The Holy See Search
back
riga

 

SYNODUS EPISCOPORUM
BULLETIN

XI ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
2-23 octobre 2005

L’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l'Église


Ce Bulletin est seulement un instrument de travail à usage journalistique. Les traductions n'ont pas de caractère officiel.


Édition française

 

04 - 03.10.2005

RÉSUMÉ

PREMIERE CONGREGATION GENERALE (LUNDI 3 OCTOBRE 2005, MATIN)
AVIS

PREMIERE CONGREGATION GENERALE (LUNDI 3 OCTOBRE 2005, MATIN)

Ce matin, lundi 3 octobre 2005, à 09h00, à la présence du Saint-Père, dans la Salle du Synode du Vatican, avec le chant de l’office de Tierce, ouvert par l’hymne du Veni, Creator Spiritus, ont débuté les travaux de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, avec la Première Congrégation Générale. Le Saint-Père Benoît XVI a tenu la réflexion.

Le Président délégué du jour était S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

L’assemblée synodale ouverte hier par Benoît XVI, qui a présidé la Solennelle Concélébration Eucharistique dans la Basilique Patriarcale Saint-Pierre au Vatican, réunira jusqu’au 23 octobre 2005, une représentation des Prélats du monde sur le thème: L’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l’Église.

Lors de cette première Congrégation Générale, sont intervenus le Président Délégué, S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, pour les salutations du Président Délégué; S. Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, Secrétaire Général du Synode des Évêques, pour le Rapport du Secrétaire Général; S. Ém. le Card. Angelo SCOLA, Patriarche de Venise (Italie), pour le Rapport avant le débat général du Rapporteur général.

Nous publions ci-dessous le texte intégral des interventions prononcées en Salle:

SALUTATION DU PRESIDENT DELEGUE, S. EM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PREFET DE LA CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS
RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL DU SYNODE DES EVEQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ
RAPPORT AVANT LE DEBAT GENERAL DU RAPPORTEUR GENERAL, S. EM. LE CARD. ANGELO SCOLA, PATRIARCHE DE VENISE (ITALIE)

La première Congrégation Générale de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques s’est conclue à 12h20 avec la prière de l’Angelus Domini présidée par le Saint-Père.

241 Pères Synodaux étaient présents.

La deuxième Congrégation Générale, au cours de laquelle débutera la discussion générale sur le thème synodal, aura lieu cet après-midi, 3 octobre 2005, à 16h30.

SALUTATION DU PRESIDENT DELEGUE, S. EM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PREFET DE LA CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS

Très Saint Père

1. Avec un esprit de foi, avec notre action de grâce à la Divine Providence pour Votre Pontificat, dans la joie chrétienne, mais également avec un sens de responsabilité, nous sommes ici convoqués par Votre Sainteté, Successeur de Pierre et Vicaire du Christ. Cette XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, d’abord convoquée par Votre Prédécesseur, de vénérée et inoubliable mémoire, le Serviteur de Dieu, le Pape Jean-Paul II, puis convoquée à nouveau par Votre Sainteté peu de temps après votre élection sur la Chaire de Pierre, nous offre l’occasion de réfléchir sur un thème qui touche le cœur et la vie de l’Église: “L’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l’Église”.

2. Ce n’est pas un secret que le mystère eucharistique est un thème extrêmement cher à Votre Sainteté. En effet, dans la première homélie prononcée par Votre Sainteté le matin suivant votre élection, le 20 avril 2005, dans la Chapelle Sixtine, vous déclariez entre autres aux Cardinaux et au monde: “De manière plus que significative, mon Pontificat commence alors que l’Église vit l’Année spéciale consacrée à l’Eucharistie. Comment ne pas saisir dans cette coïncidence providentielle un élément qui doit caractériser le ministère auquel j’ai été appelé? L’Eucharistie, coeur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l’Église, ne peut que constituer le centre permanent et la source du service pétrinien qui m’a été confié” (Homélie du 20 avril 2005, nº 4, dans L’Osservatore Romano nº 94 du 21 avril 2005, p. 9).

3. Il est d’une grande importance pour l’Église que les représentants du Collège des Évêques de toute l’Église se réunissent autour du Successeur de Pierre pour réfléchir et prier sur le grand Mystère de la Foi. Nous venons des Églises particulières ou de diocèses en tant que représentants des Conférences épiscopales et des Églises orientales, mais également de la Curie Romaine, de l’Union des Supérieurs généraux, et certains d’entre nous ont été nommés par Votre Sainteté.
Nous venons pour réfléchir sur un thème qui touche le cœur battant de la vie de l’Église. La Très Sainte Eucharistie, en effet, comme le dit le Concile Vatican II, “contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque” (Presbyt. Ordinis, nº 5). L’Eucharistie “a sa place au centre de la vie ecclésiale” (Eccl. de Euch., nº 3).
Pendant deux ans, toute l’Église a réfléchi, discuté, médité et prié de manière particulière sur le Mystère eucharistique. Les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises orientales, les diocèses, les paroisses, les instituts supérieurs d’étude catholiques, les séminaires, les monastères, les instituts religieux, les associations ou les mouvements catholiques et d’autres groupes dans l’Église ont pris des initiatives dans ce sens. Voici à présent réunie cette noble Assemblée qui tente de recueillir ensemble les fruits de ces contributions avec à sa tête le Vicaire du Christ et Successeur de Pierre. 4.Bénissez-nous, Saint-Père. Guidez-nous. Accompagnez-nous.
Puisse la Vierge Marie, “femme eucharistique” (Eccl. De Euch., nº 53), intercéder pour nous.
Puisse l’Esprit Saint nous donner la lumière, la foi, la sagesse, la charité pastorale, le courage évangélique, la joie de l’annonce et la conscience de notre responsabilité devant Dieu, devant l’Église et devant le monde également, de faire notre devoir au cours de ces trois semaines pour le bien du saint peuple de Dieu.

[00019-03.06] [NNNNN] [Texte original: italien]

RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL DU SYNODE DES EVEQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ

Saint-Père,
Éminentissimes et Excellentissimes Pères,
Chers frères et soeurs,

Pour la première fois en qualité de Secrétaire général du Synode des Évêques, j’ai l’honneur d’adresser la parole aux membres de cette Assemblée illustre, en saluant bien volontiers tous les présents avec les mots de Saint Paul Apôtre: “à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus-Christ” (1 Co 1, 3).

Je présente mes salutations les plus respectueuses au Saint-Père Benoît XVI qui préside la première Assemblée du Synode des Évêques de son pontificat. Dans le même temps, je remercie Sa Sainteté d’avoir confirmé la convocation de la présente réunion synodale et d’en avoir suivi de près la préparation. Au nom de tous les Pères synodaux, je lui suis reconnaissant d’avance de sa présence et de toute contribution précieuse qu’il offrira au déroulement des travaux, dont le but est de promouvoir la vie et la mission de l’Eglise universelle, sous le signe de l’Eucharistie.

Je salue cordialement les 256 membres de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, dont 177 membres élus, 40 nommés par le Pape, 39 ex officio et 10 Supérieurs généraux. Parmi eux figurent 55 cardinaux, 8 patriarches, 82 archevêques, 123 évêques et 12 religieux. Quant aux fonctions qu’ils occupent, il y a 36 Présidents de Conférence épiscopale, 234 Ordinaires, 4 Coadjuteurs, 14 Auxiliaires et 4 Émérites.
Les Pères synodaux mentionnés proviennent de tous les continents, c’est-à-dire 50 d’Afrique, 59 d’Amérique, 44 d’Asie,95 d’Europe et 8 d’Océanie.

En les remerciant d’avoir accepté notre invitation, j’exprime mes sentiments respectueux aux Délégués fraternels, qui représentent 12 Églises et communautés ecclésiales.

Je salue également très sincèrement les Auditeurs, les Experts, les Assistants, les Traducteurs et le personnel technique, dont la collaboration est fondamentale pour un bon déroulement des travaux. Enfin, je salue et je remercie tout spécialement les généreux Collaborateurs de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, qui, par leur travail, m’ont particulièrement aidé dans cette première expérience synodale.

Comme l’Apôtre des gentils, je souhaite à tous grâce et paix, dons par lesquels Dieu Un et Trine bénira nos travaux collégiaux pour le bien de l’Eglise et de l’humanité.

Ce rapport est composé de six parties:

I) Observations préliminaires;
II) Période entre la X et la XI Assemblée Générale Ordinaire;
III) Préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire;
IV) Nouveautés dans la méthodologie synodale;
V) Activités de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques;
VI) Conclusion.

I) Observations préliminaires

“J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir” (Lc 22, 15). Par ces mots prononcés lors de la dernière cène, Jésus-Christ introduit le récit de l’institution du sacrement de l’Eucharistie. Les trois Évangiles synoptiques concordent sur la signification des mots prononcés sur le pain et sur le vin qui, par la grâce du Saint-Esprit, sont devenus le corps et le sang du Seigneur Jésus (cf. Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-25; Lc 22, 14-20). Ces mots furent accompagnés par des gestes concrets: “Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples” (Mt 26,26). Ces mots et ces gestes indiquent clairement la volonté de Jésus-Christ d’instituer l’Eucharistie dans le cadre du repas pascal juif, préfiguration de sa mort et résurrection, anticipation du banquet eschatologique des noces de l’Agneau immolé. Le récit de l’évangéliste Jean (cf. Jn chapitre 6) souligne davantage encore que Jésus de Nazareth préparait depuis longtemps son grand sacrement. En effet, pratiquement dès le début de son activité publique, Il se présenta aux gens comme le pain vivant, descendu du ciel pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51).

L’Eucharistie que Jésus institua en présence des apôtres, réunis avec Lui autour de la table, est inséparablement liée à l’Église, depuis le commencement jusqu’à la fin des temps. Par la volonté explicite du Seigneur, “faites-le en mémoire de moi” (1 Co 11, 24), le sacrement de l’Eucharistie, célébré au sein de l’Église, devait être transmis de génération en génération comme l’héritage le plus précieux, comme le Testament d’amour du Seigneur. Il s’agit de Tradition sainte, comme le témoigne Saint Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens (cf. 1 Co 11, 23- 26), qui par la divine Providence est parvenue jusqu’à nous dans sa pureté originale. Nous devons sans cesse remercier Dieu Un et Trine pour cette grâce inestimable, parce que l’Eucharistie, grand don et mystère, continue à être célébrée, adorée et vécue au sein de l’Église. Elle représente le coeur de l’Église, la source et le sommet de sa vie et de son activité d’évangélisation et de promotion humaine.

Héritage spirituel du Pape Jean-Paul II

C’est le Pape Jean-Paul II de vénérable mémoire qui a voulu que le thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques soit axé sur l’Eucharistie. Ceux qui connaissent bien l’oeuvre et la mission ecclésiale du Serviteur de Dieu ne pourront pas ne pas y percevoir des rappels significatifs de l’exemple du seul Maître et Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme.

En effet, la redécouverte de l’Eucharistie, célébrée et vécue d’une manière adéquate au sein de l’Eglise, semble être aussi le contenu du Testament spirituel du Pape Jean-Paul II . En sentant que son heure approchait, il essaya, avec l’Esprit du Seigneur, de concentrer ses énergies sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le Très Saint Sacrement. La présence admirable du Seigneur glorieux sous les espèces du pain et du vin fut le soutien de sa foi vivante, la source de sa grande espérance et le motif de sa charité incisive. Cette expérience, accumulée surtout au cours de ses 59 ans de sacerdoce, dont 44 vécus en tant qu’Évêque, a poussé le regretté Pontife à proposer le thème de l’Eucharistie à la réflexion de l’Église universelle. Sa dernière encyclique était Ecclesia de Eucharistia, son avant-dernière Lettre apostolique Mane nobiscum Domine. La dernière initiative pastorale prise pour l’Église universelle est l’Année de l’Eucharistie. Dans cette optique, il n’est pas étonnant que la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques ait pour thème l’Eucharistie. Sa célébration marque la conclusion de l’Année de l’Eucharistie. Entamée par le Pape Jean-Paul II, la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire sera menée à terme par son successeur, le Saint-Père Benoît XVI. L’annonce de la présence de Jésus-Chist dans l’Eucharistie, Testament de son amour divin, demeure la source inépuisable de la vie et de la mission de l’Église. L’expérience de foi eucharistique vécue par le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, qu’il nous a laissée comme héritage spirituel, ne manquera pas d’influer aussi de manière positive l’activité de la réunion synodale qui commence ses travaux.

Dans le choix du thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire, on peut percevoir également une intuition prophétique du Pape Jean-Paul II. Il a voulu favoriser, au niveau de l’Église catholique, la réflexion sur la pratique eucharistique, en examinant comment les Églises particulières appliquent-elles les grands discours du Magistère sur le Sacrement sublime de la présence vraie, réelle et substantielle de Jésus-Christ ressuscité dans l’Eucharistie, source de l’unité et de la communion ecclésiale. Il souhaitait vérifier comment le sacrement de l’Eucharistie est-il perçu et vécu et quelle est son influence sur la vie des fidèles, des familles, des communautés et de la société tout entière. Son intention fondamentale était de relancer l’Eucharistie, don inestimable de Dieu à son Église, par une catéchèse appropriée à tous les niveaux, un culte liturgique rénové, un service renforcé de la charité, qui a sa source permanente dans le pain rompu pour nous les hommes et dans le vin versé pour notre salut.

II) Activités entre la X et la XI Assemblée Générale Ordinaire

Hommage à l’Éminentissime Card. Jan Pieter Schotte

En évoquant dans cette réunion collégiale l’héritage spirituel du Pape Jean-Paul II, il est juste de rappeler, en rendant grâce au Seigneur, l’un de ses collaborateurs les plus proches, Son Éminence Monsieur le Cardinal Jan Pieter Schotte, C.I.C.M., qui, pendant presque 19 ans, fut le Secrétaire général du Synode des Évêques. Au cours de cette période, cet Éminentissime Cardinal a offert des services ecclésiaux précieux. Notamment, il a organisé 12 Assemblées synodales, dont 4 (1987; 1990; 1994; 2001) Assemblées générales ordinaires, 1 (en 1985) Assemblée générale extraordinaire et 7 Assemblées spéciales (en 1991 Ière pour l’Europe; en 1994 pour l’Afrique; en 1995 pour le Liban; en 1997 pour l’Amérique; en 1998 pour l’Asie; en 1998 pour l’Océanie; en 1999 IIème pour l’Europe). Son Éminence le Card. Jan Pieter Schotte entama aussi la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire. Quelques mois avant que le Seigneur de la vie ne le rappelle à Lui, le 10 janvier 2005, le Pape Jean-Paul II voulut me nommer, le 11 février 2004, pour lui succéder au bureau de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques. Cette succession a eu lieu aussi sous le signe du mystère de l’Eucharistie, thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire, car j’ai pris le relais du Cardinal Schotte alors que le chemin synodal était déjà engagé et certainement inséré dans une tradition bien affermie donnant des résultats très positifs.

En effet, après avoir terminé avec succès la X Assemblée Générale Ordinaire, sur le thème L’Évêque: Serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde, célébrée du 30 septembre au 27 octobre 2001, Son Éminence le Cardinal Jan Pieter Schotte a commencé, en étroite collaboration avec le Souverain Pontife, la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire.

Avant la conclusion de la X Assemblée Générale Ordinaire, le 26 octobre 2001, S. Ém. le Card. Secrétaire général présida la première réunion du Xème Conseil ordinaire, nouvellement créé, en soulignant que 6 Pères synodaux faisaient partie pour la première fois d’un tel organisme collégial. Après avoir approfondi mutuellement leur connaissance, les membres furent informés des tâches du Conseil ordinaire, conformément aux règles en vigueur du Synode des Évêques. Notamment, on affirma que le Conseil est appelé à garder vivant l’esprit collégial de la réunion synodale et à proposer de nouveau le contenu des Propositions, résultat prééminent du Synode des Évêques, dans un document à soumettre au Saint-Père en vue de la publication de l’Exhortation post-synodale.

Le Xème Conseil ordinaire s’est réuni 8 fois, depuis février 2002 jusqu’en novembre 2004, plus précisément la deuxième réunion s’est déroulée du 6 au 8 février 2002, la troisième les 13 et 14 juin 2002, la quatrième du 5 au 7 novembre2002, la cinquième du 26 au 27 mars 2003, la sixième du 1er au 2 juillet 2003, la septième du 23 au 24 octobre 2003 et la huitième les 16 et 17 novembre 2004.

Les quatre premières réunions se sont concentrées presque exclusivement sur la réélaboration du matériel de la X Assemblée Générale Ordinaire; en vue de la rédaction de l’Exhortation post-synodale Pastores gregis que le Pape Jean-Paul II a signée et promulguée le 16 octobre 2003, à l’occasion du 25ème anniversaire de son pontificat. A cet acte solennel, qui a eu lieu dans la salle Paul VI en présence de nombreux pèlerins, ont participé les trois Présidents délégués, leurs Éminences Messieurs les Cardinaux Giovanni Battista Re, Ivan Dias et Bernard Agré, le Rapporteur général, Son Éminence Monsieur le Card. Edward Egan et le Rapporteur général adjoint, Son Éminence Monsieur le Card. Jorge Mario Bergoglio, le Secrétaire général, Son Éminence Monsieur le Card. Jan Pieter Schotte, le Secrétaire spécial, Son Excellence Monseigneur. Marcello Semeraro. À côté du Pape Jean-Paul II se tenaient le Doyen du Collège des Cardinaux, Son Éminence Monsieur le Card. Joseph Ratzinger et le Secrétaire d’État, Son Éminence Monsieur le Card. Angelo Sodano. Le Souverain Pontife remit dans un geste symbolique le document aux trois Présidents délégués, aux deux Rapporteurs généraux, au Secrétaire spécial et à cinq Évêques, un par continent.

Entre-temps, au début de l’année 2003, S. Ém. le Secrétaire général a envoyé la Relatio circa labores peractos de la X Assemblée Générale Ordinaire aux Institutions qui en ont droit. Le document indique les données statistiques suivantes: 247 membres ont participé à la réunion post-synodale, dont 175 membres élus, 35 nommés par le Pape et 37 ex officio. La X Assemblée Générale Ordinaire a eu 25 Congrégations générales, 17 sessions des Carrefours. Les Pères ont approuvé 67 Propositiones. III) Préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire

Thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire

Le thème et la date de la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire ont été discutés à maintes reprises.

À la fin de la X Assemblée Générale Ordinaire, les Pères synodaux ont exprimé leurs avis sur le sujet de la prochaine réunion synodale. En outre, chargée par le Pape Jean-Paul II, la Secrétairerie générale du Synode des Évêques a consulté aussi, sur ce sujet, les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris, les Dicastères de la Curie romaine, l’Union des Supérieurs généraux. Les résultats ont été examinés au cours de la troisième réunion du Xème Conseil ordinaire les 13 et 14 juin 2002. À la lumière des résultats obtenus, les membres du Conseil ont formulé les trois thèmes à soumettre à la décision du Souverain Pontife. À la première place figurait le thème de l’Eucharistie dans la vie et dans la mission de l’Église.

Lors de la cinquième réunion du Xème Conseil ordinaire, le 26 mars 2003, S. Ém. le Card. Secrétaire général informait les membres que le Pape Jean-Paul II avait choisi le thème de l’Eucharistie pour la XI Assemblée Générale Ordinaire, en recommandant de mettre l’accent sur la paroisse en lien avec le ministère et le culte eucharistique. Ainsi le thème se concrétisa L’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l’Église et on commença à réfléchir sur les idées de base des Lineamenta, document qui a comme but de favoriser le débat au niveau de l’Église universelle sur le sujet de la réunion synodale.

Elaboration des Lineamenta

La sixième réunion du Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, qui s’est tenue le 1er et le 2 juin 2003, était consacrée à l’examen des ébauches des Lineamenta. Comme il est d’usage, le texte fit l’objet d’étude dans deux groupes de travail, constitués selon les langues, italien et anglais. Lors de la rencontre conjointe, on parvint au consensus sur la structure et les changements à apporter au projet. Le travail avança et aboutit à de bons résultats à la réunion des 23 et 24 novembre 2003. Ainsi, les Lineamenta, enrichis des réponses qui parvenaient au fur et à mesure, ont pu être publiés au mois de février de l’an 2004.

Le débat au sein du Xème Conseil ordinaire fut suivi avec grand intérêt par le Pape Jean-Paul II qui, lors de l’audience accordée le 29 novembre 2003 à l’Éminentissime Secrétaire général, le Card. Jan Pieter Schotte, approuva définitivement le thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques “Eucharistia: fons et culmen vitae et missionis Ecclesiae”. La date de la célébration était prévue du 2 au 29 octobre 2005.

Par une Dépêche du 18 décembre 2003, Son Éminence le Card. Angelo Sodano, Secrétaire d’État, communiqua officiellement à l’Éminentissime Secrétaire général du Synode des Évêques la décision prise par le Pape Jean-Paul II. Ainsi, le 13 février 2004, on publia sur “L’Osservatore Romano” le thème et la date de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques.

Évidemment, le Souverain Pontife suivit de près aussi la rédaction des Lineamenta, dont le texte était écrit en 8 langues: latin, italien, français, espagnol, portugais, anglais, allemand et polonais. Dès sa publication au mois de février 2004, le document fut envoyé d’abord aux Institutions qui en ont droit: Conférences épiscopales, Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris, Dicastères de la Curie romaine, Union des Supérieurs généraux. Puis, à travers les moyens de communication sociale, sa diffusion fut élargie à l’Église universelle tout entière. À la fin du Document figurait un Questionnaire qui devait aider aussi bien à la réflexion sur l’Eucharistie, Sacrement éminent de notre foi, qu’à la rédaction des réponses à envoyer à la Secrétairerie générale du Synode des Évêques avant le 31 décembre 2004.

