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DISCOURS DU PAPE JEAN XXIII
AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Dimanche 25 décembre 1960

 

Nous voici réunis encore une fois, chers Messieurs, pour la douce célébration de la fête de Noël. Et qu'est ce que le mystère de Noël, sinon la Vierge avec son divin fils : Flos de radice eius ? C’est le Fils de Dieu Lui-même qui, dans la plénitude des temps, vient demeurer parmi les hommes. Verbum caro factum est et habitavit in nobis. Oui, vraiment, Dieu s’est fait homme, et il est venu au milieu de nous !

Nous Nous souvenons encore avec émotion, après tant d’années, d’un texte que Nous avons lu, au temps de Notre jeunesse sacerdotale, sur ce touchant mystère de Noël. L’auteur – un grand spirituel anglais du siècle dernier (Père Faber : Bethléem ou le mystère de la sainte enfance ; Paris, Retaud -Bray, 1885, cinquième édition, ch. III, pp. 151-229) – évoque la scène de la « grotte de Minuit », soulignant le prodigieux contraste entre la Majesté de Dieu et l’humilité de son entrée en ce monde, entre sa puissance au ciel et son délaissement sur la terre. Le « Désiré des nations » ne trouve qu’une pauvre étable pour l’abriter, car les hommes n’ont point vu la divinité qui se cachait dans une discrétion mystérieuse : « Ils regardaient dans toutes les directions plutôt que de se tourner vers la grotte de Bethléem ! » (ibid. p. 165).

Mais ce soir, Dieu en soit béni !, toutes les nations, on peut le dire, sont au pied de la crèche, rassemblées par la douceur de l’ineffable mystère. Le divin Enfant les voit toutes de son regard plein de bonté et de bénignité, non seulement, comme alors, au moyen de son omniscience divine, mais sensiblement présentes de l’Orient à l’Occident, de Rome à l’Égypte, en passant par la Grèce. Tous les siècles sont là : le passé et l’avenir, qui déroulent leurs pages sous les yeux du Nouveau-né.

L’Évêque de Rome, qui a célébré les saints mystères en cette nuit privilégiée, sent Son cœur tout vibrant du don de la foi, qui y allume l’espérance et la charité. Il partage ce don précieux avec tout le troupeau, – agneaux et brebis – dont Il est le pasteur. Et, en cette nuit, Il accompagne mystiquement les uns et les autres dans l’adoration du mystère de la Nativité.

Il y a deux mille ans, les esprits célestes et les éléments de la nature, les bergers et les mages réunis dans une commune profession d’humilité, donnèrent au monde un avant-goût de ce que Dieu opère en faveur des hommes et dans le cœur des hommes.

Aujourd’hui, cette Messe qui nous a réunis a vraiment rassemblé le monde entier, autour du divin Enfant de Bethléem, de Marie, la Vierge très pure, et de Joseph, qu’on a pu appeler « le plus caché de tous les saints de Dieu » (ibid. p. 202).

Chers Messieurs, qui représentez auprès de l’humble successeur de Pierre tant de nations, Nous aimons voir réunis en vous tous les sentiments et les désirs des peuples, toutes leurs souffrances et leurs espérances, et Nous les déposons auprès de Jésus, fils de Dieu et fils de Marie. C’est vers Lui que Nous faisons monter Notre humble prière, qui est celle de tous les hommes, et qui implore du Ciel ce que la terre ne peut lui donner : la fraternité, l’amour, et la paix.

Ô doux Enfant de Bethléem, accorde-Nous de communier de toute notre âme à ce profond mystère de Noël. Mets dans le cœur des hommes cette paix qu’ils recherchent parfois si âprement et que Toi seul peux leur donner. Aide-les à se connaître mieux, et à vivre fraternellement comme les fils d’un même Père. Découvre-leur aussi ta beauté, ta sainteté et ta pureté. Éveille dans leur cœur l’amour et la reconnaissance pour ton infinie bonté. Unis-les tous dans ta charité. Et donne-nous ta céleste paix. Amen. Amen.


 

*Discorsi, Messaggi, Colloqui del Santo Padre Giovanni XXIII vol. III p.101-103.

L’Osservatore Romano 27-28.12.1960, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, 1961 n°1 p.1.

 



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