The Holy See Search
back
riga

 

SYNODUS EPISCOPORUM
BULLETIN

XIII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
7-28 OCTOBRE 2012

La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne


Ce Bulletin est seulement un instrument de travail à usage journalistique.
Les traductions n'ont pas de caractère officiel.


Édition française

11 - 11.10.2012

RÉSUMÉ


- SIXIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (JEUDI 11 OCTOBRE 2012 - APRÈS-MIDI)

SIXIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (JEUDI 11 OCTOBRE 2012 - APRÈS-MIDI)


- ÉLECTION DE LA COMMISSION POUR LE MESSAGE (II)
- INTERVENTIONS EN SALLE (SUITE)
- AUDITION DES DÉLÉGUÉS FRATERNELS (II)

Ce après-midi, jeudi 11 octobre 2012, à 16h30, avec la récitation du Psaume 116 (117), a débuté la Sixième Congrégation générale, pour le deuxième vote concernant la Commission pour le Message et la continuation des interventions en salle sur le thème
«La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne».

Le Président délégué du jour était S. Ém. le Card. John TONG HON, Évêque de Hong Kong (CHINE).

Au cours de la Congrégation générale, un certain nombre de Délégués fraternels ont pris la parole.

A suivi un temps pour les interventions libres.

À cette Congrégation générale, qui s’est achevée à 19h00 avec la prière de l’Angelus Domini, étaient présents 250 Pères.

ÉLECTION DE LA COMMISSION POUR LE MESSAGE (II)

Lors de la Congrégation générale a eu lieu le deuxième vote pour l’élection des membres de la Commission pour le Message.


INTERVENTIONS EN SALLE (SUITE)

Sont intervenus les Pères suivants:

- Rév. P. Robert Francis PREVOST, O.S.A., Prieur Général de l'Ordre de Saint Augustin
- S. B. Rév. Grégoire III LAHAM, B.S., Patriarche d'Antioche des Grecs-melkites, Chef du Synode de l'Église catholique grecque-melkite (SYRIE)
- S. Exc. Rév. Mgr José Dolores GRULLÓN ESTRELLA, Évêque de San Juan de la Maguana (RÉPUBLIQUE DOMINICAINE)
- S. Exc. Rév. Mgr Joseph VU DUY THÔNG, Évêque de Phan Thiêt (VIÊTNAM)
- Rév. P. Renato SALVATORE, M.I., Supérieur général des Clercs réguliers ministres des infirmes (Camilliens) (ITALIE)
- S. Exc. Rév. Mgr Gérald Cyprien LACROIX, Archevêque de Québec (CANADA)
- S. Ém. Rév. le Card. Joachim MEISNER, Archevêque de Cologne (ALLEMAGNE)
- S. Exc. Rév. Mgr Yves LE SAUX, Évêque du Mans (FRANCE)
- S. Exc. Rév. Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov pour les catholiques de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque (SLOVAQUIE)
- S. Exc. Rév. Mgr Bruno FORTE, Archevêque de Chieti-Vasto (ITALIE)
- S. Exc. Rév. Mgr Tadeusz KONDRUSIEWICZ, Archevêque de Minsk-Mohilev (BIÉLORUSSIE)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:

- Rév. P. Robert Francis PREVOST, O.S.A., Prieur Général de l'Ordre de Saint Augustin

Dans le monde occidental contemporain, voire dans le monde entier, l’imaginaire humain concernant la foi religieuse et l’éthique est largement forgé par les moyens de communication de masse, notamment la télévision et le cinéma. Les médias occidentaux promeuvent de manière extrêmement efficace auprès d’un énorme public une sympathie envers des croyances et des pratiques qui sont en contradiction avec l’Évangile.
Or, l’opposition évidente au Christianisme de la part des moyens de communication de masse n’est qu’une partie du problème. La sympathie pour le choix de modes de vie anti-chrétiens que les moyens de communication de masse encouragent est inculquée de manière si brillante et astucieuse aux téléspectateurs que, quand les gens entendent le message chrétien, dans bien des cas, celui-ci apparaît inévitablement idéologique et, sur le plan émotionnel, cruel face à l’humanité ostensible de la perspective anti-chrétienne.
Si la “nouvelle évangélisation” veut contrer les distorsions de la réalité religieuse et éthique que produisent les moyens de communication, les pasteurs, les prêcheurs, les enseignants et les catéchistes doivent alors s’informer bien davantage sur l’enjeu de l’évangélisation dans un monde dominé par les médias.
Sous cet aspect de la nouvelle évangélisation, les Pères de l’Église, notamment saint Augustin, peuvent offrir des conseils éminents à l’Église, précisément parce qu’ils sont les maîtres de l’art de la rhétorique. Leur évangélisation était efficace en grande partie parce qu’ils avaient compris quels étaient les fondements de la communication sociale qui convenaient au monde dans lequel ils vivaient.
Afin de lutter efficacement contre la domination des moyens de communication de masse sur l’imaginaire collectif religieux et moral, il n’est pas suffisant que l’Église possède ses propres moyens télévisuels ou sponsorise des films religieux. La juste mission de l’Église consiste à introduire les personnes à la nature du mystère comme antidote au spectacle. La vie religieuse joue aussi un rôle important dans l’évangélisation, orientant d’autres vers ce mystère, en vivant fidèlement les conseils évangéliques.

