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SYNODE DES ÉVÊQUES

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ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L'OCÉANIE

JÉSUS-CHRIST,
SUIVRE SON CHEMIN,
PROCLAMER SA VÉRITÉ,
VIVRE SA VIE :
UN APPEL POUR LES PEUPLES D'OCÉANIE

INSTRUMENTUM LABORIS

Cité du Vatican

1998


© Copyright 1998 - Secrétairerie Générale du Synode des Évêques et Libreria Editrice Vaticana.

Ce texte peut être reproduit par les Conférences épiscopales, ou avec leur autorisation, à condition que son contenu ne soit pas modifié et que deux exemplaires de la publication soient envoyés à la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques, 00120 Cité du Vatican.


AVANT-PROPOS

L'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Océanie convoquée dans la Lettre apostolique Tertio millennio adveniente (n.38) apparaît dans une série d'assemblées synodales continentales en vue de la célébration du Grand Jubilé de l'an 2000. La première de ces assemblées fut pour le continent africain en 1994. L'Assemblée Spéciale pour l'Amérique s'est conclue en décembre 1997 et celle pour l'Asie au printemps 1998. La dernière Assemblée Spéciale, celle pour l'Europe, doit être célébrée fin 1999, à la clôture du Deuxième Millénaire.

L'Assemblée Spéciale pour l'Océanie aura lieu du 22 novembre au 12 décembre 1998, après une période de préparation caractérisée par des phases significatives: la consultation en vue du thème synodal, suivi de l'approbation de sa formulation par le Saint-Père; la publication et l'envoi des Lineamenta, et de son questionnaire, aux parties intéressées comprenant tous les évêques en activité en Océanie (25.05.1997. La publication du présent document de travail ou Instrumentum laboris, qui, prenant en compte les réponses au document préparatoire, constitue la phase finale du processus de préparation au Synode.

De l'avis général, l'annonce de la célébration de l'Assemblée Spéciale pour l'Océanie a suscité un grand intérêt tant parmi les Églises particulières de la région que dans l'Église universelle. Ceci est visible dans les nombreuses réponses et observations aux Lineamenta qui parviennent à la Secrétairerie Générale. Nombre d'Églises particulières ont tiré profit de la phase de préparation et du document des Lineamenta pour consacrer du temps et leur oraison au profit d'une réflexion commune sur le thème du Synode, contribuant ainsi à la richesse des contenus de l'Instrumentum laboris.

En possession de tout le matériel résultant de la phase préparatoire remis à la Secrétairerie Générale, le Conseil Pré-synodal procéda, avec l'aide d'experts, à la rédaction du Document de travail durant la Troisième Réunion du Conseil Pré-synodal qui s'est tenue à Rome du 10 au 12 mars 1998. À cette réunion, les membres examinèrent une ébauche du texte basé sur les réponses et structuré selon les divers arguments suggérés dans les questions des Lineamenta. Les observations faites par les membres du Conseil Pré-synodal à cette réunion furent incorporées aux diverses parties du texte final qui a ensuite été soumis à l'approbation du Saint-Père.

Dans le processus d'élaboration d'un texte qui reflète les contenus des réponses et des observations, trois aspects ont été pris en considération et chacun d'entre eux se retrouvent sous une forme ou sous une autre dans le texte définitif : 1) points en commun 2) différences 3) omissions possibles. En outre, il n'est pas inutile de noter que le document comprend non seulement les points évoqués ci-dessus mais aussi les matières qui, de l'avis des réponses, doivent être ultérieurement examinées et approfondies. Dans ces cas-là, bien qu'elles n'aient pas reçu un traitement exhaustif dans le texte actuel, elles sont toutefois mentionnées pour être une partie intégrante de l'ordre du jour à traiter dans les débats synodaux.

L'Instrumentum laboris, présenté dans les deux langues officielles de l'Assemblée Spéciale (anglais et français), est structuré selon une progression logique des idées basée sur les éléments du thème synodal : «Jésus-Christ: suivre son chemin, proclamer sa vérité, vivre sa vie: un appel pour les peuples d'Océanie». Suivant ce plan, le document de travail est composé d'une Introduction, de trois grandes parties dont les titres proviennent des éléments du thème. Ces trois sections sont, à leur tour, subdivisées en chapitres traitant de matières connexes. Le document se termine par une brève Conclusion.

L'Introduction, après avoir fait allusion au Synode comme un moment de grâce pour l'Église et pour la région de l'Océanie, donne divers éléments descriptifs de l'Église dans la région, tirés tant du passé que du présent.

La Ière Partie, intitulée 'Suivre le chemin de Jésus-Christ', a trois chapitres. Chacun traite d'un aspect de l'évangélisation dans la région: la conscience et l'activité missionnaires; l'Évangile et les nombreuses cultures en Océanie; et enfin les divers phénomènes de la colonisation, de la migration et du tourisme.

La IIème Partie, 'Proclamer la vérité de Jésus-Christ', est composée de six chapitres de longueurs différentes qui examinent le contenu de l'évangélisation et les différents moyens par lesquels l'Église en Océanie poursuit sa tâche dans ce domaine, et diverses approches pastorales possibles pour le futur.

La IIIème Partie, 'Vivre de la vie de Jésus-Christ', qui comprend cinq chapitres, abordent le concept de communion dans l'Église et ses implications individuelles et communautaires, dans l'Église et la société. Cette section considère aussi les différentes personnes qui sont appelées à être des participants actifs à cet effet et les situations où la communion doit être alimentée et développée.

La Conclusion du document est une dédicace et une prière à la Vierge Marie comme Reine de la Paix et Secours des chrétiens.

Les informations présentes dans l'Instrumentum laboris, résultant des réponses envoyées à la Secrétairerie Générale, sont maintenant renvoyées aux évêques d'Océanie qui devront participer à l'Assemblée Spéciale, pour leur préparation personnelle immédiate. Celle-ci comprend aussi le choix de points spécifiques sur lesquels fonder leur intervention durant le Synode. Comme il a plu au Saint-Père d'autoriser la publication de ce document, les évêques peuvent également l'utiliser pour poursuivre l'animation de leurs Églises particulières et la participation de tous les fidèles au processus synodal.

Par sa nature, l'Instrumentum laboris est un document de préparation. Il ne doit donc, en aucun cas, être considéré comme l'anticipation des conclusions de l'assemblée synodale, bien que le consensus qui émerge des réponses sur certains points pourra se retrouver dans les résultats du Synode.

Je forme le vœu intense que Notre Dame, présente avec les Apôtres au Cénacle, conduise ces dernières phases de préparation et assiste les membres durant les débats synodaux pour que cette Assemblée puisse amener de nombreuses personnes au Christ, le Chemin, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14,6) et porter un dynamisme nouveau dans la tâche d'évangélisation de l'Océanie alors que l'Église se rapproche toujours plus du seuil du Troisième Millénaire.

Jan P. Card. Schotte, c.i.c.m.

Secrétaire Général


INTRODUCTION

Un événement important et opportun

1. L'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Océanie est un événement important et opportun pour l'Église catholique en Océanie, et bien sûr pour les peuples d'Océanie. Tout prochainement, le monde, et l'Océanie qui en fait partie, entrera dans le Troisième Millénaire. Nombreux sont ceux qui se réjouissent d'avance de cet important et unique événement, relié aux autres activités séculières programmées pour l'an 2000. L'Église catholique a sa propre façon de se réjouir dans la perspective de cette année. En communion avec l'Église présente sur les autres continents, l'Église en Océanie s'apprête à entrer dans le Troisième Millénaire avec la célébration du Jubilé de l'An 2000. Cette Année Jubilaire sera très significative, un événement religieux qui marquera non seulement l'achèvement de tout un siècle, mais aussi le passage du Deuxième au Troisième Millénaire. La gratitude pour les nombreuses grâces et bontés reçues s'accompagne de la repentance et du pardon pour les occasions manquées et pour les échecs douloureux. Un esprit de réconciliation et de foi apportera l'espérance pour l'avenir.

Afin de célébrer ce grand Jubilé dans la foi et l'espérance, il est important que l'Église en Océanie se souvienne, avec reconnaissance mais aussi avec un esprit contrit, de son passé afin d'être clairement consciente de la situation présente, pour ouvrir et clarifier sa vision sur l'avenir. Par sa contribution à cette conscience historique de la foi, l'Assemblée Spéciale pour l'Océanie représente un important événement dans la vie de l'Église en Océanie. Grâce, à l'origine, à la générosité et à la ferveur des innombrables missionnaires, les nombreux peuples d'Océanie connaissent Jésus-Christ. Cette première rencontre, qui a produit ses fruits chez les premiers convertis, a été renforcée par la foi des générations successives ainsi que par de constants efforts missionnaires. Les familles et les communautés chrétiennes ont transmis leur foi à leurs enfants et aux générations qui les ont suivies. Un grand nombre de migrants ont, jusqu'à une époque toute récente, apporté leur foi avec eux quand ils sont venus chercher une nouvelle terre pour construire une nouvelle vie. Ils ont transmis à leurs descendants, et jusqu'à la génération actuelle, ce qu'ils gardaient précieusement. C'est dans l'approfondissement et l'enrichissement de cette rencontre des peuples d'Océanie avec Jésus-Christ que cet important événement ecclésial - l'Assemblée Spéciale - trouve sa motivation et toute sa signification. Cette réunion des évêques catholiques de cette région et d'ailleurs en union avec l'évêque de Rome - cum et sub Petro - constitue, pour l'Église, une célébration de communion universelle en Jésus-Christ. Elle veut aider tous les chrétiens, et bien sûr tous les peuples d'Océanie, à envisager leur avenir en unité dans la foi authentique et fortement enraciné dans l'espérance.

L'Assemblée Spéciale est aussi un événement d'une grande opportunité pour les populations d'Océanie qui vivent des changements significatifs en ce moment de l'histoire. Jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, la région du Pacifique, presque inconnue et d'une très relative importance pour la plus grande partie du monde, a vécu une existence plutôt pacifique. La Guerre Mondiale a transformé l'Océan Pacifique et ses îles en une zone stratégique qui a été le témoin de nombreuses batailles, bouleversant à tout jamais l'existence pacifique d'un grand nombre de personnes. À la suite de la Guerre, la situation a changé rapidement. La démocratie, qui était déjà une réalité en Australie et en Nouvelle-Zélande, est peu à peu devenue une idée séduisante et également possible pour un grand nombre de nations de ces îles. Les colonies ont acquis leur indépendance ou une plus grande autonomie. Beaucoup de peuples ont ressenti l'impérieux besoin d'établir des relations plus étroites qui, parfois, se sont exprimées en termes d'interdépendance. Les compagnies industrielles, tant de la région que de l'extérieur, ont procédé toujours davantage à l'exploration des ressources naturelles. À l'origine, c'était au potentiel économique de l'exploitation des mines, du bois et de la pêche qu'elles étaient intéressées. Avec le temps, ce développement a, pour ces peuples et pour leurs dirigeants, créé de nouvelles réalités ainsi que de nouveaux défis à affronter. Actuellement, l'Océanie s'efforce de trouver son identité par rapport à l'Europe, à l'Asie et à l'Amérique, une identité qu'elle veut voir respectée et honorée par les grands pouvoirs économiques, politiques et financiers du monde. En plus d'une coopération mutuelle plus étroite, toute la région cherche le moyen de parvenir à une plus grande autosuffisance. Les populations de l'Océanie désirent, avant tout, nouer des relations constructives et libres avec les autres parties du globe, des relations pacifiques basées sur la justice pour tous et sur la solidarité avec les moins favorisés.

L'Église catholique, présente parmi les peuples d'Océanie, affronte non seulement des défis historiques mais également géographiques. L'Océanie est composée d'une vaste zone de mer, de quelques grandes masses de terre et d'un grand nombre de petites îles. C'est encore une zone relativement peu peuplée, caractérisée par les grandes distances qui séparent ses populations. Étant donné son éloignement physique d'un grand nombre de nations puissantes, elle éprouve un certain sentiment d'isolement. Alors que les problèmes de transport et de communication affectent ses relations avec les populations qui sont en dehors de la région, elle maintient des liens tout particulièrement intenses avec celles qui vivent à l'intérieur de ses confins. Ces problèmes ont aussi une influence sur la manière dont l'Église peut communiquer avec le grand nombre de ses communautés et de ses membres et peut leur témoigner sa sollicitude.

L'occasion de l'Assemblée Spéciale est une occasion riche de promesses pour tous les catholiques et pour toutes les personnes de bonne volonté de la région pour redécouvrir les valeurs chrétiennes et humaines, et pour les mettre en pratique d'une façon nouvelle. Une nouvelle prise de conscience de leur unique identité en tant que peuples de l'Océanie ainsi qu'une nouvelle idée du christianisme authentique, pour ne pas mentionner l'effort soutenu pour maintenir vivantes cette compréhension et cette foi, permettront à la population de la région de voir un avenir plein de promesses s'ouvrir devant elle. L'époque actuelle est un temps opportun, un kairos dont parlent les écritures, un temps de nouvelles possibilités et de nouvelles grâces. L'une de ces grâces espérées est la paix, une paix associée au nom d'«Océan Pacifique». Une nouvelle conscience chrétienne ainsi que de nouveaux efforts pour établir la justice, la réconciliation et la solidarité constitueront les bases de cette paix, une paix en laquelle les populations indigènes de l'Océanie ont toujours cru. Le dialogue, la réconciliation et le consensus sont, pour elles, les meilleurs moyens pour résoudre les problèmes, bien que parfois elles ont dû recourir à la guerre et à la violence, une réalité qui est malheureusement encore d'actualité aujourd'hui. Les chrétiens sont convaincus qu'une paix durable et radicale ne peut être que le fruit du Saint-Esprit. La paix dans toute sa plénitude est fondée en Jésus-Christ, le Sauveur du monde entier. Par sa Croix et sa Résurrection, Il est devenu la paix de Dieu pour tous les peuples, en Océanie et ailleurs.

L'Église en Océanie est jeune

2. Un grand nombre de réponses aux Lineamenta ont indiqué que l'Église catholique en Océanie est encore une jeune Église. Bien que le premier contact avec le christianisme remonte au XVIème siècle, le premier effort missionnaire véritablement organisé ne s'est réalisé qu'au siècle suivant. L'activité missionnaire organisée, tant protestante que catholique, couvrant toute la région, n'a commencé qu'au XIXème siècle. C'était aussi l'époque de la colonisation et donc de l'établissement colonial de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et d'un grand nombre d'îles du Pacifique. Bien que certains diocèses aient été créés plus tôt, c'est seulement au cours de la seconde moitié du XXème siècle que l'Église catholique a érigé des diocèses couvrant toute la région et qu'elle a nommé des évêques autochtones. Dans de nombreux pays du Pacifique, l'Église n'a pas encore atteint sa pleine maturité et dépend encore de l'aide extérieure. Les missionnaires, tant de l'étranger que de la région, lui sont encore nécessaires. Ils œuvrent en collaboration avec le clergé et les religieux locaux. Un soutien matériel est encore nécessaire.

Les réponses aux Lineamenta soulignent qu'en tant que jeune Église, il se trouve une grande richesse d'espérance, d'énergie, d'enthousiasme et de créativité chez un grand nombre de catholiques et au sein des communautés catholiques. C'est tout spécialement vrai pour l'Église de la Papouasie - Nouvelle-Guinée et des îles du Pacifique. Bien qu'on puisse trouver enthousiasme et ferveur en Australie et en Nouvelle-Zélande, il n'en existe pas moins des signes de résignation, de fatigue et de division, reflet du combat difficile que l'Église doit mener contre les idées non-chrétiennes qui dominent. La communauté catholique en Océanie partage ces conditions avec l'Église de l'Europe Occidentale et de l'Amérique du Nord.

Étant jeune, elle a aussi ses problèmes, et peut-être même encore plus du fait que l'Église catholique est, dans la plus grande partie du Pacifique, relativement petite. Une dépendance de l'aide extérieure, des ressources locales limitées, une sensibilité aux nombreuses influences étrangères, créent des préoccupations qui ont été mentionnées par un grand nombre de réponses. D'autre part, il existe un fort désir d'affronter les nombreuses questions vitales dans le respect de la culture du pays ou de l'île concernés. Le sentiment de la dépendance et de la pression extérieure joint au désir d'une légitime autonomie, requièrent une plus grande coopération, une plus grande interdépendance et une plus grande communion concrète entre les nombreuses Églises locales de l'Océanie.

Les évêques catholiques en Océanie ont exprimé leur communion collégiale et coopérative en constituant quatre conférences: la Conférence des Évêques Catholiques d'Australie, la Conférence des Évêques Catholiques de la Nouvelle-Zélande, la Conferentia Episcopalis Pacifici (C.E.PAC.), et la Conférence des Évêques Catholiques de la Papouasie - Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon. Tout récemment, leur communion s'est encore plus renforcée par la coordination de ces Conférences au sein de la Fédération des Conférences Épiscopales Catholiques de l'Océanie (F.C.B.C.O.). La Fédération permet aux évêques de répondre d'une manière plus effective et plus unie aux défis actuels que l'Église en Océanie doit affronter.

L'Assemblée Spéciale élargira le dialogue collégial et la collaboration dans le cadre de l'Église universelle. Les évêques d'Océanie rencontreront des évêques d'autres continents, en communion avec l'évêque de Rome. Tous ensemble, ils traiteront des questions importantes et des principaux défis auxquels doit faire face l'Église dans cette partie du monde qui, pour beaucoup, est lointaine et méconnue. L'Assemblée synodale est une importante occasion pour permettre de combler les effets liés à la distance et au manque de connaissance. La communauté catholique de l'Océanie a contribué d'une manière unique à l'Église universelle, et elle continuera à le faire. Les débats et les recommandations ne se limitent pas seulement aux problèmes de portée locale mais s'étendent aux questions qui concernent l'Église tout entière. La contribution de l'Église en Océanie sera examinée et étudiée dans toute sa jeunesse et son honnête franc-parler, compte tenu aussi de sa fidélité à ce qui la relie à l'Église universelle dont elle fait partie. En conséquence, l'Église universelle s'enrichira de nouvelles valeurs et une espérance débordante ressortira de cette Assemblée Spéciale.

En suivant le thème

3. Le thème de l'Assemblée du Synode, qui a été choisi par le Saint-Père, est: Jésus-Christ: Suivre son Chemin, Proclamer sa Vérité, Vivre sa Vie: un appel pour les peuples d'Océanie. Le thème rappelle l'invitation de Jésus-Christ qui s'étend à tous les peuples d'Océanie: Le rencontrer et croire en Lui, trouver vie et salut en Lui, Le proclamer et Le suivre. Dans l'Évangile de Jean, Jésus se réfère à Lui-même comme le Chemin, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14, 6). Ces paroles invitent ceux qui l'entendent à mettre toute leur foi et toute leur confiance en Lui. Accepter Jésus comme le Chemin, la Vérité et la Vie pour soi-même est un choix personnel et une réponse à l'appel profondément individuel de Dieu. Il s'accomplit dans le contexte de la communauté croyante à travers la célébration du sacrement du baptême. En accueillant la présence salvifique de Jésus-Christ dans leur vie, les personnes deviennent des nouveaux membres de la communauté ecclésiale. C'est à travers ses membres, chacun marqué par un appel individuel de Dieu et uni dans l'Esprit, que l'Église répond à l'invitation que Dieu adresse à tous les peuples à travers son Fils Jésus-Christ. Elle découvre et suit son Chemin, elle reçoit et proclame sa Vérité; elle vit et partage sa Vie. De cette manière, l'Église est le sacrement de salut pour tous les peuples.

Le thème est particulièrement approprié pour l'Église en Océanie à l'heure actuelle. L'avenir présente un grand nombre de défis aux peuples d'Océanie. Ils sont à la recherche d'une identité en fidélité avec leur héritage culturel et chrétien. Ils sont engagés dans le combat pour la justice et la paix. En ce moment crucial et historique, Jésus-Christ offre conseil et signification. Le chemin de Jésus-Christ est avant tout un moyen de donner un sens et une orientation à la vie de ses disciples. Suivre fidèlement son chemin signifie, cependant, vivre de manière à montrer son chemin aux autres, qui sont encore à la recherche. Suivre le chemin de Jésus c'est aussi cheminer et vivre avec un sens renouvelé de la mission. La vérité de Jésus-Christ comble et détermine tellement nos vies que nous sommes entraînés à partager sa mission. Sa vérité a donc besoin d'être constamment méditée, comprise sous une forme nouvelle et proclamée non pas seulement dans la communauté des croyants mais aussi auprès des autres. La vie de Jésus-Christ ne peut pas être vécue sans un profond respect pour toute vie qui est le don de l'amour et de la création de Dieu. Vivre sa vie en plénitude implique une authentique spiritualité et une parfaite moralité qui imprègnent l'individu, la famille et la société. Sa vie suppose la réconciliation, le pardon et la conversion, qui donnent naissance à une nouvelle vie. De cette manière, les croyants deviendront les témoins de sa vie dans le monde (cf. Jn 15, 27). Tous les chrétiens, de par leur vie, leurs paroles et leurs actions, doivent suivre le Chemin de Jésus-Christ avec une nouvelle énergie, pour recevoir sa Vérité dans la foi renouvelée, pour vivre sa Vie avec une nouvelle vigueur. Renforcés par la Parole et par les sacrements célébrés dans leurs communautés, les chrétiens vont de par le monde et témoignent de la Vérité qui est Jésus-Christ.

Porter le témoignage authentique de Jésus et de son Évangile ne peut se limiter à une simple annonce en paroles. Elle doit être nécessairement suivie par les actions, qui sont le support et le témoignage de l'évangélisation. Conformément à l'Évangile, cette activité est inspirée par la charité et la justice, par la solidarité avec les pauvres, les exclus, les opprimés, bref, avec les plus défavorisés du monde. Tous les chrétiens sont exhortés par l'amour de Jésus à pratiquer la miséricorde, à promouvoir la justice et à assister les nécessiteux. À travers leur amour pour Jésus, exprimé dans l'amour pour leur prochain, ils invitent et encouragent beaucoup d'autres à croire en Lui et à Le suivre. De cette manière, tous les peuples peuvent rencontrer Jésus-Christ, suivre son Chemin, proclamer sa Vérité et vivre sa Vie. Jésus est, en effet, le Chemin, la Vérité et la Vie non pas seulement pour ses disciples, mais pour tous les peuples d'Océanie, et en fait, pour tous les peuples du monde.

Se souvenir du passé de l'Église

4. Bien que jeune, l'Église en Océanie n'est pas pour autant dépourvue de mémoire, qui la rend à la fois humble et pleine d'espérance. Quelques chrétiens en Océanie ont, dans le passé, commis des erreurs et partagé des responsabilités dans des injustices politiques et sociales. Non seulement des simples chrétiens mais aussi des responsables de l'Église ont commis des erreurs, ont approuvé des actions non-chrétiennes ou sont restés indifférents devant les injustices. Cet aspect négatif du passé doit être reconnu en toute honnêteté, et il constitue une raison d'humilité. En même temps, l'Église doit se rappeler avec gratitude de grandes figures, hommes et femmes, prêtres, religieux, catéchistes et autres laïcs, qui se sont consacrées entièrement à faire vivre et propager l'Évangile de Jésus-Christ. Ils ont suivi son chemin, proclamé sa vérité et vécu sa vie de façon exemplaire. Un grand nombre d'entre eux restent relativement peu connus mais certains ont été publiquement reconnus, ils ont été béatifiés et canonisés.

En 1672, après seulement quatre années de travail missionnaire sur les côtes de Guam, le bienheureux Diego Luis de San Vitores, un prêtre jésuite espagnol a été tué pour avoir baptisé la fille mourante d'un chef local. Il est considéré comme le protomartyr des Mariannes. Un prêtre mariste français, saint Pierre Chanel, a été martyrisé en 1841 après un bref apostolat dans l'île de Futuna. Il est le premier saint et protomartyr d'Océanie. Le bienheureux Giovanni Mazzucconi, de l'Institut Pontifical pour les Missions Étrangères de Milan (P.I.M.E.), a été martyrisé en 1855 dans l'île Woodlark en Papouasie - Nouvelle-Guinée. Un exemple édifiant d'activité apostolique et de vie religieuse a été donné par la bienheureuse Mère Mary McKillop, une religieuse australienne qui est morte en 1909. Un catéchiste très dévoué, Peter To Rot, a été tué dans l'île de la Nouvelle-Bretagne en Papouasie - Nouvelle-Guinée durant la Seconde Guerre Mondiale. Les forces d'occupation Japonaises l'ont exécuté parce qu'il refusait de cesser d'enseigner et de s'occuper des convertis.

