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SYNODUS EPISCOPORUM
BULLETIN

II ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L'AFRIQUE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
4-25 OCTOBRE 2009

L'Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.
"Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5, 13.14)


Ce Bulletin est seulement un instrument de travail à usage journalistique.
Les traductions n'ont pas de caractère officiel.


Édition française

04 - 05.10.2009

RÉSUMÉ

- OUVERTURE SOLENNELLE DE LA II ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE DU SYNODE DES ÉVÊQUES
- PREMIÈRE CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI 5 OCTOBRE 2009, MATIN)
- AVIS

OUVERTURE SOLENNELLE DE LA II ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE DU SYNODE DES ÉVÊQUES

Hier, dimanche 4 octobre 2009, mémoire de saint François d’Assise, une fois conclue la Concélébration de l’Eucharistie en la Basilique Saint-Pierre avec les Pères Synodaux à l’occasion de l’ouverture solennelle de la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, rythmée par des chants africains et au cours de laquelle on a prié dans différentes langues africaines, le Saint-Père Benoît XVI est apparu à la fenêtre de son studio au Palais apostolique pour réciter l’Angélus avec les fidèles et les pèlerins rassemblés sur la Place Saint-Pierre. En introduisant la prière mariale, le Pape a déclaré: “Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II a convoqué le premier “Synode africain” en 1994 dans la perspective de l’An 2000 et du troisième millénaire chrétien. Lui que son zèle missionnaire a rendu maintes fois pèlerin en terre africaine, a recueilli les contenus ayant émergé de cette assise dans l’Exhortation apostolique Ecclesia in Africa, en relançant l’évangélisation du continent. Quinze ans après, cette nouvelle Assemblée se place dans la continuité de la première, afin de vérifier le chemin accompli, d’approfondir certains aspects et d’examiner les défis les plus récents. Le thème choisi est: “L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix: Vous êtes le sel de la terre... vous êtes la lumière du monde” (Mt 5, 13. 14). Le Synode constitue toujours une expérience ecclésiale intense, une expérience de responsabilité pastorale collégiale vis-à-vis d’un aspect spécifique de la vie de l’Église ou, comme c’est ici le cas, d’une partie du Peuple chrétien déterminée en fonction de la zone géographique. Le Pape et ses plus proches collaborateurs se réunissent avec les membres désignés de l’Assemblée, les Experts et les Auditeurs pour approfondir le thème choisi. Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’un congrès d’étude ni d’une assemblée programmatique. On écoute des rapports et des interventions en salle, on se confronte au sein des groupes, mais nous sommes tous bien conscients du fait que nous ne sommes pas les protagonistes: c’est le Seigneur, son Esprit Saint qui guide l’Église. La chose la plus importante pour tous est d’écouter: s’écouter les uns les autres et, tous ensemble, écouter ce que le Seigneur veut nous dire. C’est pourquoi le Synode se déroule dans une atmosphère de foi et de prière, dans une religieuse obéissance à la Parole de Dieu. Il revient au Successeur de Pierre de convoquer et de conduire les Assemblées synodales, de recueillir ce qui est émergé des travaux et d’offrir ensuite les indications pastorales opportunes. Chers amis, l’Afrique est un continent qui a une richesse humaine extraordinaire. Actuellement, sa population est de près d’un milliard d’habitants et son taux de natalité global est le plus élevé au plan mondial. L’Afrique est une terre féconde de vie humaine, mais cette vie est marquée malheureusement par une grande pauvreté et souffre quelquefois de graves injustices. L’Église est engagée à les dépasser avec la force de l’Évangile et la solidarité concrète de nombre d’institutions et d’initiatives charitables. Nous prions la Vierge Marie afin qu’elle bénisse la Seconde Assemblée synodale pour l’Afrique et obtienne paix et développement pour ce grand et bien-aimé Continent”.
Puis, après la récitation de la prière mariale, le Pape a ajouté, en différentes langues: “[en italien] À la fin de la prière de l’Angélus de ce dimanche particulier au cours duquel j’ai ouvert la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, je ne peux oublier les conflits qui, actuellement, mettent en danger la paix et la sécurité des peuples du Continent africain. Ces jours-ci, j’ai suivi avec appréhension les graves épisodes de violence qui ont secoué la population de Guinée. Je tiens à exprimer mes condoléances aux familles des victimes et j’invite les parties au dialogue et à la réconciliation et je suis sûr que les efforts ne seront pas épargnés afin de parvenir à une solution équitable et juste. Dans l’après-midi de samedi prochain, le 10 octobre, je conduirai dans la Salle Paul VI, avec les Pères synodaux, une récitation spéciale du chapelet “avec l’Afrique et pour l’Afrique”, animée par les jeunes universitaires de Rome. Seront unis à la prière, en liaison par satellite, les étudiants de certains pays d’Afrique. Chers jeunes universitaires, je vous attends nombreux afin de confier à Marie Sedes Sapientiae le chemin de l’Église et de la société sur le continent africain. [en français] Aujourd’hui s’ouvre la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Je vous convie à soutenir par votre prière la réflexion et les travaux des Pères synodaux. Je vous invite également à prier pour ce cher continent africain que j’ai visité au mois de mars dernier. Que Dieu le bénisse et lui concède la paix, la réconciliation et la justice et qu’il donne à l’Église en Afrique la force et le courage d’être “sel de la terre” et “lumière du monde” pour témoigner de la vraie vie en Jésus-Christ. Je confie ce Synode à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, protectrice de l’Afrique! Que Dieu vous bénisse! [en anglais] Je vous invite tous à vous joindre à moi afin de prier pour la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques qui s’est ouverte ce matin dans la Basilique Saint-Pierre. Puisse ce grand événement ecclésial renforcer l’Église en Afrique dans son témoignage de l’Évangile de Jésus Christ et dans ses efforts de promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix parmi ses peuples. Puisse le Synode aider aussi le monde à tourner les yeux vers ce grand continent et inspirer une solidarité renouvelée en faveur de nos frères et sœurs africains! Alors que nous confions ces prières à l’intercession de Notre-Dame, j’invoque sur vous et sur vos familles les bénédictions de joie et de paix de la part de Dieu! [en allemand] Avec la Messe de ce matin en la Basilique Saint-Pierre, nous avons commencé la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Son thème est: “L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la paix et de la justice. Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde”. Pour être réellement sel de la terre et lumière du monde, nous avons besoin de la grâce de Dieu. Prions le Seigneur afin qu’il donne toujours davantage la réconciliation, la paix et la justice à nos frères dans la foi en Afrique comme à nous-mêmes. Je vous souhaite à tous un saint Dimanche”.
Au centre de la Seconde Assemblée spéciale du Synode des Évêques dédiée à l’Afrique se trouveront les thèmes de la réconciliation, de la paix et de la justice qui furent également traités, voici quinze ans, par la Première Assemblée spéciale dédiée à la terre d’Afrique, aujourd’hui encore lacérée par des génocides, des guerres civiles, le SIDA, la faim et de très nombreuses autres plaies. “Lorsque l'on parle des trésors de l'Afrique - a souligné le Pape Benoît XVI dans son homélie d’hier - notre pensée va immédiatement aux ressources dont est riche le continent et qui sont malheureusement devenues, et continuent parfois de l'être, une source d'exploitation, de conflit et de corruption”. “En revanche - a-t-il précisé -la Parole de Dieu nous fait au contraire nous tourner vers un autre patrimoine: le patrimoine spirituel et culturel dont l'humanité a besoin encore plus que des matières premières”. Le Pape a souligné que “l'Afrique représente un immense "poumon" spirituel, pour une humanité qui semble en crise de foi et d'espérance. Mais ce "poumon" peut aussi tomber malade. Et, à l'heure actuelle, au moins deux dangereuses pathologies sont en train de l'attaquer: avant tout, une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste. Sans parler de la genèse de tels maux de l'esprit, il est toutefois indiscutable que le soi-disant "premier" monde ait parfois exporté et continue d'exporter des déchets toxiques spirituels qui contaminent les populations des autres continents, parmi lesquels justement les populations africaines. C'est en ce sens que le colonialisme, accompli sur le plan politique, n'est jamais tout à fait terminé. Mais, justement dans cette perspective, il faut signaler un second "virus" qui pourrait également toucher l'Afrique, à savoir le fondamentalisme religieux, lié à des intérêts politiques et économiques. Des groupes qui s'inspirent aux différents appartenances religieuses sont en train de se répandre sur le continent africain; ils le font au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la logique divine, c'est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l'amour et le respect de la liberté, mais l'intolérance et la violence”. L’Église en Afrique peut apporter “une grande contribution à toute la société”, a souligné le Pape. “La réconciliation, don de Dieu que les hommes doivent implorer et accueillir, est un fondement stable sur lequel construire la paix, condition indispensable pour le progrès authentique des hommes et de la société, selon le projet de justice voulu par Dieu. Au cours de ces dernières années, l’Église catholique en Afrique a connu un grand dynamisme” a rappelé Benoît XVI, qui s’est adressé également aux fidèles laïcs “appelés à répandre le parfum de la sainteté au sein de la famille, sur les lieux de travail, à l'école et dans tout autre milieu social et politique”. Protéger les enfants avec une main maternelle, “même lorsqu'ils ne sont pas encore nés” est l’une des exhortations adressées hier par Benoît XVI à l’Afrique: “la réalité de l'enfance qui constitue une grande partie, même si elle est malheureusement souffrante, de la population africaine”. Enfants pour lesquels l’Église, “en Afrique et partout ailleurs, manifeste sa propre maternité”, “même lorsqu'ils ne sont pas encore nés”. Accueillant “brièvement saisir une suggestion qui précède toute réflexion et indication de type moral, et qui se relie encore au primat du sens du sacré et de Dieu”, le Pape a voulu préciser: “Le mariage, tel que la Bible nous le présente, n'existe pas en dehors de la relation avec Dieu. La vie conjugale entre l'homme et la femme, et donc de la famille qui en dérive, est inscrite dans la communion avec Dieu et, à la lumière du Nouveau Testament, devient icône de l'Amour trinitaire et sacrement de l'union du Christ avec l'Église. Dans la mesure où elle conserve et développe sa foi, l'Afrique pourra trouver des ressources immenses à donner en faveur de la famille fondée sur le mariage”.

[00015-03.06] [RE000] [Texte original: italien]

PREMIÈRE CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI 5 OCTOBRE 2009, MATIN)

Ce matin, lundi 5 octobre 2009, à 09h00, en présence du Saint-Père, dans la salle du Synode au Vatican, avec le chant de l’Heure Tierce, ouvert par l’hymne du Veni, Creator Spiritus, les travaux de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques ont débuté avec la Première Congrégation générale.
Le Saint-Père Benoît XVI a tenu la réflexion suivante.

En parlant de l’action de l’Esprit Saint, le Pape a expliqué que c’est seulement grâce à sa force que l’Église continue dans son oeuvre, et en l’invoquant, prie que la Pentecôte ne soit pas seulement un événement du passé, mais qu’elle se recrée ici et maintenant. L’Église, a-t-il ajouté, n’est pas une organisation, mais le fruit de l’Esprit, envers la Cité de Dieu qui recueille toutes les cultures. Et c’est justement la langue de feu qui donne la parole juste, pour parvenir à une véritable unité dans la pluralité, en collaborant dans l’acte créatif de Dieu. Les paroles objets de réflexion sont au nombre de trois: “Confessio”, “Caritas”, “Prossumus”. La “Confessio”, a dit le Pape, signifie renouvellement et transformation afin que, au travers de la lumière de Dieu, l’on puisse voir la réalité, se connaître nous-mêmes et ensuite comprendre la réalité du monde, et donc témoigner et évangéliser. En parlant de la “Caritas”, le Saint-Père a rappelé que le Christianisme n’est pas une somme d’idées, ni une philosophie: on devient chrétien par amour. En citant, l’extrait évangélique du bon Samaritain, le Pape a rappelé que la charité est universelle et concrète. L’universalité part de l’amour du prochain, “prossumus”. L’Amour qui provient de l’Esprit Saint, a expliqué le Pape, nous renvoie à une responsabilité active envers notre voisin qui, ensuite, devient universalité, pour être les serviteurs de ce moment actuel du monde.

[00016-03.03] [00000] [Texte original: italien]

Nous publierons, dès que possible, le texte intégral de la réflexion du Pape.

Le Président délégué du jour en était S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet émérite de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements (CITÉ DU VATICAN).

L’assemblée synodale ouverte hier par Benoît XVI, qui a présidé la Concélébration eucharistique solennelle dans la Basilique Saint-Pierre, accueillera jusqu’au 25 octobre 2009 une délégation des Prélats du monde, sur le thème: L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. “Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde” (Mt 5, 13.14).

Lors de cette Première Congrégation générale, après l’Heure Tierce, sont intervenus S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet émérite de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements (CITÉ DU VATICAN), pour les salutations du Président délégué; S. Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, Secrétaire général du Synode des Évêques (CITÉ DU VATICAN), pour le Rapport du Secrétaire général.
Après la pause, est intervenu S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Cost (GHANA), pour le Rapport avant le débat général du Rapporteur général.

En conclusion de la lecture de la Relatio ante disceptationem, a eu lieu un court moment d’interventions libres.

Nous publions, ci-dessous, le texte intégral des interventions prononcées en salle:


- SALUTATIONS DU PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ, S. ÉM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PRÉFET ÉMÉRITE DE LA CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS (CITÉ DU VATICAN)
- RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNODE DES ÉVÊQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ (CITÉ DU VATICAN)
- RAPPORT AVANT LE DÉBAT GÉNÉRAL DU RAPPORTEUR GÉNÉRAL, S. ÉM. LE CARD. PETER KODWO APPIAH TURKSON, ARCHEVÊQUE DE CAPE COST (GHANA)

La Première Congrégation générale de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques s’est conclue à 12h25 avec la prière de l’Angelus Domini conduite par le Saint-Père.

226 Pères synodaux étaient présents.

La deuxième Congrégation générale, au cours de laquelle seront présentés les Rapports sur les cinq continents, aura lieu cet après-midi, 5 octobre 2009, à 16h30.

SALUTATIONS DU PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ, S. ÉM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PRÉFET ÉMÉRITE DE LA CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS (CITÉ DU VATICAN)

Très Saint-Père,
Les Évêques d’Afrique, de Madagascar et des îles avoisinantes vous remercie d’avoir convoqué cette Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques.
L’Église en Afrique veut être toujours plus fidèle à cet aspect de sa mission qui consiste à être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Notre continent a connu des souffrances évitables, l’injustice, l’oppression, la répression, l’exploitation, la tension et la guerre qui ont chassé les gens loin de chez eux et ont aggravé la faim et la maladie. Mais l’Afrique a aussi connu l’amour fraternel, la solidarité dans la souffrance, les commissions Vérité et Réconciliation, l’aide régionale entre pays ainsi que quelques pas en direction du développement intégral tel que Votre Sainteté l’a clairement expliqué dans “Caritas in Veritate”.
Notre bien-aimé Seigneur et Sauveur, Jésus Christ est notre paix (cf. Ep 2, 14). Il nous a enseigné que ce que nous faisons au dernier de nos frères et sœurs, c’est à lui que nous le faisons (cf. Mt 25, 40). Il a pardonné à ceux qui le crucifiait et a prié pour eux (cf. Lc 23, 34). Il a envoyé son Église pour qu’elle soit la lumière du monde et serve de sel et de levain à la société (cf. Mt 5, 13. 14; Mc 9, 50; Lc 13, 21). Il nous a envoyé le Saint-Esprit.
Merci, Saint-Père, d’avoir convoqué les représentants des Évêques d’Afrique pour réfléchir au cours de ces trois semaines avec les responsables des Dicastères de la Curie romaine et les représentants de l’Épiscopat de tout le monde catholique, avec l’aide hautement qualifiée d’un corps de théologiens et autres experts ainsi que des prêtres, des personnes consacrées et des fidèles laïcs.
Bénissez-nous, Très Saint-Père, alors que nous allons nous mettre au travail. Sous la conduite du Saint-Esprit, puissent les travaux de ce Synode contribuer à la promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix en Afrique et à Madagascar, et à mieux clarifier et intensifier le rôle de l’Église.

