pour la première fois dans la modeste étable à Bethléem, résonne encore avec la même ferveur, et de nombreux peuples attendent encore d'atteindre ce noble objectif.

Aujourd'hui, répétant les paroles du Saint-Père dans son discours au Corps diplomatique en janvier 1992, je voudrais dire à tous ceux qui, en Terre Sainte, sont motivés par un désir sincère de paix:  "Quelle bénédiction si cette Terre Sainte [...] pouvait devenir le lieu privilégié de la rencontre et de la prière des peuples, si la Ville Sainte de Jérusalem pouvait être signe et instrument de paix et de réconciliation!".

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Notes

 1) Cf. L'Osservatore Romano, (11 mars 1919); AAS 11 (1919), 97.
 2) Cf. L'Osservatore Romano, (13-14 juin 1921); AAS 13 (1921), 281.
 3) Cf. L'Osservatore Romano, (11-12 décembre 1922); AAS 14 (1922), 609.
 4) Cf. L'Osservatore Romano, (15 août 1946); AAS 38 (1946), 322-323.
 5) Ibid.
 6) Cf. L'Osservatore Romano, (3-4 mai 1948); AAS 40 (1948), 169-172.
 7)Ibid.
 8)Ibid.
 9) Cf. L'Osservatore Romano, (17 avril 1949); AAS 41 (1949), 161-164.
10) Cf. L'Osservatore Romano, (2-3 novembre 1956); AAS 48 (1956), 745-748.
11) Cf. L'Osservatore Romano, (29-30 septembre 1969); AAS LXI (1969), 669-670.
12) Cf. L'Osservatore Romano, 21 avril 1968.
13) Cf. L'Osservatore Romano, (24-25 juin 1968); AAS LX (1968), 456-457.
14) Cf. L'Osservatore Romano, (7-8 janvier 1964); AAS LVI (1964), 170-171.
15) Cf. L'Osservatore Romano, (26 janvier 1964); AAS LVI (1964), 199-202.
16) Cf. L'Osservatore Romano, (17 septembre 1982).

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