La vie, la prière et le travail de ces personnes exemplaires, leurs peines et leurs souffrances, ainsi que leur mort violente ont laissé des souvenirs ineffaçables dans le cœur de tous ceux auprès de qui ils étaient envoyés et parmi lesquels ils ont vécu et ils sont morts. La mémoire de ces personnes, et d'un grand nombre d'autres hommes et femmes, sera bien sûr rappelée durant l'Assemblée Spéciale comme des phares de lumière et de courage pour la génération présente. Leur intercession aidera les prières et les pensées de tous ses participants.


Ière PARTIE

SUIVRE LE CHEMIN DE JÉSUS-CHRIST

La mission du Seigneur

5. Pour tous ses disciples, suivre le chemin de Jésus-Christ implique qu'ils acceptent d'accomplir leur part dans la mission que le Seigneur a confiée à son Église. Le Seigneur les appelle, chacun en un temps précis et d'une manière particulière, et les envoie travailler dans sa Vigne (cf. Mt 20, 1-16). Il n'est jamais trop tard pour entendre son appel et s'y rallier, pour suivre Jésus. Jésus lui-même, le Verbe incarné, a été envoyé par le Père dans le monde pour le sauver, pour proclamer et établir le Royaume de Dieu. Il a parcouru le pays d'un bout à l'autre pour proclamer la vérité du règne miséricordieux de Dieu envers son peuple. Il a amené les pécheurs à la réconciliation avec Dieu. Il a dispensé au nécessiteux et au malade le pouvoir de guérison et d'amour de Dieu. Ses disciples sont appelés à la justice, à l'amour et au pardon. Quand son passage sur terre est arrivé à son terme, Jésus a porté sa mission à sa plénitude sur plénitude sur la croix, mourant pour nos péchés. En Le ressuscitant, le Père a fait de Lui, pleinement et pour toujours, le Chemin, la Vérité et la Vie pour tous ceux qui croient. Déjà durant son ministère sur la terre, et définitivement au moment de s'élever au ciel, Jésus a partagé sa mission avec ses disciples, afin que le Verbe et la grâce de Dieu puissent parvenir jusqu'aux confins de la terre.

La mission de l'Église

6. L'Église est, depuis ses tous débuts, une communauté missionnaire. Née de l'Esprit-Saint, elle rassemble les croyants dans une communion de foi et d'amour. Elle invite toujours plus les personnes à croire en Jésus-Christ et à se joindre à sa communion. Elle proclame activement Jésus comme le Sauveur de tous et Le fait connaître à ceux qui l'écoutent. Cette mission devait s'étendre à tous les peuples et à toutes les générations.

Le Saint-Esprit, qui est si fortement actif en Jésus, a poussé les communautés locales et chaque apôtre de l'Église primitive à suivre l'itinéraire missionnaire que Jésus a parcouru avant eux. En tant que disciples du Chemin, ils ont courageusement porté témoignage et subi les persécutions pour leur foi (cf. Ac 9, 2). Certains que Jésus était le Christ, ils ont proclamé et expliqué l'Évangile, indiquant le chemin pour ceux qui venaient et qui les écoutaient. Ils ont témoigné non seulement par leurs paroles mais aussi par leur vie, leurs actions thaumaturges, leur communion fraternelle, la célébration des sacrements et leur prière assidue. Leur parcours missionnaire a encouragé et affermi les chrétiens dans l'annonce de la Bonne Nouvelle du Salut à ceux qui n'y croyaient pas encore. La sollicitude pastorale pour la communauté n'a jamais été séparée du zèle plein d'ardeur pour la mission.

L'Église est présente dans l'histoire en tant que Peuple Saint de Dieu, unie à travers sa communion de foi en Jésus. La communion est une caractéristique essentielle de l'Église, elle en est même l'une de ses plus profondes. L'Esprit-Saint qui l'anime en tant que Peuple de Dieu, lui inspire unité de foi, espérance et amour, quand elle marche sur les traces de Jésus. Tous ses membres sont appelés à cette sainteté de vie. Étant une communion, l'Église est aussi missionnaire de par sa vraie nature. L'Église est un Peuple toujours appelé à suivre le chemin de Jésus, un chemin de mission. Inspirés par cet idéal, de nombreux missionnaires se sont rendus en Océanie, et nombreux sont ceux qui s'y rendent encore. Ils prêchent la Bonne Nouvelle, amènent les personnes à la réconciliation, à la justice et à la paix en Jésus, en leur offrant sa grâce à travers les sacrements, en priant Dieu avec eux en esprit et en vérité. L'Église, unie par la communion des évêques, est maintenant une Église vraiment chez elle en Océanie et vraiment catholique. Elle est maintenant appelée à devenir, à sa manière, véritablement missionnaire. Elle doit suivre son appel missionnaire, allant jusqu'aux peuples d'Océanie pour les amener à Jésus-Christ.


CHAPITRE I

APOSTOLAT MISSIONNAIRE

Conscience missionnaire

7. Les réponses aux Lineamenta expriment très clairement que l'Église locale est, dans de nombreuses parties de l'Océanie, consciente de sa mission et engagée dans une activité missionnaire. Par mission, elles n'entendent pas seulement une mission accomplie à l'extérieur mais aussi une activité de portée missionnaire développée chez elle. Dans tous ces cas où les baptisés ont perdu le contact avec l'Église ou lorsqu'ils ne sont pas éduqués dans la foi, aller vers eux est une mission vitale. Même quand il ne leur est pas possible de prendre part au sacrement de l'Eucharistie, il est important de les accueillir en tant que membres de la communauté, de les respecter, de les aimer et de leur apporter assistance toutes les fois que cela est possible.

Dans certaines parties de l'Océanie, la communauté locale se qualifie elle-même de missionnaire parce qu'un grand nombre de ses pasteurs et de ses agents pastoraux sont des missionnaires venus de l'étranger. Ce sont des prêtres, des religieux et des laïcs qui sont envoyés par d'autres diocèses ou qui sont membres de communautés missionnaires. Leur présence ne rappelle pas seulement, à la communauté locale, ses origines historiques mais aussi sa dépendance de l'aide extérieure. En même temps, la présence de ces missionnaires est aussi un appel pour éveiller l'esprit missionnaire dans la communauté elle-même et l'encourager ainsi à se rapprocher des autres.

Actuellement, on assiste à un échange intensif de missionnaires à l'intérieur de l'Océanie. Dans certains cas, ils proviennent de ces lieux mêmes qui ont reçu des missionnaires. À travers leurs missionnaires étrangers, la communauté est en contact avec les autres communautés et s'enrichit d'autres formes de vie chrétienne. Le témoignage des missionnaires quand ils retournent chez eux, pour de courtes périodes ou définitivement, l'expérience qu'ils apportent avec eux, le soutien permanent qu'ils reçoivent, et le défi qu'ils représentent de par leur présence, sont quelques-uns des moyens avec lesquels la conscience et le zèle missionnaires se renforcent. La générosité dont font preuve les communautés plus nanties matériellement envers celles qui sont dans le besoin est une expression de la solidarité chrétienne. Une nouvelle forme de cette solidarité consiste en «jumelage» de paroisses de diocèses différents, où à la fois elles reçoivent et donnent, constituant de ce fait un enrichissement pour tous.

Bien qu'en de nombreuses parties de l'Océanie, l'Église a encore besoin d'agents pastoraux en provenance de l'extérieur, les diocèses à l'esprit missionnaire œuvrent aussi avec générosité en faveur de la mission universelle. Pour une jeune Église, cet échange actif avec l'Église universelle est un signe d'espérance qui reflète sa maturité et son développement. L'Océanie, étant un petit continent distant des autres, pourrait facilement éprouver un sentiment d'isolement et même d'infériorité. Toutefois, sa contribution en personnel missionnaire au bénéfice de l'Église qui est en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud renforce les liens d'amour et de communion, et offre un témoignage authentique de générosité désintéressée, apprécié et béni par le Seigneur.

Dans de nombreuses réponses, outre aux prêtres et religieux missionnaires, une mention toute spéciale est faite pour les catéchistes et les autres missionnaires laïcs. Les missionnaires laïcs consacrent une période précieuse de leur vie active au service d'autres parties du monde. Ils offrent leurs talents et leurs compétences pour l'édification de la communauté, pour l'éducation, les soins de santé, l'assistance technique, les programmes en faveur des femmes et pour les personnes dans le besoin. Beaucoup d'entre eux ne se contentent pas simplement de promouvoir le développement intégral de l'homme mais ils témoignent aussi de leur foi chrétienne. De cette manière, ils contribuent, tout au moins implicitement, à la croissance et au renforcement des communautés chrétiennes partout où ils vivent et où ils travaillent.

Un certain nombre de réponses soulignent un aspect important de l'Église: entendre l'appel à l'expansion missionnaire. L'Évangile est un appel à la conversion (cf. Mt 1, 14-15), un appel adressé avant tout à l'Église elle-même, à tous ses membres et à toutes ses communautés. C'est un appel pour cesser d'être exclusivement concerné et préoccupé par ses propres nécessités, et pour se tourner vers les autres et répondre à leurs besoins. Il s'agit, en fait, d'un appel radical à la sainteté, à un changement permanent du cœur, à un style de vie beaucoup plus évangélique, à la réalisation d'une plus grande justice et de plus d'amour à l'intérieur de la communauté chrétienne elle-même. C'est un appel à la réconciliation, au renouveau et à une réforme de vie en Jésus-Christ dans une plus grande fidélité à son Esprit.

Comme le révèlent un nombre de réponses, certaines communautés locales ont trop tendance à se préoccuper d'elles-mêmes, spécialement quand elles se sentent petites et faibles. Leur souci de se maintenir est souvent plus fort que l'appel à la mission. La sollicitude envers ces chrétiens, qui sont et qui restent fidèles, a tendance à prévaloir sur l'attention pour ceux qui vivent en marge ou en dehors de l'Église. La communauté des fidèles qui fréquentent l'église peut souvent se désintéresser de ceux qui ne sont plus pratiquants; et de cette façon, ils risquent de devenir des chrétiens uniquement d'un point de vue culturel.

Les deux éléments - renouveau intérieur et mission envers les autres - sont essentiels et complémentaires pour l'Église croyante. Aller vers les autres contribue à croître en sainteté, à approfondir l'union avec Dieu qui est Amour et qui aime tant le monde qu'Il a donné son Fils bien-aimé. Les communautés centrées sur elles-mêmes doivent surmonter leur inertie et s'étendre afin qu'elles puissent suivre le chemin de Jésus-Christ. Une conversion plus profonde est à la fois importante et indispensable si l'expansion missionnaire doit être plus qu'une simple promotion du développement humain ou de l'action sociale pour la justice et la paix. L'expansion missionnaire, qui est clairement une évangélisation, doit venir des communautés et des individus en qui Jésus-Christ est pleinement vivant à travers son Esprit. Une communauté chrétienne doit régulièrement s'examiner à la lumière de l'Évangile et de la Tradition de l'Église. Un souci précis de l'Église en Océanie est exprimé dans de nombreuses réponses: mieux comprendre l'appel de Jésus-Christ et répondre plus clairement à son appel dans le monde d'aujourd'hui.

Un peuple investi d'une mission

8. L'appel à la mission, tant à l'intérieur d'elle-même que dans un contexte ecclésial plus large, s'adresse à toute la communauté chrétienne. L'appel est, tout particulièrement, lancé aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux autres ministres et aux religieux et religieuses. Ils doivent tous être vigilants et répondre activement à l'appel missionnaire. La mission à l'intérieur et la mission à l'extérieur sont des activités dans lesquelles une grande partie de ces hommes et de ces femmes se sont engagés avec générosité. Saisissant les opportunités qui se présentaient, ils se sont préparés pour répondre à cette tâche et se sont formés pour l'accomplir. Ils sont conscients des besoins des personnes qui les entourent, ils en comprennent la quête d'un sens, le désir de guérison et d'amour. Leur style de vie radicalement évangélique les rend souvent encore plus conscients envers les nécessiteux de la société humaine, envers ceux qui sont abandonnés, les opprimés et les malheureux.

Dans un grand nombre de réponses, l'appel à la mission est spécialement lié aux laïcs chrétiens. Les réponses ne se réfèrent pas seulement à ces missionnaires laïcs qui quittent leur pays d'origine, mais aussi aux chrétiens qui vivent et travaillent dans leur propre pays. Ils sont appelés à donner le témoignage de leur foi en Jésus-Christ dans leur famille et dans l'exercice de leur profession. Des associations professionnelles imprégnées de la foi chrétienne et de ses valeurs leur offrent une aide mutuelle. Des services de volontariat et d'autres activités contribuent à la mission de l'Église. Encouragés et formés par les pasteurs et les religieux, les laïcs qui se consacrent activement à la tâche missionnaire la suivent à leur propre manière. Ils assument une plus grande responsabilité dans la communauté locale et la partagent dans l'expansion missionnaire. Les laïcs chrétiens possèdent leur propre manière irremplaçable de suivre le chemin de Jésus-Christ. Ce n'est pas seulement leur vocation, c'est leur privilège. De concert avec les prêtres et les religieux qui les soutiennent, ils accomplissent leur propre rôle dans l'Église. La responsabilité et l'activité missionnaire des laïcs est un signe d'espérance authentique dans l'Église en Océanie.

La contribution du laïcat est la garantie que l'Église entière, toutes les communautés et tous les croyants, sont missionnaires. Ils apportent ensemble la Bonne Nouvelle aux autres et agissent en tant qu'instruments de guérison de la miséricorde de Dieu. Ils aident à apporter la paix en temps de conflit, et la réconciliation après des périodes de cruelle violence. Dans ce contexte, il y a bien quelques réponses qui font référence au conflit qui a déchiré l'île de Bougainville dans la Province du Nord-Salomon de la Papouasie - Nouvelle-Guinée. Maintenant qu'une paix fragile a été restaurée, les laïcs répondent à l'invitation d'œuvrer avec leurs pasteurs pour approfondir et renforcer la paix intérieure. Avec les prêtres et les religieux, les laïcs et tout spécialement les femmes ouvrent un nouvel avenir aux personnes qui ont tellement souffert, et apportent l'espérance à leurs aspirations légitimes. La construction d'un tel avenir plein d'espérance est bénéfique non seulement à l'île elle-même mais à tout le pays.

Les réponses mentionnent, souvent avec gratitude et admiration, les divers groupes et mouvements qui donnent leur temps et leur énergie à l'activité missionnaire. Bien qu'ils soient le plus souvent originaires hors de l'Océanie, ces groupes et ces mouvements se sont enracinés dans les diocèses d'Océanie et y sont très actifs. Grâce à la nouveauté de leurs méthodes et de leurs programmes, de leur unité de structure et de responsables, de leur fraternité et leur enthousiasme, ils représentent une force missionnaire vivante dans l'Église. Ils proclament avec courage et persévérance l'Évangile de Jésus-Christ, et offrent leurs services aux nécessiteux, comme solidarité concrète avec les pauvres. En communion avec la communauté locale et avec son pasteur, ils vont vers les autres pour montrer ainsi le chemin à d'autres chrétiens.

L'esprit missionnaire a, comme le suggèrent de nombreuses réponses, besoin d'être encouragé dans un grand nombre de paroisses. Ceci peut requérir une formation des adultes et une formation permanente des pasteurs, des ministres et des fidèles. Les réponses proposent la création et la promotion de communautés ecclésiales de base, de groupes familiaux ou de communautés de quartier. Dans ces communautés, la foi est vécue et partagée, les Écritures sont lues et méditées comme base de la prière commune, la solidarité fraternelle est mise en pratique, et la présence joyeuse et réconfortante de l'Esprit-Saint est célébrée et expérimentée avec une plus grande ferveur. Comme les membres se connaissent mieux les uns les autres, ils se sentent plus libres d'exprimer leur foi et sont stimulés à prendre contact avec ceux qui vivent en marge ou en-dehors de l'Église. Ces communautés contribuent plus facilement à une plus grande justice et une plus grande paix et, en même temps, elles constituent des lieux où se renforce la conscience missionnaire, en raison de leur proximité avec les personnes et les lieux visés par un programme de diffusion. La promotion de ces communautés requiert des relations fondées sur la coopération et le respect entre les responsables laïcs et les ministres ordonnés. De cette manière, le bien commun de l'Église, loin d'être déprécié, est au contraire bien mieux desservi et enrichi, et la société qui les entoure bénéficie d'une saine influence en faveur de la vie.

Domaines de la mission

9. L'Église est envoyée vers ceux qui n'ont pas entendu l'Évangile ou qui ont besoin de l'entendre à nouveau. Les réponses aux Lineamenta précisent qu'il existe encore en Océanie des petits groupes de personnes qui n'ont pas entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. L'isolement de ces groupes tribaux est souvent due à la difficulté d'accès des lieux où ils vivent. Des efforts sont faits pour parvenir jusqu'à eux et pour entrer en contact avec eux.

Dans toutes les autres parties de l'Océanie cependant, l'Évangile a, par le passé, été proclamé et entendu. Il reste, pour le moment, à accomplir la tâche de proclamer d'une manière nouvelle l'Évangile aux générations et aux groupes qui n'ont pas entendu ou qui n'ont pas répondu à la Parole de Dieu. Les réponses se réfèrent à ceux qui ont été baptisés mais qui ne mettent pas leur foi en pratique. Ils sont tout bonnement devenus des chrétiens «culturels». Beaucoup proviennent de familles chrétiennes et sont des personnes de bonne volonté qui ont reçu une bonne éducation. Ils se sont éloignés de la prière et du culte chrétiens, et ont négligé d'approfondir leur connaissance et leur compréhension de la foi. Très souvent, leur comportement contredit leurs valeurs morales chrétiennes. Il est impératif pour l'Église de pouvoir les atteindre, en prenant en compte leurs convictions et les valeurs humaines qu'ils pratiquent. Il est, toutefois, tout aussi impératif de présenter la Bonne Nouvelle à travers la parole et le témoignage, en invitant ces personnes à rejoindre la communauté chrétienne et à pratiquer de nouveau la foi qu'elles avaient reçue à l'origine.

Dans les régions d'Océanie, là où la culture occidentale moderne domine, certains insistent sur le fait que presque toutes les sphères de la vie publique ont besoin d'entendre à nouveau la voix de l'Évangile. Toutes les générations, mais tout spécialement les jeunes, ont le droit de connaître le message de l'Évangile et les enseignements de l'Église. À cet égard, un grand nombre de réponses soulignent l'importance des instituts d'éducation catholique. Ceux qui enseignent dans les écoles et les universités catholiques, ainsi que ces catholiques qui enseignent dans les instituts publics ou non-catholiques d'éducation doivent être encouragés et formés pour apporter la vérité révélée en Jésus-Christ dans tous les aspects de la vie de l'homme moderne. Dans ces instituts, les futurs responsables du pays, femmes et hommes, sont instruits et formés. Ils doivent entendre la vérité et les valeurs enseignées par l'Église, et devraient les voir mises en pratique. L'éducation informelle, qui touche souvent les moins privilégiés, est aussi un domaine de mission pour la communauté chrétienne.

Nombreuses sont les réponses qui signalent le secteur public des mass-médias ou de la communication sociale comme étant un domaine critique de mission. La presse, la radio et la télévision, les vidéocassettes et les films, l'ordinateur électronique et Internet, sont des instruments qui, sous de multiples manières, influencent les personnes qui les utilisent, chrétiens et non-chrétiens sans distinction. Il est de l'intérêt de l'Église que les communautés locales et les groupes chrétiens éduquent les personnes à se servir des médias d'une manière prudente et judicieuse. Il doit être possible de prendre contact et de dialoguer avec les responsables de ce secteur afin d'influencer les programmes pour qu'ils respectent le mode de vie chrétien et ses valeurs.

L'activité missionnaire a besoin d'une spiritualité missionnaire. En effet, les missionnaires se nourrissent de la prière, de la communion intense avec Dieu et de l'amour intime de Jésus-Christ dans l'Esprit. Quelques réponses indiquent qu'au cours de ces dernières années une faim et une soif de spiritualité se sont faits de plus en plus sentir. Ce désir d'approfondissement de la vie spirituelle peut être le signe qu'un nouveau sens du sacré est en train de faire son apparition. Il est souvent lié à une découverte positive du sens religieux d'origine qui se trouve dans les cultures indigènes, qui sont parmi les plus anciennes du monde et qui sont encore présentes en Océanie. Cette soif de spiritualité se retrouve aussi chez les prêtres, les religieux et les laïcs. Puisant aux sources spirituelles chrétiennes, apprenant des grands maîtres spirituels du christianisme, guidés par un compagnon spirituel avisé, et vivant dans l'obéissance à l'Esprit de Dieu en Jésus-Christ, ils grandiront dans la sainteté spirituelle. Ceux qui s'offrent pour guider ceux qui sont à la recherche, ont besoin d'une forte vie spirituelle et d'une humble sagesse, fruits tous les deux de l'Esprit-Saint.


CHAPITRE II

L'ÉVANGILE ET LES NOMBREUSES CULTURES

Puissance de conversion de l'Évangile

10. Chaque fois que la vie des hommes est touchée par l'Évangile et par la grâce de Jésus-Christ, ceux-ci s'en trouvent transformés. Cet effet n'est pas limité aux seules personnes qui ont été converties. Plus les gens accueillent le christianisme et le vivent en vérité, plus la société et la culture s'en trouvent également transformées. De par sa nature, chaque personne est obligatoirement membre d'une société particulière qui possède sa propre culture. Les valeurs défendues par ses membres, les coutumes qui sont les leurs, leurs croyances, leurs langages, les histoires qu'ils racontent, leur façon d'organiser leur travail et leur temps, et surtout leur façon d'exprimer leur vision du monde et leurs convictions religieuses, tout ceci contribue à former leur façon de vivre, leur culture. L'Église respecte profondément toutes les cultures humaines. Dans le même temps, l'Évangile lance des défis spécifiques à chaque culture humaine. Sans imposer le christianisme, l'Église s'efforce en prêchant l'Évangile d'élever, de purifier et d'enrichir chaque culture humaine tout au long de son histoire. Une fois qu'il est reçu dans une culture particulière, l'Évangile s'exprime et est vécu d'une manière nouvelle qui devient alors un moyen de proclamer l'Évangile sous une forme beaucoup plus significative et bien plus effective dans cette culture.

Une diversité de cultures

11. Les réponses aux Lineamenta démontrent que l'Océanie est caractérisée par un grand nombre de populations possédant chacune distinctement sa propre culture. Dans la seule Mélanésie, on peut dénombrer des centaines de langues et un nombre équivalent de cultures. Quelquefois, elles partagent des valeurs communes qui s'expriment d'une manière différente, quelquefois une langue commune s'est développée permettant de communiquer et servant de lien entre les différences. La variété de cultures qui existe en Océanie est extrêmement vaste, allant du simple petit village de montagne avec son économie de subsistance, à la société urbaine la plus hautement industrielle et technologique. Souvent, des personnes de cultures très différentes vivent ensemble dans une même communauté locale. En Polynésie et en Micronésie, un grand nombre de sociétés sont petites et mono-culturelles. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la culture qui domine est occidentale, mais avec toutefois une diversité considérable qui est due aux origines des nombreux immigrants. La plupart des sociétés nationales sont multi-culturelles, possédant plus d'une seule langue nationale. En dépit de cette diversité, un grand nombre de pays tendent fortement à développer une identité culturelle nationale. En même temps, il existe des signes indiquant que la conscience et le respect pour les populations et les cultures indigènes d'origine se développent de plus en plus.

Dans certains pays, les populations indigènes, telles que les Aborigènes en Australie et les Maoris en Nouvelle-Zélande, sont devenues un groupe minoritaire dans la société nationale. Quelquefois, le groupe culturel dominant éprouve quelques difficultés à reconnaître et soutenir la minorité culturelle. Bien que ces tensions culturelles et sociales peuvent parfois se refléter dans l'Église, celle-ci s'efforce d'étendre sa sollicitude pastorale et sa présence à tous. Des efforts sont actuellement entrepris pour respecter les groupes minoritaires et leur culture. Le respect va de pair avec le partenariat en faveur du développement humain de tous, et tout spécialement en faveur des plus défavorisés. Le clergé et les religieux autochtones, même s'ils sont en nombre restreint, sont d'une grande importance pour la place légitime qui est faite à ces populations dans une société multi-culturelle. Souvent la minorité culturelle, qu'elle soit indigène ou qu'elle provienne de l'immigration, vit dans des conditions de plus grande pauvreté que les autres dans la société nationale. L'Église, en coopération avec d'autres organismes, défend les droits des pauvres et les aide dans leurs besoins, par exemple, à travers les services de la Caritas et des programmes similaires. Elle se préoccupe de leur éducation et encourage les employeurs à leur fournir des occasions de travail.