[00009-03.04] [RE000] [Texte original: anglais]

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNODE DES ÉVÊQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ (CITÉ DU VATICAN)

Très Saint-Père,
Éminences, Excellences,
Chers Frères et Soeurs,

« Avec la force de l’Esprit Saint, j’adresse à tous cet appel : ‘Laissez-vous réconcilier !’ (2 Co 5, 20). Aucune différence ethnique ou culturelle, de race, de sexe ou de religion ne doit devenir entre vous un motif d’affrontement. Vous êtes tous fils de l’unique Dieu, notre Père, qui est aux cieux. Avec cette conviction, il sera alors possible de construire une Afrique plus juste et pacifique, à la hauteur des attentes légitimes de tous ses fils »[1].
Inspiré par l’Esprit Saint qui guide les croyants dans leur approche de l’Écriture Sainte, vous avez, Très Saint-Père, par ces mots qui montrent votre prévenance apostolique dans l’exercice de la sollicitude envers toute l’Église, exprimé votre amour pour l’Église qui pèlerine dans 53 pays africains, comme aussi pour toute l’Afrique, continent d’un grand dynamisme mais également aux nombreux défis. Vous l’avez fait à Yaoundé, capitale du Cameroun, durant votre première Visite Apostolique en Afrique qui a eu lieu du 17 au 23 mars 2009. En cette occasion, vous avez idéalement ouvert les travaux de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. En effet, au terme de la Sainte Messe célébrée dans le stade Amadou Ahidjo, en la solennité de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie, vous avez remis aux Présidents des 36 Conférences épiscopales de l’Afrique et aux Chefs de 2 Synodes des Évêques des Églises catholiques orientales sui iuris, ainsi que de l’Assemblée de la Hiérarchie catholique d’Égypte, l’Instrumentum laboris, le document de travail de la présente Assise synodale. Le stade de Yaoundé était devenu le coeur du continent parcequ’autour de vous, l’Évêque de Rome et le Pasteur universel de l’Église, s’étaient rassemblés les évêques des Églises particulières, « représentant en quelque sorte l’Église présente parmi tous les peuples de l’Afrique »[2]. En cette circonstance, vous avez invité tous les fidèles à accompagner par la prière leurs Pasteurs dans la préparation et surtout dans le déroulement des travaux du grand événement ecclésial qu’est la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Vous avez confié la célébration de l’Assise synodale à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, Notre-Dame d’Afrique, invoquant son intercession pour que « la Reine de la Paix soutienne les efforts de tous les artisans de réconciliation, de justice et de paix! »[3]. Durant la rencontre avec le Conseil Spécial pour l’Afrique, en la Nonciature Apostolique de Yaoundé, vous avez, Très Saint-Père, été le premier à réciter la prière mariale que vous avez voulu rédiger pour accompagner la préparation de l’Assise synodale et pour implorer l’abondance de grâces de l’Esprit Saint pour obtenir un dynamisme renouvelé de l’Église, disposée à servir toujours mieux les hommes de bonne volonté du continent africain. Au commencement des travaux synodaux, nous faisons nôtre cette prière afin que les réflexions de l’Assemblée synodale contribuent à faire grandir l’espérance pour les peuples africains et pour le continent dans son ensemble; qu’elles contribuent à insuffler à chacune des Églises locales en Afrique «un nouvel élan évangélique et missionnaire au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, selon le programme de vie donné par le Seigneur lui-même : ‘Vous êtes le sel de la terre…vous êtes la lumière du monde’(Mt 5,13.14)’. Que la joie de l’Église en Afrique de célébrer de Synode soit aussi la joie de l’Église universelle! »[4].
Le souhait de votre Sainteté est en train de se réaliser. En sont témoins les représentants des Épiscopats de tous les continents qui ont accepté volontiers la nomination pontificale pour participer à l’Assise synodale, signifiant leur proximité de l’Église catholique en Afrique, portion pleine de promesse de l’Église universelle. Je salue donc les représentants des Conférences épiscopales des 4 autres continents, tout comme les évêques provenant de 17 pays. Avec leur confrères d’Afrique, ils sont disposés à prier, à dialoguer, à réfléchir sur le présent et le futur de l’Église catholique sur le continent africain. De cette manière, ils s’insèrent dans le processus synodal consistant à donner et à recevoir, à participer aux joies et aux douleurs, aux espérances et aux préoccupations, partageant les dons spirituels pour l’édification non seulement de quelques Églises particulières d’Afrique mais aussi de toute la Sainte Église de Dieu répandue dans le monde entier.
Je salue cordialement tous les 244 membres de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, dont 79 participants en raison de leur charge (ex officio), 129 élus et 36 de nomination pontificale. Parmi eux il y a 33 cardinaux, 75 archevêques, 120 évêques et 8 religieux, élus par l’Union des Supérieurs Généraux. Quant à leurs charges 37 sont Présidents de Conférence épiscopale, 189 Évêques Ordinaires, 4 Évêques Coadjuteurs, 2 Évêques Auxiliaires et 8 Évêques émérites.

Je souhaite un cordial accueil aux Délégués fraternels, représentants 5 Églises et Communautés ecclésiales, les remerciant d’avoir accepté l’invitation de prendre part à cet événement ecclésial.

J’adresse aussi un salut aux 29 Experts et aux 49 Auditeurs, disposés à fournir leur contribution au bon déroulement des travaux synodaux, enrichissant la réflexion par leurs importants témoignages.

Enfin, je remercie également de leur précieuse collaboration les Assistants, les Traducteurs et le personnel technique, tout comme les généreux Collaborateurs de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Sans leur assistance qualifiée et dévouée, il n’aurait pas été possible d’organiser cette Assise synodale.

Ce Rapport se compose de VI parties:

I. Sens de la Visite Apostolique en Afrique.
II. Quelques données statistiques.
III. Convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour
l’Afrique.
IV. Préparation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour
l’Afrique.
V. Observations de caractère méthodologique.
VI. Conclusion.

I. Sens de la Visite Apostolique en Afrique

Je salue tout particulièrement les 197 Pères synodaux provenant de pays d’Afrique. En leur nom je vous remercie, Très Saint-Père, de la Visite Apostolique en Afrique qui a été organisée en vue de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique. En témoigne la devise que vous avez choisi pour votre première Visite pastorale sur le continent africain : «‘Vous êtes le sel de la terre…vous êtes la lumière du monde’(Mt 5,13.14) », la même que la présente Assemblée synodale.
Merci surtout, Très Saint-Père, pour le Magistère éclairant imparti durant cette Visite Apostolique. Même si elle s’est réalisée concrètement dans deux pays : le Cameroun et l’Angola, celle-ci a englobée toute l’Afrique. En outre, elle a ultérieurement renforcé les liens d’unité qui, dans la foi, l’espérance et la charité, caractérisent les rapports entre l’Évêque de Rome et ses frères dans l’Épiscopat, placés à la tête des Églises particulières d’Afrique, tout comme entre ces derniers et les fidèles confiés à leurs attentions pastorales, et d’une manière idéale avec tous les hommes de bonne volonté du grand continent africain. En effet, l’Évangile, la Bonne Nouvelle, a été adressée à tous les habitants de l’Afrique et du monde. En se référant à la vie de sainte Josephina Bakhita, que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a canonisé le 1er octobre 2000, vous avez proposé, Très Saint-Père, sa magnifique figure comme exemple de la transformation souhaitée pour les femmes et les hommes de ce continent, résultant de rencontre avec le Dieu vivant.
Encore aujourd’hui, « le message de salut de l’Évangile doit être proclamé de manière forte et claire afin que la lumière du Christ puisse briller dans les ténèbres où les gens sont plongés »[5].
La lumière de l’Évangile dissipe les ténèbres du péché aussi en Afrique où les femmes et les hommes sont disposés à se laisser transformer par le Dieu Tout- Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avide d’entendre une parole de pardon et d’espérance. « Devant la souffrance ou la violence, devant la pauvreté ou la faim, devant la corruption ou l’abus de pouvoir, un chrétien ne peut jamais garder le silence » [6]. De tels maux impliquent tous les habitants de l’Afrique qui « crient leur besoin de réconciliation, de justice et de paix, et c’est ce que l’Église leur offre. Non pas de nouvelles formes d’oppression économique ou politique, mais la glorieuse liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 21) »[7]. Les hommes d’Église sont donc appelés à se faire les apôtres de l’Évangile, Bonne Nouvelle aussi pour l’homme africain. « à presque dix ans de l’entrée dans le nouveau millénaire, ce moment de grâce est un appel pour l’ensemble des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles laïcs de ce continent à se consacrer avec un élan nouveau à la mission de l’Église : apporter l’espérance au coeur des peuples de l’Afrique et des peuples du monde entier »[8].
Vue l’importance d’un tel Message Apostolique pour toute l’Afrique ainsi que pour les réflexions synodales, avec l’Instrumentum laboris, il a semblé assez utile de remettre aux Pères synodaux vos discours, Très Saint-Père, dans les langues disponibles, à savoir, français, anglais, italien, portugais et espagnol. Sans aucun doute ces documents seront d’une grande aide aux Pères synodaux et permettront l’approfondissement de certains arguments de fond, en lien avec le thème de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique.

II. Quelques données statistiques

Soyons reconnaissants envers le Dieu bon et miséricordieux pour les nombreux dons que l’Église en Afrique a reçu et a mis au service de tous, spécialement des plus pauvres et des nécessiteux. Rendons grâce, en particulier, pour son grand dynamisme qui peut être indiqué par les statistiques suivantes.
Sur une population mondiale de 6.617.097.000 habitants, les catholiques sont 1.146.656.000, c'est-à-dire 17,3 %. En Afrique, en revanche, ce pourcentage est désormais dépassé. En effet, sur 943.743.000 habitants, les catholiques sont 164.925.000, soit 17,5 %. La croissance est pour le moins conséquente si l’on tient compte qu’en 1978, par exemple, au début du pontificat du Pape Jean-Paul II, les catholiques africains étaient au nombre d’environ 55.000.000. En 1994, année durant laquelle a été célébrée la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, leur nombre était de 102.878.000, soit 14,6 % de la population africaine.
Durant la même période, notons également pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée une augmentation importante. Dans tous les secteurs, on enregistre, grâce à Dieu, un accroissement consistant. Celui-ci concerne surtout les agents pastoraux : évêques, prêtres, diacres, religieuses, laïcs engagés, parmi lesquels les catéchistes occupent une place de choix. Comparer les données statistiques de 1994 avec celles de 2007, qui sont les dernières disponibles, peut être instructif.
 

  1994 9 2007 10 + %
       
Circonscriptions ecclésiastiques 444 516 + 16,21
Évêques 513 657 + 28,07
Sacerdoti 23.263 34.658 + 49,09

diocésains

12.937 23.154 + 78.97

réguliers

10.326 11.504 + 11.40
Diacres permanents 326 403 + 23,61
Religieux non prêtres 6.448 7.921 + 22,84
Consacrées 46.664 61.886 + 32,62
Membres d’instituts séculiers 390 578 + 48,20
Missionnaires laïcs  1.847 3.590 + 94,36
Catéchistes 299.994  399.932 + 33,31
Séminaristes 17.125  24.729  + 44,40

Il est de notre devoir de rappeler ici les agents pastoraux qui ont confirmé leur service ecclésial par le sacrifice de la vie. En Afrique, de 1994 à 2008, sont morts 521 agents pastoraux. Ce nombre comprend aussi les 248 victimes de la tragédie de 1994 au Rwanda et les 40 petits séminaristes tués en 1997 au Burundi. Il s’agit de personnel non seulement africain mais aussi de missionnaires provenant d’autres pays. Par exemple, en 2006, 11 agents pastoraux ont été tués: 5 prêtres diocésains, dont un péruvien et 4 religieux, dont un portugais et un brésilien, 1 religieuse italienne et une missionnaire laïque portugaise; en 2007, 4 agents pastoraux ont perdus la vie : 1 prêtre diocésain, 2 religieux et 1 soeur suisse; en 2008, 5 agents pastoraux missionnaires sont morts, dont un religieux d’Angleterre et un frère français.
Avec les yeux de la foi, derrière les données statistiques, nous pouvons reconnaître le grand dynamisme d’évangélisation du continent africain qui pousse les agents pastoraux à un engagement généreux et total, jusqu’au don de la propre vie dans le martyre. Tout en rendant grâce au Dieu Tout-Puissant pour ce don de son infinie miséricorde, prions pour qu’un tel dynamisme se poursuive, et même se renforce, pour le bien des Églises particulières en Afrique et dans le monde entier. Les Pasteurs des Églises particulières ne manqueront pas de reconnaître parmi ce nombre d’élus de serviteurs de l’Évangile ceux qui pourraient être canonisés, selon les normes de l’Église, non seulement pour augmenter le nombre des saints africains, parmi lesquels il y a de nombreux martyrs, mais aussi pour obtenir plus d’intercesseurs au ciel afin que les chères Églises particulières du continent continuent, avec un zèle renouvelé, leur pèlerinage terrestre dans la louange de Dieu et au service du prochain.
En plus de l’évangélisation, qui est sa mission principale, l’Église catholique est également assez active dans les domaines de la charité, de la santé, de l’éducation et, en général, pour de nombreuses initiatives de promotion humaine. À titre d’exemples significatifs, citons pour mémoire la Fondation pour le Sahel, instituée par le Pape Jean-Paul II le 22 février 1984 [11], Année Sainte de la Rédemption, à la suite de sa Visite Apostolique au Burkina Faso et au mémorable Appel de Ouagadougou du 10 mai 1980. Il y a huit ans, le 12 février 2001, le regretté Pape Jean- Paul II constitua la Fondation du Bon Samaritain dont la finalité est de soutenir les infirmes les plus nécessiteux, surtout les malades du SIDA [12].
Puis, sur le continent africain, il y a:
Les Caritas nationales et la Caritas Internationale. Sur le continent africain sont en fonction 53 Caritas nationales dont 20 ont également une finalité annexe, ayant trait généralement à la promotion de la solidarité et au développement intégral de l’homme et de la société. Donc, il n’est pas rare que les Caritas jouent ensemble la mission qui est celle-là même des Commissions Justice et Paix dans certains pays. Il y a ensuite les Caritas du Moyen-Orient et celle de l’Afrique du Nord. Toutes les organisations nationales sont coordonnées par la Caritas Africa qui a son centre à Kampala en Ouganda.
Les Commissions Justice et Paix. Outre le Secrétariat Justice et Paix du SCEAM, il y a 8 Commissions régionales et 34 Commissions nationales auprès des respectives Conférences épiscopales. En plus, de nombreuses organisations internationales et nationales catholiques se dépensent pour aider la population africaine [13]. Il y a aussi 12 Instituts et Centres de promotion de la Doctrine sociale de l’Église [14].
Pastorale des Services de la santé. La Pastorale de la santé est un domaine où l’Église catholique est assez présente. Selon les dernières données datant de 2007 [15], il y a, sur tout le continent africain, 16.178 centres de santé soit : 1.074 hôpitaux, 5.373 dispensaires, 186 léproseries, 743 maisons pour personnes âgées et invalides, 979 orphelinats, 1997 crèches pour enfants, 1.590 centres de conseillers conjugaux, 2.947 centres de rééducation sociale, 1.279 centres divers de santé. Bien évidemment, de ces données apparaît le témoignage louable et significatif de nombreux chrétiens, et surtout de personnes de la vie consacrée et de laïcs catholiques, engagés dans les structures de santé susmentionnées. En ce qui concerne le type de maladies, les statistiques signalent parmi les urgences de santé les plus alarmantes celles qui dérivent du VIH/SIDA. C’est avec gratitude que l’on peut relever que, selon les chiffres fournis par l’UnAids, bien 26 % des structures de santé dans le monde qui s’intéressent au phénomène du SIDA sont gérées par des organisations catholiques [16]. L’Église catholique est en première ligne dans la lutte contre la contagion de cette maladie. Elle est aussi assez active dans le soin des malades du SIDA, comme le montre, par exemple, la méthode DREAM, promue avec succès par la communauté de S. Egidio.
Toutefois, il ne faut pas oublier que les données statistiques montrent que le paludisme est la cause principale des décès sur le continent africain. Les personnes qualifiées de la communauté internationale devraient consacrer plus d’énergie et de moyens tant pour prévenir la diffusion que pour trouver un remède valable à cette maladie si terrible et si répandue qui provoque chaque année le décès d’environ 1.000.000 de personnes, dont 85% sont des enfants de moins de cinq ans.
Les écoles catholiques. L’Église catholique comme mater et magistra, de concert avec l’annonce de l’Évangile, a toujours promu l’éducation intégrale des personnes au moyen de ses écoles. Cette oeuvre importante se poursuit encore aujourd’hui. En effet, sur le continent africain il y a 12.496 écoles maternelles avec 1.266.44 inscrits; 33.263 écoles élémentaires avec 14.061.806 élèves; 9.838 collèges et lycées avec 3.738.238 élèves. Dans les Instituts d’études supérieures étudient 54.263 étudiants; dans les Universités, 11.011 étudiants fréquentent les études ecclésiastiques et 76.432 d’autres disciplines.

III. Convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique

L’idée de convoquer la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques mûrissait au cours des années. Une telle possibilité fut prise en considération durant les dernières années du Pontificat du Pape Jean-Paul II quand le Cardinal Jan Pieter Schotte était le Secrétaire Général du Synode des Évêques. Plus particulièrement cette idée fut débattue à diverses reprises durant les réunions du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques.
Donc, même après ma nomination comme Secrétaire Général en 2004, le thème a continué à être d’actualité. En particulier, le Pape Jean- Paul II lui-même en a parlé publiquement le 15 juin 2004, à l’occasion de l’audience concédée au Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale formulant la question suivante : « le moment ne serait-il pas venu, ainsi que le sollicite de nombreux pasteurs d’Afrique d’approfondir cette expérience synodale africaine? La croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique, le renouvellement rapide des pasteurs, les nouveaux défis à relever sur le contient demandent des réponses que seule la poursuite de la mise en oeuvre d’Ecclesia in Africa pourrait offrir, redonnant ainsi une vigueur renouvelée et une espérance renforcée à ce continent en difficulté » [17].
De leur côté, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique ont remercié le Saint-Père pour une telle sollicitude apostolique envers leurs Églises particulières et se sont engagés, avec une ardeur renouvelée, à bien préparer l’Assise synodale. Durant la Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique des 15 et 15 juin 2004, il a été décidé de soumettre à la bienveillante décision du Pape Jean-Paul II la proposition de convoquer officiellement la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique. Les Membres du Conseil ont chargé le Secrétaire Général de proposer au Saint-Père d’annoncer cette décision lors du 10eme anniversaire de la célébration de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Plus particulièrement, il a été suggéré d’en faire l’annonce le 13 novembre 2004, jour commémoratif du 1650ème anniversaire de la naissance de Saint Augustin, grand africain et gloire de l’Église universelle. L’occasion était propice également en raison du fait qu’à cette date se réunissait à Rome le Symposium des Évêques du S.C.E.A.M. (Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et Madagascar) et du C.C.E.E. (Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe), pour célébrer le 10ème anniversaire du Synode pour l’Afrique. Le sentiment des Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique était qu’il fallait un temps suffisant pour la préparation de l’Assise synodale qui donc aurait pu avoir lieu en octobre 2009, lors du 15ème anniversaire de la célébration de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Le thème pouvait s’intéresser à l’Église en Afrique comprise comme Famille de Dieu appelée à annoncer l’Évangile de Jésus-Christ pour le salut et la réconciliation, la justice et la paix.
Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II avait bien volontiers accueilli cette proposition. À l’occasion de l’Audience Pontificale aux participants au Symposium des Évêques d’Afrique et d’Europe réunis à Rome, il a annoncé : « accueillant les voeux du Conseil Post-synodal, interprète des désirs des pasteurs africains, je saisis l’occasion pour annoncer mon intention de convoquer une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques » [18]. Dans le même temps, il a confié ce projet à la prière des fidèles alors qu’il invitait « avec ferveur à implorer du Seigneur le don précieux de la communion et de la paix pour la bienaimée terre africaine » [19].
Le regretté Pontife a exprimé en plus d’une occasion son soutien à l’idée d’une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Dans la lettre qu’il a bien voulu adressé au Secrétaire Général à l’occasion de la Treizième Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique des 24 et 25 février 2005, le Pape Jean-Paul II a, entre autres choses, exprimé sa vision de la Deuxième Assise synodale. « Prenant acte du dynamisme né de la première expérience synodale africaine, cette Assemblée cherchera à l’approfondir et à la prolonger, s’appuyant sur l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa, et tenant compte des nouvelles données ecclésiales et sociales du continent. Elle aura pour tâche de soutenir les Églises locales et leurs pasteurs, et de les aider dans leurs projets pastoraux, préparant ainsi l’avenir de l’Église sur le continent africain, qui vit des situations difficiles, tant sur les plans politique, économique et social qu’en ce qui concerne la paix» [20]. Par la suite, le Pape Jean-Paul II a cité quelques-unes de ces difficultés : conflits armés, pauvreté persistante, les maladies et leurs conséquences dévastantes, à commencer par le drame du SIDA, la corruption et le sentiment diffus d’insécurité dans diverses régions. Les fidèles, de concert avec tous les hommes de bonne volonté, doivent se prodiguer à oeuvrer pour construire une société prospère et stable, assurant un avenir digne pour les nouvelles générations. L’Église catholique, qui durant les dernières décennies à connu un grand essor, en rend grâce à Dieu. Dans le même temps, le Pontife précisait : « Pour que se poursuive cette croissance, j’encourage les évêques à veiller à l’approfondissement spirituel de ce qui a été réalisé ainsi qu’à la maturation humaine et chrétienne du clergé et des laïcs » [21]. À la fin de la lettre, confiant la préparation de l’événement ecclésial à l’intercession maternelle de Notre- Dame d’Afrique, le Pape Jean-Paul II exprimait un désir : « Puisse la future Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique, favoriser aussi un affermissement de la foi dans le Christ Sauveur et une authentique réconciliation!» [22].
La Divine Providence a voulu que le Pape Jean-Paul II passât à une vie meilleure le 2 avril 2005. Durant le Conclave du même mois, les Cardinaux ont élu, le 19 avril 2005, comme Évêque de Rome, le Saint- Père Benoît XVI. Deux mois après son élection au seuil pontifical, Sa Sainteté Benoît XVI s’est prononcé aussi à propos de la convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Après avoir étudié la question, le Saint-Père a confirmé la décision de son Prédécesseur. Saluant les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques, le Souverain Pontife a dit : « confirmant ce que mon vénéré et cher prédécesseur […] avait décidé le 13 novembre de l’an dernier, je désire annoncer mon intention de convoquer la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. J’ai la certitude que cette Assemblée apportera un élan supplémentaire, sur le continent africain, à l’évangélisation, à la consolidation et à la croissance de l’Église, ainsi qu’à la promotion de la réconciliation et de la paix » [23].
La convocation officielle de l’Assise synodale a eu lieu le 28 juin 2007, veille de la Solennité des Saints Pierre et Paul. En cette occasion, le thème et la date de la célébration ont été indiqués : « le Saint-Père Benoît XVI a convoqué la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques sur le thème «L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. ‘Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde’ (Mt 5, 13.14) », qui se tiendra au Vatican du 4 au 25 octobre de l’année 2009 » [24].
Après la décision du Saint-Père, les Membres du Conseil Spécial se sont diligentés pour le travail de préparation de l’Assise synodale.