[00062-03.05] [IN039] [Texte original: anglais]

- S. B. Rév. Grégoire III LAHAM, B.S., Patriarche d'Antioche des Grecs-melkites, Chef du Synode de l'Église catholique grecque-melkite (SYRIE)

Nouvelle évangélisation est synonyme de l’aggiornamento. Ce Concile, est un aggiornamento.
Les documents conciliaires sont un prélude de notre synode.
Trois points dans mon intervention.
1. Formation ou création de cadres
Nous, les chrétiens en Orient, nous baignons dans un monde non-chrétien: nous sommes le petit troupeau, ad extra par rapport à l’Islam, et ad intra à cause de la diminution de la pratique religieuse.
La Realpolitik nous impose de travailler en tenant compte de cette double réalité ad extra et ad intra. Cela veut dire concentrer notre travail pastoral de Nouvelle Évangélisation sur ce petit troupeau, sans exclure l'ensemble de nos fidèles moins pratiquants à différents degrés.
Ce petit troupeau doit être excellent, pour former à travers lui des cadres d’agents de la Nouvelle Évangélisation.
Même si l’Église grandit à des dimensions colossales, elle doit garder la stratégie du petit troupeau.
C’est là le sens, l'essence, la motivation, la raison d’être du petit troupeau en Orient et partout. C’est la stratégie apostolique: former le petit troupeau à être avec et pour le grand troupeau.
2. Vadémécum de la foi chrétienne
Notre foi est belle. Mais son contenu et son énoncé sont vraiment difficiles.
La proclamation de la Foi dans l’Islam se résume par ce double témoignage: “ il n'y a pas d'autre dieu que Dieu, et Muhammad est l’envoyé de Dieu”.
Pour les juifs, la substance de la Foi est exprimée par le double commandement: “je suis ton Dieu! Tu n’a pas d’autre que moi. Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, et ton prochain comme toi-même!”.
Notre belle Foi chrétienne est trop compliquée: les termes, leur contenu et leur explication.
Nous baignons dans un ensemble de dogmes, de mystères: la Sainte Trinité, l’Incarnation, la Rédemption, les Sacrements (appelés en Grec mystères).
Il faut que les dogmes soient interprétés dans une forme apte à toucher la vie quotidienne, les aspirations humaines, le bonheur et la prospérité, les réalités quotidiennes de nos fidèles.
D’où il est d’une grande importance et nécessité pour la Nouvelle Évangélisation de mettre en place un texte concis, précis et clair de notre Foi. Ceci est important pour nos fidèles ad intra, comme aussi pour nos concitoyens non chrétiens ad extra.
J’espère que cette proposition pourra faire son chemin, et que des théologiens se chargeront de cela à la suite d’une résolution de notre synode.
3. Programme pratique.
La Nouvelle Evangélisation est nécessairement conditionnée par la spécificité de l’Église locale; dans le temps, le contexte de la Tradition, les coutumes, la culture, les besoins. C’est pour cela que j’ai présenté un essai d’une vision orientale, grecque-melkite catholique, arabe, de la Nouvelle Éangélisation avec des propositions pratiques.

Voir la liste dans le texte intégral de mon intervention.

[00084-03.04] [IN055] [Texte original: français]

- S. Exc. Rév. Mgr José Dolores GRULLÓN ESTRELLA, Évêque de San Juan de la Maguana (RÉPUBLIQUE DOMINICAINE)

Parmi les sujets privilégiés pour réaliser la nouvelle évangélisation, outre les Diocèses, les Paroisses et les familles, se trouvent les petites communautés formées par un groupe restreint de personnes qui se réunissent comme des cellules primordiales d’une structure ecclésiale afin de vivre la foi, de se former, d’évangéliser et d’entreprendre des actions communautaires.
Ces communautés au sein de la République dominicaine surgissent comme le fruit d’une réelle conversion pastorale des responsables paroissiaux, qui décident d’organiser tout le Peuple de Dieu en communautés évangélisatrices, vivantes et dynamiques.
Le premier pas doit être réalisé par les groupes de pastorale paroissiale avec à leur tête leurs prêtres qui doivent commencer par diviser leurs paroisses en secteurs de telle manière qu’elles deviennent plus petites de ce qu’elles ne sont.
Le travail suivant consiste à convoquer tous les baptisés. La convocation est l’oeuvre d’idéalistes, enthousiastes du grand projet de Dieu.
La troisième étape consiste à favoriser la rencontre avec le Christ à travers l’annonce du Kérygme. Ceux qui acceptent de devenir animateurs de communautés sont appelés à se préparer à cette mission. Qu’ils organisent les communautés dans tous les secteurs, dans les groupes de maisons, dans les immeubles et les appartements.
Afin de créer des communautés chrétiennes fraternelles et évangélisatrices, l’Église a besoin de prêtres et de laïcs qui demeurent en Jésus et ne Lui refusent rien; qui se laissent animer par l’Esprit de Jésus, capable de raviver la foi et de donner de l’ardeur et de la passion; qui annoncent le Kérygme avec courage et en témoignent par leur vie; qui se sentent envoyés par Jésus pour être disciples; qui vivent la joie de cheminer avec un peuple qui parcoure le chemin du salut; qui sachent travailler en équipe, tous avec un projet commun et dans la même direction; qui soient amoureux de Dieu au point d’en contaminer les autres; qui soient passionnés de Jésus et de son action missionnaire; qui soient des évangélisateurs qui sèment tout dans les larmes.

