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ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN Lundi 9 janvier 1989
Très Saint-Père, Le privilège de l’ancienneté me vaut encore aujourd’hui le grand honneur de prendre la parole au nom de tout t Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour présenter à Votre Sainteté nos vœux déférents de bonne, heureuse et sainte année. Notre rencontre de ce matin nous remplit déjà d’une grande joie, mais nous avons aussi une autre raison d’être heureux. En effet, l’année qui vient de s’écouler a été sans conteste — malgré les difficultés dont nous évoquerons quelques- unes dans un instant — une année qui a vu s’amorcer un peu partout une dynamique de détente et de paix caractérisée surtout par le cessez-le-feu entre l’Iran et l’Irak, l’amorce de la solution du conflit en Afghanistan, l’application de l’accord intervenu entre les deux super-puissances sur l’arrêt et le contrôle des armements atomiques, l’annonce faite par l’URSS d’une réduction de ses armements conventionnels et l’amélioration des relations diplomatiques entre plusieurs états dans divers continents... Les croyants des grandes religions du monde qui ont participé à la mémorable rencontre de prière pour la paix à Assise, les chrétiens qui ont prié intensément la Vierge pendant l’Année Mariale et, d’une façon générale, tous les croyants qui joignent à la prière leurs actions quotidiennes pour la paix, ont ici une raison pour rendre grâce au Tout-Puissant qui inspire les hommes et dispose leur cœur à la paix. Très Saint-Père, Malgré cette atmosphère de détente dont nous venons de parler, il y a encore malheureuse¬ment de nombreuses régions où les tensions sont encore très vives; je citerai entre autres la Palestine, le Liban, Chypre, l’Asie du Sud-Est, l’Amérique latine surtout dans sa partie centrale. Pour la solution de tous ces conflits l’aide des grandes puissances et de la Communauté internationale toute entière est indispensable. En plus de ces foyers de tension, il y a aussi les graves problèmes de notre temps qui ont pour nom la drogue, le terrorisme, les prises d’otages, le chômage, la dette du Tiers monde, la chute constante du prix des matières premières, l’AIDS. A tout cela, il convient d’ajouter les graves cataclysmes naturels qui ont frappé récemment de nombreux pays du monde tels que le Bangladesh, le Soudan, les Philippines, le Mexique, les Etats-Unis d’Amérique et l’Arménie. Dans certains pays aussi l’agriculture ci subi d’énormes dégâts provoqués par l’invasion des criquets pèlerins. L Communauté internationale a manifesté sa solidarité à l’occasion de tous ces malheurs, mais ‘il convient de souligner particulièrement l’élan généreux qui a été accompli en faveur des victimes du tremblement de terre en Arménie, car c’est bien pour la première fois qu’un tel mouvement d’entraide se manifeste sur une échelle aussi importante en faveur d’un pays de l’Est. Fasse le Très-Haut que vos appels en faveur de la paix, de la solidarité, de la justice et de la fraternité soient entendus pour un monde meilleur. Très Saint-Père, Le 10e anniversaire du début de votre Pontificat a coïncidé avec la publication d’importants documents que Votre Sainteté a adressé à l’Eglise Universelle; mais ceux- ci ne concernent pas moins la Communauté internationale. Je ne citerai ici que l’Encyclique Sollicitudo rei socialis et la Lettre Apostolique Mulieris dignitatem, Tous ces documents ont eu un grand retentissement dans tous les pays. Mais soulignons que le Corps diplomatique accrédité auprès du Saint- Siège a suivi avec an intérêt spécial la promulgation de la Constitution Apostolique Pastor Bonus sur la réforme de la Curie Romaine dont la finalité est de permettre à se de jouer mieux encore son rôle de service tout en se conformant à l’esprit du Concile œcuménique Vatican II. La Communauté internationale a célébré récemment avec éclat le 40e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Votre Sainteté, en recevant le 15 novembre dernier les membres du Colloque réunis à Rome sous l’égide du Conseil Pontifical « Justice