IV. Préparation de la deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique

Une fois qu’a mûri l’idée d’une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, les Membres du Conseil Spécial ont eu pour tâche de préparer de la meilleure façon possible la célébration de cet événement ecclésial.
Tout d’abord, il fallait rédiger les Lineamenta, document préliminaire à l’Assise synodale. À cette préparation ont été consacrées diverses réunions du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale.
Durant la réunion qui s’est tenue les 25 et 26 février 2005, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique se sont mis d’accord sur le schéma des Lineamenta et également sur des indications précises de son contenu. Durant la réunion suivante des 21 et 22 juin 2005, une ébauche du document a été étudiée en profondeur. Ensuite, le 13 janvier 2006, le Saint-Père Benoît XVI a défini le thème de l’Assemblée synodale. C’est pourquoi les Membres du Conseil Spécial ont pu réfléchir avec plus de précision sur le projet du Document, apportant diverses modifications qui ont été ensuite insérées dans le texte. Celui-ci a été envoyé par courrier électronique aux Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique pour une ultime approbation, les priant d’envoyer leurs éventuelles remarques avant le 24 avril 2006. Les 27 et 28 avril 2006, deux Membres du Conseil, représentant respectivement les groupes francophone et anglophone, ont, avec la Secrétairerie Générale, examiné et intégré les observations reçues. Puis, le document a pu être traduit en 4 langues : anglais, français, italien et portugais auxquelles s’est ajoutée une version en arabe.
Les Lineamenta ont été publiés le 27 juin 2006. Le texte a été présenté en la Salle de Presse du Saint-siège par le Cardinal Francis Arinze, alors Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements, et par S. Ex. Mgr Nikola Eterović, Secrétaire Général du Synode des Évêques. Le Document a été largement diffusé, y compris à travers le site internet du Vatican sous la page de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques.
Les Conférences épiscopales, les Églises orientales catholiques sui iuris et les autres Organismes intéressés ont eu jusqu’à la fin du mois d’octobre 2008 pour envoyer leurs réponses au Questionnaire des Lineamenta à la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Celles-ci ont été utilisées pour rédiger l’Instrumentum laboris, document de travail de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques.

L’Instrumentum laboris

Le pourcentage des réponses aux Lineamenta a été réparti selon les diverses catégories d’institutions avec lesquelles la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques a des rapports officiels.

Institution Réponse %
Conférences épiscopales 3625 30 83,33 %
Réunions de Conférences épiscopales 626 1 16,66 %
Églises orientales catholiques sui iuris 227 1 50 %
Assemblée de la Hiérarchie Catholique d’Égypte 1 0
Dicastères de la Curie Romaine 2528 14 56 %
Union des Supérieurs Généraux 1 1 100 %

La Secrétairerie Générale du Synode des Évêques a également reçu des contributions de quelques Universités catholiques et d’Instituts d’Études Supérieures tout comme d’autres personnes, y compris des laïcs, qui ont à coeur le présent et l’avenir de l’Église catholique en Afrique.

Les réponses parvenues ont été examinées par le Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques durant la réunion des 27 et 28 octobre 2008. Les Membres du Conseil se sont mis d’accord sur le schéma du Document, fournissant des indications précises sur le contenu, tout en respectant bien évidemment les contributions des Épiscopats des divers pays. La Secrétairerie Générale, avec l’assistance de quelques experts, a rédigé le projet du Document qui a été examiné durant la XVIIIème Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique qui a eu lieu les 23 et 24 janvier 2009. Après avoir apporté diverses retouches, dans le but d’améliorer le texte, le Document a reçu un consensus unanime.

L’Instrumentum laboris a donc été traduit en quatre langues : anglais, français, italien et portugais. Le 19 mars 2009, le Saint-Père Benoît XVI, à qui nous renouvelons nos plus vifs remerciements, a eu la bonté de la remettre personnellement à Yaoundé, au Cameroun, aux Chefs des Synodes des Évêques des Églises catholiques orientales sui iuris et aux Présidents des Conférences épiscopales d’Afrique. Par la suite, la Secrétairerie Générale du Synode a favorisé une ample diffusion du Document. Celle-ci sera approfondie au cours de la présente Assemblée synodale.

Nomination des Membres de la Présidence de l’Assise synodale

Le 14 février 2009, le Souverain Pontife, le Pape Benoît XVI a nommé les trois Présidents Délégués de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques : leurs Éminences les Cardinaux Francis Arinze, Préfet émérite de la Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements; Théodore-Adrien Sarr, Archevêque de Dakar au Sénégal et Fox Wilfrid Napier, o.f.m., Archevêque de Durban en Afrique du Sud. Dans le même temps, le Saint-Père a nommé le Rapporteur Général, S. Éminence le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Archevêque de Cape Town au Ghana et deux Secrétaires Spéciaux, Leurs Excellences Mgr António Damião Franklin, Archevêque de Luanda en Angola et Mgr Edmond Djitangar, Évêque de Sahr au Tchad [29].

Remerciements aux Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique

Des trois Cardinaux Présidents Délégués nommés par le Saint- Père Benoît XVI, deux ont été Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Je suis certain d’interpréter le sentiment des Pères synodaux présents en remerciant cordialement tous les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique pour leur inestimable service ecclésial. Des 12 Membres élus le 7 mai 1994, au terme de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique, 9 ont persévéré jusqu’au bout. Entre-temps, S. Ém. le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, Archevêque émérite de Dakar, est décédé en 2003, nous le recommandons volontiers à l’infinie miséricorde de Dieu. Un autre s’est retiré en 2006 ayant atteint la limite d’âge, S. Ém. le Cardinal Armand Gaétan Razafindratandra, Archevêque émérite d’Antanarivo et un autre encore en 2007, S. Ex. Mgr Paul Verdzekov, Archevêque émérite de Bamenda au Cameroun, pour raison de santé. Ces derniers ont été remplacés respectivement par S. Ex. Mgr Anselme Titianma Sanon, Archevêque de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, par S. Ex. Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona, Archevêque d’Antanarivo à Madagascar et par S. Ex. Mgr Cornelius Fontem Esua, Archevêque de Bamenda au Cameroun.
Avec le début des travaux de la présente Assemblée, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques terminent leur mandat, exercé pendant 15 ans. Durant cette période, ils ont pris part à 19 Réunions. Le précieux service du Conseil Spécial à l’Église qui pèlerine en Afrique peut être divisée en trois phases. Durant la première, suite à la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, le Conseil avait comme objectif la préparation du projet d’Exhortation Apostolique Post-synodale, assistant le Saint-Père dans ce délicat exercice. Le Pape signa l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa à Yaoundé le 14 septembre 1995, en la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix. Ensuite, le Conseil Spécial a encouragé la mise en oeuvre de cet important Document. La troisième phase a coïncidé avec la préparation de la présente Assise synodale.


V. Observations de caractère méthodologique

Durant l’Audience que le Saint-Père Benoît XVI a bien voulu me concéder le 23 juin 2007, il a approuvé les critères de participation à l’Assise synodale. Ces derniers avaient été mis au point par le Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques lors de leur Réunion des 15 et 16 février 2007. Après l’approbation par le Souverain Pontife, ces critères ont été communiqués aux Présidents des Conférences épiscopales et aux Chefs des Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris.
Suivant la décision du Saint-Père Benoît XVI, participeront à l’Assise synodale ex officio tous les Cardinaux africains, sans limite d’âge, les Présidents des Conférences épiscopales des 36 Conférences épiscopales et les Chefs des Églises orientales catholiques sui iuris (copte et éthiopienne). Pour assurer une représentation adéquate de l’épiscopat, il était prévu d’élire un évêque sur 5 ou fraction de 5. En outre, il fallait que chaque pays d’Afrique ait au moins un représentant.
En conformité avec les normes de l’Ordo Synodi Episcoporum, le Saint-Père a complété le nombre des Pères synodaux. En particulier, il a nommé les représentants des épiscopats des autres continents ou de pays où il y a un nombre considérable de catholique d’origine africaine. Sont aussi présents quelques évêques représentants de pays qui offrent une assistance importante à l’Église en Afrique soit en personnel, comme missionnaires hommes et femmes, soit en moyens financiers. En plus, comme geste de reconnaissance pour le travail accompli, Sa Sainteté a inclus parmi les Pères synodaux les Membres du Conseil Spécial pour
l’Afrique qui pour diverses raisons n’ont pas été élus par leurs confrères.
Le Saint-Père Benoît XVI a ensuite accepté la proposition du Conseil Spécial d’inviter un nombre consistant d’Auditeurs, hommes et femmes, engagés dans l’évangélisation et la promotion humaine en Afrique. De cette manière, on espère avoir une vision plus vaste de la vie ecclésiale et sociale du continent, depuis le point de vue de laïcs chrétiens. Bien évidemment, la tâche des Experts est aussi importante surtout dans l’assistance qu’ils offriront aux deux Secrétaires Spéciaux au cours des travaux synodaux.
Arrivé à ce point, il me semble utile de signaler certaines procédures méthodologiques dont la mise en pratique devrait faciliter les travaux de cette Assemblée synodale et renforcer encore plus les liens de communion ecclésiale entre les Pères synodaux.
1) Au début de cette Assise synodale, la lecture du Vademecum Synodi Episcoporum est vivement recommandée. Chaque participant en a reçu un exemplaire. Y est indiqué en détail la manière de procéder, selon les normes de la Lettre Apostolique Apostolica sollicitudo et de l’Ordo Synodi Episcoporum, et selon les usages expérimentés lors des Synodes précédents.
2) Comme le montre le Calendrier des travaux, inséré en latin à la fin du Vademecum, 20 Congrégations générales et 9 sessions de Carrefours sont prévues.
3) Pour faciliter une plus grande participation de la part de tous, chaque Père synodal pourra intervenir dans la Salle du Synode pendant 5 minutes.
4) En outre, à la fin des Congrégations générales de l’après-midi, il y aura une heure de débat libre de 18.h00 à 19h.00. Le premier jour la discussion aura plus de temps à disposition pour réfléchir sur l’application d’Ecclesia in Africa. Après une présentation systématique faite par un Père synodal, S. Ex. Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, s’ouvrira un dialogue qui devrait permettre de revivre l’enthousiasme avec lequel la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques a été célébrée. D’ailleurs, cela donnera ainsi l’occasion d’en signaler les résultats positifs, tout comme les aspects qui n’ont pas été suffisamment mis en oeuvre ou qui devraient être appliqués plus en profondeur. Ce débat servira d’introduction aux travaux qui s’inscrivent idéalement dans la continuité de l’Assise synodale célébrée il y a 15 ans.
5) Il est assez important de souligner que la discussion libre devra se limiter au thème du Synode : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. « Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13.14) ». Il s’agit d’un sujet assez important et au riche contenu qu’il faudra approfondir sous les divers aspects ecclésiaux et chercher à traduire en initiatives pastorales. Les Présidents Délégués sont donc priés d’être attentifs à ce que le débat ne sorte pas du thème fixé.
6) De même, les Pères synodaux devraient suivre, si possible, pour leurs interventions la structure de l’Instrumentum laboris, afin de rendre la discussion plus ordonnée. Ils sont cordialement invités à indiquer dans leurs interventions le numéro ou au moins la partie de l’Instrumentum laboris à laquelle ils se réfèrent. La Secrétairerie Générale cherchera à en tenir compte pour établir la liste des intervenants. Donc, devraient prendre la parole tout d’abord ceux qui traiteront du premier chapitre de l’Instrumentum laboris, puis du deuxième, du troisième et enfin du quatrième. Bien évidemment, les Pères peuvent déjà s’inscrire en indiquant la partie du Document sur laquelle ils entendent intervenir.
7) Les résumés des textes prononcés, établis par les Pères synodaux euxmêmes, sont normalement rendus publics. Si quelqu’un ne souhaite pas que son intervention soit diffusée, il est prié de le signaler à la Secrétairerie Générale. Comme vous le savez, il est toujours possible de remettre les textes « in scriptis », ceux-ci recevront de la part de la Présidence de l’Assise synodale la considération qui leur est due.
8) Les langues utilisées pour les débats sont au nombre de quatre : anglais, français, italien et portugais. La traduction simultanée est assurée dans ces langues.
9) Les Propositions pourront être faites dans les langues susmentionnées. Vous êtes priés de rédiger chaque proposition de manière brève et concise, ne traitant que d’un seul argument. Il ne serait guère utile de répéter toute la doctrine connue de l’Église. Les Pères synodaux devraient plutôt proposer des conseils visant à favoriser une renouveau de la vie ecclésiale et de la pastorale pour promouvoir l’évangélisation et la promotion humaine, spécialement en ce qui concerne la réconciliation, la justice et la paix.
10) L’utilisation de moyens électroniques est désormais d’usage commun. Durant l’Assise synodale aussi on cherchera à en faire un usage approprié pour faciliter le dialogue et approfondir la communion ecclésiale. Entre autre, il y aura diverses élections et votes avec l’appareil que vous avez à votre disposition. Je remercie d’avance les techniciens pour le bon fonctionnement du système et pour leur assistance. Donc, les Pères devraient s’aider mutuellement, surtout au début des sessions, en indiquant à leur voisin, si nécessaire, comment utiliser ces instruments.
11) Pour favoriser une plus grande participation des Pères synodaux, il est instamment demandé qu’un Père synodal appelé à assumer une fonction n’en accepte pas d’autre au sein du Synode.
12) Selon un usage éprouvé, prennent également part à cette Assemblée synodale un certain nombre de Délégués fraternels, représentants d’autres Églises et Communautés ecclésiales. Plus particulièrement, je suis heureux d’annoncer la participation du Patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo Sa Sainteté Abouna Paulos. Celui-ci a bien volontiers accepté l’invitation du Souverain Pontife Benoît XVI et, s’il plait à Dieu, il sera avec nous le mardi 6 octobre au matin. Nous sommes dès à présent reconnaissants envers le Seigneur qu’un si haut représentant de cette Église chrétienne, présente en Afrique de manière ininterrompue depuis les temps apostoliques, prenne part au Synode.
13) Deux invités spéciaux sont également attendus durant les travaux synodaux. Il s’agit de Monsieur Jacques Diouf, Directeur Général de la F.A.O. (Food and Agriculture Organisation) qui devrait informer les Pères synodaux sur les efforts de la F.A.O. pour garantir l’assurance de l’alimentation en Afrique. Monsieur Rudolf Adada, Ancien Chef de la Joint United Nations / African Union Peacekeeping Mission pour le Darfour, a été invité pour parler des efforts de paix dans la région du Darfour, qui intéressent divers pays africains.

