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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Samedi 28 septembre 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 42 du 17 octobre 2013)

La peur de la Croix

La croix fait peur. Mais suivre Jésus signifie inévitablement accepter la croix qui se trouve devant chaque chrétien. Et nous devons demander à la Vierge — qui sait pour l’avoir expérimenté, comment l’on est à côté de la croix — la grâce de ne pas fuir devant elle, même si nous en avons peur. Telle est la réflexion proposée par le Pape François le 28 septembre, lors de la Messe célébrée dans la chapelle de Sainte-Marthe. Commentant le passage liturgique de Luc (9, 43-45), le Saint-Père a rappelé qu’au temps du récit de l’évangéliste « Jésus était engagé dans de nombreuses activités et tous étaient en admiration devant les choses qu’il faisait. Il était le leader du moment. Tous en Judée, en Galilée, en Samarie, parlaient de lui. Et Jésus, peut-être au moment où les disciples se réjouissaient de cela, leur dit : Mettez-vous bien en tête ce que je vous dis là : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ». Au moment du triomphe, a fait remarquer le Pape, Jésus annonce d’une certaine manière sa Passion. Toutefois les disciples étaient tellement pris par le climat de fête « qu’ils ne comprirent pas ces paroles; elles restaient tellement mystérieuses pour eux qu’ils n’en comprenaient pas le sens ». Et, a-t-il poursuivi, « ils ne demandèrent pas d’explications. L’Évangile dit : “Ils avaient peur de l’interroger sur cela”. Il valait donc mieux ne pas en parler. Il valait mieux ne pas comprendre la vérité ». Ils avaient peur de la croix.

En vérité, même Jésus en avait peur ; mais « lui ne pouvait se tromper lui-même. Lui savait. Et sa peur était si grande que le soir du Jeudi saint il transpira du sang ». Il a même demandé à Dieu : « Père éloigne de moi cette coupe » ; mais il a ajouté, « que ta volonté soit faite. Et cela est la différence. La croix fait peur ». Cela est ce qui arrive lorsque l’on s’engage dans le témoignage de l’Évangile, à la suite de Jésus. « Nous sommes tous contents », a remarqué le Pape, mais nous ne nous demandons rien d’autre, nous ne parlons pas de la croix. Et pourtant, comme il existe la règle selon laquelle le disciple n’est pas plus grand que le maître — une règle, a-t-il précisé que l’on doit respecter, — il existe aussi la règle selon laquelle « il n’y a pas de rédemption sans l’effusion du sang ». Et « il n’y a pas de travail apostolique fécond sans la croix ». Chacun de nous, a-t-il expliqué, « peut peut-être penser : et que m’arrivera-t-il à moi ? Comment sera ma croix ? Nous ne le savons pas mais elle existe et nous devons demander la grâce de ne pas fuir la croix lors-qu’elle arrivera. Bien sûr elle nous fait peur, mais la sequela de Jésus se termine précisément là. Les paroles de Jésus à Pierre me reviennent en mémoire : « M’aimes-tu ? Pais mes brebis... M’aimes-tu ? Pais mes brebis...M’aimes-tu ? Pais mes brebis... » (Jn, 21, 15-19). Et les « dernières paroles étaient les mêmes : tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. C’était l’annonce de la croix ». C’est précisément pour cela que « les disciples avaient peur de l’interroger. Tout près de Jésus en croix se trouvait sa mère. Peut-être aujourd’hui, jour où nous prions pour elle, il serait bon de lui demander la grâce non pas de nous ôter la peur, parce que celle-ci doit être présente, mais de lui demander la grâce de ne pas fuir la croix. Elle était là et elle sait comment se comporter près de la croix ».



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