Index   Back Top Print

[ FR  - IT ]

VOYAGE APOSTOLIQUE AU BÉNIN, OUGANDA ET KHARTOUM

MESSE AU STADE MUNICIPAL

HOMÉLIE DE JEAN-PAUL II

Parakou (Bénin)
Jeudi, 4 février 1993

 

« Que leur unité soit parfaite; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé »[1].

1. Par ces paroles, le Christ a prié son père, à une heure grave de sa vie terrestre, avant d’être livré en sacrifice pour le genre humain. Dans sa prière sacerdotale, il a instamment demandé que l’unité de ses disciples avec lui et avec le Père amène les hommes à croire, et à comprendre qu’ils sont aimés de Dieu.

Chers Frères et Sœurs, je suis très heureux, au deuxième jour de ma visite au Bénin, d’être arrivé jusque chez vous. Je vous dis toute ma joie de vous rencontrer sur votre propre sol et de célébrer avec vous la messe de l’unité dans cette ville de Parakou, au Nord-Bénin.

Je salue de tout mon cœur votre Evêque, Monseigneur Nestor Assogba, et je le remercie vivement des paroles de bienvenue qu’il m’a adressées. Je salue mon proche collaborateur béninois à Rome, le Cardinal Bernardin Gantin, ainsi que les Cardinaux et les Evêques ici présents. J’adresse mes salutations amicales aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles des diocèses de Parakou et de Natitingou. Et je dis ma sympathie amicale aux fidèles du Togo venus de Sokodé, avec l’Administrateur diocésain, et de Dapango.

Aux Autorités qui ont tenu à participer à cette cérémonie liturgique, je présente mes salutations déférentes et je les remercie de leur présence.

Je salue aussi cordialement les personnes qui appartiennent à d’autres familles spirituelles et qui nous font l’amitié de prendre part à cette fête des catholiques de la région.
Frères et Sœurs, le magnifique rassemblement que vous constituez en ce moment autour de l’autel est une image de l’unité que notre Seigneur Jésus Christ souhaite établir entre les hommes. L’Evangile ne nous dit-il pas qu’il a versé son sang sur la Croix « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés »[2]? Ouvrons donc nos cœurs au message que Dieu nous envoie au cours de cette célébration eucharistique afin de mieux bâtir ensemble une famille unie sous le regard de Dieu! Il est des projets dont la réalisation ne semble pas à portée d’homme: l’unité est de ceux-là, mais le prophète Ezéchiel nous donne l’extraordinaire assurance que dans la main puissante de Dieu ce qui est séparé peut être uni: « Ils ne seront qu’un dans ma main »[3].

2. Nous avons entendu saint Paul parler des clans qui faisaient obstacle à l’unité des chrétiens de Corinthe. Selon l’Apôtre, les membres de la communauté sont divisés, car ils n’ont pas compris la vraie sagesse du Christ, qui leur a été donnée: «En lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu»[4].

En effet, le premier pas vers l’unité est l’accueil du message du Christ avec la nécessaire conversion du cœur que cela entraîne. C’est pourquoi, je me réjouis que les populations du Nord-Bénin connaissent de plus en plus le Seigneur Jésus, «le Chemin, la Vérité et la Vie»[5] et qu’elles ouvrent leur cœur à la Bonne Nouvelle.

Chers Frères et Sœurs, je vous encourage à avancer dans ce sens, à développer toutes les énergies de votre baptême, sous la conduite de vos pasteurs. Dans le prolongement de la fête de la présentation du Seigneur, que nous avons célébrée avant-hier, je vous souhaite d’accueillir toujours davantage le Christ comme la vraie lumière des nations, comme le messager qui nous révèle l’Alliance éternelle d’amour établie entre Dieu et son peuple. A l’exemple de Syméon et d’Anne, continuez à aller vous aussi à la rencontre du Seigneur, pour rayonner ensuite tout autour de vous la lumière de Dieu.

