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SYNODUS EPISCOPORUM
BULLETIN

de la Commission pour l'information de la
X ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
30 septembre-27 octobre 2001

"L’Évêque: Serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’Espérance du Monde"


Le Bulletin du Synode des Évêques est uniquement un instrument de travail à usage journalistique et les traductions n'ont pas de caractère officiel.


Édition française

 

16 - 09.10.2001

SOMMAIRE

TREIZIEME CONGREGATION GENERALE (MARDI 9 OCTOBRE 2001 - MATIN

Aujourd’hui, mardi 9 octobre 2001, à 09h00, mémoire facultative des saints Denis, Evêque et Compagnons, martyrs, et mémoire facultative de saint Jean Leonardi, prêtre, fondateur des Clercs Réguliers de la Mère de Dieu, en présence du Saint-Père, avec le chant de l’Hora Tertia, a eu lieu la Treizième Congrégation Générale, pour la continuation des interventions des Pères Synodaux en Salle sur le thème synodal L’Evêque, Serviteur de l’Evangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde. Le Président Délégué du jour était S.Em. le Card. Bernard AGRE, Archevêque d’Abidjan.

A cette Congrégation Générale qui s’est conclue à 12h45 avec la prière de l’Angelus Domini, étaient présents 229 Pères.

INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)

Sont intervenus les Pères synodaux suivants:

Nous publions ci-dessous le résumé de leurs interventions:

S.Exc. Mgr Norbert Wendelin MTEGA, Archevêque de Songea (Tanzanie)

Le cri pressant des pays en voie de développement monte vers nous aujourd’hui comme un appel à "soulager la pauvreté". Faisons en sorte que le cri de ces pauvres soit entendu par la communauté internationale et par l’Eglise. Ils crient pour demander un signe et un geste de paix, parce qu’ils se trouvent dans une situation de désespoir et d’impuissance. La pauvreté est la cause fondamentale de bien de misères. Elle réduit l’homme à subir des traitements indignes, le met à la merci des manipulations des riches et des puissants, le prive de sa voix. Elle est la cause de maintes injustices. La pauvreté peut revêtir diverses formes et degrés. Pour nous, dans le Tiers Monde, la pire pauvreté est l’ignorance. Cela peut être l’ignorance de la foi et des valeurs humaines et morales, ou l’ignorance sous la forme d’un analphabétisme total ou de connaissances limitées. L’ignorance et l’analphabétisme sont un mal et une menace pour les pauvres dans ce siècle de globalisation et de technologie, parce que la compétition en fait des victimes. Les ignorants et les illettrés seront toujours plus marginalisés et oubliés, tandis que les personnes riches et éduquées prendront encore davantage en main les rennes du pouvoir économique, social et politique. Les pauvres deviendront plus pauvres, les riches plus riches. Seuls les riches fréquenteront les écoles supérieures et les universités, trouveront du travail, contrôleront l’économie, entreront en politique; et au moment des élections, seules les personnes riches et éduquées auront la possibilité de mener une campagne électorale et de gouverner. Espérons que cela n’arrivera pas dans nos diocèses, parce que l’Eglise aussi peut se trouver en danger de voir diminuer les vocations à la vie religieuse et au sacerdoce dans les familles, dans les tribus ou parmi les personnes plus riches et les mieux éduquées. Le moment viendra où les pauvres, se voyant privés de voix et de défense, seront contraints de réagir contre ceux qui sont riches est éduqués. Cela portera à des conflits violents. L’ignorance et l’analphabétisme parfois ont été la cause directe ou indirecte des conflits et d’un violent fanatisme dans certaines sociétés. D’autres fois, ces conflits étaient dus aux mesures iniques et discriminatoires relatives à l’éducation et à l’octroi des services sociaux aux citoyens d’un même pays. Comme évêques, nous devons porter l’espérance dans le monde des personnes pauvres et ignorantes. Nous devons investir dans l’éducation et, partout où cela est possible, coordonner nos efforts avec ceux de nos gouvernements. Comme Frères dans le Christ, unissons nos efforts et nos ressources pour nous affermir l’un l’autre dans l’accomplissement de notre mission de répandre l’amour du Christ à travers de l’éducation des pauvres. Nous devons défendre leurs droits, la justice, la dignité et l’égalité. Ils ont faim de vérité, de connaissances et d’éducation. Ils souffrent à cause de la discrimination et de la dégradation de leur milieu. Ils ont besoin de la foi et de la Doctrine sociale de l’Eglise pour acquérir la vérité qui les rend libres. Ils ont besoin de former leur conscience. Ils ont besoin d’une bonne éducation séculière, qui les soutienne et leur rende leur dignité. Nous remercions les dicastères et les autres organisations d’assistance pour le soutien donné à l’éducation dans nos pays de mission. Nous devons remercier les Conférences épiscopales d’Europe, des Etats-Unis et d’Australie pour leur aide économique à cette fin. Le mois prochain, la Conférence épiscopale de Tanzanie remettra des diplômes en communications sociales - les premiers du pays - aux 35 premiers étudiants entièrement soutenus par la Conférence épiscopale italienne. Nous remercions la CEI et l’Eglise en Italie. La Conférence épiscopale allemande et le gouvernement allemand sont en train de financer des cours de diplôme dans la nouvelle université et depuis dix ans ils envoient de l’argent à travers notre Commission Chrétienne pour les Services sociaux, afin de soutenir l’Eglise en Tanzanie dans un programme oecuménique très sérieux pour améliorer l’éducation et les services éducatifs et sanitaires dans tout le pays. A vous, mes Frères dans l’Episcopat, et aux fidèles de vos diocèses, nous disons merci. Je vous en prie, continuez à nous soutenir. Au nom des pauvres, nous lançons un appel pour une aide encore plus grande. De notre côté, nous nous engageons à consacrer notre vie aux pauvres, en suivant l’exemple de notre Seigneur Jésus-Christ, le Bon Pasteur.

[00210-03.06] [in170] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Jesús E. CATALÁ, Evêque d’Alcalá de Henares (Espagne)

Le Concile Vatican II a décrit le ministère épiscopal dans la perspective du triple "munus": d’enseignement, de sanctification et de gouvernement, dont l’exercice concret comporte une grande variété de tâches que l’évêque doit affronter dans son diocèse. Cette vaste gamme d’actions concrètes peut le porter à la dispersion dans l’exercice de son ministère, dans la mesure où on demande de lui tant d’actions diverses. Une contribution pour mieux focaliser le ministère peut être de considérer l’évêque comme "témoin de Jésus-Christ", mission qui est à la base de l’exercice du triple "munus" épiscopal. Le décret Christus Dominus (11) nous rappelle que "les évêques s’appliquent à leur charge apostolique comme des témoins du Christ", en accomplissant le mandat que leur a confié le Seigneur d’être ses témoins "à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre" (Ac 1, 8).

