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JEAN-PAUL II 

AUDIENCE GÉNÉRALE

 1er décembre 1999

Promouvoir la famille
   


Lecture:  Jn 17, 20-21

1. Pour une préparation appropriée au grand Jubilé, un sérieux engagement pour redécouvrir la valeur de la famille et du mariage ne peut pas manquer dans la communauté chrétienne (cf. Tertio millennio adveniente, n. 51). Cela est d'autant plus urgent que cette valeur est aujourd'hui mise en discussion par une grande partie de la culture et de la société.

Les modèles contestés ne sont pas seulement certains modèles de vie familiale, qui changent sous la pression des transformations sociales et des nouvelles conditions de travail. C'est la conception même de la famille, en tant que communauté fondée sur le mariage entre un homme et une femme, qui est visée au nom d'une éthique relativiste qui se diffuse dans de vastes couches de l'opinion publique et de la législation civile elle-même.

La crise de la famille devient, à son tour, la cause de la crise de la société. De nombreux phénomènes pathologiques - allant de la solitude à la violence et à la drogue - s'expliquent également du fait que les cellules familiales ont perdu leur identité et leur fonction. Là où la famille se désagrège, le tissu conjonctif de la société tend à disparaître, avec des conséquences désastreuses sur les personnes, en particulier les plus faibles:  des enfants aux adolescents, aux porteurs de handicap, aux malades, aux personnes âgées...


2. Il faut donc promouvoir une réflexion  qui  aide  non  seulement  les croyants, mais tous les hommes de bonne volonté à redécouvrir la valeur du mariage et de la famille. Dans le Catéchisme de l'Eglise catholique on lit:  "La famille est la cellule originelle de la vie sociale. Elle est la société naturelle où l'homme et la femme sont appelés au don de soi dans l'amour et dans le don de la vie. L'autorité, la stabilité et la vie de relations au sein de la famille constituent les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité au sein de la société" (n. 2207).

La raison elle-même peut arriver à la redécouverte de la famille en écoutant la loi morale inscrite dans le coeur humain. Communauté "fondée et vivifiée par l'amour" (cf. Exhort. apos. Familiaris consortio, n. 18), la famille tire sa force de l'alliance d'amour définitive à travers laquelle un homme et une femme se donnent réciproquement, devenant ensemble des collaborateurs de Dieu dans le don de la vie.

Sur la base de ce rapport fondamental d'amour, les relations qui s'établissent avec et entre les autres membres de la famille doivent elles aussi s'inspirer de l'amour et être caractérisées par une affection et un soutien réciproque. Loin de refermer la famille sur elle-même, l'amour authentique l'ouvre à la société tout entière, car la petite famille domestique et la grande famille de tous les êtres humains ne se trouvent pas en opposition, mais dans une relation intime et originelle. A la racine de tout cela se trouve le mystère même de Dieu, que la famille évoque précisément de façon particulière. Comme je l'écrivais, en effet, il y a quelques années dans la Lettre aux familles, "à la lumière du Nouveau Testament il est possible d'entrevoir comment le modèle originel de la famille doit être recherché dans Dieu lui-même, dans le mystère trinitaire de sa vie. Le "Nous" divin constitue le modèle éternel du "nous" humain; de ce "nous" qui est tout d'abord formé par l'homme et par la femme, créés à l'image et à la ressemblance divine" (n. 6:  Insegnamenti XVII/ [1994], 332).


3. La paternité de Dieu est la source transcendante de chaque autre paternité et maternité humaine. En la contemplant avec amour, nous devons nous sentir engagés à redécouvrir cette richesse de communion, de procréation et de vie qui caractérise le mariage et la famille.

