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crois, tu verras la gloire de Dieu ? » (
Jn
11, 40).
Celui qui croit, voit ; il voit avec une lumière qui
illumine tout le parcours de la route, parce quâÂÂelle
nous vient du Christ ressuscité, étoile du matin
qui ne se couche pas.
Une lumière illusoire ?
2.âÂÂCependant, en parlant de cette lumière de la
foi, nous pouvons entendre lâÂÂobjection de tant
de nos contemporains. àlâÂÂépoque moderne on
a pensé quâÂÂune telle lumière était suffisante pour
les sociétés anciennes, mais quâÂÂelle ne servirait
pas pour les temps nouveaux, pour lâÂÂhomme de-
venu adulte, fier de sa raison, désireux dâÂÂexplorer
lâÂÂavenir de façon nouvelle. En ce sens, la foi ap-
paraissait comme une lumière illusoire qui em-
pêchait lâÂÂhomme de cultiver lâÂÂaudace du savoir.
Le jeune Nietzsche invitait sa sÅÂur ÃÂlisabeth Ã
se risquer, en parcourant « de nouveaux chemins
(â¦) dans lâÂÂincertitude de lâÂÂavancée autonome ».
Et il ajoutait : « à ce point les chemins de lâÂÂhu-
manité se séparent : si tu veux atteindre la paix
de lâÂÂâme et le bonheur, aie donc la foi, mais si tu
veux être un disciple de la vérité, alors cherche ».
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Le fait de croire sâÂÂopposerait au fait de chercher.
àpartir de là , Nietzsche reprochera au
christia-
nisme dâÂÂavoir amoindri la portée de lâÂÂexistence
humaine, en enlevant à la vie la nouveauté et
lâÂÂaventure. La foi serait alors comme une illu-
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Brief an Elisabeth Nietzsche
(11 juin 1865), in :
Werke in
drei Bänden
, München 1954, p. 953s.