Préparation de l’Instrumentum laboris

La réception des Lineamenta a été très positive, comme le prouvent, entre autres, le nombre de réponses et d’ observations reçues. À cet égard, il serait utile d’indiquer les données statistiques concernant les réponses aux Lineamenta des derniers Synodes, avec une attention particulière pour les institutions à caractère collégial, comme les Conférences épiscopales et les Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris.
Voici les réponses des Conférences épiscopales aux différentes Assemblées générales ordinaires:

1974 De evangelizatione (75,38 %)
1977 De catechesi (67,18 %)
1980 De familia (50,37 %)
1983 De reconciliatione et paenitentia (42,75 %)
1987 De christifidelibus laicis (59,85 %)
1990 De formatione sacerdotum (63,94 %)
1994 De vita consecrata (66,05 %)
2001 De episcopo (62,50 %)
2005 De Eucharistia (94,69 %)

Il convient de noter que pour cette Assemblée synodale le pourcentage concernant les Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris était de 73 % [1].

Les dicastères de la Curie romaine ont répondu à 100 %. La réponse de l’Union des Supérieurs généraux a été, quant à elle, prompte et bien élaborée.

La Secrétairerie générale du Synode des Évêques a reçu en même temps 110 observations individuelles de la part d’évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs du monde entier.

Ce haut pourcentage de réponses et d’observations est très significatif. Il faut notamment souligner que presque 95 % des Conférences épiscopales ont répondu; ce qui représente le taux le plus élevé obtenu par une Assemblée générale ordinaire [2]. Ces données statistiques expriment clairement le grand intérêt des Église particulières et d’autres institutions ecclésiales pour le thème de la réunion synodale actuelle. Elles indiquent aussi ce qu’elles attendent du Synode des Évêques pour la vie de l’Église et pour sa mission dans le monde. En outre, on perçoit, d’après les réponses, que les Lineamenta ont favorisé la réflexion, souvent bien organisée, sur la perception et la célébration de l’Eucharistie dans les respectifs diocèses, paroisses, institutions, organisations et communautés ecclésiales. Le grand débat, accompagné par la prière, a été d’une grande utilité pour les Églises locales afin de vérifier le niveau de compréhension du sacrement de l’Eucharistie, la fréquence de la participation aux célébrations eucharistiques, surtout le dimanche et les jours prescrits, les conséquences de la foi eucharistique dans la vie personnelle, familiale et sociale. Plusieurs Diocèses ont profité de cette occasion tant pour avoir des données plus précises sur la pratique de la foi de leurs fidèles, que pour promouvoir une action de catéchèse visant à favoriser une plus grande connaissance du mystère du Très Saint Sacrement et d’en promouvoir différentes formes de célébration et d’adoration.

Dans d’autres lieux, au contraire, c’est une Commission de la Conférence épiscopale qui a été chargée de rédiger la réponse aux Lineamenta, délimitant la discussion ecclésiale sur le thème. Par ailleurs, cette réflexion a été encore moins étendue du fait que certaines Conférences épiscopales ont chargé des experts de répondre au Questionnaire.

De toute façon, les données qui sont parvenues à la Secrétairerie générale ont permis d’avoir un panorama assez fidèle sur la manière dont le sacrement de l’Eucharistie est perçu et célébré dans l’Église universelle avec ses caractéristiques propres selon les Traditions spirituelles, les différents rites et connotations géographiques et culturelles particulières.

Les réponses qui nous sont parvenues de la part d’organismes à caractère collégial et de fidèles à titre personnel représentent l’abondant matériel qui a été dûment étudié. Grâce à l’aide d’experts et sous la responsabilité de la Secrétairerie générale, celui-ci a été incorporé et synthétisé dans l’Instrumentum laboris.
Le Xème Conseil ordinaire a joué un rôle important dans sa rédaction. Au cours de la réunion du 15 au 16 novembre 2004, le schéma du Document a été décidé, en tenant compte de la nature des réponses et des observations qui nous sont parvenues. Le Pape Jean-Paul II a reçu en Audience, le 16 novembre, les membres du Xème Conseil ordinaire, encourageant leur travail au service de l’Église universelle, qui “puise dans l’Eucharistie les énergies vitales pour sa présence et son action dans l’histoire des hommes” (L’Osservatore Romano, 17 novembre 2004, page 5).

À cet égard, il faut rappeler qu’un grand nombre de réponses nous sont parvenues après la date indiquée du 31 décembre 2004, mais qu’elles ont été dûment prises en considération dans le laborieux et délicat travail de rédaction de l’Instrumentum laboris. Le Secrétaire général a, le 7 juillet 2005, présenté au cours d’une Conférence de presse le document qui, comme d’habitude, a été publié en 8 langues et diffusé par les moyens de communication sociale.

Pendant les travaux de préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire, le Pape Jean-Paul II a, le 12 mars 2005, nommé les trois Présidents délégués: leurs Éminences Révérendissimes Messieurs les Cardinaux: Francis Arinze, Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Juan Sandoval Iñiguez, Archevêque de Guadalajara, Mexique, et Telesphore Placidus Toppo, Archevêque de Ranchi, Inde. En même temps, Sa Sainteté a nommé le Rapporteur général, Son Éminence Révérendissime Monsieur le Cardinal Angelo Scola, Patriarche de Venise, et le Secrétaire spécial, Son Excellence Révérendissime Monseigneur Roland Minnerath, Archevêque de Dijon, France.

Participation aux réunions synodales du Pape Jean-Paul II

Le Seigneur de la vie avait, entre temps, appelé à Lui Son fidèle Serviteur Jean-Paul II le 2 avril 2005. Ainsi le Synode des Évêques perdit-il son Président qui a eu de grands mérites pour le développement de cette institution ecclésiale et collégiale. Avec le décès du Pape Jean-Paul II a disparu l’unique Évêque en exercice qui fut le Père synodal de toutes les réunions depuis la fondation du Synode des Évêques jusqu’à sa dernière Assemblée générale ordinaire au mois d’octobre 2001. En particulier, en tant qu’Archevêque de Cracovie, le Card. Karol Wojtyła fut membre de 5 assemblées synodales: en 1969, 1971, 1974 et 1977. Quant à la première Assemblée générale ordinaire de 1967, par solidarité avec l’Archevêque de Varsovie, le Card. Stefan Wyszyński, à qui le gouvernement communiste interdit de sortir du pays, le Card. Wojtyła renonça à se rendre à Rome. Sur ce sujet, il existe une correspondance très intéressante entre la Secrétairerie générale du Synode des Évêques et les délégués polonais absents, qui témoigne de leur participation spirituelle aux travaux synodaux. En l’année 1974, le Card. Karol Wojtyła fut Rapporteur général pour l’Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques sur le thème : « Evangélisation dans le monde moderne ».

Au cours de son fécond et long Pontificat de presque 27 ans, le Pape Jean-Paul II a convoqué 15 Assemblées synodales, dont 6 Assemblées générales ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994, 2001) ; 1 Assemblée générale extraordinaire (en 1985) et 8 Assemblées spéciales (1980 pour les Pays-Bas, 1991 Ière pour l’Europe, 1994 pour l’Afrique, 1995 pour le Liban, 1997 pour l’Amérique, 1998 pour l’Asie, 1998 pour l’Océanie, 1999 IIème pour l’Europe). En outre le Pape Jean-Paul II a également engagé la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, en en laissant la conclusion en héritage à son Successeur, Sa Sainteté Benoît XVI.
Dans la célébration de l’Eucharistie, les fidèles, en s’unissant au Seigneur Jésus ressuscité, dépassent les limites du temps et de l’espace et, en tant que membres de la communauté des saints, se réjouissent également de la gloire de leurs frères déjà admis à la présence de Dieu dans l’éternité bienheureuse ou de la joyeuse attente de ceux qui sont en train de se purifier pour pouvoir au plus tôt voir face à face l’unique Saint (cf. 1 Co 13, 12). En participant à ce grand mystère dans la célébration du pain et du vin, au nom de tous les Pères synodaux, je rends grâce au Dieu Un et Trine pour la chère personne du Pape Jean-Paul II et pour son éminent service ecclésial en faveur du Peuple de Dieu, accompli pour la plus grande louange et gloire de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Animés par la grâce de l’Esprit Saint, nous croyons que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, depuis le ciel, intercédera également pour la réussite de cette Assemblée synodale, afin qu’elle porte des fruits abondants aux catholiques, aux autres chrétiens, aux croyants de religions non chrétiennes ainsi qu’à tous les hommes de bonne volonté.

Activité synodale du Saint-Père Benoît XVI

La succession apostolique permet à l’Église de Jésus Christ de continuer sa mission dans l’histoire, en transmettant aux nouvelles générations le dépôt intégral de la foi, qui façonne les mœurs et règle la discipline des fidèles. Grâce aux moyens modernes de communication sociale, les catholiques présents à travers le monde, ainsi que les nombreux fidèles appartenant aux Églises et communautés chrétiennes ou aux diverses confessions religieuses, ont suivi avec une grande participation la période exceptionnelle de la fin du Pontificat du Pape Jean-Paul II et du début de celui de son successeur, Benoît XVI. Il s’est agi d’une grâce insigne du Seigneur à son Église, qui a pu faire l’expérience, entre autres, de l’importance des structures collégiales dans la succession apostolique et notamment, en ce qui concerne l’élection du Pontife Romain, du collège cardinalice.

En ce lieu, alors que j’ai le grand honneur de renouveler les plus pieuses salutations au Saint-Père Benoît XVI, qui pour la première fois exerce son droit inné de convoquer et de présider une Assemblée synodale, j’accomplis le devoir très agréable de rappeler certaines informations concernant sa participation aux précédentes réunions synodales. Élu Archevêque de Munich et Freising le 25 mars 1977, Son Éminence Monsieur le Card. Joseph Ratzinger a participé à 16 Assemblées synodales, depuis 1977 jusqu’à la présente XI Assemblée Générale Ordinaire. Concrètement, en tant qu’Archevêque de Munich et Freising, S .Ém. le Card. Joseph Ratzinger a pris part à 2 Assemblées générales ordinaires, en 1977 et en 1980. Au cours de la seconde, célébrée sur le thème La famille chrétienne, il fut Rapporteur général. Appelé par le Pape Jean-Paul II, le 15 février 1982, à diriger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Son Éminence a participé à 5 Assemblées générales ordinaires (en 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), à l’Assemblée générale extraordinaire de 1985 et à 7 Assemblées spéciales, à l’exception de celle pour les Pays-Bas de 1980. Il faut rappeler que S. Ém. le Card. Joseph Ratzinger fut Président délégué de l’Assemblée générale ordinaire qui s’est déroulée en 1983 sur le thème La pénitence et la réconciliation dans la mission de l’Église.

Si l’on considère que chaque Assemblée synodale dure environ quatre semaines, il est facile de conclure que le Saint-Père Benoît XVI a consacré au Synode des Évêques 14 mois environ, un an et 2 mois, soit une part significative de ses 54 ans de vie sacerdotale, dont 28 en tant qu’Évêque. À cette constatation sur sa présence à la Réunion synodale, il faut ajouter sa participation aux travaux du Conseil de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, étant donné que S. Ém. le Card. Joseph Ratzinger a fait partie de 4 Conseils ordinaires (1980, 1983, 1987 et 1990) et de 2 Conseils extraordinaires (1983 et 1997) de cette même Secrétairerie générale.

IV) Nouveautés dans la méthodologie synodale

Grâce à cette grande expérience, le Saint-Père Benoît XVI a bien volontiers indiqué plusieurs innovations dans la méthodologie synodale, dans le but de favoriser encore davantage la nature collégiale du Synode des Évêques.

Faisant sienne l’initiative du Pape Jean-Paul II, le Saint-Père a décidé de mener à son terme la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, en en modifiant la date. En effet, le 12 mai 2005 fut rendu public de manière officielle que le Souverain Pontife avait confirmé la célébration de cette réunion synodale et le thème choisi, décidant que les travaux se dérouleraient non pas sur quatre, mais sur trois semaines, à savoir du 2 au 23 octobre de l’année courante. Par cette décision, Sa Sainteté a souhaité concentrer davantage les travaux pour en favoriser plus encore l’aspect collégial et synodal. C’est pour cette raison que les travaux se dérouleront également le samedi après-midi.

La réduction de la durée totale de l’Assemblée synodale est le résultat de divers facteurs. D’une part, du désir des Pères synodaux eux-mêmes de ne pas s’absenter trop longtemps de leurs propres sièges, même si la réglementation canonique ne pose aucune limite à l’absence des Évêques du diocèse dans le cas spécifique du Synode des Évêques. D’autre part, la réduction de la durée de la célébration du Synode trouve son motif, comme on le verra plus avant, dans la redistribution des périodes destinées aux différentes activités synodales (Congrégations générales, Carrefours, etc.), dans le but de rendre la procédure plus souple et plus efficace.

La manière de procéder est indiquée en détail dans le Vademecum que chaque participant a reçu au début de la réunion synodale. Il contient la pratique qui a fait ses preuves lors des précédents Synodes, qui est organisée conformément aux normes de la Lettre apostolique Apostolica sollicitudo et de l’Ordo Synodi, promulgués par le Pape Paul VI de vénérable mémoire, et aux révisions et ajouts successifs. En outre, le Vademecum fait référence au Code de Droit canonique et au Code des Canons des Églises orientales.

Certaines nouveautés dans la méthode synodale sont déjà perceptibles dans le Calendrier des travaux, qui est inséré à la fin du Vademecum. Pour le moment sont prévues 23 Congrégations générales et 7 sessions des Carrefours. Cela est dû aux modifications de la méthodologie synodale et à la réduction du temps de travail. À cet égard, je me permets d’indiquer les innovations les plus significatives.

1) Chaque Père synodal pourra intervenir dans la salle du Synode pendant 6 et non plus 8 minutes, comme c’était le cas auparavant. Cette réduction est due à la restriction des travaux à trois semaines, alors que le nombre de participants demeure inchangé, environ 250. Il est superflu de rappeler que les Pères pourront remettre des interventions écrites plus longues, qui seront l’objet d’une considération attentive de la part du Secrétaire spécial.

2) En outre, cette réduction est principalement due à l’introduction au cours du débat, d’une heure de discussion libre, de 18 à 19 heures, chaque jour, au terme des Congrégations générales. Il s’agit d’une nouveauté significative pour les participants et pour les Présidents délégués. Ceux-ci seront les modérateurs des discussions en salle. Les Pères synodaux, quant à eux, pourront demander des informations supplémentaires à leurs confrères qui auraient déjà parlé en salle, en faisant également référence à la situation dans leur propre Église particulière. Le libre échange de points de vue et d’expériences permettra, on l’espère, d’approfondir les questions de plus grande actualité, notamment à caractère pastoral, liées à la célébration du sacrement de l’Eucharistie, source de l’unité et lien de la communion ecclésiale.

Il n’est pas superflu d’indiquer que la libre discussion devra être circonscrite au thème du Synode: L’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. Comme il résulte de l’Instrumentum laboris, il s’agit d’un sujet très riche d’aspects, autant doctrinaux que pastoraux, qui méritent d’être approfondis, en ayant à l’esprit la pratique dans les Églises particulières respectives. C’est pourquoi, il ne serait pas opportun de rappeler d’autres thèmes qui, même s’ils sont d’actualité, ne sont pas en lien à celui de l’Assemblée synodale. À cet égard, les Présidents délégués auront la tâche de maintenir la discussion à l’intérieur des limites établies.

3) Dans le but de rendre la discussion plus ordonnée, les Pères synodaux sont cordialement priés de suivre dans leurs interventions la structure de l’Instrumentum laboris. Comme l’on sait, ce document est composé de 4 parties. Aussi souhaite-t-on que la discussion commence par les thèmes de la première partie, qu’elle se poursuive ensuite sur les thèmes de la deuxième et de la troisième pour arriver à la dernière, la quatrième partie. Cet ordre des interventions exige une certaine discipline. Chaque Père synodal devrait dès les premiers jours du Synode indiquer la partie à laquelle il souhaiterait se référer, en signalant si possible le numéro du paragraphe correspondant. Il est probable que cette méthode soit plus facile à mettre en œuvre pour les Évêques choisis par les Conférences épiscopales comptant plus de cent membres, qui ont droit d’être représentés par 4 Pères synodaux. Chacun pourrait choisir d’intervenir sur une partie distincte. Bien sûr il n’est pas interdit d’intervenir sur d’autres sujets d’intérêt. Les membres des Conférences épiscopales ayant moins de représentants, des Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris, des Dicastères de la Curie romaine et de l’Union des Supérieurs généraux sont également priés de suivre cet ordre logique. En s’inscrivant le plus tôt possible, ceux-ci indiqueront le numéro de l’Instrumentum laboris auquel ils souhaitent faire référence ou, éventuellement, la partie du document. La Secrétairerie générale en tiendra compte et, lorsqu’il n’y aura plus de demandes d’intervention sur la première partie, les Pères qui se sont inscrits pour la seconde commenceront à parler, et ainsi de suite. Quoi qu’il en soit, il ne sera pas opposé de refus à d’éventuelles interventions en ordre dispersé. Il faut toutefois souligner que cette méthode, prévue dans l’Ordo Synodi, remédie aux critiques exprimées par un certain nombre de Pères, car, autrement, les interventions au cours de la première phase des travaux synodaux risquent d’être dispersives et, par conséquent, difficiles à suivre. En outre, l’ordre dans l’exposition devrait favoriser la discussion et donc l’approfondissement des thèmes de plus grand intérêt, notamment au cours de l’heure de libre débat.

Il n’est pas superflu de rappeler que, si un Père ne souhaite pas prononcer publiquement son intervention, il peut en remettre le texte écrit à la Secrétairerie générale, qui se chargera de l’étudier et de le prendre également en considération comme les autres textes lus en salle. Dans la mesure où le nombre des interventions diminuerait, le temps rendu disponible pourrait être utilisé pour favoriser davantage encore la libre discussion.

4) Étant donné la durée réduite de l’Assemblée synodale et de la longue discussion en salle, il a fallu abréger le nombre de séances des 13 Carrefours, organisés selon les 6 langues du Synode: latin, français, anglais, italien, espagnol et allemand. Aussi les membres des carrefours sont-ils priés de se concentrer principalement sur l’élaboration des propositions. Chaque proposition, concise et brève, devrait traiter d’un seul argument. Il serait bon d’éviter les prolixes expositions de la doctrine traditionnelle de l’Église. Les Pères synodaux devraient en revanche formuler des conseils visant à favoriser un renouveau de la pratique pastorale de l’Église et à promouvoir l’application doctrinale et spirituelle du sacrement de l’Eucharistie dans la célébration liturgique et dans la vie personnelle, familiale et sociale des fidèles.

5) Pour encourager une plus grande participation, le Saint-Père Benoît XVI a approuvé la proposition que soient appliquées pour la composition de la Commission chargée du Message les dispositions prévues dans l’Ordo Synodi pour les Commissions d’étude (cf. Art. 8 § 2). Ainsi, la Commission chargée du Message sera elle aussi composée de 12 membres, dont 4 nommés par le Pape, y compris le Président et le Vice-président, alors les 8 autres membres seront élus par les Pères synodaux, en tenant compte des qualités souhaitables pour une telle charge comme, par exemple, les qualifications professionnelles et techniques sur le sujet, la connaissance des langues. Afin d’assurer une représentation correcte, il est proposé de choisir cinq candidats, un par continent, un représentant des Églises orientales catholiques sui iuris, un représentant de la Curie romaine et un représentant de l’Union de Supérieurs généraux.

À cet égard, il est opportun de tenir compte de la recommandation à ce que les Pères synodaux, appelés à assumer une charge synodale, ne remplissent aucune autre fonction au sein du Synode. Cette règle a pour but de favoriser une distribution équitable des fonctions entre les membres de l’Assemblée synodale.

6) Au sein de la XI Assemblée Générale Ordinaire, le nombre d’Auditeurs et d’Experts est assez élevé. On en trouve la raison principale dans les modifications de la méthodologie synodale et la réduction de la durée de la réunion synodale, qui exigent nécessairement un fort engagement. 32 Experts participeront à la réunion synodale, qui suivront les interventions des pères et assisteront, principalement, le Secrétaire spécial dans l’accomplissement de ses devoirs.

Les 27 Auditeurs, prêtres, personnes consacrées, laïcs, hommes et femmes, provenant de différentes régions du monde, enrichiront la discussion synodale à travers leurs témoignages sur l’importance du sacrement de l’Eucharistie dans leur vie personnelle et communautaire, ainsi que dans les multiples activités sociales, selon la spiritualité eucharistique qui leur est propre.

7) Le Souverain Pontife Benoît XVI a voulu augmenter le nombre de Délégués fraternels, représentants d’autres Églises chrétiennes et communautés ecclésiales. Ils sont au nombre de 12 et proviennent des Églises orthodoxes, des Anciennes Églises d’Orient et des Communautés dérivées de la Réforme qui ont une vision semblable à la vision catholique du mystère de l’Eucharistie. Dans un tel geste, il n’est pas difficile de percevoir un signe supplémentaire de considération du Souverain Pontife envers le dialogue œcuménique avec les Églises et communautés ecclésiales qui croient dans le Seigneur Jésus présent dans l’Eucharistie et qui s’efforcent d’en vivre les conséquences.

8) Comme on peut le vérifier, viennent également s’ajouter des innovations d’ordre technique qui devraient favoriser les travaux et, par conséquent, l’atmosphère de collégialité épiscopale et ecclésiale, joyeuse et responsable. Je fais référence à l’amélioration de l’éclairage, au perfectionnement des services télé-vidéo ; aux scrutins électroniques sur les questions de moindre portée, etc. De cette œuvre, il faut remercier Son Éminence Monsieur le Cardinal Edmund Casimir Szoka, Président du Gouvernatorat de la Cité du Vatican, ainsi que le personnel qui, en un temps relativement bref, est parvenu à introduire des innovations techniques significatives dont, je l’espère, tous les participants tireront bénéfice.