VI. Conclusion

« Laissez-vous réconcilier » (2 Co 5,20). L’appel pressant du Saint-Père Benoît XVI aux chrétiens d’Afrique, reprend l’exhortation de Saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Illuminé par l’Esprit Saint, don du Seigneur ressuscité, l’Apôtre des Gentils avait personnellement fait l’expérience de l’importance de la réconciliation pour la foi chrétienne : « et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (2 Co 5, 18). La réconciliation requiert le pardon reçu du Père et donné aux frères, selon l’enseignement du Seigneur Jésus : « remets-nous nos péchés, car nousmêmes remettons à quiconque nous doit» (Lc 11, 4 ; cf. Mt 6, 11). L’Église annonce cette joyeuse nouvelle de la réconciliation et propose de la réaliser à travers les sacrements, en particulier celui de la pénitence. Il s’agit de la réconciliation première d'où découle tout autre geste ou acte de réconciliation, même sur le plan social » [30]. Dans cette réciprocité il faut respecter la justice, qui comprend aussi la peine pour les crimes éventuellement commis. Toutefois, ceci est la parole de notre Maître : « allez donc apprendre ce que signifie: c'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt 9, 13). La miséricorde chrétienne n’annule pas mais dépasse la justice humaine.
L’enseignement sur la réconciliation, source de paix et de justice, devient donc le coeur de la réflexion de l’Assemblée Spéciale pour l’Afrique. Il présuppose l’Annonce de la Bonne Nouvelle et son assimilation. Dans le même temps, face à tant d’exemples de conflits, de violence, et même de haine, il semble urgent d’entreprendre une nouvelle évangélisation même là où la Parole de Dieu a déjà été annoncée. La situation varie d’un pays à l’autre. Depuis l’Égypte, l’Éthiopie et l’Érythrée où le christianisme a maintenu la continuité avec les temps apostoliques, jusqu’à l’Afrique sub-saharienne où certaines Églises particulières ont célébré les cinq cents ans de leur fondation alors que d’autres ont rappelé solennellement le premier siècle d’évangélisation. Si l’on s’enfonce depuis la côte vers l’intérieur du continent, il y a des pays où les premiers missionnaires sont arrivés il y a à peine cinquante ans. Quoi qu’il en soit, tous les chrétiens sont appelés à se réconcilier avec Dieu et avec le prochain. Dans cette tâche urgente et permanente, ils doivent être guidés par les évêques, les prêtres, les religieux, les diacres, tout comme par les personnes de la vie consacrée. La disponibilité à la réconciliation est le baromètre de la profondeur de l’évangélisation d’une personne, d’une famille, d’une communauté, d’une nation, tout comme celle des Églises particulières ou de l’Église universelle. Uniquement d’un coeur réconcilié avec Dieu peuvent naître des initiatives de charité et de justice envers le prochain et la société toute entière.
« Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13.14) ».Ces paroles qui engagent, qui sont dans le même temps une constatation de la dignité chrétienne et une invitation à la vivre toujours mieux, sont adressées à tous les chrétiens, aujourd’hui d’une façon particulière à ceux de l’Afrique. Ils savent, dans la grâce de l’Esprit Saint, qu’une réponse affirmative présuppose la conversion et la ferme volonté de suivre Jésus-Christ. L’Église catholique en Afrique doit illuminer encore plus les réalités complexes du continent à la lumière du Seigneur Jésus, devenant toujours plus le sel de la terre africaine, insérant la saveur du divin dans les réalités de tous les jours.
L’Église en Afrique est assez dynamique, comme du reste le montre les statistiques. Alors que nous en remercions Dieu, le coeur rempli de reconnaissance, prions le Père Tout-Puissant, le Fils et le Saint- Esprit qu’une telle croissance quantitative devienne toujours plus qualitative. De cette manière les chrétiens, conduits par leurs Pasteurs, pourront s’approcher de l’idéal auquel le Seigneur Jésus-christ appelle chacun de ses disciples, c’est-à-dire à devenir le sel de la terre et la lumière du monde. (cf. Mt 5,13.14). Uniquement unis à Lui, qui donne un sens à tout ce qui existe, et surtout à l’existence humaine, les chrétiens pourront accomplir leur vocation d’être le sel de la terre, d’offrir la saveur divine, éternelle, aux réalités terrestres, aux choses matérielles dont ils doivent se servir pour vivre leur vie chrétiennement. C’est uniquement en se revêtant de Jésus-Christ, la lumière du monde, que les chrétiens peuvent refléter cette lumière dans les ténèbres du monde actuel, en conduisant tant d’hommes de bonne volonté, en recherche de la vraie lumière, vers sa source inépuisable : le Seigneur Jésus, mort et ressuscité, celui qui est «Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » (Ap 22, 13).
Confions la réalisation de ce projet à l’intercession de tous les saints africains et plus particulièrement à la Bienheureuse Vierge Marie, faisant nôtre le souhait du Saint-Père Benoît XVI afin que l’Église en Afrique « puisse continuer à croître en sainteté, dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix […] pour que les travaux de la Deuxième Assemblée Spéciale du synode des Évêques fasse briller d’une vive flamme les dons que l’Esprit a répandus sur l’Église en Afrique […] que Dieu bénisse l’Afrique !» [31].
Merci de votre écoute patiente. Que la grâce de l’Esprit Saint nous accompagne durant nos travaux synodaux.

[1] BENOÎT XVI, Discours au Conseil spécial pour l’Afrique (Yaoundé, 19 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 20-21 mars 2009, p. 14 ; Édition Hebdomadaire en Langue Française (E.H.L.F.) 3075 (2009) p. 13.
[2] BENOÎT XVI, Discours lors de la remise de l’Instrumentum laboris (Yaoundé, 19 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 20-21 mars 2009, p. 9; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 10.
[3] Ibidem.
[4] Ibidem.
[5] BENOÎT XVI, Discours à l’arrivée à l’aéroport de Yaoundé (Cameroun) (Yaoundé, 17 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 3.
[6] Ibidem.
[7] Ibidem : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 19.
[8] Ibidem : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 3.
[9] Cf. SECRETARIA STATUS RATIONARIUM GENERALE ECCLESIAE, Annuarium statisticum Ecclesiae 1994, Città del Vaticano 1996.
[10] Cf. SECRETARIA STATUS RATIONARIUM GENERALE ECCLESIAE, Annuarium statisticum Ecclesiae 2007, Città del Vaticano 2009.
[11] Au cours des 25 ans de son existence, la fondation a distribué environ 40.000.000 de dollars US répartis sur 9 pays : Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, Gambie, Guinée Bissau, Niger, Mali, Mauritanie et Sénégal, finançant les projets d’accès à l’eau et de recouvrement des terres arables, tout comme ceux de formation et d’instruction.
[12] La Fondation est confiée au Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé.
[13] Mentionnons-en quelques-unes selon l’ordre alphabétique : AVSI (Association of Volunteers in International Service) ; Caritas Internationalis, CRS (Catholic Relief Services) ; Comunità di S. Egidio ; KAS (Konrad Adenauer Stiftung) ; ICCPPC (International Commission for Catholic Prison Pastoral Care) ; Misereor ; Pax Christi International ; COSMAM (Confédération des Conférences des Supérieur(e)s Majeur(e)s d’Afrique et de Madagascar) ; CCSA (Rencontre et Développement) ; Associazione nolite timere Onlus, Adoption à distance.
[14] African Forum Catholic Social Teaching, Harare (Zimbabwe); IAJP (Institut des Artisans de Justice et de Paix), Cotonou (Bénin) ; Centre Ubuntu, Bujumbura (Burundi) ; Médiation Sociale et Justice et Paix, Yaoundé (Cameroun) ; CEPAS (Centre d’Études pour l’Action Sociale), Kinshasa (R.D.Congo) ; Centre Carrefour, Port Mathurin (Île Maurice) ; Center for Social Justice and Ethics, Catholic University of Eastern Africa (CUEA), Nairobi (Kenya) ; Institute of Social Ministry in Mission, Tangaza College, Catholic University of Eastern Africa (CUEA) ; Justice and Peace Desk Conference of Major Superiors (Lesotho) ; CIDJAP (Catholic Institute for Development Justice and Peace), Enugu (Nigeria) ; CTP (Christian Professionals of Tanzania), Dar-es-Salaam (Tanzania).
[15] Cf. SECRETARIA STATUS RATIONARIUM GENERALE ECCLESIAE, Annuarium statisticum Ecclesiae 2007, Città del Vaticano 2009, p. 357.
[16] Cf. R. CASCIOLI, Aids, Africa e bugie: Avvenire, 28 mars 2009, p.3.
[17] JEAN-PAUL II, Discours au Conseil post-synodal de l’Assemblée Spéciale pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques (15 juin 2004) : L’Osservatore Romano, 17 juin 2004, p. 7 ; EHLF 2835 (2004) 2.
[18] JEAN-PAUL II, Discours aux participants au Symposium des évêques d’Afrique et d’Europe promu par le Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (13 novembre 2004) : AAS 96 (2004) 955 ; EHLF 2855 (2004) 1.
[19] Ibidem.
[20] JEAN-PAUL II, Lettre au Secrétaire Général du Synode des Évêques à l’occasion de la 13ème Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques (23 février 2005) : L’Osservatore Romano 26 février 2005, p.5 ; version française sur la page du site web du Vatican : www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/letters/2005/documents/hf_jpii_ let_20050223_eterovic-synod_fr.html.
[21] Ibidem.
[22] Ibidem.
[23] BENOÎT XVI, Audience générale du 22 juin 2005 : L’Osservatore Romano, 23 juin 2005, p. 1 ; E.H.L.F. 2887 (2005) p. 12.
[24] L’annonce a été publiée le 29 juin 2007 sur l’édition du vendredi 29 juin 2007 de L’Osservatore Romano, p. 1.
[25] N’ont pas répondu les Conférences épiscopales de la Gambie et Sierra Leone, de la Guinée équatoriale, du Lesotho, du Malawi et de la C.E.D.O.I. (Conférence Épiscopale de l’Océan Indien).
[26] Seule l’A.M.E.C.E.A. (Association of Member Episcopal Conferences in Eastern Africa) a répondu.
[27] La réponse de l’Église Métropolitaine sui iuris Éthiopienne n’est pas parvenue.
[28] N’ont pas répondu 2 Congrégations : Cause des saints et Instituts de Vie Consacrée et Sociétés de Vie Apostolique ; 2 Tribunaux : Pénitencerie Apostolique et Tribunal suprême de la Signature Apostolique ; 5 Conseils Pontificaux : Pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Pour l’Interprétation des Textes législatifs, Pour le Dialogue interreligieux, Pour la Culture, pour les Communications sociales ; et la Préfecture pour les Affaires économiques de l’Église.
[29] Cf. L’Osservatore Romano, 15 février 2009, p.1.
[30] JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique Post-synodale Reconciliatio et paenitentia, 4: AAS 77 (1985) 194.
[31] BENOÎT XVI, Discours à l’arrivée à l’aéroport de Yaoundé [Cameroun] (Yaoundé, 17 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 19.

[00010-03.04] [RE000] [Texte original: italien]

RAPPORT AVANT LE DÉBAT GÉNÉRAL DU RAPPORTEUR GÉNÉRAL, S. ÉM. LE CARD. PETER KODWO APPIAH TURKSON, ARCHEVÊQUE DE CAPE COST (GHANA)

Introduction

Par l’intonation du “Te Deum” et alors que la salle du synode tout entière résonnait de cet hymne de remerciement, le 7 mai 1994 à midi, se concluait officiellement la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Le Synode avait traité du thème: “L’Église en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’an 2000: “Vous serez mes témoins” (Ac 1, 8). Il adressa un message à l’Église et au monde, qui reflétait les principaux élans des procédures synodales, et vota différentes résolutions comme propositions. À partir de là, les pères synodaux et, en vérité, l’ensemble de l’Église, attendit avec impatience l’Exhortation apostolique post-synodale du Saint-Père, document qui aurait recueilli les fruits du synode dans un message provenant du Saint-Père, en sa qualité de Président du Synode, marquant la conclusion définitive de l’exercice collégial et consultatif du Synode. Ce que fit le Saint-Père lorsqu’il publia l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa (“L’Église en Afrique”) et la présenta à l’Afrique et au monde à Yaoundé, au Cameroun, le 14 septembre 1995, puis à Johannesbourg (Afrique du Sud) le 17 septembre 1995, et enfin à Nairobi (Kenya) le 19 septembre 1995 [1].

I. De la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique à la Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique

Le Pape Jean-Paul II décrivit le Synode, qu’il conclut avec la proclamation de son Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, comme un “Synode de la Résurrection, Synode de l'Espérance” [2]. Cette assemblée synodale, qui avait été convoquée contre un contexte de vision mondiale pessimiste à l’égard de l’Afrique et une situation du continent “tragiquement défavorable” [3] en ce qui concerne la mission d’évangélisation de l’Église au cours des dernières années du vingtième siècle, était cependant attendue comme un tournant dans l’histoire du continent [4].
Lorsque le Saint-Père et les pères synodaux se rassemblèrent pour ce premier synode, ils disposaient tant “d’éléments positifs que négatifs” (ombres et lumières) dans les “signes des temps” [5] à prendre en considération. Ils avaient face à eux les succès de l’évangélisation et la croissance des Églises locales sur le continent à contempler et à célébrer, mais ils avaient aussi devant eux une liste de misères et de maux desquels se plaindre et à décrier. Ils devaient honorer l’héroïsme et l’esprit de pionnier des missionnaires, mais ils devaient également critiquer le manque d’engagement et de zèle pastoral des ecclésiastiques, l’émergence de tendances syncrétiques, la prolifération des sectes, la politisation de l’Islam et son intolérance face à la critique. Ils devaient accueillir avec optimisme l’avènement des démocraties et le réveil d’une profonde conscience du continent aux plans culturel, social, économique et politique, mais également s’attrister pour l’existence de régimes despotiques et dictatoriaux, de mauvais gouvernements, d’une corruption étendue et d’une croissance alarmante de la pauvreté.
La situation du continent était tout aussi largement ambivalente que paradoxale et la rapide succession d’événements, tels que la chute de l’apartheid et la triste explosion du génocide rwandais, avaient bien caractérisé ce paradoxe.
Dans le cadre de ce mélange paradoxal, au sein duquel le mal et la détresse semblaient prévaloir sur le bien et la rectitude, la convocation pascale de la Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique fut perçue comme un message d’espoir pour l’Afrique. Avec la publication de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, l’Église en Afrique reçut une nouvelle impulsion et un nouvel élan pour sa vie et pour son activité sur le continent en tant qu’Église missionnaire, c’est-à-dire une Église avec une mission. Le synode en cette convocation pascale et l’Exhortation apostolique post-synodale ont donné à l’Église en Afrique une nouvelle impulsion qui a résidé dans:
- un espoir dans le Christ ressuscité, comme nouvel élan pour vivre son “programme” et sa mission évangélisatrice;- un nouveau paradigme: l’Église en tant que Famille de Dieu, permettant de donner une perspective et un système de valeur pour vivre son “programme” et en particulier de sous-entendre l’unité et la communion entre tous malgré les différences;
- un ensemble de priorités pastorales: l’évangélisation comme Proclamation, l’évangélisation comme Inculturation, l’évangélisation comme Dialogue, l’évangélisation comme Justice et Paix et l’évangélisation comme Communication, pour guider la réalisation de son “programme” et de sa mission dans une Afrique caractérisée par un mélange de misères humaines déplorables et par de rapides héroïsmes provenant tant de l’intérieur que de l’extérieur de l’Église [6].
Ainsi, la période suivant la publication de l’Exhortation apostolique post-synodale était le moment, ainsi que le croyait également le Pape Jean-Paul II [7], pour approfondir cette expérience synodale et mettre en oeuvre Ecclesia in Africa dans un effort persévérant et concerté afin de restaurer une nouvelle force et une espérance plus profondément ancrée dans un continent en difficulté. Cette période post-synodale est désormais entrée dans sa quatorzième année et, alors que la situation du continent, de ses îles et de l’Église porte encore quelques-unes des “lumières et des ombres” [8] ayant été la cause du premier synode, elle a également changé de manière considérable. Cette nouvelle réalité requiert une étude minutieuse en vue d’efforts d’évangélisation renouvelés qui demandent une analyse plus approfondie de thèmes spécifiques, importants pour le présent et l’avenir de l’Église catholique sur le grand continent” [9].
Par conséquent, rassemblés une fois encore en une Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique, quinze ans après la Première Assemblée Spéciale, nous devons être fortement ancrés dans le premier synode [10], mais également conscients et impatients d’explorer, ce qui est plus important, les “nouvelles données ecclésiales et sociales du continent” [11], données qui affectent désormais la mission de l’Église sur place et requièrent que l’Église africaine, tout en se reconnaissant comme “témoin du Christ” et “famille de Dieu”, se reconnaisse également comme “sel de la terre, lumière du monde” et “servante de la réconciliation, de la justice et de la paix”.

Nouvelles données ecclésiales et sociales pour le Continent

Données ecclésiales

a. Subsidia Fidei: Il est important de remarquer que l’élan et l’impulsion que la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique a donné à l’Église en Afrique pour renouveler sa force et ancrer plus fermement son espérance dans le Seigneur, furent grandement renforcés par différents autres événements au sein de l’Église et par les activités du Pape et de la Curie romaine, que nous pouvons évoquer comme “subsidia fidei” pour l’Église. Ainsi, le “Synode sur l’Eucharistie” affirma la centralité de l’Eucharistie dans la vie de l’Église-Famille de Dieu comme symbole d’unité. Le “Synode sur l’Évêque: serviteur de l’Évangile...” rappela aux Évêques et aux Pasteurs l’essentiel de leur ministère en tant que prédicateurs de l’Évangile à l’intérieur de l’Église-Famille de Dieu, et le “Synode de la Parole de Dieu” a rappelé à la famille de Dieu l’origine éternelle et impérissable de sa naissance. De plus, les Encycliques du Pape: “Deus caritas est”, “Spes salvi” et “Caritas in veritate”, ainsi que ses homélies et ses discours au cours de son récent voyage apostolique en Afrique (Cameroun et Angola) ont offert des catéchèses d’une inestimable valeur pour l’Église en Afrique. Enfin, les Dicastères de la Curie romaine ont organisé des séminaires sur:
- la “Liturgie” (Kumasi 2007) afin de fournir des lignes directrices concernant le travail actuellement en cours d’inculturation dans la liturgie.
- la “Doctrine sociale de l’Église” (Dar-es-Salaam 2008) afin de promouvoir la connaissance et la diffusion des enseignements sociaux de l’Église.
- la “Migration” (Nairobi 2008) pour discuter des migrations et des nouvelles formes d’esclavage.
- le “Travail des Commissions théologiques des Conférences épiscopales” (Dar-es-Salaam 2009) pour rappeler aux Évêques l’importance de leur mission d’enseignement au sein de l’Église, même lorsqu’ils font appel aux experts.
Ces rencontres intensifient la conscience que l’Église en Afrique a de sa vie et de son ministère.

b. La croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique: Au cours de ces dernières décennies (y compris les années qui ont suivi la Première Assemblée spéciale pour l’Afrique), il est devenu habituel de parler de la croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique et les indicateurs, ainsi que nous le montrent les Lineamenta et l’Instrumentum laboris, sont nombreux. Cependant, ce qui est réellement nouveau parmi ces signes de croissance de l’Église sur le continent et sur ses îles c’est:
- la suprématie des membres africains des congrégations missionnaires au niveau des postes à responsabilité: membres de conseil, vicaires généraux et même supérieurs généraux.
- la recherche de l’indépendance de la part des Églises locales, engagées dans des initiatives économiques et créatrices de revenus (banques, unions de crédits, compagnies d’assurance, immobilier et magasins).
- une croissance visible des structures et des institutions ecclésiales (séminaires, universités catholiques et instituts des hautes études, centres de formation continue pour les religieux, les catéchistes et les laïcs, écoles d’évangélisation), ainsi que l’augmentation du nombre d’experts et de ressources humaines affectés au travail de recherche dans les domaines de la foi, de la mission, de la culture et de l’inculturation, de l’histoire, de l’évangélisation et de la catéchèse.
Malgré tout, l’Église en Afrique doit faire face à de formidables défis:
- la discussion sur une Église prospère en Afrique fait oublier le fait que l’Église n’existe pratiquement pas dans de larges zones au nord de l’équateur. La croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique est présente généralement au sud du Sahara.
- la fidélité et l’engagement de certains ecclésiastiques et religieux à leur vocation.
- la nécessité d’évangéliser (ou de ré-évangéliser) en vue d’une conversion profonde et permanente.
- la perte de membres, qui migrent en direction des nouveaux mouvements religieux et des sectes. La jeunesse catholique quitte l’Afrique (pour se rendre en Europe et en Amérique) et y revient non-catholique parce qu’elle se sent moins chez elle au sein des Églises catholiques qui se trouvent sur ces continents
- la chute des indices de croissance démographique en Europe et en Amérique, traditionnellement chrétiennes.

c. Le Synode africain et le “Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM)”: L’approfondissement de l’expérience synodale africaine sur le continent et dans ses îles a intensifié grandement la croissance de l’organe continental de l’Église appelé “SCEAM”. C’est au cours du Concile Vatican II que les Évêques africains, à la recherche d’un moyen de coopération adéquat, créèrent un secrétariat afin de coordonner leurs interventions et de présenter un point de vue (africain) commun au Concile. Après le Concile et suite à la visite de Paul VI à Kampala (1969), les Évêques africains ont décidé de s’approprier de cet instrument de coopération au Conseil permanent avec la création du SCEAM. À cette époque, le SCEAM était un organisme permanent désiré, une institution, capable de favoriser l’exercice, de la part des Pasteurs du continent, d’une solidarité organique. Il devait constituer pour les Évêques le moyen de promouvoir “l'évangélisation dans la corresponsabilité” sur le continent [12] et c’est à cet organisme que le Pape Jean-Paul II attribua l’idée originale d’un Synode pour l’Afrique [13].
Au cours d’une Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique, il ne devrait pas être déplacé pour les Pasteurs du continent de renouveler leur nécessité du SCEAM et leur engagement au sein de cette institution.