Selon les Actes des Apôtres, la condition pour appartenir au groupe des Douze est d’avoir été témoin du Ressuscité (cf. Ac 2, 32; 3, 15; 13, 31) et d’avoir vécu avec Lui, à partir du baptême de Jean jusqu’au jour de son ascension au ciel (cf. Ac 1, 22). En tant que successeurs des Apôtres, les évêques ont la mission d’être des témoins du Ressuscité. Il s’agit fondamentalement d’être témoin de "Quelqu’un".

Aux témoins de Jésus, il est demandé à plusieurs reprises de rendre témoignage devant les autorités et les juges, selon la perspective que Jésus avait annoncée aux Apôtres (Mc 13, 9; Mt 10, 18; Lc 21, 13). Les souffrances supportées pour témoigner Jésus portent à être heureux dans l’espérance (cf. Rm 12, 12). Saint Cyprien, évêque de Carthage, dans une lettre à son frère Cornélius, évêque de Rome, écrit: "Il n’est pas possible d’exprimer combien fut grande ici notre joie et notre allégresse en apprenant votre victoire et votre force: comme tu as été à la tête de tes frères pour confesser le nom du Christ et comment ta confession, à la tête de ton Eglise, a été, à son tour, affermie par la confession des frères" (Cyprien, Lettre 60, 1). La parole peut convaincre, mais l’exemple entraîne. Le témoignage des frères aînés dans l’épiscopat est un aiguillon pour les évêques plus jeunes.

[00224-03.03] [in171] [Texte original: espagnol]

S.Exc. Mgr Michel-Marie-Bernard CALVET, S.M., Archevêque de Nouméa (Nouvelle-Calédonie)

Je voudrais seulement évoquer ici quelques aspects de la mission de l’évêque qui ressortent plus particulièrement dans un contexte si singulier, caractérisé par un peuplement faible dilué dans un espace immense. Nos Eglises sont jeunes, dans tous les sens du terme, elles sont généralement à taille humaine, comme le sont les populations de toutes ces îles où personne ne peut passer inaperçu. L’évêque est connu de tous, la permanence de sa fonction renforce encore l’impression qu’il fait personnellement partie du paysage, comme les responsables coutumiers. A la différence de ceux-ci, il vit sa responsabilité dans une solitude de fait, les évêques voisins sont à des milliers de kilomètres. Avec ses prêtres, les religieux, les catéchistes et les autres laïcs engagés, il veille à l’unité de la portion du peuple de Dieu qui lui a été confiée. Le service de la Parole de Dieu prend souvent une dimension oecuménique ou même plus large encore, surtout en cas de crise sociale ou politique.

Il doit veiller aussi à l’unité de l’Eglise dans sa dimension Universelle, l’attachement filial au Successeur de Pierre, est spontané dans nos diocèses. La collaboration avec les évêques dans un esprit de collégialité est un soutien très important pour nous tous, elle s'exerce au moins à 4 niveaux:

-la Conférence épiscopale malgré les distances et les différences culturelles,

-les régions géographiques ou linguistiques à l’intérieur de la Conférence épiscopale,

-les Provinces ecclésiastiques lorsqu’elles ont une base réelle et suffisante, ce qui est très souhaitable, mais malheureusement pas toujours le cas,

-les liens avec d’autres conférences épiscopales, en particulier dans le cadre de la Fédération des Conférences Episcopales d’Océanie.

Ainsi, vivre une ecclésiologie de communion, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du diocèse, conduit à une tension pratique qui fait partie de la vie, l’équilibre est à retrouver en permanence. L 'utilisation rationnelle des moyens modernes de communication a changé nos façons de travailler ensemble et elle a rendu possible ce qui était impensable au début de mon épiscopat il y a seulement 22 ans.

Pour terminer, au nom de mes confrères des îles d’Océanie, je voudrai rappeler ici, une expérience inoubliable où l’Eglise qui est en Océanie a fait l’expérience de la collégialité "cum Petro et sub Petro": Nous, les lointains, nous n’avons pas été oubliés ni laissés de côté par vous, Très Saint-Père, lorsque vous avez décidé qu’au nombre des Synodes Continentaux, il y aurait aussi l’Océanie. Ce Synode pour l’Océanie où furent convoqués la totalité des évêques en activité des quatre Conférences Episcopales de la région (Australie, P-N-G et îles Salomon, N-Z. et C.EP AC) fut une expérience inoubliable de collégialité pour les participants, mais aussi un temps fort de participation ecclésiale pour les nombreux fidèles, prêtres, religieux et laïcs d’Océanie, qui avaient étudié les Lineamenta. L’attente est grande maintenant, dans notre région, du document qui devrait nous présenter les fruits de ce Synode.

[00212-03.04] [IN173] [Texte original: français]

S.Em. le Card. Antonio María ROUCO VARELA, Archevêque de Madrid, Président de la Conférence des Evêques (Espagne)

La vraie réforme de l’Eglise et la réforme vraiment catholique de l’épiscopat ont toujours été de pair dans l’histoire de l’Eglise. Y compris à notre époque, celle de Vatican II. Et avec une insistance particulière. Un des grands centres de gravité des enseignements conciliaires a été la Théologie de l’Episcopat et le renouveau canonique et pastoral de la figure et du ministère de l’évêque dans l’Eglise; à travers la doctrine de la collégialité épiscopale, mais aussi, et avec un sens aigu de l’actualité historique, en mettant l’accent sur le principe de la sacramentalité de l’origine, du fondement et du contenu du ministère épiscopal.

Trente-six ans après, nombreux sont les fruits du développement théorique et pratique de la collégialité dans le cadre des réalités structurelles. On peut se demander si la même chose a eu lieu pour le principe de la sacramentalité dans le cadre des réalités vivantes: dans la croissance en sainteté de tous les membres de l’Eglise, dans leur effort renouvelé et dévouement apostolique et missionnaire et aussi dans l’évangélisation et la sanctification des réalités temporelles. La réponse à cette question constitue le principal défi de l’actuel Synode. Cette réponse ne peut pas laisser de côté un élément essentiel: la crise de la foi, largement répandue dans les pays d’ancienne tradition chrétienne, qui ne s’arrête pas aux portes de la communauté chrétienne et "se globalise" elle aussi.

Cette réponse devra passer à travers le service de l’évêque à l’Evangile de Notre Seigneur Jésus-Christ pour l’espérance du monde, en l’annonçant, en l’enseignant et en le montrant en "témoin authentique" à tous: prêtres, consacrés, laïcs, théologiens et opinion publique. Ce service ne sera possible pour l’évêque que s’il cultive l’amour personnel pour Jésus-Christ, basé sur la prière de toute l’Eglise, et notamment des contemplatives comme sainte Thérèse de Jésus et ses deux filles, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein. "Le chrétien du futur sera mystique... ou ne sera pas chrétien", Karl Rahner.