9) La Divine Providence a voulu que la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire coïncide avec le 40ème anniversaire de l’institution du Synode des Évêques. Une session des travaux sera consacrée à la commémoration de ce grand événement. Deux conférences principales sont prévues, l’une d’ordre théologique, l’autre à caractère juridique sur la nature du Synode des Évêques. Suivront ensuite 7 brèves communications sur les résultats positifs des Assemblées spéciales du Synode des Évêques. Outre celles-ci, qui concernent les Synodes continentaux, sera prononcée une intervention sur les Synodes pour les Pays-Bas et pour le Liban. Ensuite, s’il en reste le temps, l’on pourra, à travers un libre échange de points de vue, approfondir certains thèmes pour tenter d’améliorer encore la méthodologie synodale pour le bien de l’Église et de la société, où vivent et œuvrent les chrétiens.

V) Activités de la Secrétairerie générale

La préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques a occupé une grande partie de l’activité de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques ces derniers temps. Toutefois, elle a continué de mener également d’autres activités. Parmi celles-ci, je me permets d’en indiquer brièvement quelques unes.

La Secrétairerie générale a entrepris le travail de mise à jour de l’Ordo Synodi, en conformité aux normes canoniques, notamment du Code de Droit canonique et du Code des Canons des Églises orientales, publiés après la promulgation de l’Ordo. Après la présente Assemblée générale ordinaire, cette initiative se poursuivra, enrichie par l’expérience de la présente réunion synodale avec ses innovations méthodologiques déjà annoncées.

Réunion des Conseils de la Secrétairerie générale

Depuis la dernière Assemblée générale ordinaire du mois d’octobre 2001, la Secrétairerie générale du Synode des Évêques a tenu diverses réunions avec les membres de ses Conseils. Il s’agit d’une expérience extrêmement profitable pour 100 Évêques environ, provenant de toutes les régions du monde, qui à travers la Secrétairerie générale fournissent au Saint-Père des informations sur les situations ecclésiales et sociales dans leurs pays respectifs, accompagnées de conseils visant à consolider la présence de l’Église, à favoriser l’évangélisation, à promouvoir la paix, la réconciliation et la justice dans chacun de ces pays ou régions. Ces rencontres sont extrêmement utiles parce que non seulement elles apportent des informations de qualité au sujet de la mise en œuvre des Exhortations post-synodales, mais aussi parce que, dans un dialogue collégial, elles permettent de partager les espérances et les préoccupations des confrères dans l’exercice de leur ministère épiscopal. Les rencontres de chacun de ces Conseils avec le Saint-Père, lorsque cela est possible, représentent des moments d’intense communion et de profonde collégialité épiscopale. Les discours du Saint-Père prononcés en de telles occasions ont été d’un grand réconfort non seulement pour les membres des Conseils, mais aussi pour tous les Évêques de chacune des Églises particulières, parts vivantes de l’unique Église catholique, dont l’Évêque de Rome est le signe et le garant d’unité et de communion.

Comme il a déjà été rappelé, le Xème Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale s’est réuni 8 fois. Par ailleurs se sont tenues les réunions suivantes des 6 Conseils spéciaux de la Secrétairerie générale.
Le Conseil spécial pour l’Europe s’est réuni 3 fois, aux dates suivantes: du 21 au 23 novembre 2003, le 6 mai 2005 et le 14 mai 2005.
Le Conseil spécial pour l’Amérique a tenu 4 réunions: les 20 et 21 juin 2001, les 2 et 3 octobre 2002, le 14 octobre 2003, et le 5 novembre 2004.
Le Conseil spécial pour l’Océanie a eu 3 sessions: le 23 novembre 2001, du 28 au 31 mai 2002 et les 18 et 19 février 2004.
Le Conseil spécial pour le Liban s’est réuni 2 fois: les 22 et 23 mai 2002 et les 16 et 17 mars 2004.
Le Conseil spécial pour l’Asie a tenu 4 réunions: les 20 et 21 novembre 2001, du 19 au 21 novembre 2002, les 18 et 19 novembre 2003 et les 18 et 19 novembre 2004.
Le Conseil spécial pour l’Afrique a eu une activité plus intense due également à la préparation de la IIème Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. En effet, les membres du Conseil que l’on a mentionné se sont réunis 6 fois: les 7 et 8 juin 2001, les 11 et 12 juin 2002, les 18 et 19 juin 2003, les 15 et 16 juin 2004, les 24 et 25 février 2005 et les 21 et 22 juin 2005.

Comme l’on sait, le 13 novembre 2004, le Pape Jean-Paul II exprima l’intention de convoquer la IIème Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Le Saint-Père Benoît XVI a fait sienne cette volonté. Dans le discours du 22 juin 2005, confirmant la décision de son Prédécesseur, il a précisé: « Je désire annoncer mon intention de convoquer la Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques ». Dans le même temps, Sa Sainteté a précisé l’objectif d’une telle réunion collégiale: « J’ai la certitude que cette Assemblée apportera un élan supplémentaire sur le continent africain, à l’évangélisation, à la consolidation et à la croissance de l’Église ainsi qu’à la promotion de la réconciliation et de la paix ».

Actuellement, le Conseil spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie générale, avec l’aide de plusieurs experts, est en train de préparer les Lineamenta de la réunion synodale que l’on a mentionnée qui seront rendus publics en leur temps, avec l’approbation du Saint-Père. Tous les fidèles, en particulier les participants à la XI Assemblé générale ordinaire, sont invités à prier afin que la IIème Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques renforce la présence de l’Église dans toute l’Afrique, qu’elle donne un nouveau dynamisme à l’évangélisation et à la promotion humaine et que les fils de l’Église deviennent encore davantage des agents de la réconciliation, de la paix et de la justice sur le grand continent africain.

VI) Conclusion

“J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous” (Lc 22,15). La parole du Seigneur retentit dans l’Église depuis deux mille ans et, autour de la table eucharistique, réunit les chrétiens, hommes et femmes, membres du Peuple de Dieu, qui, en se nourrissant du pain descendu du ciel, reçoivent la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

Dans l’Eucharistie, par conséquent, se manifeste un chemin dans une double direction. En Jésus Christ, mort et ressuscité, Dieu lui-même vient à la rencontre de l’homme racheté, le purifie de ses péchés, le nourrit avec le pain véritable, celui qui donne la vie au monde (cf. Jn 6, 33), en l’accompagnant au cours de son pèlerinage terrestre vers la patrie céleste. À ce parcours descendant du Seigneur Jésus, correspond le parcours ascendant de l’homme qui, au plus profond de lui-même, aspire à rencontrer Dieu, puisqu’il a été créé à son image (cf. Gn 1, 27). Malgré diverses hésitations et de possibles égarements, liés au don de la liberté, dans la rencontre avec Dieu, l’homme se trouve lui-même, trouve le sens de son existence et le but de son destin éternel, qui consiste dans la vision bienheureuse. Dans l’Eucharistie a ainsi lieu la rencontre entre Dieu et l’homme. Elle est la forme par excellence de la présence de Dieu dans le sacrement de l’humanité glorifiée de Jésus Christ, qui s’offre comme nourriture et boisson en toute célébration eucharistique. Dans le même temps, en s’approchant de l’Eucharistie, l’homme obtient du Seigneur Jésus la grâce qui transforme sa vie. Dans ce sublime sacrement, il trouve la vérité sur Dieu, sur sa propre existence et sur le monde créé, la force pour demeurer fidèle à la vocation chrétienne au milieu des tentations du monde, l’ardeur de la charité pour être témoin de l’amour de Dieu en particulier à l’égard des plus pauvres et des plus petits (cf. Mt 25, 31-44). En se nourrissant à la table du Seigneur, le fidèle est appelé à mettre en pratique dans la vie de chaque jour, l’enseignement du maître qui “n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude” (Mt 20, 28).

L’icône éloquente de cette attitude est le lavement des pieds (cf. Jn 13, 1-15). Une telle attitude de service eucharistique est perceptible de manière particulière dans la vie des saints qui ont atteint le degré d’excellence dans la perfection de la vocation chrétienne, grâce au sublime sacrement de l’Eucharistie qui était au centre de leur vie. Ceux-ci nous offrent un exemple toujours actuel de la spiritualité eucharistique comme chemin privilégié vers la perfection chrétienne. Par ailleurs, ils intercèdent continuellement pour nous, afin que, communiant au corps et au sang de Jésus Christ, nous devenions toujours davantage ce que par la grâce nous sommes déjà: fils de Dieu, membres de l’Église, c’est-à-dire du Corps mystique de Jésus Christ (cf. Col 1, 18).

Parmi les saints, une place tout à fait particulière est occupée par la Bienheureuse Vierge Marie, “Femme eucharistique” (cf. EE, n. 53). Elle précède la grande foule des bienheureux et des saints reconnus par l’Église, dont certains sont rappelés au n. 76 de l’Instrumentum laboris. À ceux-ci, il faut ajouter une multitude immense, de toute nation, race, peuple et langue (cf. Ap 7,9), dont la sainteté n’est connue qu’aux yeux de Dieu. Parmi eux, portés sur les ailes de la foi, nous osons espérer que se trouve également le Pape Jean-Paul II et tant d’autres Évêques, qui durant leur vie terrestre ont rendu d’admirables services à l’Église en promouvant en particulier la collégialité épiscopale. Parmi eux, S.Ém. le Card. Jan Pieter Schotte peut être indiqué comme un exemple de serviteur fidèle à l’Église et au Saint-Père, dont nous recommandons la personne à la miséricorde de Dieu, bon et clément.

En cette Année de l’Eucharistie, toute l’Église accompagne par la prière la célébration du Synode des Évêques. Comme au début de l’Église pour saint Pierre Apôtre (cf. Ac 12, 5), à présent également une prière particulière s’élève incessamment vers Dieu pour le Saint-Père Benoît XVI, au début de son pontificat, en cette aube du Troisième millénaire du christianisme. Les fidèles, rendant grâce à Dieu tout-puissant pour son élection sur la chaire de Rome, invoquent sur lui l’abondance des dons de l’Esprit Saint afin que, discernant les signes des temps, il puisse guider la barque de Pierre (cf. Jn 21, 11) vers la tranquillité du port, sans craindre d’éventuelles bourrasques et tempêtes, mais en s’en remettant au Seigneur Jésus-Christ, le seul capable de les apaiser (cf. Mt 8, 23-27).

Cette prière chorale inclut, également, les successeurs des apôtres, les Évêques, appelés à participer à la sollicitude pour l’Église universelle de l’Évêque de Rome et Chef du collège épiscopal. L’oraison accompagne par conséquent les travaux de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Sous la conduite de l’Esprit du Seigneur ressuscité, puisse la présente réunion synodale être d’une grande aide au Ministère du Souverain Pontife et des Évêques, dans la collégialité et dans la communion hiérarchique. Le service ecclésial du Synode des Évêques devient précieux surtout lorsqu’il cherche à approfondir les applications pastorales de la foi dans le sacrement de l’Eucharistie, qui depuis deux mille ans représente la source de la vie de l’Église et la raison de sa mission dans le monde. En s’unissant à l’intercession de l’Église du ciel, le Peuple de Dieu supplie le Seigneur, afin que soit apporté un nouvel élan à la célébration du sublime mystère du pain de la vie (cf. Jn 6, 35) et du calice de la nouvelle alliance (cf. Lc 22, 20), que soit suscité un amour renouvelé pour l’adoration du Très Saint Sacrement et que soit ravivée la créativité de la charité fraternelle étant donné les grandes attentes de l’homme contemporain et les croissantes nécessités de notre monde.

Merci de votre patiente écoute. Bon travail au nom du Seigneur.

Notes

[1] La Secrétairerie générale du Synode des Évêques n’a pas reçu les réponses du Synode de l’Église syro-malabare, du Patriarcat d’Antioche des Maronites et du Conseil de l’Église d’Éthiopie.
[2] La Secrétairerie générale du Synode des Évêques n’a pas reçu les réponses des Conférences épiscopales de: Gabon, Iran, Laos et Cambodge, Namibie, Pacifique Turquie.

[00008-03.11] [NNNNN] [Texte original: latin]

RAPPORT AVANT LE DEBAT GENERAL DU RAPPORTEUR GENERAL, S. EM. LE CARD. ANGELO SCOLA, PATRIARCHE DE VENISE (ITALIE)

INTRODUCTION

Eucharistie: la liberté de Dieu vient à la rencontre de la liberté de l’homme

I. Admiration eucharistique
II. L’Eucharistie implique l’évangélisation
III. L’Eucharistie et la ratio sacramentalis de la Révélation

PREMIER CHAPITRE
Le novum du culte chrétien

I. La logikē latreía (Rm 12, 1)
II. La valeur du rite eucharistique
III. La célébration eucharistique fait l’Église
1. Une première confirmation: l’Évêque, liturge par excellence
2. Une deuxième confirmation: la nature du temple chrétien
3. Une troisième confirmation: “Intercommunion”?

DEUXIÈME CHAPITRE
L’action eucharistique

I. Éléments distinctifs de la célébration eucharistique
1. Indissociable unité de liturgie de la parole et de liturgie eucharistique
a. Le don eucharistique: ni droit ni possession
a1. Assemblée dominicale dans l’attente du prêtre
a2. Viri probati?
2. Adoration
3. Attitude de confession et pénitence
a. Les divorcés remariés et la communion eucharistique
4. Ite missa est
II. Ars celebrandi et actuosa participatio

TROISIÈME CHAPITRE

Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de l’Eucharistie

I. Deux prémisses
1. Eucharistie et évangélisation
2. Eucharistie, interculturalité et inculturation
II. Dimension anthropologique de l’Eucharistie
III. Dimension cosmologique de l’Eucharistie
IV. Dimension sociale de l’Eucharistie CONCLUSION

L’existence eucharistique dans la situation contemporaine
I. Résumé synthétique
II. Un souhait final

INTRODUCTION
Eucharistie: la liberté de Dieu vient à la rencontre de la liberté de l’homme

I. Admiration eucharistique

Lorsqu’ils célèbrent l’Eucharistie, “les fidèles peuvent, d’une certaine façon, vivre à nouveau l’expérience des deux disciples d’Emmaüs: leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent (Lc 24, 31) [1]”. C’est pour cela que Jean-Paul II affirme que l’action eucharistique suscite une admiration [2]. L’admiration est la réponse immédiate de l’homme à la réalité qui l’interpelle. Elle exprime la reconnaissance que la réalité lui est amie, c’est un élément positif qui vient au-devant de ses attentes constitutives. Dans son Épître aux Romains, Saint Paul en explique la raison: la réalité se fait la gardienne du bon dessein du Créateur. À tel point que l’Apôtre a pu dire des hommes “qu’ils suffoquent la vérité dans l’injustice, qu’ils sont inexcusables” puisque “ayant connu Dieu” - vu que “ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres” - “ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu gloire ou actions de grâces” (cf. Rm 1, 19-21).
L’incertitude et la crainte peuvent, au contraire, se faufiler, en un second temps, au sein de l’expérience de l’homme lorsqu’en raison de la finitude et du mal, la crainte que la positivité de la réalité ne demeure pas, se fraye un chemin en lui.
Ainsi, d’un côté, l’action eucharistique, comme du reste le christianisme entier en tant que source d’admiration [3], s’inscrit dans l’expérience humaine comme telle. Toutefois, de l’autre, Elle se manifeste comme un événement inattendu et tout à fait gratuit. Dans l’Eucharistie, on révèle que le dessein de Dieu est un dessein d’amour. Et que le Deus Trinitas, qui est amour en Lui-même (cf. 1Jn 4, 7-8), s’incline dans le Corps donné et le Sang versé par Jésus-Christ, jusqu’à devenir corps et sang qui alimentent la vie de l’homme (cf. Lc 22, 14-20; 1Co 11, 23-26). Comme les deux disciples d’Emmaüs, régénérés par l’admiration eucharistique, reprirent leur chemin (cf. Lc 24, 32-33), ainsi le peuple de Dieu, s’abandonnant à la force du sacrement, est poussé à partager l’histoire de l’ensemble des hommes.
Jean-Paul II, avec grande prévoyance, a voulu prolonger les fruits bénéfiques du Grand Jubilé au cours de l’Année Eucharistique spéciale [4], en établissant que cette XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sera dédiée à l’Eucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, ce que le Pape Benoît XVI a immédiatement adopté. La célébration eucharistique solennelle, par laquelle hier nous avons commencé dans la Basilique Saint-Pierre, nous a introduits à cette attitude d’admiration qui permettra de contribuer, si elle est secondée de façon opportune dans nos travaux, à une redécouverte de la centralité et de la beauté de l’Eucharistie de la part de l’Église répandue dans le monde entier.
Pour quelle raison l’Eucharistie est-elle le cœur fascinant de la vie du peuple de Dieu destiné au salut de l’humanité entière? Parce qu’elle révèle et rend présent Jésus-Christ aujourd’hui comme sens accompli de l’existence humaine dans toutes ses dimensions personnelles et communautaires [5]. Et elle le documente au niveau anthropologique, cosmologique et social.
“Dans le mystère du Verbe incarné, le mystère de l’homme trouve une véritable lumière” [6]: dans l’Eucharistie, cette affirmation centrale révèle tout son réalisme. L’offrande totale que l’homme, être fait d’âme et de corps [7], fait de soi, de ses affections et de son œuvre est résumée dans le pain et le vin, fruits de la terre et du travail. C’est aussi dans ce mystère qu’est exprimé son rapport d’interaction permanente avec le cosmos et que se trouve également sa solidarité originaire avec l’ensemble des hommes, ses frères, à partir de la famille et des communautés les plus proches jusqu’aux extrémités de la terre.
Dans le don eucharistique, l’accès à la Vérité vivante et personnelle qui “rend réellement libres” est permis au croyant (cf. Jn 8, 36).
Dans l’Eucharistie, l’invitation de Jésus “si tu veux être parfait” (Mt 19, 21) prend tout son sens. L’homme est provoqué à sortir de lui-même et à aller vers les autres et vers la réalité, afin de satisfaire le désir inextirpable de joie qu’il porte en son cœur [8]. Dans l’Eucharistie, Jésus devient concrètement le Chemin à cette Vérité qui donne la Vie (cf. Jn 14, 6) [9]. En Elle, l’Église, réalité à la fois personnelle et sociale, devient concrètement un peuple des peuples, cette admirable entité ethnique sui generis dont parlait Paul VI [10].
L’ensemble du Triduum Pascal est source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. Mais ce dernier est comme recueilli, anticipé et concentré pour toujours dans le don eucharistique étant donné qu’il met en place “une mystérieuse contemporanéité entre ce Triduum et l’écoulement des siècles” [11]. C’est pour cela que, depuis deux mille ans, le saint peuple de Dieu, à quelque génération, catégorie, race ou culture qu’il appartienne, conflue chaque dimanche dans l’ecclesia eucaristica, en confessant publiquement sa propre foi. L’Eucharistie révèle, en effet, en elle-même et dans sa connexion avec le septénaire sacramentel toute la portée du mystère de la foi [12]. Ceci explique concrètement la raison pour laquelle, même au cours d’époques et dans des lieux de grande tribulation, l’Église, soutenue par l’Esprit, n’a jamais disparu. Ce qui a contribué à l’en empêcher, c’est justement la pratique bimillénaire [13] de mettre au centre même de l’Église l’action eucharistique dominicale.
Voici, de façon extrêmement synthétique, les raisons qui peuvent susciter l’admiration eucharistique chez les hommes et les femmes de tout temps et de tout lieu. Cette Relatio ante disceptationem a pour but de chercher à les illustrer quelque peu. Grâce à la préparation tracée d’abord par les Lineamenta et ensuite par l’Instrumentum laboris, mais sans prétendre vouloir être exhaustif, tout en évitant de négliger les principaux problèmes, elle a pour seul but d’introduire le dialogue entre les Pères Synodaux.
Par commodité, j’en anticipe les principales articulations. Après m’être référé à l’admiration eucharistique, l’Introduction (Eucharistie: la liberté de Dieu vient à l’encontre de la liberté de l’homme) met en évidence le lien de l’Eucharistie avec l’évangélisation et la ratio sacramentalis propres de la Révélation. Dans le Premier Chapitre (Le novum du culte chrétien), j’essaierai de mettre en évidence la nouveauté du culte chrétien. Le Deuxième Chapitre (L’action eucharistique) concernera l’action eucharistique dans ses éléments distinctifs et le lien nécessaire entre ars celebrandi et actuosa participatio. Le Troisième Chapitre (Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de l’Eucharistie) a pour but de montrer comment l’Eucharistie possède intrinsèquement une dimension anthropologique, une dimension cosmologique et une dimension sociale. La Conclusion (L’existence eucharistique dans la situation contemporaine) offrira un résumé synthétique au sujet traité et s’achèvera par un bref souhait concernant nos travaux.

II. L’Eucharistie implique l’évangélisation

Les données recueillies dans l’Instrumentum laboris, préparé en vue de cette Assemblée Synodale, montrent que la pratique eucharistique est plutôt variée dans les grandes régions du globe. Ceci est sûrement dû aux différences culturelles significatives qui les caractérisent et qui s’expriment de façon évidente notamment dans la qualité de la participation à l’Eucharistie qui, elle-même, est reliée à l’authenticité de l’ars celebrandi.
Toutefois, une remarque générale s’impose. L’extinction de l’admiration eucharistique dépend, en dernière analyse, de la finitude et du péché du sujet. Pourtant, ce dernier trouve souvent un terrain de culture dû au fait que la communauté chrétienne qui célèbre l’Eucharistie est distante de la réalité. Elle la vit de façon abstraite. Elle ne parle plus à l’homme concret, à ses affections, à son travail, à son repos, à ses exigences d’unité, de vérité, de bonté, de beauté. C’est ainsi que l’action eucharistique, séparée de l’existence quotidienne, n’accompagne plus le croyant dans le processus de maturation de son moi propre et de son rapport avec le cosmos et la société.
L’Assemblée Synodale devra examiner attentivement cet état de fait et suggérer de possibles remèdes. Elle ne pourra pas se limiter à rappeler la centralité de l’Eucharistie et du dies Domini. Objectivement, celle-ci n’est pas en cause, mais la difficulté réside dans le fait de savoir comment réussir à réveiller l’admiration générée par l’Eucharistie au sein des nombreux baptisés non pratiquants (dans certains pays européens, ces derniers peuvent dépasser 80% du total). “Avant que les hommes puissent s’approcher de la liturgie – ne l’oublions pas – il est nécessaire qu’ils soient appelés à la foi et à la conversion” [14]. L’annonce et le témoignage personnels et communautaires de Jésus-Christ à l’ensemble des hommes sont donc indispensables afin de susciter des communautés chrétiennes qui soient vitales et ouvertes. En outre, la vie de telles communautés requiert une formation systématique à la “pensée du Christ” (1Co 2, 16), (catéchèse – surtout celle concernant l’initiation chrétienne des enfants et des adultes – et culture). Elle passe à travers l’éducation envers ce qui est gratuit (charité, engagement de partage social) et requiert une communication universelle de la vie nouvelle en Jésus-Christ (mission). En un mot, les facteurs constitutifs de l’évangélisation et de la nouvelle évangélisation sont des implications essentielles de l’action eucharistique.