Dans la suprême prière que Jésus fait à son Père pour les siens, il déclare: « La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ »[6] et, plus loin, il ajoute: « Je leur ai fait don de ta parole »[7]. A nous maintenant d’accueillir cette parole, source de vie et source de joie: « Je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés »[8].

3. Aux jeunes qui m’écoutent et veulent donner un sens à leur vie, je dis: écoutez les paroles de Jésus. Vous trouverez dans l’Evangile des règles de vie pour épanouir votre personnalité en vous appuyant sur des convictions solides et éclairantes: la conviction que Jésus fixe son regard sur vous et vous aime; la conviction que vous avez reçu de Dieu des talents à faire fructifier et que vous avez votre rôle à jouer dans l’édification de l’Eglise au Bénin et dans le développement de la société béninoise.

En méditant les gestes et les paroles du Christ, vous apprendrez à grandir dans la foi, c’est-à-dire à éclairer votre pensée par la pensée du Christ; vous y apprendrez à grandir dans l’espérance, c’est-à-dire à accorder votre volonté avec la volonté du Christ et à rechercher ce qu’il a préparé pour vous; vous y apprendrez à grandir dans la charité, c’est-à-dire à aimer comme le Christ aime, d’un amour qui jaillit de l’amour répandu dans votre cœur au baptême par l’Esprit Saint, d’un amour intériorisé.

Chers jeunes, je souhaite qu’en vous mettant à l’écoute du Christ vous appreniez à devenir des hommes et des femmes responsables. En effet, ne peut-on pas dire que le milieu social africain tend parfois à dissoudre les responsabilités individuelles dans une mentalité de groupe? Pour plus de progrès, il faut que se développe une vraie conscience personnelle. Pour que naisse le sens du devoir, il faut que chacun, individuellement, soit en mesure de répondre de ses actes et sache clairement ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

A l’exemple du Christ, qui a voulu être reconnu comme le fils du charpentier, aimez l’effort et le travail. Luttez contre le parasitisme dont la société africaine est souvent victime aujourd’hui. Prenez-vous en charge résolument avec confiance et audace.

Enfin, n’ayez pas peur. Sachez que, grâce à votre foi chrétienne, vous appartenez à un peuple victorieux: « Qui donc est vainqueur du monde? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? »[9]. La peur est un sentiment qui paralyse, qui réduit la capacité d’initiative et qui empêche de devenir responsable. Pour dominer cette peur, il faut que s’instaure un climat de liberté où chacun puisse s’épanouir et exprimer toute sa créativité. Eh bien, précisément, le Christ est venu pour nous libérer. Encore une fois, ouvrez vos cœurs à son message afin de devenir des hommes libres!

4. Dieu veut le salut de tous les hommes. Mystérieusement mais réellement, il est présent auprès de tous. L’humanité forme une seule famille, car tous les êtres humains ont été créés par Dieu à sa propre image. Tous ont une destinée commune, puisqu’ils sont appelés à trouver en Dieu la plénitude de la vie. Il y a donc entre les hommes, malgré les différences de croyance, un mystère d’unité, dont les chrétiens sont bien conscients.

Afin que se réalise pleinement le mystère d’unité et que voie le jour la « parfaite harmonie de pensées et de sentiments » dont parle saint Paul, les chrétiens doivent entrer avec tous dans le dialogue de salut que Dieu offre au monde au long des âges et que l’Eglise poursuit, fidèle à l’initiative divine.

Pour vous qui m’écoutez, le dialogue que vous devez rechercher est celui de la vie au quotidien, où chacun s’efforce de cultiver un esprit de bon voisinage en partageant les joies et les peines, les problèmes et les soucis communs. Ce dialogue est fondamental: il requiert une attitude équilibrée, des convictions religieuses profondes et une ouverture à la vérité.

