ADDRESS OF HIS HOLINESS JOHN PAUL II
TO H. E. MR VIDHYA RAYANANONDA
NEW AMBASSADOR OF THE KINGDOM OF THAILAND
TO THE HOLY SEE*
Thursday, 13 January 1994
Monsieur l’Ambassadeur,
1. J'ai grand plaisir à vous accueillir aujourd'hui au Vatican et à recevoir les Lettres de Créance par lesquelles Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej vous nomme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Thaïlande près le Saint-Siège. Je vous sais gré des salutations cordiales et des bons vœux que vous apportez de la part de Sa Majesté, ainsi que des sentiments d'estime que vous avez si aimablement exprimés en votre propre nom et à celui de vos concitoyens. Je souhaite profiter de cette occasion pour affirmer une nouvelle fois mon profond respect pour le peuple thaï, et vous demande de transmettre à Leurs Majestés le Roi et la Reine l'assurance de mes prières ferventes pour leur santé et leur bien-être, ainsi que pour ceux des membres de la famille royale. Je demande en particulier à Dieu Tout-Puissant de bénir abondamment votre pays par la paix et la prospérité.
2. Les catholiques en Thaïlande éprouvent, je le sais, un profond sentiment de gratitude envers leur Souverain pour le soin et la sollicitude avec lesquels il remplit son rôle de «Défenseur de toutes les religions». Assurés de pouvoir librement pratiquer leur foi, les membres de l'Église dans votre pays peuvent se dévouer le plus généreusement du monde à remplir leur mission spirituelle et humanitaire, en portant témoignage dans tout ce qu'ils disent et font, de l'amour de Dieu pour l'humanité (cf. Mt 5, 45). Ce service au prochain, auquel ils sont poussés par la charité divine, est aussi une expression de leur patriotisme, car en aidant à accroître le bien-être de leurs concitoyens ils édifient efficacement leur patrie. Ils contribuent au bien commun non seulement par des œuvres organisées d'éducation, de santé et autres services sociaux mais aussi en accomplissant leurs activités et devoirs quotidiens dans une fidélité conforme aux exigences morales de l'Évangile. Et ils attendent avec impatience toutes les occasions de travailler avec les disciples d'autres religions, dans un esprit de respect mutuel, pour le développement de la société.
3. La mention que vous avez faite de ma Visite pastorale en Thaïlande en 1984, ravive d'agréables souvenirs. J'ai été particulièrement heureux de découvrir au premier chef la culture et la manière de vivre du peuple thaï, qui se sont développées au cours des siècles sur la base de vénérables traditions de sagesse que l'Église considère avec un respect sincère (cf. Nostra aetate, n. 2). Les traditions thaïlandaises, enracinées dans la vision religieuse que les biens périssables de ce monde ne sauraient satisfaire les aspirations du cœur et que le bonheur véritable ne peut être obtenu que par la Purification spirituelle, offrent un fondement solide pour refuser un modèle purement utilitariste de développement. Elles peuvent aider à assurer l'intégrité de votre précieuse civilisation contre les forces du consumérisme et du matérialisme. Le véritable progrès des individus et de la société, comme je l'ai écrit dans ma Lettre encyclique Sollicitudo rei socialis, «se mesure et s'oriente selon cette réalité et cette vocation de l'homme envisagé dans sa totalité, c'est-à-dire selon un paramètre intérieur qui lui est propre» (n. 29). La reconnaissance du fait que le sommet du développement humain est spirituel ne dissimule pas les efforts inlassables d'un peuple visant à offrir à ses membres leur juste part des biens de ce monde. Et même, la vérité sur la dignité inaliénable et la valeur de chaque personne doit les inciter à réaliser cette juste mesure de biens matériels qui soutiendront, sans l'empêcher, leur quête de transcendance.
4. Un développement authentique est la condition préalable à la floraison de la paix. Le développement doit être au service du sujet humain. Il doit élargir la portée de la liberté des hommes et les aider à faire bon usage de cette liberté dans des actes de vertu. Lorsque des individus recherchent le bien moral, la société peut à son tour modeler toutes les formes culturelles et réalités politiques établies par ses membres et leurs dirigeants. La liberté, si chère au peuple thaï, que vous appelez fièrement votre nation «le Pays des hommes libres», prend par conséquent source dans la libération intérieure et le service altruiste du bien commun. La véritable liberté humaine qui n'est autre que la liberté de faire ce qui est juste et bon, est le fondement solide sur lequel la Thaïlande peut édifier un État toujours plus stable, tout en remplissant le rôle qui lui revient dans les affaires internationales particulièrement dans la région de l'Asie du Sud-Est.
Excellence, votre accréditation comme représentant diplomatique de votre nation marque une nouvelle étape dans les relations cordiales entre le Royaume de Thaïlande et le Saint-Siège, des relations dont on peut remonter le fil au moins jusqu'au XVIIème siècle, lors du règne du roi Narai le Grand et du pontificat du Pape Innocent XI. J'ai confiance dans le fait que pendant le temps où vous serez Ambassadeur de Thaïlande, la confiance et la compréhension qui ont été instaurées au cours des années, seront affermies et accrues, pour le bénéfice mutuel de l'Église et de votre pays. Vous pouvez être certain que tous les bureaux et dicastères du Saint-Siège vous porteront toute leur considération et vous aideront dans l'accomplissement de vos lourdes responsabilités. En vous présentant mes propres vœux, j'invoque sur vous et les personnes qui vous sont chères, les abondantes Bénédictions divines.
*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.5 p.6.
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