Culture et Évangile

12. Le rapport qui existe entre la culture et l'Évangile comporte deux aspects. D'un côté, une culture locale offre des valeurs et des expressions positives qui peuvent enrichir et qui enrichiront la manière dont l'Évangile est prêché et dont la foi chrétienne est vécue dans une communauté locale. D'un autre côté, l'Évangile lancera un défi à la culture locale. Le changement doit se produire dans tout ce qui s'oppose à la vérité telle qu'elle est proclamée par l'Évangile et gardée précieusement par l'Église catholique, ou dans tout ce qui est en opposition avec les valeurs religieuses et humaines.

De nombreuses réponses se réfèrent au fait que la structure culturelle des peuples d'Océanie est en cours de changement. On assiste à une augmentation de l'interdépendance et d'un mélange entre les diverses cultures. En même temps, l'Église a moins d'influence sur les valeurs et les idées qui se développent et qui sont apparues tout récemment. Les réponses indiquent un grand nombre de valeurs positives présentes dans les cultures indigènes d'Océanie: un sens incontesté du sacré, un respect pour la tradition et l'autorité, des liens familiaux et communautaires très forts, et un sentiment de joie et de gratitude envers la vie et les dons de la nature. Ces valeurs ont enrichi la vie et la société chrétiennes. Nombre de ces valeurs sont, cependant, menacées par l'acceptation dépourvue de tout sens critique d'un style de vie occidental plus moderne. Dans d'autres situations, les cultures indigènes offrent une forte résistance à un accueil plus complet de la foi chrétienne et de ses principes moraux. Les réponses font référence aux coutumes matrimoniales approuvant la polygamie ou la tradition de la «bride price», à la sorcellerie et aux croyances superstitieuses en des esprits malfaisants, à l'hostilité et la guerre tribale, à l'obligation de se venger quand il a été fait du mal à une personne, à sa tribu ou sa famille. La communauté chrétienne a besoin de faire preuve de patience et d'une continuelle persévérance afin de parvenir à la conversion et au changement de ces réalités culturelles négatives.

Encore plus difficile et plus provocateur est l'accueil de la foi chrétienne dans les modèles de pensée indigènes. Des tentatives ont déjà été faites par des théologiens et philosophes indigènes religieux qui se sont penchés et élaboré une théologie et philosophie adaptée à une culture spécifique (par exemple Mélanésienne, du Pacifique). Des semences d'une conscience authentique de Dieu dans la religion traditionnelle offrent des possibilités d'interprétation créative des concepts chrétiens. Le dialogue critique et la coopération de théologiens et de philosophes, dans le respect et en adhésion au Magistère, enrichiront la théologie catholique sans pour autant perdre aucun des éléments essentiels de la Tradition de l'Église.

Le défi de la culture occidentale moderne

13. Même quand la culture principale est indigène, l'influence croissante de la culture occidentale moderne en Océanie se retrouve dans un grand nombre de réponses. L'Église accepte et encourage les valeurs positives de cette culture mais lutte contre ses aspects négatifs. Il existe d'importantes valeurs positives, telles que la dignité de la personne humaine, le droit à la liberté et au bonheur, la contribution de tous aux prises de décision commune, au progrès et à la prospérité de la société humaine. En même temps, nombre de réponses soulignent l'aspect négatif de la culture occidentale: l'individualisme, le matérialisme, le libéralisme et la compétition destructrice. Dans les pays où domine la culture occidentale, ces tendances représentent autant d'obstacles à l'expansion missionnaire de la communauté chrétienne.

Les valeurs positives qui sont à la base de la culture moderne sont ouvertes à l'orientation donnée par l'Évangile. Cependant, quand ces valeurs sont prises au sens absolu, la culture moderne devient sécularisée. Le sécularisme culturel rejette ouvertement les valeurs et les croyances religieuses, et nie à la communauté religieuse son influence légitime sur la société humaine. Il est indifférent aux idées et aux pratiques religieuses, et est opposé à l'Église et à ses représentants. Dans une société sécularisée, la tâche d'évangélisation s'avère très difficile et demande un grand courage. Les tendances sécularistes sont nettement présentes dans la société occidentale moderne. Bien qu'elles doivent être reconnues, elles présentent de nouveaux défis et de nouvelles opportunités. L'Église est parfois appelée à protester et à défendre sa foi et ses principes moraux. L'Église doit avoir la liberté et le courage de poursuivre sa mission dans ces circonstances.

La culture occidentale moderne est fortement caractérisée par son pluralisme d'opinions et ses systèmes de valeurs. Au sein d'une même société cœxistent des opinions diverses sur d'importantes questions vitales et des systèmes de valeurs différents. Ils apparaissent comme étant tout autant valables et acceptables. Dans ce climat, l'autorité et la tradition de l'Église ne sont considérées que d'une importance relative et souvent ouvertement mises au défi. Un pluralisme absolu a tendance à rejeter la raison comme élément critique dans la prise de décision, et permet aux aspects émotionnels de prévaloir. Un pluralisme limité se base sur les valeurs de tolérance et de respect, des valeurs appréciées par l'Église. Diverses réponses indiquent qu'un tel pluralisme offre d'importants et de difficiles défis à l'activité missionnaire chrétienne.

Un grand nombre de réponses se réfère aussi au matérialisme qui représente une forte tentation pour les peuples d'Océanie. La prospérité économique, le développement technologique et les découvertes scientifiques doivent être acceptées et encouragées. Cependant, l'avidité pour les biens matériels et le rejet de la providence et de la grâce de Dieu, de la foi et de la charité chrétienne, est inacceptable pour l'Église. Les dangers qui se profilent avec les mass-médias sont aussi mentionnés dans certaines réponses. En Océanie, l'influence des mass-médias est tout à fait considérable et toujours grandissante. Les programmes qui sont proposés répondent souvent, et sans aucun discernement, à un désir du plaisir immédiat ou simplement du divertissement voluptueux. Nombreux sont ceux qui insistent sur l'importance d'une utilisation prudente et judicieuse des médias en vue d'une éducation mieux équilibrée. La famille et l'école peuvent offrir des opportunités pour une telle formation humaine.

Le dialogue entre l'Évangile et la culture occidentale moderne est un dialogue critique, qu'il faut toujours reprendre sous une nouvelle forme. Bien que beaucoup de réponses critiquent cette culture, elles se réfèrent aussi à ses valeurs positives qui ont permis d'accueillir et d'exprimer le message de salut de Dieu. En certaines parties de l'Océanie, la culture occidentale moderne est plus une influence provenant de l'extérieur qu'une partie de la culture locale. L'on craint que la culture moderne ne détruise les importantes valeurs traditionnelles au sein de la famille et de la société, le respect pour le commandement, et même l'unité nationale. Dans notre monde actuel, avec les mass-médias et la liberté de la presse et celle des télécommunications, de tels conflits culturels sont inévitables. L'Église est consciente de la tâche difficile mais nécessaire - confiée spécialement aux pasteurs - de donner une conduite morale et de veiller à ce que les valeurs importantes au sein de la famille et de la société ne soient pas oubliées ou éliminées.

Quelques réponses font mention d'une véritable harmonie existant entre les nombreuses cultures à l'intérieur d'une même société. Le dialogue entre elles est empreint de respect et d'enrichissement mutuel. Au contraire, d'autres réponses soulignent qu'il existe des tensions sous-jacentes, et souvent publiques, pour la lutte pour la domination, se traduisant par un manque d'estime réciproque. Dans le dialogue entre l'Évangile et la culture, et dans le dialogue entre les cultures elles-mêmes, l'Église a un rôle difficile mais crucial à jouer. Elle est elle-même constamment appelée à une plus grande fidélité à l'Évangile qu'elle a reçu dans la foi. Dans son enseignement, elle doit essayer de conduire non seulement ceux qui croient, mais aussi les autres, afin qu'ils découvrent le chemin de la vérité, de la justice et de la charité dans les nombreux changements et nombreuses luttes qui agitent les cultures en Océanie.

Inculturation

14. Abordant la question de l'inculturation, nombre de réponses décrivent les différentes façons et formes dont les cultures indigènes ont enrichi la liturgie et les pratiques de dévotion de l'Église en Océanie. En fidélité à Vatican II, beaucoup de diocèses ont tenu compte de l'appel au renouveau liturgique qui a permis une participation plus active de tous les membres de l'Église. Sous l'autorité pastorale des évêques, la liturgie a été enrichie par l'introduction de la langue locale dans les prières et les lectures. Les rituels ont pris une plus grande signification en adoptant des gestes traditionnels, des danses, de la musique et des chants tant traditionnels que de composition récente. Les édifices sont souvent dessinés et construits par les habitants du lieu et les objets sont souvent peints ou sculptés par les artistes locaux. La catéchèse est devenue beaucoup plus vivante grâce à une utilisation judicieuse des récits traditionnels, du théâtre et de la poésie modernes. Les processions, les pèlerinages et les dévotions à Marie et aux saints ont souvent été introduits par les missionnaires. Ils se sont développés et enrichis de nombreux symboles et coutumes du lieu, et sont très populaires dans certains endroits. Les symboles indigènes ont été utilisés d'une manière positive dans les rites du mariage et des funérailles. Les gestes traditionnels ont été introduits dans les cérémonies de la réconciliation. Des expressions spontanées et enthousiastes de foi et de communion dans le Christ ont été encouragées par de nombreuses contributions locales et indigènes.

Beaucoup de réponses précisent que ce genre d'inculturation est un processus permanent et graduel. Il nécessite un certain laps de temps avant qu'une expérimentation critique et judicieuse puisse en être faite. Une évaluation minutieuse encouragera ou corrigera les tentatives qui ont été effectuées. Le sens inné du sacré, présent dans tant de nombreuses cultures indigènes, sert de tremplin à la liturgie catholique. Dès le début, les expressions religieuses existantes ont souvent été acceptées par les missionnaires. Elles ont dû, bien sûr, être réorientées et amenées à l'accomplissement en Jésus-Christ, la plénitude absolue de l'auto-révélation de Dieu au monde.

L'approche actuelle des expressions religieuses indigènes est même encore plus constructif qu'aux premiers temps. Ce changement d'attitude de la part de l'Église a troublé un certain nombre de catholiques les plus anciens. Beaucoup de réponses demandent, donc, qu'une ultérieure inculturation se fasse avec plus de prudence et s'accompagne d'une catéchèse minutieusement préparée.

Une inculturation bien conduite produit un effet positif sur les membres d'une société culturelle donnée qui se sentent beaucoup plus à l'aise dans la foi et le culte catholiques. La communion avec l'Église universelle et avec ses traditions demande, naturellement, le respect et l'adhésion aux éléments essentiels et aux règles qu'elle a développés tout au long des siècles. Une certaine diversité en accord avec la culture locale doit autant que possible être encouragée mais sans pour autant détruire l'unité catholique. La Conférence épiscopale a la responsabilité d'approuver les formes et les formules liturgiques appropriées tant qu'elles sont en concordance avec l'enseignement et les directives de l'Église universelle. Les évêques locaux savent quelles sont les valeurs culturelles qui sont à la base des changements requis, et une telle connaissance est indispensable pour juger de la manière dont la liturgie peut avoir une signification à l'intérieur de la communauté culturelle locale. La possibilité et le besoin d'une plus grande inculturation de la liturgie dépendent aussi du rite catholique particulier auquel appartient la communauté. Les Églises catholiques orientales en Australie conservent encore précieusement leur liturgie, si profondément liée à la culture et à la société nationale, si riche en valeurs chrétiennes.

La traduction de la Bible dans les langues locales représente un important domaine d'inculturation. De nombreux efforts couronnés de succès ont été entrepris par les pasteurs et les érudits, souvent en coopération œcuménique et avec l'aide généreuse de la Société de la Bible, aux niveaux national et international. Cette aide, fournie par les communautés protestantes, est mentionnée avec reconnaissance dans de nombreuses réponses. Grâce à ces traductions, la Parole de Dieu, sous sa forme écrite, est maintenant accessible aux lecteurs de langues indigènes. L'inculturation du message biblique n'est toutefois pas complète par la seule impression du texte. Elle doit être suivie d'une lecture et d'une méditation régulière, plus spécialement du Nouveau Testament. L'appropriation du Verbe de Dieu est soutenue par la création théâtrale biblique et par la prière spontanée inspirée par les passages de la Bible.

Culture des jeunes

15. Dans une société moderne, la jeunesse semble posséder sa propre culture. La culture des jeunes diffère de la culture générale du fait qu'elle exprime les intérêts particuliers, les besoins et les désirs des jeunes, qui sont souvent perçus comme une contestation envers la génération précédente. Dans les régions les plus urbanisées de l'Océanie, la culture des jeunes est fortement influencée par celle de l'Amérique du Nord et par celle de l'Europe. De nombreuses réponses notent la difficulté qu'éprouve l'Église à toucher les jeunes générations ou à les intéresser aux activités ecclésiales. Il existe un besoin d'inculturer les éléments essentiels de la vérité et de la foi chrétiennes sous des formes qui soient compréhensibles aux jeunes. Les groupes et les mouvements de la jeunesse catholique accomplissent de réels efforts en ce sens. En même temps, les jeunes, qui sont touchés par l'Évangile et qui entendent l'appel de Jésus-Christ, sont invités à vivre d'une façon qui est tout à fait contraire au style de vie le plus communément adopté par ceux qui ne partagent pas leur foi et leurs convictions chrétiennes.

Les jeunes représentent l'espérance de l'Église en Océanie. Ils sont à la recherche d'authenticité et de vérité, de signification et de vie. Ils veulent le bonheur et l'amour, la communion et la possibilité de servir. Il est important qu'ils puissent entendre et exprimer la foi chrétienne sous des formes qu'ils apprécient et qu'ils comprennent mais qui se réfèrent aussi sans aucune ambiguïté à Jésus-Christ dans la communion de l'Église. Une vie familiale saine peut aider les jeunes à trouver ce qu'ils cherchent. Confrontés à de nombreux défis, les parents chrétiens en Océanie font souvent de grands efforts - pas toujours couronnés de succès - pour guider et éduquer leurs enfants afin qu'ils deviennent des personnes et des chrétiens responsables.

Dans ce contexte, diverses réponses se rapportent de nouveau au rôle vital exercé par les mass-médias. Les jeunes ont besoin de développer leur sens critique pour faire un usage judicieux des médias. Souvent les médias transmettent des messages discutables ou même immoraux. Parfois, les jeunes se retrouvent eux-mêmes les objets ou les victimes des intentions commerciales qui se cachent derrière la politique de ces organisations de diffusion massive de l'information. L'Église doit interpeller ces responsables pour qu'ils respectent les droits et la dignité des jeunes. Ils ont le droit d'entendre la vérité, qui doit être présentée avec ce qui promeut une culture de la vie et d'un amour véritable, et non d'être séduits par une «fausse culture» faite de drogues et de violence. Ils ne doivent pas être entraînés vers l'avidité et l'ambition, ou vers une poursuite égoïste du bonheur facile, mais vers des idéaux de générosité désintéressée et de service courageux envers les nécessiteux. Les médias pourraient être grandement bénéfiques aux jeunes en respectant et en reflétant la foi chrétienne et ses principes moraux.


CHAPITRE III

POPULATIONS EN MOUVEMENT

Urbanisation

16. L'Australie et la Nouvelle-Zélande sont les pays les plus urbanisés de l'Océanie. La plupart des autres pays possèdent des capitales en expansion et de plus petites villes. Les zones urbaines attirent de plus en plus les populations des zones rurales. Elles espèrent y trouver une plus grande liberté individuelle, une infinité de variétés de biens et l'espoir de la prospérité. Cependant, lorsque ces rêvent ne se réalisent pas, elles doivent faire face au chômage, à la pauvreté et à la maladie. Une rude compétition et une formation inadaptée les amènent quelquefois à se joindre à des bandes, où elles sont exploitées ou mêlées à des activités immorales ou criminelles, telles que la prostitution. Malgré ces problèmes, les personnes ont tendance à se déplacer vers les villes. Nombre de réponses rapportent une poussée urbaine problématique dans de nombreuses parties de l'Océanie. Certaines préconisent que l'Église apporte un soutien substantiel, dans les zones rurales où les services primordiaux devraient être préservés, afin que les personnes soient moins tentées de quitter le lieu d'origine. L'Église ne doit pas abandonner aussi facilement la population rurale, mais affronter ces idéologies économiques qui conduisent les responsables politiques à promouvoir l'urbanisation.

Après s'être transférés dans les villes, certains catholiques semblent avoir perdu tout intérêt pour une pratique religieuse régulière. La religion devient marginale après qu'ils aient coupé les liens avec leur terre natale rurale ou leur société culturelle. Nombreux sont ceux qui ont la sensation que la communauté ecclésiale ne s'intéresse pas à eux. Quand elles vivent en marge de la société, dans des baraquements urbains ou comme des squatters, les personnes peuvent, quelquefois, avoir l'impression qu'elles ne sont pas importantes pour l'Église. Dans ce genre de situations, l'Église a besoin d'exprimer sa préoccupation, d'offrir son aide et de parler franchement de leurs problèmes socio-économiques. Le style de vie urbain peut conduire à l'individualisme, à la compétition à outrance et au matérialisme, tandis que la solidarité humaine est très limitée. En même temps, la poussée urbaine et l'urbanisation de la culture présentent de nouveaux défis et de nouvelles opportunités pour la communauté catholique. La création d'associations pour les familles ou pour les femmes, les groupes de jeunes, les services sociaux et les mouvements d'aide aux nécessiteux sont une réponse à ces défis. Ils peuvent conduire à une nouvelle solidarité chrétienne. Les paroisses urbaines sont mises au défi de développer un programme pastoral approprié dans lequel les laïcs ont un rôle important à jouer. La sollicitude pastorale pour la communauté paroissiale s'efforcera de s'étendre jusqu'aux membres non pratiquants, et cherchera à entrer en contact avec les non-catholiques.

La ville exerce son attrait particulièrement sur les jeunes. Ils y trouvent non seulement de nombreuses possibilités mais aussi un grand nombre de risques et de dangers. Beaucoup d'entre eux sont entraînés dans des bandes où règne la violence, d'autres sont victimes de l'immoralité ou de l'injustice. Plus nombreux, toutefois, sont ceux qui profitent des facilités d'enseignement, développent des qualités humaines et répondent aux défis d'une manière chrétienne. Les écoles professionnelles sont d'un grand soutien pour les jeunes des villes. La formation de groupes et de mouvements de jeunes qui proposent des activités sportives, musicales et d'autres arts ou formes récréatives, est une autre façon de les aider. Ces mouvements offrent aussi la possibilité de former des volontaires pour les services sociaux. Quelques réponses suggèrent que toute la communauté chrétienne soit appelée à répondre à ce nouveau défi lancé à la société moderne. Les prêtres, les religieux et les laïcs chrétiens doivent se rapprocher de ces jeunes, les former et les instruire, les accompagner dans leur famille, ou soutenir par leur présence ceux qui ont dû quitter leur famille pour vivre dans des foyers communautaires.

Colonisation, migration et tourisme

17. L'actuelle structure sociale dans la plus grande partie de l'Océanie est le résultat d'une précédente colonisation, spécialement en Australie et en Nouvelle-Zélande, mais aussi en Nouvelle-Calédonie et aux Fiji. Dans ces pays, la population indigène originelle a dû faire face aux effets d'une immigration sur une large échelle depuis la période coloniale. Dans certains endroits, la population indigène est devenue une minorité ethnique, portant parfois les indigènes à se sentir dépossédés de leurs droits en raison d'un manque de respect pour leur identité et leur épanouissement. Ils considèrent les autres groupes ethniques de descendance européenne et asiatique mieux nantis, plus privilégiés et plus puissants. Les problèmes politiques et économiques de ces communautés indigènes reflètent les tensions qui existent entre les groupes ethniques. Ils révèlent l'injustice historique qui s'est perpétrée et dont les blessures persistent encore de nos jours. De grands efforts ont été entrepris pour corriger les injustices et pour soigner les blessures infligées dans le passé par les politiques de colonisation. Dans certains pays, une réconciliation nationale est nécessaire entre les descendants de populations qui étaient adverses durant le conflit. L'Église a le droit et la volonté de contribuer à ce processus. La réconciliation nationale est une condition indispensable pour la paix intérieure et pour un véritable progrès. Il y a place pour le repentir et le pardon sans amoindrir le sens de la justice. Par-dessus tout, l'Église croit en la puissance de l'Esprit pacifique de Dieu, qui agit davantage et plus profondément que tous les efforts humains.

Il existe de vastes problèmes comme la question de la possession des terres. La question des terres est particulièrement problématique en Australie vis-à-vis des Aborigènes, et en Nouvelle-Zélande vis-à-vis des Maoris. Aux Fiji et dans les autres pays d'Océanie, c'est un problème difficile pour toutes les parties concernées. Pour la population indigène, la terre est une réalité importante et profondément symbolique. La terre représente la source et la stabilité de vie. La question des terres est cruciale pour eux, tout comme elle l'est pour ceux qui l'exploitent et la développent, contribuant de ce fait à la prospérité du pays. Toute solution satisfaisante ne peut se trouver qu'avec patience et grande sagesse, dans un dialogue réunissant tous les groupes concernés. De nombreuses façons, tous les membres de l'Église peuvent venir en aide à ceux qui sont défavorisés, victimes du chômage, de la pauvreté, de la violence et de l'immoralité dans les sociétés d'Océanie. Le pouvoir économique et politique fait souvent défaut aux groupes minoritaires pour changer suffisamment leur vie ou même pour faire respecter leurs droits. Ce n'est qu'avec le soutien de la solidarité des autres groupes qu'ils peuvent faire entendre leur voix.

L'actuelle immigration a amené beaucoup plus de personnes d'Europe de l'Est et de l'Asie en Océanie, spécialement en Australie. Les populations des îles du Pacifique émigrent en grand nombre en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Le défi important auquel ces groupes doivent faire face est celui de l'intégration dans une population déjà installée. L'Église se préoccupe tout spécialement de ces groupes ethniques. Les réponses mentionnent que la sollicitude pastorale est confiée à des aumôniers, et qu'ils sont aidés par les liturgies dans leur propre langue. Plus les différences culturelles sont grandes entre les groupes d'arrivants et la population établie, plus l'intégration sera difficile et lente. La promotion de la justice sociale et de la tolérance est très importante dans ce processus. Dans un processus d'intégration pacifique, les organes de communication peuvent jouer un rôle de soutien.

Dans une société culturellement hétérogène, il existe le danger du préjugé social et du racisme, exprimé parfois sous des formes voilées et très subtiles. Le racisme a été clairement condamné par l'Église. Tous les catholiques doivent être constamment vigilants à l'égard de tout élément de racisme qui pourrait exister dans la société. Ceux qui sont menacés dans leurs droits humains ou ceux qui sont condamnés à la pauvreté sont les plus enclins à émigrer. Récemment, les évêques d'Australie se sont élevés contre les tentatives gouvernementales de restreindre les possibilités d'admission dans le pays pour les populations en provenance d'autres continents et venant y trouver une meilleure vie et contribuer à sa prospérité et à sa richesse. Dans de nombreuses parties de l'Océanie, les réfugiés ont été bien accueillis par la communauté chrétienne. L'Église a parlé en leur nom et les a assistés sur le plan social et pastoral. La défense de leurs droits humains est une conséquence importante de l'appel chrétien à la justice et à la solidarité.

Bien que dans certains pays le tourisme représente une industrie en croissance, promue par les autorités gouvernementales, il reste un problème assez limité en Océanie. Les réponses en soulignent les valeurs pour les touristes eux-mêmes: connaissance d'autres terres et d'autres cultures, hospitalité, délassement et divertissement. Pour la population locale, le tourisme fournit des revenus appréciables mais peut aussi avoir des effets négatifs, spécialement quand la culture indigène est encore très traditionnelle. La poussée matérialiste de l'industrie et de nombreux touristes a une influence négative. Parfois, le comportement des visiteurs étrangers crée des problèmes. Dans certains pays, l'Église a fortement et efficacement protesté contre le jeu de hasard et l'établissement de casinos.


DEUXIÈME PARTIE

PROCLAMER LA VÉRITÉ DE JÉSUS-CHRIST

Le Christ, la Vérité

18. «Qu'est-ce que la vérité?» (Jn 18, 38) est la question qui torturait la conscience de Pilate. La vérité est la question qui agite toute conscience humaine, car c'est en trouvant la vérité qu'une personne découvre une raison de vivre, un mode de vie qui mérite d'être suivi, même jusqu'à la mort. C'est par le baptême que commence la vie chrétienne en introduisant un nouveau croyant dans la communauté de foi. C'est cette foi qui répond à la question de Pilate «Qu'est-ce que la vérité?». C'est aussi la seule réponse satisfaisante à la question de Paul «Qui es-tu, Seigneur?» (Ac 9, 4). La réponse à la question sur la vérité est personnelle, non seulement parce qu'elle suscite un engagement personnel à suivre un ensemble d'idées, une philosophie de vie ou un programme déterminé pour une réalisation personnelle, mais aussi parce qu'elle comprend la «Personne» de Jésus-Christ.

