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Présentation des « Lineamenta »
de la XIIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques

» La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne »

 

S. Exc. Mgr Nikola Eterović
Secrétaire Général du Synode des Évêques

 

I. Introduction

«Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jn 20, 21). A travers ces paroles, Jésus Christ ressuscité, victorieux sur le péché et sur la mort, envoya ses disciples au monde entier pour proclamer la Bonne Nouvelle, après avoir fait descendre l’Esprit Saint sur eux pour le pardon des péchés. Cette mission est répétée également par les synoptiques dans la conclusion de leurs Evangiles: «Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création» (Mc 16, 15); «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit» (Mt 28, 19). Au nom du Seigneur ressuscité «le repentir en vue de la rémission des péchés sera proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem» (Lc 24, 47). L’Eglise rassemblée par l’Esprit Saint, s’efforce d’accomplir fidèlement ce mandat au cours de son pèlerinage terrestre. Forte de l’accompagnement du Seigneur glorieux, qui a promis sa présence «jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 19), elle désire, avec un enthousiasme renouvelé, poursuivre cette mission également à l’époque présente. Pour cette raison, le Saint-Père Benoît XVI, évêque de Rome et Pasteur universel de l’Eglise, a convoqué la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques, qui aura lieu du 7 au 28 octobre 2012 sur le thème: La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. Selon le Saint-Père, qui a voulu annoncer personnellement la convocation de cet important événement ecclésial lors de la concélébration solennelle de l’Eucharistie de clôture de l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques, elle devrait être une occasion de vérifier le chemin parcouru, pour reprendre avec un élan renouvelé l’œuvre urgente de l’évangélisation du monde contemporain.

La décision du Souverain Pontife a été précédée par deux événements importants. En premier lieu, selon une pratique désormais expérimentée, le secrétaire général du synode des évêques a demandé, au nom du Saint-Père, aux 13 synodes des Eglises orientales catholiques sui iuris, aux 113 conférences épiscopales, aux 25 dicastères de la Curie romaine et à l’union des supérieurs généraux, de signaler par écrit trois thèmes qui pouvaient être pris en considération en vue d’une réflexion synodale et qui devaient donc revêtir une importance pastorale spécifique, concerner l’Eglise universelle et être adaptés au débat synodal. Une fois obtenues les réponses des organismes mentionnés, avec lesquels le synode des évêques a instauré une collaboration institutionnelle, celles-ci ont été portées à la connaissance du Saint-Père après avoir été attentivement examinées par le Conseil ordinaire du secrétariat général du synode des évêques, composé de 15 membres, dont 12 élus au cours de la XIIe assemblée générale ordinaire, qui s’est déroulée du 5 au 26 octobre 2008, et trois nommés par le Souverain Pontife. Dans leurs réponses, la majorité des épiscopats avait proposé pour la prochaine assemblée synodale la question de la transmission de la foi, un processus qui, ces derniers temps, a connu de nombreuses difficultés, dues aux grands changements d’ordre social, culturel et religieux.

Le deuxième événement qui a influencé le choix définitif du thème synodal a été la décision du Saint-Père d’ériger le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Ce nouveau dicastère a été érigé le 21 septembre 2010 à travers le motu proprio Ubicumque et semper du Pape Benoît XVI. Il est donc heureux que le Pape Benoît XVI ait décidé d’inclure la préoccupation pastorale générale mentionnée à propos de la transmission de la foi dans la réflexion sur la nouvelle évangélisation qui s’impose, bien que de façons diverses, dans toute l’Eglise.
 

II. La procédure synodale

Les Lineamenta qui sont présentés aujourd’hui, sont une étape importante dans la préparation de la XIIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Ceux-ci ont été préparés par le conseil ordinaire du secrétariat général du synode des évêques, avec l’aide d’experts. Dans leur rédaction, on a tenu compte des raisons invoquées par les organismes concernés pour motiver leur proposition des thèmes synodaux respectifs. Après la publication du document par lequel le Saint-Père a érigé le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, le conseil l’a tenu en grande considération, de même que les autres interventions du Souverain Pontife sur ce thème.