[00223-03.03] [in174] [Texte original: espagnol]

S.Em. le Card. Miloslav VLK, Archevêque de Prague (Republique Tcheque)

1. Dans la table des matières de l’Instrumentum laboris, l’on retrouve plusieurs fois les paroles "ministre", "ministère", "serviteur", "service". C’est un mot clé qui veut être un message de ce Synode. L’attitude existentielle du service est le style de vie qui fait de la mission de l’Evêque un reflet cohérent de Jésus, du Serviteur de Dieu. Il n’est pas, en effet, venu pour être servi, mais pour servir (cf. Mc 10, 45) et révéler ainsi la vie de la Trinité. Il a appelé les apôtres à le suivre sur cette voie: "Viens, suis-moi". Une telle vocation résonne dans l’exhortation renommée de l’Epître aux Philippiens: "ekénosen", il s’anéantit lui-même (cf. Ph 2, 6-8). Un modèle de pro-existentia. Une summa du service. Quel splendide modèle d’évêque-serviteur! "Ayez entre vous les mêmes sentiments..." (cf. Ph 2, 5).

2. Cette réalité de l’évêque-serviteur ne peut se comprendre de façon individualiste comme si l’évêque était une espèce d’"entrepreneur privé". Dans la réalisation de son devoir, il est lié à ceux qu’il sert et, avant tout, au Pape et aux autres évêques pour la collégialité. En parlant à un groupe d’évêques, Jean-Paul II a déclaré: "Le Seigneur Jésus (...), n’a pas appelé les disciples à une séquelle individuelle, mais indistinctement personnelle et communautaire. (...) Une annonce renouvelée de l’Evangile ne peut être cohérente et efficace, si elle n’est pas accompagnée par une robuste spiritualité de communion" (Oss. Rom., 17.2.95).

Dans la vie de l’évêque, ces deux réalités, son ministère et la spiritualité de communion, sont donc étroitement liées. L’attitude personnelle d’être serviteur et le devoir primaire de construire la communion à travers le ministère marchent main dans la main. C’est pourquoi, l’évêque "tend à favoriser et à garantir la présence active et sanctifiante du Christ au milieu de son Eglise" (Instr. Lab., n°51).

Cette priorité de la communion est un signe des temps reconnu par les Papes et par l’enseignement ecclésial, et confirmé par l’Esprit à travers la floraison de nouveaux Mouvements. Avec leur vie radicalement évangélique, ces Mouvements sont engagés à répandre à tous les niveaux de l’Eglise et de la société, un esprit de communion.

3. Beaucoup d’entre nous ont reçu une éducation individuelle ou individualiste, et nous sentons à présent ces défis: être ministres dans le style de la kenosis, constructeurs de la communion avec une spiritualité non seulement individuelle, mais personnelle et communautaire. Ceci demande un exercice, une "formation continue" aussi pour les évêques.

4. En véritable servante du Verbe, Marie incarne en elle la "proexistence" totale et est ainsi le modèle des ministres de l’Evangile. Qu’elle soit notre Hodighitria, celle qui nous indique la voie.

[00213-03.03] [in175] [Texte original: italien]

S.Exc. Mgr Georges Edmond Robert GILSON, Archevêque de Sens (France)

1°) Le Concile Vatican II a manifesté l’urgence de l’engagement prophétique de l’Evêque et du Collège episcopal: annoncer l’Evangile est notre priorité. Il nous est confie la charge d’être les "vigiles de la Foi chrétienne". Mais le magistère ne peut s’exercer que dans un climat de "bienveillance". Les apôtres que nous sommes, doivent d’abord s’engager à rencontrer l’autre en tant qu’autre. Nous ne sommes pas les religieux du Livre, mais les croyants en Celui-là qui est la Parole de Dieu.

2°) Aujourd’hui dans notre pays de France, il est des lieux et des milieux dans lesquels l’Evangile est ignoré. Jésus-Christ est un étranger! Il faut des évangélisateurs. Prenons un exemple: je suis l’Evêque-Prélat de la Mission de France, communauté de prêtres séculiers qui pour la grande majorité sont "prêtres au travail professionnel". Il leur faut trouver le chemin de la rencontre et du dialogue. Il leur faut risquer un partage quotidien et accueillir la part de vérité qui nourrit l’autre, le prochain non-chrétien, dans son existence intime. Dieu précède le témoin de l’Evangile.

3°) Le temps de la prière et de la vie d’équipe missionnaire permet le travail d’intelligence de la Foi et la recherche théologique qui s’efforce de dire la Foi de toujours dans les langues et les cultures d’aujourd'hui... C'est ici qu’intervient la responsabilité propre de l’Evêque. Il devient l’artian de la Foi vécue dans la fidélité au Message. Le service du magistère épiscopal doit avant tout, se réaliser par un travail d’accompagnement, d’écoute, de soutien, de questionnement, d’élaboration, de proposition, de discernement, de ressourcement... avec et auprès de ceux que l’Evêque envoie en mission d’apôtres. C'est eux qui redonnent à l’Eglise sa capacité concrète de manifester la pertinence théologique et anthropologique des Mystères chrétiens. L’Evêque est apôtre avec eux.

[00214-03.03] [IN176] [Texte original: français]

S.Em. le Card. Walter KASPER, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens (Cité du Vatican)

La question oecuménique n’est pas accessoire; elle se pose au centre de l’activité pastorale de l’évêque. L’engagement oecuménique est un des grands défis du début du nouveau millénaire. Le fruit le plus important du dialogue oecuménique de ces dernières 35 années, est la fraternité retrouvée de tous les chrétiens. Mais, aujourd’hui, nous nous trouvons devant de nouveaux défis. Nous nous rendons compte que le chemin oecuménique sera probablement encore long et difficile.

Nous devons réfléchir sur la façon dont nous pouvons structurer l’actuelle période intermédiaire avec responsabilité. Nous pouvons encore nous réunir autour de l’unique cène du Seigneur, mais nous pourrions déjà faire ensemble beaucoup plus que ce que nous faisons habituellement:

1. Oecuménisme de vie. Non pas dans le sens de quelque chose qui s’ajoute à l’activité oecuménique, mais d’un oecuménisme de vie quotidienne. 2. Réception et formation. Si les valables résultats des dialogues oecuméniques étaient perçus partout, ce serait déjà beaucoup. Ceci demande une formation oecuménique pour les laïcs, pour les prêtres et aussi pour les évêques. 3. Oecuménisme ad intra. Nous devons réaliser la spiritualité de communion d’abord en nous-mêmes et faire devenir notre Eglise accueillante envers les autres Eglises et Communautés ecclésiales. Nous devons donc créer un meilleur équilibre dans la communion entre les Eglises particulières et l’Eglise universelle. 4. L’oecumène comme engagement spirituel. Nous ne pouvons pas "faire" ou organiser l’unité; l’unité est un don de l’Esprit. Nous devons être oecuméniquement unis dans notre prière pour l’unité afin que descende sur nous l’Esprit de Dieu et que se produise une nouvelle Pentecôte.

