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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX JOURNALISTES FRANÇAIS PARTICIPANT AU CONGRÈS
DE L'ASSOCIATION DE LA PRESSE LATINE*

Salle du Trône - Vendredi 3 juin 1955

 

Il Nous est très agréable de vous recevoir, Messieurs, à l'occasion du Congrès de l'Association de la Presse Latine, qui vous réunit à Rome ces jours-ci. Vous savez l'estime profonde que Nous avons toujours entretenue à l'égard de la culture française et des œuvres admirables que sa littérature a produites. Vous avez hérité de cette tradition illustre et c'est à vous qu'il appartient maintenant de faire rayonner son influence et de promouvoir, dans votre pays et à l'étranger, les qualités auxquelles elle reste particulièrement attachée.

À l'heure présente, l'écrivain et le journaliste exercent une influence prépondérante sur l'opinion. Ils s'emparent des faits religieux, politiques, économiques, des événements, graves ou insignifiants, des succès littéraires ou des modes philosophiques et les présentent au public en les appuyant d'un commentaire qui les illustre, les colore d'émotivité, leur communique en somme tout le relief qui en fera l'intérêt. Bien rares parmi les lecteurs ceux qui sont à même de critiquer pertinemment le texte qu'ils ont sous les yeux. Cette transformation que le chroniqueur, l'auteur d'un reportage, d'une enquête, d'une étude critique fait subir au fait brut, personne ne la lui reprochera. On attend de lui au contraire qu'il interprète son sujet avec toute la richesse de son esprit et de sa sensibilité, qu'il en fasse ressortir les aspects qui l'ont personnellement frappé. Mais voici l'écueil : l'exposition partiale, la déformation tendancieuse ou nettement malveillante, peut-être même le scepticisme ou la moquerie, pire encore, l'erreur consciente qui affiche un faux air d'objectivité.

Aussi nul d'entre vous, Messieurs, ne s'étonnera-t-il de Nous voir une fois de plus exalter devant vous le culte de la vérité et le souci de rapporter exactement les faits, sans céder à la tentation d'en grossir la portée, mais en observant aussi les critères impérieux du respect des personnes et de la décence morale. Il vous appartient, Messieurs, de regarder la société contemporaine dans toutes ses activités, et de choisir ce qui vous semble digne d'intérêt. Pourquoi oublie-t-on si souvent le mérite d'une obscure fidélité au devoir quotidien, du respect scrupuleux de l'honnêteté et de la réputation d'autrui, du dévouement onéreux au service d'un idéal de justice et de charité ? Travaillez avec une conscience droite et loyale, avec le souci de découvrir et de publier ce qui sert la vérité, ce qui contribue à promouvoir les valeurs humaines véritables et universelles.

Voilà le souhait cordial que Nous formulons à votre égard. Qu'il s'accomplisse par la faveur du Maître divin de toute vérité et de toute justice ! Nous le Lui demandons avec instance et vous en accordons volontiers pour gage Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVII,
 Dix-septième année de Pontificat, 2 mars 1955 - 1er mars 1956, pp. 115-116
 Typographie Polyglotte Vaticane

 



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