La tâche d'évangélisation de l'Église

19. Aujourd'hui, le rôle de l'Église est de poursuivre la mission du Christ de témoin de la vérité manifestée par son Père. Le défi que l'Église lance au monde entier est de proclamer la vérité du Christ en prêchant sa Bonne Nouvelle afin qu'elle puisse être de nouveau entendue, appelant le monde de l'an 2000 à la foi, à la conversion, et à la plénitude de la vie en Dieu. Le programme du Pape Jean-Paul II pour la nouvelle évangélisation vise à faire connaître le Christ au monde entier.

Un grand nombre de réponses aux Lineamenta ont donné les raisons pour lesquelles l'évangélisation, en tant qu'annonce des vérités évangéliques, doit constituer la première des priorités actuelles. L'Église en Océanie doit porter des fruits pour la vie du monde, les réponses illustrent comment, en réponse à l'appel de Jean-Paul II à une nouvelle évangélisation, les évêques ont planifié des programmes complets de renouveau pour leurs diocèses. Ces derniers prennent en considération le renouveau spirituel des principaux groupes composant la communauté ecclésiale: le clergé, les consacré(e)s et les laïcs. La force de l'Évangile pénètre non seulement les consciences individuelles mais purifie et transforme tant les structures sociales que les cultures. Étant donné que chaque Église locale devrait être une communauté évangélisée et évangélisatrice, leur objectif a été la mise en pratique de l'ecclésiologie de communion du Concile Vatican II. En conséquence, ils ambitionnent une communauté plus participante comme résultat des changements introduits par le Concile, une communauté dans laquelle les fidèles puissent utiliser leurs dons, leurs talents et leurs charismes au service de l'Église et du monde selon la volonté de Dieu. Ils sont appelés à une plus grande communication et collaboration entre les groupes et dans l'organisation interne de l'Église, et à une ouverture et un dialogue plus ample avec le monde, son histoire et ses besoins. Quelques réponses expriment un grand enthousiasme pour les succès obtenus par la grâce de Dieu. D'autres réponses, provenant principalement de sociétés sécularisées, mentionnent des difficultés, une sorte de confusion et, jusqu'à présent, un certain manque d'efficacité dans ces programmes de renouveau, spécialement pour endiguer le flot des fidèles qui s'éloignent de l'Église.

En général, les réponses concernant cette section identifiaient les moyens d'évangélisation au titre même sous lequel pourraient être utilement regroupés les sujets à traiter. Ces moyens ont, selon elles, besoin d'être examinés à nouveau afin qu'ils reflètent une véritable vision de vie de l'Évangile de nos jours, une vision qui puisse inspirer de nouvelles initiatives, qui puissent aider les Églises locales à fixer des objectifs, des priorités, et des critères pour leur efficacité, qui puissent montrer la manière de surmonter les obstacles, et qui puissent tout particulièrement animer avec la force de l'Esprit les agents et les institutions investis de la tâche d'évangélisation. Certains évêques ont planifié leurs programmes de renouveau d'une manière telle que les étapes suivies se succédaient au rythme de la communauté, en fonction de sa condition et de sa croissance dans le développement de la foi. Tous ces programmes visent à approfondir le sens de l'Église de son identité et de sa mission en Océanie.


CHAPITRE I

ÉVANGÉLISATION

Diffuser la Bonne Nouvelle

20. L'évangélisation est l'activité consistant à diffuser l'Évangile dans le monde entier comme notre Seigneur Ressuscité l'a ordonné aux Apôtres. Il s'agit essentiellement de proclamer la vérité de Jésus en tant que voie pour le salut de l'humanité. Elle se réalise en trois phases, quand Sa parole est proclamée en prêchant et en enseignant, quand elle est célébrée dans le culte par les sacrements, et quand elle est irradiée par le témoignage de la communauté croyante dans la culture dans toute sa profondeur et toutes ses dimensions. L'annonce, la célébration et le témoignage constituent tous les éléments essentiels à l'évangélisation, et sont interdépendants, l'un vis-à-vis de l'autre, pour la construction du Royaume. Par l'évangélisation, l'Église se transforme en une communauté de foi, plus précisément en une communauté qui confesse la foi en adhésion totale avec le Verbe de Dieu; foi célébrée dans les sacrements, et vécue dans la charité, principe de l'existence chrétienne.

Un grand nombre de réponses ont mis en évidence la profonde difficulté qui, pour tant de fidèles, consiste à considérer encore l'évangélisation comme une vocation spéciale donnée à certains et non comme la mission de l'Église elle-même et donc, certes pas un commandement du Seigneur pour chaque croyant dans sa propre situation de vie. L'Évangile est annoncé quotidiennement sous sa forme la plus simple par le témoignage de la vie conforme des chrétiens, «la foi opérant par la charité» (Ga 5, 6). En d'autres termes, quand la vie d'un croyant est cohérente avec l'Évangile, quand elle a un accent de vérité et qu'elle est authentique, ceux qui n'ont jamais rencontré le Christ sont portés à s'interroger sur la signification de la vie, sur leur destin et sur le motif pour lequel le Christ fait une telle différence chez ses disciples.

Le témoignage de vie présente au monde l'Évangile du Christ comme «la raison de l'espérance qui est en vous» (1 P 3,15). La proclamation explicite de la Parole de Vie appelle à la foi et à la conversion: elle est la fondation de l'Église en tant que la communauté de croyants. Cette expression de la vérité de Jésus-Christ dans une annonce publique constitue l'évangélisation au sens le plus strict du terme. L'Église s'évangélise elle-même à travers la célébration des sacrements et, ravivée par son union intime avec le Christ, elle irradie le message chrétien dans le monde. Un simple test de cette vérité consiste soit à ce que la communauté évangélisée évangélise les autres, soit qu'elle introduise les autres dans le Royaume du Fils bien-aimé de Dieu, par la puissance de l'Esprit.

Les Églises particulières d'Océanie ont été fondées par des missionnaires venant d'Europe et d'Amérique. Les réponses ont reconnu que si leur foi et leur culture font partie de l'héritage de ces continents, elles ne sont pas des Églises particulières «européennes» ou «américaines». Cette prise de conscience de leur identité s'est développée et elles deviennent plus confiantes en leur apport aux trésors de l'Église universelle à partir des dons merveilleux de Dieu aux Églises particulières nouvellement fondées, nées sous la Croix du Sud. Les réponses insistent sur le fait que ces Églises ne peuvent pas constituer ou continuer à reproduire justement un christianisme étranger à la région. Elles ont leur propre vitalité et des capacités créatives pour se confronter à la société sécularisée, et elles ont aussi établi leur propre expansion missionnaire dans le Pacifique, en Papouasie - Nouvelle-Guinée et en Asie du Sud-Est. Ces Églises particulières sont en train de forger peu à peu leur identité dans les termes des cultures des nouvelles nations où elles se sont établies.

Beaucoup de réponses ont attiré l'attention sur l'urgence du moment actuel comme d'un «temps de salut» (2 Co 6,2). C'est un tournant décisif car ces nations sont en train d'imprimer une nouvelle expression à leur identité dans les domaines politique, culturel et religieux. Cela signifie qu'elles doivent assumer de nouveaux droits et de nouvelles obligations. Beaucoup insistent sur le fait que l'Église a, dans ce processus, l'opportunité et le devoir de fournir des directives morales et une orientation. Une grande occasion sera perdue si les Églises locales ne proclament pas l'Évangile d'une manière telle qu'il trouve un écho dans l'expérience locale de leurs cultures et de leur histoire.

Les défis actuels

21. Dans certains diocèses, l'activité missionnaire est aujourd'hui remise en question. S. Paul souligne la nécessité d'affirmer la vérité de Jésus-Christ pour que tous les peuples du monde, quelle que soit leur culture, traditionnelle ou séculière, puissent venir à la foi et vivre en Dieu. L'appel de l'Évangile est universel, pénétrant toutes les cultures et toutes les expériences. «Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? Et comment croire sans d'abord l'entendre? Et comment entendre sans prédicateur?» (Rm 10, 14).

Diverses réponses indiquent que si l'Évangile doit croître et se diffuser en Océanie de la même manière que celle qui est décrite dans Les Actes des Apôtres, chacun dans l'Église doit être plus conscient de sa nature missionnaire, spécialement en trouvant de nouveaux moyens de partager la mission du Christ. Presque tous les évêques missionnaires demandent de l'aide en termes de finance et de personnel afin que leurs diocèses puissent parvenir à une autonomie plus affermie. Selon eux, ce manque de ressources est le facteur principal qui ne permet pas à leurs efforts d'aboutir. Par exemple, s'il y avait plus de prêtres dans les villages les nouveaux mouvements religieux hostiles à l'Église ne pourraient pas s'ingérer là si facilement. Ces mêmes évêques cherchent aussi à réunir et former un plus grand nombre de candidats idoines à la fonction de catéchistes qui aidera les prêtres dans la pastorale. Les catéchistes sont souvent très efficaces par le simple fait qu'ils vivent dans les villages et en partagent les activités. Nombre de diocèses ont lancé des cours de formation pour évangélisateurs. Certaines réponses suggèrent la formation d'équipes itinérantes d'évangélisateurs qui pourraient aller de village en village pour proclamer l'Évangile d'une manière vivante et pleine de charisme. Certains voudraient donner une plus grande place à la prédication des laïcs afin de proclamer l'Évangile de porte en porte et sur la place publique. Il a été précisé que, dans ces cultures, la foi s'est transmise oralement, spécialement par le récit et l'art de conter. Ils représentent encore les principaux moyens de communication. La foi doit venir en écoutant: ceci est une règle universelle pour l'annonce de l'Église. D'où le besoin de retraites, d'une meilleure instruction, pour diffuser le catéchuménat et l'appel à un réveil des missions paroissiales.

Les pays développés ont eux aussi besoin d'évangélisateurs ayant un esprit missionnaire pour affirmer la vérité de Jésus-Christ afin que leurs cultures très séculières puissent entendre la voix du Christ - comme s'il s'agissait de la première fois - avec joie, l'accueillant avec les paroles du psaume, «Chantez au Seigneur un chant nouveau ! Chantez au Seigneur, toute la terre !» (Ps 96, 1). Beaucoup de réponses provenant de toutes les parties de l'Océanie ont identifié le noyau essentiel de tout ce qui s'opposait à l'Évangile dans leurs sociétés avec le «sécularisme». Cela semble signifier bien plus qu'un simple processus de sécularisation pouvant être décrit comme l'augmentation d'institutions autonomes n'ayant plus besoin du contrôle ni de l'autorité de l'Église pour leur permettre d'exister. Un tel développement n'est pas nécessairement opposé à la foi et peut même en être une expression en reconnaissant l'autonomie légitime des réalités terrestres.

Un bon nombre de réponses ont associé le sécularisme avec le consumérisme, la recherche du profit avant toute autre chose et une mentalité hédoniste qui corrode la foi sans même que l'on s'en aperçoive. Là où c'est la foi elle-même qui est affaiblie ou ruinée par les énormes changements sociaux en cours, il est juste de parler de sécularisme. La sécularisation affectant les pays développés est aussi en train d'étendre son influence sur les communautés indigènes et insulaires. Alors qu'elles possèdent encore leurs propres horizons culturels auxquels l'évangélisation doit s'adapter, elles aussi doivent subir cette tendance moderne à la sécularisation. Ces deux types de sociétés ont besoin de trouver des missionnaires pour leurs situations distinctes. La crise de l'évangélisation est plus qu'une simple crise de foi; c'est aussi une crise de culture car, comme un nombre de réponses l'indiquent très explicitement, la foi n'a pas imprégné la culture en question de manière à ce qu'elle l'interpelle et la conduise au Christ.

La plupart des réponses soulignent la manière dont l'Église est inévitablement dépassée, tout comme le sont les autres institutions sociales, par les rapides transformations et changements actuels. Il en résulte souvent une confusion pour les fidèles quand ils ne peuvent pas, du point de vue de la foi, donner une signification à ces événements en tant que «signes des temps». Cette situation devient encore plus confuse et complexe quand les changements introduits dans la vie de l'Église sont perçus strictement de la même manière. Toutes les institutions de la société moderne, la loi, le gouvernement, la démocratie elle-même, l'éducation, la médecine, les communications et le transport, le commerce et la banque, etc., sont sujettes à de profonds et rapides changements. Il a même été fait mention de tensions entre l'Église et l'État qui, en certains pays, débouchent de temps à autre sur un conflit ouvert.

Un certain nombre de réponses ont reporté la manière dont le changement semble diviser la communauté catholique et affaiblir les projets d'évangélisation. Quelques fidèles se sont lancés dans une réforme, un renouvellement et de vastes programmes pour le changement. La nécessité qu'ils perçoivent de moderniser la vie de l'Église et de la rendre plus adaptée à son époque, conduisent même certains d'entre eux à entrer parfois en dissidence avec l'enseignement formel de l'Église. D'autres hésitent, se cramponnant à ce qu'ils considèrent être les trésors inébranlables de leur héritage. Certains ont quitté l'Église ou, comme cela arrive encore plus souvent, formé de petits groupes dans lesquels ils se sentent plus à l'aise, hors des courants principaux de la vie de l'Église. Ces groupes se sont constitués sans l'autorité ecclésiale compétente, et, en général, essaient de toutes leurs forces de convaincre d'autres à penser comme eux dans l'Église.

La plupart des réponses se sont référées à la nécessité d'un leadership qui réunirait la communauté par un enseignement approfondi et une orientation concrète afin de manifester, dans l'Église, la présence du Christ enseignant à son peuple par l'intermédiaire de l'évêque. Les réponses indiquent que l'Église a d'immenses ressources à sa disposition pour faire face à ces nouveaux défis. Les évêques sont fortifiés par la vérité de l'Évangile et le mandat du Christ de prêcher l'Évangile à toutes les créatures. Ils sont stimulés au souvenir de générations d'évêques, de prêtres, de diacres et de laïcs, qui les ont précédés, et se sont consacrés à l'annonce de la Bonne Nouvelle. Selon leurs réponses, ils souhaitent que les institutions diocésaines et paroissiales pour l'instruction dans la foi et pour l'apostolat de la charité prospèrent et se développent toujours plus. Ils mettent l'accent sur la nécessité d'introduire de nouvelles institutions qui soient plus appropriées à notre temps. Les nouveaux mouvements ecclésiaux occupent, ici, une place prééminente. Beaucoup de réponses se sont préoccupées du fait que les femmes devraient jouer un rôle plus actif et être mieux représentées et intégrées dans la vie de l'Église.

L'Église est stimulée par une nuée de témoins (cf. He 12, 1) des valeurs de l'Évangile dans la vie civile, les professions, les lieux de travail et les foyers. Les laïcs sont, aujourd'hui plus que jamais, nécessaires alors que l'Église s'efforce de transmettre l'Évangile dans un nouveau monde étrange où ils peuvent entrer de plein droit pour accomplir leur propre mission.


CHAPITRE II

ANNONCE ET CATÉCHÈSE

Le Kérygme:la première annonce de l'Évangile

22. La première annonce de la vérité de l'Évangile a été l'appel du Christ à la conversion qui prélude à son ministère public dans l'Évangile de Marc: «Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle (Mc 1, 14). Le Royaume de Dieu est à portée de la main, maintenant. Le moment est venu pour les hommes de tendre leurs mains pour saisir leur salut. Néanmoins, la société d'aujourd'hui dresse de nombreuses barrières qui rendent les hommes de bonne volonté quelque peu hésitants ou même peu enclins à répondre favorablement à l'appel à la conversion. L'engagement au Christ dans la foi va à contre-courant de la culture post-moderne. Un grand nombre de réponses considèrent l'indifférence comme étant le sentiment social dominant aujourd'hui. En ce sens, les difficultés dressées par la culture comme autant de barrières à l'Évangile mettent au défi l'Église d'entreprendre une nouvelle évangélisation de la culture.

Quand l'Église entreprend cette tâche d'annonce de la Vérité à la société, elle se heurte souvent à une opposition et à une certaine hostilité. Nombreux sont ceux qui insistent sur le fait qu'il existe de puissantes forces sociales qui voudraient reléguer l'Église, et la religion en général, dans le domaine de la vie privée où elle ne deviendrait plus qu'une question de choix individuel. Nombreux sont ceux qui ne voient pas pourquoi sa parole devrait avoir une incidence sur la vie politique et publique. C'est ce qui a été défini comme étant le divorce du Christ et de la culture, ce sécularisme qui voudrait neutraliser l'influence du message chrétien sur la loi, les institutions sociales et les coutumes, pour que la société puisse fonctionner d'une façon complètement indépendante de la foi chrétienne.

Les réponses mettent en évidence deux facteurs où les valeurs évangéliques sont particulièrement mises au défi: les mass-médias et la législation gouvernementale. Les mass-médias sont, par nature, populaires et d'une importance capitale pour donner le ton, le climat et les valeurs communément acceptées par la société. Les immenses richesses qui vont financer les médias donnent la mesure de leur importance pour ceux qui entendent influer sur les valeurs de la société. La législation donne forme à une société en établissant les institutions et le cadre légal dans lequel cette société vit et agit. Actuellement, la législation est souvent le lieu où se concentrent les conflits sociaux, puisque l'économie, l'éducation, la santé, et les systèmes de communications sont tous définis et réglés par elle. Les décisions de justice peuvent avoir une influence considérable sur les pratiques sociales, les valeurs morales et la position de l'Église dans la société. De nombreuses réponses ont signalé les tentatives de mise en place de lois pouvant porter atteinte aux valeurs traditionnelles de l'Évangile dans la société occidentale. Les institutions catholiques peuvent facilement devenir incertaines sur leur identité et sur leur mission évangélisatrice dans une telle culture.

Un tel état de choses ne manque pas d'avoir des effets sur les membres de l'Église, qui sont nécessairement influencés par la culture prédominante et qui doivent trouver des accommodements avec son influence sur leur formation. L'Église est généralement une minorité dans les nations d'Océanie, et ce, marque profondément la manière de penser et d'agir de ces catholiques. Souvent les personnes ne connaissent l'Évangile que selon l'interprétation qu'en fait la société et non pas comme le propose l'Église, dans sa Tradition et son enseignement. Nombreux sont ceux qui, maintenant, considèrent l'Évangile simplement comme un autre produit en vente sur le marché intellectuel et spirituel d'aujourd'hui. C'était contre cet aspect, tant dans les missions que dans les sociétés sécularisées, qu'un nombre de réponses faisaient référence au Concile Vatican II comme à une nouvelle Pentecôte où l'Esprit-Saint, en tant qu'Avocat, apporterait son aide pour discerner et résoudre ces problèmes.

L'absence d'un sens religieux ressentie dans la culture se répercute dans la vie morale et la conscience des personnes. Certains rapports insistent sur ce que l'Église devrait faire face à une tendance grandissante à défier les valeurs traditionnelles et une progression de l'agnosticisme et même de l'athéisme. Un tel pluralisme de systèmes de valeurs mène souvent à un relativisme éthique ayant un impact dévastateur sur l'évangélisation. Nombreux sont ceux qui, dans la recherche d'un sens à donner à leur vie, expérimentent divers styles de vie. Ils ont besoin d'un accompagnement moral sûr et d'une nourriture spirituelle que seule l'Église peut leur fournir. Certaines réponses ont commenté l'ironie d'une situation où la faim spirituelle est plus grande que jamais mais où la pratique des sacrements continue à diminuer de plus en plus dans les sociétés sécularisées. Les remèdes proposés pour cette situation vont dans le sens d'une conception de l'Église comme «sacrement de salut», afin que l'union du croyant avec Dieu et avec la communauté humaine rassemblée autour du Christ dans l'Église devienne une réalité sentie et vécue. Cette réalité doit être garantie par un enseignement doctrinal approfondi, et par une communauté participative où chacun peut suivre le mouvement de l'Esprit dans une liturgie de louange au Père.

Le Concile Vatican II

23. En Océanie, le renouveau introduit par le Concile Vatican II indique le chemin à parcourir et a déjà produit des résultats positifs pour l'évangélisation. Depuis que l'expérience du Concile a été vécue comme une nouvelle Pentecôte, elle conduit les hommes à rechercher une approche de la foi pour la culture moderne. Un grand nombre de réponses témoignent de la manière dont les évêques se sont faits les promoteurs d'une compréhension de la foi en tant qu'engagement conscient, libre et mûr au Christ, engagement qui doit être vécu dans un monde en perpétuel changement «Et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres» (Jn 8, 32).

La fracture entre la foi et la vie a été résorbée par ceux qui ont vraiment pris à cœur le message du Concile. L'Esprit pousse l'Église en Océanie à la découverte de nouvelles expressions pour annoncer la vérité de Jésus-Christ dans une société sécularisée. Elles comprennent entre autres: une liturgie renouvelée en langue locale; la traductions de la Bible dans les langues indigènes; aux niveaux diocésain et national, des efforts accrus dans l'annonce et la présentation de la foi; la création d'instituts nationaux ou au niveau diocésain pour la formation ou la préparation au service et à l'éducation permanente; de nouveaux textes de catéchèse; des cours pour les catéchistes; l'introduction de l'éducation à la foi des adultes et l'engagement de nombreux catéchistes dévoués préparant la prochaine génération de catholiques, en particulier pour ce qui concerne les sacrements; de nouveaux mouvements spirituels et la multiplication de centres de retraite et de maisons de prière; pour les laïcs et les nombreux religieux, la possibilité d'une formation universitaire en théologie; des groupes d'étude et d'action sur la doctrine sociale de l'Église; les déclarations des évêques sur les questions sociales et l'engagement des organisations ecclésiales dans les initiatives en faveur de la justice et de la paix dans la société en général; une prise de conscience de l'importance des cultures indigènes pour la religion et la spiritualité; les premiers débuts de théologies locales et d'une réflexion systématique sur la réalité locale, etc.

Il existe certaines difficultés particulières qu'il faut encore prendre en considération. Trop peu de personnes profitent des opportunités de renouveau et d'évangélisation qui leur sont offertes lors d'organisation de cours ou de programmes. Il est très difficile d'apporter ces moyens dans les régions les plus reculées et de les présenter d'une manière adaptée aux capacités de ces populations. Il a été suggéré que des équipes de spécialistes ou d'itinérants se consacrent spécifiquement pour répondre à ces besoins. De nouveau, il a été proposé des retraites, des missions paroissiales et des programmes de formation à long terme. Les nouveaux mouvements ecclésiaux, grâce à leurs structures qui prévoient un long épanouissement dans la vie chrétienne, ont été considérés d'une grande utilité mais ne sont pas toujours présents dans les régions les plus reculées. Les dévotions traditionnelles, pour la Passion et pour la Sainte Vierge par exemple, semblent souvent recevoir l'approbation des populations. Elles ne répondent pas, quelquefois, au défi de la mission sociale de l'Église et des besoins des pauvres à satisfaire.

La catéchèse

24. Dans l'œuvre de l'évangélisation, le programme de formation grâce auquel les personnes développent et approfondissent leur connaissance de la foi est appelé catéchèse. Il élabore et explique la vérité du Christ acceptée dans le kérygme et appliquée dans la vie. La catéchèse est le principal moyen de transmission de la foi d'une génération à l'autre et est donc essentielle pour la mission de l'Église.

Les réponses décrivent un certain nombre de moyens pour communiquer la foi d'une manière efficace. Un normal cours d'instruction donné par le catéchiste est ce qui est fréquemment envisagé. Il fait obligatoirement partie du programme des écoles catholiques. Un nombre de réponses ont signalé de sérieux échecs et de graves manques de ces écoles dans les pays développés. Les programmes dans les écoles publiques sont généralement moins courants et moins efficaces, avec cependant des exceptions. Dans un certain nombre de cas, les écoles publiques ne prévoient aucune catéchèse. Ce sont souvent les moyens financiers qui manquent. Beaucoup de paroisses se sont chargées des programmes de préparation aux sacrements pour l'Eucharistie, la Confession et la Confirmation des écoles catholiques afin que les parents soient plus profondément engagés. Il existe un nombre assez limité de programmes de catéchèse globale centrés sur la paroisse. En général, la catéchèse se déroule bien au niveau primaire, mais devient plus problématique quand les étudiants rejoignent l'école secondaire.

