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137/2009S – ED

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

Note de présentation du Décret Cum sanctissima
sur la célébration liturgique en l’honneur des saints
dans la forme extraordinaire du Rite Romain

 

Avec le décret Cum sanctissima du 22 février 2020, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui, depuis janvier 2019, s’occupe des matières précédemment attribuées à la Commission pontificale "Ecclesia Dei"[1], a achevé le travail entrepris depuis plusieurs années par cette Commission pour répondre à la demande du Pape Benoît XVI de faciliter la célébration, dans la forme extraordinaire du Rite Romain, des saints les plus récemment canonisés[2]. En effet, le sanctoral de la forme extraordinaire étant déterminé par les livres liturgiques en vigueur en 1962, les saints canonisés par la suite en étaient exclus.

L’étude faite en vue de l’élaboration d’une solution pratique qui permette la célébration des saints les plus récents dans l’Usus Antiquior a été l’occasion d’affronter les multiples aspects du problème, comme le caractère très dense du calendrier existant – spécialement en ce qui concerne les fêtes de IIIe classe – ainsi que la considération de toutes les répercussions d’éventuels changements, sans oublier la cohérence – toujours préférable – entre Messe et office, et la question des textes liturgiques à utiliser.

C’est ainsi qu’il a paru opportun de ne pas s’occuper de tel ou tel saint récent, mais d’établir un principe général qui donne la possibilité de célébrer, dans le cadre normatif d’ensemble de la forme extraordinaire et quand le jour liturgique le permet, tout saint canonisé depuis les années soixante, le jour de sa fête liturgique.

Plus précisément, le décret élargit le champ d’application des missæ festivæ latiore sensu du n. 302-c des Rubricæ Generales Missalis Romani (qui ne comprenait jusqu’ici que les jours de IVe classe), à une partie des fêtes de IIIe classe ainsi qu’aux vigiles de IIIe classe[3] (cf. décret, n. 1). Il en découle évidemment que ces nouvelles dispositions sont sans aucune incidence sur les autres célébrations, en particulier celles de Ière ou de IIe classe. Simultanément, le décret précise qu’une messa festiva latiore sensu peut également être célébrée en l’honneur des saints canonisés après le 26 juillet 1960 (date de la dernière mise à jour du Martyrologe de la forme extraordinaire), le jour de leur fête liturgique (n. 2).

Ce principe étant posé, les autres dispositions du décret donnent les précisions utiles qui en dérivent, comme l’application à l’office divin, qui doit en ce cas être entièrement célébré en l’honneur du saint (n. 3), la nécessité de faire la commemoratio de la fête de IIIe classe prévue au calendrier (n. 4) le cas échéant, ainsi que les règles de choix des textes liturgiques (n. 5). A ce sujet, il faut noter les trois sources où l’on trouvera ces textes, le Proprium Sanctorum pro aliquibus locis déjà présent dans le Missel de la forme extraordinaire, un supplément encore à publier par le Saint-Siège et, seulement à défaut de ces deux derniers, le Commune Sanctorum actuel.

Il faut souligner que la célébration des saints les plus récents conformément à ces nouvelles dispositions n’est qu’une possibilité et qu’elle reste donc facultative. Si l’on désire célébrer les saints en suivant le calendrier de la forme extraordinaire tel que le prévoit le livre liturgique, on reste libre de le faire. A ce sujet, il est bon de rappeler que l’existence de fêtes facultatives en l’honneur de saints n’est pas une nouveauté absolue dans le Rite Romain, étant donné que, durant la période post-tridentine et avant la réforme des rubriques due au Pape saint Pie X, le calendrier a comporté jusqu’à vingt-cinq de ces fêtes ad libitum.

D’autre part, le nouveau décret ouvre une possibilité supplémentaire au cas où l’on célèbre selon le calendrier en vigueur, mais en désirant honorer en même temps d’autres saints fêtés le même jour. En effet, selon le n. 6, il est possible d’ajouter la commemoratio d’un saint mentionné dans le Proprium pro aliquibus locis ou dans le supplément dont il a été question plus haut.

Pour la mise en œuvre des dispositions du décret dans les célébrations liturgiques en l’honneur des saints, il est évidemment fait appel au bon sens pastoral du célébrant. Pour le cas particulier des célébrations dans les Instituts religieux et les Sociétés de vie apostolique, le n. 7 du décret donne quelques précisions utiles.

Le décret s’achève (n. 8) avec une liste de soixante-dix fêtes de IIIe classe dont la célébration ne peut jamais être empêchée par ses dispositions. Cette liste, donnée en annexe, reflète l’importance particulière de ces fêtes, évaluée en suivant des critères précis, comme par exemple l’importance des saints en question dans le plan du Salut ou dans l’histoire de l’Église, leur importance en raison de la dévotion qu’ils ont suscitée ou des écrits qu’ils ont laissés, ou bien l’ancienneté de leur culte à Rome.


[1] Cf. François, Lettre Apostolique en forme de "Motu Proprio" sur la Commission pontificale "Ecclesia Dei", 17 janvier 2019.

[2] "Dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints (…). La Commission « Ecclesia Dei », en lien avec les diverses entités dédiées à l’Usus Antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pratiques": Benoît XVI, Lettre aux Évêques qui accompagne la Lettre apostolique "Motu proprio data" Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970, AAS 99 (2007), 798. Par la suite, cette demande avait été confirmée et complétée en 2011, dans l’Instruction Universæ Ecclesiæ de la même Commission pontificale ; cf. Commission pontificale "Ecclesia Dei", Instruction sur l’application de la Lettre Apostolique Summorum Pontificum donnée motu proprio par S.S. le Pape Benoît XVI, n. 25, AAS 103 (2011), 418.

[3] En réalité, il n’existe qu’une seule vigile de IIIe classe dans le calendrier de la forme extraordinaire, celle de saint Laurent le 9 août. A ce sujet, il est bon de rappeler que, de 1568 au Codex Rubricarum de 1960, les vigiles non privilégiées comme celles des fêtes de saints étaient de rite simplex, si bien que, lorsqu’il y avait occurrence avec une fête de saint semiduplex ou duplex, c’est le saint et non la vigile qui avait la préséance. Avec la réforme du Pape saint Pie X (dans les années 1911-1914), pour les messes non conventuelles, le célébrant pouvait dans certains cas choisir soit la messe du saint du jour, soit la messe de la vigile (cf. Additiones et variationes in rubricis Missalis, n. 1).