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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 12 mai 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 20 du 19 mai 2016)

Philippe Néri et la poule

« Mordons-nous la langue » une bonne fois quand monte en nous la tentation de médire. Parce que les « zizanières » — comme l’on appelle en Argentine les personnes qui diffusent les commérages — sont un contre-témoignage chrétien, causant également des divisions au sein de l’Église. François a mis en garde contre cette façon de faire, hélas très répandue dans le milieu ecclésial. « Jésus prie : “En levant les yeux au ciel, il pria” », rapporte Jean dans l’extrait évangélique (17, 20-26) proposé par la liturgie du jour. Et François a rappelé que « Jésus pria pour tous, pas uniquement pour les disciples qui étaient à table avec lui, mais pour tous ». Et la prière finit ainsi, selon l’Évangile de Jean : « Afin que le monde croie que tu m’as envoyé ». Voilà pourquoi « l’unité des communautés chrétiennes » et « des familles chrétiennes » est « le témoignage du fait que le Père a envoyé Jésus ». François s’est dit conscient qu’« une des choses les plus difficiles est sans doute d’arriver à l’unité dans une communauté chrétienne, une paroisse, un évêché, une institution chrétienne, une famille chrétienne ». Hélas, « notre histoire, celle de l’Église, nous fait souvent honte : nous avons mené des guerres contre nos frères chrétiens, prenons par exemple la guerre de Trente ans ». « Le monde voit que nous sommes divisés et dit : “qu’ils se mettent d’accord entre eux, puis nous verrons, mais comment se fait-il que Jésus soit ressuscité et qu’ils soit vivant et que ses disciples n’arrivent pas à se mettre d’accord ? ». « Nous ne sommes pas même unis à Pâques ! ». Tant et si bien que, « un jour, un chrétien catholique demandait à un chrétien d’Orient, lui aussi catholique : “Mon Christ ressuscite après-demain et le tien, quand ressuscite-t-il ?” ». Et c’est ainsi que l’on en arrive au fait que « le monde ne croit pas ». Le Pape s’est alors demandé comment entrent « les divisions dans l’Église ». Et la réponse a été une invitation à oublier pour le moment « cette grande division entre les Églises chrétiennes » et à aller par exemple directement dans « nos paroisses ». Le problème est que « le diable est entré dans le monde à travers l’envie, nous dit la Bible, c’est l’envie du diable qui a fait entrer le péché dans le monde ». Et il a rapporté une façon de penser répandue dans les paroisses, « Sur mes terres d’origine, c’est très commun ». « Un jour, j’ai entendu dire dans un quartier : “Je ne vais pas à l’Église parce que regarde celle-là, elle va tous les matins à la Messe, elle communie et ensuite elle va de maison en maison en médisant : pour être chrétien, je préfère ne pas aller à la Messe, comme le fait cette mauvaise langue ». Et il a poursuivi : « Sur mes terres d’origine, ces personnes sont appelées “zizanières” : elles sèment la zizanie, divisent et là, les divisions commencent avec la langue par envie, jalousie et aussi fermeture ». La langue « est capable de détruire une famille, une communauté, une société ; de semer la haine, les guerres et l’envie ». Et il a reproposé les paroles de la prière de Jésus : “Père, je prie pour ceux qui croient en moi, afin que tous soient un, comme toi et moi” ». Mais « quelle distance » existe-t-il entre la prière de Jésus et la vie d’« une communauté chrétienne habituée à médire ? ». Et c’est « pour cela que Jésus prie le Père pour nous ». Pour rendre sa méditation encore plus concrète et adaptée, François a raconté un épisode de la vie de saint Philippe Néri. « Une femme est allée se confesser et a confessé avoir médit ». Mais « le saint, qui était joyeux, bon, également peu regardant, lui dit : “Madame, comme pénitence, avant de vous donner l’absolution, allez chez vous, prenez une poule, plumez-là et ensuite allez dans votre quartier et semez les plumes de la poule, puis revenez” ». Le jour suivant, « la dame est revenue : “Je l’ai fait, mon père, voulez-vous me donner l’absolution ?” ». La réponse de saint Philippe Néri est éloquente : « Non, il manque quelque chose, Madame, allez dans le quartier et ramassez toutes les plumes » car « c’est cela la médisance : salir l’autre ». De fait, « celui qui médit, salit, détruit la réputation, détruit la vie et bien souvent sans raison, contre la vérité ». Voilà que « Jésus a prié pour nous, pour nous tous qui sommes ici et pour nos communautés, pour nos paroisses, pour nos diocèses afin “qu’ils soient un” ». En conclusion, François a exhorté à prier « le Seigneur afin qu’il nous donne la grâce et qu’il nous donne le don qui fait l’unité : l’Esprit Saint ».

 



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