Certains rapports ont indiqué que la catéchèse scolaire fait progresser les enfants dans une connaissance de la foi beaucoup plus approfondie que celle de leurs parents. Diverses réponses indiquent qu'il existe, donc, une grande nécessité de catéchèse pour les adultes. Des programmes prévus pour satisfaire ce besoin ont été souvent couronnés de succès quand ils aident les personnes à concevoir leur vie et leur travail comme une vocation, qui ne peut se comprendre totalement que dans la foi. Malheureusement, ils sont rarement bien suivis. La nécessité d'une éducation à la foi pour les adultes est un thème qui s'est retrouvé souvent dans les réponses. En certains endroits, des moyens en matériel et en personnel bien formé sont attelés à cette tâche. Un bon nombre de réponses soulignent qu'il est difficile de trouver des personnes compétentes; quelquefois parce qu'il n'y a personne pour prendre la place et quelquefois par manque d'intérêt.

La qualité de la catéchèse pour les adultes est une question largement partagée. Il est toujours très difficile de trouver des textes fiables qui couvrent correctement l'enseignement doctrinal et moral de l'Église, et qui traitent le sujet d'une manière adaptée à la culture. Certains textes envisagent même une culture complètement différente. Quelques réponses ont constaté un manque d'une connaissance suffisante de la foi rendant les personnes vulnérables aux nouveaux mouvements religieux et aux autres philosophies de vie. Les médias sont utilisés en catéchèse. Toutefois, ils devraient l'être plus largement encore afin d'en varier la présentation et de la rendre plus vivante, en particulier pour parvenir à une audience de masse qui constitue une force de formation de la culture. Les catéchistes doivent apprendre à se servir des médias afin d'être en mesure de transmettre aux étudiants une appréciation critique des valeurs morales propagées par les médias.

Toutes les réponses décrivent la manière dont les enseignants de catéchèse sont formés dans leur région. Leur travail a été hautement apprécié mais le désir se fait sentir d'en améliorer la qualité et le nombre en formation. Il est souvent difficile de trouver des personnes qui acceptent d'aller dans les écoles publiques parce que ce travail requiert un dévouement particulier. Nombreux sont les diocèses qui envoient ceux qui sont destinés à cette tâche étudier à l'extérieur, quelquefois même pour suivre des études très poussées. La question qui se pose alors est celle de la culture et de la mentalité qu'ils assimilent, et de quelle manière elles peuvent s'établir adéquatement chez eux.

Les réponses en provenance des diocèses de mission ont souvent mis en évidence la nécessité de cours sur l'Écriture, simples mais explicites, basés sur une saine exégèse scientifique. Ils souhaiteraient aussi que l'œcuménisme, l'histoire de l'Église, et la justice et la paix, fassent systématiquement partie du programme d'étude de la catéchèse. Dans les cultures plus sécularisées, une présentation systématique de la doctrine sociale de l'Église et de la manière dont elle doit être enseignée dans les écoles et les collèges a été réclamée. Beaucoup de réponses ont exprimé leur profonde gratitude pour le service accompli par ces agents de catéchèse depuis tant d'années. Dans de nombreux endroits, ils représentent le groupe le plus important de fidèles travaillant, année après année, à la propagation de la foi.

Les moyens de communication sociale

25. Dans la société actuelle, le contact avec la grande multitude de fidèles ainsi qu'avec la société en général n'est possible qu'à travers la communication de masse. Un certain nombre de rapports ont fait remarquer qu'il s'agit, en premier lieu, de la responsabilité de l'évêque, spécialement quand c'est l'image de l'Église par rapport à la société tout entière qui est concernée. Vérifier si les nouvelles initiatives ont bien été mises en œuvre fait partie de sa tâche. La vidéo, selon les réponses, semble être largement répandue. La radio est déjà utilisée avec un résultat satisfaisant, mais la télévision dans une plus petite mesure. Quelquefois, les gouvernements ou les stations elles-mêmes paient pour des temps de transmission à la radio. La plupart des réponses accordent une grande attention à la radio parce que l'accès à la télévision est malaisé. Certaines réponses sont convaincues du fait que l'Église devrait trouver les fonds nécessaires pour devenir un communicateur de masse à la télévision, pour accomplir simplement sa mission d'annonce du Christ dans une société technologique.

La culture séculière conquiert son influence largement à travers les médias, particulièrement la télévision. L'Église a besoin de former des experts dans les médias pour plusieurs raisons: pour avoir des occasions de proclamer la vérité, pour participer aux discussions et aux débats publics, pour faire connaître au public les événements et la vie de l'Église, pour rendre son héritage artistique et culturel accessible comme une tradition qui se perpétue, et pour communiquer ses valeurs religieuses et humaines à la communauté tout entière. L'Église a une mission spéciale à accomplir envers le monde des médias: elle doit apporter sa sollicitude pastorale et rester en contact avec la direction, les producteurs, les écrivains, les artistes et le personnel du spectacle. Elle devrait chercher à avoir un impact sur les standards moraux dans les codes de déontologie de cette industrie.

Il a été observé que les journaux catholiques constituent aussi un moyen valable pour informer la communauté catholique, spécialement quand il s'agit de défendre les droits des minorités. En certains endroits, la radio a pour fonction de maintenir les communautés unies en les tenant informées sur les événements de l'Église. La presse et la radio possèdent une grande valeur éducative. Quelques réponses indiquent que les moyens d'annonce de la vérité de Jésus-Christ dans une culture séculière doivent encore être améliorés.


CHAPITRE III

ÉDUCATION CATHOLIQUE

La foi et l'enseignement

26. Après leur préoccupation pour l'enseignement de la foi et la catéchèse, les réponses indiquent l'éducation catholique comme étant leur autre grand souci. Chaque diocèse s'est efforcé de créer des écoles catholiques visant à l'éducation intégrale de la personne. L'école est le lieu où l'Église réussit à toucher le plus intensément les cultures car c'est là que les jeunes sont préparés à la vie, à leur choix de vocation et de profession, et à leur travail et leur mission dans le monde. Les écoles font partie intégrante de la tâche d'évangélisation car c'est dans ces institutions que l'Évangile se diffuse dans le monde, répandant la lumière de la révélation sur toutes les réalités séculières.

L'école catholique devrait constituer une extension de la communauté ecclésiale. Une difficulté, qui parfois commence à se faire sentir, est celle de la séparation entre l'école et la paroisse, qui semble s'accroître de plus en plus. Pour de nombreux parents catholiques, leur unique contact avec l'Église passe maintenant par l'école. Un autre souci vient des enseignants des écoles catholiques qui, souvent, mènent une vie ou ont des idées ouvertement en conflit avec l'enseignement de l'Église et ainsi, ils constituent un signe discordant pour son témoignage. Cet aspect peut être réellement nocif pour les jeunes. L'abandon de l'enseignement de la part de tant de religieux dans les écoles a sérieusement contribué à l'affaiblissement du climat de foi qui devrait y régner. Les laïcs ont souvent considéré leur profession d'enseignants comme une véritable vocation de Dieu et ont fidèlement contribué à la diffusion de l'Évangile parmi les jeunes, dans des circonstances difficiles. Les écoles catholiques ne sont efficaces que lorsqu'elles communiquent la foi et maintiennent des standards académiques élevés.

Les écoles catholiques sont le fer de lance de la mission de l'Église dans le monde. L'histoire de l'Église catholique en Océanie ne pourrait s'écrire sans la reconnaissance de la partie primordiale jouée par les écoles catholiques pour semer, communiquer et préserver la foi. Cela n'a été possible qu'au prix des énormes sacrifices des parents et des enseignants. Grâce à eux, les écoles catholiques survivent même quand les gouvernements s'opposent à elles en leur refusant une légitime aide financière. Aujourd'hui, l'Église fait connaître sa gratitude à cet important corps d'enseignants dévoués.

Vers l'avenir

27. La tâche de préparer les responsables de la société de demain se trouve entre les mains des universités. La récente création des universités catholiques est un moment important dans l'histoire de l'Église en Océanie. La recherche peut s'effectuer là, dans ces universités, ce qui permettra à la lumière de l'Évangile d'imprégner en profondeur la culture, apportant les valeurs catholiques au sein des institutions législatives, de la médecine, de la politique, du commerce, de la littérature et des arts. Une attention spéciale doit être accordée à la discipline ecclésiastique des Écritures, la théologie dans toutes ses spécialisations, l'histoire de l'Église, le droit canon, la philosophie et la spiritualité en vue des propres besoins de l'Église. La qualité de la vie ecclésiale et l'action pastorale des évêques et des prêtres dépendent dans une très large mesure de ces études qui doivent être suivies avec sérieux, comme cela en a toujours été la tradition de l'Église. Quelques réponses ont noté que le renouveau a été superficiel et qu'il s'est heurté à de nombreux obstacles, le clergé et les laïcs n'ayant pas été suffisamment préparés intellectuellement à l'affronter. L'avenir de l'Église en Océanie dépend beaucoup d'une bonne formation. Les universités catholiques représentent les pépinières des futurs responsables de la société. Les évêques locaux sont en étroit contact avec leur développement et reconnaissent que les étudiants d'aujourd'hui seront les administrateurs, les faiseurs d'opinion et les conseillers professionnels de demain.

Les aumôniers et les équipes pastorales sont nécessaires dans les institutions d'enseignement postscolaire pour répondre aux besoins spirituels non seulement des étudiants mais aussi des professeurs, des enseignants, du personnel administratif et de tous ceux qui y travaillent. Leur tâche consiste à sensibiliser les catholiques à leur mission dans le monde et à rendre l'Église présente dans les questions scolaires et les délibérations publiques.


CHAPITRE IV

ŒCUMÉNISME

Vers l'unité des chrétiens

28. L'œcuménisme a une place de choix sur l'échelle des priorités des Églises particulières d'Océanie. Le Concile Vatican II a souligné combien le manque d'unité entre les disciples du Christ entrave l'évangélisation. En réponse à la prière du Christ, «pour qu'ils soient un comme nous sommes un» (Jn 17, 22), les évêques d'Océanie ont cherché de différentes manières à avoir un contact et à nouer des relations amicales avec les responsables et les communautés d'autres confessions chrétiennes. La plupart des diocèses possède une commission œcuménique avec un expert nommé pour développer de bonnes relations avec les autres principales communautés chrétiennes. L'Église catholique est souvent membre du Conseil des Églises, aux niveaux régional et national. Une liste des activités communes, trop longue pour entrer dans le détail, est donnée dans les réponses. Dans un petit nombre de cas, les commissions œcuméniques diocésaines doivent encore être mises en place. La plupart des réponses indiquent que ces relations avec les communautés chrétiennes ont largement été mises à profit depuis le Concile, particulièrement pour surmonter les vieux préjugés.

Préoccupations

29. Une préoccupation a été exprimée quant à la prédominance de l'action sociale commune de telle manière que la doctrine est souvent reléguée tranquillement à part comme n'ayant vraiment aucune importance ni valeur. Un autre souci vient du fait que, dans certaines situations, les communautés ecclésiales suivent, comme c'était déjà le cas, des chemins parallèles dans la plus grande indifférence les uns pour les autres. Dans ces situations, en dépit des bonnes intentions de l'Église catholique, entamer un dialogue est assez ardu. Il y a une réelle difficulté à travailler avec des communautés ecclésiales qui ne partagent pas la même compréhension de la nature et des objectifs de l'activité œcuménique.

Dans les îles, l'œcuménisme se réalise tout naturellement et il existe un grand nombre de formes de partage qui cimentent les relations de la communauté. Parfois, les différences doctrinales tiennent les communautés éloignées l'une de l'autre mais très rarement l'œcuménisme se transforme en une discussion doctrinale, dans le vrai sens du terme, plus approfondie. Les choses sont plus mitigées en Papouasie - Nouvelle-Guinée. Alors que les relations sont normalement assez chaleureuses avec les communautés luthériennes et anglicanes, l'activité dans son ensemble a subi un net ralentissement. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont grandement bénéficié de l'œcuménisme, tant dans les Églises particulières que dans la communauté civile. Le stade de la reconnaissance et du respect mutuels semble être bien établi. Le défi concerne maintenant une connaissance des Églises et des communautés ecclésiales participantes qui soit plus complète et plus approfondie. La recherche théologique est une exigence, tout comme sont nécessaires des experts qui puissent transmettre leurs connaissances et leurs compétences aux futures générations d'œcuménistes qui pourront poursuivre ce projet.


CHAPITRE V

DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Une pluralité de religions et de mouvements religieux

30. La situation religieuse en Océanie est plus que jamais pluraliste et compliquée. Il existe un très grand nombre de religions et de mouvements religieux, tout comme de cultes, avec lesquels l'Église entre en contact. Chacun d'eux doit être traité suivant son identité et sa propre histoire. Certaines réponses pensent qu'il est nécessaire de faire une distinction entre ceux dont leur identité s'appuie d'une certaine façon sur le baptême et la Bible, et les autres.

Le développement de nouveaux mouvements religieux en-dehors de l'Église, dans les îles et en Papouasie - Nouvelle-Guinée, est un phénomène qui, aujourd'hui, constitue l'un des plus grand défis pour les Églises particulières d'Océanie. Les réponses révèlent les préoccupations des pasteurs par rapport à ces mouvements qui sont en train de diviser les communautés et d'entraîner leurs membres hors de l'Église. Tout récemment, selon les rapports, ce phénomène a atteint de nouvelles proportions. Une catégorie de ces mouvements religieux est composée de groupes qui proviennent d'autres confessions chrétiennes. Certains ont toute une histoire derrière eux, tandis que d'autres se sont développés très récemment. Ils sont généralement décrits comme étant ceux qui offrent une sensation de chaleur, d'émotion, de charisme et d'accueil au sein d'un petit groupe très soudé: une expérience qui semble manquer à quelques catholiques à l'intérieur de certaines communautés. La musique, le chant, les danses, une prédication éloquente et la glossolalie jouent un rôle déterminant dans l'attraction qu'éprouvent les personnes vis-à-vis de ces religions, et particulièrement les jeunes. Ils remplissent souvent un vide émotionnel là où les personnes étaient à la recherche d'une signification de la vie. Leurs doctrines fondamentalistes offrent sécurité et assurance.

Souvent à cause d'un conflit avec un prêtre ou un agent pastoral, ou à cause d'une situation de mariage irrégulière, les catholiques sont tentés de se joindre à eux. Ces religions utilisent l'Écriture pour ne pas éveiller les soupçons des honnêtes gens qui craignent pour leur vrai salut. Ils concentrent leur activité sur la visite systématique de chaque foyer, utilisant souvent comme tactique d'aider les personnes dans les moments d'affliction, de maladie ou de crise personnelle. Ils possèdent donc des moyens très efficaces pour aller à la rencontre des personnes et les faire sentir à leur aise à l'intérieur de leurs communautés. Ceci devrait mettre les catholiques au défi d'apprendre, dans le cadre de la sollicitude pastorale, à évangéliser d'une façon plus personnelle, accordant plus d'attention à l'individu. Selon certains, ces mouvements religieux offrent des bénéfices matériels pour se faire des adeptes. L'attitude qu'ils adoptent vis-à-vis de l'Église catholique est celle typique du préjugé religieux qui prévaut sur le mouvement œcuménique qui a été mis en route.

Beaucoup de travail doit encore être fait pour comprendre ces religions et pour trouver le langage approprié pour les décrire correctement. Les catholiques sont souvent incertains sur la manière de distinguer un groupe d'un autre. L'utilisation du mot «secte» fait problème car il implique que ces groupes ne devraient pas être traités comme de véritables religions. Il faut aussi considérer que l'adhésion à ces religions peut être une réponse au changement social trop rapide qui ébranle radicalement les convictions religieuses des personnes. Il se pourrait que l'Église catholique ait à apprendre des défis qu'elle doit relever dans ce domaine.

Les groupes au sein de l'Église catholique

31. Certains groupes, particulièrement dans les régions de la Mélanésie, mélangent leur imagerie et message apocalyptiques avec les traditions indigènes du «cargo cult». La fin attendue de ce monde vient à coïncider avec l'apparition d'une société tout à fait nouvelle et meilleure avec tous les biens et les bienfaits que les personnes désirent ardemment. Ces rêves et ces aspirations sont liés aux promesses bibliques utilisées tout à fait en dehors de leur contexte d'origine. Un fondamentalisme biblique déforme une compréhension authentique et plénière de la vérité de Jésus-Christ. Par leur utilisation d'expressions et de symboles chrétiens, en fait catholiques, ces groupes faussent les aspirations des personnes et leur besoin de salut. L'existence même de ce phénomène montre quel effort devrait être fait, de façon saine et libératrice, pour proclamer la vérité de Jésus-Christ, suivant les meilleures traditions de l'Église.

Un nombre de réponses ont pensé que les «sectes» de la question 10 des Lineamenta se référaient aux groupes exclusivistes à l'intérieur de l'Église catholique qui affichent les traits caractéristiques et un comportement semblables à ceux des sectes. Il y a là, une très grande confusion dans l'utilisation du terme et de ceux à qui il se réfère réellement. Pour détourner les personnes de leurs paroisses, les groupes en question organisent souvent des liturgies et autres activités réservées aux initiés du groupe. Ils éloignent ainsi les personnes de leurs paroisses en leur fournissant des structures et des styles de religiosité alternatives. Les adhérents à ces groupes tombent sous l'emprise d'un chef qui agit en tant que guide spirituel dans tous les domaines. Ces groupes ne sont pas approuvés par l'autorité compétente et fonctionnent habituellement sans que l'évêque le sache; par la suite, lorsqu'il a connaissance de leurs activités, très souvent contre ses plus exprès souhaits. Ils ont pour effet de provoquer une grave rupture et une division dans la communauté catholique. Les gens les rejoignent à cause d'une sincère aspiration à la prière, à la dévotion et à la croissance spirituelle.

Les autres Traditions

32. Les religions qui se trouvent en Océanie n'ont pas toutes des racines chrétiennes. Dans les sociétés les plus sécularisées, cependant, l'un des plus importants groupes est constitué par des ex-catholiques. Un grand nombre d'entre eux sont attirés par des formes de progrès ou de réalisation personnels qui se réfèrent à des traditions orientales telles que le yoga. Ils sont facilement pris par la vague spiritualité du Nouvel Âge, caractéristique d'un monde post-moderne éclaté. Le fait qu'ils se trouvent en quête spirituelle ne veut pas nécessairement vouloir dire qu'ils rejoindront quelque groupe ou organisation identifiable. D'autres, bien sûr, deviennent les adeptes d'une religion dans le vrai sens du terme.

La religion des aborigènes australiens a été mentionnée par un grand nombre de réponses. Elle doit être mieux comprise afin de pouvoir discerner ce qu'elle signifie pour la liturgie et l'inculturation. Elle a, donc, besoin d'être prise en examen. Certaines réponses réclament une étude supplémentaire des religions des îles du Pacifique et également de la Papouasie - Nouvelle-Guinée.

Le Bouddhisme se développe avec une grande rapidité en Australie, en raison de la récente migration en provenance de l'Asie et du fait que ses valeurs empreintes de tempérance, de compassion, de spiritualité sont attirantes dans une société moderne frénétique. L'Islam compte une importante présence dans différentes parties de l'Océanie et il existe quelques cas de dialogue bien établi, comme aux Fiji. Le Judaïsme, qui n'est présent que dans quelques-unes des grandes villes, est un groupe présentant une certaine vitalité dans les domaines religieux, intellectuel et culturel. Dans certains endroits, l'Église catholique s'est jointe au Conseil judéo-chrétien. Des organes de dialogue ont été mis en place et des discussions se poursuivent, spécialement sur l'Holocauste.


CHAPITRE VI

JUSTICE ET PAIX

L'Année jubilaire: un appel à la justice

33. En préparation pour le Grand Jubilé de l'An 2000, l'Église répète le sermon du Christ dans la synagogue à Nazareth annonçant «aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur» (Lc 4, 18-19). C'est un temps durant lequel la terre elle-même se repose et de ce fait retourne à Dieu, dont la volonté est la destination universelle de tous les biens au bénéfice de l'humanité car personne ne devrait jamais manquer ni du nécessaire pour vivre ni de la dignité humaine. Le message de l'Église au monde est qu'«une civilisation de l'amour» est possible là où règnent la justice et la paix. Les chrétiens attendent la venue du Royaume final, quand toute injustice sera effacée et toute souffrance disparaîtra de la création «afin que Dieu soit tout en tous» (1 Co 15, 28).

Un grand nombre d'évêques ont lancé un appel vibrant pour que l'Église s'engage dans la tâche de la justice sociale. Ce sont les encycliques Sollicitudo rei socialis et Centesimus annus du Pape Jean-Paul II qui les ont inspirés, spécialement en ce qui concerne la condition des pauvres et des défavorisés dans la société. Ils ont mis l'accent sur le fait que l'Assemblée Spéciale devrait nous mettre en mesure d'apprécier la préoccupation et ledévouement constants de l'Église envers les catégories de personnes qui sont tout spécialement aimées par le Seigneur Jésus. Selon les réponses, la proclamation, au niveau national, de la justice et de la paix a, au cours de ces récentes années, été tout particulièrement puissante et convaincante pour un grand nombre de personnes. Les diocèses ont créé des commissions et des programmes de toutes sortes ont été organisés. Ceci a parfois entraîné des consultations au niveau national avec les laïcs, les politiciens, les économistes, les sociologues, etc., sur des sujets tels que la répartition de la richesse dans la nation ou la position des femmes dans l'Église et dans la société. Il semble que les évêques aient été beaucoup plus actifs dans ce domaine que de nombreux prêtres, de sorte que cela doit encore devenir une réalité dans de nombreuses paroisses. Étant donné que la prise de position sur de nombreuses questions de justice entraîne des implications politiques, les laïcs ne sont pas souvent disposés à s'engager. Mais les personnes commencent à se rendre compte qu'il n'est pas juste que l'Église garde le silence sur des cas évidents d'injustice sociale. Quelqu'un a quelquefois aussi prétendu que l'Église ne devrait pas intervenir en politique.

Action en faveur de la justice sociale

34. En Océanie, l'Église a été tout à fait consciente de sa mission consistant à transformer la société grâce au pouvoir de l'Évangile. Les évêques se sont montrés très efficaces dans leurs interventions contre le racisme, les préjugés, la violence, etc., et la violation des droits de la personne aux niveaux national et international. À travers ses organismes de service social, l'Église a été directement concernée pour remédier aux injustices et restaurer la dignité des victimes d'oppression. L'Église maintient des ministères pour les institutions de malades mentaux, les prisons et pour ceux qui sont économiquement et psychologiquement faibles et qui en ont le plus besoin. La plupart des diocèses missionnaires souhaitent que l'enseignement social de l'Église fasse partie du programme de catéchèse. Dans de nombreux endroits, c'est déjà une réalité. Nombre de réponses se sont plaintes du fait que les documents officiels de l'Église sur la justice et la paix ne soient pas écrits dans un langage facilement accessible et intelligible pour les laïcs. Il semble que ce soit là en grande partie la raison pour laquelle cet enseignement est devenu «le secret de l'Église le mieux gardé».

Les évêques, confrontés à des questions compliquées de justice sociale, demandent la création d'instituts de recherche spécialisés afin que les responsables ecclésiaux disposent de meilleures ressources pour leurs requêtes auprès des gouvernements. Ils veulent plaider, avec encore plus de force, la cause des exclus et des opprimés dans la société. Une meilleure qualité de l'information scientifique au sujet de la politique économique des banques et du commerce, et des philosophies sociales et politiques qui les soutiennent, est requise. L'étude interdisciplinaire engloberait ainsi les sciences sociales et économiques avec la théologie morale qui joue un rôle des plus nécessaires. Un certain nombre d'évêques souhaitent que la question du capitalisme libéral fasse partie du débat de l'Assemblée Spéciale car, à l'heure actuelle, il représente la philosophie sociale prédominante qui a des répercussions profondes sur le bien commun, par exemple sur l'économie politique, la répartition de la richesse et du travail, la hausse du chômage structurel et l'insécurité liée à la perte de son emploi. Les politiques de libéralisation du commerce et certaines activités des compagnies multinationales sont une préoccupation pour les petites nations, qui sont vulnérables. Il a été fait mention de la corruption parmi les politiciens et les fonctionnaires comme d'un sérieux obstacle au progrès économique, social et politique dans la région. Le «rationalisme économique» a fait aussi l'objet d'une attention particulière car il est en train de justifier les coupures drastiques dans le niveau de vie des plus démunis, dans les systèmes de la santé et de l'éducation, augmentant toujours plus la division entre les riches et les pauvres dans les pays développés.

