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JUBILÉ DES JOURNALISTES

DISCOURS DU CARDINAL ANGELO SODANO
AU JUBILÉ DES JOURNALISTES

Vendredi 2 juin 2000


Chers journalistes d'Italie et du monde!

Le grand Jubilé de l'An 2000 marque un moment important dans l'histoire de l'Eglise. Vous aussi, chers amis, vous avez voulu partager ce chemin de renouveau spirituel que parcourent de nombreux chrétiens, nos frères et soeurs dans la foi. Réunis en grand nombre à Rome, vous vous efforcerez de comprendre toujours plus le grand mystère du Christ et la réalité de l'Eglise qui depuis 2000 ans en continue l'oeuvre sanctificatrice.

Pour ma part, je vous salue cordialement au nom du Pape Jean-Paul II. Je vous salue cordialement également au nom de mes collaborateurs de la Curie romaine et en mon nom personnel.

Nous nous sentons tous très proches de vous, qui remplissez une mission importante pour le progrès matériel et spirituel des peuples, là où vous êtes appelés à oeuvrer.

Dans le récent Document du Conseil pontifical pour les Communications sociales, "Ethique dans les communicatins sociales", nous avons pu lire:  "L'agent de communication chrétien en particulier a une tâche prophétique, une vocation:  dénoncer les faux dieux et les fausses idoles d'aujourd'hui - matérialisme, hédonisme, consumérisme, nationalisme étroit, etc... - proclamant à tous un ensemble de vérités morales fondées sur la dignité et les droits humains, l'option préférentielle pour les pauvres, la destination universelle des biens, l'amour des ennemis et le respect inconditionnel de toute forme de vie humaine de la conception à la mort naturelle" (Ibid. n. 31).

Pour notre rencontre d'aujourd'hui, nous aurions pu choisir de traiter toute la problématique susmentionnée, mais certains d'entre vous ont proposé d'approfondir l'un des aspects les plus actuels de l'oeuvre de l'Eglise dans le monde, c'est-à-dire l'oeuvre du Saint-Siège en faveur de la paix. Pour ma part, je le fais volontiers, en vous offrant certains points de départ pour une réflexion, même si un grand nombre d'entre vous les connaissent déjà.

En ce tragique XXème siècle, l'oeuvre du Saint-Siège en faveur de la paix est devenue encore plus profonde et systématique, compte tenu des catastrophes provoquées par deux guerres mondiales atroces, ainsi que par le risque de conflits atomiques ou même de guerre des étoiles.

Il est certain qu'en parlant du Saint-Siège ou du Siège apostolique, j'entends inclure sous ce terme classique l'oeuvre personnelle des Souverains Pontifes, ainsi que de leurs collaborateurs dans la Curie romaine ou dans les Missions pontificales à l'étranger.

Le Saint Siège, comme on le sait, est l'organe central du gouvernement de l'Eglise catholique présente sur les cinq continents. Par la volonté du Christ, son Eglise est également une société visible, ayant une structure hiérarchique, au service de toute la communauté des croyants.

Au  XXème siècle,  ce  Siège apostolique a  été  confronté  à  des  tragédies inouïes. Les deux guerres mondiales qui ont laissé derrière elles des millions de morts et de blessés, ont été significatives. Le célèbre "World Almanac and Book of Facts", publié aux Etats-Unis, nous rapporte avec exactitude que 23 397 595 militaires sont morts au cours des deux guerres mondiales et que 48 443 602 militaires ont été blessés. On y parle exclusivement de militaires, car il est impossible de citer le nombre exact de civils morts dans ces conflits, entre les Alliés et les Puissances centrales au cours de la Première guerre mondiale et entre les Alliés et les forces de l'Axe au cours de la Seconde guerre mondiale. Et les tragédies au cours de ce siècle se sont ensuite poursuivies ultérieurement dans les Balkans, au Moyen-Orient et dans diverses régions d'Afrique. Un conflit absurde est en cours entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

Il était donc logique qu'au cours de ce siècle les Pontifes Romains et avec eux tous leurs collaborateurs s'engagent sans relâche à annoncer l'Evangile de la paix et à oeuvrer avec leurs moyens et leur style, à soulager les blessures des guerres et aider les peuples à coexister de façon pacifique.

Chaque Pontife Romain est devenu ainsi un bon Samaritain sur le chemin du monde, pour aider en premier lieu ceux qui souffrent à cause des guerres et pour oeuvrer afin de prévenir l'éclatement d'autres conflits à l'avenir. Les Evêques de Rome, qui au cours de ce siècle, se sont trouvés confrontés à de nombreuses réalités tragiques, de Benoît XV à Jean-Paul II, ont senti de façon impérieuse cet engagement en faveur de la paix.

Certes, leur mission est en premier lieu à caractère religieux, et consiste à exécuter le mandat reçu du Christ de guider le Peuple de Dieu sur les voies du salut. Mais cette mission religieuse conduit ensuite à aimer et à servir l'homme dans la situation historique dans laquelle il se trouve. Et aujourd'hui, le service à l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, ne pouvait se passer de l'engagement à le libérer des fléaux de la guerre et à l'aider à vivre en paix, en harmonie avec lui-même, avec ses voisins, avec tous les autres peuples de la terre. Cette  oeuvre  en  faveur  de  la  paix a constitué une ligne constante de l'action des Pontifes Romains au cours de ce siècle.

Aux conflits entre nations se sont ensuite ajoutées les persécutions religieuses qui, au cours de ce siècle, ont fait d'autres millions de victimes. Des génocides inhumains se sont également ajoutés, qui ont ensanglanté ce siècle, et qui sont l'oeuvre d'hommes qui voulaient se substituer à Dieu. Vous connaissez sans doute de nombreuses publications récentes sur ce sujet. On a également tenté d'établir des statistiques à ce sujet, avec des chiffres terrifiants. Mais seul Dieu connaît leur nombre exact.

Il était donc impérieux, pour le Saint Siège, au nom de toute la communauté des chrétiens, de s'engager afin que de telles situations ne se reproduisent pas. Ses interventions sur les problèmes nationaux ou internationaux peuvent également être parfois imparfaites ou intempestives, comme toute action humaine. Une saine critique peut également aider à les corriger et à les améliorer. L'essentiel est que l'on tienne compte de la noble finalité à laquelle s'inspire l'action du Saint-Siège.
Certains voudraient une action plus combattive sur la scène mondiale, tandis que d'autres préfèrent une action plus discrète et méthodique, selon la méthode classique de la diplomatie internationale. Certains voudraient des dénonciations publiques, alors que d'autres préfèrent que le Saint-Siège se consacre à un travail silencieux de fond, auprès de ceux qui détiennent le destin des peuples entre leurs mains.

Dans tous les cas, les méthodes peuvent varier. Une chose est certaine cependant:  je peux vous assurer que l'engagement du Saint-Siège en faveur de la paix ne cessera jamais. C'est le destin de l'humanité qui est en jeu.

 

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