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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS 
AU MINISTRE DU CLIMAT ET DE L’ENVIRONNEMENT
DE LA RÉPUBLIQUE DE POLOGNE, 
PRÉSIDENT DE LA XLIIe CONFÉRENCE DE LA FAO

Le moment actuel, encore marqué par la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19, montre combien le travail que la FAO accomplit dans la recherche de réponses appropriées au problème de l’insécurité alimentaire et de la dénutrition, qui continuent d’être de grands défis de notre temps, acquiert une importance particulière. Malgré les résultats obtenus au cours des décennies passées, beaucoup de nos frères et sœurs n’ont pas encore accès, en quantité comme en qualité, à l’alimentation nécessaire.

L’année dernière, le nombre de personnes exposées au risque d’insécurité alimentaire aiguë et ayant besoin d’un soutien immédiat pour survivre, a atteint le chiffre le plus élevé de ces cinquante dernières années. Cette situation pourrait s’aggraver à l’avenir. Les conflits, les phénomènes météorologiques extrêmes, les crises économiques, unies à la crise sanitaire actuelle, représentent une source de famine pour des millions de personnes. C’est pourquoi, pour affronter ces vulnérabilités croissantes, l’adoption de politiques capables de faire face aux causes structurelles qui les provoquent est fondamentale.

Pour apporter une solution à ces besoins, il importe surtout de garantir que les systèmes alimentaires soient résilients, inclusifs, durables et capables de fournir une alimentation saine et accessible à tous. Dans cette perspective, le développement d’une économie circulaire, qui garantisse des ressources pour tous, y compris pour les générations futures, et qui promeuve l’usage d’énergies renouvelables, est bénéfique. Le facteur fondamental pour sortir de la crise qui nous frappe est une économie à échelle humaine, non pas soumise au seul profit, mais ancrée dans le bien commun, amie de l’éthique et respectueuse de l’environnement.

La reconstruction des économies post-pandémiques nous offre l’opportunité d’inverser la tendance suivie jusqu’à présent et d’investir dans un système alimentaire mondial capable de résister aux  crises à venir. La promotion d’une agriculture durable et diversifiée, qui tienne compte du rôle précieux de l’agriculture familiale et de celle des communautés rurales, en fait partie. De fait, il est paradoxal de constater que ce sont précisément ceux qui produisent la nourriture, qui en subissent le manque ou la pénurie. Les trois quarts des pauvres du monde vivent dans des zones rurales et dépendent principalement de l’agriculture pour subvenir à leurs besoins. Toutefois, à cause du manque d’accès aux marchés, à la possession de la terre, aux ressources financières, aux infrastructures et aux -technologies, nos frères et sœurs sont les plus exposés à l’insécurité alimentaire.

J’apprécie et j’encourage les efforts de la communauté internationale visant à faire en sorte que chaque pays puisse mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour atteindre leur propre autonomie alimentaire, tant à travers de nouveaux modèles de développement et de consommation, qu’à travers des formes d’organisation communautaire qui préservent les écosystèmes locaux et la biodiversité (cf. Encyclique Laudato si’, n. 129, 180). Le recours au potentiel de l’innovation pourrait être d’une grande aide pour soutenir les petits producteurs et les aider à améliorer leurs capacités et leur résilience. Dans cette optique, le travail que vous accomplissez  revêt une importance particulière en la période actuelle de crise.

Dans la situation actuelle, pour pouvoir lancer la reprise, l’étape fondamentale est la promotion d’une culture du soin, disposée à affronter la tendance individualiste et agressive du déchet, très présente dans nos sociétés. Alors qu’un petit nombre sème tensions, affrontements et men-songes, nous sommes au contraire invités à construire, avec patience et détermination, une culture de la paix orientée vers des initiatives qui incluent tous les aspects de la vie humaine et nous aident à rejeter le virus de l’indifférence.

Chers amis, il ne suffit pas d’élaborer simplement des programmes pour donner une impulsion à l’action de la communauté internationale; il faut des gestes tangibles qui aient comme point de référence notre appartenance commune à la famille humaine et la promotion de la fraternité. Des gestes qui facilitent la création d’une société promotrice d’éducation, de dialogue et d’équité

La responsabilité individuelle -suscite la responsabilité collective, qui encourage la famille des nations à assumer des engagements concrets et effectifs. Il est pertinent que nous ne pensions «pas uniquement à nos intérêts, aux intérêts partisans. Saisissons cette épreuve comme une occasion pour préparer l’avenir de tous, sans écarter personne: de tous. En effet, sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne». (Homélie de la Messe de la Divine miséricorde, 19 avril 2020).

A travers mon salut cordial à vous, Monsieur le président de la conférence, ainsi qu’au directeur général de la FAO, aux représentants des différentes nations et Organisations internationales et aux autres participants, je désire vous exprimer ma gratitude pour vos efforts. Le Saint-Siège et l’Eglise catholique, avec leurs structures et leurs institutions, soutiennent les travaux de cette conférence et vous accompagnent dans votre engagement en faveur d’un monde plus juste, au service de nos frères et sœurs sans défense et démunis.

Fraternellement,

François



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