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Voyage Apostolique
au Mexique et à Curaçao
(6 - 14 mai 1990)

Rencontre avec le Premier ministre et les membres du gouvernement
au Palais du «Fort Amsterdam» de Willemstad (Antilles néerlandaises, 13 mai 1990)

 

Excellence,
 
En arrivant aux Antilles Hollandaises, mon premier sentiment est de remercier avec joie Dieu Tout-Puissant qui a rendu possible cette visite. A travers lui, je salue les Autorités et toute la population de ces belles îles.
 
J'ai embrassé la terre de Curaçao en signe d'estime cordiale et d'amitié envers tous les peuples de cette région. En tant qu'Evêque de Rome et Successeur de Pierre, je l'ai fait en hommage à tous ceux qui ont rendu témoignage, par des paroles de vérité et des actes d'amour, au pouvoir de l'Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Je suis très heureux de pouvoir rencontrer les fidèles catholiques, en particulier au cours de la célébration eucharistique où ils se réuniront avec leurs prêtres, S.Exc. Mgr Ellis et tant d'autres Evêques de la région des Caraïbes.
 
2. En tant que frère-pèlerin de toute la famille humaine qui vit dans un monde aux prises avec des changements sociaux et politiques dramatiques, ma visite veut être une expression--devant vous et devant tous les hommes et les femmes de bonne volonté -- de la profonde solidarité de l'Église avec les peuples en voie de développement. Les personnes et les peuples aspirent partout à une vraie liberté. Ils cherchent un appui afin de surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de leur développement. Ils sont prêts à entreprendre et à beaucoup supporter afin d'atteindre un type de vie plus humain.
 
Le vrai défi que doivent affronter les nations en voie de développement est autant spirituel que matériel. Il consiste à faire en sorte que se développe et prospère le sens de la dignité humaine. C'est le devoir de construire dans le vrai tissu de la société un sens profond des droits humains et des responsabilités personnelles et sociales de chaque citoyen. En un mot, c'est un devoir constant de considérer et de traiter chaque être humain selon sa valeur unique de Fils aimé du Créateur.
 
4. Au début de ma visite pastorale à Curaçao, je souhaite saluer chacun de vous et vous remercier pour ce chaleureux accueil dans ces îles. Les Antilles hollandaises ont eu la grâce d'une beauté naturelle qui a toujours attiré des visiteurs du monde entier. Mais Dieu vous a aussi accordé une riche variété de races et de peuples qui ensemble s'efforcent de construire une société unie et harmonieuse. Je prie avec ferveur afin que la paix que vous a donnée Dieu continue à trouver une place dans vos cœurs, dans vos familles et dans tous les domaines de votre vie sociale et civile.
 
Madame le Premier Ministre, je vous adresse toute ma gratitude pour l'opportunité qui m'a été donnée de venir à Curaçao et rendre visite à la population des Antilles hollandaises. Ma présence parmi vous coïncide avec un moment significatif car les populations de l'Amérique et d'ailleurs se préparent à commémorer le cinq centième anniversaire du premier voyage de Christophe Colomb aux Caraïbes. Mon souhait est que la visite du Pape à Curaçao contribue à rappeler l'inspiration que la foi chrétienne a donnée à tous ceux qui, malgré toutes sortes de difficultés, ont essayé de maintenir une dignité humaine élevée et de jeter les bases d'une société juste et pacifique.
 
Même si ma visite pastorale s'adresse avant tout aux catholiques du diocèse de Willemstad, j'espère que tous les hommes et les femmes de bonne volonté, quelle que soit leur croyance religieuse, puissent trouver dans mon bref séjour parmi vous une occasion de réfléchir sur la signification des valeurs morales et religieuses nécessaires pour un bien-être intégral tant au niveau individuel que social. De telles valeurs ont inspiré des générations de vos concitoyens dans leurs efforts pour créer des bases d'unité et d'harmonie parmi les différents peuples et leurs multiples traditions. D'ici quelques heures, lorsque je célébrerai l'Eucharistie et que je prierai avec nombre de vos concitoyens, nous implorerons Dieu afin que cette fidélité à ces mêmes valeurs guide toujours votre progrès en tant que peuple.
 
5. Dans le contexte mondial actuel caractérisé par de rapides changements sociaux et politiques, il est devenu de plus en plus évident que les préoccupations accompagnant les sociétés dans leur propre développement ne peuvent se limiter à des domaines restreints d'intérêts égoïstes locaux ou nationaux mais doivent assumer un caractère plus large. En effet, il est demandé à tous les peuples, en cette fin de vingtième siècle, une solidarité qui embrasse toute la famille humaine et chacun de ses membres. Une telle solidarité est "une détermination ferme et persévérante de s'engager pour le bien commun... pour le bien de tous et de chacun, car nous sommes tous vraiment responsables de tous" (Sollicitudo rei socialis, 38).
 
La promotion d'une telle détermination à tous les niveaux de la société est un des grands défis moraux de notre époque et la clé d'une collaboration effective entre personnes, groupes sociaux et nations à répondre aux besoins et aux aspirations de l'ensemble de la race humaine. Seul un engagement résolu au dialogue, à la coopération et au respect des principes objectifs de la moralité permettra à notre société d'affronter les problèmes sociaux, économiques et politiques toujours plus complexes de notre époque. Ainsi, les Antilles hollandaises pourront offrir leur juste contribution à beaucoup d'autres sociétés du monde entier lorsque celles-ci se trouveront confrontées à ces mêmes défis et lorsqu'elles essaieront d'y répondre d'une manière digne de leurs meilleures traditions.
 
A ce propos, je souhaiterais souligner le rôle important joué par les éducateurs et les institutions éducatives dans le développement de chaque société. Les catholiques des Antilles hollandaises sont depuis longtemps engagés dans l'œuvre d'éducation des jeunes à la connaissance et à la vertu. L'Église, justement, considère cet apostolat comme une contribution significative à la vie de votre peuple et s'est engagée à coopérer avec l'État de façon constructive pour l'éducation de tous les citoyens.
 
6. Mesdames et Messieurs: il y a environ cinq cents ans, la première rencontre des Européens avec les peuples des Amériques marquait le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire de l'humanité. A présent, alors que des hommes et des femmes dans le monde entier espèrent ardemment une nouvelle ère de paix et de coopération entre les nations, je vous encourage dans vos efforts afin de construire une société basée sur la justice et le respect de la dignité de tous.
 
Que Dieu Tout-Puissant puisse vous combler de ses nombreuses bénédictions ainsi que tout le peuple de Curaçao, des Antilles hollandaises et de toutes les Caraïbes.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.26 p.10.11.

 



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