III. L’Eucharistie et la ratio sacramentalis de la Révélation

Le Concile Vatican II, surtout dans la Constitution Dogmatique Dei Verbum, a mis en évidence le caractère d’événement propre de la Révélation. Il a ainsi offert une base doctrinale solide au réalisme eucharistique qui, seul, garantit une contemporanéité entre le Triduum salvifique de la Pâque et l’homme de tous les temps. La Constitution approfondit l’enseignement de Vatican I en clef christocentrique. La Révélation s’accomplit et se complète dans la Personne et l’histoire de Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, crucifié, mort et ressuscité pour nous les hommes et pour notre salut [15]. Dans Son œuvre de rédemption, Il révèle le visage miséricordieux du Père qui, à travers la puissance de l’Esprit du Ressuscité, nous rend fils dans le Fils (cf. Ep 1, 5). Jésus-Christ, “nomen Trinitatis publicando” [16], à travers le don total de Sa vie innocente, résout l’énigme de l’homme et valorise ainsi sa liberté en l’autorisant à décider sur lui-même. En effet, Jésus-Christ demande à la liberté de chaque homme d’accueillir Son don dans chaque acte de sa propre existence à travers l’obéissance de la foi (cf. Ap 3, 20). Un tel accueil implique également de la part de l’homme le don total de soi (cf. Mt 19, 21). Il s’ensuit une exclusion de toute conception magique du sacrement en général et de l’Eucharistie en particulier. L’événement unique du Triduum Pascal a été anticipé par le Christ lui-même dans la Cène avec les siens qu’Il a ardemment désirée (cf. Lc 22, 15). Assis autour d’une table avec ses apôtres dans le cénacle, Jésus a institué l’Eucharistie. À travers le don de l’Esprit Saint qui permet d’obéir de manière efficace au commandement “faites cela en mémoire de moi” (Lc 22, 19; 1Co 11, 25), Il donne au croyant de tous les temps la possibilité de participer au salut.
Ainsi, dans l’action eucharistique, la liberté de Dieu rencontre effectivement la liberté de l’homme. À partir de cette rencontre de liberté, le chrétien, marqué par la reconnaissance du don de Dieu et par la communion avec Lui et avec ses frères, est poussé à donner à sa vie tout entière une forme eucharistique [17]. Et ceci parce que, dans l’Eucharistie s’exprime de façon éminente celle que Fides et ratio appelle la “ratio sacramentalis de la révélation” [18]. Elle permet au fidèle de découvrir qu’à travers toutes les circonstances et tous les rapports dont est objectivement constituée l’existence humaine, l’événement de Jésus-Christ appelle sa liberté à un engagement progressif avec la vie de la Trinité. C’est Jésus-Christ lui-même qui l’accompagne dans cette expérience: “je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 20). C’est pour cela qu’Il assure à la communauté chrétienne Sa présence d’amour: “Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux” (Mt 18, 20). C’est ainsi que, depuis le début, a vécu la communauté primitive: “Ils se montraient assidus à l‘enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières” (Ac 2, 42).
Et, sur la vie de ce peuple de Dieu qui traverse l’histoire, la perspective eschatologique dans laquelle Jésus a placé l’action eucharistique, depuis son institution, jette une lumière fulgurante: “Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père” (Mt 26, 29; Mc 14, 25; Lc 22, 18).
La ratio sacramentalis, impliquée dans le mystère de l’incarnation, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, montre que la vie de tout homme est objectivement une vocation. Chaque état de vie [19] (mariage, sacerdoce ministériel, virginité consacrée) reçoit du mystère eucharistique le fondement primordial de sa propre forme. Ainsi, dans la convocation eucharistique, tout croyant trouve l’origine et le sens de sa propre vocation qui imprime à son existence une forme eucharistique.

PREMIER CHAPITRE
Le novum du culte chrétien

Le fait important constitué par la pratique bimillénaire de la célébration eucharistique dominicale, décisive pour la genèse et la croissance des communautés chrétiennes de tout temps et de tout lieu, n’est pas fortuit. Ce primat de l’Eucharistie comme action s’explique de façon exhaustive à partir de la ratio sacramentalis de la révélation d’où jaillit la forme eucharistique de l’existence chrétienne. Pour cela, il faut décidément mettre au centre de nos travaux sur l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, l’approfondissement de l’action eucharistique même. Ce choix permet de dépasser toute fausse opposition entre théologie et liturgie.

I. La “logikē latreía” (Rm 12, 1)

Tout en reconnaissant avec les spécialistes une certaine continuité anthropologique différenciée des rites qui sont propres aux formes religieuses variées, et surtout avec les rites sacrificiels de l’Ancien Proche-Orient, avec les repas sacrés hellénistiques et, en particulier, avec ceux du judaïsme d’époque hellénistique, il est aujourd’hui reconnu par tous que l’Eucharistie de Jésus au cours de la Dernière Cène a donné vie à un novum. L’institution de l’Eucharistie s’insère dans une cène rituelle, dont le contexte pascal est désormais prouvé (cf. Mt 26, 19-20; Mc 16-18; Lc 22, 13-14; Jn 13, 1-2) [20], tout comme cette singulière action à travers laquelle Jésus associe les Siens à Son heure et à Sa mission, en anticipant le sacrifice de Sa Pâque, chemin définitif pour l’instauration du Règne. En mangeant Son Corps et en buvant Son Sang, les disciples sont incorporés au Christ. De cette manière, s’effectue cette communion qui constitue l’Église.
Lors de la dernière Cène, “en parlant aux disciples même avec des paroles contenant la somme de la Loi et des Prophètes” [21], Jésus-Christ s’offre Lui-même comme unique victime proportionnée au Père (cf. Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-24; Lc 22, 19-20; 1Co 11, 23ss).
Dans cet acte, Il engage également les Siens, non pas dans le cadre d’un souvenir formel et triste de Sa personne et de Son action, mais dans celui d’une participation permanente et active de ses disciples à Son offrande jusqu’à la fin des temps: “faites cela en mémoire de moi” (Lc 22, 19).
C’est ainsi que ressort le lien indissoluble qui relie l’Eucharistie à l’Église et l’Église à l’Eucharistie. Ce n’est pas un hasard si ecclesia est le terme technique qui indique, depuis le début, l’action de se réunir pour célébrer l’Eucharistie propre aux chrétiens (cf. 1Co 11, 18; 14, 4-5.19.28).
“L’Église vit de l’Eucharistie depuis ses origines. En elle, elle trouve la raison de son existence, la source intarissable de sa sainteté, la force de l’unité et le lien de la communion, l’impulsion de sa vitalité évangélique, le principe de son action d’évangélisation, la source de la charité et l’élan de la promotion humaine, l’anticipation de sa gloire dans le banquet éternel des Noces de l’Agneau (cf. Ap 19, 7-9)” [22].
À partir de ceci, l’action eucharistique émerge dans toute sa force de source et sommet de l’existence ecclésiale du chrétien car elle exprime, dans le même temps, tant la genèse que l’accomplissement du culte nouveau et définitif, la logikē latreía: “Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre (logikēn latreían)” (Rm 12, 1).
Dans cette vision paulinienne du nouveau culte comme offrande totale de sa propre personne – “Que 1'Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire,” [23] -, toute séparation entre sacré et profane est définitivement dépassée. Le culte chrétien n’est pas une parenthèse à l’intérieur d’une existence vécue dans un horizon profane. Il n’est pas non plus un pur acte sacrificiel et réparateur des offenses et des prises de distance du regard de Dieu. Le nouveau culte chrétien devient l’expression de la rénovation de toute l’existence: “soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu” (1Co 10, 31). Tout acte de liberté du chrétien est ainsi appelé à être un acte de culte. De là découle la nature intrinsèquement eucharistique de la spiritualité chrétienne.
Par le fait qu’elle assume l’humain dans toute sa densité historique, l’Eucharistie, sommet du septénariat sacramentel [24], permet, jour après jour, la progressive transfiguration de l’homme prédestiné et appelé par la grâce à être à l’image du Fils même (cf. Ep 1, 4-5). Pensons à l’extraordinaire efficacité du Baptême: nous découvrons que les fils, incorporés au Christ dans l’Église, sont nôtres car ils sont fils de notre Père qui est aux Cieux. La Confirmation révèle aux confirmands, appelés au témoignage, que les affections et le travail reçoivent leur vérité du don de l’Esprit de Jésus-Christ, mort et ressuscité. À travers le sacrement, l’expérience déterminante de la vie affective, le Mariage, est confié au Seigneur par l’Église. Lui seul est en mesure de réaliser le “pour toujours” de l’amour que toute épouse et tout époux porte dans son cœur lorsqu’elle ou il aime vraiment. Et n’est-ce peut-être pas l’attention la plus humaine et délicate envers la liberté, souvent blessée par le péché, celle que l’Église nous offre en nous invitant à la réconciliation avec Dieu et avec nos frères dans le sacrement de la Pénitence? Lorsqu’en outre l’homme est blessé dans sa propre chair par l’inévitable épreuve de la maladie, l’Onction des malades exprime la proximité spéciale de Jésus qui a tant souffert et est mort et ressuscité pour nous. Une proximité tout à fait particulière, si elle est accompagnée par la possibilité qui est offerte aux malades de recevoir régulièrement la Communion et, quand cela est nécessaire, le Saint Viatique. Ceci afin que nous puissions guérir immédiatement et que, de toute façon, nous ne perdions pas l’espoir de ressusciter avec Lui, de Le rencontrer à nouveau et de nous rencontrer à nouveau dans notre vrai corps. Par ailleurs, certains sont appelés au service du peuple de Dieu en tant que ministres ordonnés (le sacrement de l’Ordre), non pas à cause de leurs mérites mais à l’initiative de l’Esprit de Jésus.
Ainsi, la vie liturgique de nos communautés ne fait que témoigner de la manière dont, dans le cours concret de l’existence humaine – naissance, relations, amour, douleur, mort, vie après la mort – Jésus se rend présent à tous les hommes, chaque jour et en toute situation [25]. Dans l’analyse que l’on vient de tracer, émerge à nouveau la force de la ratio sacramentalis, propre au génie catholique.

II. La valeur du rite eucharistique

Dans cette vision inaugurée par l’Eucharistie chrétienne, non seulement le culte, mais également le rite prends une physionomie radicalement nouvelle. À savoir celle de l’action du Christ même qui, par le don de Son Esprit, admet les Siens à la présence du Père pour “servir en ta présence” [26].
Par sa nature de source de la logikē latreía, l’action eucharistique rituelle vient même à être objectivement également la plus essentielle et décisive de toutes les actions humaines. Dans le rite eucharistique fait en effet irruption, à un instant précis du temps, la signification accomplie de l’histoire, et, donc, sa vérité. De cette façon, le rite eucharistique opère une rupture de la continuité dans la succession des événements quotidiens de l’homme, mais c’est justement dans l’espace ouvert d’une telle discontinuité que l’homme apprend à se décider en ce qui concerne la vérité qui lui est objectivement donnée dans le rite même. Ce choix survient dans la foi: on peut se rapporter à la vérité donnée seulement dans le don total de soi. Par conséquent, l’action eucharistique est source et sommet de l’existence ecclésiale chrétienne justement en vertu de la célébration même du rite qui exprime d’une manière adéquate, et en toute sa substantielle plénitude, la foi vécue par le peuple chrétien.
Cette action eucharistique rituelle, insérée en temps et en espace dans le déroulement de l’existence quotidienne, mais provenant dans le même temps “d’en haut” en tant que sacrement, c’est-à-dire en tant que signe et instrument efficace de la grâce divine, devient un paradigme de l’existence tout entière de l’homme [27]. Le rite eucharistique n’est pas accidentel par rapport à l’existence personnelle et sociale, et il n’est pas non plus extrinsèque à l’inévitable être pour le monde de l’homme. Il est, au contraire, centre de la vie réelle de la nouvelle créature (cf. 2Co 5, 17; Ga 6, 15). Son existence est pleinement humaine, et donc historique, mais elle vit en même temps dans la perspective éternelle de la résurrection, en vertu de la mémoire eucharistique du Corps donné et du Sang versé par le Crucifié Ressuscité (cf. 1Co 15, 19-22) [28]. Dans l’action eucharistique, la liturgie terrestre est intimement unie à la liturgie céleste [29]. L’échange de communion entre les vivants et les morts, dont les Messes en suffrage pour les défunts sont une expression importante, constitue un témoignage permanent de la foi de l’Eglise dans le lien indissoluble entre la vie terrestre et la vie éternelle [30].
Cette vision unitaire de l’action eucharistique comme c œur de toute l’existence chrétienne a toujours été présente dans la conscience ecclésiale. Depuis l’identification avec l’action accomplie par Jésus telle qu’elle nous est conservée dans le canon biblique, à la traditio qui, dans son rythme incessant de transmission et de réception, la rend certaine tout au long du temps et dans l’espace; depuis les formes liturgiques les plus variées des premiers siècles, qui resplendissent encore dans les rites liturgiques des anciennes Églises d’Orient, jusqu’à l’établissement prédominant du rite romain, des indications précises du Concile de Trente et du Missel de Pie V, jusqu’à la réforme liturgique de Vatican II: chaque étape de la vie de l’Église confirme que l’action eucharistique, source et sommet de l’existence ecclésiale chrétienne, coïncide avec le rite sacramentel qui génère et accomplit le culte nouveau et définitif (logikēn latreían).
La considération du rite dans toute sa plénitude permet d’éviter toute fragmentation et toute juxtaposition entre l’action eucharistique et les exigences de la nouvelle évangélisation, qui vont de l’annonce par le témoignage à l’intérieur de chaque milieu de l’existence humaine jusqu’aux nécessaires implications anthropologiques, cosmologiques et sociales que l’Eucharistie implique objectivement. Elle permet également à la communauté chrétienne de poursuivre simultanément une fidélité soignée aux rubriques liturgiques et une souplesse attentive aux instances d’inculturation.

III. La célébration eucharistique fait l’Église

L’admiration eucharistique des deux disciples d’Emmaüs se reflète dans la merveille de l’action liturgique de la célébration eucharistique. Elle représente l’acte de culte appelé à exprimer de façon éminente l’unique événement pascal.
Dans la Dernière Cène, Jésus manifeste clairement avec Ses gestes et Ses paroles le lien intrinsèque entre l’avènement du règne du Père et Son destin personnel (cf. Mt 26, 29; Mc 14, 25, Lc 22, 15-16; Jn 12, 23-24). Dans l’identification transformatrice du pain et du vin avec le Corps et le Sang du Christ (présence réelle [31]), la Dernière Cène anticipe sacramentellement le sacrifice de la nouvelle Pâque comme la forme à travers laquelle le Père accomplit, dans son Fils et avec l’ œuvre du Saint Esprit, Son dessein rédempteur de salut: “Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous” (Lc 22, 19-20). La difficulté que le langage sacrificiel, employé par l’Écriture et par la tradition de l’Église [32], rencontre dans la culture actuelle n’échappe à personne [33]. Toutefois, si l’on veut respecter toute la richesse du don inconditionné que Jésus-Christ fait de Lui-même, il apparaît aujourd’hui urgent de redécouvrir l’Eucharistie comme sacrifice. Jésus-Christ appelle les Siens à cette forme intégrale de culte (logikēn latreían) qui représente l’offre de toute sa vie, dans laquelle le chrétien est progressivement modelé justement à travers la participation pleine, consciente et active à la célébration eucharistique [34].
L’invitation à manger Son Corps et à boire Son Sang (la communion) constitue le chemin le plus sûr pour le salut (cf. Jn 6, 47-58) [35]. Ainsi, le mémorial, en continuité avec la pâque juive (cf. Dt 16, 1ss), possède le caractère physique et concret de l’assomption des espèces eucharistiques, à l’abri de toute réduction intellectuelle de la foi. Le fruit de cette action est la communion sacramentelle avec le Christ (cf. 1Co 10, 16), rendue possible par l’amour avec lequel l’Esprit glorifie la chair du Ressuscité. Ce même Esprit qui a poussé le Christ au don total de Soi, pousse les Siens à L’accueillir dans l’obéissance de la foi, les pousse à demeurer en Lui et à recevoir ainsi la vie comme Il la reçoit du Père (cf. Jn 14, 26; 16, 13).
Ce sacrement est donné pour la communion des hommes dans le Christ. Pour Saint Paul, la koinonia est le fruit de l’Eucharistie à travers laquelle les chrétiens, incorporés dans le Christ, deviennent un seul corps et participent d’un seul Esprit (cf. 1Co 10, 16-17) [36]. Ils constituent le nouveau peuple de Dieu qui, conduit par les successeurs des apôtres cum et sub le successeur de Pierre, traverse l’histoire avec l’espérance certaine que Jésus Ressuscité constitue les prémisses de leur résurrection personnelle (cf. 1Co 15, 17-20).
En dehors de cette communion eucharistique et sacramentelle, l’Église n’est pas pleinement constituée [37]: l’Eucharistie fait l’Église. Le nouveau peuple de Dieu (le corps ecclésial) se configure à partir du Corps eucharistique du Christ qui rend sacramentellement présent le Corps de Jésus né de la Très Sainte Vierge Marie [38]. Le corps ecclésial est ainsi réellement modelé comme corps du Christ présent dans le temps et l’histoire, en vertu du lien qui le relie inséparablement avec le Corps eucharistique du Christ [39]. C’est justement dans la célébration rituelle de l’Eucharistie que l’Église réalise la forme même de son identité de peuple rassemblé par l’amour de Dieu.

1. Une première confirmation: l’Evêque, liturge par excellence

Ceci devient encore plus clair si l’on regarde la vénérable tradition qui a toujours reconnu dans l’évêque, le liturge par excellence et l’administrateur des sacrements [40]. L’Evêque ne préside pas l’Eucharistie, en vertu d’une raison simplement juridique, en tant que “chef” de l’Église locale, mais par fidélité au commandement même du Seigneur qui a confié le mémorial de sa Pâque à Saint Pierre et aux apôtres. Ils les a constitués comme fidèles dispensateurs de Ses mystères et, en vertu de ceci, les premiers responsables de l’annonce évangélique dans le monde entier. C’est pour cette raison que “l’Évêque Diocésain, premier dispensateur des Mystères de Dieu dans l’Église particulière qui lui est confiée, est l’organisateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique. Dans les célébrations accomplies sous sa présidence - en particulier dans les célébrations eucharistiques auxquelles, sous sa conduite, participent le presbyterium, les diacres et le peuple - se manifeste le mystère de l’Église” [41]. Ceci est particulièrement évident au sein de la concélébration eucharistique ordonnée “qui manifeste heureusement l’unité du sacerdoce” [42]. La communion avec l’Évêque est la condition de la légitimité de la célébration eucharistique à l’égard du peuple de Dieu.
La fécondité de la ratio sacramentalis de la révélation est encore une fois évidente: le sujet ecclésial (personnel et communautaire) ne participe pas complètement à la rédemption s’il n’accueille pas la modalité sacramentelle qui constitue la forme que Jésus a choisie pour demeurer au sein des événements humains.