Le but des Lineamenta est de susciter le débat sur le thème synodal au niveau de l’Eglise universelle. C’est pourquoi, les Lineamenta sont publiés en huit langues: latin, français, anglais, italien, polonais, portugais, espagnol et allemand. La version électronique du document peut être trouvée sur le site du synode des évêques. En outre, chaque chapitre est accompagné par diverses questions précises qui devraient faciliter la réflexion des Eglises particulières et des organismes respectifs. Le Questionnaire est composé au total de 71 questions.

Le secrétariat général du synode des évêques a distribué le document aux organismes concernés afin qu’ils puissent promouvoir la réflexion dans chaque pays (diocèses, paroisses, congrégations, mouvements, associations, groupes de fidèles, etc.), synthétiser leurs contributions et faire parvenir les réponses au secrétariat général du synode des évêques avant le 1er novembre 2011, solennité de la Toussaint. Le conseil ordinaire du secrétariat général ne manquera pas d’étudier les réponses parvenues qui seront synthétisées dans l’Instrumentum laboris, document de travail de la XIIIe assemblée générale ordinaire.
 

III. Structure des Lineamenta

Les Lineamenta sont divisés en trois chapitres qui reflètent le thème de l’assemblée synodale: 1) Le temps d’une nouvelle évangélisation; 2) Proclamer l’Evangile de Jésus Christ; 3) Initier à l’expérience chrétienne. Bien entendu, il y a également une Introduction, précédée d’un Avant-propos. Le Document se termine ensuite par une brève Conclusion.

Dans l’Avant-propos sont présentées quelques idées pratiques concernant la procédure synodale et la signification des Lineamenta. En outre, on y souligne la distinction théorique entre l’évangélisation comme activité régulière de l’Eglise; la première annonce ad gentes à ceux qui ne connaissent pas encore Jésus Christ; et la nouvelle évangélisation qui s’adresse principalement à ceux qui se sont éloignés de l’Eglise, aux personnes baptisées mais pas suffisamment évangélisées. Dans la pratique ecclésiale, les trois catégories coexistent souvent sur le même territoire et les Eglises locales doivent donc les pratiquer en même temps, en particulier à cause du phénomène de la mondialisation et du déplacement de la population à travers la migration et l’immigration.

L’Introduction souligne que la XIIIe assemblée synodale s’inscrit dans le cadre de l’engagement renouvelé d’évangélisation que l’Eglise a entrepris à la suite du Concile œcuménique Vatican II. A travers cette action, promue par les Souverains Pontifes Paul VI, Jean-Paul II et actuellement Benoît XVI, l’Eglise souhaite vivre la joie d’être une communauté rassemblée par Jésus Christ, pour louer Dieu le Père au moyen de l’Esprit, et de reproposer cette joie à ceux qui sont proches et éloignés. Dans le même temps, avec la nouvelle évangélisation, on voudrait répondre aux grands défis d’un monde en transformations toujours plus rapides. A cet égard, il y a plusieurs raisons théologiques et ecclésiales de cette action.

Les raisons théologiques sont liées au mystère de Dieu Un et Trine. «L'Eglise qui annonce et transmet la foi imite Dieu même dans son action de se communiquer à l'humanité en donnant son Fils, de vivre dans la communion trinitaire, d'effuser l'Esprit Saint, pour communiquer avec l'humanité» (Lineamenta 2, ci-après L 2). L’évangélisation devrait se faire l’écho de la communication divine. C’est pourquoi, l’Eglise fondée pour diffuser l’Evangile, doit se laisser modeler par l’action de l’Esprit pour être conforme au Christ crucifié et ressuscité. Elle redécouvre sa mission maternelle, Ecclesia Mater, d’engendrer des enfants au Seigneur, et donc le devoir d’évangéliser.