[00211-03.03] [in172] [Texte original: italien]

S.Exc. Mgr Francisco VITI, Archevêque de Huambo (Angola)

Illumines par la foi, nous pouvons dire que notre vocation fondamentale et universelle, c'est l'acceptation reconnaissante du don miséricordieux de cette filiation divine adoptive dans le Christ et de cette fraternité entre nous. Une fraternité sans frontières, qui ne vient ni du sang, ni de la volonté de l'homme, ni d'une option sociale, mais plutôt de Dieu Lui-même. Le service de l'Evangile pour l’espérance du monde est, sans doute, celui de la fraternité et de la solidarité dans la famille humaine. Nécessaire au salut éternel, accessible à tous les hommes et femmes de bonne volonté, le chemin de la filiation divine adoptive est inséparablement lié à celui de la fraternité. En effet, dans sa liberté souveraine, le Seigneur a voulu que ceux qui aiment son Nom aiment également Son image. La lecture de la Bible nous fait voir que, dès le début, le Dieu de la création se présente comme Dieu pour l'homme et avec l'homme. L'ayant créé à son image Il a fait de lui son premier amour sur la terre, la valeur numéro un du monde. L’Apôtre saint Paul présente le Sauveur du monde comme notre paix. Et la paix, nous le savons bien, c'est vivre-ensemble et agir-ensemble. Elle est acceptation réciproque et reconnaissance mutuelle, dans l’égalité de la dignité humaine. La paix est communion des coeurs unis dans la conscience d'une seule origine et dans l'effort concerté pour monter au sommet d'une seule destinée dans le temps présent, aussi bien qu'au-delà du temps, dans l’éternité. Je parle de la paix intégrale, celle des enfants de Dieu. Elle est solidarité fraternelle que le Seigneur nous a gagnée sur le trône de la croix. Et quoi de plus contraire à la paix que de faire la guerre pour en finir avec la guerre? La guerre c'est la mort, c'est de la séparation, elle ne bâtira jamais le vivre-ensemble et moins encore l'agir ensemble. La paix est dialogue, c'est l’écoute réciproque et patiemment reprise, comme nous le dit Jean-Paul II dans ses Messages pour les Journées Mondiales de la Paix, tout spécialement dans celui de 1985, intitulé: SI TU VEUX LA PAIX VA AUX PAUVRES. Le dialogue fait partie de la sagesse des nations et révèle le sens de l'histoire. Pour illustrer le bien-fondé de cette affirmation, j'attire votre attention sur le document que je viens de citer. Le Saint Père fait référence à 150 conflits armés dans l'après-grande guerre mondiale. Ils n'ont pas conduit à la justice et moins encore à la paix. Pour faire la paix, les belligérants ont du entrer en dialogue. Dès lors, quoi de plus contraire à la paix que la pratique de l'exclusion de l'adversaire et le refus du dialogue. Pour ceux qui veulent pérenniser la guerre, il y aura toujours des prétextes contre l'adversaire. Pourtant, des pays entiers vont être condamnés au dépeuplement, et des libertés fondamentales vont s’aliéner dans les mains des plus forts, mettant de grandes multitudes à la remorque de l'histoire. Dans un chapitre intitule «The Wealth of knowledge», un historien de l’économie écrivait: «Institutions and culture first ; money next; but from the beginning and increasingly, the payoff was to knowledge», c'est-à-dire, institutions et culture d'abord; l'argent après: mais ce qui rapport à la longue, c'est la connaissance. Nous touchons ici un point névralgique de la dignité des peuples, tout aussi que de la Paix mondiale. En effet, l’éducation conditionne le progrès. Celui-ci est synonyme de Paix. Au nom des pauvres et de la solidarité évangélique, je vous pris, frères du monde «developpé»: venez à notre aide. Edifions ensemb1e la Paix-Progrès, dans la fraternité solidaire. Merci !

[00215-03.03] [IN177] [Texte original: français]

S.Exc. Mgr Cyril Baselios MALANCHARUVIL, O.I.C., Archevêque métropolitain de Trivandrum des Syro-Malankars (Inde)

Mon intervention se réfère ici au chapitre II, nos 35 et suivants, de l’Instrumentum Laboris, et surtout aux images ecclésiales de l’Evêque inspiré à l’image du Christ.

Il serait inutile de ma part vouloir tenter d’élaborer les images de l’évêque dans l’Eglise, vu que celles-ci sont entièrement inspirées à l’image du Christ. C’est ce que fait, en effet, l’Instrumentum Laboris dans le chapitre cité ci-dessus. Je voudrais par contre souligner que la pluralité d’images du Christ, comme nous le voyons dans le Nouveau Testament, provient de la réalité de Sa personnalité et des différents rôles qu’Il a remplis dans la mission de rédemption confiée par son Père. La conclusion est claire. Même si l’image de l’évêque dans l’Eglise est enracinée dans sa vocation divine au ministère épiscopal et est décrite en ligne avec l’image de Jésus-Christ, elle est ensuite concrètement modelée par les rôles qu’elle remplit en accomplissant un tel ministère. Nous devrions, donc, distinguer l’image idéale qu’il devrait projeter de l’image effective qu’il acquiert dans l’exercice de son ministère. L’Instrumentum laboris nous donne certainement, et justement, l’image idéale de l’Evêque dans l’Eglise. En d’autres mots, il décrit la nature et la mission du ministère épiscopal dans Eglise, comme il a été projeté dans l’économie du salut. Dans ce contexte, un épisode me revient à la mémoire. Un jour, il y avait un funéral. De nombreux discours funèbres ont été tenus et certains exaltaient le mort avec des termes hautement élogieux. Au terme de ces discours, la femme du mort était tellement confuse qu’elle a demandé à son fils de contrôler que la personne allongée dans le cercueil soit vraiment son père.