2. Une deuxième confirmation: la nature du temple chrétien

Une deuxième confirmation de la manière concrète dont la célébration eucharistique fait l’Église est représentée par la radicale diversité entre le temple chrétien et le temple païen, voire même le temple judaïque. Alors que le temple païen et le temple judaïque étaient caractérisés par la présence de la divinité et considérés, en raison d’une telle présence, sacrés et sacralisant, le “lieu” du culte chrétien consiste, en un certain sens, dans la même action de la célébration du mystère. Le mot ecclesia indique l’action de se réunir des chrétiens. C’est simplement en tant que conséquence qu’il indique à présent le lieu même où, au cours d’une telle réunion, se réalise la présence divine.
En outre, alors que dans les temples païen et, dans un certain sens, judaïque, la rencontre des fidèles est plutôt fortuite, dans le lieu du culte chrétien, cette dernière en vient à le constituer. Chaque fidèle est une pierre vivante du temple (cf. 1P 2, 5). L’Esprit est le ciment qui les unifie (cf. Ep 2, 22).
Ceci explique le soin avec lequel l’Église ne cesse d’offrir des indications à l’égard de l’architecture et de l’art sacré [43]. Les temples, en effet, sont modelés sur l’assemblée liturgique en actu celebrationis, comme «épiphanie» de la communio hierarchica qu’est l’Église. 3. Une troisième confirmation: « L’Intercommunion? »

Un problème pastoral plutôt délicat, lié au milieu œcuménique, permet une autre vérification du fait qu’au sein de l’inséparable lien entre l’Eucharistie et l’Église, la causalité de l’Eucharistie dans l’Église (l’Eucharistie fait l’Église) est essentielle et prioritaire par rapport à celle de l’Église sur l’Eucharistie (l’Église fait l’Eucharistie) [44]. Cet élément conduit à souligner le poids décisif de l’Eucharistie dans la pratique œcuménique.
Les nombreux développements en la matière sont connus [45]. Ils sont, à la fois, une conséquence et une cause de l’intense travail œcuménique du XX siècle. D’abord, il faut souligner la substantielle communion de foi entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes en matière d’Eucharistie et de sacerdoce [46]. Une communion qui, à travers un approfondissement réciproque plus important de la Célébration Eucharistique et de la Divine Liturgie, est destinée à s’accroître [47]. Il faut, en outre, saluer positivement le nouveau climat concernant l’Eucharistie dans les communautés ecclésiales nées de la Réforme. À des degrés différents et à quelques exceptions près, même ces communautés soulignent toujours plus l’importance décisive de l’Eucharistie comme élément clef dans le dialogue et dans la pratique œcuménique.
Sur la base de ces considérations et de bien d’autres, on peut comprendre pourquoi, même après les déclarations du Magistère à ce propos [48], la question suivante ne cesse d’être posée: l’«intercommunion» des fidèles appartenant aux différentes Églises et communautés ecclésiales peut-elle constituer un instrument adéquat dans le but de favoriser le chemin vers l’unité des chrétiens?
La réponse dépend d’une considération attentive de la nature de l’action eucharistique dans toute sa plénitude de mysterium fidei [49]. La célébration eucharistique, en effet, est de par sa nature, profession de foi intégrale de l’Église.
En insérant le sacrifice du Golgotha dans la Dernière Cène, le Seigneur réalise la communion de Sa Personne avec Ses disciples et fait en sorte qu’elle devienne possible pour tous les fidèles de tous les temps et lieux. La participation à une telle communion dépasse la capacité de l’amour humain et même de ses plus nobles intentions. À travers l’écoute de la Parole qui se réalise pleinement dans l’accueil de l’offrande du Corps et du Sang du Christ, l’action eucharistique exprime la plénitude de la foi et de l’unité visible des fidèles au service desquels Jésus envoie les apôtres comme prêtres et pasteurs.
Seulement dans la mesure où elle réalise la pleine profession de foi apostolique dans ce mystère, l’Eucharistie fait l’Eglise. Si c’est l’Eucharistie qui assure la véritable unité de l’Eglise, une célébration ou une participation à l’Eucharistie, qui n’implique pas le respect de l’ensemble des facteurs qui concourent à sa plénitude, finirait, au-delà de toute bonne intention, par diviser ultérieurement et à l’origine la communion ecclésiale. L’intercommunion n’apparaît donc pas comme un moyen adéquat pour atteindre l’unité des chrétiens [50]. Cette affirmation concernant l’intercommunion n’exclue pas qu’en des circonstances tout à fait spéciales et dans le respect de conditions objectives [51], l’on puisse admettre à la communion eucharistique, en tant que panis viatorum, des personnes appartenant à des Églises ou à des communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique. Dans ce cas, une rigueur nécessaire exige que l’on parle d’hospitalité eucharistique. Nous sommes en présence de la sollicitude pastorale (historique et salvifique) de l’Église qui vient à la rencontre de la circonstance particulière représentée par le besoin d’un fidèle baptisé [52]. Dans ces cas-ci, l’Église Catholique admet à la communion eucharistique un fidèle non catholique s’il le demande spontanément, manifeste une adhésion à la foi catholique concernant le sacrement eucharistique et se trouve spirituellement bien disposé.
Les problématiques concernant l’inadéquate catégorie d’“intercommunion” et la pratique de l’hospitalité eucharistique exigent une ultérieure réflexion à partir du lien intrinsèque entre Eucharistie et Église, sur le rapport entre communion eucharistique et communion ecclésiale. En ce sens, il pourrait être utile que l’Assemblée Synodale revienne sur cet argument.
En répondant à l’incontournable processus œcuménique, il ne faut toutefois pas négliger la voie maîtresse. Ne pas pouvoir accéder à la concélébration eucharistique ni à la communion eucharistique de la part des chrétiens de différentes Églises et communautés ecclésiales, et le caractère exceptionnel de l’hospitalité eucharistique, ne peuvent être seulement une source de douleur; elles doivent plutôt représenter une incitation permanente à l’approfondissement continu et commun du mysterium fidei qui exige, de la part de tous les chrétiens, l’unité dans l’intégrale profession de foi.

DEUXIÈME CHAPITRE
L’action eucharistique

Après avoir suggéré quelques éléments méthodologiques pour expliquer le novum du culte et du rite chrétiens, il est à présent opportun de considérer de près l’action eucharistique en elle-même. D’abord, nous examinerons les principaux éléments distinctifs de la célébration eucharistique. Dans un second lieu, nous proposerons quelques réflexions sur l’ars celebrandi et l’actuosa participatio.

I. Eléments distinctifs de la célébration eucharistique
Un regard synthétique aux éléments distinctifs de la célébration de l’Eucharistie révèle la force de l’harmonieuse et complexe unité du rite eucharistique. Nous n’avons pas l’intention de parcourir ici à nouveau de façon complète le déroulement des différents moments de la célébration eucharistique, mais nous nous limiterons à en identifier le noyau essentiel: l’indissociable unité de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique. À partir de ce qui a été jusqu’à présent exposé, nous la considérerons dans sa nature essentielle de don. Il faudra donc mettre en relief comment, face à la présence eucharistiquement donnée en abondance par Jésus, les fidèles sont appelés à l’adoration, et comment, face à un si grand mystère, ils doivent confesser leurs propres péchés en invoquant le pardon. Nous ne manquerons pas non plus de signaler le devoir (ite missa est) que génère, de par sa nature, un don semblable.

1. Indissociable unité de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique

Dans l’évolution historique qui va de la Dernière Cène de Jésus-Christ à l’Eucharistie dont vit encore aujourd’hui l’Église, le noyau constitutif et permanent de l’action rituelle est donné par l’étroite unité entre la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique [53].
Dans cette unité, “eulogie” et “Eucharistie” proposent à la foi des disciples du Christ, le mystère pascal à travers l’écoute et l’explication des Écritures (l’homélie [54]), indissociable de la représentation du sacrifice (la prière eucharistique) qui culmine dans la communion avec le pain et le vin transformés en Corps et en Sang du Christ [55]. Cela est visible dans la structure comparée des récits d’institution, et l’on peut le cueillir dans l’action d’Emmaüs. On en reçoit confirmation dans la description de la vie commune des premiers chrétiens que nous offre les Actes des Apôtres (Ac 2, 42). Et enfin, comme nous le témoigne également, de manière continuelle, toute l’histoire de la célébration eucharistique jusqu’à celle qui est tracée dans le Missel actuel.
De cette indissociable unité émergent certains éléments constitutifs de l’unique Eucharistie de Jésus-Christ qui réalise la foi des chrétiens.
Tout d’abord, le fait que le protagoniste de l’action liturgique est Jésus-Christ lui-même. Concentrant Sa Personne et Son histoire dans l’événement de la Pâque, Il se révèle en même temps comme prêtre, victime et autel.
En tant que prêtre Jésus-Christ, par la puissance de l’Esprit, devient le pontife entre Dieu le Père et le peuple (cf. He 5, 5-10) [56]. Comme le témoignent les récits de la Cène, Il interprète lui-même Sa mission sacerdotale objectivement dans l’eulogie scripturale et dans l’offrande sacrificielle. Mais Jésus est, en même temps, victime de propitiation (cf. 1Jn 2, 2; 4, 10), et de telle façon, Son sacerdoce implique le don total de Soi qui se manifeste dans l’offrande du pain et du vin transformés en Son Corps donné et en Son Sang versé (le sacrifice [57]), auquel le peuple prend physiquement part (la communion [58]). Ce prêtre, qui est également victime, offre Son sacrifice sur la croix [59]. Cloué sur la croix, il fait descendre le ciel sur la terre, en réconciliant (rédemption) l’homme avec Dieu (cf. Ep 2, 14-16; Col 1, 19-20). La croix plantée sur le Golgotha finit par exprimer le cosmos entier et le Christ, prêtre et victime, devient une seule chose avec la croix à laquelle il est cloué. Il en devient ainsi un autel cosmique.
La conscience d’une telle situation devrait éviter l’affaiblissement progressif du sens du mystère auquel aujourd’hui sont exposées de nombreuses communautés chrétiennes, surtout dans la célébration eucharistique. Pour ne pas tomber dans une vision “sacrale”, certainement non chrétienne, l’on risque, pour ainsi dire, de faire de la liturgie une simple expression de la dimension “horizontale” de la communauté, en oubliant la dimension “verticale”.
Jésus-Christ, unique protagoniste du rite eucharistique, convoque dans l’Esprit, l’assemblée des chrétiens, appelée à prendre part dans la foi (le Credo), de façon articulée et ordonnée, aux saints mystères célébrés en sa faveur (les Messes pro populo). Dans le silence, le dialogue, le chant et les gestes corporels, se développe l’action eucharistique à travers laquelle le salut est communiqué à l’assemblée des fidèles [60]. À propos de ce qui a été dit, on sent le besoin d’un approfondissement de la formation liturgique de l’ensemble du peuple de Dieu - “notre catéchèse devrait récupérer la dimension mystagogique fondamentale des premiers siècles” - et, en particulier, à tous ceux qui sont appelés à remplir des ministères ou des offices au cours de la célébration (prêtres, diacres, lecteurs, acolytes, enfants de ch œurs ou servants d’autel, schola cantorum).
Dans la complexité des offices de la célébration, qui se déroule à l’intérieur du temple chrétien orienté vers l’autel, auquel sont coordonnés l’ambon et le siège, le prêtre accomplit son ministère particulier avec l’aide du diacre. Au moment décisif de la célébration, il agit in persona Christi capitis [61] en assurant, en vertu du sacrement de l’ordre, inséré, non certes par hasard par le Christ lui-même à l’intérieur de l’institution eucharistique de la Dernière Cène, ce que la Tradition commune de l’orient et de l’occident appelle l’économie sacramentelle [62]. Elle est l’ œuvre de l’Esprit Saint invoqué au cours de l’Eucharistie à travers l’épiclèse afin qu’elle réalise la conversion substantielle du pain et du vin en Corps et Sang du Christ [63] et qu’elle génère la res eucharistique qui est l’unité de l’Église [64].
On comprend alors comment l’unité inséparable de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique aboutit à la communion sacramentelle [65], à laquelle les fidèles sont admis, avec un réalisme significatif, par l’acte physique de la procession. À travers l’assimilation des saintes espèces, en fait, comme l’Eglise l’a toujours professée, les fidèles sont assimilés au Christ, ils sont incorporés à Lui, pour leur salut [66] et pour le salut du monde [67].Coordonnées inéluctables de la vie de l’homme, le temps et l’espace sont assumés et transformés par l’action eucharistique en vue de ce salut. Si la configuration du temple manifeste cette transformation de l’espace, la beauté et l’articulation de l’Année Liturgique, à partir du Triduum pascal en passant par le dies Domini et les temps liturgiques, expriment eucharistiquement la rédemption du temps: il n’est plus une succession d’instants destinés à s’évanouir, mais il devient sacrement de l’éternel.

a. Le don eucharistique: ni droit ni possession

Le caractère de don propre de l’action eucharistique, qui implique que la liberté du Deus Trinitas, se communique, en Jésus-Christ, à la liberté des hommes, veut que sa gratuité ne soit jamais méconnue. Même si elle suscite une grande souffrance, son absence ne confère pas au fidèle ni au peuple de Dieu un quelconque droit à l’Eucharistie.
Pour cette même raison, le don de l’Eucharistie ne peut jamais être “possédé” par l’homme de manière idolâtrique, il ne supporte pas une attitude quasi gnostique de prétendue domination. L’adoration eucharistique ne peut pas non plus se résoudre en un regard qui prétende “com-prendre” la latens deitas, même si Jésus-Christ, dans un acte d’extrême abaissement, se lie à la permanence de l’espèce.

a1. Assemblées du dimanche dans l’attente d’un prêtre

La question de la pénurie de prêtres doit être abordée avec courage dans l’horizon de l’Eucharistie comme don. Cet état des choses a donné lieu à une augmentation considérable des “assemblées du dimanche dans l’attente d’un prêtre” (liturgies de la Parole avec ou sans distribution de la Communion, célébrations de la Liturgie des Heures ou de dévotions populaires) [68].
À ce propos, il est d’abord important d’insister sur l’appartenance de chaque communauté, surtout paroissiale, à un diocèse [69]. L’Église particulière n’est jamais privée de l’Eucharistie. C’est pour cette raison qu’il est d’usage dans la pastorale d’encourager la plus large participation à l’Eucharistie dans une des communautés du diocèse, même lorsque cela demande une part de sacrifice. En second lieu, il est utile de souligner clairement aux fidèles le caractère propédeutique à l’Eucharistie de toute célébration du dimanche dans l’attente du prêtre. Là où une certaine mobilité n’est pas facile, on jugera l’opportunité de ces assemblées justement à leur capacité d’accentuer au sein du peuple le désir ardent de l’Eucharistie.
Les sacrifices accomplis, parfois jusqu’à l’héroïsme, par un nombre non négligeable de chrétiens, persécutés pour vivre l’Eucharistie, sont la preuve que son absence ne pourra jamais être comblée par d’autres formes de culte, aussi significatives soient-elles. A cet égard, nous voulons rendre hommage à l’expérience eucharistique du regretté Cardinal Van Thuan au cours de sa captivité.

a2. Viri probati?

Pour faire face à la pénurie de prêtres, certains, guidés par le principe salus animarum suprema lex, avancent la requête que soient ordonnés des fidèles mariés, de foi et de vertu sûres, les viri probati. La demande est souvent accompagnée par la reconnaissance positive de la bonté de la discipline séculaire du célibat sacerdotal. Toutefois ils affirment que cette loi ne devrait pas empêcher de doter l’Eglise d’un nombre adéquat de ministres ordonnés, au cas où la pénurie de candidats au sacerdoce célibataire atteindrait des proportions extrêmement graves.
Il n’est pas nécessaire d’insister ici sur les raisons théologiques profondes qui ont amené l’Eglise latine à unir l’attribution du sacerdoce ministériel au charisme du célibat. Mais une question s’impose: ce choix et cette pratique sont-ils viables sur le plan pastoral même dans des cas extrêmes comme ceux que l’on vient de mentionner?
Il serait raisonnable de répondre positivement. Etant strictement lié à l’Eucharistie, le sacerdoce ordonné participe de sa nature de don et ne peut être l’objet d’un droit. S’il est un don, le sacerdoce ordonné doit être sans cesse demandé (cf. Mt 9, 37-38). Il est alors très difficile d’établir le nombre idéal de prêtres au sein de l’Eglise, puisqu’il ne s’agit pas d’une “entreprise” qui aurait besoin d’un certain nombre de “cadres”!
Sur le plan pratique , l’urgence impérative du salus animarum pousse à réaffirmer avec vigueur, surtout ici, la responsabilité que chaque Eglise particulière a, à l’égard de l’Eglise universelle, et par conséquent à l’égard de toutes les autres Eglises particulières. Les propositions qui seront présentées à cette Assemblée synodale en vue d’identifier les critères pour une distribution plus adéquate du clergé dans le monde seront d’une grande utilité. A ce sujet, il semble que le chemin à accomplir soit encore long.
Il convient peut-être de rappeler aussi que, au cours de l’histoire, la Providence a appuyé la valeur prophétique et éducative du célibat, en demandant entre autres une disponibilité spéciale pour le ministère sacerdotal dans les différentes formes de vie consacrée, dans le respect de leur charisme et de leur histoire. On peut citer ici la pratique de l’ordination des moines dans les Eglises orientales ou dans la tradition bénédictine [70].

2. Adoration

Le caractère de don propre à l’Eucharistie permet de dépasser, justement à partir d’une considération attentive du rite de la Messe dans sa nature d’action liturgique, une opposition impropre, qui s’est créée parfois à partir de l’époque moderne, entre l’Eucharistie comme nourriture qui doit être mangée (banquet) et comme présence divine à adorer.
S’il est vrai que, au cours du premier millénaire, l’adoration eucharistique ne s’exprimait pas sous les formes que nous connaissons aujourd’hui, il faut toutefois affirmer que, dès son origine, elle a été bien présente à la conscience du peuple de Dieu. Le deuxième millénaire a explicité ultérieurement sa valeur, en tirant même avantage de la controverse sur la présence réelle au Moyen-Âge et de celles sur la permanence du Christ dans les espèces eucharistiques avec la Réforme.
Lors de la Dernière Cène, la conscience de la présence du Christ concrète, qui s’identifie avec le pain et le vin consacrés (cf. Mc 14, 22-24; Mt 26, 26-28; 1Co 11,24-25; Lc 22, 19-20) et demande l’adoration, s’impose avec force aux commensaux. On ne peut donc nier que la pratique de l’adoration eucharistique, telle qu’elle se réalise aujourd’hui dans l’Église latine, a rendu plus évidente une donnée qui appartient à l’essence de la foi dans le ministère eucharistique [71]. Le fait de devoir choisir entre la nourriture et l’adoration signifie ne pas tenir compte ni de l’intégralité ni de l’unité articulée du mystère eucharistique [72]. La Cène eucharistique n’est pas uniquement un repas en commun, mais le don que le Christ fait de Soi. Participer à ce don en mangeant Son Corps implique déjà le fait de s’être prostré avec foi en adoration [73]. L’adoration du Très Saint Sacrement est donc un tout avec la célébration dont elle provient et à laquelle elle renvoie [74]: “Dans l’Eucharistie, l’adoration doit devenir une union” [75]. Cette pleine conscience de la valeur de l’adoration doit s’exprimer jusque dans l’importance artistique et architectonique que l’on doit à la garde de la Très Sainte Eucharistie dans nos églises [76].
Évidemment, il faut par contre souligner avec décision que, tout comme la manducation, même l’adoration eucharistique est toujours une action ecclésiale [77]. Cette dernière ne peut pas être conçue comme une pratique de pitié individualiste. Adorer Jésus-Christ au cours de la consécration et la communion et L’adorer alors qu’il est présent dans le tabernacle, cela signifie se reconnaître et se comporter comme un membre de Son Corps ecclésial. Ainsi, la rencontre eucharistique n’est pas une rencontre qui s’épuise dans l’acte de la manducation, mais elle est permanente, tout comme est permanente, en vertu de la présence eucharistique, la venue continuelle du Seigneur dans Son Église.[78].
À la lumière de la nature ecclésiale de l’adoration, on comprend mieux pourquoi la pitié chrétienne a unit à l’adoration eucharistique également la “réparation” pour les péchés du monde: face au Seigneur, nous tous, membres de Son Corps, sommes responsables les uns des autres.[79].

3. Attitude de confession et de pénitence

Recevoir, dans la célébration eucharistique, le don du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, représente l’expression culminante de la démarche de celui qui se reconnaît disciple et se laisse introduire à la communion avec Lui.
La différence radicale entre Celui qui se donne et celui qui reçoit le don, différence bien documentée par la disproportion entre l’incommensurable richesse de l’événement pascal et l’extrême pauvreté des espèces du pain et du vin, conduit le fidèle à la conscience du mysterium tremendum de l’Eucharistie. On ne peut pas aborder l’Eucharistie sans percevoir toute sa propre indignité ni sans s’y préparer en invoquant le pardon des péchés [80].
Ainsi apparaît, non seulement la signification de l’acte pénitentiel des rites d’introduction, rendu solennel dans des cas particuliers par l’aspersion au moyen de l’eau bénie rappelant le baptême, mais surtout l’intrinsèque rapport entre l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation [81].
Lorsque les fidèles, incorporés au Christ par le baptême, commettent un péché mortel, ils se séparent de la communion avec Lui et avec Son Église, dont la pleine expression est la communion sacramentelle [82]. Toutefois, le Père miséricordieux ne les abandonnent pas mais, à travers l’instrument voulu par Jésus lui-même [83], il les invite à la confession libre, personnelle et humble des fautes afin de les accueillir à nouveau, dans une étreinte plus intense - à travers la contrition, la confession des péchés, l’absolution de la part du,ministre qui agit aussi in persona Christi capitis, et la pénitence [84] - dans la communion avec Lui qui s’étend à l’ensemble des frères. C’est pour cette raison qu’une catéchèse eucharistique adéquate ne peut jamais être séparée de la proposition d’un chemin pénitentiel (cf. 1Cor 11, 27-29) [85].
La vénérable pratique du jeûne eucharistique , qui plonge également ses racines dans l’attitude de confession, représenterait un thème de réflexion utile dans le cadre de cette Assemblée.

a. Les divorcés remariés et la communion eucharistique

Dans cette optique, la manière singulière selon laquelle les divorcés remariés sont appelés à vivre la communion ecclésiale mérite une attention particulière.
Personne n’ignore la tendance diffuse chez les divorcés remariés à la communion eucharistique, malgré l’enseignement de l’Église en la matière.
Il faut constater qu’à la base de cette tendance, il n’y a pas simplement de la superficialité. Au-delà des considérables différences de situations de chaque continent, il faut reconnaître - surtout dans les pays de longue tradition chrétienne - de nombreux baptisés se sont unis en mariage sacramentel par une adhésion mécanique à la tradition. Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui divorcent et se remarient. Mettant en pratique la vie chrétienne, certains manifestent un grave malaise et souvent une grande douleur face au fait que l’union contractée à la suite du mariage leur empêche une pleine participation à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique. La Familiaris consortio et d’autres documents ont offert de précieuses indications doctrinales et pastorales [86]. Il faut que toute la communauté chrétienne soutienne les divorcés remariés dans la conscience de ne pas être exclus de la communion ecclésiale. Leur participation à la célébration eucharistique permet, en tout cas, cette communion spirituelle qui, si elle est bien vécue, fait écho au sacrifice même de Jésus-Christ.
D’un autre côté, à ce propos, l’enseignement du Magistère ne tend pas seulement à éviter la propagation d’une mentalité contraire à l’indissolubilité du mariage et le scandale du peuple de Dieu. Il nous met, au contraire, en face de la reconnaissance du lien objectif qui unit le sacrement de l’Eucharistie à l’ensemble de la vie du chrétien et, en particulier, au sacrement du mariage [87].
L’unité de l’Église, qui est toujours un don de Son Époux, découle en effet de façon permanente de l’Eucharistie (cf. 1Cor 10, 17). Ainsi, dans le mariage chrétien, en vertu du don sacramentel de l’Esprit, le lien conjugal, dans sa nature publique, fidèle, indissoluble et féconde, est intrinsèquement lié à l’unité eucharistique entre le Christ époux et l’Église épouse (cf. Ef 5, 31-32) [88]. De telle façon, le consensus réciproque que le mari et la femme s’échangent en le Christ et qui les constituent en communauté de vie et d’amour conjugal a, pour ainsi dire, une forme eucharistique.
Dans cette Assemblée, il faudra toutefois approfondir ultérieurement les modalités objectives afin de vérifier l’hypothèse de nullité du mariage canonique, tout en prêtant une grande attention aux cas différents et complexes qui se présentent. Afin de respecter la nature publique, ecclésiale et sociale du consensus marital, elle ne pourra pas avec elle aussi un caractère public, ecclésial et social [89]. Donc, la reconnaissance de la nullité du mariage doit impliquer une instance objective qui ne peut se réduire à la simple conscience des époux, même si cette dernière est soutenue par l’avis d’un guide spirituel illuminé.
Mais c’est justement pour cela qu’il est indispensable de continuer dans l’ œuvre de réflexion sur la nature et l’action des tribunaux ecclésiastiques afin qu’ils représentent toujours plus une expression de la vie pastorale normale de l’Église locale [90]. Outre la vigilance continue sur les temps et les coûts, on pourra prévoir des figures et des procédures juridiques plus simples et qui puissent répondre plus efficacement au soin pastoral. À ce propos, on ne manque certes pas de significatives expériences dans de nombreux diocèses. Dans cette Assemblée, les Pères synodaux auront l’occasion d’en faire connaître d’autres.
L’action pastorale ordinaire consistant à préparer au mariage chrétien les fiancés , de manière lointaine, prochaine et immédiate, reste de toute façon décisive, tout comme un accompagnement quotidien de la vie des familles au sein de la grande demeure ecclésiale. Enfin, le soin et la valorisation des nombreuses initiatives vouées à accompagner les divorcés remariées à vivre au sein de la communauté chrétienne avec sérénité le sacrifice lié objectivement à leur condition, revêt une importance tout à fait particulière.