D’un point de vue ecclésiologique, il faut répéter que l’évangélisation concerne la nature même de l’Eglise, ainsi que toute son activité. C’est pourquoi, l’annonce de l’Evangile n’est pas une question de stratégie de communication ou un choix de destinataires prioritaires, comme pourraient l’être les jeunes. Celle-ci concerne la capacité de l’Eglise de se configurer «en une communauté réelle, en une authentique fraternité, en un corps, et non en une machine ou une entreprise» (L 2). En effet, toute l’Eglise est missionnaire par nature. Elle existe pour évangéliser. Pour accomplir ce devoir de façon adéquate, l’Eglise commence par s’évangéliser elle-même. Elle se reconnaît non seulement comme l’agent, mais aussi comme le fruit de l’évangélisation, convaincue que l’acteur principal est Dieu qui la guide dans l’histoire au moyen de l’Esprit de son Fils unique Jésus Christ. L’évangélisation exige donc une action de discernement. L’Eglise dans son ensemble est appelée à l’écoute, à la compréhension, à la révision et à la revitalisation de son mandat évangélisateur, en particulier face aux grands changements du monde contemporain. Elle ne se trouve pas dépourvue dans cette œuvre. Il suffit de penser aux exhortations apostoliques Evangelii nuntiandi et Catechesi tradendae, fruits des assemblées synodales de 1974 et 1977, qui ont affronté ces questions en offrant à l’Eglise des itinéraires et des modalités encore valables.
 

IV. Chapitre I : Le temps d’une « nouvelle évangélisation »

Dans le chapitre I est décrite la naissance du concept de nouvelle évangélisation et de sa diffusion au cours des pontificats du serviteur de Dieu Jean-Paul II et du Pape Benoît XVI. Jean-Paul II introduisit ce terme pour la première fois le 9 juin 1979 au cours de l’homélie au sanctuaire de la Sainte-Croix, à Mogila, en Pologne: «Une nouvelle évangélisation est commencée, comme s'il s'agissait d'une deuxième annonce, bien qu'en réalité ce soit toujours la même» (L 5). L’expression s’est ensuite affirmée dans le discours aux participants à la XIXe assemblée du CELAM, à Port-au-Prince, en Haïti, le 9 mars 1983, dans lequel Jean-Paul II a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une ré-évangélisation, mais d’«une nouvelle évangélisation. Nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes, dans ses expressions» (L 5). Le cadre de ce concept se trouve dans l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi du serviteur de Dieu Paul VI qui est souvent rappelée dans les Lineamenta. Bien que n’ayant pas encore forgé l’expression, Evangelii nuntiandi parle de «temps nouveaux d’évangélisation» (EN, n. 2), d’un élan nouveau (EN, nn. 2, 5), tandis que le n. 24 du document est intitulé: «Entraînant un nouvel apostolat». Ces rappels s’expliquent également par le fait que Karol Wojtyła, en tant qu’évêque de Cracovie, fut nommé rapporteur pour la clôture générale du synode en 1974 sur le thème: L’évangélisation dans le monde moderne.

Le terme de nouvelle évangélisation est contenu d’innombrables fois dans les documents de son pontificat et les Lineamenta en citent les plus significatifs, sans avoir la prétention d’en faire une énumération exhaustive. Les Lineamenta ont pour but de susciter un débat sur la signification du concept lui-même. Celui-ci est, par exemple, très présent dans les exhortations apostoliques post-synodales des assemblées continentales, célébrées en préparation au grand Jubilé de l’an 2000. En effet, par le terme de nouvelle évangélisation, on a souvent entendu le fonctionnement dynamique, «l'effort de renouvellement que l'Eglise est appelée à faire pour être à la hauteur des défis que le contexte social et culturel contemporain pose à la foi chrétienne» (L 5). Ces défis sont indiqués par six domaines qui, au cours des dernières décennies, ont interpellé l’Eglise et exigent une réponse adéquate afin qu’ils deviennent des lieux de témoignage des chrétiens qui sont appelés à les transformer par l’annonce de l’Evangile.

1) Le domaine de la sécularisation occupe la première place et une grande importance lui est consacrée. Il concerne principalement le monde occidental, mais à partir de celui-ci, il se diffuse dans le monde entier. Même si parfois, elle adopte des tons anti-chrétiens et anti-religieux, la sécularisation a généralement assumé un ton humble qui a envahi la vie quotidienne des personnes, développant une mentalité dans laquelle Dieu est de fait absent. Il s’agit de la culture du relativisme ayant de graves implications anthropologiques qui influent également sur la vie de l’Eglise.

D’autre part, outre la sécularisation, on assiste dans le monde à un réveil religieux. Malheureusement, de nombreux aspects positifs de la recherche de Dieu et de la redécouverte du sacré dans diverses religions «sont obscurcis par des phénomènes de fondamentalisme qui, souvent, manipule la religion pour justifier la violence et jusqu'au terrorisme» (L 6).