[00083-03.04] [IN056] [Texte original: espagnol]

- S. Exc. Rév. Mgr Joseph VU DUY THÔNG, Évêque de Phan Thiêt (VIÊTNAM)

En lisant le numéro 81 du Document de travail, je voudrais attirer votre attention sur le rôle de la paroisse dans l'action évangélisatrice et dans la transmission de la foi.
Au plan ecclésial, chaque paroisse est une unité fondamentale de l'Église locale, mais elle a la capacité de rendre visible l'Église universelle. Étant une église proche des gens d'un point de vue concret, la vie d'une paroisse doit être organisée respectivement comme celle de l'Église Universelle.
On se trouve d'emblée membre participé et participant d'une Église locale. Si dans la vie économique, on dit "thinkglobally, worklocally", est-ce pertinent de dire aussi “penser affectivement avec l'Église universelle et faire effectivement dans l'Église locale”?
Au plan pastoral, chaque paroisse est une espace concrète de rencontre entre les responsables de la vie paroissienne. Une pastorale est qualifiée comme étant plus ou moins vivante grâce à la plupart des échanges effectifs des membres paroissiaux lors de ces rencontres. Un programme pastoral bien préparé, bien discuté et bien décidé donnera certainement des fruits qui vivifient toute la communauté paroissiale. Dans mon diocèse de Phan Thiet, les paroisses jouent encore un rôle important dans les activités pastorales pour des raisons politiques propres au pays. On n'a pas le droit de se trouver réuni religieusement à un endroit autre que l'espace paroissial, c'est pour cela que l'église et le presbytère sont des adresses favorables aux rendez-vous de tous les paroissiens pour la formation catéchétique et la transmission de la foi.
Au plan missionnaire, chaque paroisse est encore une ambiance de fraternité où les gens se connaissent et se reconnaissent très bien. On connaît une personne, sa famille, son métier et même ses qualités intellectuelle ou humaine. Et on la reconnaît en sa totalité, c'est en s'appuyant sur cela que les programmes missionnaires sont proposés dans une paroisse.

[00085-03.03] [IN057] [Texte original: français]

- Rév. P. Renato SALVATORE, M.I., Supérieur général des Clercs réguliers ministres des infirmes (Camilliens) (ITALIE)

L’attention envers les malades est essentielle dans la mission évangélisatrice de l’Église par fidélité à Jésus qui “parcourait toutes les villes et les villages... proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur” (Mt 9, 35).
L’Église est une communauté de personnes “guéries” par le Seigneur et qui devient donc une communauté “guérissante”. Le Christ, médecin des âmes et des corps, offre la santé/le salut à l’homme dans la totalité de ses dimensions: corps, psyché et esprit. En effet, Il “est venu guérir l’homme tout entier, âme et corps” (CEC 1503).
Le Bienheureux Jean Paul II affirmait: “L'Église (...) a le devoir de rechercher la rencontre avec l'homme d'une façon particulière sur le chemin de sa souffrance” (Salvifici doloris, 3). “La conscience que le service des malades et des souffrants est ‘partie intégrante de la mission de l’Église’ rend urgent le fait d’incorporer au projet évangélisateur la promotion de la santé et l’engagement à soulager la souffrance et le soin des infirmes, obéissant au commandement du Christ, dont l’action lie étroitement la mission d’évangélisation et la guérison des malades” (CEI, Note pastorale 2006, n°2).

[00086-03.04] [IN058] [Texte original: italien]

- S. Exc. Rév. Mgr Gérald Cyprien LACROIX, Archevêque de Québec (CANADA)

Nous sommes engagés dans la nouvelle évangélisation car nous sommes des hommes et des femmes ayant fait d'abord une rencontre personnelle avec Jésus, Seigneur et Sauveur. Le témoignage de cette rencontre est la première exigence afin que le cœur de nos frères et sœurs soit rejoint. Revisiter cette expérience nous fait toucher la grâce originelle de cette rencontre et la renouvelle sans cesse. Évangélisés, nous sommes appelés à évangéliser avec le courage et l'audace des premiers chrétiens, avec une confiance absolue en Dieu. L'évangélisation est l'affaire de toute l'Église et de chacun de ses membres. Bonheur à nous quand nous évangélisons!