4. Ite missa est

L’Eucharistie est nourriture viatorum pour les fidèles en chemin dans l’histoire vers la vie éternelle. Il s’agit d’une vérité que la Tradition liturgique, surtout celle des Églises Orthodoxes, n’a pas cessé de proposer [91]. L’action de louange et de grâce qui se réalise dans la célébration eucharistique, mémorial sacramentel de la Pâque du Christ, remplit le fidèle d’une gratitude particulière. Elle ne se manifeste pas seulement dans l’acte du “remerciement” dévoué après la communion, que la pratique recommande à travers le silence et qui peut être accompagnée par le chant méditatif, mais elle s’exprime pleinement dans le mandat ayant pour but d’élargir cette communion à l’ensemble des hommes, leurs frères. Ce résultat missionnaire de la participation eucharistique n’a pas d’abord le caractère d’un “devoir”, mais celui du témoignage gratuit de la transformation progressive de toute notre existence grâce au don sacramentel, accueilli par la liberté humaine envers tous [92].
Le témoignage vient alors à coïncider avec cette logikē latreía à travers laquelle la communion avec le Christ investit toutes les circonstances et tous les rapports qui s’instaurent au sein des différents domaines de l’existence humaine. Dans la vie passée et présente de l’Église, le martyr représente une figure emblématique d’un tel témoignage. Comme le Christ même, il remet eucharistiquement sa vie, par pure grâce, en faisant une offrande agréable au Père.
De cette manière, l’Eucharistie traverse et transforme naturellement l’histoire personnelle, communautaire et sociale. C’est en ceci que consiste surtout la mission évangélisatrice de l’Église [93].

II. Ars celebrandi et actuosa participatio

À partir de cette vision centrée sur l’Eucharistie comme action ecclésiale qui s’exprime dans l’unité du rite eucharistique - dont le c œur est la liturgie de la parole intrinsèquement ordonnée à la liturgie eucharistique [94], don accueilli dans un esprit d’adoration, qui demande une attitude de confession et pousse à la mission - apparaît un élément qui mérite décidément d’être souligné.
Affirmer que l’Eucharistie est source et sommet de la vie et de la mission de l’Église signifie avant tout reconnaître l’obéissance nécessaire de l’Église même à l’égard du sacrement eucharistique. Et dans cette affirmation, s’exprime le primat de la traditio sur la receptio: dans la Dernière Cène, l’initiative appartient à Jésus qui se livre aux Siens; dans le passage de la Cène à la liturgie ecclésiale, Saint Paul nous indique qu’il transmet ce qu’il a reçu (cf. 1Co 11, 23); dans la différenciation des rites et l’alternance des réformes liturgiques, le critère servant de guide a toujours été celui du primat de la traditio [95]. Ainsi, dans toute célébration eucharistique, la communauté vit l’expérience qui a déjà été celle des apôtres dans le cénacle: les fidèles sont appelés à recevoir Celui qui se donne.
Cet élément constitutif de l’action eucharistique conduit à une conséquence pastorale décisive: la nécessité de dépasser tout dualisme entre l’ars celebrandi et l’actuosa participatio. La participation consciente, active et fructueuse du peuple de Dieu [96] - surtout à l’occasion du précepte dominical - coïncide en effet avec l’adéquate célébration des saints mystères. Le caractère de don propre à l’Eucharistie est à nouveau au premier plan. Si l’on soigne et lorsque l’on soigne objectivement l’art de la célébration, la participation peut devenir vraiment plena, conscia et actuosa [97]. Il s’agit d’obéir au rite eucharistique dans son extraordinaire plénitude, en y reconnaissant la force canonique et constitutive, étant donné que, depuis deux mille ans, et ce n’est pas un hasard, elle assure l’existence de la Sainte Église de Dieu.
Dans le respect des différentes sensibilités culturelles, ce critère doit orienter les modalités avec lesquelles il faut solliciter la participation de l’ensemble des fidèles au rite lui-même. Pour ne pas se réduire à une simple répétition de formules et de gestes, elle requiert une offre de soi de la part de chaque fidèle qui soit consciente afin de réaliser le sacerdoce baptismal du peuple de Dieu. Dans ce contexte, on comprend également l’utilité si précieuse des normes liturgiques que le Saint-Siège, les Conférences Épiscopales et les Ordinaires mettent à la disposition des Églises.
Dans le cadre précédemment tracé, il faut également comprendre et vivre l’ensemble des ministères et des offices liés au rite liturgique. Leur fonction n’est pas celle de gratifier ceux qui les exercent, comme le suggère une fausse idée de participation active des fidèles, il faut dire plutôt extérieure. Leur action essentielle a pour but d’assurer à toute l’assemblée, la beauté et la dignité objectives de la célébration [98].
Sans pouvoir entrer dans des problèmes importants et spécifiques, il sera également utile de rappeler dans cette relation que l’art mis au service de l’action eucharistique - surtout en ce qui concerne les décorations sacrées [99], tout comme les chants et la musique - reçoivent à leur tour une pleine lumière dans l’ars celebrandi. Ils concourent à l’actuosa participatio s’ils respectent cette objective ars celebrandi [100].

TROISIÈME CHAPITRE
Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de l’Eucharistie

Deux prémisses

La considération du rite eucharistique comme action sacramentelle seule en mesure de rendre compte de l’Eucharistie comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, ne serait pas complète si l’on ne montrait pas sa force de transformation de la vie personnelle et communautaire des fidèles et, à travers elle, sa fécondité à l’égard de toute la famille des hommes et des peuples. En d’autres termes, en conférant à l’existence chrétienne une forme eucharistique, l’Eucharistie influence non seulement les personnes et les communautés ecclésiales, mais également, à travers elles, les sociétés et les cultures, tout en déterminant l’interaction de l’homme avec le cosmos.

1. Eucharistie et évangélisation

L’unicité de l’événement pascal, qui donne lieu à l’unité intrinsèque de l’Eucharistie avec l’Église, documentée dans cet acte de culte unitaire qu’est le rite eucharistique, génère aussi la l’unité profonde entre la vie et la mission du chrétien et celle de l’Église entière. Le témoignage commun de la rencontre gratuite et satisfaisante avec le Christ aboutit à l’annonce et à l’invitation de l’ensemble des frères humains, sans exception, à prendre part à la vie de la communauté chrétienne. En continuant au sein de la communauté, l’éducation à la gratuité, à la pensée du Christ et à l’universalité, les chrétiens sont invités à s’engager avec l’ensemble des hommes au niveau culturel, écologique et social.
Ainsi conçue, la vie quotidienne du chrétien (la spiritualité eucharistique), toujours personnelle et communautaire, réalise concrètement l’évangélisation et la nouvelle évangélisation dans laquelle la promotion humaine est toujours impliquée.

2. Eucharistie, interculturalité et inculturation

L’évangélisation, par la nature de l’homme et en vertu du dynamisme de l’Incarnation, est toujours historiquement située et appelée à interagir avec les cultures les plus diverses. On comprend donc bien le soin que les différentes Églises ont porté, après le Concile Vatican II, au processus d’inculturation des rites liturgiques. Une telle urgence a été plusieurs fois soulignée par le Magistère au cours des dernières décennies [101]. Cela vaut la peine de rappeler que la condition décisive pour le développement nécessaire de cet important processus, qui doit être soumis , de par sa propre nature, à une continuelle vérification, réside dans la reconnaissance préventive de l’originaire interculturalité de l’événement célébré. La célébration eucharistique présente à nouveau l’événement pascal qui pose, par lui-même, les conditions nécessaires à une communication avec toutes les cultures humaines. Elle est possible grâce à la singularité de la Personne et de l’histoire de Jésus-Christ qui assume, justement à travers l’incarnation, la condition humaine tout entière. Afin d’exprimer la dimension interculturelle de l’Eucharistie, il est précieux d’employer le latin, surtout à l’occasion de grandes célébrations internationales ou à l’intérieur des églises où l’affluence de visiteurs étrangers est importante.
Dans le respect de cette perspective, l’usage des langues vernaculaires et le recours pondéré à des formes d’expression particulières, dans le rite, les temples, les décorations et les chants célébrant l’action eucharistique, qui doit de toute façon rester, toujours et à n’importe quelle latitude, la seule Eucharistie instituée par le Christ [102], peuvent devenir de fécondes et exemplaires expressions de cette nécessité d’une inculturation pour l’évangélisation [103].
Si la reconnaissance de l’interculturalité du mystère célébré doit être une condition pour l’inculturation alors, de par sa nature, toute inculturation implique une continuelle évangélisation de la culture elle-même. Cette dernière ne sera pas sans une inévitable “critique” à l’égard de la culture dans laquelle une communauté chrétienne déterminée se trouve à vivre et à célébrer.
Dans le lien équilibré entre évangélisation et inculturation, assuré par la nature interculturelle de l’Eucharistie, le dialogue interreligieux trouve aussi sa place [104]. Il s’agit d’un moment intrinsèque à la foi de la communauté chrétienne qui est décisif dans un contexte missionnaire, surtout en ce qui concerne le continent asiatique qui est si peuplé. Dans ce domaine, il convient de porter une grande attention aux Églises d’Orient de façon à tirer profit de leur expérience.

II. Dimension anthropologique de l’Eucharistie

Si l’Eucharistie est le don de la rencontre sacramentelle entre l’homme et le Dieu de Jésus-Christ qui rend “vraiment libre” (Jn 8, 36), alors un tel événement possède de par sa nature, une dimension anthropologique fondamentale.
La transformation de l’existence par l’action eucharistique s’exerce d’abord dans la tension des chrétiens à la suite du Christ. Maintes fois, saint Paul affirme que l’existence d’une nouvelle créature s’exprime en Christ (cf. Rm 6, 11; Gal 2, 20) [105]. Dans la communion au Corps et au Sang du Christ, le Deus Trinitas vient à la rencontre de l’homme. Son irruption dans le quotidien offre à l’homme la possibilité de ne pas se faire enfermer dans sa propre finitude et son propre péché.
Ce don personnel s’étend de manière naturelle à la communion entre les chrétiens: l’unité de l’Église est, comme nous l’avons déjà rappelé, la res du sacrement. Comme le documentent les récits du Nouveau Testament concernant la communauté primitive, la genèse sacramentelle assure l’objectivité de la communion qui tend à imprégner tous les aspects spirituels et matériels de l’existence des chrétiens (cf. At 2, 42-44; 4, 32-33) [106].
Doctrine, morale, ascèse et spiritualité ne sont pas l’expression d’une religiosité générique, mais en vertu de leurs racines eucharistiques, elles deviennent articulations unitaires de l’accomplissement du dessein de Dieu sur chaque personne et sur l’histoire tout entière: “faire du Christ le c œur du monde” [107]. De cette façon, toute la vie est conçue comme une vocation et ceci permet cette imitatio Christi témoignée tout au long des siècles par les saints dans leurs différents états de vie. L’existence chrétienne se déroule sur les pas de celle du Maître, étant à la fois tendue vers l’éternité et attentive, de façon responsable et constructive, à chaque aspect de l’histoire [108].
Pour le chrétien, l’annonceet le témoignage, la catéchèse, l’éducation chrétienne personnelle et communautaire, le partage avec l’homme et avec ses expressions faites d’affections , de travail et de repos, jusqu’au fait d’affronter les brûlantes questions anthropologiques qui agitent aujourd’hui l’humanum (amour, mariage, famille, vie, maladie et mort), tout ceux-ci sont des aspects objectivement impliqués dans la célébration eucharistique dominicale. III. Dimension cosmologique de l’Eucharistie

Dans l’action eucharistique qui s’appuie, en dernière analyse, sur l’unité en Jésus-Christ en tant que prêtre, victime et autel, la nouvelle créature est conduite à renouveler continuellement son rapport avec la matière et le cosmos [109]. Saint Paul met en évidence la relation entre le labeur fécond de la nouvelle créature et celui de la nouvelle création (cf. Rm 8, 19-23; 2Co 5, 17). La tribulation anthropologique et le labeur cosmologique sont unis dans la perspective eschatologique toujours imminente. Il est important de souligner la dimension cosmologique de l’Eucharistie, comme le documente depuis l’antiquité l’orientation même du temple chrétien.
La forme eucharistique de l’existence permet d’éviter, à la racine, au moins en principe, deux risques graves qui pourraient compromettre lourdement le rapport entre l’homme et le cosmos.
D’un côté, celui d’un anthropocentrisme exaspéré qui fait de l’homme le maître absolu de la création. Dans la présentation des dons (les fruits de la terre et du travail humain: le pain et le vin auxquels on unit l’eau), il est implicitement exprimé que les protagonistes du rapport entre l’homme et la création ne sont pas simplement deux, la communauté des hommes et le cosmos, mais trois. Confirmant ce qui est déjà contenu dans le deuxième récit de la création (cf. Gn 2, 4b-25), il y a un Troisième élément qui met en relation l’homme et la création: il s’agit de Dieu qui, depuis le début, plaça l’homme dans le “jardin” afin qu’il le cultive et le garde. L’homme et le cosmos sont unis dans l’unique historia salutis conduite par Dieu. Dans la rédemption, le Christ ouvre la perspective de la glorification finale à l’homme et au cosmos, en ramenant définitivement à de plus justes proportions toute prétention anthropocentriste.
De l’autre, le rapport équilibré entre Dieu, l’homme et le cosmos - explicité par l’Eucharistie - exclut tout biocentrisme et tout écocentrisme qui conduit à éliminer la différence ontologique et axiologique existant entre l’homme et les autres êtres vivants [110].
La dimension cosmologique de l’Eucharistie trouve un emblème très significatif dans la vie de saint François d’Assise. Le fameux Cantique de frère soleil apparaît comme une documentation puissante, poétiquement efficace, de la position de l’homme qui vit une existence eucharistiquement déterminée et qui, pour cette raison, sait reconnaître chaque créature dans sa relation avec Dieu: “Soit loué mon Seigneur avec toutes tes créatures”. La conscience de saint François exprime l’attitude de gratitude envers Dieu pour et avec toutes les choses. Gratitude qu’il apprend justement du mystère eucharistique, dont il fut, à son époque, et ce n’est pas un hasard, un chantre et un défenseur formidable, obéissant en cela aux décrets du Concile Latran IV [111].
La dimension communautaire de l’action eucharistique permet, en outre, aux chrétiens de ne pas oublier que la création-cosmos est un bien commun et universel et que l’engagement à son égard s’étend non seulement aux besoins présents, mais également à ceux de l’avenir. C’est pourquoi, la responsabilité envers la création prend la physionomie d’un soin à l’égard de notre demeure qui prolonge, dans un certain sens, le corps et doit trouver d’adéquates traductions aux niveaux éducatif, social et juridique qui en respectent la valeur simultanée de demeure et de ressource [112].
En exprimant le soin pour la demeure du Corps eucharistique et ecclésial de Jésus-Christ, le temple chrétien et, dans ce cadre, la chapelle ou le lieu réservé à la conservation et à l’adoration, avec le tabernacle, peuvent devenir de précieuses ressources éducatives pour l’assemblée ecclésiale en vue d’un rapport correct entre l’homme et la création.

IV. Dimension sociale de l’Eucharistie

Le don total de Soi, assuré eucharistiquement par le Christ à l’homme de tous les temps, est pour le salut de tous. En ce sens, l’Eucharistie est pour le monde. Les Évangiles synoptiques rappellent, dans la parabole décisive du bon grain et de l’ivraie, que l’engagement de celui qui suit le Christ a comme champ le monde (cf. Mt 13, 38). Ainsi, saute aux yeux la manière dont l’Eucharistie possède une dimension intrinsèquement sociale inséparable de celles à caractère cosmologique et anthropologique.
L’histoire de l’Église, riche en œuvres de charité et ferment créatif d’institutions d’importance civile et politique, le documente au travers d’une grande abondance d’éléments. L’occasion pour avoir d’ultérieures confirmations à ce sujet de la part des Églises particulières représentées ici ne manquera certainement pas au cours des travaux de ces jours-ci.
La charité est essentiellement eucharistique [113], tout comme l’Eucharistie est charité [114]. L’aumône que les fidèles accomplissent à l’occasion de la célébration dominicale indique clairement l’importance de ce lien. Parmi les innombrables témoignages de sainteté liés à la charité, nous voulons rappeler celui de la Bienheureuse Thérèse de Calcutta. Son charisme, profondément marqué par le rapport avec le sacrement eucharistique, sut reconnaître l’amour du Christ comme source intarissable de partage à l’égard des mourants les plus misérables et abandonnés. Dans les circonstances actuelles, qui sont marquées par la violente transition de la modernité à une nouvelle configuration géopolitique (la post-modernité?), les urgences sociales auxquelles le chrétien doit faire face qui vit sa propre existence en forme eucharistique, apparaissent particulièrement fortes et différenciées. La mondialisation, la société des réseaux, les nouveaux horizons ouverts par les biotechnologies et le processus d’inévitable melting pot entre peuples et cultures, accompagné malheureusement par des guerres, par le terrorisme et par des violences inhumaines, rendent inévitable l’urgence de justice sociale et de paix.
La situation de pauvreté et souvent de misère endémique, à laquelle est condamnée une grande partie de la population du globe, et surtout en Afrique, constitue une blessure qui juge inexorablement l’authenticité avec laquelle les chrétiens de toute latitude vivent l’Eucharistie. Se réunir chaque dimanche, dans un lieu quelconque de la terre, pour prendre part au même Corps et au même Sang du Christ, impose le devoir d’une lutte tenace contre toutes les formes de marginalisation et d’injustice économique, sociale et politique que subissent nos frères et s œurs, et surtout les enfants et les femmes. Les formes de cette lutte exigent des critères adéquats dérivant du rapport proportionné entre la charité et la justice, rapport que l’Eucharistie a réclamé depuis les temps apostoliques comme nécessaire pour toute vie sociale (cf. 1Co 11, 17-22; Jc 2, 1-6). La communauté chrétienne, consciente de sa nature particulière, doit continuer à chercher les moyens adéquats pour faire face à un mal qui a pris aujourd’hui des dimensions planétaires et qui, plus que jamais, crie vengeance devant Dieu, et ce par le biais d’analyses appropriées et en mettant en œuvre les moyens adaptés (cf. Gn 4, 10). Il apparaît évident que le fait d’affronter une question si importante, comme celle de la justice sociale, ne peut pas être séparé de l’infatigable devoir de poursuivre la paix. Du reste, le rapport entre la paix et l’Eucharistie, bien exprimé dans le rite latin par l’accolade fraternelle précédant la communion, est basé sur l’inébranlable conviction que le “Christ même est notre paix” (Ep 2, 14). La racine eucharistique de l’action du chrétien en faveur de la paix le mettra à l’abri de deux graves menaces. D’un côté, celui du pacifisme utopique, de l’autre celui d’une sorte de Realpolitik qui considère la guerre comme inévitable. La paix, au contraire, est une mission difficile et lourde, qui se trouve toujours devant nous et doit être patiemment poursuivie, chaque jour en notre propre personne et dans tous les rapports, à commencer par les relations familiales, celles concernant les communautés intermédiaires, et jusque dans les relations internationales.
Ces implications sociales décisives de l’action eucharistique demandent la contribution des chrétiens à l’édification d’une société civile, dans les différentes zones culturelles de l’humanité. En se fondant sur les principes de solidarité et de subsidiarité, constitutifs de l’enseignement social de l’Église, les chrétiens promeuvent une société civile qui s’appuie sur la dignité et les droits de la personne, et avant tout sur le droit à la liberté religieuse, et sur les droits de tous les corps intermédiaires, en particulier de la famille.
Par ailleurs, les chrétiens contribuent à la promotion des institutions étatiques et internationales favorisant un bon gouvernement, avec tous les hommes de bonne volonté et dans le respect de la nature, en grande partie plurielle, de la société contemporaine. Outre le fait que ces institutions doivent promouvoir et régler une vie saine au niveau de chaque nation, elles doivent aussi concourir à la nécessité fondamentale de construire un nouvel ordre mondial fondé sur des règles partagées et contraignantes, garantissant à tous les peuples la possibilité d’un développement équilibré et intégral des ressources naturelles et humaines.