En elle se développent les relations interpersonnelles où une tâche spécifique est confiée à chacun, sans cadres rigides. Je n'entends pas ici faire référence aux rôles sociaux et aux fonctions qui sont l'expression de contextes historiques et culturels particuliers. Je pense plutôt à l'importance que revêtent, dans la relation sponsale réciproque et dans l'engagement commun de parents, la figure de l'homme et de la femme en tant que personnes appelées à développer leurs caractéristiques naturelles dans le cadre d'une communion profonde, enrichissante et respectueuse. "A cette "unité des deux" est confiée par Dieu non seulement l'oeuvre de procréation et la vie de la famille, mais également la construction même de l'histoire" (Lettre aux femmes, 8:  Insegnamenti XVIII/1 [1995], 1878).


4. Un enfant doit en outre être considéré comme la plus haute expression de la communion de l'homme et de la femme, c'est-à-dire de l'accueil/don réciproque qui se réalise et se transcende en un "tiers", précisément dans l'enfant. Les enfants sont la bénédiction de Dieu. Ils transforment le mari et la femme en père et en mère (cf. Exhort. apos. Familiaris consortio, n. 21). Tous deux "sortent de soi" et s'expriment dans une personne, qui, bien qu'étant le fruit de leur amour, va au-delà d'eux-mêmes.

On peut appliquer de façon particulière à la famille l'idéal exprimé dans la prière sacerdotale, dans laquelle Jésus demande que son unité avec le Père interpelle les disciples (cf. Jn 17, 11) et ceux qui croiront à leur parole (cf. Jn 17, 20-21). La famille chrétienne, "église domestique" (cf. Lumen gentium, n. 11), est appelée à réaliser de façon particulière cet idéal de communion parfaite.


5. En avançant vers la conclusion de cette année consacrée à la méditation sur Dieu le Père, nous redécouvrons donc la famille à la lumière de la paternité divine. De la contemplation de Dieu le Père, nous pouvons nous rendre compte d'une urgence qui correspond de manière particulière aux défis du moment historique actuel.

Tourner son regard vers Dieu le Père signifie concevoir la famille comme le lieu de l'accueil et de la promotion de la vie, atelier de fraternité où, avec l'aide de l'Esprit du Christ, se crée entre les hommes "une fraternité et une solidarité nouvelles, véritable reflet du mystère de don et d'accueil mutuels de la Très Sainte Trinité" (Evangelium vitae, n. 76).

De l'expérience de familles chrétiennes renouvelées, l'Eglise elle-même pourra apprendre, à tous les membres de la communauté, à cultiver une dimension plus familiale, en adoptant et en promouvant un style de relations plus  humaines  et  fraternelles  (cf. FC, n. 64).

                                                                   * * *

 

Salut en langue française

Chers frères et soeurs,

A l'occasion du grand Jubilé, la communauté chrétienne est invitée à redécouvrir la valeur du mariage et de la famille, fondée sur la relation entre un homme et une femme. La crise actuelle de la famille devient une crise de la société, avec de nombreux phénomènes pathologiques, comme la violence ou la drogue. L'absence de tissu familial a de nombreuses répercussions, notamment sur les enfants, les adolescents, les personnes âgées. Il convient donc de mener une réflexion qui aidera tous les hommes à redonner leur place au mariage et à la famille, où se réalise entre les personnes un amour authentique, et un soutien réciproque et affectueux. De telles relations ouvrent à l'amour envers tous. A la source de l'amour, se trouve le mystère de Dieu.

L'homme et la femme sont appelés par Dieu à vivre une riche et profonde communion d'amour. Il leur est confié non seulement l'oeuvre de la procréation et la vie de la famille, mais aussi la construction même de l'histoire. Les enfants sont l'expression par excellence de la communion d'amour et une bénédiction du Seigneur. Contempler Dieu Père aide à concevoir la famille comme lieu d'accueil et de promotion de la vie, et comme lieu de fraternité, avec l'aide de l'Esprit. Grâce à cette expérience, l'Eglise elle-même pourra vivre de manière plus familiale, par des relations plus humaines et plus fraternelles.

                                                                      
Chers pèlerins de langue française, je suis heureux de vous accueillir et je vous souhaite de vous préparer avec ferveur à la fête de Noël, qui marquera le début du grand Jubilé de l'An 2000. Je vous bénis tous de grand coeur.


  



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