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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL
DE L'« AMERICAN CYANAMID COMPANY-LEDERLE
LABORATORIES DIVISION »
*

Dimanche 21 octobre 1956

 

Il nous est agréable, Messieurs, de vous recevoir ici à l'occasion du Congrès international, qui réunit à Naples les dirigeants et concessionnaires de la « Lederle Laboratories Division » de l'« American Cyanamid Company ». Le secteur de cette société, à laquelle vous prêtez votre collaboration, comprend quarante-trois pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Océanie et leur fournit des médicaments réputés, à la production desquels ont travaillé une équipe très nombreuse de chercheurs et de vastes laboratoires équipés des installations les plus modernes. Vous-mêmes êtes chargés de diriger et de stimuler cet effort et les responsabilités qui vous sont confiées témoignent de votre esprit d'entreprise et de votre haute conscience professionnelle.

Le présent Congrès a pour but d'examiner les problèmes particuliers, auxquels vous avez à faire face, chacun dans votre pays, et à tenter de les résoudre en les confrontant avec les expériences faites ailleurs. Nous sommes certain que vos réunions portent leur fruit et que de vos discussions sortiront des indications précieuses, qui vous aideront à poursuivre plus efficacement votre tâche.

La fabrication et la diffusion des produits pharmaceutiques obéit sans doute aux mêmes lois économiques que toutes les autres activités industrielles et commerciales ; là comme ailleurs il faut conquérir le marché, s'y maintenir par la haute qualité des produits fournis, explorer constamment les possibilités d'expansion ultérieure. Il importe de ne point rester en retard sur les concurrents, de stimuler sans cesse la recherche scientifique, afin de pouvoir présenter au public des médicaments toujours meilleurs et plus efficaces, qui attireront une demande accrue. Mais plus encore qu'en d'autres activités économiques, l'aspect commercial de votre travail n'a de sens et de valeur, que dans la mesure où il représente un véritable service social, nécessaire à la subsistance ou du moins à l'amélioration du niveau de vie d'un grand nombre d'hommes. La fabrication et la diffusion de médicaments d'une qualité éprouvée contribue à sauvegarder la santé de millions de personnes, ce bien plus précieux que toute richesse matérielle.

La médecine accomplit à l'époque présente d'incessants progrès dans la connaissance des maux du corps humain et de leurs causes. Mais il appartient à la pharmacie de préparer les remèdes capables d'enrayer les maladies et d'en vaincre les causes, sans toutefois provoquer d'autres dommages dans l'organisme. Problème ardu, que la marche rapide de la science oblige à reposer constamment en termes différents, à mesure que se révèle davantage la complexité inouïe des organes et des fonctions, la nature des agents chimiques, qui y sont à l'œuvre et la possibilité d'intervenir sur eux pour en bloquer ou en favoriser l'action. La chimie par ailleurs s'ingénie à analyser la structure des molécules, à la modifier, à la reconstruire même et chaque année quantité de corps nouveaux, souvent éphémères, voient ainsi le jour dans les laboratoires. Choisir parmi eux ceux qui offrent des garanties de succès, les expérimenter longuement, vérifier avec soin leur toxicité pour l'organisme humain et, finalement, mettre au point les méthodes les plus rapides, les plus sûres et les plus économiques pour réaliser la production en masse ; voilà les problèmes qui se posent couramment à l'industrie chimique pharmaceutique. Qui recueillera enfin le profit le plus tangible de tout ce travail sinon le malade auquel les remèdes ainsi préparés apportent soulagement et guérison ?

L'importance du service, que vous rendez ainsi, doit vous inspirer, Messieurs, la résolution de vous consacrer de tout cœur à votre tâche, non dans le seul but d'en retirer un profit légitime, mais avec la conscience de travailler pour le bien de l'humanité, de tant d'hommes, à qui vous pouvez apporter un secours apprécié et l'apaisement de leurs souffrances. Si des difficulté rendent pénible votre labeur, si parfois des sacrifices s'avèrent nécessaires, songez aux intérêts supérieurs qui y sont attachés et en particulier aux avantages qu'en retireront ceux que leur condition sociale laisse dépourvus des commodités courantes et même parfois des biens les plus nécessaires à la vie. Parmi les pays, que vous représentez, certains ont dans le domaine de la santé publique de sérieux problèmes à résoudre. Il vous appartient de contribuer à leur solution dans toute la mesure, où votre puissante organisation le permet. Certains d'entre eux sont trop chers pour que l'initiative privée puisse seule en venir bout, mais du moins ne peut-elle jamais s'en désintéresser, quand elle dispose de ressources matérielles et techniques susceptibles d'apporter une aide appréciable.

Aussi sommes-Nous certain, Messieurs, que les progrès de votre société se traduiront par une élévation des conditions de santé des populations chez lesquelles vous travaillez, et Nous souhaitons de tout cœur que vous-mêmes, par votre désintéressement, votre sens moral, votre souci constant d'une collaboration généreuse au service de ceux qui en ont besoin, remplissiez dignement la tâche sociale qui vous incombe.

Nous prions la Divine Providence de seconder vos efforts, et en gage de ses faveurs, Nous vous accordons à vous-mêmes, à vos collaborateurs et à vos familles Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVIII,
 Dix-huitième année de Pontificat, 2 mars 1956 - 1er mars 1957, pp. 593 - 595
 Typographie Polyglotte Vaticane

 



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