CONCLUSION
L’existence eucharistique dans la situation contemporaine

I. Résumé synthétique

Dans la rencontre de liberté que l’action liturgique suggère, l’expérience de l’émerveillement se renouvelle pour l’homme, avec une intensité particulière, depuis deux mille ans dans le rite eucharistique. Et c’est justement dans la réalisation du rite, grâce à la descente du Fils, mort sur la croix et ressuscité à travers le don de l’Esprit, que le Père se montre, se donne et se dit à l’homme. Dans l’eulogie et dans l’Eucharistie, dans l’écoute de la parole et dans la consommation du sacrifice, le fidèle adorateur du vrai Dieu, est admis, après le confiteor, à communier au Corps qui opère la rédemption en vertu de l’événement unique de la Pâque de Jésus, et est aussi envoyé pour témoigner de la rédemption au monde entier.
L’Eucharistie devient simultanément source et sommet de la vie et de la mission de l’Église dans l’action même où elle est célébrée. Ainsi, l’événement pascal, l’Eucharistie et l’Église réalisent la forme concrète à travers laquelle, tout au long de l’histoire, la Trinité vient à la rencontre des hommes pour les sauver.
Les merveilles de la grâce divine sont renfermées dans les espèces sacrées du pain et du vin converties en Corps et en Sang du Christ. En elles, le Fils de Dieu, fait homme, “passo” et ressuscité, reste volontairement livré à l’attente du libre engagement de l’homme. L’Église célèbre ces mystères, s’alimente à cette nourriture céleste et l’adore, reconnaissant en Jésus-sacrement le Chemin à la Vérité et à la Vie.
L’homme, qui accueille ce don par grâce, fait chaque fois une expérience singulière. La miséricorde aimante de la Trinité fait irruption dans la succession mécanique des différents instants de son temps, et elle y opère une discontinuité bénéfique qui le pousse à prendre une décision. S’apercevant alors de l’énorme différence entre la liberté infinie de Dieu qui se donne eucharistiquement et la petitesse de la liberté humaine, le fidèle s’abandonne au Christ, et transforme son existence en offrande vivante.
Cette existence assume une véritable forme eucharistique au niveau personnel et social. La physionomie du chrétien et des communautés de fidèles vit de cette forme eucharistique qui transfigure progressivement les rythmes de l’existence personnelle, tout en contribuant à l’édification d’une vie saine également au niveau social. La naissance, la croissance, l’éducation, l’amour, la souffrance et la mort sont marqués par la puissance eucharistique qui s’articule dans l’ensemble du septénaire sacramentel et, en vertu de l’Eucharistie, la vie des chrétiens et des communautés bénéficie de l’accueil des dons de l’Esprit, de l’augmentation des vertus, de la découverte que les commandements de Dieu, s’ils sont suivis de façon authentique, représentent l’accomplissement de l’amour. Le rapport de l’homme racheté avec le cosmos se renouvelle en profondeur; quand les chrétiens sont poussés, avec une énergie toujours ressuscitante, à un engagement radical en faveur de la justice sociale et de l’édification de la paix.
Surtout dans cette période de tribulations particulières à laquelle se trouvent confrontés toutes les zones culturelles du monde, le chrétien qui vit sa propre existence communautaire en forme eucharistique, devient un infatigable annonciateur et témoin de Jésus-Christ et de Son Évangile dans l’ensemble des domaines de l’existence humaine: du quartier à l’école, du travail au monde de la culture, de l’économie à la politique, en passant par les communications sociales, etc.
Les communautés chrétiennes, fondées eucharistiquement, deviennent des lieux dans lesquels chaque homme peut faire l’expérience que le fait de suivre le Christ conduit à la vie éternelle en offrant le centuple, et ce déjà à l’intérieur de l’histoire (cf. Mt 19, 29). Les femmes et les hommes de toute catégorie, ethnie et culture peuvent, à tout instant de leur vie, rencontrer d’autres hommes et femmes, les chrétiens, qui, en vertu de l’existence eucharistique, se proposent à eux comme compagnons discrets d’un chemin de liberté.

II. Un souhait final

Cette forme eucharistique de la personnalité et de la communauté chrétienne n’est pas une utopie. Elle vit déjà pleinement en Marie, femme eucharistique. Avec son fiat, Marie représente l’emblème du don eucharistique de soi et de l’Église immaculée. Les Pères et le Magistère de l’Église ont toujours souligné l’indissociable rapport entre Marie et l’Église [115]. En la définissant femme eucharistique [116], Jean-Paul II a appelé par son nom la forme de ce rapport. Il fleurit en effet dans la participation tout à fait particulière de la Mère à l’offrande de Soi réalisée par le Fils.
Nous demandons à la Vierge Immaculée et à tous les Saints que les travaux de cette Assemblée Synodale puissent se dérouler à l’horizon bénéfique de cette forme eucharistique.

