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A propos de la Réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
sur la doctrine de la Lettre apostolique
Ordinatio sacerdotalis

 

Quelques réflexions semblent opportunes à 1occasion de la publication de la Réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à une question sur la raison de considérer comme “définitive tenenda” la doctrine exposée dans la Lettre apostolique “Ordinatio sacerdotalis”.

Limportance ecclésiologique de cette Lettre apostolique a été soulignée par sa date de publication elle-même: le 22 mai 1994, jour de la Solennité de Pentecôte. Mais, ce sont surtout ses mots de conclusion qui révèlent son importance: “afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22, 32), que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église (n. 4).

L’intervention du Pape était devenu nécessaire non seulement pour rappeler une discipline observée par l’Église depuis l’origine, mais encore pour confirmer une doctrine (n. 4) “conservée par la Tradition constante et universelle de l’Église” et “enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents”, “doctrine qui concerne la constitution divine elle-même de l’Église” (ibid.). Le Saint Père entendait de cette manière rendre clair que l’enseignement selon lequel l’ordination sacerdotale est à réserver seulement aux hommes ne pouvait être considéré comme “ouvert au débat”, et que l’on ne pouvait attribuer à la décision de l’Église “une valeur purement disciplinaire” (ibid.).

Depuis la publication de la Lettre sont apparus ses fruits. Bien des consciences qui s’étaient laissées agiter de bonne foi, par l’insécurité plus que par le doute, ont retrouvé la sérénité grâce à l’enseignement du Saint Père. Toutefois, les perplexités n’ont pas disparu, non seulement chez ceux qui, loin de la foi catholique, n’acceptent pas l’existence d’une autorité doctrinale dans l’Église, c’est-à-dire du Magistère revêtu sacramentellement de l’autorité du Christ (cf. Const. “Lumen gentium”, 21), mais aussi chez divers fidèles auxquels il semble toujours que l’exclusion du ministère sacerdotal représente une violence ou une discrimination à l’égard des femmes. Certains objectent qu’il ne ressort pas de la Révélation que cette exclusion ait été voulue par le Christ pour son Église, et d’autres s’interrogent sur l’assentiment qui est dû à l’enseignement de la Lettre.

Certes, les motifs pour lesquels l’Église n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes pourraient être encore approfondis; ces motifs ont été exposés, par exemple, dans la Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi “Inter insigniores” (15-X-1976), approuvée par Paul VI, et dans différent documents de Jean-Paul II (comme l’Ex. ap. “Christifideles laici”, 51; et la Lettre ap. “Mulieris dignitatem”, 26), ainsi que dans le Catéchisme de l’Église catholique, n. 1577. En tout cas, ce que l’on ne peut oublier, c’est que l’Église enseigne, comme une vérité absolument fondamentale de l’anthropologie chrétienne, l’égale dignité personnelle de l’homme et de la femme et la nécessité de dépasser et d’éliminer “toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux” (“Gaudium et spes”, 29). C’est à la lumière de cette vérité que 1’on peut chercher à comprendre mieux l’enseignement selon lequel la femme ne peut recevoir l’Ordination sacerdotale. Une théologie correcte ne peut se passer de l’un ou l’autre de ces enseignement, mais doit les tenir ensembles; c’est seulement comme cela qu’elle pourra approfondir les desseins de Dieu sur la femme et sur le sacerdoce - et donc sur la mission de la femme dans l’Église -. Si l’on devait, par contre, affirmer l’existence d’une contradiction entre les deux vérités, en se laissant peut-être trop conditionner par les modes et l’esprit du temps, on aurait perdu le chemin du progrès dans l’intelligence de la foi.

Dans la Lettre “Ordinatio sacerdotalis”, le Pape s’arrête, de manière pragmatique, à considérer la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Église: le fait qu’elle “n’ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non admission des femmes à l’ordination sacerdotale ne peut signifier qu’elles aient une dignité moindre ni qu’elles seraient l’objet d’une discrimination” (n. 3). La diversité de mission ne diminue pas l’égalité dans la dignité personnelle.

Pour comprendre qu’il n’y a ni violence ni discrimination à l’égard des femmes, il faut en outre considérer la nature-même du sacerdoce ministériel qui est un service et non une position de pouvoir humain ou de privilège sur les autres. Celui qui, homme ou femme, conçoit le sacerdoce comme une affirmation personnelle, comme le point d’aboutissement ou même de départ d’une carrière de succès humains, se trompe profondément. En effet, le vrai sens du sacerdoce, qu’il s’agisse du sacerdoce commun des fidèles, ou, d’une manière toute particulière, du sacerdoce ministériel, ne se peut trouver que dans le sacrifice de sa propre existence, en union avec le Christ, au service de ses frères. Le ministère sacerdotal ne peut constituer ni l’idéal général, ni encore moins l’objectif de la vie chrétienne. Dans ce sens, il n’est pas superflu de rappeler encore une fois que “le seul charisme supérieur, qui peut et doit être désiré, est la charité (cf. 1 Cor 12-13)” (Décl. “Inter insigniores”, VI).

Pour ce qui est du fondement dans la Sainte Écriture et dans la Tradition, Jean-Paul II s’arrête au fait que le Seigneur Jésus, comme en témoigne le Nouveau Testament, a appelé seulement des hommes, et non des femmes, au ministère ordonné, et que les Apôtres “ont fait de même lorsqu’ils ont choisi les collaborateurs qui devaient leur succéder dans le ministère” (Lettre apost. “Ordinatio sacerdotalis”, n. 2; cf. 1 Tm 3, 1 ss.; 2 Tm 1, 6; Tt 1, 5). Il y a des arguments valides pour soutenir que la manière dagir du Christ ne fut pas déterminée par des motifs culturels (cf. n. 2), tout comme il y a des raisons suffisantes pour affirmer que la Tradition a interprété le choix fait par le Christ comme obligatoire pour 1Eglise de tous les temps.