5. Dans cette même ligne de recherche d’unité et de dialogue, je voudrais saluer particulièrement les moines et les moniales du diocèse de Parakou. Par leur vie commune, poursuivie chaque jour avec persévérance dans l’enceinte du monastère et dans la compagnie de frères ou de sœurs venus d’horizons divers, ils offrent un exemple d’unité et de dialogue.

La vie monastique est une grande force spirituelle pour une Eglise particulière. A ceux et à celles qui cherchent à développer pleinement les dons de leur baptême, elle offre les moyens de promouvoir une authentique vie spirituelle et de rayonner l’Evangile en témoignant de l’absolu, de la grandeur et de l’attraction de Dieu. Je sais la vitalité des communautés monastiques de ce diocèse, dont l’une a déjà essaimé au-delà du Bénin, et je les encourage à devenir toujours davantage des écoles où l’on apprenne le service du Seigneur.

Dans la perspective de l’Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique, j’invite les communautés monastiques à apporter leur contribution, notamment dans le domaine de l’inculturation. En effet, les monastères peuvent être des creusets d’inculturation en ce sens que la vie commune entre personnes d’héritages culturels divers oblige à donner la priorité aux valeurs essentielles et vraies, pour approfondir l’unité de tous.

6. Le Christ, pour signifier l’unité des chrétiens avec lui et pour la faire grandir, a laissé à son Eglise le sacrement de l’Eucharistie: « Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et pour confier à l’Eglise, son Epouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection: sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture, l’âme est comblée de grâce et le gage de la gloire future nous est donné ». Je viens de vous citer des paroles importantes du Concile Vatican II[10].

L’Eucharistie fait l’Eglise. Elle unit les fidèles au Christ et le Christ unit tous les fidèles en son Corps. Dans le baptême, nous avons été appelés à ne faire qu’un seul corps. Dans l’Eucharistie, l’incorporation au Christ se renouvelle et s’approfondit: « Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au Corps du Christ? puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain »[11].

Frères et Sœurs, je suis particulièrement heureux de célébrer avec vous ce grand mystère de l’Eucharistie, comme je tiens à le faire à chacune de mes visites pastorales. Au moment de la consécration, avec les concélébrants je vais redire les paroles du Christ sur le pain: « Ceci est mon Corps ». Puissions-nous participer à cette messe, comme à toute messe, dans une telle communion avec le Christ et avec nos frères que le Seigneur puisse regarder notre assemblée ecclésiale et dire: « Ceci est mon Corps », car l’Eglise est le Corps mystique du Christ!

7. Demandons ensemble au Christ de bénir les initiatives d’évangélisation dans le diocèse de Parakou et dans tout le Nord-Bénin. Demandons-lui d’assister prêtres, religieux, religieuses, catéchistes et fidèles laïcs afin qu’ils soient des évangélisateurs dynamiques et efficaces. Demandons-lui d’envoyer son Esprit d’unité sur toutes les communautés ecclésiales « pour que le monde croie »[11].

Demandons-lui enfin, par l’intercession de la Vierge Marie, de faire resplendir au cœur de tous les Béninois la « Lumière qui se révèle aux nations » afin que, découvrant toujours plus profondément la personne du Christ et son message, ils sachent que tous sont aimés de Dieu: « Que leur unité soit parfaite; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé »[13].
M ROBISÍBU, BεSε Kà widobu!
(La providence est avec vous!)

GÚSUNO SIARA!
(Remercions Dieu!)

SU MÁRI SIARA!
(Remercions Marie!)

 


[1] Io. 17, 23.

[2] Io. 11, 52.

[3] Ez 37, 19.

[4] 1 Cor. 1, 5.

[5] Io. 14, 6.

[6] Bidi 17, 3.

[7] Ibid. 17, 14.

[8] Ibid. 17, 13.

[9] 1 Io. 5, 5.

[10] Sacrosanctum Concilium, 47.

[11] 1 Cor. 10, 16-17.

[12] Io. 17, 21.

[13] Ibid. 17, 23.

 

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana