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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Samedi 18 mai 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 21 du 23 mai 2013)

Les chrétiens qui commèrent

Après les « chrétiens de salon », ce sont les « chrétiens qui commèrent » qui sont au cœur du nouvel appel du Pape François. Ils s’adresse à ceux qui ont perdu le sens de leur appartenance à l’Église, au peuple de Dieu. Lors de la messe du 18 mai, le Pape a souligné les « mauvaises habitudes » qui s’ajoutent aux « bonnes manières » dont témoignent de si nombreux chrétiens. Et parmi les mauvaises habitudes précisément celle de s’écorcher l’un l’autre avec des mots, à travers la désinformation et la calomnie. « Les commérages, a-t-il conclu, sont destructeurs dans l’Église ». Jésus parlait beaucoup avec Pierre et avec tous les autres, tout comme les apôtres parlaient entre eux et avec les autres, mais il s’agissait « d’un dialogue d’amour ». Jésus avait demandé à plusieurs reprises à Pierre « s’il l’aimait, s’il l’aimait plus que les autres. Pierre avait dit oui et le Seigneur lui a donné comme mission : pais mes brebis ». Cela a été précisément « un dialogue d’amour », mais à un certain point, a expliqué le Saint-Père, Pierre a eu la tentation de s’immiscer dans la vie d’un autre, Judas, et après avoir su qu’il aurait trahi, il demanda à Jésus la raison pour laquelle il lui permettait de le suivre encore. « Jésus une autre fois lui fit un reproche : “que t’importe ?” (cf Jn 21, 20-25). Ne t’immisce pas dans la vie de l’autre. Que t’importe si c’est ce que je veux ? ». Pierre, a expliqué le Pape, est un homme et donc il subit lui aussi la tentation d’interférer dans la vie des autres, c’est-à-dire « comme l’on dit de manière courante, de mettre son nez partout ». À nous aussi, dans notre vie chrétienne, cela arrive ; « combien de fois sommes-nous tentés de faire cela ? Le dialogue, ce dialogue avec Jésus, est dévié sur une autre voie. Et le fait de s’immiscer dans la vie des autres a de nombreuses modalités ». Il en a souligné deux : se comparer toujours aux autres et les commérages. La comparaison, a-t-il expliqué, est de toujours se demander « pourquoi cela à moi et non à celui-ci ? Dieu n’est pas juste ! ». Pour clarifier le concept, il a cité en exemple la petite Thérèse qui « quand elle était enfant, a eu la curiosité de comprendre pourquoi Jésus ne semblait pas juste : à un il donnait beaucoup, et à l’autre bien peu. Elle était une enfant et elle a posé la question à sa sœur aînée et cette dernière — sage cette sœur ! — a pris un dé à coudre et un verre. Elle les a rempli d’eau tous les deux et puis a demandé : dis-moi Thérèse, quel est le plus plein des deux ? Mais tous les deux sont pleins ! Et Jésus est comme cela avec nous : cela ne l’intéresse pas si tu es grand, petit. Ce qui l’intéresse c’est si tu es plein d’amour de Jésus et de la grâce de Jésus ! C’est ainsi que Jésus fait avec nous ». Lorsque l’on fait des comparaisons « on termine dans l’amertume et l’envie. Ce que le diable veut. On commence en louant Jésus et puis sur ce chemin de comparaison, on termine dans l’amertume et l’envie ». La deuxième modalité à laquelle s’est référé le Saint-Père est constituée par les commérages. On commence par beaucoup d’éducation : « Mais moi, je ne veux parler mal de personne mais il me semble que... » et puis on termine par « écorcher son prochain. C’est précisément comme cela ! ». « Combien de commérages dans l’Église ! Combien nous commérons nous chrétiens » et le commérage « est justement écorcher, se faire du mal l’un l’autre » comme si l’on voulait rabaisser l’autre pour s’élever soi-même. « Les commérages sont destructeurs dans l’Église. C’est un peu l’esprit de Caïn : tuer son frère, avec la langue. Mais sur cette voie, nous devenons des chrétiens aux bonnes manières et aux mauvaises habitudes ! ». Le Pape a ensuite énoncé les trois comportements négatifs : la désinformation à savoir « seulement la moitié qui nous convient et pas l’autre moitié » ; vient ensuite la diffamation : « quand une personne a vraiment un défaut, a fait une grosse bêtise » il faut la raconter, « faire le journaliste, non ? Et la réputation de cette personne est ruinée » ! La troisième est la calomnie : « Dire des choses qui ne sont pas vraies. Cela est vraiment tuer son frère ! ».



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