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DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
À S. E. MONSIEUR ŠTEFAN FALEŽ, NOUVEL
AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE
SLOVÉNIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Samedi, 14 novembre 1992

 

Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec joie que je reçois des mains de Votre Excellence les Lettres qui L’accréditent auprès du Siège Apostolique en qualité de premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Slovénie. Cet acte constitue un jalon important pour les relations entre le Saint-Siège et la nation slovène, dont le peuple, depuis des siècles, aspirait à l’indépendance et à la liberté, afin de pouvoir mieux épanouir les richesses culturelles et spirituelles dont il était porteur.

Je suis sensible au message déférent des autorités civiles et aux sentiments d’affection de vos compatriotes à l’égard du Successeur de Pierre, dont vous vous êtes fait l’interprète. Je vous saurai gré d’exprimer mes remerciements à Son Excellence Monsieur Milan Kucan, Président de la Présidence de la République de Slovénie, ainsi qu’aux membres du Gouvernement de votre pays. Puissiez-vous porter aussi à tous vos concitoyens mon salut cordial et mes vœux fervents en ce tournant de l’histoire nationale!

Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, les racines chrétiennes qui sont la fierté des Slovènes. Les saints Cyrille et Méthode, ardents missionnaires et apôtres du centre de l’Europe, ont favorisé une culture authentiquement slave. Ils ont ainsi contribué à faire de toutes les nations de cette partie du continent des peuples frères. Vous avez vous-même évoqué, dans l’histoire de votre pays, l’influence des valeurs morales et spirituelles du christianisme qui a été un ferment d’espérance et un élément de la cohésion nationale, particulièrement dans les heures les plus sombres et les plus douloureuses de la vie et de l’histoire du peuple slovène. Entre le baptême des Princes de la Grande Carantanie au VIIIème siècle et la chute des régimes totalitaires, les générations successives ont su entretenir l’espérance jusqu’au jour de l’accession à la liberté. Avec l’évolution de la Fédération yougoslave et avec la chute du communisme dans les pays de l’Est, la Slovénie trouve son indépendance. L’identité du peuple se réalise peu à peu, alors même que s’affermit l’État démocratique qui veut faire du pays une terre où il fait bon vivre pour les hommes de ce temps et pour les générations futures. La culture commune fait concourir les aspirations personnelles et collectives à l’édification de la patrie. Elle permet d’unifier les différentes composantes de la population et de donner la conscience d’appartenir à une nation. Elle est aussi un appel aux citoyens à porter leur attention au-delà des frontières pour entretenir des relations et pour vivre des collaborations fructueuses avec d’autres communautés humaines. Les liens ne sont pas totalement rompus avec les frères de l’ancienne Fédération de Yougoslavie. On pense particulièrement aux réfugiés et à ceux qui sont dans des situations extrêmes de pauvreté et de précarité parce que cruellement touchés par la guerre. Avec le sens de la solidarité et de l’accueil qui caractérisent profondément l’âme slave, vous vous efforcez sans vous lasser, en commun avec d’autres Nations d’Europe et du monde, de subvenir aux besoins les plus immédiats des personnes déplacées ou expulsées.

Vous avez bien voulu faire allusion, Monsieur l’Ambassadeur, à la présence active du Saint-Siège dans la vie internationale; son souci est de permettre à chaque peuple de vivre en paix à l’intérieur de ses frontières; il travaille avec persévérance pour que la voix de tout homme soit entendue et que soient reconnues la dignité et la liberté fondamentales de tout être humain. S’inspirant du Christ et du message évangélique, l’Église catholique proclame l’indispensable liberté des personnes et des peuples. Elle souhaite aider les nations dans les efforts pour vaincre l’injustice et les inégalités de tous ordres, avec les armes de la paix, du dialogue fraternel et de la négociation, afin de trouver des consensus nécessaires à la construction d’un monde où tout homme, indépendamment de sa race et de sa religion, puisse trouver le bonheur auquel il aspire. Il m’est agréable de vous entendre déclarer que les initiatives du Siège Apostolique pour promouvoir la paix et la justice, pour résoudre les désaccords et pour intensifier les relations constructives entre les peuples ont trouvé un écho favorable auprès des autorités civiles de votre pays et de l’ensemble de vos concitoyens. En s’engageant sur cette voie, à la place qui lui revient, chaque citoyen du continent est un partenaire dans la vie politique, économique et sociale de son pays comme dans l’Europe renouvelée. Il pourra donner le meilleur de lui-même pour le bien de ses frères en humanité.

L’Église catholique exerce en terre slovène sa mission spécifique d’annoncer l’Évangile. Cette charge spirituelle nécessite une réorganisation de l’administration des diocèses que les Évêques s’efforcent de réaliser, avec les moyens matériels qui sont mis à leur disposition et grâce à la liberté que l’État reconnaît à l’Église. La communion entre les Pasteurs se manifeste au sein de la nouvelle Conférence épiscopale slovène. La vocation spécifique de l’Église s’exprime aussi à travers des œuvres pastorales, caritatives et sociales dans lesquelles les communautés chrétiennes sont fortement engagées, comme les écoles, les instituts d’État, les hôpitaux, les prisons et l’armée. Je saisis cette occasion pour adresser, par votre entremise, mes chaleureuses salutations à tous les catholiques de votre pays. Par leurs initiatives, ils s’attachent à aider leurs frères et sœurs à approfondir le sens spirituel de leur existence; ils désirent contribuer à la construction d’une société toujours plus juste et plus solidaire, dans le respect des convictions et des pratiques religieuses de chacun. En mettant des lieux de culte à la disposition des communautés orthodoxes et protestantes, ils ont l’occasion de leur manifester leur solidarité, par un accueil fraternel. Avec tous les Slovènes, les Pasteurs de l’Église ont particulièrement le souci d’enseigner les valeurs humaines et spirituelles fondamentales aux jeunes qui sont la richesse de la nation et qui demain seront les acteurs de la société. Dans les différentes actions engagées, ils ont à cœur d’intensifier les liens avec les autorités par un dialogue permanent, en vue d’aboutir à des accords stables, afin que, dans le cadre des compétences de chacun, une collaboration fructueuse puisse se poursuivre pour le service de tous.

Au moment où commence votre mission de Représentant de la République de Slovénie auprès du Saint-Siège, je vous offre, Monsieur l’Ambassadeur, mes vœux les meilleurs. Par sa position stratégique aux confins de l’Europe de l’Ouest et des Balkans, votre pays a vocation pour relier des cultures longtemps éloignées à cause des événements. Pour leur part, les nouvelles relations diplomatiques font apparaître au grand jour des liens qui sont restés vivants et confiants à travers les vicissitudes de l’histoire. Dans vos fonctions, soyez assuré que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs, que vous connaissez bien grâce à votre longue familiarité avec la Curie romaine, le soutien attentif et la compréhension cordiale dont vous aurez besoin.

Sur Votre Excellence, sur le peuple slovène et sur ses dirigeants, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.


*Insegnamenti di Giovanni Paolo II, vol. XV, 2 pp. 575-578.

L'Attività della Santa Sede 1992 pp.727-729.

L’Osservatore Romano 15.11.1992 p.8 -

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.47 p.6.

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