[00087-03.04] [IN059] [Texte original: français]

- S. Ém. Rév. le Card. Joachim MEISNER, Archevêque de Cologne (ALLEMAGNE)

Il est dans la nature de la foi qu’elle se diffuse et qu’elle veuille être transmise. Les Actes des Apôtres nous le montrent en la personne de Philippe, que l’Esprit Saint conduit de Jérusalem sur la route de Gaza (cf. Ac 8, 26-40). Il y rencontre un fonctionnaire de la reine d’Éthiopie qui, assis sur un char, étudie un texte d’Isaïe, obtenu d’un commerçant d’articles religieux dans les environs du Temple. Philippe demande à l’homme distingué s’il comprend ce qu’il lit. La réponse, nous la connaissons. “Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne ne me guide ?” (Ac 8, 31). Philippe monte sur le char, lui explique l’Écriture et, peu après, le fonctionnaire arrête le char et se fait baptiser dans un ruisseau qui coule dans les environs. Ici, se fait évidente une Église en chemin, qui chemine le long des routes et pose des questions aux hommes.
Aujourd’hui, la majeure partie des chrétiens est heureuse si personne ne lui pose de questions. Sur cinq hommes que nous pouvons rencontrer dans notre vie quotidienne, trois sont en train de parcourir le même chemin que le fonctionnaire éthiopien, c’est-à-dire qu’ils sont sur le chemin du retour après avoir vécu un moment de socialisation religieuse dans leur vie présente. Ils portent avec eux des informations sur le sens de leur vie, de leur passé, se limitant à les lire tristement, sans comprendre ce qu’elles ont à faire avec leur vie. Ils ont également acheté un morceau du message biblique, tout comme le voyageur avait acquis le passage d’Isaïe, mais ils n’ont personne pour les guider, personne qui ne jette un pont entre la parole de la foi et leur vie quotidienne. Pour beaucoup de nos contemporains, évidemment, le fait de ne pas être du tout intéressé par les questions religieuses fait partie de la modernité.
Mais en réalité, au moins en Europe, une grande partie des hommes est aux prises avec des questions et ne sait ou n’admet pas qu’il s’agit de questions religieuses. C’est pourquoi la route de nos villes et de nos villages est le lieu de la diffusion de la foi. Pour obéir à l’appel de Dieu, il ne faut pas nécessairement l’engagement d’un christianisme de profession. Parcourir ensemble un petit bout de chemin peut avoir une grande signification, voire tout signifier, comme nous l’avons vu dans le cas de Philippe. Souvent, nous ne nous laissons pas impliquer dans les problèmes de quelqu’un d’autre parce que nous craignons de devoir les résoudre à sa place. Cette personne n’a peut-être besoin que d’un peu d’écoute, que d’un peu de partage de ses propres pensées et d’un acte bénéfique de la part de quelqu’un qui se met à sa place, qui monte sur le char de sa vie et prend au sérieux ses questions. Cela signifie partir et réfléchir à partir du lieu où se trouve l’autre. Pour témoigner Jésus Christ, ce qu’il faut ce n’est pas tant en premier lieu une christologie complète et approuvée par l’Église mais quelque chose de beaucoup plus important: une correspondance dans sa propre existence, même s’il n’y en a qu’une et qu’elle est toute petite. C’est de toute façon important!
Ces témoins de la foi existent dans de nombreuses communautés spirituelles. Ils sont nécessaires afin de porter l’Évangile dans le présent.

[00088-03.04] [IN060] [Texte original: allemand]

- S. Exc. Rév. Mgr Yves LE SAUX, Évêque du Mans (FRANCE)

Il me semble nécessaire de clarifier le contenu de l'expression “Nouvelle Evangélisation”.
Ce n’est pas un désaveu du passé, ni un repli identitaire, ni une reconquête. C’est annoncer la nouveauté du Salut dans le Christ, la miséricorde de Dieu, dans un monde en profonde mutation qui vit comme si Dieu n’existait pas, confronté à un profond vide intérieur. D’abord il faut oser parler de Dieu, réveiller dans le cœur de l’homme la nostalgie de Dieu.
Je relèverai trois préoccupations.
Réveiller la conscience missionnaire des baptisés. L’évangélisation, la transmission de la foi passe d’abord de personne à personne. Tout baptisé est capable de témoigner auprès de ses proches, ses voisins, ses collègues de l’humble joie de connaître le Christ. Il y a là une véritable difficulté. Beaucoup sont marqués par une forme de relativisme, dont nous n’avons pas pris la mesure. On réduit la foi à une simple option personnelle.
La question des “baptisés non-croyants”, qui s’adressent aux curés pour le baptême des petits enfants, ou se préparer au mariage. Ils ignorent le sens de leur demande. Parfois, ils se disent non pratiquants, non croyants, ce qui désespère les prêtres. Comment accueillir ces demandes? Comment les transformer en chemin de type catéchuménal, s’inspirant du rituel des catéchumènes adultes? L’avenir de l’évangélisation dépend de la redécouverte et l’expérience du sacrement de la réconciliation qui est central. Il convient aussi de travailler la juste compréhension des sacrements d’initiation (baptême, contirmation et eucharistie), leur unité.
Nous ne sommes plus dans une chrétienté. Mais nous continuons à nous organiser comme si nous l’étions encore. Il ne faut plus réfléchir en terme de couverture de territoire, ni de recrutement de personnel, face au nombre réduit de prêtres. Il faut susciter des communautés chrétiennes, vivantes, joyeuses, traversées par un élan missionnaire.
Le véritable défi est l’annonce de la joie du Salut, de l’amour miséricordieux à tous. Il faut créer de nouveaux espaces où un dialogue soit possible avec ceux qui sont loin de Dieu.

