Chers frères et soeurs dans le Seigneur,
Très chers gardes suisses!

1. Aujourd'hui dans le Palais apostolique, dans la maison du Pape, on respire un air de fête. Les voix et les musiques qui résonnent, les couleurs des uniformes et des drapeaux, la présence de tant d'invités indiquent que nous sommes en train de vivre un moment particulièrement important. Comme chaque année, le sixième jour du mois de mai, se renouvelle l'un des rendez-vous traditionnels de la vie et de l'activité du Saint-Siège. C'est la fête du Corps de la Garde suisse pontificale pour l'anniversaire du sacrifice de 147 hallebardiers qui, en 1527, n'hésitèrent pas à donner leur propre vie pour défendre le Pape Clément VII durant le "sac de Rome".

En cette circonstance solennelle, je désire adresser à tous ceux qui sont ici présents mon salut le plus cordial, à commencer par les nouveaux hallebardiers qui prononceront aujourd'hui de façon officielle leur serment de "servir fidèlement, loyalement et honorablement le Souverain Pontife, allant jusqu'à sacrifier, s'il le faut, sa propre vie". Avec eux, je suis heureux de saluer le Commandant, les Officiers, et tous les gardes suisses.

Une pensée déférente va aux illustres personnalités qui honorent cette journée de leur présence:  les représentants de la Conférence épiscopale suisse, les autorités du Gouvernement confédéral et des divers cantons. Mon souhait chaleureux de bienvenue s'adresse enfin à vous tous, parents, connaissances et amis des gardes, qui n'avez pas voulu manquer ce rendez-vous si suggestif et empreint d'un tel sens religieux, institutionnel et humain.

2. Nous sommes recueillis autour de l'autel, dans la Salle des Bénédictions, pour vivre ensemble cette première partie de la journée dans une atmosphère de prière, d'écoute de la Parole de Dieu et de participation au Sacrifice eucharistique. Nous voulons renouveler en cet instant nos sentiments de foi, de communion avec toute l'Eglise et de dévotion au Saint-Père. Cet après-midi, nous assisterons à la traditionnelle cérémonie d'assermentation des nouveaux hallebardiers, dans le cadre splendide de la Cour Saint-Damase.

Nous savons tous à quel point le devoir confié au Corps de la Garde suisse pontificale est important et délicat:  la protection particulière de la personne même du Pape, la surveillance du palais apostolique et des entrées de la cité du Vatican, les services de sécurité et d'honneur pendant les cérémonies publiques du Souverain Pontife.

Il s'agit d'un service exigeant et d'une grande responsabilité, qui requiert de ceux qui y sont appelés des qualités de courage, de générosité, d'humanité et de fidélité. En effet, ils assistent et accompagnent le Successeur de Pierre dans l'exercice de son ministère, en l'aidant à accomplir sa mission pastorale dans une atmosphère de sérénité et de sécurité, que ce soit quand il reçoit en audience de hautes personnalités religieuses, politiques et culturelles, ou quand il rencontre des milliers de pèlerins qui, du monde entier, convergent vers Rome pour participer aux cérémonies présidées par le Souverain Pontife.

3. Le devoir accompli par les gardes suisses doit donc tirer une puissante vigueur et des motivations profondes, d'une  solide  vie  de foi, d'une profonde conscience d'appartenir à l'Eglise et d'un fort sentiment de fidélité au Pape et au Saint-Siège. Ce sentiment de fidélité et d'attachement à la personne du Saint-Père a toujours été tout au long des siècles une constante de la vie et de l'activité du Corps de la Garde suisse et resplendit de manière particulièrement forte et lumineuse dans beaucoup de gestes héroïques accomplis dans des moments particulièrement tourmentés de l'histoire séculaire de l'Eglise. Toutefois, il s'exprime encore aujourd'hui dans votre travail quotidien, où, dans la quotidienneté de la vie de tous les jours, vous exprimez avec confiance, loyauté et esprit de sacrifice, votre attachement à la personne du Souverain Pontife et votre fidélité transparente à la mission qui vous a été confiée.