2) Le deuxième domaine indiqué est le phénomène migratoire qui modifie «la géographie ethnique de nos villes, de nos pays et de nos continents» (L 6). Celui-ci possède diverses causes et il est lié au phénomène de la mondialisation, qui possède des aspects positifs, mais également problématiques et demande donc un travail exigeant de discernement.

3) Les moyens de communication, la révolution informatique, représentent l’un des grands défis de l’Eglise. La culture médiatique et numérique comporte de nombreux avantages, mais également des risques dont le point final pourrait devenir ce «qui est appelé la culture de l'éphémère, de l'immédiat, de l'apparence, c'est-à-dire une société incapable d'avoir une mémoire et un futur» (L 5).

4) L’évangélisation de l’Eglise est marquée également par le domaine économique, la crise économique, les déséquilibres croissants entre le Nord et le Sud du monde «quant à l'accès et à la distribution des ressources, ou encore les dommages à la création» (L 6).

5) La recherche scientifique et technologique est un autre domaine qui interpelle l’action évangélisatrice de l’Eglise. La science et la technique, en effet, risquent de devenir les nouvelles idoles du présent, une nouvelle religion, en favorisant de «nouvelles formes de gnoses, qui assument la technique comme une forme de sagesse, à la recherche d'une organisation magique de la vie qui puisse fonctionner comme savoir et comme sens» (L 6). En outre, nous assistons à la naissance de nouveaux cultes qui finalisent les pratiques religieuses à des objectifs thérapeutiques promettant la prospérité et la gratification instantanée.

6) Il faut prendre en considération également le domaine politique, les changements historiques des dernières décennies: l’effondrement de l’idéologie communiste et la fin de la division du monde occidental en deux blocs, qui a favorisé la liberté religieuse et la réorganisation des Eglises locales. En outre, sur la scène mondiale apparaissent actuellement de nouveaux acteurs politiques, économiques et religieux, comme le monde asiatique et islamique.

Face à ces nouveaux domaines, les chrétiens sont appelés non seulement à une œuvre de discernement, mais également à poser la question de Dieu à l’intérieur de ceux-ci, en les éclairant par la lumière de l’Evangile et en y apportant leur propre témoignage. Dans ce nouveau contexte, ils sont appelés à conférer une saveur évangélique aux grandes valeurs de la paix, de la justice, du développement, de la libération des peuples, du respect des droits humains et des peuples, en particulier des minorités, ainsi que de la sauvegarde de la création et de l’avenir de notre planète. Il s’agit de la martyria chrétienne dans le monde d’aujourd’hui. Cette tâche offre de grandes possibilités pour le dialogue œcuménique avec les membres des autres Eglises et communautés ecclésiales. C’est pourquoi, la nouvelle évangélisation devrait répondre à la demande de spiritualité qui dans le monde actuel également, réapparaît avec une vigueur renouvelée. Dans ce contexte, le dialogue interreligieux avec les dénominations non-chrétiennes, et surtout avec les grandes religions orientales, peut être d’une grande utilité.

Face à ces défis, l’Eglise devrait identifier de nouvelles formes d’expression de l’évangélisation, adaptées aux contextes sociaux et aux cultures actuelles en grande mutation. En conservant sa nature missionnaire, l’Eglise devrait maintenir sa dimension populaire, domestique, également dans des contextes de minorité ou de discrimination. Elle est appelée à élargir ses horizons, à dépasser les frontières dans la mesure où «la nouvelle évangélisation est le contraire de se suffire à soi-même et du repli sur soi, de la mentalité du statu quo et d'une conception pastorale selon laquelle il suffit de faire comme on a toujours fait» (L 10).
 

V. Chapitre II : Proclamer l’Evangile de Jésus-Christ

Le but de l’évangélisation, et à plus forte raison de la nouvelle évangélisation, est l’annonce de l’Evangile et la transmission de la foi. L’Evangile ne doit pas être compris comme un livre ou une doctrine, mais comme une personne: Jésus Christ, parole définitive de Dieu qui s’est fait homme. Les chrétiens sont invités à établir une relation personnelle avec le Seigneur Jésus, dans la communauté des fidèles, dans l’Eglise. Il nous conduit au Père au moyen de l’Esprit Saint. «L'objectif de la transmission de la foi est donc de réaliser cette rencontre avec Jésus Christ, dans l'Esprit, pour arriver à faire l'expérience de son Père et du nôtre» (L 11).