[00089-03.03] [IN061] [Texte original: français]

- S. Exc. Rév. Mgr Ján BABJAK, S.I., Archevêque Métropolite de Prešov pour les catholiques de rite byzantin, Président du Conseil de l'Église Slovaque (SLOVAQUIE)

“Dieu est amour, aimons-Le!”. Cette devise du Bienheureux Évêque et martyr Pavel Peter Gojdič, OSBM, guida l’Église gréco-catholique en Slovaquie durant la persécution du communisme. Cette concrétisation de la Parole de Dieu exprime l’expérience de nos Évêques, de nos prêtres, de nos religieux, de nos fidèles, qui ont fait l’expérience de l’amour de Dieu dans leur vie si fortement qu’ils étaient capables de rendre témoignage de leur foi y compris dans les temps difficiles de la liquidation forcée de notre Église.
Le témoignage héroïque de la foi dont on fait preuve nos ancêtres jusqu’au martyre et leur intercession dans le ciel ont contribué au fait qu’aujourd’hui, au sein de l’Église gréco-catholique de Slovaquie, nous remercions Dieu pour l’abondance des vocations sacerdotales. En effet, nous avons plus de 450 prêtres au service de 250.000 fidèles et environ 90 séminaristes présents au séminaire. Nous ne pouvons pas en accueillir davantage parce que nous n’avons pas de lieux où les envoyer pour exercer leur ministère sacerdotal, et nous ne pouvons pas aider d’autres Églises hors de notre pays car la majeure partie d’entre eux unit une vie sacerdotale à une vie matrimoniale, et les terres d’Occident leur sont donc interdites.
Encore aujourd’hui, il est important de mettre l’accent surtout sur la sainteté et le zèle des prêtres, y compris naturellement les Évêques. Là où oeuvre un prêtre zélé, un homme à la vie sainte, la foi grandit, alors que là où oeuvre un prêtre tiède, tout s’éteint. Les Évêques et les prêtres doivent donc être les hommes de la nouvelle évangélisation et cet aspect de leur vie doit être développé déjà lors de leur formation au séminaire.
Dans le rite byzantin, la spiritualité byzantine, les icônes et l’implication du peuple dans la vie liturgique nous aident certainement dans l’évangélisation (qu’elle soit ancienne ou qu’elle soit nouvelle). Ces éléments d’une culture spirituelle nous rappellent que la culture et l’art peuvent également ouvrir le coeur de l’homme contemporain à l’écoute de l’Évangile.
Cependant, jusqu’ici, nous n’avons pas encore eu le courage suffisant pour proclamer l’Évangile en dehors des églises, en dehors des centres de formation ou de pèlerinages.
Mon opinion est que, en tant qu’évêques, prêtres et personnes consacrées à Dieu notre priorité doit être dans notre zèle afin que, par notre exemple, nous aidions le zèle des laïcs. Nous-mêmes avons besoin d’écouter ce que Dieu nous dit, parce que “la foi naît de la prédication” (Rm 10, 17) afin qu’ensuite nous puissions proclamer de manière authentique l’amour de Dieu au monde.

[00090-03.04] [IN062] [Texte original: italien]

- S. Exc. Rév. Mgr Bruno FORTE, Archevêque de Chieti-Vasto (ITALIE)

Le Rapport souligne le fondement anthropologique, christologique et ecclésiologique de la nouvelle évangélisation. Il serait fort utile de développer la dimension pneumatologique, en considérant aussi de ce qu’affirme le Document de travail au n°41: l’Esprit est le premier agent de la nouvelle évangélisation. C’est Lui qui rend nouveau le coeur afin qu’il chante le nouveau cantique (“Novi novum canamus canticum”: saint Augustin). Grâce à Lui la nouveauté n’est pas dans l’ordre du nouveau chronologique (“neos” dans le grec du Nouveau Testament) mais dans celui de la nouveauté eschatologique qualitative (“kainos”). Le “mandatum novum” est la “kainé entolé”. Comme l’a rappelé le Saint-Père en commentant l’hymne de Tierce: “Nunc, Sancte, nobis, Spiritus, unum Patri cum Filio, dignare promptus ingeri nostro refusus pectori”. L’initiative appartient à Dieu, dans la force de l’Esprit.
Dans le Rapport, il me parait qu’a été peu mis en évidence le rôle fondamental de la Paroisse auquel le Document de travail consacre d’importantes réflexions (IL 81). L’expérience directe du ministère épiscopal, en particulier de la visite pastorale, que je conduis minutieusement depuis désormais trois ans et demi dans les Paroisses de l’Archidiocèse, m’a convaincu du fait que, sans un nouvel élan missionnaire de la Paroisse, dont seront protagonistes ces mêmes opérateurs pastoraux qui y oeuvrent, il sera difficile de vivre une nouvelle évangélisation radicale. Dans cette optique - tout en appréciant les dons de l’Esprit que sont les nouveaux mouvements - j’estime que l’Action catholique, à laquelle fait clairement référence le Document de travail au n° 117, représente un instrument précieux, instrument qui est totalement dans l’esprit de la coopération des laïcs à la mission des pasteurs.
Il me semble enfin devoir souligner l’importance des jeunes en tant que destinataires de la nouvelle évangélisation: si leur éloignement de la pratique religieuse est considéré par beaucoup comme un fait acquis, ceci ne veut pas dire que leur coeur n’ait pas soif de Dieu. En les rencontrant massivement à l’université et dans les écoles, j’en ai eu la preuve continuelle. Il faut parier sur la réponse à ce qu’il est convenu d’appeler “l’urgence éducative”dont parle le Document de travail au n° 149. Il faut les écouter, leur accorder du temps, leur parler de Dieu et les accueillir dans le respect de leur besoin de liberté. Ici, l’on comprend le rôle fondamental de la famille (cf. Il 110 et sq.) mais également le drame de la situation des enfants de divorcés remariés qui sont souvent rendus étrangers aux sacrements du fait de la non participation de leurs parents. Il faut ici faire un tournant décidé dans le sens de la charité pastorale, comme l’a affirmé à plusieurs reprises le Pape Benoît XVI (par exemple lors de la Rencontre mondiale des Familles à Milan). Il sera également nécessaire de lancer une réflexion sur les modalités et les délais nécessaires à la reconnaissance de la nullité du lien matrimonial: en tant qu’Évêque et modérateur d’un Tribunal ecclésiastique régional, je dois admettre que certains besoins (par exemple la nécessité de la double sentence conforme, même lorsqu’il n’y a pas de recours) apparaissent peu compréhensibles à nombre de personnes blessées, désireuses de rétablir leur situation.