Dans certains cas, comme en Papouasie - Nouvelle-Guinée, la justice sociale de l'Église et de ses services d'apostolat, comme les écoles, dépendent tellement du financement de l'État que très souvent elle n'est pas vraiment libre de poursuivre ses propres lignes de conduite. Pour l'avenir, il a été suggéré qu'elle recherche, judicieusement, des moyens de financer ses propres activités afin de parvenir à une plus grande autonomie et à un meilleur témoignage. Les autres sujets indiqués dans les réponses et qui devraient être pris en examen par l'Assemblée Spéciale sont: les droits des cultures indigènes, le chômage structurel aux niveaux national et international, la globalisation et l'influence de l'économie de récession en Asie sur les petites nations du Pacifique, les droits à la terre et le processus de réconciliation pour les aborigènes d'Australie et les habitants du Détroit de Torres, le biculturalisme et la situation des Maoris en Nouvelle-Zélande, les droits et la protection des réfugiés et des demandeurs d'asile, le droit d'émigrer et de chercher du travail dans un autre pays quand cela est nécessaire, les droits des petites nations par rapport aux retombées nucléaires et aux autres déchets, et le droit de former des syndicats et de faire grève si nécessaire. La menace que les essais nucléaires en Asie puissent entraîner une course aux armements est une inquiétude pour les nations d'Océanie.

Un grand nombre de réponses ont fait observer qu'il était nécessaire que l'Australie, et dans une moins grande mesure, la Nouvelle-Zélande soient très vigilantes vis-à-vis de leurs voisins asiatiques, à cause de leurs relations financières, économiques et politiques avec eux. En ce qui concerne l'écologie, la plus grande inquiétude semble provenir de l'exploitation systématique des ressources par les grosses compagnies internationales, tant des forêts que des mers. La situation tragique de Bougainville est, dans la plupart des réponses, apparue comme un sujet sérieux à porter à l'attention du Synode. Les problèmes du Timor oriental ont, eux aussi, été fortement proposés à la discussion. La face cachée mais souriante de la pauvreté dans les régions d'Océanie a, elle aussi, fait l'objet de commentaires de la part de nombreux évêques qui étaient très conscients de ce problème. La plupart des réponses provenant d'évêques missionnaires ont mis en évidence un certain sentiment d'impuissance dans les affaires internationales du fait que les petites nations doivent se soumettre à la politique des grandes puissances. Certains ont le sentiment que les plus petites nations sont souvent discriminées dans les accords commerciaux et financiers conclus entre nations. Il semblerait qu'une plus grande prise de conscience de leur situation, de la part de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, pourrait aider à renforcer la paix, la stabilité et le développement dans toute l'Océanie pour que le Pacifique puisse réellement devenir l'«océan de la paix». Tous les évêques espèrent qu'en parvenant à une plus grande communion entre eux au Synode, ils renforceront également une solidarité et une paix durables à l'intérieur de leurs nations et entre toutes les personnes de bonne volonté de la terre.


TROISIÈME PARTIE

VIVANT LA VIE DE JÉSUS-CHRIST

La vie nouvelle dans le Christ

35. Le message chrétien n'est pas simplement un ensemble d'enseignements mais une relation dynamique avec la personne de Jésus-Christ, mort et ressuscité. Le succès de l'évangélisation dépend beaucoup de la manière dont elle sait faire connaître Jésus au Peuple de Dieu, afin qu'il puisse répondre à cet appel permanent de vivre de la plénitude de vie en Lui, par la participation à la communion dans son Église, son Corps. Les sacrements, en particulier l'Eucharistie, célèbrent et approfondissent la vie nouvelle dans le Christ, commencée par le baptême. En vertu de la Rédemption en Christ, l'existence humaine tout entière est, en puissance, capable d'être transformée par une conversion profonde du cœur. Jésus est venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait en surabondance (cf. Jn 10, 10). Il a déclaré Lui-même être le Chemin à suivre, la Vérité à croire et la Vie à vivre dans toute sa plénitude (cf. Jn 14, 6). L'annonce du mystère de Jésus-Christ vis à réaliser une rencontre personnelle avec Lui.

Une rencontre personnelle avec le Christ

36. Le chrétien authentique est quelqu'un qui est sérieusement pris par l'expérience d'une relation aimante avec Dieu le Père au moyen d'une union intime avec son Fils, dans une vie entièrement mue et conduite par l'Esprit. Cet engagement total envers Dieu vient d'une rencontre vivante avec la personne de Jésus-Christ, «qui fut livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification (Rm 4, 24). C'est une expérience qui implique un partage réel de la mort du Christ (cf. Col 2, 12) et de sa vie (cf. Col 2, 20), par lequel on atteint une maturité spirituelle et grandissante dans le Christ (cf. Ep 4, 15).

Dans ce processus de transformation, l'Esprit est l'agent du dessein aimant de Dieu pour la sanctification personnelle, pour bâtir la communauté de l'Église et pour transformer le monde. L'Esprit remplit d'amour le cœur des croyants (cf. Rm 5, 5) en les irradiant de joie, de paix et de patience (cf. Ga 5, 22). C'est ce même Esprit qui, à la Pentecôte, enflamma les cœurs des Apôtres pour qu'ils proclament le Christ à travers le monde entier.


CHAPITRE I

LES SACREMENTS

Le renouveau au Concile Vatican II

37. Dans son processus de renouveau, Vatican II a pris de nouveau conscience et découvert une compréhension nouvelle de l'Église et de son identité. Celles-ci ont été exprimées sous des images diverses: Lumière des nations, nouveau Peuple de Dieu et Peuple pèlerin conduit par le Christ, le Bon Pasteur, en sa demeure éternelle qui est au ciel. Parmi les nombreuses images de l'Église qui sont ressorties du Concile, celle du Peuple de Dieu a tout de suite trouvé un accueil enthousiaste auprès des fidèles baptisés dans la vie du Christ. Ce nouveau Peuple de Dieu est missionnaire par nature et appelé à la sainteté et au service en vertu du baptême. Cette image, si spontanément accueillie, reflétait la chaleur et l'intimité d'une famille et servait à stimuler une plus grande participation de tous les baptisés, particulièrement les laïcs.

De nombreuses réponses indiquent que le Concile a été accueilli avec enthousiasme et ferveur en Océanie. Beaucoup d'éléments positifs ont été expérimentés dans la vie sacramentelle et apostolique de l'Église. Pour nombre de jeunes Églises, le Concile Vatican II a, en réalité, coïncidé avec leur croissance et leur développement initial. Pour d'autres, il a représenté les bases d'un renouveau et d'un changement qui se sont traduits par un sentiment authentique d'être Église, par une participation active des laïcs dans sa vie et par un nouveau sens de mission et de responsabilité. Tous ces aspects ont été grandement appréciés d'autant plus qu'ils étaient le reflet de la vie de l'Esprit dans l'Église.

Depuis que le renouveau constitue un processus permanent, la tâche de compréhension et d'intégration des enseignements du Concile se poursuit. Alors que des expressions de l'identité de l'Église telles que le Peuple de Dieu, missionnaire par nature et appelé au service par le baptême, font maintenant partie du vocabulaire, il reste encore le défi de rendre ces réalités effectives. Le Peuple de Dieu est toujours en train de se développer et de croître dans sa foi au fur et à mesure qu'il comprend plus profondément les implications du Concile sur l'Église et sur son avenir.

En même temps, des changements dramatiques et d'une grande portée se sont produits dans la société qui ont eu des effets significatifs sur les dispositions d'esprit envers l'Église et pour sa compréhension, particulièrement dans ces pays où prédomine la culture occidentale ou qui sont sujets à son influence toujours croissante. La sécularisation, une baisse du sens du sacré et une recherche de nouvelles formes substitutives de salut, ont contribué à fausser les idées sur l'Église.

Parfois, il s'est produit une confusion au sujet de changements qui ont eu lieu à la suite du Concile. Il était difficile à certains de comprendre le sens du renouveau et par conséquent le changement, tandis que pour d'autres étaient troublés par diverses interprétations qui, parfois, conduisaient à un manque certain de tolérance. Quelques-uns de ces changements avaient été introduits sans une préparation adéquate des fidèles. Dans certains cas, une plus grande participation des laïcs a entraîné une confusion des rôles, produisant des espoirs qui ne correspondaient pas ou qui n'étaient pas conformes à l'enseignement ou à la discipline de l'Église. Dans certaines régions, le nombre des catholiques pratiquants a baissé et l'identité catholique s'en est, en général, sensiblement ressentie.

Les réponses aux Lineamenta ont mis en évidence le désir et la détermination de réfléchir et d'étudier de nouveau les enseignements contenus dans les documents du Concile Vatican II afin de pouvoir en redécouvrir ses nombreuses richesses. À une époque où les personnes assimilent l'information et les idées par l'image, certains trouvent que ces documents sont difficiles à lire. Pour aider tous les fidèles à comprendre l'enseignement authentique du Concile, il y a encore beaucoup à faire et nombre d'occasions de formation à offrir. Grâce à une spiritualité approfondie, un engagement de l'Église enseignante, la conduite de l'Esprit-Saint et le soutien de la communauté, l'Église, en fidélité à sa mission d'annonce de l'Évangile, continue de proclamer la vérité éternelle - le salut qui vient du Christ seul, et en aucun autre nom (cf. Ac 4, 12).

La réforme liturgique

38. L'engagement plus important du Peuple de Dieu dans la vie liturgique de l'Église représente l'un des fruits du Concile et a conduit à un plus grand sens de responsabilité envers sa mission. Dans sa réforme de la vie liturgique, le Concile a souhaité communiquer une énergie toujours plus grande à la vie chrétienne des fidèles. À travers le processus de renouveau, qui a commencé au Concile, bien des choses ont pu être très réalisées avec succès. La participation plus significative des personnes à la vie sacramentelle de l'Église a renouvelé le sens d'appartenance à la communauté tout entière. Le développement d'un ministère laïc a créé un signe tangible et visible du sacerdoce commun des fidèles auquel chacun participe selon sa propre condition.

D'un autre côté, le renouveau liturgique a entraîné un certain trouble chez quelques-uns, particulièrement chez ceux qui étaient pétris de traditions établies avant le Concile Vatican II. Très souvent, ils ne parvenaient pas à saisir la signification de ce qu'il y avait derrière l'appel au renouveau. Fréquemment, les changements et le renouveau étaient introduits sans préparation, sans formation et sans explications adéquates, et parfois même avec des interprétations intentionnellement erronées. Là où les changements ont lieu, une explication théologique appropriée est requise afin que les personnes soient en mesure d'apprécier et de s'accoutumer à une légitime innovation.

Le Concile a considéré le renouveau de la liturgie comme un processus d'approfondissement et de compréhension du Mystère contenu dans ses rites. Il a cherché à les préserver et à les renforcer, et, en cas de nécessité, ces rites ont été minutieusement revus à la lumière de la tradition authentique, afin de leur donner une nouvelle vigueur pour faire face aux circonstances et aux besoins du moment. De nombreuses Églises locales en Océanie y ont apporté leur contribution, et continuent de mener une réflexion sur l'inculturation de la liturgie. À la lumière des actions et des symboles essentiels de la liturgie, elles discernent avec diligence la manière avec laquelle les rituels traditionnels, comme par exemple, la purification, l'offrande, la réconciliation, etc., peuvent être introduits et élaborés dans la vie liturgique suivant les normes liturgiques de l'Église. Nombreux sont ceux qui insistent sur le fait que la réforme liturgique est un processus important pour exprimer la vie nouvelle en Christ offerte à la communauté chrétienne dans la célébration des sacrements.

La vie par les sacrements

39. Le baptême, la confirmation et l'Eucharistie sont les sacrements de l'initiation chrétienne. Ils fondent la vocation commune de tous les disciples du Christ, une vocation à la sainteté et à l'évangélisation du monde. Ils confèrent les grâces nécessaires à une vie selon l'Esprit durant cette vie de pèlerins en marche vers le royaume céleste. Le baptême célébré pendant la Messe, en présence de la communauté croyante, démontre que les sacrements sont des actes qu'elle accomplit elle-même, non seulement pour la sanctification de l'individu mais aussi pour l'édification de la communauté du Corps du Christ.

À cet égard, les réponses rapportent que le Rite pour l'Initiation Chrétienne des Adultes (R.I.C.A.) s'est révélé bénéfique et positif dans ce processus. D'un autre côté, des abus et des pratiques illégitimes ont eu lieu, résultant souvent d'une compréhension inadéquate des sacrements. Ainsi, les enfants ne sont pas immédiatement baptisés en vertu d'une idée erronée: laisser à l'enfant le choix de sa religion quand il sera grand. De la même manière, la Confirmation, où les dons de l'Esprit sont reçus par sacrement, peut très souvent, hélas, marquer pour de nombreux jeunes catholiques le moment précis où ils cessent tout contact actif avec l'Église et avec sa vie sacramentelle. Les Églises particulières d'Océanie se rendent compte que les diverses sessions de préparation aux sacrements d'initiation sont des possibilités de grâces pour une évangélisation efficace, non seulement pour ceux qui vont recevoir les sacrements mais aussi pour leurs familles et pour la communauté.

L'Eucharistie complète l'initiation chrétienne et constitue la source et le sommet de la vie chrétienne où le Christ est présent dans sa parole, en la personne du prêtre, dans la communauté orante des fidèles et au degré le plus haut et le plus complet dans le pain et le vin consacrés, le sacrement de son Corps et de son Sang, offerts en sacrifice et partagés dans la communion. Dès le début, l'Église a été fidèle au commandement du Seigneur «Faites ceci en mémoire de moi» (1 Co 11, 24).

Dans une société au changement et au développement rapides, de nouvelles et diverses pressions, ayant eu des effets sur la mise en pratique de ce commandement, se sont fait sentir. Ainsi, diverses réponses indiquent que le caractère particulier et sacré du dimanche, le jour du Seigneur, pendant lequel la communauté catholique se réunit pour célébrer l'Eucharistie, est de plus en plus compromis par une mauvaise compréhension de l'obligation dominicale. De plus, l'introduction d'activités séculières, du commerce dominical, des événements sportifs et de divertissements, ont porté à l'altération de la conception du dimanche comme moment privilégié pour la communauté pour célébrer sa vie et se fortifier par l'Eucharistie. Dans certaines situations, les services de communion ont entraîné, du fait d'un clergé en nombre insuffisant, une certaine confusion quant à la compréhension du sacrement de l'Eucharistie et de l'obligation dominicale. Parfois, même l'église n'est pas toujours considérée comme un lieu sacré de culte où l'on fait l'expérience de la prière silencieuse et où l'on rencontre Dieu et communique avec Lui. On a supposé, à bien des égards, qu'une fois que la Messe se célébrait dans la langue locale, ses mystères les plus profonds devenaient évidents en eux-mêmes, et par conséquent la catéchèse concernant l'Eucharistie a été souvent sans continuité. Il en a résulté, parfois, une ignorance générale et quelquefois, les catholiques ont eu des opinions erronées ou une compréhension insuffisante de l'Eucharistie. Tout en reconnaissant ces défis, les Églises particulières d'Océanie affirment la place centrale de l'Eucharistie pour la vie de l'Église.

En ce qui concerne le sacrement de Pénitence, nombreux sont ceux pour qui la célébration du sacrement est sensiblement en diminution, spécialement dans les sociétés développées caractérisées par une diminution du sens du péché et un excessif sens de la liberté et de l'indépendance. Fréquemment, il y a aussi des notions inexactes concernant la nécessité de se confesser à un prêtre ou sur le concept de péché grave. D'autres ne parviennent pas à comprendre la grâce particulière qui est donnée par ce sacrement qui a des effets bénéfiques tant sur l'individu que sur la communauté de foi. Un grand nombre de réponses ont noté combien il était triste que ce sacrement privilégié reste sans objet pour tant de personnes. Il est vrai qu'en des moments particuliers, spécialement à Pâques et à Noël, on enregistre une augmentation sensible à la participation de ce sacrement et le Deuxième Rite, à savoir celui qui comprend une cérémonie pénitentielle en commun avec confession et absolution individuelles, est largement mis en pratique. Un nombre de réponses ont soulevé la question du Troisième Rite de la Réconciliation, c'est-à-dire, celui qui comprend une cérémonie pénitentielle en commun avec confession et absolution générales. En même temps, beaucoup considèrent la catéchèse permanente comme nécessaire et que de nouveaux efforts doivent être faits pour aider le Peuple de Dieu à comprendre que le sacrement de Pénitence offre la grâce salvifique du pardon qui, à la fois, affronte et vainc le péché qui est dans l'individu.

L'amour préférentiel du Christ pour les malades se reflète dans l'attention spéciale que les chrétiens portent envers tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Le renouveau du sacrement des malades a représenté une contribution positive considérable pour la vie des membres de la communauté qui se trouvent dans une situation où leur vie est menacée, à savoir une maladie grave, des opérations, et le grand âge. Les célébrations communautaires de ce sacrement sont souvent d'une grande aide et d'une forte consolation pour les malades et une source d'espérance pour ceux qui les accompagnent.

Le mariage, par lequel deux personnes se donnent et s'acceptent l'une l'autre dans un lien définitif d'amour mutuel, reflète l'amour du Christ pour son Église. Le sacrement de mariage, particulièrement quand il est célébré pendant la Messe de mariage, reproduit cet amour du Christ pour son Église dans le mystère de son amour dans l'Eucharistie. Il constitue un moment de grâce des plus favorables à une évangélisation authentique et durable.


CHAPITRE II

LA VIE HUMAINE ET LA SANTÉ

La vie, don de Dieu

40. La vie est au centre même du message chrétien. Le Christ décrit ainsi sa mission rédemptrice: «Je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance» (Jn 10, 10). La vie humaine est sacrée car, dès son commencement, elle implique l'action créatrice de Dieu et reste pour toujours en relation spéciale avec le Créateur. Dieu seul est le Seigneur de la vie depuis sa conception jusqu'à sa fin. L'alliance entre Dieu et l'humanité s'entrelace avec les rappels du don de Dieu de la vie. Les personnes sont les gérants du don de la vie qui vient de Dieu. L'humanité est créée à l'image de Dieu et appelée à la perfection et à la vie éternelle à travers la communion avec Dieu dans le Christ par l'Église. La morale chrétienne est donc une morale centrée sur la vie. Elle exige de se dépasser soi-même pour les autres, en préservant et en mettant en valeur la vie des autres, les personnes enrichissent et sanctifient leur propre vie. Elles partagent toutes le mystère divin en continuant la création, en donnant la vie et en exerçant la gérance du don de Dieu de la vie. Ainsi, la loi morale n'est pas une restriction ou une entrave, mais bien plutôt une protection contre la destruction et la négation de la vie et, en même temps, elle indique et dirige les hommes vers un authentique et vivifiant épanouissement.

Pour être fidèle à l'Évangile, l'Église doit, dans ses diverses communautés, évaluer ce don de la vie. Elle doit œuvrer contre la violence qui menace la vie, tant de la personne que de la communauté, œuvrer pour garantir que les moyens nécessaires pour préserver et mettre en valeur la vie soient accessibles à tous.

Attitudes culturelles envers la vie

41. En Océanie -caractérisée par une vaste diversité culturelle-, les peuples qui ont conservé leur culture indigène continuent à apprécier la vie humaine. Ils possèdent une conscience du sacré et de la dignité de toute vie humaine. Ils conçoivent sans peine Dieu comme la vie dans sa plénitude, partagée avec eux à travers les ancêtres de la communauté. En effet, vivre en communauté c'est partager et apprécier la vie, pour la porter à sa plénitude.

La famille agrandie joue un rôle vital avec son sens de la vie communautaire, de partage et de don qui se traduit par la sollicitude envers les personnes: les personnes âgées, les handicapés, les veuves, les orphelins, etc. La morale est vécue en communauté et la responsabilité individuelle est assumée par rapport à la communauté et à ses valeurs. La liberté est aussi comprise en fonction de la communauté, de sa prospérité ou de son déclin.

En dépit de la valeur de la vie vécue dans la communauté et fondée sur les valeurs traditionnelles, il existe des régions où il y a encore beaucoup à faire pour promouvoir ces valeurs en faveur de la vie. Dans quelques sociétés, le sens de la communauté est en déclin, accompagné de ses conséquences négatives. Dans certaines sociétés, il semble que certaines vies aient plus de valeur que d'autres, spécialement là où les ennemis peuvent être tués d'une façon affreuse, là où le tribalisme conduit aux combats, là où la croyance à la sorcellerie diminue la valeur de la vie et de la personne, ou là où se perpétuent des enlèvements et où la propriété est détruite. Dans d'autres sociétés, c'est le suicide qui pose un sérieux problème.

Sous l'influence d'un matérialisme grandissant, qui résulte tout spécialement de la manière dont le consommateur occidental aborde la vie, un nombre de valeurs traditionnelles et porteuses de vie se sont altérées. C'est tout particulièrement vrai parmi les jeunes, qui souvent sont tout particulièrement sujets à ces changements et qui les absorbent avec une plus grande facilité. Ainsi, leurs comportements face à la vie, particulièrement en ce qui concerne les mœurs sexuelles, subissent cette influence négative.

Dans les sociétés technologiquement avancées, l'approche de la vie et sa compréhension est sensiblement différente. Alors que certains aspects de la vie sont en général mis en valeur, comme la beauté, le sport, la bonne santé, etc., la vie dans les sociétés de consommation se réduit facilement à sa réalité purement biologique qui, à bien des égards, est aussi facilement manipulée. De ce fait, ce qui est technologiquement possible est fréquemment considéré comme permis. L'«impératif technologique» se traduit ainsi: ce qui peut être fait, doit être fait. Certains hommes de science ont déclaré qu'on ne devrait imposer aucune limite morale à la recherche et à l'expérimentation. C'est donc une revendication à la liberté absolue qui sous-tend cette approche. Toute revendication implicite d'ordre moral dans ce domaine s'appuie sur une sorte d'utilitarisme qui repose sur le calcul du plus grand bien pour le plus grand nombre. Aucune référence n'est faite à la valeur et au prodige de la vie humaine tels que le dessein créateur de Dieu l'a destiné, et ceci entraîne l'abandon logique des impératifs moraux qui valorisent ce dessein. Il n'y a plus guère de référence au mystère de la naissance et de la mort. La présence de Dieu en tant que le Seigneur de la création, personnellement présent à chaque individu, est perdue. La personne humaine devient ainsi une autre entité matérielle à manipuler à volonté pour des fins matérielles et fréquemment égoïstes.

Les Églises particulières en Océanie luttent courageusement pour apporter le message de la vie à leurs populations. Parfois, spécialement dans les sociétés technologiquement avancées et matérialistes, leur voix semble être celle du Baptiste, criant dans un désert d'apathie morale ou d'indifférence. Le Peuple de Dieu se rend compte que l'engagement au Christ et à son Évangile vont de pair avec la valeur de la vie, et s'attend à ce que l'Église reste inébranlable quant à sa protection et à son encouragement de la valeur de la vie dans la société. L'Église est tout particulièrement mise au défi de fournir aux jeunes la connaissance, les compétences et la motivation pour leur choix de vie.

Questions morales

42. Dans ses programmes sociaux planifiés et législatifs, la société moderne est de plus en plus déterminée à appliquer la technologie et les découvertes de la science au plus grand nombre possible de domaines de la vie. Les réponses sont unanimes pour souligner que le respect de la vie humaine, dans toutes ses phases et à toutes ses étapes, est l'un des plus grands défis de la société contemporaine. Dans ce contexte, l'Église a relevé le défi de trouver des moyens efficaces pour faire entendre et appliquer son message moral par les gouvernements, les ministères, les hommes de science et la société dans son ensemble. Différents groupes ecclésiaux ont fait des démarches auprès des législateurs afin de les aider à prendre des décisions conformes à la morale. L'Église contrôle régulièrement toute nouvelle législation proposée ainsi que ses implications potentielles sur le caractère sacré de la vie humaine. Dans certains cas, l'Église et l'État travaillent ensemble sur différents projets qui valorisent la vie. Les liturgies paroissiales incluent normalement des prières pour les victimes des actions qui portent atteinte à la vie. Les programmes d'enseignement des écoles catholiques sont engagés à inculquer la valeur de la vie, spécialement chez les jeunes.

Les réponses indiquent que les Conférences épiscopales et les évêques individuellement, spécialement dans leurs lettres pastorales, ont pris position sur les questions de la vie, ont présenté des propositions aux gouvernements et se sont efforcés, parfois avec grand courage, de diffuser l'enseignement de l'Église dans les médias En cela, ils proclament la dignité et la destinée éternelle de toute personne. La communauté ecclésiale soutient les initiatives des diocèses destinées à faire prendre conscience aux autres du caractère sacré et de la dignité de la vie humaine.

