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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Des prêtres authentiques

vendredi, 9 décembre 2016

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°001 du 5 janvier 2017)

Le Pape François a remis idéalement aux séminaristes de Rome les icônes de saint Polycarpe, de saint François-Xavier et de saint Paul sur le point d’être décapité, en leur recommandant de vivre le sacerdoce comme d’authentiques médiateurs entre Dieu et le Peuple, joyeux également sur la croix, et non comme des fonctionnaires intermédiaires, rigides et mondains, attentifs uniquement à leurs propres intérêts et pour cela insatisfaits. Tel est le profil authentique du prêtre tracé par le Pape, qui a observé que dans le passage de l’évangile de Matthieu (11, 16-19) proposé par la liturgie, « il y a beaucoup de chrétiens insatisfaits qui ne réussissent pas à comprendre ce que le Seigneur nous a enseignés : ils ne réussissent pas à comprendre le noyau propre à la révélation de l’Évangile ». S’adressant directement à la communauté du grand séminaire pontifical romain, « aux séminaristes et aux formateurs », François a posé la question de savoir si « il y a également des prêtres insatisfaits ». « Parce que leur cœur est loin de la logique de Jésus ». Mais « quelle est la logique de Jésus qui donne pleine satisfaction à un prêtre? » : c’est « la logique du médiateur ». Jésus est « le médiateur entre Dieu et nous ; et nous devons prendre ce chemin de médiateurs et non pas l’autre figure qui lui ressemble tant mais qui n’est pas la même : celle d’intermédiaires ». Parce qu’il y a « une différence entre un médiateur et un intermédiaire ». En effet, « l’intermédiaire fait son travail et reçoit son salaire ». « Le médiateur, en revanche se perd lui-même pour unir les parties, donne sa vie, soi-même, le prix est celui-ci : sa vie, il paie de sa vie, de sa fatigue, de son travail, tant de choses ». Et « le curé » donne sa vie précisément pour « unir le troupeau, pour unir les gens, pour les conduire à Dieu ». Parce que « la logique de Jésus comme médiateur est la logique de s’anéantir soi-même ». Cela est donc « la logique : se vider, s’anéantir ». « Le prêtre est un médiateur très proche de son peuple, très proche ». L’intermédiaire, en revanche, « est celui qui est un fonctionnaire : il fait son métier, il fait les choses plus ou moins bien, puis il finit son travail et en prend un autre ». L’intermédiaire ne sait pas ce que signifie se salir les mains ; le médiateur vit en se salissant les mains parce qu’il est au milieu, là, dans la réalité, comme Jésus : sali par nos péchés ». « Pour se rendre importants, les prêtres intermédiaires empruntent le chemin de la rigidité : tant de fois, détachés des gens, ils ne savent pas ce qu’est la douleur humaine ; ils perdent ce qu’ils avaient appris chez eux ». En perdant ces choses, ils sont rigides, ces rigides qui déchargent sur les fidèles tant de choses qu’ils ne portent pas, comme le disait Jésus aux intermédiaires de son époque ». En somme, « la rigidité » signifie « le fouet à la main avec le peuple de Dieu : “cela peut se faire, cela ne peut pas se faire” ». Et « tant de gens qui s’approchent en cherchant un peu de réconfort, un peu de compréhension, sont éloignés par cette rigidité » Et « avec la rigidité » il y a aussi la mondanité ». Ainsi, « un prêtre mondain, rigide, est un prêtre insatisfait parce qu’il a pris le mauvais chemin ». « Dans l’examen de conscience considérez cela : aujourd’hui, est-ce que je suis fonctionnaire ou médiateur? Est-ce que je me suis protégé moi-même, j’ai cherché moi-même, mon confort, mon ordre ou ai-je fait en sorte que la journée soit au service des autres? ». L’attitude juste est celle de garder toujours « la porte ouverte » et de sourire : « même au milieu de tant de difficultés, le médiateur sourit, il est tendre, le médiateur a de la tendresse, il sait caresser un enfant ». En revanche, « l’intermédiaire est triste, toujours avec ce visage triste ». Au contraire, « le médiateur est ouvert : le sourire, l’accueil, la compréhension, les caresses et au milieu des difficultés, il a la joie ». Dans cette perspective, le Pape a voulu indiquer, en les empruntant « à l’histoire de l’Église,  trois icônes qui nous aideront : trois icônes de prêtres médiateurs et non pas intermédiaires ». La première icône est celle du « grand Polycarpe, la version néotestamentaire d’Eléazar : âgé, digne, maître de lui-même, ne négociant pas sa vocation et allant courageusement au bûcher et quand le feu l’entoure, les fidèles qui étaient là ont senti l’odeur du pain ». Et « ainsi finit un médiateur : comme un morceau de pain pour ses fidèles ». Et si dans la première icône est représenté « un vieillard », dans la deuxième voici « un jeune : saint François- Xavier » qui « meurt sur la plage de San-cian, en regardant la Chine, à l’âge de quarante-six ans ». Mais l’attitude de saint François-Xavier est de dire : « Que ta volonté soit faite, Seigneur ». Il « sait uniquement lui dire : “J’ai confessé ton nom jusqu’à la fin” ». Comme troisième icône, « très belle aussi et qui fait pleurer », le Pape a indiqué celle du « vieillard Paul aux Trois Fontaines : ce matin-là, tôt, les soldats sont allés le prendre et lui marchait courbé, comme s’il avait un poids sur les épaules ». Paul « savait très bien que ce qui lui arrivait était dû à la trahison de certaines personnes au sein de la communauté chrétienne : mais lui a tant lutté dans sa vie qu’il s’offre au Seigneur comme un sacrifice ». Et « il finit ainsi ». Le Pape a confié éprouver « tant de tendresse » en « regardant Paul de derrière, qui marche jusqu’au moment de sa décapitation ». Ce sont « trois icônes qui peuvent nous aider » à penser à « la façon dont je veux finir ma vie de prêtre : comme fonctionnaire, comme intermédiaire ou comme médiateur, c’est-à-dire en croix ».

 



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