L’Eglise transmet la foi qu’elle-même vit et qui forme son annonce, son témoignage et sa charité. La transmission de la foi comme rencontre des fidèles avec Jésus Christ est guidée par l’Esprit Saint et se réalise à travers l’Ecriture Sainte et la Tradition vivante de l’Eglise. L’Eglise, continuellement régénérée par l’Esprit, est le Corps du Christ, dont l’expression par excellence consiste dans la célébration du sacrement de l’Eucharistie. C’est à ces fondements de l’Eglise, à l’Eucharistie et à la Parole de Dieu, que se sont consacrées les deux dernières assemblées générales ordinaires du synode des évêques, respectivement en 2005 et en 2008.

La transmission de la foi a lieu à travers la prière, qui est la foi à l’œuvre. La liturgie en est le lieu privilégié, avec un rôle pédagogique irremplaçable, «dans lequel le sujet éduquant est Dieu lui-même et où le vrai éducateur à la prière est l'Esprit Saint» (L 14).

L’Eglise a déjà réfléchi sur la transmission de la foi au cours du synode sur La catéchèse en notre temps, qui a eu lieu en 1977. Les résultats des travaux synodaux ont été présentés dans l’exhortation apostolique Catechesi tradendae, document publié en 1979, souvent cité dans ces Lineamenta. En outre, les Lineamenta font souvent référence au Directoire général pour la catéchèse, publié par la Congrégation pour le clergé en 1997. En en reprenant les thèmes principaux, les Lineamenta cherchent à les appliquer aux situations sociales et ecclésiales actuelles. Catechesi tradendae a présenté le terme de pédagogie de la foi, qui inclut deux instruments fondamentaux pour la transmission de la foi: la catéchèse et le catéchuménat. La catéchèse est entendue comme le «processus de transmission de l'Evangile, tel que la communauté chrétienne l'a reçu, le comprend, le célèbre, le vit et le communique» (L 14). Le catéchuménat baptismal, c’est-à-dire «la formation spécifique par laquelle l'adulte converti à la foi est conduit à la profession de foi baptismale pendant la veillée pascale» (Directoire général pour la catéchèse, n. 59; cf. L 14), doit inspirer les autres formes de catéchèse tant en ce qui concerne les objectifs que le dynamisme.

Au cours des dernières décennies, les Eglises locales se sont prodiguées dans ce domaine. Il suffit de penser au nombre de chrétiens, prêtres, religieux, laïcs, catéchistes, familles et communautés, groupes et mouvements ecclésiaux, qui se sont engagés de façon spontanée et gratuite dans l’annonce et dans la transmission de la foi. Toutefois, «le climat culturel et la situation de lassitude dans lesquels se trouvent nombre de communautés chrétiennes risquent d'affaiblir la capacité d'annonce, de transmission et d'éducation à la foi de nos Eglises locales» (L 15).

Cette situation exige un élan nouveau, un zèle renouvelé, don de l’Esprit Saint, pour reproposer avec joie et ferveur l’annonce de la Bonne Nouvelle. Il s’agit du devoir de toute l’Eglise et de tous ses membres. Celui-ci devient encore plus urgent en raison des défis de la société actuelle.

Les chrétiens sont appelés aujourd’hui aussi à donner raison de l’espérance qui est en eux (cf. 1 P 3, 15), à travers un style de vie communautaire et personnel nouveau, répondant «“avec douceur et respect, en possession d'une bonne conscience” (1 P 3, 16), avec cette force indulgente qui vient de l'union avec le Christ dans l'Esprit et avec la détermination de celui qui sait d'avoir comme but la rencontre avec Dieu Père, dans son Royaume» (L 16). Le témoignage chrétien doit être privé et public, embrasser la pensée et l’action, la vie intérieure des communautés chrétiennes et leur élan missionnaire, leur action éducative, l’activité caritative, leur présence dans la société contemporaine, pour leur communiquer le don de l’espérance chrétienne. «Le but de tout le processus de transmission de la foi est l'édification de l'Eglise en tant que communauté des témoins de l'Evangile» (L 17). Pour pouvoir le faire selon la volonté du Seigneur Jésus, l’Eglise elle-même «a besoin d’être évangélisée, si elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Evangile» (EN, n. 46; L 17). Les Lineamenta ont pour but d’aider les Eglises locales à réfléchir sur les aspects positifs mais également sur les défis et les difficultés rencontrées dans la transmission de la foi.
 