Dans l’effort d’effectuer le renouvellement de notre ministère épiscopal, il est important et nécessaire de découvrir quelle est vraiment l’image de l’évêque qui est ressortie concrètement dans le courant de l’histoire du ministère épiscopal dans l’Eglise, et si elle a été déformée. Si nous découvrons un désaccord entre celle idéale et celle réelle, c’est le moment de concentrer toute notre attention sur les méthodes et les moyens dont nous disposons pour éliminer l’anomalie. Dans ce contexte, peut-être, nous ferions bien de regarder le passé et de vérifier attentivement si les rôles que les évêques ont rempli, ou qui leur ont été imposés, ont déformé l’image originelle qu’ils auraient dû avoir dans l’exercice de leur ministère épiscopal, comme cela leur avait été confié par Jésus-Christ lui-même ou comme cela fut établi par les Apôtres lors de la formation des Eglises et des communautés apostoliques. Un exercice qui est, en particulier, celui d’enseigner et de baptiser avec une autorité divine toutes les nations (Mt 28, 18 ss.), d’effectuer leur ministère dans l’amour de Jésus (Jn 21, 15 ss.), de paître le troupeau de Dieu plutôt à travers l’exemple de vie qu’en exerçant son propre pouvoir (1 P 5, 1 ss.), en cultivant les vertus chrétiennes dans une vie de Foi (1 Tm 5, 1 ss.). Cela vaut également la peine de vérifier si nous n’héritons pas par hasard, dans l’Eglise, certaines images déformées du ministère épiscopal, modelées par des facteurs culturels et socio-politiques qui ont influencé l’organisation institutionnelle de l’Eglise dans de nombreuses parties du monde.

En analysant l’image de l’évêque telle quelle est modelée dans l’exercice de son ministère épiscopal, nous pourrions souligner le rôle significatif que notre peuple revêt dans ce processus. En effet, ses conceptions, ses convictions et ses perceptions ont une influence considérable sur le processus de formation de l’image de l’évêque. Le rôle de l’évêque pour et au milieu du peuple doit être important pour ce peuple, aussi bien pour sa vie sur terre qu’après.

En ce qui concerne l’Inde, notre peuple, quelque soit sa race, sa langue ou sa religion, entretient une image de l’évêque qui est celle d’un homme de Dieu, doué d’une grande puissance spirituelle, un homme que nous pourrions définir plein d’Esprit, très au-dessus des choses matérielles, capable de dominer la force et les attractions, qui se détache nettement comme témoignage constant de la présence du divin dans le monde et pour le monde; une image qui n’est fidèle qu’à Jésus-Christ et qui est pourtant accessible à ses disciples qui ont reçu en abondance l’Esprit Saint et ses dons puissants.

[00216-03.03] [in178] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Victor Adibe CHIKWE, Evêque d’Ahiara (Nigeria)

En maints endroits du monde, et en particulier dans les Eglises les plus anciennes de l’Occident, on assiste à une forte diminution des vocations sacerdotales et religieuses. Ailleurs, le nombre des jeunes qui se sentent appelés au sacerdoce est en augmentation. Beaucoup qualifient ce phénomène de "boom des vocations". Les pays du tiers monde, où cette croissance prévaut, ont un taux élevé de natalité. Le motif de cette augmentation n’est pas seulement liée à la pauvreté ou au manque de travail, comme certains pourraient le croire. Dans ces régions, on trouve de nombreuses vocations dans les familles des couches moyennes. Et dans tous les cas, le Christ a recruté ses apôtres dans les milieux humbles de la société. Les persécutions des premiers chrétiens ont contribué à la diffusion de l’Evangile. De même, Dieu peut se servir des problèmes des réfugiés et des difficultés que connaissent les pays pauvres pour pourvoir aux besoins spirituels des Eglises les plus anciennes.

Il est douloureux pour un évêque de repousser un grand nombre de vocations authentiques uniquement parce qu’il n’en a pas besoin. L’Eglise, considérée comme famille de Dieu, devrait se réjouir des dons de ses membres et en tirer parti.

Les évêques des régions où il existe un manque de vocations devraient se sentir libres de s’adresser à leurs frères dans l’épiscopat là où les vocations sont nombreuses, pour demander leur aide, et en même temps les aider à former ces prêtres. Ce serait une façon de mettre réellement en pratique la communion et la coopération dans la mission. A ce propos, Ad gentes, Redemptoris missio et Ecclesia in Africa sont très clairs. Ils ne doivent pas se laisser dissuader par le fait que certains prêtres refusent de rentrer dans leur diocèse après avoir étudié en Europe et en Amérique du Nord, ou connaissent des problèmes. Il ne faut pas perdre de vue les nombreux prêtres provenant des pays de mission qui sont missionnaires dans d’autres pays du tiers monde, en Afrique, en Asie et dans les îles des Caraïbes, en vivant des conditions difficiles.

Dans les moyens de communication, il existe une tendance à perdre le sens des proportions en parlant des problèmes des prêtres dans les territoires de mission, en les généralisant trop souvent. Cela ne fait pas de bien à l’image de l’Eglise; au contraire, c’est une tentative calculée pour ridiculiser l’Eglise et sa discipline du célibat. Tout en n’excusant pas le mauvais comportement de certains prêtres en Afrique et ailleurs, il faut réaffirmer avec force qu’il existe un très grand nombre de prêtres qui mettent en pratique les conseils évangéliques et rendent témoignage à la foi.

[00217-03.03] [in179] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Paul K. BAKYENGA, Archevêque de Mbarara (Ouganda)

Je donne mes réflexions inspirées par les numéros 24, 96 et 141 de l’Instrumentum Laboris.

Le numéro 24 déclare: "Le futur de l’Eglise du troisième millénaire se présente progressivement comme une décentralisation de la présence des catholiques vers les pays de l’Afrique et de l’Asie où, comme en Amérique latine, fleurissent de jeunes Eglises, remplies de ferveur et de vitalité, riches en vocations sacerdotales et religieuses qui apportent souvent leur aide au manque de forces vives enregistré en Occident".

Il s’agit d’une déclaration prophétique qui donne une grande espérance à l’Eglise. Alors que le vieil arbre peut voir sa vitalité diminuée, la vitalité de ses jeunes jets est, ou devrait être, une raison de se réjouir, car c’est de ses graines que les jeunes poussent. Les engagements missionnaires des Eglises de l’Occident au cours du millénaire qui vient de se terminer sont lentement en train de porter des fruits pour le Royaume de Dieu.

Pour ne pas permettre aux oiseaux maraudeurs de l’air de moissonner là où ils n’ont pas semé, les jeunes qui représentent plus du 60% des populations de ces pays, doivent recevoir une aide particulière. Ils représentent le futur de l’Eglise et de l’humanité. Un ministère de l’espérance ne peut pas mieux faire que de construire le futur avec ceux auxquels le futur a été confié.

Investir dans la jeunesse, investir dans les jeunes, investir dans les jeunes Eglises pourrait être une des priorités de toute l’Eglise comme Famille de Dieu, pour le troisième millénaire.