Davantage de formation est requise afin que les personnes comprennent l'engagement de l'Église en faveur de la vie et se rendent compte des questions essentielles qui sont en jeu. Plus d'éducation et plus de formation pour les catholiques est une exigence qui s'impose étant donné que beaucoup d'entre eux ne connaissent, ou ne comprennent pas, la richesse de l'enseignement de l'Église en faveur de la vie. Les possibilités des Universités catholiques, des autres Établissements d'enseignement postscolaire et des Écoles catholiques peuvent contribuer grandement à cette tâche.

L'Église doit enseigner la vérité qui donne la vie et doit le faire d'une manière qui touche les cœurs et les âmes des personnes. Les médias restent un moyen important pour expliquer et proposer l'enseignement de l'Église d'une manière positive, tout particulièrement dans les régions où l'attention des médias sur l'enseignement catholique dans le domaine de la morale est fréquemment négative et rarement bien informée.

Les réponses ont précisé que le caractère sacré de la vie humaine et le droit à la vie, depuis le premier instant de la conception jusqu'à la mort naturelle, ont été enseignés et défendus. La contraception, parce qu'elle altère le sens réel de la sexualité humaine en séparant l'acte d'amour de sa fécondité, ne répond pas au critère de paternité responsable. Tout type d'avortement provoqué a été condamné comme étant l'un des crimes les plus horribles qui affligent la société.

Il existe, en Océanie, de nombreux signes positifs de la part du Peuple de Dieu pour aider la communauté à comprendre l'enseignement de l'Église sur ces questions et lui offrir également une aide concrète: assistance aux femmes enceintes, aide après l'avortement, groupes de planning familial naturel, groupes en faveur de la vie et d'autres fortement engagés sur les questions en faveur de la vie.

En même temps, pour de nombreuses personnes, y compris un nombre non négligeable de catholiques, l'enseignement de l'Église dans certains domaines n'est pas parfaitement compris ou est même considéré comme négatif. C'est là, l'un des domaines significatifs de la vie de l'Église pour lequel ses enseignements n'ont pas été bien saisis ou bien compris. Un grand nombre de catholiques sont séduits par la morale qui prévaut, promouvant une liberté illimitée, et sont facilement influencés par la culture de mort qui les environne.

L'Église condamne fermement l'avortement. Les catholiques et de nombreuses autres personnes s'accordent pour dire qu'il s'agit là d'un mal qui sape la société. Les évêques ont protesté contre la manipulation volontaire de l'embryon et contre sa destruction. Ils ont fait connaître le refus de l'Église d'accepter que la conception hors du corps de la mère, sous la forme de fécondation in vitro (IVF), soit un moyen moralement légitime pour le traitement de la stérilité. Certains diocèses possèdent des centres de bioéthique qui constituent un soutien important pour l'enseignement de valeurs morales catholiques dans les actes médicaux et pour offrir une information et un guide sur les questions de bioéthique. Il s'agit là d'un domaine extrêmement complexe qui requiert de la part de l'Église une explication minutieuse et efficace de son enseignement.

D'autre part, nombre de réponses aux Lineamenta soulignent que beaucoup doit encore être fait pour expliquer la richesse de l'enseignement de l'Église sur la contraception, un domaine de la vie morale où un nombre plutôt consistant de fidèles de l'Église partagent généralement le point de vue prépondérant de la société. Une très forte pression est exercée sur les jeunes dans ce domaine et la grande disponibilité des contraceptifs est venue s'ajouter à ces difficultés. De plus, les politiques gouvernementales concernant le contrôle des naissances ont grandement contribué à ce problème. Il est important que le Peuple de Dieu comprenne parfaitement l'enseignement sur la vie tel qu'il est contenu dans Humanae vitae. Une nouvelle étude sérieuse de cette encyclique aidera à revitaliser ses vérités et contribuera à renforcer le caractère sacré de la vie.

Il a été également fait référence, dans les réponses, à ceux dont la vie est diminuée ou affaiblie et qui méritent, donc, un soin et un respect tout particulier. Les personnes malades et handicapées doivent être aidées à mener une vie qui soit autant que possible normale. Quels qu'en soient les raisons ou les moyens, l'euthanasie consiste à mettre fin à la vie d'un handicapé, d'un malade ou d'un mourant. C'est moralement inacceptable, et il s'agit là d'un autre domaine qui porte atteinte au caractère sacré de la vie humaine. Bien qu'il y ait eu de très puissants mouvements en faveur de la légalisation de l'euthanasie, l'Église a mené une action très efficace auprès des législateurs pour l'éviter. Elle a remporté des succès considérables dans de nombreuses situations et a trouvé un terrain d'entente et un soutien auprès d'autres communautés, chrétiennes et non-chrétiennes.

Bien qu'il ne soit pas nouveau, le soin du malade mental est un autre domaine qui requiert la sollicitude de l'Église. De plus en plus fréquemment les malades mentaux ne sont pas toujours soignés d'une manière convenable. La formation des membres des l'Église sur la manière d'agir envers les malades mentaux présents au milieu d'eux, et sur la manière de plaider en leur faveur pour une meilleure réponse en tant que société, est considérée comme un moyen des plus efficaces pour promouvoir une culture de la vie.

L'Église rend témoignage à la vie

43. L'Église, affrontant les aspects aux multiples facettes de la pratique de la médecine dans les hôpitaux modernes, a exercé un rôle de leadership pour que ceux qui sont engagés dans les services médicaux prennent encore plus conscience du caractère sacré et de la dignité de toute vie humaine. Des comités d'éthique, des centres de conseil, des programmes d'éducation et d'autres services sociaux ont été créés. Le système hospitalier catholique contribue, dans une large mesure, au témoignage que l'Église rend à la vie grâce à son approche pastorale centrée sur la vie et profondément chrétienne, des problèmes des services médicaux dans la communauté. Le soin médical catholique est empreint de compassion, de respect, de compétence et de professionalité, plaçant la personne humaine au centre de ses préoccupations. Il cherche à exprimer les valeurs de l'Évangile. La célébration du sacrement des malades a été une source d'inspiration pour la sollicitude pastorale des malades. Un grand nombre d'Églises particulières fournissent un déploiement considérable de services pour les autres membres de la société: soins pour les personnes âgées, installations de soins palliatifs pour les malades en phase terminale, bureaux de service social. Ceux-ci rendent un témoignage particulier à la valeur de la vie et donnent la preuve que la compréhension et la compassion servent à guérir les blessures physiques et spirituelles d'une humanité brisée.

L'Église a encouragé les docteurs, les infirmières et toutes les personnes de bonne volonté à s'organiser en défense du droit à la vie. Malheureusement, certains législateurs et magistrats et même, ce qui est regrettable, certains catholiques, cèdent aux pressions de la société en recherchant une respectabilité légale pour des actes moralement indéfendables. Des individus et des groupes ont parlé fermement et courageusement sur des questions comme l'euthanasie, l'avortement et la violence domestique, et les chrétiens sont invités à faire des démarches auprès des autorités compétentes sur ces problèmes. Au niveau paroissial cela implique des débats sur les projets politiques dont les thèmes se heurtent à la responsabilité de l'Église en tant que gérant du don de la vie. Les documents de l'Église exprimant cette responsabilité sont aussitôt mis à la disposition et portés à la connaissance du public. Les liturgies paroissiales incluent des prières pour ceux qui peuvent en être victimes. Les programmes d'enseignement et les processus de sollicitude pastorale dans les écoles catholiques et dans les autres institutions mettent en alerte sur l'importance de ces questions et sur leur rapport avec la vie. De ce fait, la communauté catholique joue son rôle pour aider les législateurs à prendre des décisions conformes à la morale, ainsi que pour contribuer à informer la communauté civile tout entière. Les politiciens catholiques qui se trouvent en première ligne pour garantir que la législation continue à refléter les valeurs chrétiennes, doivent recevoir encouragement et soutien de la part de la communauté catholique.

Le Pape Jean-Paul II, dans sa Lettre encyclique Evangelium vitae a traité toutes ces questions dans le cadre de l'Écriture et de l'enseignement moral traditionnel de l'Église. Celle-ci est, aujourd'hui, confrontée au défi de fournir, à ses fidèles et à la société, la connaissance, les compétences et la motivation pour des choix meilleurs et authentiques dans le domaine moral.


CHAPITRE III

MARIAGE ET FAMILLE

Effets culturels

44. La famille chrétienne constitue une révélation spécifique et une réalisation de la communion ecclésiale, et pour cette raison elle est appelée église domestique. La famille est la première unité de la société dont la mission est d'être «le sanctuaire de la vie. Dans une société en transformation rapide dont les effets se font sentir sur l'Église, le mariage et la famille subissent de profonds changements qui sont souvent dus à de nombreuses pressions négatives. Le mariage et la famille sont probablement les deux institutions qui ont le plus fortement ressenti du changement social, et plus particulièrement dans les sociétés technologiquement avancées comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

La philosophie dominante et sous-jacente, voulant que le bonheur provienne d'une liberté sans bornes plutôt que d'un engagement, a eu de sérieux effets négatifs sur le mariage et sur la famille. La mentalité consumériste ébranle leur stabilité. Le Christ et sa vision du monde sont considérés comme simplement une option parmi tant d'autres, plutôt que le Chemin, la Vérité et la Vie. De nombreux facteurs en corrélation ont contribué à cet éclatement radical.

Dans les cultures indigènes, où les valeurs centrées sur la communauté et étendues à la famille sont gardées précieusement, la famille et le mariage sont davantage soutenues que dans les sociétés typiquement occidentales. Quelques-unes de ces sociétés ont hérité de pratiques, comme celle du «bride price», qui veut que le mariage soit fécond avant d'être socialement reconnu, ou encore l'asservissement des femmes et d'autres usages, qui spécialement sous l'influence des voyages, de l'augmentation des richesses, et des philosophies consuméristes, ont connu des changements significatifs. Il en a résulté difficultés et désarroi pour le mariage et la famille.

Les coutumes traditionnelles concernant le mariage et la famille ont toujours représenté des défis pour l'Église qui s'efforce de présenter la vision chrétienne du mariage et de la vie familiale. De récentes influences et un matérialisme grandissant ont souvent altéré la signification de ces coutumes et rendu encore plus confuse le sens du mariage et de la famille. La communauté qui a toujours exercé une énorme influence sur le mariage et la famille est, elle aussi, en train de faire face aux changements et aux menaces, avec leurs effets logiques sur ces institutions.

Le lien du mariage

45. Le mariage est ce contrat spécial par lequel un homme et une femme établissent entre eux un partenariat à vie, un partage de tous les aspects de leur vie. Le sacrement du mariage signifie que «les deux deviennent une seule chair» (Gn 2, 24), de telle sorte que leur union reflète et réalise l'amour qu'a le Christ-Époux pour son Épouse, l'Église. Le mariage est un moment de grâce.

Ce message est constamment prêché par les évêques et l'Église en Océanie. À cause de la richesse de ce sacrement, les évêques ont encouragé et souvent exigé la participation des couples à des cours de préparation au mariage dans lesquels les vérités et les réalités du sacrement de mariage sont présentées et développées. Ces cours, particulièrement importants pour la future vie de couple, a besoin d'offrir une solide spiritualité matrimoniale s'appuyant sur une solide théologie du sacrement. Ils doivent se rapporter aux situations spéciales et particulières dans lesquelles les couples se retrouvent maintenant et tenir compte de leur culture d'origine. Dans les Églises particulières d'Océanie, la préparation au mariage est au centre de l'attention des plans pastoraux des diocèses et des paroisses.

Un thème particulier qui ressort des réponses aux Lineamenta est le besoin d'enseigner clairement la vocation et la nature sacramentelle du mariage. Dans de nombreuses Églises locales, il existe divers programmes et mouvements pour aider les époux à avoir une vie matrimoniale féconde. L'Église doit soutenir et constamment aider les époux et la famille tout au long de leur parcours, spécialement au moyen d'une formation permanente au mariage, souvent réalisée par des rencontres de couples mariés, des cours pour les mariages en crise, des célébrations au niveau paroissial d'anniversaires de mariage, le développement de liens amicaux et de soutien entre les familles, l'approfondissement du sens de la paternité, le recours aux services sociaux catholiques pour les conseils et la thérapie, et d'autres mouvements visant à soutenir et à encourager le sacrement du mariage, etc.

Dans ce contexte, le ministère qui s'occupe des veuves et des orphelins est aussi très important. Le Bureau de la Vie Familiale de l'Église locale peut souvent apporter son assistance aux paroisses dans leur ministère en faveur des familles, en aidant aussi, de cette façon, à rappeler à l'Église ces familles qui sont devenues ou qui se sentent exclues. Les Instituts catholiques d'enseignements postscolaires et les Écoles catholiques représentent aussi un moyen important pour se concentrer sur les questions de la famille et du mariage, dans une société où le mariage est menacé.

Malgré ces efforts, un nombre croissant de mariages se solde par un échec avec ses conséquences tragiques pour la famille et la société tout entière. Le taux de divorce est très élevé dans certaines sociétés d'Océanie. Un grand nombre de couples veulent se marier à l'Église bien qu'ils aient perdu tout contact régulier avec la communauté paroissiale et ne parviennent pas à comprendre la nature sacramentelle du mariage. L'idée d'un engagement à vie et permanent est rarement considéré comme une valeur par la société civile, produisant de ce fait un effet négatif sur le lien du mariage. Les couples manquent souvent de maturité et de préparation quant à leur responsabilité pour élever et éduquer les enfants, ils sont confrontés à des difficultés financières et généralement affectés et influencés par la société permissive dans laquelle ils vivent.

Les effets pastoraux de la rupture du mariage sont ressentis dans les communautés locales. Les abandons de la foi à la suite d'un divorce et d'un remariage est un problème particulier. Dans les sociétés indigènes plus traditionnelles, certaines coutumes sont maintenant en mutation, avec les difficultés qui en découlent pour la vie de couple et la participation sacramentelle des membres de l'Église. Beaucoup insistent sur le fait que l'Église doit continuer à mieux expliquer le sacrement du mariage, souligner l'importance le partage d'une vie spirituelle et de prière, et présenter ses enseignements d'une manière telle que le mariage et la famille deviennent des instruments de sanctification pour les parents, les enfants, la communauté ecclésiale et la société.

Fréquemment, dans le cas de rupture d'un mariage, nombre de fidèles ont eu recours aux Tribunaux ecclésiastiques matrimoniaux, d'où la raison pour laquelle les annulations de mariage sont devenues plus largement connues et discutées dans la communauté. Mais tout le monde ne profite pas automatiquement de cette possibilité et il se crée souvent un malentendu quant à ce processus impliqué. Parfois, il apparaît, à certains, comme étant intimidant, cher, long et même privé de crédibilité. Beaucoup doit être fait pour expliquer le processus d'annulation afin qu'il puisse être clairement compris spécialement pour ceux qui sont confrontés à la tragédie d'une rupture de mariage.

De plus, les prêtres en paroisse et les autres agents pastoraux sont souvent confrontés à une variété de situations matrimoniales pour lesquelles la compassion alliée à la nécessité d'affirmer l'enseignement de l'Église sur le mariage et sa valeur sont requis. Dans ce difficile et douloureux processus, les prêtres et les autres agents peuvent devenir des instruments de paix et de réconciliation au milieu de la douleur. Ils sont les témoins courageux de la sainteté du mariage.

Les divorcés et les séparés tiennent une place particulière dans la sollicitude de l'Église et il y a encore beaucoup à faire pour les aider à la réintégrer et à leur faire sentir qu'ils en font partie, tout en maintenant en même temps l'enseignement authentique de l'Église.

La famille

46. Les réponses révèlent que la famille au sens large est une réalité et un idéal en voie de disparition; même le noyau familial montre des signes d'affaiblissement. Des pressions sans fin s'exercent et mettent au défi la famille en une époque de relativisme moral. Trop souvent les politiques sociales ne soutiennent pas la cellule familiale et aux difficultés viennent s'ajouter des pressions économiques. Les hommes font souvent passer leur métier ou leur carrière en premier et les femmes aussi ont souvent une occupation à plein temps. On accepte facilement les relations de facto et les médias plaident en faveur de relations extra-conjugales comme alternative à l'idéal de la famille chrétienne.

Le caractère éphémère des institutions du mariage et de la famille est aujourd'hui l'un des sérieux aspects négatifs en plusieurs régions de l'Océanie. Nombreux sont les couples qui vivent en concubinage avant le mariage. Un nombre considérable d'enfants naissent en-dehors du mariage, souvent avec des conséquences désastreuses pour eux, car il n'ont quelquefois aucun sens de leur identité personnelle et se sentent isolés et rejetés.

L'Église continue de soutenir la sainteté du mariage et la valeur de la vie familiale à travers ses institutions et ses programmes de formation et pastoraux. La famille doit être présentée comme une façon de vivre, comme une partie essentielle de l'identité de l'Église. Une aide doit être promptement et généreusement apportée à ceux qui œuvrent de toutes leurs forces en faveur de la vie familiale. La stabilité de la famille est intimement reliée à la foi. Une approche continue du mariage et de l'éducation familiale est l'occasion d'un développement de la foi, qui s'enrichit et enrichit la famille et chacun de ses membres. L'intégration de la foi et de la vie constitue les bases pour le développement d'une spiritualité familiale qui a le pouvoir de renforcer la vie familiale et éventuellement d'influencer le reste de la société. Les catholiques doivent être tout à fait conscients de l'enseignement de l'Église sur le mariage et la famille, sous tous ses différents aspects, afin que la famille puisse devenir un instrument de sanctification pour les parents et les enfants.

Les jeunes

47. Les jeunes sont l'avenir et l'espérance de l'Église. Ils jouent un rôle vital dans la vie et la mission de l'Église et méritent d'être encouragés et d'avoir la possibilité de découvrir et d'approfondir leur vocation chrétienne. Ils sont empreints du désir de créer un monde meilleur, plus juste et plein d'amour en dépit des dangers auxquels ils sont exposés, comme la drogue, les pressions sociales, le sécularisme, le consumérisme, etc. Ils entrent souvent en relations à l'intérieur d'une culture qui a tellement privatisé la religion qu'elle n'est pas considérée comme un facteur primordial dans leur style de vie. Les mœurs sexuelles des jeunes semblent être fortement influencées par la culture envahissante et dominante, et dans de nombreuses sociétés en Océanie, les relations sexuelles avant le mariage sont largement acceptées et pratiquées sans aucune restriction. Un nombre important de jeunes sont privés d'une saine expérience de vie familiale.

L'Église se trouve confrontée tout particulièrement au défi qui consiste à fournir à ses jeunes la connaissance, les compétences et la motivation pour leur choix de vie afin que le Christ devienne le centre et la source de leur désir de développer un monde meilleur. D'une manière particulière, l'Église s'efforce d'offrir aux jeunes le trésor de sa sagesse concernant les valeurs vitales du mariage et les bienfaits de la vie familiale. Beaucoup de réponses aux Lineamenta soulignent le besoin, de la part de l'Église, de confronter la jeunesse à leurs choix fondamentaux pour la vie dans le contexte du mariage et de la famille. L'énergie et l'espérance, que les jeunes possèdent, doivent être encouragées et canalisées afin qu'ils deviennent les témoins de la présence du Christ parmi les jeunes eux-mêmes et pour le reste du monde.


CHAPITRE IV

VOCATIONS ET CHARISMES

Le sacerdoce

48. L'Église tout entière est un peuple sacerdotal. Par le Baptême, tous les fidèles partagent le sacerdoce du Christ, le sacerdoce commun des fidèles. Il existe une autre participation à la mission du Christ, qui se fonde sur ce sacerdoce commun et est ordonnée à son service: le ministère conféré par le sacrement de l'Ordre, dont la tâche consiste à servir la communauté au nom et en la personne du Christ-Tête. D'une manière toute particulière et unique, la vocation au sacerdoce est essentielle à la vie de l'Église et à son enrichissement permanent, et tout spécialement sa vie sacramentelle. Le prêtre est «un autre Christ» puisqu'il prêche la Parole et administre les sacrements donnant la vie à ceux qui vivent la vie de Jésus-Christ. Sa vie est une vie de disponibilité et de total don de soi, une réponse sincère à une vocation authentique.

Dans certaines Églises particulières en Océanie, à savoir en Papouasie - Nouvelle-Guinée dans quelques îles du Pacifique, Dieu continue d'accorder à son peuple le bonheur d'avoir des vocations abondantes. Nombreuses sont celles qui concernent la vie sacerdotale et la vie religieuse. Par ailleurs, un discernement s'impose encore, car il existe de temps à autre des difficultés liées aux cultures locales et aux diverses conceptions du rôle de prêtre. Il y a parfois un manque de spiritualité et de vie profondément basée sur la prière. Quelquefois, en raison de leur style de vie ou même de leur engagement politique, le clergé adopte un comportement qui n'est pas celui auquel s'attendent les communautés locales. Les jeunes trouvent qu'il est très difficile de persévérer. Avec un peu de patience et de créativité, ces problèmes peuvent être résolus afin que les bienfaits de ces vocations enthousiastes puissent contribuer à la vie des Églises locales.

Dans d'autres sociétés d'Océanie, les vocations sont en telle diminution que de sérieuses difficultés sont à prévoir pour l'avenir. Ainsi, un bon nombre de petites communautés n'ont désormais plus de prêtre résident et ont donc perdu le centre Eucharistique de la communauté. Pour pallier ce manque de prêtres, les diocèses ont dû procéder à une planification pour l'avenir qui s'est aussi résolue avec une participation active des laïcs aux divers ministères de la paroisse. Il existe un problème lié au vieillissement du clergé et les communautés rurales éprouvent tout particulièrement des difficultés, compte tenu des distances et de leur dispersion.

Le rôle du prêtre a très fortement évolué depuis le Concile Vatican II, ce qui a entraîné des problèmes pour la perception que le prêtre a de lui-même et pour l'appréciation de sa vocation spéciale et unique. Des scandales impliquant le clergé ont eu un impact négatif sur l'image du prêtre et, de ce fait, sur les vocations, en plus les problèmes de la morale et de l'image du prêtre dans l'Église et dans la société en général. Dans certains cas, des violences sexuelles commises par quelques membres du clergé ont causé peine et souffrance spéciales à la communauté. Une grande sollicitude et sensibilité est demandée dans le processus de cicatrisation qui accompagne cette triste réalité. Toutefois, malgré ces difficultés, la présence assidue et l'œuvre apostolique d'un nombre incalculable de prêtres, fidèles à leur vocation, continue d'être un bienfait particulier et permanent pour les Églises locales en Océanie.

Pour mieux faire face à ce manque de vocations, diverses Églises particulières en Océanie ont lancé des programmes de pastorale des vocations qui incluent la prière, la réflexion et la discussion. Les écoles secondaires constituent un potentiel important pour renforcer la conscience de la vocation sacerdotale. L'aggiornamento du clergé a aidé les prêtres à prendre conscience de leur vocation spéciale et de leurs responsabilités envers la vie de l'Église.

Le diaconat permanent a été introduit dans divers diocèses pour apporter une aide dans divers domaines, tels que la liturgie, la catéchèse, l'administration et autres initiatives pastorales. On attend de l'Océanie une réponse créative afin de trouver des moyens de promouvoir les vocations, bien qu'il soit important de faire, quant à la manière dont l'Église exerce son action, une distinction très nette entre la vocation sacerdotale et la vocation des laïcs.

Une formation appropriée est vitale pour la vie et le ministère des prêtres dans l'avenir. Les séminaristes ont besoin de discerner et de développer une plus grande maturité spirituelle et émotive. Ils doivent se former à l'intérieur de la communauté qu'ils devront desservir et être pris par l'exigence du Royaume qui les soutiendra au milieu de leurs tâches et de leurs responsabilités liées à leur ministère. Dans ce contexte, une formation sérieuse et permanente au célibat est requise. Après les années passées au séminaire, les prêtres devraient avoir à la fois le pouvoir et la volonté d'expliquer ce que veut dire, pour eux, être prêtre. Dans certaines Églises particulières, des pré-séminaires ont été ouverts pour faciliter le discernement, et la formation et l'enseignement initial.

Un problème particulier a été signalé par certaines réponses aux Lineamenta: la difficulté de fournir des cadres convenablement préparés dans les divers domaines de formation: spirituelle, humaine, pastorale et intellectuelle. Dans les zones qui bénéficient d'un nombre appréciable de vocations, ce manque de personnel qualifié est aggravé par le besoin de nouvelles structures et installations dans les séminaires. Dans les autres pays, la formation a donné lieu à nombre de bienfaits, malgré les difficultés liées à la rencontre de cultures différentes.