Toutefois, c’est déjà en face de l’interdépendance essentielle entre la Tradition et la Sainte Écriture que nous nous trouvons ici- Interdépendance qui fait une unité infrangible de ces deux modes de transmission de l’Évangile liés au Magistère lequel est partie intégrante de la Tradition et instance interprétative authentique de la Parole de Dieu écrite et transmise (cf. Const. “Dei Verbum”, 9 et 10). Dans le cas spécifique des ordinations sacerdotales, les successeurs des apôtres ont toujours observé la norme de conférer l’ordination sacerdotale seulement à des hommes, et le Magistère, avec l’assistance du Saint-Esprit, nous enseigne que cela n’est dû ni au hasard, ni à la force de l’habitude, ni à la soumission aux conditionnements sociologiques, ni moins encore à une infériorité imaginaire de la femme, mais au fait que “l’Église a toujours reconnu comme norme constante la manière d’agir de son Seigneur dans le choix des douze hommes dont il a fait le fondement de son Église” (Lettre ap. “Ordinatio sacerdotalis”, n. 2).

Comme on le sait, il y a des motifs de convenance par lesquels la théologie a cherché à comprendre la rationalité de la volonté du Seigneur. Ces motifs, tels qu’ils sont exposés, par exemple, dans la Déclaration “Inter insigniores”, ont une valeur indubitable, mais ils ne sont ni conçus ni utilisés comme s’ils étaient des démonstrations logiques et contraignantes, déduites de principes absolus. Il est important, cependant, d’avoir présent à l’esprit que la volonté humaine du Christ, non seulement n’est pas arbitraire, ce que les motifs de convenance aident à comprendre, mais encore qu’elle est intimement unie à la volonté divine du Fils éternel, dont dépend la vérité ontologique et anthropologique de la création des deux sexes.

Devant cet acte magistériel précis du Pontife Romain, adressé explicitement à l’Église catholique entière, tous les fidèles sont tenus à donner leur assentiment à la doctrine qu’il énonce. C’est à ce propos que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a donné, avec l’approbation du Pape, une réponse officielle sur la nature de cet assentiment. Il s’agit d’un assentiment plénier et définitif, c’est à dire irrévocable, à une doctrine infailliblement proposée par l’Église. En effet, comme l’explique la Réponse, ce caractère définitif dérive de la vérité de la doctrine elle-même, parce qu’elle est fondée sur la parole de Dieu écrite, qu’elle a été constamment conservée et mise en pratique dans la Tradition de l’Église et qu’elle a été proposée infailliblement par le magistère ordinaire et universel (cf. Const. “Lumen gentium”, 25) . C’est pourquoi, la Réponse précise que cette doctrine appartient au dépôt de la foi de l’Église. Il faut donc souligner que le caractère définitif et infaillible de cet enseignement de l’Église n’est pas né de la lettre “Ordinatio sacerdotalis”. Dans celle-ci, comme l’explique aussi la Réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Pontife Romain, dans les circonstances actuelles, a confirmé la même doctrine sous forme d’une déclaration formelle qui affirme de nouveau “quod semper, quod ubique et quod ab omnibus tenendum est, utpote ad fidei depositum pertinens”. Dans ce cas, un acte du Magistère ordinaire pontifical, qui par lui-même n’est pas infaillible, atteste le caractère infaillible de l’enseignement d’une doctrine déjà possédée par l’Église.

Enfin, n’ont pas manqué certains commentaires de la Lettre “Ordinatio sacerdotalis” selon lesquels cette dernière constituerait une difficulté supplémentaire et inopportune sur le chemin déjà difficile du mouvement œcuménique. A ce sujet, il ne faut pas oublier que selon la lettre et l’esprit de Vatican II (cf. Décret “Unitatis redintegratio”, 11), l’authentique engagement œcuménique, auquel l’Église catholique ne veut et ne peut se soustraire, exige une pleine sincérité et clarté dans la présentation de l’identité de sa propre Église. De plus, il faut souligner que la doctrine réaffirmée par la Lettre “Ordinatio sacerdotalis” ne peut pas ne pas être utile à la recherche de la pleine communion avec les Églises orthodoxes qui, conformément à la Tradition, ont maintenu, et maintiennent avec fidélité cet enseignement.

L’originalité singulière de l’Église et du sacerdoce ministériel au dedans d’elle demande clarté et précision des critères. Concrètement, il ne faut jamais perdre de vue que ce n’est pas dans les principes de la vie sociale à chaque moment de l’histoire que l’Église trouve la source de sa propre foi et de sa propre structure. Bien qu’elle considère avec attention le monde dans lequel elle vit et pour le salut duquel elle agit, elle a conscience d’être porteuse d’une fidélité supérieure à laquelle elle est liée. Il s’agit de la radicale fidélité à la Parole de Dieu reçue par l’Église, qui, elle-même, est établie par le Christ jusqu’à la fin des temps. Cette parole de Dieu, quand elle proclame la valeur essentielle et le destin éternel de chaque personne, manifeste le fondement ultime de la dignité de chaque être humain, de chaque homme et de chaque femme.

    

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