[00091-03.04] [IN063] [Texte original: italien]

- S. Exc. Rév. Mgr Tadeusz KONDRUSIEWICZ, Archevêque de Minsk-Mohilev (BIÉLORUSSIE)

Dans la recherche de nouveaux moyens d’évangélisation, l’Église prête attention aux moyens de la communication sociale. Actuellement, en Biélorussie, nous avons deux maisons d’édition et nous publions trois journaux et sept revues. Internet est de plus en plus employé dans les activités de l’Église. www.catholic.by, site de la Conférence épiscopale, offre des informations catéchétiques et culturelles en cinq langues. Ne possédant ni radios ni chaînes de télévision, nous utilisons les médias publics. La télévision publique centrale transmet environ trois heures de programmes catholiques par mois. Nous sommes sur le point de débuter les émissions de Radio Maria.
Le potentiel des médias doit être utilisé pour aider l’homme à trouver le Christ et à vivre de sa vérité. Ils sont appelés à allumer en chacun le feu de l’espérance pour construire un avenir de bonheur en conservant la dignité de la personne humaine. Pour que l’Église soit évangélisatrice, il faut qu’elle soit médiatique.
Dans le nouveau milieu de vie créé par les technologies informatiques, nous sommes appelés à prêcher la Parole de Dieu et à annoncer le Christ que nous avons rencontré et qui a changé notre vie: c’est là le sens profond de la nouvelle évangélisation.
Au sein de la nouvelle culture sécularisée, les moyens de communication sociale doivent être en mesure d’aider l’Église à être véritablement évangélisatrice et missionnaire, en fonction des besoins du temps, alors qu’il est nécessaire non seulement de baptiser les convertis mais également de convertir les baptisés.

[00092-03.05] [IN064] [Texte original: italien]

AUDITION DES DÉLÉGUÉS FRATERNELS (II)


Sont intervenus les Délégués fraternels suivants:

- S. Ém. LEO [Makkonen], Archevêque de Karélie et de toute la Finlande (FINLANDE)
- Prof. EMMANUEL [Adamakis], Métropolite de France, Presidente de la Conférence des Églises Européennes (FRANCE)
-
S. Ém. NIFON [Mihăiţă], Métropolite et Archevêque de Targovistis (ROUMANIE)

Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:

- S. Ém. LEO [Makkonen], Archevêque de Karélie et de toute la Finlande (FINLANDE)

C’est pour moi un grand privilège, un honneur et une joie de pouvoir vous apporter les salutations de Sa Sainteté Bartholomée I, Archevêque de Constantinople et Patriarche oecuménique. Je ne m’adresse pas à cette assemblée seulement en tant que représentant et invité car, vu l’urgence de la “nouvelle évangélisation”, ce sujet est aussi important pour les Chrétiens Orientaux que pour la Grande Église de Rome.
Nous avons lu avec joie les Orientations, et spécialement la reconnaissance que la tradition, la mystagogie et les expériences récentes de la Chrétienté Orientale offre un aperçu des nouveaux efforts de l’Évangélisation de nos jours. Mais plus que tout, nous apprécions le discernement du fait que l’évangélisation ne commence pas en prêchant mais en écoutant.
Ce n’est pas un hasard si l’icône du plus grand évangéliste et apôtre Jean, connu par nous en Orient comme le Théologien, mets son doigt sur ses lèvres, indiquant le silence. Ce silence, comme l’indiquent les Orientations avec éloquence, n’est pas prêché avec lassitude, crainte, honte ou manque de foi: mais avec la reconnaissance que, si nous voulons être des partenaires”dans un dialogue avec le monde”, si nous voulons vraiment “partager cette même humanité cherchant la vérité sur l’existence”, nous devons commencer là où la véritable humanité commence - dans des expériences d’émerveillement qui nous mènent à la transcendance.Être silencieux, écouter, et ensuite partager la Bonne Nouvelle - est la meilleure manière de montrer notre amour et notre préoccupation pour le monde aujourd’hui –comme Dieu lui-même a exprimé sa Économie Divine en réponse à nos échecs, à nos recherches et à nos besoins. C’est seulement en prenant les problèmes de nos interlocuteurs aussi sérieusement que nous leur recommandons les solutions de Dieu, que nous pouvons établir et reconstruire la confiance, de sorte que nos paroles soient encore une fois révélées avec tout leur pouvoir de donner la vie - quelles soient parlées, textées ou tweetées.
Et maintenant, Saint Père, Éminences, Grâces, Frères et Soeurs dans le Christ, je vais commencer à écouter moi aussi - comme va le faire le monde.

