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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE 
A LA 44ème SESSION DE LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE 
DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE ATOMIQUE


18-22 Septembre 2000

Monsieur le Président, 
Mesdames et Messieurs,

1. Permettez-moi d'exprimer tout d'abord les vÂœux et les encouragements du Saint-Siège à l'occasion de la quarante-quatrième session de la conférence générale de l'Agence internationale de l'Energie atomique. Cette année 2000 a été marquée par des contacts particulièrement étroits entre l'Agence et le Saint-Siège:  le 11 mars dernier en effet, Monsieur Mohamed El Baradai, Directeur général, s'est rendu en visite officielle au Vatican où il a pu rencontrer le Pape Jean-Paul II ainsi que de hauts responsables de la Secrétairerie d'Etat; il avait été précédé le 8 février par une délégation du Département des Garanties chargée de vérifier la mise en Âœuvre du Protocole Additionnel.

2. Faisant partie du "club non-exclusif" des 16 pays où ce Protocole est actuellement en vigueur, le Saint-Siège souhaite vivement que de nombreux autres Etats puissent les rejoindre, afin de garantir l'usage de l'énergie nucléaire à des fins uniquement pacifiques. Les traités de non-prolifération des armes nucléaires de 1970 puis celui d'interdiction totale des essais nucléaires en cours de ratification constituent des pas considérables vers un désarmement nucléaire universel, progressif et contrôlé. L'usage pacifique de l'énergie atomique requiert encore, quant à lui, de nombreux efforts de la part des Etats pour assurer une protection efficace des personnes et de leur environnement et pour répondre aux inquiétudes légitimes de nos contemporains soucieux de l'avenir de la planète.

Ma Délégation accorde donc une importance toute particulière au point 16 qui figure à l'ordre du jour de cette conférence générale, à savoir "le renforcement de l'efficacité, l'amélioration du système des garanties et l'application du modèle de Protocole".

3. La considération à donner au point 14 de l'agenda, "mesures pour renforcer la coopération internationale dans les domaines de la sûreté nucléaire, de la sûreté radiologique et de la sûreté des déchets", nous apparaît également essentielle. Ce sujet a été déjà abordé lors de la conférence internationale qui s'est tenue en Espagne au mois de mars dernier et il le sera de nouveau en ces jours au sein du forum scientifique qui a pour thème le "traitement des déchets radioactifs". La Délégation du Saint-Siège souhaite insister sur l'extrême importance de la coopération internationale dans le domaine de la sûreté nucléaire, qui doit donner la priorité au dialogue, à la diplomatie préventive et au consensus. L'expérience montre que les sanctions prises contre l'un ou l'autre des membres de la communauté internationale ne produisent pas toujours les effets désirés, et qu'elles aboutissent souvent à pénaliser des secteurs de la population civile; en revanche un dialogue ouvert et respectueux est bien plus efficace à long terme. Ma Délégation souhaite à ce propos féliciter le Directeur général de l'Agence et ses collaborateurs pour la priorité constamment accordée dans leur action à cette coopération et à ce dialogue qui seuls peuvent permettre aux nations de vivre en harmonie et d'atteindre un bien-être solidaire.

4. Dans le contexte global des besoins de l'humanité en énergie, il apparaît clairement que les choix parfois délicats des Etats, s'ils doivent se faire selon des critères prioritairement scientifiques, ne peuvent ignorer les facteurs humains et moraux. Les avantages d'un usage correct et sûr de l'énergie nucléaire ne sont pas négligeables pour le développement des pays les moins favorisés.

L'application des technologies nucléaires et l'utilisation des isotopes, en particulier dans les domaines de l'agriculture, de l'hydrologie, de l'alimentation et de la médecine, visent à améliorer les conditions de vie de nombreuses personnes et elles ont déjà contribué à atteindre cet objectif. Le Saint-Siège apprécie les efforts et les succès de l'Agence dans le secteur de la coopération technique et l'encourage à poursuivre et à renforcer de telles activités. L'exploitation équilibrée des autres sources d'énergie demeure toujours une alternative, dans la mesure où les pays développés rationaliseront leur consommation d'énergie, et où les pays moins favorisés assureront leur développement économique de façon à pouvoir promouvoir les sources d'énergie douce et renouvelable telles que l'eau, le soleil, le vent, les biomasses, etc. N'oublions pas, dans une perspective plus vaste de foi en Dieu et de confiance en l'homme que ce dernier a reçu la liberté d'organiser sa vie et son bien-être au mieux de ses capacités. Il n'en demeure pas moins responsable, comme nous tous ici présents, que nous soyons hommes de science ou de gouvernement, de gérer l'univers et ses ressources comme un don reçu en vue du bien-être de toute l'humanité, aujourd'hui et demain.

5. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, notre 44 session de la conférence générale est celle de l'an 2000, elle est à la charnière d'un passé où la découverte de l'énergie atomique a permis un réel progrès pour l'humanité mais aussi où l'usage destructif des armes nucléaires a été la cause de bien des larmes, et d'un futur qui s'annonce prometteur si nous savons utiliser cette découverte et d'autres encore pour le bien de tous, sans distinction. En cette année jubilaire, le Pape Jean-Paul II s'est adressé entre autres aux scientifiques à l'occasion du congrès international sur le dialogue Science-Foi inauguré à Rome le 23 mai dernier. Permettez-moi de citer ici deux passages qui ont été relevés lors de ce congrès. Le premier avait été prononcé par le Saint-Père lors de la conférence générale de l'UNESCO il y a 20 ans déjà:  "Tous ensemble vous êtes une puissance énorme, la puissance des intelligences et des consciences! Montrez-vous donc plus puissants que les plus puissants de notre monde contemporain. Puisse la sagesse vous inspirer! Puisse l'amour vous guider, cet amour qui étouffera la menace grandissante de la haine et de la destruction!" (Paris, 2 juin 1980). Le second, tout récent, s'adressait aux scientifiques mais à nous tous aussi:  "Hommes de science, vous êtes des bâtisseurs d'espérance pour l'humanité tout entière.

Que Dieu vous accompagne et rende fructueux votre effort en vue du service au progrès authentique de l'homme" (Vatican, 25 mai 2000).

Je vous remercie, Monsieur le Président.

 

 

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