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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 5 juin 2014

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 26 du 26 juin 2014)

Une maison qui n’est pas à louer

«Uniformistes, alternativistes et avantagistes» sont les trois néologismes que le Pape François a forgés — «en martyrisant un peu la langue italienne» comme il l’a lui-même admis — pour décrire les trois catégories de chrétiens qui créent des divisions dans l’Eglise. En partant de l’Evangile de Jean (17, 20-26), le Pape s’est arrêté sur l’image «de Jésus qui prie: il prie pour ses disciples; il prie pour tous ceux qui arriveront, qui viendront à la prédication des apôtres; il prie pour l’Eglise. Et que demande le Seigneur au Père ?» s’est-il demandé. La réponse a été: «l’unité de l’Eglise: que l’Eglise soit une, qu’il n’y ait pas de divisions, qui n’y ait pas de disputes». C’est pourquoi «la prière du Seigneur est nécessaire, parce que l’unité dans l’Eglise n’est pas facile». Voilà alors la référence à «tous ceux» qui «disent être dans l’Eglise, mais sont à l’intérieur seulement avec un pied», tandis que l’autre reste «dehors». Parmi eux, l’Evêque de Rome a donc identifié trois catégories, à commencer par «ceux qui veulent que tous soient égaux dans l’Eglise»: les «uniformistes», dont le style est de «tout uniformiser: tous égaux». Ils sont présents «dès le début», c’est-à-dire «quand le Saint-Esprit a voulu faire entrer dans l’Eglise les païens», a rappelé le Pape en faisant référence à ceux qui prétendaient que les païens avant de faire partie de l’Eglise devaient devenir juifs. Cela démontre que l’uniformité va de pair avec la rigidité; ces chrétiens sont «rigides» parce qu’ils «n’ont pas la liberté que donne le Saint-Esprit». Quand au deuxième groupe, les «alternativistes», le Pape les a catalogués au nombre de ceux qui pensent: «Moi je rentre dans l’Eglise, mais avec cette idée, cette idéologie». Ils posent des conditions «et ainsi leur appartenance à l’Eglise est partielle». Eux aussi «ont un pied en dehors de l’Eglise; ils louent l’Eglise» mais ne la sentent pas à eux; et eux aussi sont présent dès le début de la prédication évangélique, comme en témoignent «les gnostiques, après qui en avait l’apôtre Jean: “Nous sommes... oui, oui... nous sommes catholiques, mais avec ces idées”». Ils cherchent une alternative, parce qu’ils ne partagent pas le sens commun de l’Eglise. Enfin, le troisième groupe est celui de ceux qui «cherchent des avantages». Eux «vont à l’Eglise, mais pour leur avantage personnel et ils finissent par faire des affaires avec l’Eglise». Ce sont les affairistes, présents eux aussi dès les origines: comme Simon le magicien, Ananie et Saphire, «qui profitaient de l’Eglise à leur avantage». Actualisant son discours, le Pape François a dénoncé les personnages de ce genre que l’on trouve régulièrement «dans les communautés paroissiales ou diocésaines, dans les congrégations religieuses», se cachant sous l’aspect de «bienfaiteurs de l’Eglise». Nous en avons vu beaucoup, a-t-il dit en substance: «ils prétendaient être des bienfaiteurs et à la fin, sous la table, ils faisaient leurs affaires». Et eux aussi, naturellement, «ne sentent pas l’Eglise comme mère». Or, le message du Christ est tout autre: «nous sommes tous appelés à la docilité du Saint-Esprit» qui transforme l’Eglise d’une maison “à louer” en une maison que chacun sent la sienne. «Que le Seigneur nous envoie le Saint-Esprit — a été l’invocation conclusive du Pape François — et réalise cette harmonie dans nos communautés paroissiales, diocésaines, des mouvements parce que comme le disait un père de l’Eglise: “L’Esprit, lui-même est harmonie”».

  



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