et Paix » pour célébrer à la fois cet événement et le 25e anniversaire de Pacem in Terris, a démontré une fois de plus l’intérêt qu’Elle porte à l’homme et à ses droits inaliénables. A l’occasion du 1000ème anniversaire du Baptême de la Rus’ de Kiev, Votre Sainteté a manifesté une attention particulière à l’Eglise Orthodoxe en se faisant représenter par une importante délégation conduite par votre plus proche collaborateur, le Secrétaire d’Etat. De même l’Episcopat catholique a été représenté par une délégation comprenant plusieurs cardinaux. Le Corps diplomatique a été très heureux de participer à la célébration en rite byzantin-ukrainien que Votre Sainteté a concélébré avec les hauts dignitaires de l’Eglise Ukrainienne. Nous espérons que l’accueil réservé par les autorités de l’Union Soviétique, à l’occasion de ces célébrations, sera l’amorce de relations plus étroites et plus suivies entre les chrétiens d’Orient et leurs frères d’Occident. Cette année, Votre Sainteté a choisi comme thème pour la Journée Mondiale de la Paix le respect des minorités. Ce sujet intéresse toute la Communauté internationale sans exception: il y a des minorités dans les pays riches comme dans les pays pauvres, à l’Ouest comme à l’Est, dans les pays où telle religion est pratiquée par la majorité de la population. Votre Message avec une très grande clarté rappelle les droits et les devoirs de tous et, invite non seulement à la réflexion, mais surtout à l’action. Nous souhaitons que les réponses d’adhésion qui en découleront soient suivies d’actes concrets a fin que la paix soit sauvegardée ou retrouvée partout où les minorités sont brimées. Nous n’oublions pas évidemment les situations où au contraire c’est la minorité qui détient tous les droits. Très Saint-Père, Votre Sainteté poursuit inlassablement ses visites dans les paroisses romaines de Son Diocèse en communion avec tous ses frères dans l’Episcopat du monde, mais en plus Votre Sainteté a effectué l’année dernière des voyages apostoliques en Italie et dans plusieurs autres pays. C’est ainsi que Votre Sainteté s’est rendue successivement en Uruguay, en Bolivie, au Paraguay, au Pérou, en Autriche, au Zimbabwe, au Botswana, au Lesotho, au Swaziland, au Mozambique et en France. Au cours de ces voyages longs et pénibles Votre Sainteté a toujours prêché la Bonne Nouvelle qui fait de tous les hommes fils du même Dieu et donc frères et qui doivent bannir entre eux les injustices, la violence, le racisme, l’égoïsme, l’intolérance avec tous leurs cortèges de misères. Lors de votre 4e voyage en France, Votre Sainteté a rendu visite au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen à Strasbourg, marquant une fois de plus l’intérêt qu’Elle porte aux organisations internationales dont la vocation est de rapprocher les nations entre elles et de consolider la paix fondée sur la justice. Tout en insistant sur la nécessité pour l’Europe de s’unir de l’Est à l’Ouest et de ne pas oublier les valeurs spirituelles et morales qui ont constitué la base de son rayonnement à travers le monde, Votre Sainteté a également mis l’accent sur les devoirs de solidarité du Continent Européen envers les autres composants de la Communauté internationale. A ce propos, nous pensons que le moment est venu, pour les pays les plus industrialisés, de mettre davantage au profit de tous, les prodigieuses acquisitions de la science et de la technologie afin d’accélérer partout le développement qui est devenu le nouveau nom de la paix. Très Saint-Père, Je dois conclure car je ne voudrais pas mettre davantage à rude épreuve la patience de mes collègues qui ont hâte de vous entendre. Encore une fois, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour l’année nouvelle. Nous prions le Tout- Puissant de vous assister de Sa Force pour que vous continuiez longtemps encore à la tête de l’Eglise Universelle Votre noble mission en faveur de la paix, de la fraternité entre les hommes. *L’Osservatore Romano, 9-10.1.1989 p.8. L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°3, p.10, 11.
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