Notes

[1] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 6.
[2] Cf. ibid., 5-6.
[3] Cf. Jean-Paul II, Redemptor hominis 10.
[4] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 6: “cette ‘ admiration’ eucharistique, dans la ligne de l’héritage du Jubilé”.
[5] Cf. Missale Romanum, Oratio Post Communionem, I Dominica Adventus.
[6] Gaudium et spes 22.
[7] Cf. Gaudium et spes 14.
[8] Saint Thomas nous rappelle qu’avec le baptême, l’homme est renouvelé en Jésus-Christ (regeneratur in Christo), alors qu’avec l’Eucharistie l’homme perfectionne son union avec le Christ (perficitur in unione ad Christum). “Voilà pourquoi le baptême est dénommé ‘le sacrement de la foi’ (sacramentum fidei), qui est le fondement de la vie spirituelle, l’Eucharistie est appelée ‘le sacrement de la charité’ (sacramentum caritatis) qui est ‘le lien parfait’ (vinculum perfectionis) selon saint Paul (Col 3,14)”, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 73, a. 3.
[9] Cf. Saint Augustin, Commentaire à l’Évangile de saint Jean 69, 2.
[10] “Où se trouve le ‘Peuple de Dieu’ dont on a tant parlé et dont on parle encore aujourd’hui, où est-il? Cette entité ethnique sui generis qui se distingue et se qualifie par son caractère religieux ou messianique (ou si vous le voulez sacerdotal et prophétique),qui converge totalement vers le Christ, comme son centre focal, et qui dérive totalement du Christ? Comment est-il assemblé? Comment est-il caractérisé? Comment est-il organisé? Comment exerce-t-il sa mission idéale et tonifiante dans la société au sein de laquelle il est immergé? Nous savons bien que le peuple de Dieu a maintenant historiquement un nom qui est plus familier pour tous, à savoir celui d’Église”, Paul VI, Audience générale, 23 juillet 1975.
[11] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 5.
[12] “Dans l’Eucharistie, se tout le mystère de notre salut résume (totum mysterium nostrae salutis comprehenditur)”, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 83, a. 4. “L’Eucharistie est la plus grande de toutes les merveilles faites par le Christ, l’admirable document de son immense amour pour les hommes”, saint Thomas, Opusc. 57, dans la Fête du Corpus Domini.
[13] “Réunis dans le jour du Seigneur, le dimanche, rompez le pain et rendez grâces après avoir confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur”, Didachè 14, 1. En outre, cf. Saint Justin, I Apologia 67.
[14] Sacrosanctum Concilium 9.
[15] Dei Verbum 4: “Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu, “en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils” (Héb. 1, 1-2). Il a envoyé en effet son Fils, le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour qu’il demeurât parmi eux et leur fit connaître les secrets de Dieu (cf. Jean 1, 1-18). Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair, “homme envoyé aux hommes”, “prononce les paroles de Dieu” (Jean 3, 34) et achève l’ œuvre de salut que le Père lui a donnée à faire (cf. Jean 5, 36; 17,4). C’est donc lui - le voir, c’est voir le Père (cf. Jn 14,9) - qui, par toute sa présence, et par la manifestation qu’il fait de lui-même par paroles et œuvres, par signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, par l’envoi enfin de l’Esprit de vérité, achève en la complétant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle”.
[16] Saint Thomas, In I Sent., Prol.: “Ego sapientia effudi flumina” Sir 24, 40 - Venit Filius et illa flumina olim occulta effudit nomen Trinitatis publicando”.
[17] Jean-Paul II, Lettre aux Prêtres pour le Jeudi Saint 2005 n̊1.
[18] Jean-Paul II, Fides et ratio 13: “On est renvoyé là, d’une certaine façon, à la perspective [ratio] sacramentelle de la Révélation et, en particulier, au signe eucharistique dans lequel l’unité indivisible entre la réalité et sa signification permet de saisir la profondeur du mystère. Dans l'Eucharistie, le Christ est véritablement présent et vivant, il agit par son Esprit, mais, comme lavait bien dit saint Thomas, “tu ne le comprends ni ne le vois; mais la foi vive, elle, l’affirme, en dépassant la nature. Par-dessous, la double apparence, signe elle-même d’autre chose, vit la réalité sainte”. Le philosophe Pascal lui fait écho: “Comme Jésus Christ est demeuré inconnu parmi les hommes, ainsi sa vérité demeure parmi les opinions communes, sans différence à l’extérieur. Ainsi l'Eucharistie parmi le pain commun”.
[19] Cf. Instrumentum laboris n. 25.
[20] “Avec ses disciples, Il a célébré la cène pascale d’Israël, le mémorial de l’action libératrice de Dieu qui avait conduit Israël de l’esclavage à la liberté”, Benoît XVI, Homélie de la Sainte Messe pour la célébration de la XX journée Mondiale de la Jeunesse sur l’Esplanade de Marienfeld (21 août 2005).
[21] Ibidem.
[22] Instrumentum laboris, Préface.
[23] Prière eucharistique III.
[24] Cf. Thomas, Summa Theologiae III, q. 63, a. 6; q. 65, a. 3; q. 75, a. 1 et a. 3. En outre, cf. Jean-Paul II, Redemptor hominis 20.
[25] “Mener une vie fondée sur les sacrements, animée par le sacerdoce commun, signifie surtout, en effet, de la part du chrétien, désirer que Dieu agisse en lui pour le faire parvenir, dans l'Esprit, ‘à la plénitude du Christ’ (28). Dieu, de son côté, ne l’atteint pas seulement à travers les événements et par sa grâce intérieure, mais il agit en lui, avec une certitude et une force plus grandes, au moyen des sacrements. Ceux-ci donnent à sa vie un style sacramentel. Eh bien, parmi tous les sacrements, c’est la Sainte Eucharistie qui porte à la plénitude son initiation de chrétien, et qui confère à l’exercice du sacerdoce commun la forme sacramentelle et ecclésiale qui le relie [...] à celui du sacerdoce ministériel. Le culte eucharistique est ainsi le centre et le but de toute la vie sacramentelle (Cf. AG, 9 et 13; PO, 5)”, Jean-Paul II, Dominicae Cenae 7.
[26] Prière eucharistique II.
[27] “Tu permets à l’Église du Christ de célébrer des mystères ineffables dans lesquels notre petitesse de créatures mortelles se sublime dans un rapport éternel, et notre existence dans le temps commence à fleurir dans la vie sans fin”, Préface de la XIXièmee Semaine Per Annum du Missel Ambroisien.
[28] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique 1402-1405.
[29] Prière Eucharistique I: “Nous t'en supplions, Dieu tout-puissant: qu'elle soit portée par ton ange en présence de ta gloire, sur ton autel céleste, afin qu'en recevant ici, par notre communion à l'autel, le corps et le sang de ton Fils, nous soyons comblés de ta grâce et de tes. bénédictions.”. En outre, cf. Sacrosanctum Concilium 8.
[30] Cf. Institutio Generalis Missalis Romani (20 avril 2000) 379-385.
[31] Cf. Paul VI, Mysterium fidei 35-46; Catéchisme de l’Église Catholique 1373-1381; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 15.
[32] Les textes de saint Marc et de saint Matthieu (Mc 14, 22-24; Mt 26, 26-28) se réfèrent à l’alliance sinaïtique (Cf. Ex 24, 8),alors que ceux de saint Luc et de saint Paul (Lc 22, 19-20; 1Co 11, 23ss) se réfèrent à la promesse d’une nouvelle alliance (Cf. Jr 31, 31-34). En ce qui concerne le magistère, cf.: Concile de Trente, Sessio XXII. Doctrina de Ss. Missae sacrificio, DS 1738-1759; Pie XII, Mediator Dei, Partie II; Paul VI, Mysterium fidei, 27-32; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 12-13.
[33] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 13.
[34] Cf. Sacrosanctum Concilium 14.
[35] “Si vous ne mangez- dit-il - la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie e vous”“ (Jn 6, 53). “On dirait qu’il commande un crime ou une action absolument répugnante. En réalité, il s’agit d’une expression figurée avec laquelle il commande de participer à la passion du Seigneur”, saint Augustin, La doctrine chrétienne, III, 16, 24.
[36] “Que l’Esprit Saint vienne donc, et le feu après l’eau, de façon à ce que vous puissiez devenir pain, c’est-à-dire corps du Christ”, saint Augustin, Discours, 227, 1. “Ceci est le sacrifice des chrétiens, c’est-à-dire être nombreux et un seul corps en le Christ. L’Église célèbre ce mystère avec le sacrement de l’autel que les fidèles connaissent bien et dans lequel il est évident que, dans la chose qui s’offre est elle-même offerte”, saint Augustin, La città di Dio, X, 6.
[37] L’Eucharistie devient l’image de l’unité de l’Église comme le pain dérive de nombreuses graines qui, moulues ensemble, forment une seule chose, Cf. Didachè, 9, 4; saint Augustin, Commentaire à l’Évangile de saint Jean, 26, 17.
[38] “Ce que nous consacrons c’est le corps né de la Vierge”, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 75, a. 4 qui cite explicitement le De Sacramentis de saint Ambroise. Cf. Également Pascasio Radberto, De corpore et sanguine Domini, VII: “Quibus modis dicitur corpus Christi”: CChCM, 16, 37-40.
[39] “La vertu propre de ce pain est l’unité, dans le sens que, transformé dans le corps du Christ, devenus ses membres, nous sommes ce que nous recevons. Alors seulement, il sera vraiment notre pain quotidien”, saint Augustin, Discours, 57, 7, 7.
[40] Congrégation pour il Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 19-25.
[41] Institutio Generalis Missalis Romani (20 avril 2000) 22.
[42] Sacrosanctum Concilium 57.
[43] Cf. Sacrosanctum Concilium 122-129;Congrégation Sacrée des Rites, Inter Oecumenici 90-99; Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum Mysterium 24, 52-57; Congrégation pour le Culte Divin, Liturgiae instaurationes 70; Catéchisme de l’Église Catholique 1179-1186; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 49.
[44] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 21-23.
[45] Outre l’importante invitation d’Unitatis redintegratio 22, nous nous limitons à rappeler ici les principaux documents des différents dialogues interconfessionnels sur l’Eucharistie. Cf. Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, Le mystère de l’Église et de l’Eucharistie à la lumière du mystère de la sainte trinité (Monaco 30 juin - 6 juillet 1982), dans Enchiridion Oecumenicum 1/2183-2197; Commission Internationale Anglicane Catholique Romaine, Doctrine sur l’Eucharistie: Déclaration de Windsor 1971, dans Enchridion Oecumenicum 1/16-28; Conseil Consultatif Anglican - Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, L’Église comme communion (Déclaration conjointe 1990), in Enchiridion Oecumenicum 3/ 38-106; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (1993), in Enchiridion Oecumenicum 3/107-124; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (Déclaration des co-présidents, 1994), Enchiridion Oecumenicum 3/305-314; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (Lettera del card. Cassidy ai copresidenti dell’ARCIC II, 1994), in Enchiridion Oecumenicum 3/ 315-317; Gemeinsame römisch-katholische/evangelisch-lutherische Kommission, Das Herrenmahl (1978), in Enchiridion Oecumenicum 1/1207-1307; Commissione mista di studio catholique romana - riformata, Rapport officiel du dialogue (1979-1977) sur La presenza di Christ nella Chiesa nel mondo, Roma, mars 1977, in Enchiridion Oecumenicum 1/2383-2408; Commissione Fede e Costituzione del Consiglio ecumenico delle chiese, One baptism, one Eucharist and a Mutually Recognized Ministry. Three agreed statements, Accra 23 juillet- 5 août 1974, in Enchiridion Oecumenicum 1/2860-3031; Id., Baptism, Eucharist and Ministry (Documento di Lima), in Enchiridion Oecumenicum 1/3032-3181; Secrétariat pour l’union des chrétiens, “Baptism, Eucharist and Ministry”, Faith and Order Paper n. 111 (BEM). A catholic response (21 juillet 1987), in Enchiridion Vaticanum 10/1914-2078.
[46] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Communionis notio (28 mai 1992) 17.
[47] “Même si nous ne trouvons pas encore un accord sur la question de l'interprétation et de la portée du ministère pétrinien, nous sommes cependant ensemble dans la succession apostolique, nous sommes profondément unis les uns aux autres pour le ministère épiscopal et pour le sacrement du sacerdoce et nous confessons ensemble la foi des Apôtres, telle qu'elle nous est donnée dans l'Ecriture et telle qu'elle est interprétée par les grands Conciles. En cette heure du monde, pleine de scepticisme et de doutes, mais également riche du désir de Dieu, nous reconnaissons à nouveau notre mission commune de témoigner ensemble du Christ Seigneur et, sur la base de cette unité qui nous est déjà donnée, d'aider le monde afin qu'il croie. Et nous supplions le Seigneur de tout notre c œur pour qu'il nous guide à la pleine unité, de façon à ce que la splendeur de la vérité, qui elle seule peut créer l'unité, devienne à nouveau visible dans le monde”, Benoît XVI, Homélie en la Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin 2005).
[48] Voici ce que dit le Concile Vatican II: “Deux principes règlent principalement cette ‘communicatio’: exprimer l’unité de l’Église; faire participer aux moyens de grâce. Elle est, la plupart du temps, empêchée du point de vue de l’expression de l’unité; la grâce à procurer la recommande quelquefois”, Unitatis redintegratio 8. En outre, cf.: Orientalium Ecclesiarum 26-29; Secretariatus ad christianorum unitatem fovendam, Directorium ad ea quae a Concilio Vaticano II de re oecumenica promulgata sunt exsequenda, Pars prima Ad totam Ecclesiam (14 mai 1967); Pars altera Spiritus Domini (16 aprile 1970); Instructio In quibus rerum circumstantiis de peculiaribus casibus admittendi alios christianos ad communionem eucharisticam in Ecclesia catholique (1 giugno 1972); Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité dei Chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’Oecuménisme III (25 mars 1993); Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 43-46.
[49] Catéchisme de l’Église Catholique 1327: “Bref, l’Eucharistie est le résume et la somme de notre foi: “Notre manière de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et l’Eucharistie en retour confirme notre manière de penser” (Saint Iréné de Lyon, Adversus haereses, 4, 18, 5)”.
[50] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 44.
[51] Cf. Codex Iuris Canonici 844; Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium 671; Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité dei Chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’Oecuménisme nos. 123-125, 130-132. “Dans ce cas en effet, l’objectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de ces personnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont pas pleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale”, Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 45.
[52] Cf. Jean-Paul II, Ut Unum sint 46.
[53] Sacrosanctum Concilium 56: “Les deux parties qui constituent en quelque sort la messe, c’est-à-dire la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles qu’elles constituent un seul acte de culte”.
[54] La délicatesse et l’extraordinaire importance de la question devraient donner lieu, au sein de l’actuelle Assemblée Synodale, à une ample confrontation vouée à recueillir et à valoriser les plus différents témoignages concernant la préparation, les contenus et les modalité de communication propres à l’homélie.
[55] Il est important de signaler, concernant le rapport entre l’Écriture et l’Eucharistie, le fait que la célébration sacramentelle constitue le contexte paradigmatique de la lecture de l’Écriture Sacrée et de son interprétation.
[56] “Habens ergo novus sacerdos, non iam vetus Melchisedech, neque natus caro de carne, non de sudore suo, neque de terra, cui misere et multiplicate servit; sed novus Iesus natus de Spiritu spiritus, de donis ac datis divinis, de coelo coelestem hostiam carnis et sanguinis offert, dicens, non ut prius timide, neque hostiam servitutis, sed cum exsultatione et laetitia”, Isacco della Stella, Epistola De officio missae: PL 194, 1894 B-C.
[57] Cf. Paul VI, Mysterium fidei 26-34; Catéchisme de l’Église Catholique 1362-1372; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 12-13.
[58] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique 1384-1390; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 16-17.
[59] “La victime à tuer n’est plus choisie parmi les troupeaux des animaux; aux autels sacrés, l’on ne conduit plus les brebis ou les chèvres: le sacrifice de nos jours est désormais le corps et le sang du Prêtre même. Certainement, déjà à l’époque des Psaumes, on avait prophétisé à son sujet: “Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech” (Ps 109, 4)”, saint Augustin, Discours 228/B, 1. “Il fut d’abord consommé par ses mains au cours de la cène mystique, lorsque justement il prit le pain et le rompit, et puis par la croix, lorsqu’il y fut crucifié. À ce moment-là, une fois la dignité du sacerdoce reçue, ou mieux, vu qu’il l’a possédait déjà, en la réalisant même de par son œuvre, il consomma le sacrifice qui devait être offert pour nous”, Esichio de Jérusalem, Commentaire au Lévitique, 1, 4.
[60] “C'est pourquoi nous aussi, tes serviteurs, et ton peuple saint avec nous, faisant mémoire de la passion bienheureuse de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, de sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension dans le ciel, nous te présentons, Dieu de gloire et de majesté, cette offrande prélevée sur les biens que tu nous donnes, le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et coupe du salut”, Prière eucharistique I.
[61] Cf. Pierre Damien, Liber qui appellatur, Dominus vobiscum, X: PL 144, 238 D - 239 A.
[62] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, 1076.
[63] Cf. Cyrille de Jérusalem, Catéchèse mystagogique, 5, 7.
[64] “[...] ut omnes in Christo unum simus [Gal 3, 38]. [...] Unitas Ecclesiae ex personis innumerabilibus, diversi sexus, diversae conditionis, diversi ordinis, diversaeque professionis, multis modis solet significari. Hoc autem loco ab Apostolo significatur per unitatem panis et unitatem corporis”, Baudouin de Ford, Il sacremento dell’altare, II, 4: SC 94, 362. En outre, cf. Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la Pentecôte, 1, 4.
[65] Cf. Congrégation Sacrée pour le Rite, Eucharisticum mysterium (25 mai 1967) 31-41; Congrégation Sacrée pour la Discipline des Sacrements, Immensae caritatis (29 janvier1973); Congrégation Sacrée pour le Culte Divin, Eucharistiae sacramentum (21 juin 1973) 13-78; Congrégation Sacrée pour les Sacrements et le Culte Divin, Inaestimabile donum (3 avril 1980) 1-19; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 80-107.
[66] “Novum plane quod carnis Dominicae substantia, in aliena specie sumpta, sanctificationis virtutem animae confert”, Gilberto di Hoyland, In cantica. Sermo VIII, 8: PL 184, 46 D.
[67] “Grand et vraiment ineffable est le sacrement, dans lequel nous mangeons vraiment ta chair et nous buvons vraiment ton sang: mystère qui inspire épouvante et tremblement, don la hauteur repousse le regard humain qui a l’intention de le scruter. [...] Que le sacrifice de notre rédemption, pour l’exercice de mon ministère, se dilate par ta compassion et ton don jusqu’à donner le salut à tous les fidèles, vivants et morts”, Jean de Fécamp, Confession théologique, III partie, 28.
[68] Cf. Congregatio pro Clericis et Aliae, Instr. Ecclesiae de Mysterio (15 août 1997); Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directorium de celebrationibus dominicalibus absente presbytero (2 juin 1988).
[69] Le diocèse, comme nous l’apprend le Concile Vatican II, est cette “portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur: ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le Saint-Esprit grâce à l’Évangile et à l’Eucharistie, constitue une église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique”, Christus Dominus 11.
[70] Cf. Règle de saint Benoît 62, 1.
[71] La tradition théologique et magistérielle a fait recours à la catégorie de transsubstantiation également pour exprimer de façon plus adéquate cet aspect essentiel de la foi eucharistique. Cf. Concile de Trente, Sessio XIII. Decretum de Ss. Eucharistia, DS 1642 e 1652; Paul VI, Mysterium fidei 40 e 47; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 15.
[72] Cf. XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques: L’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. Lineamenta 60.
[73] Saint Augustin peut ainsi dire “personne ne mange de cette chair sans l’avoir d’abord adorée”, et ajouter que si l’on mange de cette chair sans l’adorer, on commet un péché, Cf. Saint Augustin, Relation sur les Psaumes 98, 9.
[74] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 25: “Le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Messe est d'une valeur inestimable dans la vie de l'Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe – présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin – découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et spirituelle. [...]. Il revient aux pasteurs d'encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint-Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l'art de la prière »,(NMI 32) comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement?”.
[75] Benoît XVI, Homélie de la Sainte Messe pour la célébration de la XX Journée Mondiale de la Jeunesse sur l’esplanade de Marienfeld (21 août 2005).
[76] Cf. Codex Iuris Canonici 938.
[77] Cf. Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum mysterium (25 mai 1967) 49-67; Sacra Congregatione pro Cultu Divino, Eucharistiae sacramentum (21 juin) 1-12, 79-112; Sacra Congregatio pro Sacramentis et Cultu Divino, Inaestimabile donum (3 avril 1980) 20-27; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 129-145.
[78] “La présence eucharistique du Christ - son ‘je suis avec vous’ de portée sacramentelle ‘- permet à l’Église de découvrir toujours plus profondément son propre mystère, comme l’atteste toute l’ecclésiologie du Concile Vatican II: pour celui-ci, ‘l’Église (est), dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (LG 1). Comme sacrement, l’Église se développe à partir du mystère pascal du ‘départ’ du Christ, en vivant sa ‘venue’ toujours nouvelle par l’Esprit Saint qui accomplit sa mission même de Paraclet, Esprit de vérité”, Jean-Paul II, Dominum et vivificantem 63.
[79] Jean-Paul II, Mane Nobiscum Domine 18: “Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l'Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde”.
[80] “Qui s’approche de l’Eucharistie en état de péché est pire que le diable”, Jean Chrysostome, Homélie sur l’Évangile de Matthieu, 82, 6. “C’est pourquoi, partout est respecté le déroulement ordonné du mystère: d’abord, on soigne les blessures par le biais de la rémission des péchés, après quoi l’aliment de la sainte table est donnée en abondance”, saint Ambroise, Relation de l’Évangile selon saint Luc, 6, 71.
[81] Cf. Concile de Trente, Sessio XIII. Decretum de Ss. Eucharistia, DS 1661.
[82] Cf. Jean-Paul II, Reconciliatio et Paenitentia 17 et 27; Catéchisme de l’Église Catholique 1385.
[83] “Tout médicament n’est pas forcément adapté à toute maladie. [...] De la même façon, le baptême et la pénitence sont comme des médicaments épuratifs (medicinae purgativae) qui s’administrent afin d’enlever la fièvre du péché. L’Eucharistie est, au contraire, un reconstituant (un médicament qui conforte) qui ne doit être concédé qu’à ceux qui sont déjà libérés du péché”, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 80, a. 4, ad 2um.
[84] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique 1449-1460.
[85] Jean-Paul II, Redemptor hominis 20: “Sans cet effort constant et toujours repris pour la conversion, la participation à l’Eucharistie serait privée de sa pleine efficacité rédemptrice; en elle ferait défaut ou du moins se trouverait affaiblie la disponibilité particulière à offrir à Dieu le sacrifice spirituel dans laquelle s’exprime de manière essentielle et universelle notre participation au sacerdoce du Christ”.
[86] Cf. Jean-Paul II, Familiaris consortio 84; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l’Église Catholique concernant la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés, 14 septembre 1994.
[87] Cf. Jean-Paul II, Familiaris consortio 57.
[88] Jean-Paul II, Mulieris dignitatem 26: “Nous nous trouvons au centre même du mystère pascal qui révèle pleinement l’amour sponsal de Dieu. Le Christ est l’Époux parce qu’“il s’est livré lui-même”: son corps a été “livré”, son sang “versé” (cf. Lc 22, 19.20). C’est ainsi qu’il “aima jusqu’à la fin” (Jn 13, 1). Le “don désintéressé” que comprend le sacrifice de la Croix fait ressortir d’une manière décisive le sens sponsal de l’amour de Dieu. Le Christ est l’Époux de l’Église, comme Rédempteur du monde. L’Eucharistie est le sacrement de notre Rédemption. C’est le sacrement de l’Époux, de l’Épouse. L’Eucharistie rend présent et réalise à nouveau sacramentellement l’acte rédempteur du Christ qui “crée” l’Eglise, son corps. (...) Dans l’Eucharistie s’exprime avant tout sacramentellement l’acte rédempteur du Christ-Époux envers l’Église -Épouse. Cela devient transparent et sans équivoque lorsque le service sacramentel de l’Eucharistie, où le prêtre agit “in persona Christi”, est accompli par l’homme. En outre, cf. Concile de Trente, Sessio XXII. Decretum de Missa, DS 1740; Catéchisme de l’Église Catholique 1617.
[89] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l’Église Catholique concernant la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés (14 septembre 1994) 7-8.
[90] Cf. Conseil Pontifical pour l’Interprétation des Textes Législatifs, Dignitas connubii, 25 janvier 2005.
[91] Après la communion, dans le rite byzantin, le prêtre implore: “O notre très sainte Pâque, Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, faite que nous puissions participer à toi d’une façon encore plus parfaite, dans la lumière inépuisable de ton Règne à venir”, La Liturgie de saint Jean Chrysosthome, Ed. des Bénédictins de Chèvetogne, 19574, 60.
[92] “Si tu t’assieds à la table d’un grand, prends bien garde à ce qui est devant toi; mets un couteau sur ta gorge si tu es gourmand” (Pr 23, 1-2). Vous savez quelle est la table du Puissant, sur elle est déposé le corps et le sang du Christ. Celui qui s’approche de cette table doit s’apprêter à restituer. Et que signifie, s’apprêter à restituer? Cela que, comme le Christ a offert sa vie pour nous, nous devons, nous aussi, donner nos vies pour nos frères afin d’édifier le peuple et de le confirmer dans la foi”, saint Augustin, Commentaire à l’Évangile de saint Jean, 47, 2.
[93] Jean-Paul II, Mane nobiscum Domine 24-25: “entrer en communion avec le Christ dans le mémorial de la Pâque signifie en même temps faire l'expérience de la nécessité de se faire missionnaires de l'événement actualisé dans ce rite. L'envoi à la fin de chaque Messe constitue une consigne qui pousse le chrétien à s'engager pour la diffusion de l'Évangile et pour l'animation chrétienne de la société. Pour une telle mission, l'Eucharistie ne procure pas seulement la force intérieure, mais aussi —en un sens— le projet. Elle est en effet une manière d'être qui, de Jésus, passe chez le chrétien et, par le témoignage de ce dernier, vise à se répandre dans la société et dans la culture.
[94] “On doit donc toujours tenir à l’esprit que la parole de Dieu, lue par l’Église et annoncée au cours de la liturgie, porte en quelque sorte, comme à sa fin même, au sacrifice de l’alliance et au repas de la grâce, c’est-à-dire à l’Eucharistie. C’est pourquoi la célébration de la Messe, au cours de laquelle la parole est écoutée et où est offerte et reçue l’Eucharistie, constitue un acte unique de culte divin, au travers duquel est offert à Dieu le sacrifice de louange et vient communiqué à l’homme la plénitude de la rédemption”, Ordo Lectionum Missae 10.
[95] “Certains cependant, par ignorance ou même par simplicité d’âme ne répète pas lors de la consécration du calice et lors de la distribution de l’Eucharistie ce que Jésus-Christ, notre Seigneur et Dieu, a fait et a prescrit de répéter. J’ai donc tenu pour nécessaire et conforme à la pitié chrétienne de t’écrire une lettre à ce propos, même si quelqu’un commet encore cette erreur afin qu’il puisse découvrir la vérité dans toute sa lumière et puisse retourner aux origines de l’enseignement divin”, Cyprien, Lettre “De sacrement calicis Dominici”, 63, 1. Cf. également Basilio, Sullo Spirite Santo, 27, 66.
[96] Cf. Sacrosanctum Concilium 11.
[97] Cf. Sacrosanctum Concilium 14.
[98] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 43-47.
[99] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 117-128.
[100] Il est opportun de rappeler que l’ars celebrandi nécessite de lieux paradigmatiques de référence qui puissent aider l’ensemble du peuple chrétien. À ce propos, il est opportun de rappeler l’importance des célébrations des Évêques dans les Églises Cathédrales (Cf. Institutio Generalis Missalis Romani [20 avril 2000] 22), et la fonction particulière qui peuvent avoir les instituts de vie consacrée, et surtout les communautés monastiques (Cf. Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte 32-34; Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, Instruction Repartir du Christ 8, 25-26, 31).
[101] Cf. Ad gentes 22; Congrégation du Culte Divin, Varietates legitimae (25 janvier 1994); Jean-Paul II, Redemptoris missio 25, 52-54, 76, 85; Id., Fides et ratio 61e 72; Id., Ecclesia de Eucharistia 51.
[102] C’est dans cette direction que va la recommandation du Sacrosanctum Concilium 38: “Pourvu que soit sauvegardée l’unité substantielle du rite romain, on admettra des différences légitimes et des adaptations à la diversité des assemblées, des régions, des peuples, surtout dans les missions, même lorsqu’on révisera les livres liturgiques; et il sera bon d’avoir ce principe devant les yeux pour aménager la structure des rites et établir les rubriques”.
[103] Voir à ce propos, le Missel romain pour les Diocèses du Zaïre et l’approbation de l’Ordo Missae pour l’Inde. Des tentatives en ce sens ont été faites également en Amérique Latine.
[104] Cf. Jean-Paul II, Redemptoris missio 52-55.
[105] “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui” (Jn 6,56). Manger de cette nourriture et boire cette boisson, veut dire demeurer dans le Christ et l’avoir toujours en nous”, saint Augustin, Commentaire à l’Évangile de saint Jean, 26,18.
[106] Comme le dit la Lettre à Diognète: “Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par la région, ni par la langue, ni par leur habillement. En effet, ils n’habitent pas de cités propres, n’utilisent pas de langue qui les différencie, et ne conduisent pas un genre de vie spécial. Leur doctrine ne repose pas sur la découverte de la pensée d’hommes multiformes pas plus qu’ils n’adhèrent à un courant philosophique humain, comme d’autres le font. Ils vivent dans les cités grecques et barbares selon leur naissance et adoptent les coutumes du lieu pour le vêtement, la nourriture et, pour le reste, ils témoignent d’un mode de vie social admirable et indubitablement paradoxal. Ils vivent dans leur patrie mais comme des étrangers, ils participent à tout comme des citoyens mais sont détachés de tout comme des étrangers. Toute patrie étrangère est la leur et toute patrie leur est étrangère” Lettre à Diognète V, 1-5.
[107] Liturgie des Heures, Lundi de la Deuxième Semaine, Vêpres, Antienne 3.
[108] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n. 20: “Une autre conséquence significative de cette tension eschatologique inhérente à l'Eucharistie provient du fait qu'elle donne une impulsion à notre marche dans l'histoire, faisant naître un germe de vive espérance dans le dévouement quotidien de chacun à ses propres tâches. En effet, si la vision chrétienne porte à regarder vers les “cieux nouveaux” et la “terre nouvelle” (cf. Ap 21, 1), cela n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de la responsabilité envers notre terre. (...) Proclamer la mort du Seigneur “jusqu'à ce qu'il vienne” (1 Co 11, 26) implique, pour ceux qui participent à l'Eucharistie, l'engagement de transformer la vie, pour qu'elle devienne, d'une certaine façon, totalement “eucharistique”. Ce sont précisément ce fruit de transfiguration de l'existence et l'engagement à transformer le monde selon l'Évangile qui font resplendir la dimension eschatologique de la Célébration eucharistique et de toute la vie chrétienne: “Viens, Seigneur Jésus!” (Ap 22, 20).
[109] Jean Damascène, suivi par la tradition orthodoxe, n’hésita pas à affirmer: “Et j’honore et je traite avec vénération la matière au travers de laquelle a été réalisé mon salut”, Jean Damascène, Orationes de imaginibus I, 16.
[110] Cf. Jean-Paul II, Discours aux participants à un congrès sur l’environnement et la santé, 24 mars 1997, n̊5.
[111] Cf. François d’Assise, Première admonition: “O fils d’homme, jusqu’où irez-vous dans l’insulte à ma gloire (Ps 4,3)? Pourquoi ne connaissez-vous pas la vérité et ne croyez-vous pas au Fils de Dieu (cf. Jn 9,35)? Chaque jour, il s’humilie (cf. Ph 2,8), comme quand des trones royaux (Sg 18,15) descendit dans le sein de la Vierge; chaque jour, il vient à nous sous d’humbles apparences; chaque jour, il descend du sein du Père (cf. Jn 1,18; 6, 38) sur l’autel par les mains du prêtre. Et, comme aux saints apôtres il apparut dans sa vraie chair, ainsi il se montre à nous dans le pain sacré. Et comme eux voyaient seulement sa chair avec leurs yeux corporels mais le croyaient Dieu, parce qu’ils le contemplaient avec les yeux de l’esprit, nous aussi, en voyant avec les yeux de notre corps le pain et le vin, nous devons voir et croire fermement qu’ils sont son très saint corps et sang vivant et vrai. De telle manière, le Seigneur est toujours avec ses fidèles, comme il l’a dit: “Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde”, Fonti Francescane, Edizioni Messaggero, Padova 1980, 138.
[112] Cf. Jean-Paul II, Discours aux participants à un congrès sur l’environnement et la santé, 24 mars 1997, n. 2.
[113] Jean-Paul II, Dominicae Cenae 5: “Le culte eucharistique constitue l'me de toute la vie chrétienne. Si, en effet, la vie chrétienne s’exprime dans l’accomplissement du plus grand commandement, c’est-à-dire dans l’amour de Dieu et du prochain, cet amour trouve sa source justement dans le très saint sacrement qui est communément appelé: le sacrement de l'amour. L'Eucharistie signifie cette charité et c’est pourquoi elle la rappelle, la rend présente et la réalise également”.
[114] “Vous le savez bien aussi, Vénérables Frères, l'Eucharistie est gardée dans les églises et les oratoires comme centre spirituel de la communauté religieuse et paroissiale, et encore de l'Eglise universelle et de l'humanité entière, parce que sous le voile des saintes espèces elle contient le Christ, Chef invisible de l'Eglise, Rédempteur du monde, centre de tous les cœurs, "par qui tout existe et nous-mêmes par lui” (1Co 8, 6). Par suite le culte eucharistique porte avec force les âmes à développer l'amour " de société ", en vertu duquel nous préférons le bien commun au bien particulier, faisons nôtre la cause de la communauté, de la paroisse, de l'Eglise universelle, et étendons la charité au monde entier, sachant que partout il v a des membres du Christ”, Paul VI, Mysterium fidei, 68 et 69.
[115] Cf. Lumen gentium 52-69.
[116] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 53-58.

[00009-03.26[NNNNN] [Texte original: latin]

AVIS

CONFERENCE DE PRESSE
BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES
POOL POUR LA SALLE DU SYNODE
BULLETIN
HORAIRE D’OUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIEGE

CONFERENCE DE PRESSE

La première Conférence de Presse sur les travaux synodaux (avec traduction simultanée en italien, anglais, français, castillan et allemand) aura lieu dans la salle Jean-Paul II du Bureau de Presse du Saint-Siège aujourd’hui lundi 3 octobre 2005 à 12h45.

Les opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) et photoreporters sont priés de s’adresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales afin d’obtenir l’autorisation d’accès.

Les opérateurs de communicatuion audiovisuelle admis sont priés de se trouver dans la salle Jean-Paul II 30 minutes avant le début de la Conférence de Presse, les photoreporters admis 15 minutes avant. Les journalistes sont invités à prendre place dans la salle 5 minutes avant l’horaire d’ouverture de la Conférence de Presse.

Les Pères synodaux suivants y participeront:

-S. Ém. le Card. Angelo SCOLA, Rapporteur Général
- S. Exc. Mgr Luis Antonio G. Tagle, Évêque d’Imus (Philippines)
- S. Exc. Mgr Juan Matogo Oyana, C.M.F., Évêque de Bata (Guinée Équatoriale)
- S. Exc. Mgr Pierre-Antoine Paulo, O.M.I., Archevêque coadjuteur de Port-et-Paix (Haïti)

BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES

Le premier briefing pour les groupes linguistiques aura lieu demain, mardi 4 octobre 2005, à 13h10, en conclusion de la Troisième Congrégation Générale du matin (dans les lieux de briefing et avec les Attachés de Presse indiqués dans le Bulletin N.2).
Nous rappelons aux opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) qu’ils sont priés de s’adresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales afin d’obtenir l’autorisation d’accès (très limitée).

POOL POUR LA SALLE DU SYNODE

Le prochain pool pour la Salle du Synode sera formé pour la prière d’ouverture de la Troisième Congrégation Générale de mardi 4 octobre 2005.
Les listes d’inscription aux pools sont à la disposition des rédacteurs au Bureau Informations et Accréditations du Bureau de Presse du Saint-Siège (à l’entrée à droite).
Nous rappelons aux opérateurs de communication télévisuelle (cameramen et techniciens) ainsi qu’aux photoreporters qu’ils sont priés de s’adresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales pour participer au pool dans la Salle du Synode.
Les participants aux pools sont priés de se trouver à 08h30 dans le Secteur Presse, à l’extérieur de l’entrée de la Salle Paul VI, d’où ils seront appelés pour accéder à la Salle du Synode, toujours accompagnés par un attaché du Bureau de Presse du Saint-Siège, ainsi que du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales.

BULLETIN

Le prochain Bulletin N.5, concernant les travaux de la deuxième Congrégation Générale de l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, sera à la disposition des journalistes accrédités mardi 4 octobre 2005 à l’ouverture du Bureau de Presse du Saint-Siège.

HORAIRE D’OUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIEGE

Samedi 1er octobre: 09h00 - 14h00
Dimanche 2 octobre: 09h00 - 13h00
Du lundi 3 octobre au samedi 8 octobre: 09h00 - 16h00
Dimanche 9 octobre: 09h00 - 13h00
Du lundi 10 octobre au vendredi 14 octobre: 09h00 - 16h00
Samedi 15 octobre: 09h00 - 18h30
Dimanche 16 octobre: 09h00 - 13h00
Du lundi 17 octobre au samedi 22 octobre: 09h00 - 16h00
Dimanche 23 octobre: 09h00 - 13h00
Du lundi 24 octobre au vendredi 28 octobre: 09h00 - 15h00
Samedi 29 octobre: 09h00 - 14h00
Dimanche 30 octobre: 11h00 - 13h00
Lundi 31 octobre: 09h00 - 15h00

 

Retourner à:

- Index Bulletin Synodus Episcoporum - XI Assemblée Générale Ordinaire - 2005
  [Plurilingue, Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien]

- Index Bureau de Presse du Saint-Siège
 
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

 

top