[00159-03.03] [DF005] [Texte original: anglais]

- Prof. EMMANUEL [Adamakis], Métropolite de France, Presidente de la Conférence des Églises Européennes (FRANCE)

En préparant cette modeste allocution, je me suis demandé quel lien pouvait être tissé entre l’engagement œcuménique en tant que mission du christianisme contemporain, et l’évangélisation, comme transmission de la foi chrétienne. Ces deux sujets puisent leur substance dans le mystère de l’incarnation. Il ne s’agit pas alors de se satisfaire de la seule élaboration théologique, voire intellectuelle, de ce mystère. Il me paraît essentiel d’entendre le mystère de l’incarnation à la manière de Saint Irénée de Lyon, c’est-à-dire d’une puissance “récapitulatrice” de l’humanité tout entière, voire de la création dans son ensemble. Dès lors, l’enseignement des Pères de l’Église nous propose de contempler la convergence entre l’effort théologique et l’expérience d’un christianisme incarné dans le monde et enraciné dans le temps. Cette expérience n’est pas seulement la récapitulation de certaines sagesses, mais bien une reconfiguration totale, pour ne pas dire holistique de l’homme corps, âme et esprit.
Ainsi, comment articuler œcuménisme, évangélisation et transmission de la foi? En effet, la chose n’est pas aisée et renvoie à des considérations que les limites de temps qui me sont imparties ne me permettront d’aborder en profondeur. Néanmoins, il convient de reconnaître qu’à travers les trois termes de ma question initiale, nous pouvons découvrir un aspect saillant permettant d’en faire ressortir du sens. Car, le cœur de la problématique qui nous intéresse ne renvoie pas tant à la foi comme telle, mais aux réponses que la foi est susceptible d’apporter dans notre monde contemporain. En résumé, ce qui prime dans l’intitulé de cette rencontre, c’est de savoir à quel champ sémantique renvoie le terme “nouveau”. Ce n’est que de cette manière que nous serons en mesure d’apporter une réponse adéquate aux interrogations de nos frères et sœurs. Mondialisation et société de consommation ne sont que les épiphénomènes d’un problème plus profond: la mutation, la transformation de l’espoir en recherche du bonheur. Nos contemporains ont perdu espoir et ne sont qu’à la recherche du bonheur. Alors, d’aucuns pourraient se demander comment cette mutation a pu advenir et comment y répondre. Le réenchantement de l’espoir consiste à définir lien ce qui existe entre Dieu et l’homme, entre les différentes personnes humaines, et à l’intérieur même de chaque personnalité. Lorsque le Christ déclare qu’il est “la vérité, le chemin et la vie”, il ne parle par de concepts désincarnés, mais bien de principes dynamiques fondés sur le socle de l’unique Logos. Par conséquent, le Logos est aussi lien et relation. Ainsi, le bonheur se transforme en espoir dans la mesure où chaque personne apprend à se connaître en tant qu’être de relation, pour ne pas dire en tant qu’être de communion. Le Christ est objet de communion et il est simultanément lien de communion. Lorsque le bonheur individuel est relié à la destinée collective, l’Église, il se mut en espoir sous l’effet de l’eschatologie, l’avènement des fins dernières.
Ces considérations ne sont pas si éloignées de mon propos initial qui tend à comprendre la place de l’ œcuménisme à l’intérieur des nouvelles formes d’évangélisation. En effet, l’œcuménisme est une obligation à dépasser les représentations qui sont les nôtres et qui se limitent souvent à de simples guerres de clochers. Cependant, une telle attitude ne rend pas compte du message salvateur porté par le Christ. L’expérience œcuménique, telle que nous la vivons dans le cadre de la Conférence des Églises Européennes, réfléchit activement à la manière de réconcilier la division des Chrétiens avec l’évangélisation. Voilà pourquoi, les Églises et Communautés chrétiennes membres de la CEC se sont engagées à, je cite: “parler de nos initiatives d’évangélisation avec les autres Églises, à conclure des accords à ce sujet et à éviter ainsi une concurrence dommageable ainsi que le danger de nouvelles divisions”. Ayant ces considérations à l’esprit, il me semble qu’il reste nombre de chantiers à exploiter sur le plan pastoral. Ils nous permettraient, comme des préalables nécessaires à la reconstruction de l’Unité des Chrétiens, de témoigner plus justement de notre foi commune. Je vous enjoins donc de prendre en considération dans vos réflexions la dimension œcuménique de l’évangélisation.