A travers votre service compétent et votre présence vigilante dans le palais apostolique et dans les villas pontificales, vous êtes des témoins privilégiés de l'amour et de la fidélité de votre chère nation, la Suisse, au Pape et au Saint-Siège. Votre terre et votre peuple ont raison d'être fiers de vous et du service de qualité que vous accomplissez. Vous êtes conscients et fiers de cette dimension, qui n'est pas la moins importante, de votre présence et de vos activités au Vatican. De ce témoignage généreux de foi et d'amour, à l'Eglise et au Successeur de Pierre, nous vous sommes profondément reconnaissants.

4. L'histoire de l'Eglise nous montre comment les Apôtres et leurs successeurs ont toujours bénéficié de l'assistance  et  du  service  de  personnes croyantes qui offraient ainsi leur collaboration concrète à la mission évangélisatrice que le Christ lui-même avait confiée aux Apôtres et à toute la communauté de ses disciples. Nous en trouvons un exemple significatif dans le récit de la prédication de saint Paul dans la ville de Philippes, colonie romaine en Macédoine, qui marque l'arrivée de l'Evangile en Europe.

Arrivé à Philippes, l'Apôtre commence, comme il en a l'habitude, à prêcher l'Evangile et accepte l'hospitalité que lui offre une femme du nom de Lydie (cf. Ac 16, 14-15). Par le Nouveau Testament, nous savons que saint Paul garda toujours une affection particulière pour la communauté de Philippes, à laquelle il écrivit des paroles à la fois d'une grande intensité spirituelle et remplies d'affection.

Par la suite, saint Paul lui-même, tout comme les autres Apôtres acceptèrent la collaboration et l'aide de personnes de confiance, des croyants qui offraient leur propre collaboration, afin que ces derniers puissent accomplir avec plus de liberté et d'efficacité leur devoir d'annoncer à tous l'Evangile. Il s'agit d'une manière personnelle et très concrète d'incarner la foi, en la traduisant en bonnes oeuvres à la gloire de Dieu, pour le bien de la communauté chrétienne et mises au service des frères.

5. La mission confiée par le Christ aux Apôtres peut aussi parfois connaître des périodes sombres et difficiles, comme le rappelle l'Evangile de Jean. Après avoir annoncé ces moments de difficulté, Jésus promet à ses disciples la force d'affronter et vaincre cette épreuve, grâce au soutien de l'Esprit Saint (cf. Jn 15, 26). Nous savons bien que, dans toute mission, on peut rencontrer des épreuves et des difficultés de toutes sortes. Il faut affronter celles-ci avec courage et confiance, en se fiant non seulement à sa préparation et ses propres capacités personnelles, mais aussi avec l'aide de ses frères et, surtout, avec la force et la grâce qui nous viennent de Dieu.

C'est le souhait que nous voulons adresser aujourd'hui aux nouveaux hallebardiers et à tous les gardes suisses, pour qu'ils accomplissent toujours mieux leur mission importante et délicate. Que l'estime, la confiance et l'affection de vos parents, de vos amis et de vos compatriotes vous apportent soutien et encouragement. Que vous stimulent également l'appréciation et la reconnaissance du Saint-Père, des responsables de la Curie romaine, en particulier de la Secrétairerie d'Etat, et de tous ceux que vous rencontrez dans votre service quotidien. Surtout, que vous accompagne et vous assiste toujours la grâce du Seigneur, à qui nous confions vos personnes et toutes vos activités.

Que la Mère de Dieu, que dans la tradition chrétienne nous avons appris à invoquer sous les beaux titres de "Vierge fidèle" et "Aide des chrétiens", vous protège et vous aide à être de fidèles serviteurs  du  Successeur  de  Pierre, de dignes citoyens de la Confédération helvétique et d'authentiques fils de l'Eglise.