VI. Chapitre III : Initier à l’expérience chrétienne

Le chapitre III repropose la réflexion sur les instruments de l’Eglise pour introduire à la foi et, en particulier, sur l’initiation chrétienne: baptême, confirmation et Eucharistie. Ils sont conçus «comme les étapes d'un chemin de génération à la vie chrétienne adulte, à l'intérieur d'un parcours organique d'initiation à la foi» (L 18). La réflexion sur l’initiation chrétienne a connu un développement prometteur au cours des dernières décennies, mais a également ouvert le débat sur divers aspects à approfondir. Grâce à la contribution des Eglise jeunes, dans ce processus d’introduction à la foi, c’est souvent l’adulte qui est pris comme modèle, et non l’enfant. En outre, on a redonné de l’importance au sacrement du baptême, en reprenant la structure de l’ancien catéchuménat pour favoriser une célébration plus consciente, et donc mieux en mesure de garantir la vie chrétienne des nouveaux baptisés. Dans le cas du baptême des enfants, on s’efforce de faire participer davantage les parents et la communauté. On a également recours à la mystagogie pour assurer des parcours d’initiation qui se poursuivent également après l’administration du sacrement.

La pratique des communautés ecclésiales a toutefois suscité diverses questions, parmi lesquelles les Lineamenta mentionnent les suivantes.

Dans la révision de l’administration des sacrements de l’initiation chrétienne, s’est posé le problème de l’ordre des sacrements, en particulier de la confirmation. A cet égard, il existe dans l’Eglise une variété de traditions et de rites. En ce qui concerne l’ordre des sacrements d’initiation des adultes, les habitudes de l’Orient coïncident avec celles de l’Occident. La différence concerne l’administration de la confirmation aux jeunes. Trouver une place partagée au sacrement de la confirmation demeure un défi pour l’Eglise sur lequel il faut réfléchir. D’ailleurs, le Saint-Père Benoît XVI a déjà mentionné cette question dans l’exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis (n. 18). Il faut en outre redonner un contenu et une énergie à la dimension mystagogique de l’initiation chrétienne. Il ne suffit pas de déléguer l’éducation à la foi éventuellement à l’enseignement de la religion dans les écoles, car la mission propre de l’Eglise est d’annoncer l’Evangile et d’engendrer à la foi, en particulier les jeunes et les adolescents, à travers le catéchuménat et la catéchèse.

Face aux défis actuels, la nouvelle évangélisation devrait permettre aux fidèles de vaincre leurs peurs et de placer une plus grande confiance dans l’Esprit Saint qui guide l’Eglise dans l’histoire, pour percevoir de façon plus lucide les lieux et comprendre les façons plus appropriées à travers lesquelles placer la question de Dieu au centre de la vie des hommes d’aujourd’hui, en interceptant leurs attentes et leurs préoccupations. Dans cette tâche, la catéchèse qui concerne ceux qui ont déjà reçu la première annonce de l’Evangile et croient dans le Dieu révélé par le Seigneur Jésus est indispensable. La catéchèse fait mûrir cette conversion, éduque le croyant à la foi, en l’incorporant dans l’Eglise, communauté des chrétiens.

L’initiation à la foi est fortement liée à l’éducation que l’Eglise accomplit comme son service à l’homme et au monde. Dans la société d’aujourd’hui, toute action éducative apparaît très difficile, au point que le Pape Benoît XVI a parlé d’urgence éducative. Il est toujours plus difficile de transmettre aux nouvelles générations les valeurs de base et un comportement juste. Les parents en font l’expérience en particulier, mais également les institutions éducatives, et en particulier l’école. Cette difficulté est une conséquence du relativisme diffus qui fait manquer la lumière de la vérité. Dans un tel contexte, l’engagement de l’Eglise dans l’éducation à la foi signifie plus que jamais une contribution précieuse pour faire sortir la société de la crise éducative. L’Eglise possède à cet égard une grande tradition d’écoles, d’instituts éducatifs, de ressources pédagogiques, de personnes spécialisées, de divers ordres religieux masculins et féminins, en mesure d’offrir une présence significative dans le monde de l’école et de l’éducation. Après un discernement approprié de cette réalité, elle aussi soumise à des changements significatifs dans les transformations sociales et culturelles, l’Eglise pourra redonner en don à la société sa tradition éducative, en trouvant sa place dans l’espace public, en y reproposant la question de Dieu, fondement de toute éducation chrétienne.

