JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 26 Janvier 2000
2. En effet, il est possible, à la lumière de la Révélation, de voir comment l'acte de création est lié avant tout au "Père des lumières, chez qui n'existe aucun changement, ni l'ombre d'une variation" (Jc 1, 17). Il resplendit sur tout l'horizon, comme le chante le Psalmiste: "Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre! Lui qui redit ta majesté plus haute que les cieux" (Ps 8, 2). Avec Dieu "le monde est stable, point ne bronchera" (Ps 96 [95] 10) et face au néant, représenté de façon symbolique par les eaux tumultueuses qui déchaînent leur voix, le Créateur s'élève en apportant consistance et sécurité: "Les fleuves déchaînent, ô Yahvé, les fleuves déchaînent leur voix, les fleuves déchaînent leur tracas; plus que la voix des eaux innombrables, plus superbe que le ressac de la mer, superbe est Yahvé dans les hauteurs" (Ps 93, 3-4).
3. Dans l'Ecriture Sainte, la création est souvent liée également à la Parole divine qui fait irruption et agit: "Par la parole de Yahvé les cieux ont été faits, par le souffle de sa bouche, toute leur armée [...] Il parle et cela est, il commande et cela existe [...] Il envoie son verbe sur la terre, rapide court sa parole" (Ps 33 [32], 6.9.; 147 [146], 15). Dans les livres sapientiaux de l'Ancien Testament, c'est la Sagesse divine personnifiée qui donne origine à l'univers en réalisant le projet de l'esprit de Dieu (cf. Pr 8, 22-31). On a dit que Jean et Paul dans la parole et dans la Sagesse de Dieu verront l'annonce de l'action du Christ "par qui tout existe et par qui nous sommes" (1 Co 8, 6), car c'est "par lui aussi [que Dieu] a fait les siècles" (He 1, 2).
4. Enfin, d'autres fois, l'Ecriture souligne le rôle de l'Esprit de Dieu dans l'acte de création: "Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre" (Ps 104 [103], 30). Le même Esprit est représenté de façon symbolique par le souffle de la bouche de Dieu. Il donne vie et conscience à l'homme (cf. Gn 2, 7) et le reporte à la vie dans la résurrection, comme l'annonce le prophète Ezéchiel dans une page suggestive, où l'Esprit est à l'oeuvre en faisant revivre des ossements désormais desséchés (cf. 37, 1-14). Le même esprit domine les eaux de la mer dans l'exode d'Israël de l'Egypte (cf. Ez 15, 8.10). C'est encore l'Esprit qui régénère la créature humaine, comme le dira Jésus dans le dialogue nocturne avec Nicodème: "En vérité, en vérité, je te le dis: à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit" (Jn 3, 5-6).
5. Et bien, face à la gloire de la Trinité dans la création, l'homme doit contempler, chanter, retrouver l'émerveillement. Dans la société contemporaine, l'on devient aride "non pas par manque de merveilles, mais par manque d'émerveillement" (G.K. Chesterton). Pour le croyant, contempler le créé est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse, comme nous le suggère le "Psaume du soleil": "Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance. Non point récit, non point langage, nulle voix qu'on puisse entendre, mais pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu'aux limites du monde" (Ps 19 [18], 2-5).
La nature devient alors un Evangile qui nous parle de Dieu: "La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur" (Sg 13, 5). Paul nous enseigne que "ce qu'il a d'invisible [Dieu] depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité" (Rm 1, 20). Mais cette capacité de contemplation et de connaissance, cette découverte d'une présence transcendante dans le créé doit nous conduire également à redécouvrir notre fraternité avec la terre, à laquelle nous sommes liées à partir de notre création même (cf. Gn 2, 7). C'est précisément cet objectif que l'Ancien Testament souhaitait pour le Jubilé juif, alors que la terre reposait et que l'homme recueillait ce que la campagne lui offrait spontanément (cf. Lv 25, 11-12). Si la nature n'est pas violée et humiliée, elle redevient une soeur pour l'homme.
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De France: Groupe de pèlerins de Marseille et de Strasbourg; groupe de militaires de Corse.
Du Liban: Groupe de pèlerins.
Salut en langue française:
Chers Frères et Sœurs,
Nous sommes invités à contempler la gloire de la Trinité qui resplendit dans la création. Ainsi, l'acte créateur est avant tout celui du "Père des lumières, chez qui n'existe aucun changement, ni l'ombre d'une variation" (Jc 1, 17). D'autre part, l'Ecriture relie souvent la création à la Parole divine qui fait irruption et qui agit. Par ailleurs, elle souligne aussi le rôle de l'Esprit de Dieu qui est souffle de vie.
Face à la gloire de la Trinité dans la création, l'homme est invité à contempler, à chanter, à s'émerveiller. Pour le croyant, contempler le créé, c'est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse. La nature devient alors un évangile qui nous parle de Dieu. La capacité de contemplation et de connaissance, la découverte d'une présence transcendante dans le créé, doivent nous conduire à redécouvrir notre fraternité avec la terre, à laquelle nous sommes liés depuis notre propre création. Si la nature n'est pas violentée et humiliée, elle redevient une sœur pour l'homme.
Je suis heureux d'accueillir les personnes de langue française présentes ce matin. Que votre pèlerinage jubilaire vous permette de vous émerveiller toujours plus devant les œuvres de Dieu et de lui rendre grâce de tout votre être ! A tous je donne de grand cœur la Bénédiction apostolique.
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