Il y a pourtant un nouveau phénomène qui touche les populations de ces jeunes Eglises et leurs jeunes populations. Il y a la menace du Sida pour lequel il n’existe pas encore de soins. Les jeunes populations de ces jeunes Eglises sont particulièrement touchées par cette maladie. Il existe une génération d’orphelins qui sont en train de perdre l’espérance dans la vie après avoir perdu leurs parents en raison de la pandémie du Sida. Tels que des brebis sans un pasteur, un nombre d’orphelins, à qui il manque une aide de la part de leurs parents, tournent leur regard vers les sectes millénaristes qui exploitent leur crédulité, avec de terribles conséquences, comme cela est arrivé à Kanungu, dans le sud-ouest du Soudan, en mars 2000.

Dans l’actuelle situation, l’Evêque, attentif à sa fonction de Père et de Défenseur des Pauvres, doit être proche de ces orphelins pour qu’ils puissent au moins acquérir des capacités utiles pour leur vie future.

Comme le boiteux à la porte du Temple (Ac 3), ces orphelins regardent dans notre direction alors que nous montons au Temple et dans celle des Eglises.

Comme à l’époque de Pierre et Jean, cela donnerait de l’espérance à ces jeunes, et spécialement aux orphelins, si nous pouvions leur dire: "Regardez-nous! Nous ne possédons ni or ni argent, mais nous avons Jésus qui est plus grand qu’eux". Le Successeur de Pierre nous a dit au nom de Jésus: "Duc in altum". Investissons donc dans la jeunesse, investissons dans les jeunes Eglises. Elles grandiront bientôt et s’uniront à nous dans la glorification de Dieu.

[00218-03.02] [in180] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Marcello SEMERARO, Evêque d’Oria (Italie)

La communion des évêques a une valeur immense, y compris par rapport à la tâche d’annonce et de communication de l’Evangile pour l’espérance du monde assignée par le Pape comme thème central de réflexion pour cette assemblée synodale. Je voudrais souligner en particulier que la première forme de communication et d’annonce de l’Evangile est, justement, la communion.

Entre communion et communication, il existe en effet un lien très étroit, déjà perçu et décrit par saint Thomas d’Aquin (comme le montre l’étude de ses lemmes communio / comunicare / communicatio effectuée à l’aide de l’Index Thomisticus du P. R. Busa S.J.), qui est aujourd’hui mise en grande évidence par les études anthropologiques et les sciences de la communication. La communication, en effet, n’est pas seulement transmission d’informations et de nouvelles, mais, à un niveau ontologique plus profond, ouverture et don de soi à l’autre. C’est-à-dire communion.

On peut appliquer tout ceci au niveau qui est propre à la vie de l’Eglise et le référer à la tâche, confiée par Jésus à ses Apôtres, d’annoncer l’Evangile à toutes les créatures jusqu’aux extrémités de la terre. Je voudrais simplement souligner que l’on annonce l’Evangile non seulement par la parole, mais aussi par la communion.

Pour m’expliquer, je voudrais citer un passage de la "Règle sans cachet" de saint François d’Assise, dont la figure si informée de la vie apostolique a déjà été évoquée dans cette Assemblée. Ce texte dit notamment: "Les frères qui se rendent parmi les infidèles peuvent se comporter entre eux de deux manières. L’une est qu’ils n’aient pas de litiges ou de disputes, mais soient soumis à cause du Seigneur à toute institution humaine (cf. 1P 2, 13) et confessent d’être chrétiens. L’autre est que, lorsqu’ils voient que cela plaît au Seigneur, ils annoncent la parole de Dieu..." ( chap. 16).

Cette norme franciscaine, qui met l’accent sur la force évangélisante de la fraternité, peut être appliquée aussi, je crois, à la communio episcoporum, et je voudrais le faire en utilisant une expression de Paul VI, qui me semble vraiment pertinente: quand "opèrent concorde et unité", la collégialité épiscopale lui apparaît comme "insufflée par le souffle de l’Esprit Saint, pour rendre témoignage du Christ et de son Evangile, afin de poursuivre dans le monde l’élan missionnaire de la Rédemption, et irradier la vérité qui, partie du coeur du Père, a brillé sur le visage du Christ... (cf. 2Cor, 4, 6)" (Alloc. In questa fase du 24.05.1976).

[00219-03.03] [in181] [Texte original: italien]

S.Exc. Mgr Denis WIEHE, C.S.Sp., Evêque coadjuteur de Port Victoria (Iles Seychelles)

1) Sainteté et ministère épiscopal

J’ai été consacré évêque tout récemment, le 15 août, et en entamant mon ministère, ce qui me stimule le plus est le témoignage de tous ceux qui nous ont précédé comme successeurs des Apôtres. En réfléchissant et en méditant sur la vie de nos prédécesseurs, je suis frappé par un fait: ils grandissent en sainteté à mesure qu’ils accomplissent leur tâche d’enseigner, de servir et surtout d’aimer le Peuple de Dieu auprès duquel ils ont été envoyés. C’est à travers l’exercice de notre ministère, et pas en-dehors de lui, que nous nous sanctifions. Et pendant que nous nous sanctifions, nous entrons chaque jour, chaque année un peu plus pleinement dans le ministère qui est le nôtre. Naturellement, nous devons nous réserver un peu de temps libre pour la prière et pour notre formation permanente, pour recentrer notre vie sur le Christ, unique et seul Bon Pasteur. Il nous rend à notre troupeau revigorés, et nous rappelle comme Lui-même a inlassablement pris soin du Peuple dont il avait pitié, parce que c’était un troupeau sans berger.

2) Ministère participé

Nous lisons au chap. 18 de l’Exode, que sur le conseil de son beau-père, Moïse choisit 70 anciens pour l’aider dans la tâche de pourvoir aux nécessités du peuple de Dieu. Peut-être est-ce la première référence à ce que nous appelons aujourd’hui le "ministère participé". A mesure qu’augmente la demande qui nous est faite de temps et de ressources, tous deux limités, dans un monde chaque jour plus complexe, peut-être que, à l’image de Moïse, nous devrions accorder plus d’attention à ce modèle participatif de ministère, non seulement du point de vue pratique, mais aussi pour des raisons plus ecclésiologiques: d’autres, qu’ils soient ministres ordonnés ou institués, partagent notre ministère pastoral et doivent être associés à lui.

3) Conférences épiscopales

Mon diocèse, Port-Victoria dans les Iles Seychelles, est un diocèse insulaire. Comme beaucoup d’autres diocèses similaires, il est petit et les ressources humaines y sont limitées. Dans cette situation, l’aide des autres évêques de la Conférence épiscopale est d’une importance vitale. Le partage entre évêques, le soutien réciproque, ainsi que la collaboration concrète sur des projets spécifiques sont essentiels pour développer la vie de l’Eglise dans notre région du monde. Le développement des Conférences épiscopales dans l’Eglise, à partir du Concile Vatican II, est une bénédiction, et c’est avec un grand intérêt que je prendrai part au débat entrepris dans ce Synode sur leur développement et leur statut spécifique comme expression de la collégialité des évêques.

