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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Dimanche 2 juin 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 23 du 6 juin 2013)

Où est ton frère ?

« La guerre est folie. C’est le suicide de l’humanité. C’est un acte de foi en l’argent, qui pour les puissants de la terre sont plus importants que les personnes ». Parce que « derrière la guerre il y a toujours des péchés : il y a le péché de l’idolâtrie, le péché de l’exploitation des hommes, de leur sacrifice sur l’autel du pouvoir ». Le Pape François parle sans demi-mesure: avec détermination et clarté, dans son langage simple et direct, il dénonce la folie des conflits qui ensanglantent l’humanité. Et il le fait à deux reprises en l’espace de quelques heures, le 2 juin. D’abord en célébrant la messe avec un groupe de militaires italiens blessés et les familles de jeunes qui ont donné leur vie en mission de paix, surtout en Afghanistan ; puis à l’Angélus place Saint-Pierre. Le jour où en Italie était célébrée la fête de la République, le Pape a donc accueilli dans la chapelle de la Domus Sanctae Marthae la portion de l’Église qui souffre, celle de la pastorale aux armées : treize soldats blessés ces dernières années et les familles des victimes, soit environ quatre-vingts personnes. Au terme de la Messe, il s’est longuement entretenu avec chacun des présents, qu’il a serré dans ses bras, embrassé, caressé. Il a souri pour les encourager et s’est ému en écoutant leurs histoires, certaines de très grandes souffrances. Les yeux gonflés de larmes, beaucoup portaient avec eux les photographies de leurs proches qui ne sont plus là ; d’autres portaient imprimées dans leur corps les conséquences d’un conflit qui en quelques années a fait, uniquement chez les Italiens, 52 morts et une centaine de blessés. Et ainsi des enfants, parfois tout petits, et des parents, des veuves et des frères des soldats morts, dans leur profonde et sobre douleur, ont rencontré le Pape avec les jeunes qui ont perdu l’usage des jambes ou la vue, mais pas la dignité ni l’espérance. Dans son homélie, le Pape s’est arrêté sur l’évangile de Luc (7, 1-10), « où — a-t-il expliqué — le Seigneur entend en particulier la prière d’un seul. Ce centurion dont le serviteur était malade et qui demanda à Jésus de le guérir ». Puis il a souligné que « notre Dieu est ainsi : il entend la prière de tous, mais il n’est pas un Dieu qui entend la prière de tous comme s’ils étaient anonymes, non, de tous et de chacun. Notre Dieu est le Dieu du grand et le Dieu du petit. Notre Dieu est personnel ». Puis la réflexion sur la guerre, avec des paroles adressées directement aux personnes présentes : « Aujourd’hui, nous sommes venus prier pour nos morts, pour nos blessés, pour les victimes de cette folie qu’est la guerre : c’est le suicide de l’humanité, parce qu’elle tue le cœur ; elle tue là où se trouve le message du Seigneur, elle tue l’amour. Parce que la guerre vient de la haine, de la jalousie, de la volonté de puissance, et aussi — nous le voyons souvent — de la faim de pouvoir. Dans l’histoire aussi, nous avons vu que, très souvent, les problèmes locaux, les problèmes économiques, les crises économiques, dans le monde entier, les grands de la terre veulent les résoudre avec une guerre ». Pour quelle raison ? « Parce que pour eux l’argent est plus important que les personnes ; et la guerre c’est cela : c’est un acte de foi en l’argent ; de foi dans les idoles, dans les idoles de la haine ; dans l’idole qui te conduit à tuer ton frère ; qui te conduit à tuer l’amour » telle a été la réponse du Saint-Père. « Tourne-toi vers nous Seigneur — a prié encore le Saint-Père — et aies miséricorde, parce que nous sommes angoissés. Regarde notre misère et notre peine. Nous sommes sûrs que le Seigneur nous entendra. Il fera quelque chose pour nous donner l’esprit de consolation ».

 



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