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MESSAGE DU PAPE PAUL VI
À UN PÈLERINAGE
D’ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES DE CHARTRES

Dimanche 9 mai 1971

 

Chers amis,

«Dans la nuit, j’ai cherché» (J. LOEW, Paris, Cerf 1969). Cet aveu d’un contemporain, qui de nous ne pourrait le faire sien? Chercher Dieu! N’est-ce pas toute la grandeur de l’homme d’avoir en lui cette soif de Dieu? Vous avez médité sur ce thème, en chapitres, tout au long de votre pèlerinage de Chartres, et cela Nous réjouit profondément, Nous qui proposions cette réflexion l’été dernier aux pèlerins de Rome comme un devoir primordial, une recherche sans repos, une course sans fin (Audiences du mercredi, du 22 juillet au 9 septembre 1970; Documentation Catholique, t. LXVIII, 1970, pp. 752-759, 802, 805, 852-855).

Dieu! «Qu’est-ce que Dieu» (Cfr. J. C. BARREAU, Paris, Seuil 1971). Le Dieu des philosophes et des savants? Le Dieu de Jésus-Christ? Pourquoi opposer ces diverses voies d’approche de Celui qui est «le seul Dieu, le Dieu vivant et vrai»? (Cfr. Préface de la prière eucharistique, IV) Il n’en reste pas moins, nous le croyons, «pour une rencontre réelle avec Dieu, qu’un seul chemin; le chemin vivant qui a nom Jésus-Christ» (R. P. H. DE LUBAC, S. J., Sur le chemin de Dieu, Paris, Aubier, Foi Vivante, 22, 1966, p. 257), lui qui est «le Chemin, la Vérité, la Vie»! (Io. 14, 6)

Pourquoi nous mettre à la recherche de Dieu? Sans lui, n’est-il pas possible de vivre, d’espérer, de construire un monde juste et fraternel? Loin de nous l’idée de vouloir diminuer les mérites de tous les hommes de bonne volonté. Mais, nous le savons pourtant, il ne suffit pas de disposer de tant de moyens d’agir, pour trouver en soi des raisons de vivre et un sens à son existence, sans parler d’une possibilité de se guérir du péché et de vivre par delà la mort. Comment pourrait-il en être autrement, si Dieu est l’Auteur de la vie, et le Sauveur de l’homme? La tentation la plus subtile, qui témoigne à la fois de la noblesse de l’homme et de son orgueil, ne serait-elle pas de vouloir se sauver soi-même?

Mais, chers amis, on ne recherche pas Dieu seulement parce qu’on en a besoin, parce qu’il vient nous réconforter dans notre faiblesse ou notre solitude, ou parce qu’il nourrit notre espoir et stimule le dynamisme de notre action, tout en nous arrachant au mal. Ecoutons le Christ lui-même nous dire: «Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît» (Matth. 6, 33).

Oui, Dieu existe en lui-même, il demande à être recherché pour soi-même, simplement parce qu’il est, qu’il est vrai et réel, qu’il est beau et bon, qu’il est la cause, la source et la fin de toute vérité et de toute réalité, de tout bien comme de toute beauté.

Même si l’homme d’aujourd’hui en venait à manquer de foi, l’existence de Dieu, sa présence au monde et son plan d’amour n’en subsisteraient pas moins: «Dieu est plus grand que notre cœur» (Io. 3, 20).

Comment chercher Dieu, chers amis, sinon avec une grande confiance? Bien loin d’être un objet qu’on possède, Dieu est un amour auquel on s’ouvre, car il se donne comme une personne vivante, comme un Père, comme un Frère, comme un Esprit d’amour. On accepte sa lumière. On se laisse attirer par lui, pôle toujours actif de notre existence comme de tout l’univers. On le cherche dans la réflexion, le partage fraternel, la contemplation fervente, avec «les yeux illuminés du cœur» (Cfr. R. P. CARRÉ, Paris, Cerf 1970). Comment se révélerait-il à celui qui ne prie pas? Et pour venir plus sûrement à sa lumière, «faites la vérité» (Io. 3, 21). La volonté d’amour fraternel vous mettra sur son chemin quand votre coeur sera élargi, purifié et éclairé. «Nul n’a jamais vu Dieu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous» (1 Io. 4, 12).

Avec saint Paul, Nous vous en assurons: «Il n’est pas loin de chacun de nous» (Act. 17, 27). Et avec saint Pierre, à qui le Christ a confié la tâche de confirmer ses frères dans la foi (Cfr. Luc. 22, 31), Nous vous le disons: «approchez- vous de lui» (1 Petr. 2, 4). Vous le reconnaîtrez à la fraction du pain (Cfr. Luc. 24, 31), et vous saurez que «connaître Dieu, c’est être connu de lui» (Cfr. Dieu aujourd’hui, Semaine des intellectuels catholiques, Recherches et Débats, 52, Paris, Desclée de Brouter, 1965, p. 175).

Avec les apôtres, avec Marie, persévérons dans la prière (Act. 1, 14). Que l’Esprit-Saint fasse de nous des témoins authentiques du Dieu vivant, des messagers de son amour. Et Nous, en son nom, Nous vous bénissons.

Du Vatican, le 9 Mai 1971

PAULUS PP. VI

 



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