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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX MÉDECINS DU NORD DE LA BELGIQUE

Samedi 23 avril 1977

 

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes heureux de vous adresser notre salut cordial en vous accueillant ce matin dans la maison du Père commun de tous les catholiques.

Puisque vous vous êtes réunis en Congrès pour approfondir votre information médicale, vous attendez de Nous bien certainement, au cours de ces journées, une parole qui soit pour vous, malgré sa brièveté, un appel à la réflexion et un encouragement.

La médecine moderne devient de plus en plus inaccessible au profane à cause de la complexité de ses techniques et de son langage. Ceci Nous a frappé en parcourant votre programme. Cependant, le haut niveau scientifique auquel doit parvenir tout médecin ne saurait voiler ou diminuer le sens de l’humain, l’attention aux personnes qui ont caractérisé depuis toujours l’exercice de la médecine et en ont fait la grandeur.

Dans ce domaine de l’étique médicale, Nous voudrions de nouveau insister sur son fondement: le respect inconditionnel de la vie, depuis son commencement. Il importe en effet de bien comprendre pourquoi ce point essentiel à toute civilisation digne de ce nom est aujourd’hui mis en cause, et pourquoi il est nécessaire de s’opposer fermement à ce qu’on a nommé, si improprement, une «libéralisation».

L’Eglise catholique a toujours vu dans l’avortement un crime abominable, car le respect absolu de la vie en son commencement se réfère aux mystères de la création et de la rédemption: dans Notre Seigneur Jésus-Christ, tout homme, même celui dont la vie physique est la plus disgraciée, est appelé à la dignité de fils de Dieu. Tel est l’enseignement de la foi. Tout chrétien doit en tirer les conséquences et ne pas se laisser aveugler en ce domaine par de prétendues nécessités sociales ou politiques. Encore moins pourrait-il se targuer du devoir de respecter l’opinion de ceux qui ne partagent pas ses convictions. La foi chrétienne, en effet, ne fait qu’éclairer de sa lumière surnaturelle une attitude morale qui apparaît, de manière universelle, comme une exigence fondamentale de toute conscience droite et qui, pour cela, est à juste titre référée à ce qui est constitutif de l’humanité même, à sa nature au sens philosophique du terme. Il faut donc savoir mettre en valeur cette réalité morale supérieure, cette loi non écrite située dans le cœur même de l’homme et qui seule peut servir de fondement à un vrai consensus social et à une législation digne de ce nom.

En tant que médecins, cependant, conscients des exigences scientifiques et éthiques de votre profession, vous avez un rôle particulier et très important d’information et de formation à remplir, selon vos diverses spécialités, pour montrer les graves erreurs sur lesquelles s’appuie la propagande en faveur de l’avortement. Qui mieux que vous, souvent, peut dénoncer les manipulations statistiques, les affirmations hâtives dans le domaine biologique, les répercussions désastreuses au plan physiologique et psychologique?

En vous encourageant ainsi à cette lutte en faveur de la vie, Nous n’ignorons pas, vous le savez bien, les graves problèmes que vous rencontrez dans l’exercice de votre profession. Il faut une conscience éclairée pour les résoudre concrètement, non sans angoisse bien souvent, sans sacrifier aucune des valeurs en cause. N’est-ce pas là aussi que le rôle du médecin, s’appuyant sur sa compétence technique mais la dépassant, prend sa pleine dimension: être vraiment un homme à qui rien d’humain n’est étranger?

Vous, qui êtes des hommes de recherche, puissiez-vous faire progresser toujours de pair votre savoir et la conscience de vos responsabilités! Vous pouvez être certains que Nous recommandons vos intentions au Seigneur, en lui demandant de bénir vos personnes, vos familles et tous ceux qui viennent se confier à vous.

                     



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