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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX MEMBRES DU V CONGRÈS DE
L’ASSOCIATION STOMATOLOGIQUE INTERNATIONALE

Vendredi 14 octobre 1966

 

C’est toujours pour Nous, Messieurs, un honneur et une joie d’accueillir ici des groupes qualifiés de chercheurs, d’hommes de science et de professeurs, et c’est de tout cœur que Nous souhaitons aujourd’hui la bienvenue aux membres du cinquième Congrès de l’Association stomatologique internationale, que vient de Nous présenter, en des termes si élevés, votre très digne Président.

Le professeur Andrea Benagiano n’est pas un inconnu pour Nous: il y a même longtemps que Nous le connaissons et que Nous l’estimons; et Nous ne sommes pas étonné du ton à la fois profondément humain et hautement spirituel qu’il a su donner à ses paroles.

Nous voudrions ajouter que vous non plus, Messieurs, n’êtes pas ici des inconnus ou des étrangers. Il Nous semble même avoir vu se créer, au cours des dernières années, une certaine tradition d’amitié entre le Saint-Siège et votre belle profession, Nous pensons surtout aux deux discours magistraux adressés par Notre Prédécesseur Pie XII à d’importants Congrès italiens de stomatologie, l’un, le 24 octobre 1946 et l’autre, le 23 octobre 1952. Cette tradition, Nous avons eu à cœur de la continuer Nous-même en accueillant, dès les premiers mois de Notre pontificat, le 24 octobre 1963, un nouveau Congrès de stomatologues. Et en vous revoyant aujourd’hui autour de Nous, il Nous semble retrouver des figures connues et amies.

C’est que le ministère que vous exercez - s’il Nous est permis de l’appeler ainsi - n’est pas sans affinités avec celui de l’Eglise, et cela pour toutes sortes de raisons, que Nous aurions aimé à développer devant vous si votre temps et le Nôtre n’était pas si limité. Permettez-Nous du moins d’en soumettre brièvement quelques-unes à votre bienveillante attention.

Il y a d’abord à cette affinité des raisons d’ordre général: celles qui concernent les rapports de l’Eglise avec la science et avec le monde. «L’Eglise - Nous le disions Nous-même à ceux qui vous précédèrent ici il y a trois ans - regarde vers le progrès scientifique, et vers le progrès professionnel qui en découle, avec admiration, avec sympathie, avec confiance». Cette attitude optimiste de l’Eglise, qui repose sur sa conception religieuse du monde, a été confirmée depuis avec éclat, vous le savez, par le second Concile œcuménique du Vatican. Vous aurez remarqué notamment le «Message aux hommes de la pensée et de la science», que vous adressaient les Pères conciliaires, avant de se séparer, le jour de la clôture de cette solennelle assemblée:

«Nous ne pouvions pas, vous disaient-ils, ne pas nous rencontrer: votre chemin est le nôtre, vos sentiers ne sont jamais étrangers aux nôtres. Nous sommes les amis de votre vocation de chercheurs, les alliés de vos fatigues, les admirateurs de vos conquêtes, et - s’il le faut - les consolateurs de vos découragements et de vos échecs» . . . «Jamais peut-être, grâce à Dieu - ajoutaient-ils - n’est si bien apparue qu’aujourd’hui la possibilité d’un accord profond entre la vraie science et la vraie foi». Et ils en indiquaient la raison: elles sont l’une et l’autre - la science et la foi - servantes de l’unique vérité.

Elles sont aussi servantes de l’humanité. et c’est un nouveau motif d’affinité entre l’Eglise et les hommes de science: sous des aspects différents, leur intérêt se porte sur le même objet - disons mieux, sur le même sujet: l’homme; et dans le même but: procurer son bien, spirituel ou temporel.

Combien cela est plus vrai encore, Messieurs, quand il s’agit non plus de la science abstraite et théorique, mais de la science appliquée, comme la vôtre.

Votre interprète a évoqué en termes émouvants les prodiges réalisés de nos jours par cette jeune science qu’est l’orthopédie dento-maxillo-faciale: que de traumatismes, causés par des accidents à la bouche et au visage, sont soumis aujourd’hui à votre habileté professionnelle? Quels trésors de science, de dextérité, de perspicacité, d’audace même il vous faut déployer pour redonner à des êtres défigurés et malheureux une figure humaine! Et quelle récompense pour vous - on Nous le disait tout à l’heure - de voir à nouveau le sourire s’épanouir sur le visage de ces infortunés, qui semblaient parfois aux portes de la mort ou du désespoir!

Vous êtes les premiers, dans ce cas, à admirer les ressources cachées dans cette merveille des merveilles qu’est le corps humain. Si le corps de l’homme est bien, en effet, dans l’ordre des choses visibles, le chef-d'œuvre du Créateur, il est facile de comprendre la profonde estime et le traditionnel respect que la sainte Eglise a toujours portés à la profession médicale.

Mais s’il est une partie du corps qui l’emporte sur les autres par sa position, sa noblesse, son rôle dans l’expression de la pensée et du sentiment, c’est bien le visage et en particulier la bouche.

Où peut-on, mieux que sur le visage, retrouver cette «image et ressemblance» que le Créateur imprima à sa créature? Et n’est-ce pas à sa bouche que l’homme confie les secrets de sa pensée et de son cœur? N’est-ce pas par la bouche que depuis 20 siècles se transmet aux générations le message évangélique qui apporte au monde la sanctification et le salut?

Et c’est ici, Messieurs, que Nous touchons la raison plus profonde, plus spécifique de cette affinité que l’Eglise aime à découvrir non seulement avec l’homme de science en général, ou le médecin en particulier, mais avec le stomatologue, celui entre les mains duquel l’homme remet ce qu’il a dans son corps de plus précieux et de plus délicat.

Pie XII le notait déjà: votre profession et votre mission ne sont peut-être pas appréciées et connues comme elles le mériteraient. On ne réfléchit pas assez à tout ce qu’elles supposent de science, d’art, de tact, de sens psychologique, de patience, de résistance physique aussi, sans parler de l’aspect humanitaire et social de premier plan qui caractérise l’activité du stomatologue.

Nous avons plaisir à le redire à une assemblée aussi nombreuse et aussi distinguée que la vôtre: l’Eglise a la plus grande estime pour ce qui fait l’objet de vos recherches. Elle vous est reconnaissante, au nom du Christ, du bien que vous faites à l’humanité souffrante. Elle est heureuse de vous voir poursuivre, sans vous laisser arrêter ou décourager par les difficultés, les efforts scientifiques dont témoignent vos savantes réunions et qu’illustre l’Exposition de matériel odontologique que vous venez d’inaugurer au Palais des Congrès.

C’est donc de grand cœur qu’au terme de ce trop bref entretien Nous aimons à invoquer la divine assistance sur les activités, aussi savantes que bienfaisantes, qui sont les vôtres. Nous l’invoquons sur vos personnes, sur vos familles, sur tous les membres de votre association, et Nous vous accordons à tous, bien volontiers, la Bénédiction Apostolique que vous êtes venus Nous demander.

                                                      



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