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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 21 janvier 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 4 du 28 janvier 2016)

Le dernier instrument

François a mis en garde contre l’envie, un péché qui arrive à tuer les personnes. Tirée du premier livre de Samuel (18, 6-9 ; 19, 1-7), la première lecture « raconte l’entrée du roi Saül dans la ville, après la victoire contre les philistins », obtenue grâce au « duel entre David et Goliath ». C’est véritablement « la victoire de tout le peuple ». Et ainsi, lit-on dans l’Écriture, « les femmes sortirent de toutes les villes », en chantant et en dansant pour fêter la victoire. C’est aussi « un rituel de joie ». La Bible ajoute également qu’en dansant, les femmes chantaient : « Saül en a tué mille et David dix mille ». Et c’était des paroles « qu’elles improvisaient sur le moment, peut-être parce qu’elles venaient ainsi dans le chant ». Donc, celui qui avait « vaincu était le roi : David avait tué le philistin — c’est vrai ! — , il avait été l’instrument, et le peuple avait le sentiment que le roi était l’oint du Seigneur ». Mais « Saül, au lieu d’être heureux de cette fête, en fut très irrité ». De toute évidence « le cœur de Saül avait quelque chose qui n’allait pas » car « il a fait le calcul : on en a attribué dix mille à David et à moi on m’en a attribué mille ! ». En somme, « ce n’était qu’un chant, mais il l’a mal pris : pourquoi ? ». La question est que le cœur de Saül « avait quelque chose qui l’a poussé à mal le prendre : il était jaloux ». Il « a ressenti une attaque de jalousie à ce moment-là », à cause de ce chant. Au point que la Bible nous dit, précisément, qu’il « en fut très irrité ». C’est pourquoi « à partir de ce jour-là il regardait David avec soupçon », en imaginant sans cesse : « Celui-ci me trahira ! ». Pour cette raison, Saül « prit la décision de tuer » David. Et « le motif était son cœur malade de jalousie, qui conduisit Saül à l’envie ». « Que l’envie est une chose laide ! ». Il s’agit, en effet, d’« une attitude, d’un péché laid ». Et « le cœur envieux — nous l’avons entendu — conduit à tuer, à la mort ». Du reste, l’Écriture le dit clairement : « À cause de l’envie, la mort est entrée dans le monde ». « L’envie tue et ne tolère pas que quelqu’un d’autre ait quelque chose que je n’ai pas ». Et elle crée toujours de la souffrance, « car le cœur de l’envieux ou du jaloux souffre : c’est un cœur qui souffre ». C’est précisément « cette souffrance qui le conduit à désirer la mort des autres ». « Combien de fois dans nos communautés — nous ne devons pas aller bien loin pour le voir — on tue avec la langue par jalousie ». Il arrive ainsi que « quelqu’un soit envieux d’un autre et les médisances commencent : et les médisances tuent ». Le passage biblique raconte entre autres que le roi Saül, conseillé par son fils Jonathan, décide de ne plus tuer David. Mais ensuite, « le temps ayant passé, dans un excès de colère, il a cherché » vraiment à le tuer, « alors qu’il jouait de la harpe ». L’envie est donc « une maladie qui vient, qui revient ». « En pensant et en réfléchissant à ce passage de l’Écriture », le Pape a ajouté : « Je m’invite moi-même — et j’invite tout le monde — à chercher si dans mon cœur il y a quelque chose d’attribuable à la jalousie ou à l’envie, qui conduit toujours à la mort et m’empêche d’être heureux ». Car « cette maladie conduit à regarder tout ce que l’autre possède de bien, comme si c’était au détriment de toi-même ». Et « cela est un péché laid : c’est le début de tant, de tant de crimes ». « Demandons au Seigneur qu’il nous donne la grâce de ne pas ouvrir notre cœur à la jalousie, de ne pas ouvrir notre cœur aux envies, car ces choses conduisent à la mort ». Et il a rappelé à ce propos l’attitude de Pilate : c’était un homme intelligent et Marc, dans l’Évangile, dit que Pilate s’était rendu compte que le chef des scribes lui avaient remis Jésus par envie ». Donc « l’envie — selon l’interprétation de Pilate, qui était très intelligent, mais lâche ! — est ce qui a conduit à la mort de Jésus ». Il a été « l’instrument, le dernier instrument : on le lui avait livré par envie ».

 



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