On pourrait affirmer que l’objectif éducatif de l’Eglise est ce que l’on appelle l’écologie de la personne humaine, selon l’expression du Pape Benoît XVI (cf. Caritas in veritate, n. 51; L 21), qui ne fait qu’un avec l’écologie humaine et celle de l’environnement. La nouvelle évangélisation est également appelée à s’occuper de l’engagement culturel et éducatif de l’Eglise. Dans tous les cas, celle-ci a davantage besoin de témoins que de maîtres. «Tout projet de “nouvelle évangélisation”, tout projet d'annonce et de transmission de la foi ne peut pas faire abstraction de cette nécessité: avoir des hommes et des femmes qui, par leur conduite de vie, renforcent l'engagement évangélisateur qu'ils vivent» (L 22). L’urgence éducative actuelle fait augmenter le besoin d’éducateurs sachant être des témoins crédibles de valeurs sur lesquelles peut se fonder l’existence personnelle et le projet de la société humaine pour laquelle il vaut la peine de s’engager. Dans les Lineamenta, sont indiqués certains témoins illustres de l’histoire de l’Eglise, dans le domaine de l’éducation, à commencer par saint Paul, saint Patrick, saint Boniface, saint François-Xavier, les saints Cyrille et Méthode, saint Turibio de Mongrovejo, saint Damien de Veuster, la bienheureuse mère Teresa de Calcutta. Grâce à Dieu, on pourrait en énumérer encore beaucoup. Leur exemple sert à souligner que la nouvelle évangélisation est surtout un devoir spirituel de chrétiens qui poursuivent la sainteté. Ce parcours suppose la grâce de Dieu et exige éducation, efforts, persévérance et prière. Les témoins entendus dans ce sens sauront adopter un langage compréhensible également pour l’homme contemporain, en prêchant surtout à travers l’exemple d’une vie pleinement consacrée à Dieu et au prochain.
 

VII. Conclusion

Dans la conclusion, les Lineamenta reprennent certaines descriptions de la «nouvelle évangélisation», sans prétendre proposer une définition précise et exhaustive, mais pour faciliter la réflexion sur ce thème.

On répète que le fondement de la nouvelle évangélisation est l’effusion de l’Esprit Saint par le Seigneur ressuscité sur les disciples le jour de la Pentecôte. Parmi eux, dans le cénacle de Jérusalem, était également présente Marie, Mère de Jésus et notre Mère. «Pleine de grâce», Elle est l’icône de l’Eglise, la Mère qui l’accompagne dans l’évangélisation au cours de son histoire bimillénaire. La nouvelle évangélisation devrait devenir un nouveau cénacle, un lieu où sous la grâce de l’Esprit Saint, l’Eglise trouvera non pas un nouvel Evangile, mais «une réponse adéquate aux signes des temps, aux besoins des hommes et des peuples d'aujourd'hui, à tous les scénarios qui dessinent la culture à travers laquelle nous révélons nos identités et nous cherchons le sens de nos existences» (L 23).

La nouvelle évangélisation devrait rallumer chez les chrétiens l’élan des origines, un nouvel esprit missionnaire, qui engage tous les membres du Peuple de Dieu, «un nouvel élan apostolique qui soit vécu comme un engagement quotidien des communautés et des groupes chrétiens» (Jean-Paul II, Novo millennio ineunte, n. 40; L 24).

Prions le Seigneur, par l’intermédiaire de la Bienheureuse Vierge Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation, que la prochaine assemblée synodale aide l’Eglise a reprendre avec une vigueur renouvelée l’œuvre d’évangélisation, en annonçant avec joie à ceux qui sont proches ou éloignés l’Evangile de Jésus Christ, «force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit» (Rm 1, 16).

 

          

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