[00157-03.04] [DF002] [Texte original: français]

- S. Ém. NIFON [Mihăiţă], Métropolite et Archevêque de Targovistis (ROUMANIE)

Salutations du Secrétaire général du COE, Rév. Olav Fylkse Tveit à la XIIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques,

Votre Sainteté,
Éminences et Excellences,
distingués délégués et observateurs,

“Non, je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié” (1Co 2, 2).
C’est la Parole vivante de Dieu, qui nous a été révélée dans la croix et la résurrection de Jésus Christ, qui est la Bonne Nouvelle, l’euangellion, que ceux qui confessent Jésus Christ comme Seigneur et Sauveur doivent proclamer dans toutes les dimensions de leurs vies. Il existe une logique dans la séquence du thème choisi pour la XII° Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, qui citait Jn 1, 14: “Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité”, et l’accent mis sur la nouvelle évangélisation à l’occasion de cette XIII° Assemblée générale ordinaire.
La justification dans le Christ, la proclamation de l’Évangile et l’appel à la sainteté appartiennent ensemble à la communauté des croyants, membres de l’unique corps du Christ (1 Co 12, 12).
L’Église est construite lorsque les personnes sont transformées en recevant le Christ, le verbe incarné de Dieu, dans la puissance de l’Esprit Saint. Les personnes deviennent des disciples crédibles et visibles du Christ en célébrant la Sainte Eucharistie, en méditant des textes bibliques et en témoignant de l’Évangile dans leurs maisons et dans leurs familles, dans les rues ou sur leur lieu de travail en tant que salariés, entrepreneurs, chercheurs et dans beaucoup d’autres professions.
Le Concile Vatican II énonça, dans le Décret Dei Verbum: “l’Esprit Saint, par qui la voix vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et, par l’Église, dans le monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole du Christ réside en eux avec toute sa richesse (cf. Col 3, 16)” [§ 8].
Nous nous souvenons du Concile Vatican II comme d’un moment extraordinaire de renouveau évangélique de l’Église catholique. Cela a été souligné par le modérateur du Conseil mondial des églises, le rév. Walter Altmann, dans son intervention lors de la récente réunion de la Commission au mois de septembre dernier à Crète. Nous exprimons notre gratitude et notre joie du fait qu’à travers le Décret sur l’oecuménisme (Unitatis Redintegratio), l’Église catholique s’est ouverte au mouvement oecuménique et a donné un nouvel élan à la recherche de l’unité visible. Le Décret suscita l’espoir et l’inspiration des Chrétiens du monde entier.
Les Constitutions dogmatiques, les Déclarations et les Décrets du Concile ont été et continuent à être non seulement très importants pour le renouveau de l’Église catholique mais aussi sur le plan oecuménique. Le Concile Vatican II a aussi été oecuménique dans la réception positive de la recherche oecuménique et théologique de cette époque, y compris le travail de la Commission Foi et Ordre. L’invitation élargie aux observateurs fraternels et les possibilités qui leur ont été données de dialoguer étaient très significatives. Aujourd’hui, cela semble évident. À l’époque de Vatican II, cependant, il s’agissait d’un signe remarquable d’ouverture en direction des chrétiens d’autres traditions. Leur présence contribua à abattre la barrière qui nous séparait (Ep 2, 14).
Inspiré par ma lecture des textes et des nouvelles initiatives de Vatican II, ma conviction a été renforcée que l’unité est un don de vie, donnée dans le corps du Christ dans lequel nous avons tous besoin les uns des autres. Travailler pour l’unité de l’Église, c’est travailler pour l’unité de toute la vie, reconnaître et célébrer la diversité de la vie donnée par Dieu, dans les différentes cultures, les différents contextes et les différentes langues. En tant que corps du Christ, l’Église est solidaire avec le genre humain et avec toute la Création, priant d’être conduite par Dieu à la justice et à la paix.
Nous avons fait un long chemin au cours de ces 50 ans. L’étude “Harvesting the Fruits”, qui a été publiée par le Cardinal Walter Kasper, une étude sur la Justification du groupe mixte de travail entre le Conseil mondial des Églises et l’Église catholique, ainsi que d’autres initiatives similaires ont prouvé combien il a été accompli, mais elles indiquent également les tâches qui demeurent à aborder sur le chemin de l’unité visible de l’Église dans une seule foi et dans la communion eucharistique.
Nous souvenant de ce qui a été réalisé au cours de ces cinquante ans, nous reconnaissons également combien le contexte a changé, tout comme les conditions de la proclamation de l’Évangile dans les différentes cultures et sociétés du monde. La réalité que nous affrontons continue à changer rapidement. Elle est pleine de contradictions qui résistent aux généralisations simples et lance de nouveaux défis. Votre travail sur la nouvelle évangélisation et l’Année de la Foi qui commence aideront chacun d’entre nous à apprendre davantage sur la proclamation de l’Évangile dans les différents contextes actuels et il offrira, nous l’espérons, de nombreuses occasions de coopération comme signe de l’unité qui nous est déjà donnée dans le Christ et de laquelle tant de chrétiens ont la nostalgie.
Puisse Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, être avec vous et bénir vos réflexions.
“À vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ !” (1Co 1, 3)

[00158-03.04] [DF003] [Texte original: anglais]

 

Retourner à:

- Index Bulletin Synodus Episcoporum - XIII Assemblée Générale Ordinaire - 2012
  [Plurilingue, Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien]

- Index Bureau de Presse du Saint-Siège
 
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

 

top