Données sociales

Dans la description des “quelques lieux critiques de la vie des sociétés africaines” [14], l’Instrumentum laboris identifie et discute d’un grand nombre de ces nouvelles données sociales. Nous nous devons cependant d’ajouter quelques notes qui pourraient avoir leur importance et les présenter à l’assemblée synodale afin de compléter le cadre.

d. Notes sociales et historiques à l’Instrumentum laboris: En 1963, dans le cadre d’une réunion de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), les leaders africains décidèrent de conserver un vestige de la règle coloniale, en maintenant les frontières coloniales et les descriptions des États en dépit de leur caractère artificiel. Cette décision n’a cependant pas été suivie par un développement parallèle d’un sens de la nation qui fasse de la diversité ethnique une source d’enrichissement mutuel et qui privilégie le bien commun national sur les intérêts des paroisses ethniques. Ainsi, la diversité ethnique continue à être le semis des conflits et des tensions qui défient même le sens d’appartenance des uns et des autres comme membres de l’Église-Famille de Dieu.
L’esclavage et la réduction en esclavage, que le monde arabe a engagé sur la côte est de l’Afrique et que les Européens, avec la collaboration des africains eux-mêmes, ont récupéré au XIVème siècle, en l’étendant à l’ensemble du continent, ont représenté un déplacement forcé d’africains. Actuellement, la migration volontaire des fils et des filles d’Afrique vers l’Europe, l’Amérique et l’Extrême-Orient pour différentes raisons, les place dans des conditions serviles qui requièrent notre attention et notre soin pastoral.

e. Notes sociales et politiques à l’Instrumentum laboris: La célébration de l’indépendance et l’avènement d’États et de nations africains gouvernés évidemment par des africains ont été étroitement liées à l’évolution post-coloniale du continent. Le caractère de l’exercice du pouvoir politique et du gouvernement a généralement fait l’objet de critiques et a été vicié dans différents cas par le despotisme, la dictature, la politisation de la religion et de l’ethnie, le mépris pour les droits des citoyens, le manque de transparence et de liberté de la presse, etc. Mais la période qui a suivi la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique, à savoir le début du Troisième millénaire, semble avoir coïncidé avec l’émergence au niveau continental de la part des leaders africains eux-mêmes d’un désir de “renaissance africaine” (Thabo Mbeki), “une nouvelle affirmation de soi des africains en vue de la construction d’une civilisation africaine qui puisse répondre aux impératifs de notre époque, à savoir la prospérité économique, la liberté politique et la solidarité sociale” [15].
Les leaders politiques africains semblèrent décidés à changer l’image de l’administration politique sur le continent et ont mené une autocritique de l’Afrique qui identifie le pauvre et le mauvais gouvernement sur le continent comme causes de la pauvreté et des malheurs de l’Afrique. Par conséquent, ils ont indiqué la voie du bon gouvernement et de la formation d’une classe politique capable de conserver le meilleur des traditions ancestrales de l’Afrique et de l’intégrer aux principes de gouvernement des sociétés modernes. Ils ont adopté un cadre stratégique (NEPAD) afin de guider sa mise en oeuvre et de donner le ton au renouvellement de l’Afrique grâce à un leadership politique transparent [16]. L’Église en Afrique peut-elle reconnaître ces efforts politiques réalisés par ses fils et ses filles et leur fournir les sollicitations provenant de son annonce de l’Évangile afin de les défier à être “lumière de leurs nations” et “sel de leurs communautés”, fournissant un “leadership de service”?

f. Notes sociales et économiques à l’Instrumentum laboris: La relation radicale entre la manière de gouverner et l’économie est claire et démontre que le mauvais gouvernement provoque une mauvaise économie. Ceci explique le paradoxe de la pauvreté du continent qui est certainement le plus richement comblé de dons du monde. La conséquence de cette “équation gouvernement-économie” est qu’il est difficile de trouver un pays d’Afrique qui puisse faire face à ses obligations budgétaires, à savoir à la planification de son programme financier national, sans avoir recours à une aide extérieure sous forme de donations ou de prêts. Le recours continuel à ces prêts pour garantir les budgets nationaux gonfle le lourd fardeau de la dette. L’Église universelle s’est associée à l’Église en Afrique dans le cadre d’une campagne en faveur de son éradication au cours du Grand Jubilé de l’An 2000.
Les alliances traditionnelles économiques entre les États africains et leurs anciens colonisateurs, comme par exemple le “Commonwealth”, ont été remplacées par d’autres puissantes alliances économiques entre les nations africaines, prises individuellement ou en bloc, avec les États-Unis (Millenium Challenge Account), la Communauté économique européenne (Culture de Lomé, Accords de Yaoundé et de Cotonou [17]) et le Japon (TICAD I-III). Récemment, la Chine et l’Inde, assoiffées de ressources naturelles, sont apparues sur la scène, démontrant de l’intérêt pour l’ensemble de tous les aspects possibles des économies nationales africaines. Au centre de la plupart de ces protocoles et accords se trouve le débat sur le “commerce” et les “aides”, sachant que les pays qui se sont développés l’ont fait grâce au commerce (non seulement en “matières premières”) et non pas dans un “syndrome de dépendance des aides”. Les décisions et “conditions” imposées par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et par le monde développé constituent donc une grave préoccupation pour les jeunes économies commerciales d’Afrique.
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, les leaders africains ont récemment adopté un cadre stratégique (NEPAD [18]) afin de conduire le partenariat économique de l’Afrique et sa sortie de la pauvreté et de lui permettre d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Ainsi que l’a déclaré M. Uschi Eid, “seuls des sollicitations et des efforts provenant d’Afrique nous conduiront au succès” [19]. Dans un sens, la sortie de l’Afrique de ses graves difficultés économiques devrait être l’oeuvre d’Africains et être menée par eux [20]. Dès lors, les coeurs doivent être convertis et les yeux guéris afin d’apprécier les nouvelles voies d’administration du bien public en fonction du bien-être commun et ceci est le rôle de la mission d’évangélisation de l’Église sur le continent et sur ses îles.

g. Notes sociales à l’Instrumentum laboris: Le déclin des ces situations historiques, politiques et économiques détermine la santé (stable, pacifique, prospère) de la société africaine et elles constituent aussi les sources traditionnelles de défis pour la mission évangélisatrice de l’Église sur le continent et sur ses îles.
Il existe également un certain nombre de phénomènes et d’initiatives internationales dont l’impact sur la société africaine et certaines de ses structures valent la peine d’être évaluées et qui posent de nouveaux défis à l’Église. Si l’importance croissante donnée à la place et au rôle des femmes dans la société constitue une heureuse évolution, l’avènement au niveau mondial de styles de vie, de valeurs, d’attitudes et d’associations, etc. qui déstabilisent la société, est inquiétant. Ceci attaque les piliers fondamentaux de la société (le mariage et la famille), diminue son capital humain (migrations, diffusion des drogues et commerce des armes) et met en danger la vie sur la planète.
Le mariage et la famille ont été soumis à des pressions étranges et terribles afin de redéfinir leur natures et leurs fonctions au sein de la société moderne. Les mariages traditionnels, qui fondent des familles, sont mis en danger par une proposition croissante d’unions et de relations alternatives, dépourvues du concept d’engagement définitif, à caractère non hétérosexuel et n’ayant pas vocation à la procréation. Elles disposent d’ores et déjà de partisans à l’intérieur de l’Église dans certaines parties du continent. Cet assaut mené contre le mariage et la famille est promu et soutenu par des groupes qui produisent rapidement un lexique destiné à remplacer les concepts traditionnels et les termes relatifs au mariage et à la famille par de nouveaux. L’objectif est d’établir une nouvelle éthique globale à propos du mariage, de la famille, de la sexualité humaine et des thèmes liés à l’avortement, à la contraception, aux aspects de l’ingénierie génétique, etc.
Trafic de drogue et trafic d’armes: Certaines régions du continent sont devenues de véritables routes pour le trafic de drogue provenant d’Amérique latine et destinée à l’Europe. En Afrique de l’Ouest, le trafic de drogue est cité comme la cause sous-jacente de l’instabilité et des troubles en Guinée-Bissau et maintenant également en Guinée. Lorsqu’au début du mois de juillet, les militaires guinéens ont déclaré l’état d’alerte maximum, leur décision était justifiée par la crainte d’une invasion soutenue par les cartels de la drogue.
Les drogues ne passent pas simplement par certaines régions et îles du continent, elles ont trouvé partout des consommateurs. L’usage de drogue et la toxicomanie parmi les jeunes sont rapidement devenus la plus forte source d’émiettement de capital humain en Afrique et dans ses îles, à côté de l’immigration, des conflits et des maladies telles que le SIDA et la malaria.
Le trafic d’armes sur petite et grande échelle est étroitement lié au trafic de drogue et à l’aventurisme politique. L’Église en Afrique, rassemblée en Assemblée spéciale, s’associe au Saint-Siège pour accueillir avec joie les initiatives des Nations Unies visant à bloquer le trafic illégal d’armes et rendre plus transparent l’ensemble du commerce des armes. Elle soutient en particulier l’étude en cours dans le cadre de la préparation d’un traité ayant force juridique contraignante relatif à l’importation, à l’exportation et au transit d’armes conventionnelles en Afrique.
Environnement et changements climatiques: Les nappes de pollution qui recouvrent de temps en temps la plus grande partie de l’Afrique de l’est, et la diminution des précipitations, la sécheresse et la famine sont généralement considérées comme un effet d’El Niño, mais elles montrent combien les conditions climatiques du continent sont généralement dures et combien les équilibres écologiques précaires dans certaines régions d’Afrique peuvent être affectés par les “changements climatiques” observés sur la planète. Ainsi, les Nations Unies et les sommets mondiaux sur les changements climatiques, les gaz à effet de serre et la raréfaction de la couche d’ozone, comme le dernier en date qui a eu lieu à Copenhague en décembre, doivent bénéficier du soutien orant de l’Afrique, alors qu’elle s’efforce d’explorer et de développer des sources alternatives d’énergie propre (solaire, éolienne, énergie dérivant des vagues, biogaz, etc.).
À la fin de cet exposé, qui est naturellement incomplet, il est clair que même si le continent et l’Église sur le continent africain ne sont pas encore sortis de leurs peines, ils peuvent déjà se réjouir pudiquement de leurs réalisations et des performances positives, et commencer à démentir les généralisations stéréotypées concernant les conflits, la famine, la corruption et le mauvais gouvernement. Les quarante-huit pays qui forment l’Afrique subsaharienne sont caractérisés par de grandes différences en ce qui concerne les situations de leurs Églises, leur gouvernement et leur vie sociale et économique. De ces quarante-huit nations, seules quatre: la Somalie, le Soudan, le Niger et certaines régions de la République démocratique du Congo sont actuellement en guerre et au moins deux d’entre elles sont en guerre, du fait d’ingérences étrangères: la République démocratique du Congo et le Soudan. À vrai dire, il y a moins de guerres en Afrique qu’en Asie.
De plus en plus, des mercenaires et des criminels de guerre sont dénoncés, reconnus coupables de crimes et jugés. Un fonctionnaire de la République démocratique du Congo a fait l’objet de poursuites judiciaires et Charles Taylor, du Libéria, comparaît devant la Cour internationale.
La vérité est que l’Afrique a été chargée pendant trop longtemps par les médias de tout ce qui était répugnant pour le genre humain et il est temps de “passer à la vitesse supérieure” et de dire la vérité sur l’Afrique avec amour, en favorisant le développement du continent, ce qui portera au bien-être du monde entier [21]. Les pays du G8 et les pays du monde entier doivent aimer l’Afrique en vérité! [22]. Généralement considérée comme occupant le dixième rang de l’économie mondiale, l’Afrique est cependant le deuxième marché mondial émergeant après la Chine. Elle représente donc, ainsi que l’a indiqué le sommet du G8 à peine conclu, un continent d’opportunités. Cela doit être également vrai pour les peuples de ce continent. On peut espérer que la poursuite de la réconciliation, de la justice et de la paix réalisée en particulier par les chrétiens, du fait de leur enracinement dans l’amour et dans la miséricorde, permette de restaurer la totalité de l’Église-Famille de Dieu sur le continent et que cette dernière, en tant que sel de la terre et lumière du monde, puisse guérir “le cœur humain blessé, ultime repaire où se niche la cause de tout ce qui déstabilise le continent africain” [23]. Ainsi, le continent africain et ses îles réaliseront les opportunités et les dons qui lui ont été donnés par Dieu.

II. De l’appartenance à la “Famille de Dieu (évangélisateurs)” uu devenir “Serviteurs (ministres=diakonoi) de réconciliation, de Justice et de Paix”

Comme nous l’avons déjà observé, lorsque la Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique s’est réunie afin d’examiner l’évangélisation sur le continent et sur les îles au seuil du Troisième millénaire de la foi chrétienne, l’Église-Famille de Dieu a été adoptée comme principe directeur pour l’évangélisation de l’Afrique [24]. L’image de l’Église-Famille de Dieu a évoqué certaines valeurs telles que l’attention aux autres, la solidarité, le dialogue, la confiance, l’acceptation et la chaleur humaine dans la relation. Mais elle a également évoqué les réalités socio-culturelles de la paternité, de la génération et de la filiation, de la parenté et de la fraternité, ainsi que les réseaux des relations qui sont générés par ces réalités sociales et auxquelles les membres appartiennent. Les relations construisent la vie de communion de la famille; mais elles exigent aussi des membres l’accomplissement de ce qui constitue aussi bien leur justice et rend les relations harmonieuses et pacifiques. Lorsque, cependant, les exigences des relations ne sont pas accomplies, la justice est enfreinte, les relations sont brisées et la vie de la communion est blessée, endommagée et affaiblie.
L’Instrumentum laboris observe ce point et souligne les nombreux défis à la communion et à l’ordre social que cause sur le continent l’indifférence aux légitimes exigences de la relation. Dans ces cas-là, le rétablissement de la communion et l’ordre légitime sont ce que la réconciliation représente; et elles prennent la forme d’un rétablissement de la justice qui seule redonne la paix et l’harmonie avec l’Église-Famille de Dieu et la famille de la société.
L’intervention suivante veut contribuer à la discussion synodale sur ce thème en fournissant de brefs fondements bibliques des termes concernant le thème du synode, avec une vision des exemples de base des termes et de leur interaction tout d’abord dans les relations humaines (au sein de la société humaine) et avant tout dans la relation de Dieu avec l’homme (l’humanité).
a. Serviteurs (diakonoi) de la Réconciliation comme Rétablissement de la Justice

Dans les Écritures, la réconciliation est une initiative divine, un mouvement libre et gratuit, que Dieu promeut pour l’humanité; et son but est de rétablir et de restaurer la communion que l’engagement constitue mais que le péché menace et détériore.
L’enseignement de saint Paul à l’Église corinthienne sur ce sujet est très instructive: “Si donc quelqu’un est dans le Christ, c'est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu” (2 Co 5, 7-20).
La Réconciliation est, donc, un acte divin, dont nous (l’humanité) faisons l’expérience, et dans laquelle nous devenons ses instruments et ses ambassadeurs.

L’Expérience de la Réconciliation des Apôtres

L’Évangile a présenté la vie et le ministère de Jésus comme l’oeuvre de salut du Père pour l’humanité. Les disciples de Jésus ont été les premiers à être appelés à faire une expérience du don du salut du Père en Jésus; et ils l’ont faite de différentes manières, incluant le pardon et la réconciliation. Le salut de “paix” de Jésus aux disciples le matin de la Résurrection (Jn 20, 19-21), par exemple, était à la fois pour pardonner leur trahison et leur abandon envers Jésus et pour restaurer leur amitié.
Jésus ne demandait pas à ses disciples qu’ils admettent leur culpabilité. Il n’y avait pas une exigence de pardon; et aucune excuse n’avait été faite. Il s’agissait simplement d’un commentaire bénin sur tout le désagrément. Dans ce contexte, c’est un libre pardon et un salut de paix de réconciliation qui avaient été donnés.
La Réconciliation est, ici, un geste de conciliation libre et non mérité, que l’offensé (Jésus) offre à l’offenseur (les disciples). Maintenant chargés de prêcher l’Évangile jusqu’aux confins du monde, les disciples-apôtres de Jésus ont accompli leur mission en tant qu’ “évangélisateurs qui ont été évangélisés” et en tant qu’ “ambassadeurs de la réconciliation qui ont fait l’expérience de la réconciliation”.