La vocation des laïcs

49. La réalité de la vocation est une expérience intime propre à tous les fidèles du Christ. Chaque vocation est une réponse à un mode de vie choisi afin de vivre l'appel à la sainteté qui, en vertu du Baptême, appartient à tous dans l'Église. Tous les fidèles du Christ ont besoin d'apprécier et de comprendre leur appel à la sainteté et à l'évangélisation. Depuis le Concile Vatican II, le rôle des laïcs s'est développé et étendu dans la vie de l'Église, et ils se sont eux-mêmes considérés, avec raison, comme partie intégrale de l'Église. Leur contribution, comme collaborateurs dans les paroisses, est la bienvenue: membres des conseils pastoraux, conseillers financiers et juridiques, catéchistes et agents pastoraux. Ils sont en train de découvrir les implications que comporte le fait de vivre la vie du Christ dans la communauté locale de l'Église. Dans certaines zones d'Océanie, compte tenu du peu de vocations sacerdotales, ils ont assumé une responsabilité particulière par une participation beaucoup plus active et constructive, spécialement dans la paroisse. Ils se chargent de l'instruction de la catéchèse, ils s'intéressent de la préparation sacramentelle, ils sont responsables du travail des jeunes et des activités pastorales en général, et ils sont quelquefois appelés, dans des circonstances spéciales et selon la position qu'ils occupent dans la communauté ecclésiale, à diriger des services liturgiques dans les paroisses dépourvues de ministre ordonné.

Les laïcs ont besoin de préparation et de formation pour assumer et développer ces différentes responsabilités. Un grand nombre de laïcs étudient maintenant la théologie. Les centres d'éducation catholiques offrent des cours de théologie, de formation religieuse, de ministère pastoral, etc. Ils constituent, pour les laïcs, une aide importante pour la réalisation de leur vocation particulière dans l'œuvre d'évangélisation de l'Église en Océanie. Dans un monde qui a perdu tant de valeurs et qui a besoin de vérité, ils sont, dans leurs diverses professions, les témoins vivants des valeurs et des vérités de l'Évangile. D'une manière toute particulière, l'engagement des laïcs dans le mariage et la famille est une vocation spéciale de l'amour du Christ.

Dans de nombreuses sociétés d'Océanie, l'élan et l'effort missionnaires ont, à l'origine, beaucoup dépendu pour son efficacité pratique du rôle assumé par des individus dévoués qui, en réponse à l'Évangile, servaient d'intermédiaires entre le missionnaire et la population locale. Ces catéchistes sont devenus une institution de plein droit; leur rôle consistant en fait à organiser et à diriger diverses communautés disséminées, pour tout ce qui ne faisait pas partie des charges réservées au prêtre. Ils ont grandement contribué à implanter l'Évangile et à le rendre florissant. Leur rôle, bien qu'il évolue dans diverses Églises particulières, est encore d'une importance vitale pour l'œuvre d'évangélisation. Ils témoignent d'une manière spéciale des nombreux dons que l'Esprit offre à l'Église.

Nombre de ces dons et de ces charismes sont évidents sous d'autres aspects et en d'autres Églises locales en Océanie. En collaboration avec l'évêque local, chacun de ces dons a, à sa manière, insufflé une nouvelle force et un nouvel enthousiasme pour l'annonce de l'Évangile. Il existe des groupes du renouveau charismatique, des centres de prière, des groupes de vie chrétienne, des groupes de méditation chrétienne, et d'autres institutions officiellement reconnues par l'Église.

Le rôle des femmes, en de nombreuses parties d'Océanie, a fait l'objet d'une attention particulière depuis le Concile Vatican II. L'Église a cherché à promouvoir le rôle légitime des femmes dans la société et dans l'Église en reconnaissant leur contribution particulière à l'apostolat des laïcs et en les faisant participer à diverses activités au sein de l'Église. Une sensibilité continuelle quant à leur rôle est requise pour qu'elles enrichissent l'Église de leurs dons spéciaux. Une certaine vigilance s'impose dans l'utilisation du langage et, là où c'est possible, des femmes qualifiées doivent être appelées au service de l'Église. Dans nombre de communautés indigènes, des femmes font maintenant partie des nombreux apostolats de l'Église, mais des difficultés culturelles les empêchent d'être complètement acceptées en dépit de leur contribution vitale. Elles ne pourront participer et être pleinement reconnues dans l'Église que lorsque certains aspects de la société auront changé.

L'éducation catholique, avec tous ses divers domaines, représente un aspect important de la vie ecclésiale en Océanie. Les Écoles catholiques sont, pour l'Église, un moyen spécial pour procurer aux jeunes une éducation, pour enseigner et inculquer les valeurs chrétiennes si admirablement exposées dans l'Évangile. Elles fournissent des programmes structurés d'éducation à la foi pour les enfants et les jeunes adultes et, très souvent aussi, une expérience liturgique significative et enrichissante. En effet, dans certaines sociétés elles représentent souvent le seul lien avec l'Église, une réelle expérience de foi, tout en offrant un service à la communauté et à la nation. Les écoles jouent un rôle essentiel pour l'éducation à la foi des jeunes, et du fait que les religieux sont de moins en moins nombreux dans cette forme d'apostolat, les laïcs assument de plus en plus la responsabilité du fonctionnement de ces écoles. La vocation de l'enseignant catholique est une vocation spéciale et devrait être encouragée comme un moyen authentique pour vivre et annoncer l'Évangile.

Les Universités catholiques et les Instituts catholiques d'enseignement postscolaire ont, eux aussi, un important rôle à jouer en Océanie. Grâce à leur compétence dans le domaine de la foi et grâce à leurs différentes structures, ils constituent un instrument de dialogue avec le monde sécularisé. Leur contribution au niveau local de la vie de l'Église est très significatif. Les Facultés de théologie offrent à l'Église une richesse supplémentaire, leur mission étant d'éduquer les personnes dans la foi et de former les séminaristes. L'Université catholique assume un rôle institutionnel particulier dans l'Église, et ne peut de ce fait agir indépendamment de l'autorité épiscopale.

Les consacrés, les religieux et les religieuses

50. Certains symptômes indiquent qu'aujourd'hui le monde séculier est souvent un terrain vague, un vide spirituel. Même là où les chrétiens sont présents, le monde semble attendre et désirer un partage plus manifeste de la vie que Dieu offre en son Esprit. Ce désir s'exprime dans une recherche de spiritualité, sur laquelle on ne met pas suffisamment l'accent. Grâce à sa riche expérience historique, à l'abondance de sa doctrine, à l'exemple et au message de ses saints et de ses mystiques, l'Église, qui est sainte, est, en Océanie, mise au défi de formuler et de répandre une spiritualité vraiment appropriée au temps présent et aux nombreuses cultures de ses populations.

Parvenir à ce que le message chrétien soit vécu par les chrétiens dans leur vie quotidienne est, probablement, le plus grand défi posé à l'Église au seuil du Troisième Millénaire. Parfois, ce dont on a le plus besoin dans la célébration des sacrements, c'est d'un «sens de Dieu», c'est-à-dire d'une preuve que Dieu est intimement rencontré dans le silence de la prière contemplative. Parfois aussi, une perte du sens du sacré est décelée à la Messe, de même qu'une perte du sens du péché par la pratique non fréquente de la confession sacramentelle individuelle.

Dans la vie consacrée, ce désir de vie spirituelle est témoignée et réalisée d'une manière unique et spéciale. Dans la vie consacrée, les fidèles au Christ, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, se proposent de suivre le Christ au plus près, de se donner à Dieu en l'aimant par-dessus tout et, poursuivant la perfection de la charité dans le service du Royaume, d'être le signe et la manifestation dans l'Église de la gloire du monde à venir. Les Ordres contemplatifs, dont un certain nombre sont présents en Océanie, attestent d'une manière spéciale la transcendance de Dieu, témoignent de l'intimité de la communion entre la personne et Dieu. Leur présence dans les Églises particulières en Océanie est d'une très grande valeur et d'une importance considérable.

À la lumière du Concile Vatican II, les congrégations de vie active ont entrepris un processus approfondi d'aggiornamento. Ceci a souvent entraîné un changement radical dans leur activité apostolique, dans leur vie communautaire et d'oraison, et un témoignage renouvelé à leurs charismes d'origine. Les congrégations religieuses affrontent les défis liés à la diminution numérique et au vieillissement de leurs membres. Les religieux ont, dans une large mesure, disparu de nombre d'institutions catholiques ce qui signifie qu'elles se retrouvent privées de ce témoignage unique des exigences radicales du Royaume que fournissaient traditionnellement les religieux. Dans les zones les plus sécularisées d'Océanie, les vocations à la vie religieuse ont subi un dramatique déclin. Dans d'autres zones, telles qu'en Papouasie - Nouvelle-Guinée et dans les îles du Pacifique, c'est tout à fait l'inverse qui se produit avec un nombre constant de vocations religieuses au service de l'Église locale. En effet, dans certaines zones des congrégations religieuses locales doivent même être créées.

Les congrégations religieuses de certaines sociétés de type occidental éprouvent des difficultés à lutter contre les systèmes de valeurs dans lesquels elles se trouvent. Cela se manifeste de la manière suivante: la valeur du vœu de chasteté est souvent remise en question et il y a des difficultés à le vivre; l'abandon de formes traditionnelles d'apostolat n'a pas toujours été facile ni très volontiers apprécié; de nouveaux styles de vie se sont mêlés; les jeunes ne semblent pas être prêts à affronter le caractère radical de la vie consacrée; parfois, la vie de la prière semble avoir été réduite pour laisser place à une grande dépense d'activité, etc.

En même temps, quelques religieux ont fait preuve d'un grand sens de discernement spirituel dans une société séculière en entreprenant de nouvelles formes d'apostolat, comme le soin des malades du SIDA, l'apostolat auprès des sans-abri et des jeunes en crise, ou le choix du service des plus pauvres de la société. L'Église en Océanie apprécie le travail désintéressé des religieuses, en particulier de celles qui, dans de nombreux cas, ont à l'origine semé, et ont été intimement liées au développement du germe de la foi. Les fruits de leur apostolat continuent à enrichir l'Église. La vie consacrée vécue dans toute son authenticité, fait partager le dévouement pour le Royaume à travers les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, qui est un don spécifique pour l'Église et un témoignage de l'Évangile.


CHAPITRE V

LE MINISTÈRE DE COMMUNION

Structures favorisant la communion

51. La réalité théologique de la communio est au centre de la pensée de l'Église locale. L'Église et ses membres sont amenés à la communion de vie et d'amour de la Trinité tout comme les personnes sont amenées à l'unité par l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ce partage dans la communion de vie du Père, du Fils et du Saint-Esprit est la source de la relation chrétienne et la base des communautés chrétiennes. Le chrétien se retrouve quand il est activement pris dans l'expérience d'une relation d'amour avec Dieu et les autres à travers l'union intime avec son Fils dans une vie entièrement inspirée par l'Esprit.

L'Eucharistie est placée au centre de cette communio, source et sommet de la vie chrétienne. Par ce sacrement, l'identité de l'Église en tant que Corps du Christ est plus clairement ritualisée et réalisée. L'Église est mise au défi de trouver le moyen d'aider les personnes qui sont à la recherche d'un sens et de la vérité, à les trouver dans le Christ. Une vie basée sur une authentique communio chrétienne constituera une partie importante de ce processus.

Un diocèse jouit des ressources nécessaires pour être une Église particulière dans la communion de l'Église universelle. Par le ministère de l'évêque et par sa vie sacramentelle, il détermine sa propre vie de manière à pourvoir à tous les besoins essentiels des fidèles. La cathédrale est «l'église-Mère» du diocèse où l'Ordinaire, dans sa fonction de célébrant principal de la liturgie eucharistique, est la source de l'unité pour la communauté diocésaine et le lieu où est placée la chaire épiscopale, symbole de sa charge d'enseignement.

Dans bien des régions d'Océanie, les diocèses possèdent différents bureaux qui s'efforcent d'aider les paroisses et les aumôneries dans leurs activités pastorales. Ils offrent un soutien spécial sous forme de ressources et de compétence. Des programmes diocésains orientés sur des questions particulières donnent au diocèse un sens d'unité. Les membres de l'Église particulière sont souvent engagés dans une activité missionnaire. Dans certains cas, des synodes diocésains ont été organisés et le conseil pastoral diocésain est considéré comme un élément important de communion. La préparation pour le Jubilé a été aussi d'une grande aide pour construire et sensibiliser à la communion dans le diocèse et dans l'Église universelle.

Les paroisses restent le point de contact habituel des fidèles avec l'Église. La plupart des catholiques reconnaissent la paroisse comme étant la communauté où ils font l'expérience de l'Église en tant que communion, et où la qualité de la vie paroissiale a, pour ses membres, un effet significatif sur leur foi. Les paroisses devraient refléter le rôle central et critique qui est le leur dans le processus de construction de la communion. Parfois, elles constituent aussi la meilleure institution pastorale où les personnes éprouvent un sens d'appartenance, et elles représentent un moyen très spécial pour leur permettre d'accroître la conscience et l'appréciation du sens de leur croyance et de leur action comme disciples du Christ.

Un grand nombre de paroisses rassemblent des groupes à l'intérieur des limites de leur territoire dans lesquels la communion est renforcée et expérimentée par des programmes tels que: groupes liturgiques, préparation au mariage, Rite d'Initiation Chrétienne pour les Adultes (R.I.C.A.), groupes d'accueil, groupes pour la justice et la paix, pour favoriser l'œcuménisme, etc. L'École catholique aide aussi à la construction de la communion en tant que point de référence commun pour les catholiques qui, dans nombre de cas, n'auraient autrement que peu de contact avec l'Église.

Bien que, dans la paroisse, le prêtre assume un rôle crucial de témoin de l'Église, il existe maintenant une plus grande collaboration avec les laïcs et ils affrontent ensemble les diverses activités communautaires qui témoignent du Royaume de Dieu. Les paroisses isolées peuvent même représenter des situations privilégiées pour y construire la communauté, car c'est la communio ressentie et réalisée qui soutient souvent la vie chrétienne.

L'Eucharistie est, dans la paroisse, l'âme et le sommet de la communion qui donne force et sens à ses activités aux multiples facettes. Un nombre considérable de réponses aux Lineamenta soulignent le problème du nombre insuffisant des prêtres pour pouvoir assurer régulièrement l'Eucharistie dans de nombreuses paroisses. C'est, en Océanie, un aspect qui est tout particulièrement ressenti du fait de l'immensité du territoire et en conséquence de ses problèmes de distance et de répartition de population.

Les réponses indiquent qu'en de nombreux endroits les communautés ecclésiales de base ont été un moyen efficace pour concrétiser l'idée de communio. Dans ces communautés, la foi est approfondie et les personnes assument une plus grande responsabilité pour leur futur de communauté chrétienne. Florissantes dans des cultures plus traditionnelles, centrées sur la communauté, ces communautés sont un encourageant signe de croissance. De plus en plus de chrétiens sont convaincus qu'elles peuvent évangéliser plus efficacement les autres par leur exemple de vie en commun dans la paix et de promotion des valeurs chrétiennes d'amour mutuel et d'unité au sein de leurs différentes sociétés.

Les évêques et la communion

52. Les Pasteurs de l'Église, le collège des évêques ayant comme Chef le successeur de Pierre, sont appelés à diriger, à enseigner et à sanctifier les fidèles qui leur sont confiés. Leur fonction est d'enseigner la foi transmise par les apôtres, de sanctifier la vie des fidèles, particulièrement par le sacrifice Eucharistique, et de conduire leurs ouailles sur les chemins de l'Évangile. L'évêque est l'authentique magister. Il ne peut être un ministre de communion efficace que s'il enseigne la foi avec énergie, sensibilité et persévérance. Il est le foyer de l'unité du diocèse. Ses responsabilités sont grandes et ses décisions ont des conséquences importantes non seulement dans son propre diocèse mais souvent aussi hors de son diocèse. La Conférence épiscopale, dans un pays ou une zone donnée, joue un rôle important en aidant chaque évêque dans sa vocation, particulièrement au moyen des diverses commissions et bureaux de la Conférence. Les évêques ont besoin du soutien et des prières de leurs fidèles ainsi que de la coopération des diverses communautés chrétiennes locales. La désunion au sein de la communauté ecclésiale, tels que le dissentiment de l'enseignement authentique de l'Église ou une opposition déclarée à l'autorité de l'Église, affaiblit l'unité de l'Église et son témoignage effectif des vérités de l'Évangile. Parfois, ce manque d'unité est mis en évidence par la formation de groupes qui s'opposent les uns aux autres en raison de leurs divergences d'opinion quant au renouveau dans l'Église. Pour être fidèle à sa mission, à l'Église incombe la tâche d'enseigner les vérités éternelles. Pour cela, ce sont les évêques qui sont les authentiques maîtres de la foi et qui exercent leur vocation de premiers et fondamentaux agents de communion.

L'Église locale et l'Église universelle

53. Les réponses indiquent qu'en dépit des immenses différences culturelles de l'Océanie, les Églises particulières de cette zone savent que, unies avec leurs évêques et avec le Pape, le Vicaire du Christ sur la terre, elles ne sont pas seules pour chercher à suivre le chemin du Christ, proclamer sa vérité et vivre sa vie. Bien que l'Église en Océanie soit quelque peu isolée, les communautés locales continuent fidèlement de croire que l'Église est universelle.

Le partage des ressources aux différents niveaux est, en Océanie, une contribution que chacun fait à l'Église universelle. L'Église universelle s'enrichit grâce à sa présence en Océanie. L'intégration de la foi et de la culture en Océanie offre à l'Église une richesse puisque le message chrétien trouve une expression dans de nouveaux langages et donne de nouvelles significations aux spiritualités qui existent depuis des millénaires. La relative jeunesse des Églises particulières en Océanie, leur récente expérience missionnaire et leurs relations avec les populations indigènes leur permettent de parler avec une certaine fraîcheur à l'Église universelle. La riche universalité de tant de cultures et de traditions parmi leurs membres peut servir de modèle d'intégration.

Les Églises particulières en Océanie bénéficient grandement de l'Église universelle. Elles ont besoin de l'Église universelle avec son ancienneté et sa sagesse. Elles ont besoin de sentir qu'elles appartiennent à quelque chose de beaucoup plus grand qu'elles et qui s'appuie sur une tradition qui remonte à deux mille ans. Elles profitent de l'enseignement de l'Église universelle et continuent de faire l'expérience de sa générosité sur le plan matériel. Il est clair que les Églises particulières en Océanie dépendent, pour leur pleine identité et leur mission, de leur communion avec l'Église universelle. À cet égard, les visites du Pape en de nombreuses parties d'Océanie ont représenté une source de grande bénédiction et un puissant symbole d'unité.


CONCLUSION

Marie, Reine de la Paix

54. Quand les missionnaires se rendirent en Océanie, ils y portèrent la foi catholique avec sa grande dévotion mariale qui reste une partie intégrale de la tradition catholique. La mère de Jésus était pour eux un soutien permanent dans leurs efforts d'évangélisation, un refuge dans leurs peines et leurs difficultés. Sa statue a une place d'honneur dans de nombreuses chapelles et églises. Dans bien des régions de l'Océanie, elle est vénérée comme le Secours des Chrétiens.

En réponse à la prédication des missionnaires, la dévotion à Marie a trouvé une résonance profonde et joyeuse dans la communauté catholique. Les fidèles rappellent comment Marie les a toujours guidés et assistés en raison de la relation unique qu'elle a avec Jésus, le Chemin, la Vérité et la Vie. Plus récemment, les évêques l'ont nommée Patronne de la région du Pacifique sous le vocable de Reine de la Paix.

L'Évangile de Luc nous dit que Marie, tout de suite après avoir reçu le Verbe de Dieu dans son cœur et dans son sein, sortit en hâte et marcha à travers la montagne pour visiter sa cousine Élisabeth. Quand les deux femmes se rencontrèrent, Marie, inspirée par le salut de sa cousine, proclama la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu, annoncée par sa grossesse. Dans un chant d'allégresse, elle révéla l'extraordinaire vérité d'un nouveau monde à venir, un monde dans lequel Dieu régnerait avec puissance, un monde de justice et de miséricorde, un monde de paix éternelle. La nouvelle vie en elle, la vie de Jésus qu'elle nourrissait, allait naître comme le commencement promis de ce monde nouveau. En exerçant un rôle crucial dans l'Incarnation, en suivant les pérégrinations prophétiques de Jésus, et en restant souffrante au pied de la Croix, Marie devint la mère de tous les croyants. À la fin de sa vie, Jésus l'emporta dans son Royaume céleste, pour être avec Lui pour toujours. En tant que Reine de la Paix, elle intercède pour son peuple en Océanie.

Marie, Femme de Foi

55. C'est la foi de Marie qui lui permet d'être une mère et une reine particulières pour la communauté des croyants. En tant que femme de foi, elle accompagne les membres de l'Église tout au long de leur cheminement et de leur vie dans la foi. La foi emplissait son cœur quand elle accueillit Jésus. Sa foi l'a soutenu dans son ministère public, quand il proclamait la Bonne Nouvelle et apportait la guérison de Dieu. La foi de Marie l'a soutenue au pied de la Croix. Enfin, sa foi l'a fait prier avec les disciples rassemblés, qui attendaient et espéraient la venue de l'Esprit. De cette manière humble et cachée, elle a joué un rôle fondamental pour les débuts de l'Église. Sa foi est un exemple auquel peuvent s'inspirer tous ceux qui, en Océanie, cherchent à vivre l'Évangile, à le proclamer et à l'amener à donner de nouveaux fruits dans l'Église et dans la société.

En tant que Secours des Chrétiens, elle aidera l'Église universelle à réfléchir sur le présent et sur l'avenir de la communauté catholique en Océanie. En tant qu'Étoile de la Mer, elle offre une orientation et une lumière dans les tourmentes de la vie et de l'histoire. Elle est la lumière qui guide la marche de l'Église sur les pas de Jésus. Elle est un exemple encourageant pour tous ceux qui sont appelés à annoncer la vérité de Jésus. Elle est une mère nourricière pour ceux qui vivent la vie de Jésus. Elle indique toujours Jésus, son Fils. Sous son affectueuse protection, tous les croyants accepteront de plus en plus Jésus comme le Chemin, la Vérité et la Vie.

Marie, Reine de la Paix, priez pour l'Église et les peuples d'Océanie.


TABLES DES MATIÈRES

Avant-Propos III

Introduction

Un événement important et opportun 7

L'Église en Océanie est jeune 10

En suivant le thème 11

Se souvenir du passé de l'Église 13

Première Partie

Suivre le chemin de Jésus-Christ

La mission du Seigneur 15

La mission de l'Église 15

Chapitre I: Apostolat missionnaire

Conscience missionnaire 17

Un peuple investi d'une mission 19

Domaines de la mission 22

Chapitre II : L'Évangile et les nombreuses cultures

Puissance de conversion de l'Évangile 25

Une diversité de cultures 25

Culture et Évangile 26

Le défi de la culture occidentale moderne 28

Inculturation 30

Culture des jeunes 32

Chapitre III: Populations en mouvement

Urbanisation 35

Colonisation, migration, tourisme 36

Deuxième Partie

Proclamer la vérité de Jésus-Christ

Le Christ, la Vérité 39

La tâche d'évangélisation de l'Église 39

Chapitre I: Évangélisation

Diffuser la Bonne Nouvelle 41

Les défis actuels 42

Chapitre II: Annonce et catéchèse

Le Kerygme: la première annonce de l'Évangile 47

Le Concile Vatican II 49

La Catéchèse 50

Chapitre III: Éducation catholique

La foi et l'enseignement 55

Vers l'avenir 56

Chapitre IV: L'Œcuménisme

Vers l'unité des chrétiens 57

Préoccupations 57

Chapitre V: Le Dialogue interreligieux

Une pluralité de religions et de mouvements religieux 59

Les groupes au sein de l'Église catholique 60

Les autres Traditions 61

Chapitre VI: Justice et Paix

L'Année jubilaire: un appel à la justice 63

Action en faveur de la justice sociale 64

Troisième Partie

Vivant la vie de Jésus-Christ

La vie nouvelle dans le Christ 67

Une rencontre personnelle avec le Christ 67

Chapitre I: Les sacrements

Le renouveau au Concile Vatican II 69

La réforme liturgique 70

La vie par les sacrements 71

Chapitre II: La vie humaine et la santé

La vie, don de Dieu 75

Attitudes culturelles envers la vie 75

Questions morales 77

L'Église rend témoignage à la vie 80

Chapitre III: Mariage et Famille

Effets culturels 83

Le lien du mariage 84

La famille 86

Les jeunes 87

Chapitre IV: Vocations et charismes

Le sacerdoce 89

La vocation des laïcs 91

Les consacrés, les religieux et les religieuses 93

Chapitre V: Ministère de communion

Structures favorisant la communion 97

Les évêques et la communion 99

L'Église locale et universelle 100

Conclusion

Marie, Reine de la Paix 101

Marie, Femme de Foi 102

Tables des Matières 103

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