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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
 
S.E. Mr. JOSEPH AMICHIA,
AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE*

Samedi 13 janvier 1990

 

Très Saint-Père,

Une fois de plus, j’ai le grand honneur et l’insigne privilège de prendre la parole au nom du Corps diplomatique accrédité près !e Saint-Siège, pour présenter à Votre Sainteté, nos vœux fervents de Bonne et Heureuse Année. Que le Tout-Puissant, cette année encore continue de vous inspirer, de vous donner la force nécessaire pour que vous accomplissiez votre Noble Mission à la tête de l’Eglise et pour le bien de toute l’humanité.

Très Saint-Père,

Au début de votre Ministère de Pasteur Universel, Votre Sainteté s’était présentée au monde comme étant le Pape « venu de loin ». Onze ans après, c’est avec joie que nous constatons que certains des problèmes cruciaux qui ont amené, sans aucun doute, Votre Sainteté à se présenter ainsi, sont en train d’évoluer favorablement: les murs tombent, les barbelés disparais¬sent, les frontières s’ouvrent... Le Corps diplomatique pour sa part, est heureux de compter désormais dans ses rangs le représentant de la grande Nation dont Votre Sainteté est originaire. Mais, au-delà de tout cela, votre immense sollicitude envers tous et votre ardent zèle apostolique qui vous a conduit dans tous les continents, ont rendu Votre Sainteté si près de la multitude, qu’au regard de tous, vous êtes le Pape proche de chacun.

Très Saint-Père,

Les perspectives heureuses qui se dessinent au sujet du désarmement et pour plus de respect des droits de l’homme, ne doivent pas nous faire perdre de vue tous les graves fléaux de notre temps. Comme Votre Sainteté ne cesse de le répéter, le nouveau nom de la par est le développement. Or, plus de la moitié de l’humanité souffre actuellement de la faim et de bien d’autres misères.

Les pays du Tiers-Monde, producteurs de matières premières agricoles et minières, sont écrasés sous le poids de leurs dettes malgré les mesures prises en faveur de quelques-uns d’entre eux. En outre, ces pays subissent une flagrante injustice car les prix de leurs produits sont fixés à la Bour- se arec toutes les conséquences désastreuses qui en découlent.

Les rayages que couse la drogue se propagent partout en dépit des et forts déployés actuellement pour attaquer le mal à ses racines, notamment chez les producteurs, et pour empêcher la mise en circulation des fonds qui an proviennent.

La violence n’a épargné aucune contrée, le terrorisme avec les prises d’otages, la destruction d’avions causant la mort de centaines de personnes, la répression sanglante à l’occasion de mouvements populaires, entre autres, en Chine et, tout récemment en Roumanie... C’est avec une profonde émotion que le Corps diplomatique a accueilli les récents massacres de prêtres dans plusieurs pays.

En Afrique, si le problème de la Namibie connaît un début heureux de solution et le système de l’apartheid a enregistré quelques légers assouplissements, de nombreux points de tension persistent, notamment en Angola, en Ethiopie, en Somalie, au Soudan. Le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie qui a fait tant de victimes l’année dernière n’est pas encore définitivement réglé.

En Amérique Centrale, les luttes fratricides continuent. Les dirigeants des pays concernés font de louables efforts pour y ramener la paix, mais la solidarité de la communauté internatio¬nale leur est plus que nécessaire pour atteindre cet objectif. Le Message que Votre Sainteté a adressé récemment à ces responsables réunis au Costa Rica pour les encourager à rechercher une paix durable par un dialogue sincère et constructif a été très apprécié.

Au Moyen-Orient, cette région si chère au cœur des chrétiens, des musulmans et des juifs, le drame continue. Le problème palestinien est loin d’être résolu et les pertes en vies humaines y sont toujours plus nombreuses. Au Liban, malgré les multiples appels pressants et réitérés de Votre Sainteté, les souffrances de ces valeureuses populations ne connaissent pas encore de fin.

En Asie, et en Extrême-Orient plus particulièrement, les conflits, souvent dus à l’intolé¬rance font toujours beaucoup de victimes. Des réfugiés provenant de cette région sont malheureu¬sement refoulés par des nations qui pourraient les accueillir. La récente visite effectuée dans cette partie du monde par votre Représentant, le Président de la Commission Pontificale Justice et Paix, a été d’un grand réconfort.

A cette liste déjà longue de problèmes, j’ajouterai ceux concernant l’environnement qui prennent des proportions très inquiétantes. En consacrant à ce sujet votre Message pour la Journée Mondiale de la Paix de cette année, Votre Sainteté a mis l’accent sur ses aspects éthiques et en a souligné toute l’importance. Nous pensons que ce message qui a déjà recueilli l’adhésion de plusieurs nations les inspirera dans leurs efforts pour préserver la Nature d’une destruction catastrophique pour l’humanité.

Nous vous sommes très reconnaissants pour vos interventions, vos messages, en un mot, pour toute l’action de l’Eglise qui tend à. soulager la misère dans le monde et à la solution des graves problèmes qui se posent aux hommes, dans un esprit de paix, de fraternité et de solidarité.

Très Saint-Père,

Comme les autres années, Votre Sainteté a effectué des visites pastorales en Italie et dans les paroisses de Rome. Elle a poursuivi également ses voyages apostoliques qui l’ont conduit successivement à Madagascar, en Zambie, à la Réunion, au Malawi, en Norvège, en Islande, en Finlande, au Danemark, en Suède, en Espagne, en Corée du Sud, en Indonésie et à l’île Maurice. On ne soulignera jamais assez l’importance et la valeur inestimable des messages de paix, de justice et de solidarité que ces visites permettent de diffuser. Nous voulons mentionner ici la Journée Mondiale des Jeunes célébrée dans l’enthousiasme et la ferveur à Saint- Jacques-de-Compostelle, les rencontres œcuméniques en Scandinavie, et les contacts avec les non-chrétiens en Afrique et en Indonésie notamment avec les musulmans. Le Message que Votre Sainteté a adressé aux prisonniers de Madagascar et qui est destiné aussi à tous les prisonniers du monde est une preuve de votre sollicitude envers les plus démunis. Nous espérons que les circonstances permettront à Votre Sainteté de visiter cette année encore d’autres pays.

Je voudrais pour conclure répéter combien la communauté internationale vous est recon¬naissante pour votre combat inlassable en faveur des droits de l’homme et la recherche de la paix. Nous vous renouvelons, très Saint-Père, nos meilleurs vœux de santé pour un apostolat très fécond.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°4, p.9.

 

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