L’Expérience de la Réconciliation de Paul

Plus tard, Paul est venu après les disciples-apôtres de Jésus en tant que prêcheur du même don du salut en Jésus. Mais ayant reçu cette mission de prêcher Jésus dans les circonstances particulières de sa rencontre avec le Seigneur ressuscité sur la route de Damas, Paul aurait également compris le don du salut en Jésus par le Père comme un acte de réconciliation du Père [25]. Car, ainsi qu’il l’aurait admis: “moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur. Mais il m'a été fait miséricorde parce que j'agissais par ignorance, étranger à la foi, et la grâce de notre Seigneur a surabondé...” (1 Tm 1, 13-14).
Donc, pour Paul, l’expérience du salut était aussi un passage de l’hostilité et de l’inimitié envers le Christ et envers son Église en la croyance dans le Christ et la communion avec son Église. Ce passage de l’inimitié à la communion constitue la réconciliation; et c’est une expérience imméritée que seul Dieu peut provoquer et amener une personne à la faire. En cela, Paul se considère comme un exemple pour ceux qui, plus tard, doivent croire en le Christ (cf. 1 Tm 1, 16).

La Réconciliation avec Dieu (verticale) et parmi les êtres humains (horizontale)

En Jésus: dans sa vie et dans son ministère, mais, spécialement, dans sa mort et sa résurrection, Paul avait vu Dieu le Père réconcilier le monde (toutes les choses sous le ciel et sur la terre) avec lui-même, ne tenant plus compte des fautes des hommes (cf. 2 Co 5, 19; Rm 5, 10; Col 1, 21-22). Paul avait vu Dieu le Père réconcilier les Juifs et les Gentils avec lui-même, créant un homme nouveau à la place de deux (Ep 2, 15; 3, 6). Ainsi, l’expérience de réconciliation établit une communion sur deux niveaux: communion entre Dieu et les hommes; et du fait que l’expérience de réconciliation nous fait aussi (nous, l’humanité réconciliée) “ambassadeurs de réconciliation”, elle établit, aussi, de nouveau une communion entre les hommes.

La Réconciliation entre Dieu et l’Humanité

La création de l’humanité à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’élection d’Israël pour être “portion et héritage de Dieu”, et la rédemption de l’humanité par le Christ et son sceau avec l’Esprit Saint (cf. Ep 1, 13; 4, 30) conduit l’humanité à la communion avec Dieu.
Lorsque l’humanité est aliénée et séparée de Dieu par le péché (désobéissance, idolâtrie, rejet de Jésus), la réconciliation prend la forme du pardon; et c’est l’œuvre de Dieu [26]. C’est Dieu qui engage la réconciliation avec Israël et l’humanité séparés et souillés par le péché, les ramenant à lui (Ps 80, 3.7.19; Os 11.14) “pour être, à la louange de sa gloire” (Ep 1, 12) et parce qu’ils sont “créés saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu” (Ep 4, 24); et Jésus, “Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu” (2 Co 5, 21; Ga 3:13; Rm 8, 5) restent nos moyens de réconciliation. Ceci, toutefois, est l’oeuvre de l’amour de Dieu.

La Réconciliation au sein de la Famille Humaine

En se référant brièvement à l’histoire de Jésus et de Zachée (Lc 19), l’on s’aperçoit que la rencontre entre Jésus et Zachée ne conduit pas seulement à une conversion qui établissait une communion entre Zachée et le Seigneur. Cette rencontre conduisait à une conversion qui restaurait aussi la relation de Zachée avec son peuple. Dans cette nouvelle relation, la conception qu’il avait de son peuple changeait aussi: ils étaient frères et non pour être exploités ou frustrés.
Ainsi, la Réconciliation n’est pas limitée au dessein de Dieu de l’humanité séparée et souillée par le péché de lui-même dans le Christ à travers le pardon des fautes et en-dehors de l’amour. C’est aussi la restauration des relations entre le peuple au moyen de la solution des différences et de la suppression des obstacles à leurs relations dans leur expérience de l’amour de Dieu. Ceci est, en effet, la caractéristique qui distingue la réconciliation dans le ministère de Jésus Christ. À part cela, les Écritures attestent un certain nombre de formes de réconciliation à travers des solutions [27], telles que:
- l’offenseur admet avoir mal agi et demande pardon, reconnaissant ainsi que l’offensé est dans son droit (droit) [28];
- l’offenseur nie qu’il a mal agi et ainsi commence un arbitrage afin d’établir qui est dans le juste;
- l’offensé pardonne unilatéralement et veille à la cessation des hostilités, faisant régner paix et réconciliation.
Dans tous ces cas, pourtant, la réconciliation, en tant que passage de l’hostilité à la paix, de l’aliénation à la communion, n’est pas un sacrifice des droits; et ne remplace pas la justice. Mais bien plutôt, c’est de nouveau l’établissement de la justice et elle en est le fruit.
En somme, la réconciliation du peuple jusqu’ici séparé peut prendre la forme des Juifs et des Gentils marchant ensemble en tant qu’héritiers du Royaume (Ep 2, 13-15). Elle peut prendre la forme des membres d’une communauté de fidèles aplanissant leurs différences et étant en paix les uns avec les autres (Mt 5, 23-26; 1 Co 3:3); et elle peut aussi prendre la forme d’une communauté dont les membres se pardonnent mutuellement leurs offenses (Mt 18, 15; Lc 17, 3-4), et ne nourrissant ni colère ni rancune (Ep 4:26). À travers le pardon, les membres de la famille humaine construisent une communauté du réconcilié (Ep 2, 16-19), dont le pardon mutuel reflète celui de leur Père dans les cieux (Mt 6, 12; Lc 11:4), qui donne naissance à notre réconciliation de son amour et de sa miséricorde.

Une Perspective pour l’Instrumentum laboris

Il s’agit ici d’une spiritualité de la réconciliation qui peut inspirer sa discussion dans l’Instrumentum laboris, et qui doit devenir la disposition dans laquelle doit se trouver le serviteur de la réconciliation. Ainsi, dans une Église, qui est une famille en communion, la réconciliation devient, non pas un état ou une action, mais un processus dynamique, une tâche à entreprendre chaque jour, un but à atteindre, un effort sans fin pour rétablir, au moyen de l’amour et de la miséricorde, la fraternité brisée, les liens fraternels et la confiance [29].

b. Serviteurs (diakonoi) de la Justice (Rectitude)

Le fruit de la réconciliation entre Dieu et les hommes, et à l’intérieur de la famille humaine (d’homme à homme), comme on l’a remarqué, est la restauration de la justice et les exigences légitimes de la relation. C’est à la fois éthique et religieux ; et c’est ce qu’exige l’amour et la miséricorde.
Fausses formes de Justice
Le concept de la justice a déjà été sécularisé pour signifier :
- la simple “loi du plus fort” ;
- un compromis social qui évite de plus grands maux ; et
- les avantages de l’impartialité dans l’application générale d’une loi singulière, sans considération pour la justice naturelle [30].
La montée de l’“esprit du capitalisme” également ajouté à l’aliénation du concept de justice hors de toute racine transcendante [31]. La moralité de l’économie, par exemple, était rationaliste et individualiste. Son principal intérêt était le profit; et elle était séparée des demandes de solidarité, d’un “ordo amoris” et de tout lien moral religieux. Par conséquent, toute la notion de justice sociale était éliminée; et la “justice” n’était appliquée qu’aux conventions de contrats négociés dans le cadre de la loi de l’offre et de la demande, sans aucune restriction sur l’entreprise individualiste. L’état faisait simplement respecter l’ordre public et les engagements des contrats, mais restait parfaitement neutre quant à leur contenu [32].
Par opposition, la justice de la diakonia chrétienne est l’ordre juste des choses et la satisfaction des exigences légitimes des relations. C’est la justice et la rectitude de Dieu et de son Royaume (Mt 6,33).
Dans l’état présent des péchés humains et des cœurs blessés, cependant, l’Ancien Testament répète fréquemment que la justice ne peut venir à l’homme par ses forces propres, mais est un don de Dieu; et le Nouveau Testament développe pleinement cette conception en faisant de la justice la révélation suprême de la grâce salvifique de Dieu.
Le sens de la “Rectitude du Royaume” [33]

La rectitude ou justice du Royaume n’est pas exactement la justice punitive, bien que cela soit parfois le sens de son attribution à Dieu (Ap 15, 4 ; 19, 2.11 ; 16, 5-6 ; He 6, 10; 2 Th 1, 6). Elle n’a pas non plus le sens de la “conformité à une norme ou à un ensemble de normes”. Enfin, ce n’est pas son sens premier ; et ce ne peut en aucun cas être appliqué à Dieu en ce sens.
Présenté différemment comme tsedaqah et tsedek, la justice (rectitude) est la satisfaction des exigences de la relation, que cette relation soit avec Dieu ou avec les hommes [34] ; et quand Dieu ou l’homme remplit les conditions qui lui (à lui ou à elle) sont imposées par la relation, il (elle) est, dans les termes de la Bible, “droit” (tsadiq/dikaios).
Fondamentalement, trois événements représentent toutes les relations qui existent entre Dieu et l’homme, et entre les hommes. Il s’agit de :
- la création de l’humanité “à l’image de Dieu” (Gn 1, 26-27) qui fait des êtres humains les créatures de Dieu. Le même acte de la création, cependant, postule pour l’humanité une origine et une parenté communes, ce qui relie radicalement tous les membres de la famille humaine les uns aux autres, comme frères et sœurs [35] ;
- l’alliance-élection d’Israël par Dieu, qui fait d’Israël “le premier-né de Dieu”, “son héritage”, “son destin”. Cela fait des fils d’Israël des “frères” (Dt 15, 11.12);
- la nouvelle alliance dans le sang du Christ; pour laquelle tous les disciples du Christ sont marqués du “sceau de l’Esprit Saint” (Ep 1, 13-14), qui fait d’eux des “temples de l’Esprit Saint” et la “famille de Dieu”.
Cela constitue la base des relations entre Dieu et l’humanité, à ses différents points dans l’histoire; et ce sont des initiatives de Dieu et des actions de son amour. En ce sens, la rectitude est une justice radicale et compréhensive de caractère religieux, qui demande que l’humanité se rende elle-même à Dieu, dans l’obéissance et dans la foi, et qui fait de chaque péché une “injuria”, une injustice et une impiété. Cela demande également que l’homme remplisse les exigences légitimes des relations qu’il/elle établit en raison de la création et de la fraternité universelle des hommes, et en raison du salut et d’un commun appel à la sainteté et filiation dans le Christ.

La Rectitude (Justice) basée sur la Création

La question des impôts à payer à César (Mt 22, 15-22 ; Mc 12, 13-17; Lc 20, 20-26) donna à Jésus l’occasion de définir la relation de base entre Dieu et l’homme en tant que justice (rectitude).
Dans la réponse de Jésus, le denier appartenait à César, parce qu’il portait le signe de propriété de César, son nom, son effigie et son inscription. En toute justice, la propriété du denier de César devait être reconnue et respectée; aussi faut-il “rendre à César ce qui appartient à César”.
La seconde partie de la réponse de Jésus abordait la question plus fondamentale de savoir si ceux qui sont faits “à l’image de Dieu”, autrement dit les êtres humains, donnent à Dieu son juste dû (Gn 1, 26-27).
L’appartenance de l’humanité à Dieu, en raison de sa création “à l’image de Dieu” est la base de la vie de communion entre Dieu et l’humanité ; et elle prend la forme de la justice : l’humanité donnant à Dieu son juste dû. Dans les Écritures, l’humanité donne à Dieu son juste dû quand l’homme “obéit à la voix de Dieu”, “croit en Lui”, “le craint” et “le vénère” ; et là où cela manque, l’humanité doit se montrer “repentante” (Ac 17, 30).
Par conséquent, la parenté commune de l’humanité (Ac 17, 28-29) s’accompagne d’un “ordo amoris” de solidarité et de fraternité universelle, qui est soutenu par la justice dans leurs relations.

La Rectitude (Justice) basée sur les Alliances de Dieu

Les différentes alliances dans l’Ancien Testament établissent des relations différentes entre Dieu et :
- les individus singuliers: Abraham (Gn 17, 4), Isaac (Gn 17, 19.21), Jacob (Ex 6, 4), David (2 Ch 21, 17);
- les familles: Abraham (Gn 17, 11), David (2 S 7) ; et
- le peuple d’Israël (Dt 4, 12-13 ; et donc Ex 19-20; 24, 8; Lv 24, 8 ; Is 24, 5).
Certaines des alliances de l’Ancien Testament expriment également les alliances entre les êtres humains : Isaac et Abimelech (Gn 26, 28-29), Jacob et Laban (Gn 31, 44), David et Jonathan (1 S 20, 16). Les alliances établirent des relations spéciales qui imposèrent aux partenaires des exigences particulières. Conserver et respecter les exigences d’une relation c’était prendre un parti juste et droit [36]; et la justice (rectitude) était l’observance des exigences des relations, qui assurait fraternité et communion, verticalement, entre Dieu et l’humanité, et horizontalement, parmi le peuple. Les termes contraires dans la Bible sont “cruel (evildoer)” et “cruauté (rasha)” ; et ils signifient le mal commis contre l’un des membres de la relation, avec lequel l’autre est en relation. Ainsi, les “cruels” détruisent la communauté (communion) parce qu’ils ne peuvent satisfaire les exigences des relations communautaires [37]. Les alliances entre Dieu, les individus et le peuple d’Israël représentèrent des initiatives de Dieu, qui placèrent les individus, les familles et le peuple d’Israël dans une relation spéciale et exigèrent d’eux de vivre les exigences des relations envers Dieu et envers eux-mêmes. Les exigences de la relation, d’une part, étaient la soumission dans la foi et la croyance au don de Dieu, parfois exprimées par l’exécution d’un simple rite de circoncision (Gn 17, 10-11), mais souvent à travers le respect des lois (torah) de Dieu (Ex 19, 5 ; Dt 7, 9, etc.). D’autre part, les juifs devaient répondre à certaines exigences parmi eux (justice sociale) en raison de leur relation d’alliance avec Dieu.
En raison de ses nombreux péchés et de ses nombreuses violations des exigences de sa relation d’alliance avec Dieu, Israël agit injustement (injuria) et se plaça lui-même en dehors de la relation. Il n’avait plus rien à exiger de Dieu en tant que partenaire d’alliance. Si Dieu continuait à le traiter comme un partenaire d’alliance, c’est parce que Dieu fermait les yeux sur ses infractions “la faisant revenir” (Ps 80, 3.7.19). Israël, pour sa part, ne peut que confesser ses péchés et laisser Dieu venir la chercher. C’était le principal sujet d’Osée et des prophètes d’après l’exil. La rectitude de Dieu consista alors dans sa justification d’Israël : en ramenant Israël dans sa relation d’alliance malgré ses fautes. Pour sa part, la rectitude d’Israël consista à confesser ses péchés, en reconnaissant ses fautes, et en acceptant fidèlement le don gracieux de Dieu du salut.

La Rectitude (Justice) basée sur la Nouvelle Alliance dans le Christ

C’est sur cette note que Jean le Baptiste commença son ministère ; et son ministère remplit toute la rectitude dans le sens que le repentir et la confession des péchés, qu’il exigeait, étaient la reconnaissance par Israël (et l’humanité) de son inaptitude à la fidélité aux exigences de son alliance, son expérience imméritée, pas moins, du pardon et des faveurs “justifiés” de Dieu, et la reconnaissance que Dieu agit seulement par amour et miséricorde. Quand, par conséquent, Jésus fut baptisé par Jean, il rejoignit l’humanité pour confesser tout cela en tant que rectitude de Dieu. C’est en cela que l’on dit que Jésus a satisfait toute rectitude!
En Jésus et dans son ministère, on peut voir deux choses :- La révélation de la justice en tant que grâce divine et juste qui dépasse les exigences légitimes de la relation d’alliance et rétablit l’humanité par miséricorde [38] et l’amour dans une relation d’alliance. En effet, “c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu” (Ep 2, 8).
- Le legs de l’Esprit de Jésus à l’Église et à ses membres, les autorisant à répondre à la justice (rectitude) de Dieu dans la foi et à devenir la “justice de Dieu en Jésus Christ” (2 Co 5, 21), “justifiant”, à leur tour, un autre par miséricorde et amour [39] : ignorant leurs péchés et leurs atteintes à leurs droits, leurs relations socio-politiques, etc., et en restaurant ainsi la communion de la famille de Dieu et de la famille de la société.
Ce sens de justice et de rectitude suggère que l’appel de l’Instrumentum laboris à être des serviteurs de justice est d’abord et avant tout un appel à une expérience spirituelle : l’expérience de la justification (grâce justifiante) dans la foi, et à ses témoins dans l’Église et dans la société, justifiant les autres. Comment pourrait-on autrement réparer les plaies et les nombreuses blessures avec lesquelles les gens vivent sur ce continent et restaurer la communion ?

c. Serviteurs/Ministres (diakonoi) de la Paix : le Catéchisme de l’Église catholique reprend l’enseignement de saint Augustin que “la paix est la tranquillité de l’ordre” [40]. Il continue en affirmant comment “le respect et le développement de la vie humaine l’exige”, et que c’est “le travail de la justice et l’effet de la charité” [41].