[00220-03.02] [in182] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Pablo Jaime GALIMBERTI DI VIETRI, Evêque de San José de Mayo (Uraguay)

A propos du ministère de gouvernement de l’évêque, l’Instrumentum laboris (n. 117 et ss.) dit: "Une des formes par lesquelles s’exprime la charité pastorale est la compassion, à l’imitation du Christ".

Il s’agit d’une compassion intelligente, qui "ne peut être séparée de la vérité du Christ", ni affranchie de la "loi canonique de l’Eglise". L’autorité, selon l’Evangile, embrasse une double dimension, maternelle et paternelle. La dimension maternelle correspond à une capacité d’empathie, et la dimension paternelle consiste dans la capacité de présenter la vérité, de proposer des parcours et d’établir des règles de conduite.

Jésus se fit "proximité" du Père. "Abba" est la synthèse la plus haute d’une grâce que nous, les disciples du Christ, osons balbutier. C’est l’Evangile de l’Espérance la plus proche et la plus pleine, qui fait exulter de joie l’âme vide et ennuyée, submergée par la nausée ou "divertie" par les mirages de la société de consommation.

Dans cette "société sans père" où existent de multiples situations d’"abandon", le thème de notre débat synodal apparaît extrêmement actuel et urgent. Qui ne désire pas l’étreinte vigoureuse d’un père qui, au lieu d’un regard accusateur, est disposé à faire la fête parce que son fils qu’il avait perdu est rentré à la maison?

Les "orphelins" et les "abandonnés" de ce monde trouveront-ils l’Espérance à travers notre ministère épiscopal? Jésus prie spécialement pour nous, afin que nous fassions nôtre l’expérience des disciples en qui demeure son Esprit: "Je ne vous laisserai pas orphelins" (Jn 14, 18; cf. Is 49, 14-15).

[00225-03.03] [in183] [Texte original: espagnol]

S.Exc. Mgr Martin ROOS, Evêque de Timişoara (Roumanie)

En ce qui concerne le thème "L’Evêque et l’attention particulière pour les prêtres" (Instrumentum laboris 86-88), nous avons soulevé notre attention sur la tentative de développer la formatio permanens de nos diocèses, que nous avons commencée il y a déjà deux ans, et grâce à laquelle, jusqu’à présent, nous avons fait des expériences extraordinairement positives.

Notre diocèse est petit, composé d’une centaine de prêtres pour 70 paroisses. Les prêtres du diocèse, tant diocésains que religieux, passent chaque année une semaine entière à l’évêché. Ils prient, ils mangent et célèbrent l’Eucharistie avec leur évêque qui est à leur disposition même pour des colloques communautaires ou personnels. De cette façon, ils font l’expérience de la communauté avec leurs confrères qui travaillent au même Royaume de Dieu et combattent contre leurs mêmes difficultés.

Le programme concret prévoit, pour la première année, des conférences centrées sur les arguments de la pastorale et de la liturgie que l’évêque tient lui-même avec ses prêtres. La deuxième année, ce sont les prêtres eux-mêmes qui organisent leur propre programme, alors que la célébration de l’Eucharistie et de la liturgie des heures, tout comme les repas, restent en commun. La plus importante bibliothèque théologique est disponible pour l’étude dans une salle de lecture. Nous appelons les semaines de la première année, "semaine de clôture", celles de la deuxième année, "semaine sabbatique".

Les groupes sont assemblés par l’ordinariat épiscopal sur la base des options. Au cours des mois d’été, les séminaristes restent chez eux. Une rencontre avec l’évêque émérite fait aussi partie du programme.

Pour conclure, je voudrais transmettre une supplication aux confrères de notre Conférence épiscopale. Il arrive toujours plus souvent que les prêtres de notre pays, surtout en Europe de l’Ouest, essayent d’être incorporés dans ces diocèses, sans que leur Ordinariat en soit au courant. Nous vous prions de prendre contact avec nous avant de prendre une décision en ce sens.

[00241-03.03] [in184] [Texte original: allemand]

S.B. Stéphanos II GHATTAS, C.M., Patriarche d’Alexandrie des Coptes (Égypte)

Bien que, apparemment, le Dialogue oecuménique, après l'enthousiasme des années après Vatican II, ne réponde pas assez aux attentes du peuple chrétien, il n'en reste pas moins vrai que beaucoup a été fait en ce domaine, avec beaucoup de Coeurs d’espérance.

Outre ce que chaque Eveque entreprend en ce sens dans son Eparchie - et ce que fait le Conseil des Eglises du Proche-Orient, dont fait partie l'Eglise Catholique, notre symposium annuel des sept Patriarches Catholiques d'Orient invite nos frères les Patriarches Orthodoxes - grec, syrien et arménien - à une journée de rencontre fraternelle, et ils y répondent bien volontiers. Beaucoup de points pastoraux ont été réglés (Baptême, mariage, enseignement catéchetique) et de problèmes qui nous séparaient ont été résolus. Le dialogue de vie a été instaure entre les Chefs et les fidèles des diverses Eglises Catholiques et Orthodoxes. Et même, dans notre dernière réunie annuelle qui a eu lieu le mois dernier, nos frères les Patriarches Orthodoxes ont insiste qu'il y ait durant l’année une autre réunion fraternelle.

Certes, la question de la Primauté du Souverain Pontife de Rome reste une pierre d'achoppement pour nos frères Orthodoxes. Mais nous prions et nous mettons toute notre confiance dans l'oeuvre du Saint-Esprit, et nous gardons une vive espérance que le Saint-Père Jean-Paul II, qui demande humblement à être aidé dans sa charge de Pierre de guider l'Eglise dans ces questions oecuméniques si délicates, trouve une issue juste et équitable afin que, comme le Christ, le Bon Pasteur, Il puisse "réunir ensemble, pour l’espérance du monde, les fils de Dieu qui sont disperses" (cf. Jean XI: 52).

[00242-03.03] [in185] [Texte original: français]

S.Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja, Président de la Conférence des Evêques (Nigeria)

Je voudrais attirer l’attention de cette auguste assemblée sur les défis du dialogue et de la collaboration avec les populations de foi musulmane, grâce à l’expérience des Evêques du Nigéria.

