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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 23 mai 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 22 du 30 mai 2013)

Ce sel qui donne de la saveur

Le chrétien, selon la métaphore évangélique de Matthieu (5, 13-14), est appelé à être le sel de la terre. Mais s’il ne transmet pas la saveur que le Seigneur a donnée, il se transforme en « un sel insipide » et devient « un chrétien de musée ». Voilà ce dont a parlé le Pape lors de la Messe célébrée jeudi 23 mai.

L’évangile du jour (Marc 9, 41-50) a inspiré au Saint-Père une réflexion sur une particularité qui caractérise les chrétiens : c’est-à-dire d’être pour le monde ce que le sel est pour la ménagère et pour celui qui a bon goût et apprécie la saveur des choses. « Le sel est une bonne chose » a commencé le Pape. Une bonne chose « que le Seigneur a créée », mais « si le sel devient insipide — s’est-il demandé — avec quoi donnerez-vous de la saveur ? ».

On parle du sel de la foi, de l’espérance et de la charité. « Comment faire pour que le sel ne perde pas sa force ? ». Pour commencer, la saveur du sel chrétien, a-t-il expliqué, naît de la certitude de la foi, de l’espérance et de la charité venant de la conscience « que Jésus est ressuscité pour nous » et nous a sauvés. Le sel — a expliqué le Pape — a un sens quand on le donne pour apporter de la saveur aux choses. Le sel que nous avons reçu est fait pour être donné; il est fait pour donner de la saveur, pour être offert; autrement « il devient insipide et ne sert pas ».

Mais le sel a aussi une autre particularité: quand « on l’utilise bien — a précisé le Pape François — on ne sent pas le goût du sel ». Ainsi, « la saveur du sel » n’altère pas la saveur des choses ; au contraire « on sent la saveur de chaque repas », qui devient plus bon et plus savoureux. « Telle est l’originalité chrétienne : quand nous annonçons la foi, avec ce sel », chaque personne qui la reçoit « la reçoit dans sa particularité, comme les repas ».

Toutefois, a précisé l’Évêque de Rome, « l’originalité chrétienne n’est pas l’uniformité. Elle prend chacun comme il est, avec sa personnalité, avec ses caractéristiques, avec sa culture », et elle le laisse tel qu’elle l’a trouvé, « parce qu’il est une richesse ; mais elle lui donne quelque chose de plus, elle lui donne de la saveur ». Si l’on tendait en revanche à l’uniformité, « ce serait comme si tous étaient salés de la même manière ». La même chose arriverait si l’on se comportait « comme lorsque la femme met trop de sel » : on sentirait seulement le goût du sel et « non le goût de ce repas rendu savoureux avec le sel ».

L’originalité chrétienne consiste précisément en cela : chacun reste ce qu’il est, avec les dons que le Seigneur lui a donnés. « Chacun est différent de l’autre » ; le sel chrétien est donc celui qui « fait précisément voir les qualités de chacun. Tel est le sel que nous devons donner » et non conserver. Ou tout au moins ne pas conserver au point qu’il s’abîme.

Et « pour que le sel ne s’abîme pas » il y a deux méthodes à suivre, « qui doivent aller de pair ». Le Pape les a expliquées ainsi : « Tout d’abord le donner, au service des repas, au service des autres, au service des personnes. Il s’agit du sel de la foi, de l’espérance et de la charité : il faut le donner, le donner, le donner ! ». L’autre méthode implique la transcendance, c’est-à-dire la tension « vers l’auteur du sel, le créateur, celui qui fait le sel. Le sel ne se conserve pas seulement en le donnant dans la prédication. Il a besoin également de l’autre transcendance, de la prière, de l’adoration. Et ainsi le sel se conserve, ne perd pas sa saveur. Avec l’adoration au Seigneur, je suis transcendé de moi-même au Seigneur; et avec l’annonce évangélique je sors de moi-même pour donner le message ».

 


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