La Paix en tant qu’oeuvre de la Justice

La Justice (rectitude), comme on l’a fait remarqué précédemment, est un concept de relation; et le droit, c’est celui ou celle qui remplit les attentes qu’on a de lui/d’elle dans la relation dans laquelle il/elle est engagée.
En ce qui concerne les Israélites pécheurs et de l’humanité décadente (Rm 5, 6 ss.), que Dieu a justifié dans le Christ, leur imposant la rectitude, leur justice (rectitude) consiste dans la reconnaissance de leur besoin de la grâce justifiante de Dieu, et leur soumission dans la foi; et cela se révèle être précisément l’attitude qui dispose le peuple à la paix de Dieu dans l’Évangile. C’est pour cela que, au moment de la naissance de Jésus, quand l’ange annonça la venue de la paix de Dieu sur terre, elle n’était accordée qu’“aux hommes objets de sa complaisance” (Lc 2, 14).
La “Paix” est accordée sur Terre, “aux hommes objets de sa complaisance” (Lc 2, 14) ; et le sens de la phrase : “aux hommes objets de sa complaisance”, est, selon certains auteurs, “tous ceux qui recevront la grâce de Dieu et qui y répondront avec foi” [42]. Cette compréhension de la phrase, comme on peut le rappeler, coïncide avec le sens du “juste” et droit énoncé ci-dessus; et il semblerait alors que le “juste (droit)”, comme ceux qui sont disposés à accepter l’oeuvre de Dieu dans la foi, sont aussi ceux sur Terre, sur lesquels repose la “paix” de Dieu. Il semblerait également alors que ce sont ceux qui font l’expérience de la paix de Dieu qui sont disposés à faire la paix sur terre, répondant aux attentes des relations dans lesquelles ils sont engagés.
Il y a ici une mise en évidence d’une étroite relation existant entre la paix et la justice (rectitude), que voit Isaïe lui-même (Is 23, 17), que le Psalmiste chante (Ps 85, 10), et que Paul contemple dans chaque Chrétien qui est bien établi (justifié) en Dieu dans le Christ: “Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ” (Rm 5,1). Ainsi, la paix provient du ciel. C’est le don de Dieu; et elle est étroitement reliée à sa justice/rectitude. Sur la terre aussi, elle est révélée comme don de Dieu provenant d’en haut; et elle est aussi accordée au juste/droit (“aux hommes objets de sa complaisance”).
La Paix en tant que conséquence de la Charité (l’Amour de Dieu dans le Christ)

Parce que la “paix” était si étroitement liée à l’alliance et à l’existence même de ses attentes, lorsque le peuple de Dieu n’a pas réussi à être fidèle à l’alliance, la “paix” a aussi pris la fuite. L’intervention de Dieu a à nouveau été demandée en plus de sa grâce aimante afin d’apporter la “paix” à son peuple ; et c’est dans ce sens que les écrits successifs à l’exil d’Israël ont commencé à voir la “paix” apportée par le châtiment du serviteur de Dieu: “Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui” (Is 53,5).
Jésus Christ, dans sa mission et son ministère, a accompli la vision des derniers prophètes d’Israël. “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique” (Jn 3,16) ; et, ayant été “livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification” (Rm 4,25), le Fils de Dieu est devenu notre “paix”. Ainsi, si la “paix” provient de Dieu (Ga 1,3; Ep 1,2; Ap 1,4) et est faite de Dieu (Ph 4,7; Col 3,15; Rm 15,33), c’est le Christ qui représente cette “paix” (Ep 2,14). C’est lui qui la proclame et l’établit (Ep 2,17); et il est la présence de Dieu qui apporte la paix que le monde ne peut pas donner.

Le sens de la Paix dans le Christ

La “paix” n’a pas simplement un sens séculier, en tant qu’absence de conflit (Gn 34,21; Jos 9,15; 10, 1; Lc 14,32), présence d’harmonie à la maison et au sein de la famille (Is 38,17; Ps 37,11; 1 Co 7,15; Mt 10,34; Lc 12,51), sécurité individuelle et commune (nationale) et prospérité (Jg 18,6; 2 R 20,19; Is 32,18). La “paix” n’existe pas simplement lorsque les êtres humains et leurs sociétés accomplissent leurs devoirs respectifs et reconnaissent les droits des autres personnes et des autres sociétés [43]; et elle ne représente pas simplement l’un des résultats du combat pour la justice [44]. Essentiellement, la “paix” transcende le monde et les efforts de l’homme [45]. Elle représente le don de Dieu (Is 45,7; Ne 6,26) accordé au “droit/juste”.
Généralement exprimée comme “shalom” (Ancien Testament) et “eirene” (LXX et Nouveau Testament), toute forme de “paix” est un tout déterminé par Dieu et accordé “aux hommes objets de sa complaisance”, à savoir les justes et les droits.
Ainsi, lorsque Jésus a pardonné le pécheur (Lc 7,50) et guéri le malade (Lc 5,34), il les envoient “en paix”: “va en paix”. “Va en paix” n’était pas simplement une bénédiction d’adieu. C’était un don de shalom. Le pardonné et le soigné n’ont pas simplement été restitués à la plénitude de leur corps; ils ont également été mis en paix avec Dieu par les moyens de leur foi et rendus totalement sains devant Dieu et la communauté [46].
Ce dernier est aussi le sens du voeu de “paix” que Jésus fait à ses disciples le matin de la résurrection (Jn 20, 19-21). C’est le pardon de leur trahison envers Jésus aussi bien que la restitution de son amitié. Jésus n’a pas demandé aux disciples d’admettre leur faute. Il n’y a pas eu de demande de pardon; et aucune excuse n’a été professée. Il y a simplement eu une dissimulation bienveillante de toutes les défaillances. À sa place, il a donné un pardon gratuit et un voeu de “paix” conciliant.
La “paix” de Jésus est notre paix pour laquelle il a porté nos châtiments (Is 53,5). Il s’agit donc d’une restitution gratuite et non méritée de la plénitude et de la communion avec Dieu et avec les hommes; et elle est reçue par tous ceux qui l’accueillent comme grâce de Dieu et répondent avec foi, c’est-à-dire “aux hommes objets de sa complaisance” (les justes).
C’est à de tels droits porteurs de la paix du Christ sur la terre que saint Paul encourage ses communautés chrétiennes à poursuive la paix (Rm 14, 19; Ep 4,3; He 12,14) et à être en paix les uns avec les autres (Rm 12,18; 2 Co 13,11), comme le veut à présent l’Instrumentum laboris pour l’Église en Afrique. Mais c’est aussi à de tels droits porteurs de la paix du Christ sur la terre que nous devons nous remémorer, comme nous l’avons fait avec “justice”, que la “paix” est une activité qui va au-delà de la justice au sens strict et qui requiert de l’amour [47]. Elle provient de la communion avec Dieu et a pour but le bien-être de l’homme (humanité). Ainsi, en invitant l’Église en Afrique et ses îles à être les “ministres (serviteurs) de la réconciliation, de la justice et de la paix”, en suivant l’invitation du premier synode à ce que l’Église vive dans la communion de l’Église-Famille de Dieu, le second synode invite l’Église à faire une expérience de ces rectitudes qui établissent notre communion avec Dieu, et à témoigner/vivre justement la même réconciliation, la même justice et la même paix dans l’amour et la miséricorde, sur le continent. Les implications de ce ministère sont ce que le (thème du) synode expose à présent dans les symbolismes du sel et de la lumière: sel de la terre et lumière du monde.

III. DE “TÉMOINS DU CHRIST” (Ac 1,8) AU “SEL DE LA TERRE” ET À LA “LUMIÈRE DU MONDE” (Mt 5, 13-14)

En réunissant les fruits du premier Synode dans Ecclesia in Africa, le Pape Jean-Paul II a exalté le “témoignage” comme un élément essentiel de la coopération missionnaire, et a rappelé à l’Église africaine que le Christ n’a pas seulement interpellé ses disciples en Afrique à ce qu’ils soient ses témoins, mais il leur a donné le même mandat qu’il confia à ses apôtres le jour de son Ascension : “Vous serez alors mes témoins” (Ac 1,8) en Afrique [48].
Ainsi, en assimilant les disciples du Christ en Afrique au sel et à la lumière, le Saint-Père a dit: “De nos jours, dans une société pluraliste, c'est surtout grâce aux engagements des laïcs catholiques dans la vie publique que l’Église a le meilleur impact. Qu’ils soient professionnels ou enseignants, hommes d’affaires ou fonctionnaires, agents de sécurité ou hommes politiques, on s’attend à ce que les catholiques témoignent bonté, vérité, justice et amour de Dieu dans leurs activités quotidiennes. La tâche du fidèle laïc [...] est d'être le sel de la terre et la lumière du monde dans le quotidien de la vie et en particulier partout où il est seul à pouvoir pénétrer” [49].
“Sel de la terre” et “lumière du monde”, telles étaient les images/métaphores au travers desquelles le Pape a capturé sa vision des activités missionnaires de l’Église en Afrique et ses îles. Ce synode invite à présent l’Église en Afrique à comprendre que rendre ces services de réconciliation, de justice et de paix sur le continent c’est être “sel de la terre” et “lumière du monde”.

Serviteurs (diakonoi) de Réconciliation, Justice et Paix en tant que “Sel de la Terre”

La métaphore, “sel”, que Jésus emploie dans les Évangiles synoptiques (Mt 5,13; Mc 9,50; Lc 14,34) afin de décrire la particularité de la vie de ses disciples, est polyvalente. Elle a différents sens. Ainsi, vue que la “Mer Morte” est aussi évoquée comme “mer du sel” (Gn 14,3), pour ceux qui vivaient près de la “Mer Morte”, le “sel” pouvait aussi signifier la “mort” (cf. Gn 19,26). Dieu, le Seigneur de la vie, guérira cependant les eaux de la “mer de sel” avec l’eau du temple et lui donnera la vie (Ez 47). Dans un autre sens, le sel a un pouvoir de conservation. Il assaisonne et conserve les aliments (Jb 6,6; Mt 5,13; Lc 14,34); et dans un sens étroitement lié, comme dans le cas de la purification d’Élisée dans les eaux de Jéricho (2 R 2, 19-22), le sel a aussi un pouvoir de purification.
L’emploi du sel pour sceller l’amitié et les pactes dans le monde de l’Ancien Testament (Esd 4,14) semble sous-entendre l’emploi de la part de Dieu d’images visant à exprimer l’inamovibilité et la stabilité de la composition concernant la subsistance des prêtres dans l’Ancien Testament: “C’est là une alliance éternelle par le sel devant Yahvé” (Nb 18,19). L’emploi du sel dans des situations d’alliance peut aussi sous-entendre l’invitation de Jésus à ses disciples “Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres” (Mc 9,50), à savoir à observer une loyauté mutuelle de relation d’alliance et à vivre en paix.
Mais, le sel symbolise aussi la “sagesse” et la “force morale”, et c’est ce qui donne de la valeur aux choses. C’est ce qui arrive, par exemple, lorsque le sel est employé pour fertiliser le sol.
En conséquence, lorsque Jésus évoque ses disciples comme “sel de la terre” et lorsque le synode demande à l’Église en Afrique d’être “serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix” comme “sel de la terre”, aussi bien Jésus que le Synode emploient un symbole polyvalent afin d’exprimer les multiples défis et exigences d’être un disciple et d’être Église (famille de Dieu) en Afrique. Et donc, comme dans le cas des prophètes, le refus de l’Église et de son Évangile est aussi l’adoption du jugement et la transformation de la terre en “terre salée” (Dt 29,23; Jr 17,6; Ps 107,34). Sur ce continent, dont certaines parties vivent sous l’ombre des conflits et de la mort, l’Église doit semer des graines de vie: des initiatives qui donnent la vie. Elle doit préserver le continent et ses habitants des effets pourrissants de la haine, de la violence, de l’injustice et de l’ethnocentrisme. L’Église doit purifier et guérir les esprits et les coeurs de la corruption et des chemins diaboliques, et doit administrer son message de l’Évangile qui donne la vie afin de garder vivants le continent et son peuple, en les préservant dans le chemin de la rectitude et dans les valeurs évangéliques, comme la réconciliation, la justice et la paix [50]. Mais, ce qui est le plus important, c’est que le symbole du “sel” invite l’Église-Famille de Dieu en Afrique à accepter de se consommer (dissoudre) pour la vie du continent et de son peuple.

Serviteurs (diakonoi) de Réconciliation, Justice et Paix en tant que “Lumière du Monde”

L’allusion aux disciples comme “lumière du monde” reprend des images dont les origines résident dans l’Ancien Testament comme une caractéristique et une mission de Sion, la ville sur la colline. Par conséquent, le Messie-Serviteur sera appelé à assumer ceci comme sa vocation; et en Jésus, ceci sera accompli. Jésus, donc, en tant que “lumière du monde” et en tant que “véritable lumière qui éclaire tout homme” (Jn 1,9) constituera aussi pour ses disciples la “lumière du monde”.

Sion, la ville sur la colline et la Lumière pour les Nations

Sion était la montagne de la maison de Yahvé (Is 2,2); et elle était la maison vivante de l’Arche de l’Alliance (2 S 6; 1 R 8, 20-21) et du Nom de Yahvé (Dt 12,5). L’Arche de l’Alliance contient la Loi de Dieu et la Loi était “une lampe et son enseignement une lumière” (Pr 6,23; Ps 19,8; Ps 119-105; Ba 4,2).
Le Nom de Dieu, cependant, a représenté la “présence de Dieu”, et la lumière de la présence de Dieu désigne le pouvoir et l’action salvifique de Dieu (Is 10,17; Ps 27; 36,9) pour sauver Jérusalem et son peuple [51]. Ainsi, à cause du fait qu’elle possède la lumière de la connaissance de la Loi et la lumière du salut de Dieu, Jérusalem est devenue une lumière pour les nations et les rois [52].

L’expérience de Sion est devenue la Vocation du Messie Serviteur

Dans les mains d’Isaïe, l’expérience de Jérusalem, lumière pour les nations et les rois, est présentée comme la vocation du personnage-serviteur. Le serviteur de Yahvé, qui est pourvu de l’Esprit de Yahvé afin d’apporter la justice aux nations (Is 42, 1; 51,4), est également donné comme une alliance au peuple et une “lumière des nations” (Is 42, 6; 49,8 ss.). Son appel à être la “lumière des nations” a impliqué sa propre expérience de salut de la part de Yahvé (Is 49,7) et a permis au salut de Yahvé d’atteindre les frontières de la terre. Dans ces cas, la “lumière” est une connaissance de la Loi et du salut de Dieu, et un don destiné à atteindre tous les peuples.

Jésus accomplit la vocation du Messie Serviteur

La figure du Messie Serviteur s’accomplit en Jésus. Mt 4,16 cite Is 9,2 et fait allusion à l’étoile lors de la naissance de Jésus afin de souligner l’accomplissement et la continuation, en Jésus, du symbolisme révélateur et salvifique de la lumière dans l’Ancien Testament. Jésus est la “lumière du salut de Dieu” (Jn 1,5; 3,19; 8,12; 12,46) et la “lumière du Verbe/Loi/Sagesse de Dieu” (Jn 1,4; 9,5; 12,36.46). Jésus est la “lumière du monde” (Lc 2,32; Jn 1,9), il meurt et ressuscite pour “annoncer la lumière au peuple et aux nations païennes” (Ac 26,23).

Les Disciples de Jésus et les Chrétiens en tant que Lumière du Monde

Ainsi, la référence aux disciples en tant que “lumière du monde” n’est autre que Jésus qui fait de ses disciples sa prolongation et sa représentation dans le monde. “Vous êtes la lumière du monde” exprime donc la noble vocation des disciples de Jésus: un appel à l’engagement, dans le Christ, la vocation d’Israël dans l’Ancien Testament à être le témoin de la lumière de la connaissance de la Loi de Dieu (Évangile) et du salut dans le monde.
La noble vocation des disciples de Jésus est ce que le Synode propose également pour l’Église en Afrique; elle commence par leur appel (baptême) qui les rend “une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”(1 P 2,9). En répondant à l’appel, ils cèdent à l’éclaircissement par la Parole de la vérité (Ep 1,17 ss), à la lumière de l’Évangile du salut (2 Co 4,4) et à son appel à la repentance. La vie de disciple qui en découle les rend “lumière dans le Seigneur et enfants de lumière” (Ep 5,8), “des fils de la lumière et des fils du jour” (1 Th 5,5; cf. Rm 13,12). “En effet le Dieu qui a dit: Que des ténèbres resplendisse la lumière, est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ” (2 Co 4,6). Ceci conduit à croire en Jésus et à un sceau avec l’Esprit Saint de la promesse (Ep 1,13) pour vivre une vie irréprochable; car “le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité” (Ep 5,9).

Conclusion: Quelle terre? Quel Monde?