Les évêques d’Afrique, rassemblés en Synode avec le Pape en 1994, ont affirmé qu’en Afrique l’Islam représente un partenaire difficile mais nécessaire dans le dialogue. Je crois que cela est vrai pour l’Eglise universelle, mais aussi que l’Islam est à présent au premier rang de l’attention mondiale, comme les récents et incroyables événements l’ont puissamment et tragiquement démontré.

Au niveau de l’Eglise universelle, il y a eu une attention appréciable au monde de l’Islam. Le Saint-Père, spécialement au cours de ses visites pastorales dans de nombreuses parties du monde, soutenu par le dicastère romain pour le Dialogue interreligieux, a fait un merveilleux travail dans la promotion du dialogue entre Chrétiens et Musulmans. Toutefois, ces démarches au plus haut niveau doivent être intégrées, équilibrées et confirmées par une action appropriée au niveau local.

Dans de nombreux pays, à un certain degré, il y a une présence islamique. Dans certains pays, elle est dominante et domine. On ne devrait pas permettre que certains pays, qui semblent avoir fait de l’intolérance religieuse et du fanatisme la base de leur politique étatique, continuent de violer tranquillement les droits de l’homme au nom de la religion.

Notre pays, le Nigéria, se trouve dans une situation privilégiée, en ce qui concerne le dialogue et la collaboration entre Chrétiens et Musulmans, notre population qui compte 120 millions de personnes étant plus ou moins équitablement divisée entre Chrétiens et Musulmans. La plupart du temps, nous vivons aujourd’hui en paix et en harmonie les uns avec les autres, affrontant ensemble les défis de la construction d’une nation qui soit libre, juste et prospère.

Il y a pourtant des occasions dans lesquelles les conflits éclatent et qui sont certaines fois fort violents et sanglants. Ces difficultés se produisent pour deux principales raisons: les expressions et les activités de fanatiques, souvent des deux côtés, et la manipulation des politiques qui abusent de la religion pour des objectifs égoïstes. L’effort d’imposer la Sharia comme une loi d’état est justement un de ces cas. Notre réponse à tous ces défis comprend un approfondissement de la foi, un dialogue patient et un engagement à la poursuite du bien commun. Nous espérons qu’avec la grâce de Dieu, et malgré tout, nous pourrons toujours faire de notre pays un modèle de communauté harmonieux et juste entre Chrétiens et Musulmans que le monde pourra imiter.

[00243-03.03] [in186] [Texte original: anglais]

S.Exc. Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Evêque d’Ouahigouya (Burkina Faso)

1) L'Eglise - Famille de Dieu ferment du monde nouveau

Après l’Assemblée Spéciale pour I' Afrique du Synode des Evêques convoquée en 1994 par le Pape Jean Paul II, les diocèses du Burkina, dans le sil1age de la dynamique de la solidarité pastorale organique, de communion ecclésiale et de coopération missionnaire, se sont mis en marche entre 1997 - 2000 pour célébrer chacun son Synode diocésain. Cette démarche collégiale, animée par la ferme conviction d’appartenir à la même Eglise-Famille de Dieu, c’est conclu par la célébration d’un Synode inter - diocésain à caractère national d’où est sortie cette orientation pastorale. Eglise - Famille de Dieu, ferment du monde nouveau. Dans une ecclésiologie de communion et de mission. il s'agit de construire une Eglise de type familiale à travers la structure de la communauté chrétienne de base ( C.C.B.) déifiée sur le modèle de la Sainte Trinité, des premières communautés des Actes des Apôtres et des valeurs positives de la famille africaine. "L’Eglise ne peut progresser qu’en renforçant les liens de communion entre ses membres, à commencer par ces pasteurs" (E.L.A. N° 17). Prenant en compte cette perspicace assertion du Saint Père, les deux principales Conférences de l’Afrique de l’Ouest, à savoir l’A.E.C.A.W.A. (anglophone) et la C.E.R.A.O. (francophone), se sont retrouvées à Ouagadougou du 16 au 19 novembre 2000 autour du thème: "Bâtir l’Eglise - famille de Dieu en Afrique de l’Ouest: Défis et ressources au seuil du troisième millénaire."

Les Evêques de la sous - région, ont célébré et réaffirmé leur communion et ont passé des bases pour s’unir et affronter ensemble les défis multiples et complexes de l’Afrique: coopération missionnaire, intégration régionale, la promotion de la paix, de la solidarité et de la fraternité.

2) Evêque espérance pour le monde nouveau

Pour faire émerger le monde nouveau, il faut certes ouvrir des chemins d’évangélisation, mais encore faut-il trouver des agents apostoliques bien formés, nombreux et saints. D’où l’importance de la pastorale des vocations: soutien des petits et grandes séminaires pour la formation des futurs prêtres, la formation et la vie des catéchistes ... A cet effet la coopération entre Eglises est plus que nécessaire.

En outre la solidarité au sein de l’Eglise - Famille de Dieu est urgente pour favoriser l’auto financement progressif des Eglises plus pauvres.

... Une telle perspective serait illusoire si les chrétiens, à commencer par les pasteurs ne s’approprient pas la Force de la Bonne Nouvelle ... la Force d’aimer...

"On peut exagérer en tout, sauf dans l’Amour" (Frère Charles de Foucauld)

[00227-03.03] [in187] [Texte original: français]

AVIS

BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES

Le huitième briefing pour les groupes linguistiques aura lieu demain, mercredi 10 octobre 2001, à 13h10 (dans les lieux de briefing et avec les Attachés de Presse indiqués dans le Bulletin N°2).

Nous rappelons que les opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) sont priés de s’adresser au Conseil Pontifical pour les Communication Sociales afin d’obtenir l’autorisation d’accès (très limitée).

POOL POUR LA SALLE DU SYNODE

Le huitième "pool" pour la Salle du Synode sera formé pour la prière d’ouverture de la Seizième Congrégation Générale qui aura lieu jeudi matin, 11 octobre 2001.

Les listes d’inscription au pool sont à la disposition des rédacteurs dans le Bureau Informations et Accréditations du Bureau de Presse du Saint-Siège (à l’entrée, à droite).

Nous rappelons que les opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) ainsi que les photo-reporters sont priés de s’adresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales pour participer au pool dans la Salle du Synode.

Nous rappelons que les participants au pool sont priés d’êtres présents à 08h30 dans le Secteur Presse, à l’extérieur devant l’entrée de la Salle Paul VI, d’où ils seront appelés pour accéder à la Salle du Synode, toujours accompagnés par un attaché, respectivement, du Bureau de Presse du Saint-Siège et du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales.

BULLETIN

Le prochain Bulletin N° 17, concernant les travaux de la Quatorzième Congrégation Générale de l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques de demain matin, mardi 9 octobre, sera à la disposition des journalistes accrédités demain matin, mercredi 10 octobre 2001, à l’ouverture du Bureau de Presse du Saint-Siège.

 

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