Aux temps de Jésus, la terre et le monde pour lesquels les disciples devaient être le “sel” et la “lumière” étaient la terre et le monde en-dehors du cercle des douze, “ceux qui sont dehors” à qui “tout arrive en paraboles” (Mc 4,11).
Dans ce synode, la terre et le monde, pour lesquels les Catholiques sur le continent et ses îles doivent être le “sel” et la “lumière”, en tant que serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix, sont l’Afrique d’aujourd’hui, comme cela a été décrit dans l’Instrumentum laboris et esquissé ci-dessus [53]. C’est là que Jésus Christ, après s’être révélé à travers les Écritures en tant que notre réconciliation, notre justice et notre paix, appelle maintenant ses disciples en Afrique et ses îles, et les charge de se déployer comme sel et lumière, afin de bâtir l’Église en Afrique comme une véritable famille de Dieu, à travers les ministères de la réconciliation, de la justice et de la paix, exercés dans l’amour, tout comme leur maître.
[1] JEAN-PAUL II, Discours dans la cathédrale du Christ-Roi (17 septembre 1995), Johannesburg, Afrique du Sud : “Ici à Johannesburg, en Afrique du Sud, nous nous sommes réunis avec toute l’Église du Sud du continent pour promulguer l’Exhortation apostolique “Ecclesia in Africa”, qui contient les propositions faites par les Pères synodaux au terme de la session de travail qui s’est déroulée à Rome en avril et en mai 1994. Par l’autorité apostolique du Successeur de Pierre, je présente à toute l’Église de Dieu en Afrique et au Madagascar les idées, les réflexions et les résolutions du synode...”
[2] Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale “Ecclesia in Africa”, n. 13.
[3] Cf. JEAN-PAUL II, Discours aux participants à la réunion du conseil post-synodal du Secrétariat général du Synode des Évêques pour la Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique, 15 juin 2004.
[4] PREMIÈRE ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE, Instrumentum laboris, 1993, n. 1.
[4] PREMIÈRE ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE, Instrumentum laboris, 1993, n. 1. Le même document indiquait: “Un temps pour l’Afrique semble être venu, un temps favorable qui appelle les messagers du Christ à se lancer vers le large afin de récolter une abondante moisson pour le Christ”. Instrumentum laboris, 1993 n. 24.
[5] Ibidem., n. 22-24. “Signes des temps” se réfère au contexte africain, dans lequel l’Évangile doit être proclamé.
[6] Cf. Les vies héroïques des martyrs et des saints africains d’un côté, et les luttes pour l’indépendance des africains dans l’Afrique post-coloniale, en Afrique du Sud, au Soudan etc. de l’autre.
[7] Cf. JEAN-PAUL II, Discours à la réunion du Conseil post-synodal du Secrétariat général (15 juin 2004).
[8] Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, n. 13-14, 39-42, 51; SECONDE ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE, Lineamenta, n. 6-8.
[9] SECONDE ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE, Lineamenta, “Préface”.
[10] C’est ce que l’Instrumentum laboris cite comme “un dynamisme continu” et illustre amplement aux n.14-20.
[11] Cf. JEAN-PAUL II, Lettre à Mgr Nikola Eterović à l'occasion de la réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique du Secrétariat général du Synode des Évêques (23 février 2005)
[12] Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, n. 4.
[13] Cf. Ibidem., n. 2-5. En réalité, c’était le SCEAM, qui “chercha donc les voies et les moyens pour conduire à bonne fin le projet d’une telle rencontre continentale. Une consultation des Conférences épiscopales et de tous les évêques d’Afrique et de Madagascar fut organisée, me permettant de décider la convocation d’une Assemblée Spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques” (Ecclesia in Africa n. 5).
[14] SECONDE ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’AFRIQUE, Instrumentum laboris, n. 21-33.
[15] Nana Akuffo-Addo, Ministre des Affaires Étrangères de la République du Ghana (2001-2008) Sommet de l’Union africaine. Pour sa part, le Président Kikwete de Tanzanie déclara: “... il existe déjà en Afrique des dirigeants forts qui sont prêts à aller de l’avant; et nous souhaitons être à leurs côtés” (Fraternité Matin, Vendredi 10/07/09, page 1).
[16] NEPAD signifie Nouveau Partenariat économique pour le Développement de l’Afrique. Le NEPAD requiert le respect de la démocratie et l’absence de toute tolérance face à des coups d’État. Un mécanisme d’évaluation par les pairs a été mis en place afin d’examiner les performances des gouvernements. Sans aucun doute, le rythme de travail du Parlement de l’Union africaine et l’application des conditions requises par le NEPAD de la part des États membres ont été critiqués dernièrement pour leur lenteur.
[17] La Culture de Lomé est le nom donné à un ensemble d’accords de coopération entre les pays de la Communauté Économique Européenne (CEE) et leurs anciennes colonies. Il débuta en 1957 avec le Traité de Rome qui créait la CEE. Les accords de Lomé I à IV organisèrent l’aide par le commerce entre les pays de la CEE et 46 pays ACP (respect des droits de l’homme, principes démocratiques et régime de la loi). L’accord de Yaoundé a été signé en 1975 entre la CEE et les pays ACP afin d’aider au développement d’infrastructures dans les pays francophones. L’accord de Cotonou a été signé en 2000 entre l’Ue et 77 pays ACP et se prolongera pendant 20 ans. Il visait à la réduction de la pauvreté, au développement soutenable, à l’intégration progressive des économies ACP au sein de l’économie mondiale.
[18] Les objectifs primaires du NEPAD sont les suivants: éradiquer la pauvreté, placer les pays d’Afrique sur la voie de la croissance durable et du développement, arrêter la marginalisation de l’Afrique dans le processus de mondialisation et accélérer l’autonomie des femmes.
[19] “La coopération signifie réaliser une vision avec le peuple d’Afrique: la vision d’une Afrique moderne et indépendante, où des hommes et des femmes africains sûrs d’eux-mêmes forment leur propre vie, leur propre avenir et suivent leur propre chemin vers un développement soutenable et démocratique. Seuls des incitations et des efforts provenant de l’intérieur de l’Afrique conduiront au succès” (Discours de M. Uschi Eid, Secrétaire d’État au Ministère Fédéral chargé de la Coopération économique et du Développement d’Allemagne à la TICAD III, [Conférence internationale de Tokyo sur le Développement africain], Tokyo 2003).
[20] Barack Obama fit le point avec les leaders africains dans son discours au Parlement du Ghana à l’occasion de sa visite dans ce pays en juillet dernier.
[21] En 2003, lorsque l’ancien Président Bill Clinton s’est rendu au Ghana, le Herald Tribune a écrit: “Il nous a été dit que Clinton venait pour changer la manière de penser des américains à propos de l’Afrique, la faisant passer d’un continent du désespoir à une zone d’opportunités et d’espoir”.
[22] Cf. BENOÎT XVI, Lettre Encyclique Caritas in veritate, Vatican 2009.
[23] JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Reconciliatio et Poenitentia, n. 2.
[24] Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, n. 63
[25] Cf. Confession de saint Paul: “Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l’Église de Dieu et des ravages que je lui causais, et de mes progrès dans le judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères. Mais quand Celui qui dès le sein maternel m'a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils.... (Ga 1, 13-16).
[26] Dans ce sens, Dieu est comme le pasteur qui cherche la brebis perdue. Il est comme la femme qui cherche la monnaie qu’elle a perdu et il est comme le père dont l’amour provoque le retour du fils prodigue (cf. Lc 15). C’est comme Jésus qui trouve Zachée dans son sycomore et lui enjoint d’en descendre (Lc 19, 5).
[27] Cf. Pietro Bovati, Ristabilire la Giustizia, Analecta Biblica 110, PIB Roma, 1986.
[28] Parfois, la demande d’implantation entraîne et impose un geste concret, tel que la reconnaissance de l’existence de droits dont la négation ou l’abus a fait précipité la situation en conflit ou en hostilité (cf. Abraham et Abimélek in Gn 21, 25-34).
[29] En ce sens, il existe des facteurs qui peuvent promouvoir la réconciliation, que les serviteurs de la réconciliation peuvent adopter, ainsi que des facteurs qui peuvent empêcher la réconciliation et dont les serviteurs de la réconciliation doivent s’abstenir.
a. Facteurs entravants: Impiété et mépris d’une relation avec Dieu; négation des droits des autres; déception et préjudices, hypocrisie et fausse paix, attention sélective, silence complice et mauvais fonctionnement des structures étatiques.
b. Facteurs de promotion: Pardon, amour fraternel, communication, dialogue, éducation à la paix et à la réconciliation.
[30] Sacramentum Mundi 3, 235.
[31] Cf. PAUL VI, Lettre Encyclique Populorum Progressio, n. 26.
[32] Sacramentum Mundi 3, 236.
[33] Cf. The Interpreter’s Dictionary of the Bible, vol. 4, 88-85, 91-99.
[34] La “Justice”, sous quelque forme que ce soit, a le sens de base de tout ce qu’une personne a droit en raison de sa dignité et de sa vocation à la communion des personnes (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l’Église n.3, 63).
[35] Incidemment, il s’agit aussi de la base d’un impératif fondamental qui appelle au respect positif de la dignité et des droits des autres et à la contribution solidaire aux nécessités communes (cf. Gaudium et Spes, n. 23-32, 63-72; Jean XXIII, Lettre Encyclique Mater et Magistra). La filiation commune de l’humanité requiert des hommes à être droits, agissant en conformité avec la volonté de Dieu et à être solidaires dans l’amour de Dieu, comme dans l’amour d’un Père.
[36] Ainsi, Tamar était plus droit que son beau-père parce qu’il ne respecta pas les coutumes de la famille (Gn 38:26), David ne tua pas Saul, “il est l’oint de Yahvé” (1 S 24, 7) et un “père” pour lui (1 S 24, 12). Lorsqu’une relation change, les questions changent également. Quelqu’un qui se préoccupe de l’orphelin, de la veuve et qui les défend est droit (Jb 29, 12.16; Os 2, 19). Quelqu’un qui traite ses serviteurs humainement, vit en paix avec ses voisins, parle bien est droit/juste (Jb 31,1-13; Pr 29, 2; Is 35, 15; Ps 52, 3 etc.).
La rectitude/justice en tant que conduite qui échoit aux membres d’une communauté est souvent sauvegardée et mise en oeuvre par des juges lorsqu’ils fixent les cas aux tribunaux. Il existe un sens judiciaire de la justice dans lequel tant Dieu que le roi jouent le rôle de juges (Dt 25, 1; 1R 8, 32; Ex 23, 6 et sq.; Ps 9, 4; 50, 6; 96, 13). Les jugements droits reportent la communauté à la santé et c’est dans ce sens que le jugement droit et la loi sont conçus comme attributs du Messie-Roi.
[37] Le “mauvais” רשע est quelqu’un qui exerce la force et la fausseté, ignore les devoirs de parenté et les conventions existantes, foulant aux pieds les droits des autres (The Interpreter’s Dictionary of the Bible, vol.4, 81).
[38] Le Pape Jean-Paul II définit la “miséricorde” comme “la miséricorde signifie une puissance particulière de l’amour, qui est plus fort que le péché et l’infidélité du peuple élu”(Dives in Misericordia , n. 4.3).
[39] Ainsi le Pape Jean-Paul II enseigne que dans le cadre de relations entre les personnes et les groupes sociaux etc. “la justice ne suffit pas”. Il est besoin de “cette force plus profonde qu'est l’amour” (cf. Dives in Misericordia n. 12).
[40] CATÉCHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE, n. 2304. Cf. également Gaudium et Spes, n. 78.
[41] Ibidem.
[42] “Dans l’Évangile selon saint Luc, la “paix sur terre” parvient aux proscrits, aux disciples, aux étrangers dont certains recevront la grâce de Dieu et répondront avec foi” (cf. Dictionary of Jesus and the Gospels, ed. Joel B. Green et alii, InterVarsity Press 1992 pg. 605).
[43] JEAN XXIII, Lettre Encyclique Pacem in Terris, n.172.
[44] Gaudium et Spes n. 84.
[45] Bien qu’il s’agisse d’une mission en vue de laquelle travailler, la “paix” est un don de Dieu, quelque chose que notre paix terrestre anticipe seulement vaguement.
[46] Dans le cas de la femme hémorroïsse (Mc 5, 24-34), par exemple, Jésus ne guérit pas seulement son impureté sociale et religieuse (hémorragie), mais il expose la vie privée de la femme et rend publique la révélation de sa foi (Mc 5, 34; 2, 5; 10, 52) et sa guérison. Cette dernière devient un retour à la santé, à sa communauté et au Dieu de sa foi.
[47] Gaudium et Spes, n. 78.
[48] JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, n. 86
[49] Ibidem., n. 108.
[50] Cf. SCEAM, Séminaire sur le Synode, Abidjan Côte d’Ivoire, 2009: Carrefour Groupe III.
[51] Ainsi, la grande restauration et justification de Jérusalem de la part de Yahvé était décrite par Isaïe en termes de retour à la lumière de Yahvé: “Yahvé sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta splendeur. Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne disparaîtra plus, car Yahvé sera pour toi une lumière éternelle”(Is 60, 19-20).
[52] Le testament de Lévi étendrait la lumière de Jérusalem à ses enfants, les Israélites, et les exhorte en disant: “Soyez la lumière d’Israël, plus pure que toutes les nations... Ce que les nations feraient si vous étiez obscurcis par vos transgressions” (14, 3).
[53] Cf. pages 21-27 ci-dessus.

[00011-03.03] [RE000] [Texte original: anglais]

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CONFÉRENCE DE PRESSE

La première conférence de presse sur les travaux synodaux (avec traduction simultanée en italien, anglais, français, espagnol et portugais) se tiendra dans la Salle Jean-Paul II du Bureau de Presse du Saint-Siège, le lundi 5 octobre 2009 à 12h45 environ. Interviendront:
- S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Cost (GHANA), Rapporteur général
- S. Exc. Mgr Odon Marie Arsène RAZANAKOLONA, Archevêque d'Antananarivo (MADAGASCAR)
- Rév. P. Federico LOMBARDI, Directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège, Secrétaire ex-officio de la Commission pour l’Information (CITÉ DU VATICAN).

Les conférences de presse successives se tiendront:
- mercredi 14 octobre 2009 (après la Relatio post disceptationem)
- vendredi 23 octobre 2009 (après le Nuntius)
- samedi 24 octobre 2009 (après l’Elenchus finalis propositionum)

Les opérateurs TV (cameramen et techniciens) et les photo-reporters sont priés de s’adresser au Conseil pontifical pour les Communications sociales, pour l’autorisation d’accès.

“BRIEFING”

Pour une information plus efficace sur les travaux synodaux, 4 groupes linguistiques ont été organisés pour les journalistes accrédités.

Voici les lieux du “Briefing” et le nom de l’Attaché de presse pour chaque groupe linguistique:

Groupe linguistique italien
Attaché de presse: Mgr Giorgio COSTANTINO
Lieu: Salle des journalistes, Bureau de Presse du Saint-Siège

Groupe linguistique anglais
Attaché de presse: M. Festus Abdul TARAWALIE
Lieu: Salle Jean-Paul II, Bureau de Presse du Saint-Siège

Groupe linguistique français
Attaché de presse: Mgr Joseph Bato’ora BALLONG WEN MEWUDA
Lieu: Salle des télécommunications, Bureau de Presse du Saint-Siège
Groupe linguistique portugais
Attaché de presse: Mme Maria Dulce ARAÚJO ÉVORA
Lieu: Salle “Blu” 1er étage, Bureau de Presse du Saint-Siège

Les Attachés de presse tiendront un “briefing”, à 13h10 environ, les jours suivants :
- mardi 6 octobre 2009
- mercredi 7 octobre 2009
- jeudi 8 octobre 2009
- vendredi 9 octobre 2009
- samedi 10 octobre 2009
- lundi 12 octobre 2009
- mardi 13 octobre 2009
- jeudi 15 octobre 2009
- samedi 17 octobre 2009
- mardi 20 octobre 2009

À l'occasion, les Attachés de presse pourront être accompagnés par un Père synodal ou un Expert.

Les noms des participants et tout éventuel changement des dates et horaires seront communiqués dès que possible.

“POOLS”

Des “pools” de journalistes accrédités pour accéder à la Salle du Synode sont prévus, en principe pour la prière d’ouverture des Congrégations générales du matin, les jours suivants :
- mardi 6 octobre 2009
- jeudi 8 octobre 2009
- vendredi 9 octobre 2009
- samedi 10 octobre 2009
- lundi 12 octobre 2009
- mardi 13 octobre 2009
- jeudi 15 octobre 2009
- samedi 17 octobre 2009
- mardi 20 octobre 2009
- vendredi 23 octobre 2009
- samedi 24 octobre 2009
Les listes d’inscription aux “pools” seront mises à la disposition des rédacteurs au bureau Informations et Accréditations du Bureau de Presse du Saint-Siège (à l’entrée, à droite).

Pour les “pools”, les photo-reporters et les opérateurs TV sont priés de s’adresser au Conseil pontifical pour les Communications sociales.

Les participants aux “pools” sont priés d’être présents à 8h30 dans le Secteur Presse, installé à l’extérieur, devant l’entrée de la Salle Paul VI, d’où ils seront toujours accompagnés par un attaché du Bureau de Presse du Saint-Siège (pour les rédacteurs) et du Conseil pontifical pour les Communications sociales (pour les photo-reporters et les opérateurs TV). Ils sont priés de s’habiller de façon appropriée à la circonstance.

BULLETIN SYNODUS EPISCOPORUM

Le Bulletin d’information de la Commission pour l’information de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, intitulé Synodus Episcoporum, publié par le Bureau de Presse du Saint-Siège, paraîtra en 6 éditions linguistiques (plurilingue, italienne, anglaise, française, espagnole et portugaise), avec 2 numéros par jour (matin et après-midi) ou selon les nécessités.

Le numéro du matin sortira à la conclusion de la Congrégation générale du matin et celui de l’après-midi sortira le lendemain matin.

La distribution aux journalistes accrédités s’effectuera dans la Salle des journalistes du Bureau de Presse du Saint-Siège.

Dans l’édition plurilingue, les résumés des interventions des Pères synodaux, préparés par eux-mêmes, seront publiés dans la langue originale. Les 5 autres éditions donneront une traduction en italien, anglais, français, espagnol ou portugais.

La prochaine cinquième édition du Bullettin contiendra les Rapports sur les relations des différents continents avec l’Afrique et le Rapport sur Ecclesia in Africa, qui seront présentés lors de la deuxième congrégation générale de cet après-midi, lundi 5 octobre 2009.

COUVERTURE TV EN DIRECT

Les événements suivants seront retransmis en direct sur les écrans placés dans la Salle des télécommunications, dans la Salle des journalistes et dans la salle des conférences Jean-Paul II du Bureau de Presse du Saint-Siège:
- samedi 10 octobre 2009 (18h00): Prière du Chapelet avec les étudiants des Universités de Rome (Salle Paul VI)
- dimanche 11 octobre 2009 (10h00): Concélébration Eucaristique solennelle avec Canonisation (Place Saint-Pierre)
- mardi 13 octobre 2009 (9h00): partie de la Congrégation générale dans laquelle est présentée la Relatio post disceptationem
- dimanche 25 octobre 2009 (9 h 30): Concélébration solennelle de la Sainte Messe en conclusion du Synode (Basilique de Saint-Pierre)

Les variations éventuelles seront communiquées dès que possible.

INFORMATIONS TÉLÉPHONIQUES

Durant la période synodale, une ligne d’informations téléphoniques sera mise en place:- +39-06-698.19 pour écouter le Bulletin ordinaire du Bureau de presse du Saint-Siège;
- +39-06-698.84051 pour le Bulletin du Synode des Évêques, du matin;
- +39-06-698.84877 pour le Bulletin du Synode des Évêques, de l'après-midi.

HORAIRES D’OUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIÈGE

Le Bureau de Presse du Saint-Siège, à l’occasion de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, sera ouvert jusqu’au 25 octobre 2009, selon les horaires suivants:
- du lundi 5 octobre au vendredi 9 octobre : 9h00- 16h00
- le samedi 10 octobre: 9h00-19h00
- le dimanche 11 octobre: 9h00-13h00
- le lundi 12 octobre: 9h00-16h00
- le mardi 13 octobre: 9h00-20h00
- du mercredi 14 octobre au samedi 17 octobre: 9h00-16h00
- le dimanche 18 octobre: 11h00-13h00
- du lundi 19 octobre au samedi 24 octobre: 9h00-16h00
- le dimanche 25 octobre: 9h00-13h00

Le personnel du bureau Informations et Accréditations du Bureau de Presse du Saint-Siège (dans le hall d’entrée, à droite) sera disponible:
- du lundi au vendredi: 9h00-15h00
- le samedi: 9h00-14h00

Tout changement éventuel sera communiqué dès que possible, à travers affichage au tableau de la Salle des journalistes du Bureau de Presse du Saint-Siège, dans le Bulletin d’information de la Commission pour l’information de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques et dans le secteur Communications de service du site Internet du Saint-Siège.

 

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- Index Bulletin Synodus Episcoporum - II Assemblée Spéciale pour l'Afrique - 2009
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- Index Bureau de Presse du Saint-Siège
 
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

 

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