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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS 
EN INDONÉSIE, PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE,
TIMOR ORIENTAL ET SINGAPOUR
(2-13 septembre 2024)

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

“APEC Haus” (Port Moresby, Papouasie-Nouvelle-Guinée)
Samedi 7 septembre 2024

[Multimédia]

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Monsieur le Gouverneur général,
Monsieur le Premier Ministre,
Distingués représentants de la société civile,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs
!

Je suis heureux d’être ici avec vous aujourd’hui et de pouvoir visiter la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Je remercie le Gouverneur Général pour ses paroles cordiales de bienvenue et je vous remercie tous pour le chaleureux accueil. J’adresse mes salutations à tous les habitants du pays, en leur souhaitant paix et prospérité. Et dès à présent, j’exprime ma gratitude aux Autorités pour l’aide qu’elles apportent à de nombreuses activités de l’Église dans un esprit de coopération mutuelle pour le bien commun.

Dans votre patrie, un archipel composé de centaines d’îles, on parle plus de huit cents langues, correspondantes à autant de groupes ethniques : cela témoigne d’une extraordinaire richesse culturelle et humaine ; et je vous avoue qu’i s’agit d’un aspect qui me fascine beaucoup, y compris sur le plan spirituel, parce que j’imagine que cette énorme variété est un défi pour l’Esprit Saint qui crée l’harmonie à partir des différences !

Votre pays est donc riche non seulement d’îles et d’idiomes, mais aussi de ressources terrestres et maritimes. Ces biens sont destinés par Dieu à la collectivité entière et, même si leur exploitation nécessite l’intervention de compétences plus vastes et de grandes entreprises internationales, il est juste que les besoins des populations locales soient dûment pris en compte dans la répartition des revenus et dans l’emploi de la main-d’œuvre, afin de produire une amélioration effective de leurs conditions de vie.

Cette richesse environnementale et culturelle représente en même temps une grande responsabilité, car elle engage tout le monde, les gouvernants comme les citoyens, à favoriser toutes les initiatives nécessaires pour valoriser les ressources naturelles et humaines, de manière à permettre un développement durable et équitable qui promeut le bien-être de tous, sans exclure personne, grâce à des programmes concrètement réalisables et à la coopération internationale, dans un respect mutuel et avec des accords avantageux pour toutes les parties.

Une condition nécessaire pour atteindre ces résultats durables est la stabilité des institutions qui est favorisée par la concorde sur certains points essentiels entre les différentes conceptions et sensibilités présentes dans la société. Le renforcement de la solidité institutionnelle et l’obtention d’un consensus sur les choix fondamentaux constituent en effet une condition préalable au développement intégral et solidaire. Cela nécessite également une vision à long terme et un climat de coopération entre tous, y compris dans la distinction des rôles et les divergences d’opinion.

Je souhaite notamment que cessent les violences tribales qui font malheureusement de nombreuses victimes. Elles ne permettent pas de vivre en paix et entravent le développement. J’en appelle donc au sens de responsabilité de chacun pour arrêter la spirale de la violence et s’engager résolument sur la voie qui conduit à une coopération fructueuse, au bénéfice de l’ensemble des habitants du pays.

Dans le climat créé par ces attitudes, la question du status de l’île de Bougainville pourrait également trouver un règlement définitif, évitant ainsi la résurgence d’anciennes tensions.

En consolidant la concorde sur les fondements de la société civile, et avec la disponibilité de chaque individu à sacrifier quelque chose de sa propre position pour le bien de tous, on pourra mettre en œuvre les forces nécessaires pour améliorer les infrastructures, répondre aux besoins de la population en matière de santé et d’éducation, et augmenter les possibilités de travail décent.

Cependant – même si nous l’oublions parfois - l’être humain a aussi besoin, au-delà du nécessaire pour vivre, d’une grande espérance dans le cœur, qui le fasse bien vivre, lui donne le goût et le courage de se lancer dans des projets de grande envergure et lui permet de lever son regard vers le haut et vers de vastes horizons.

L’abondance des biens matériels, sans cette respiration de l’âme, ne suffit pas à donner vie à une société dynamique et sereine, laborieuse et joyeuse ; au contraire, elle la fait se replier sur elle-même. L’aridité du cœur lui fait perdre le cap et oublier la juste échelle des valeurs ; elle lui enlève son élan et la bloque - comme c’est le cas dans certaines sociétés opulentes - au point de perdre l’espérance en l’avenir et de ne plus trouver de raisons pour transmettre la vie.

C’est pourquoi il convient d’orienter notre esprit vers des réalités plus grandes ; il faut que les comportements soient soutenus par une force intérieure qui les protègent du risque de la corruption et de perdre en cours de route la capacité à reconnaître le sens de son travail et à l’accomplir avec dévouement et constance.

Les valeurs de l’esprit influencent considérablement la construction de la cité terrestre et de toutes les réalités temporelles, en insufflant une âme - pour ainsi dire -, elles inspirent et renforcent chaque projet. Cela se reflète également dans le logo et la devise de ma visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La devise dit tout en un mot : “Pray” – “Prier”. Certains, trop attentifs au “politiquement correct”, pourraient être surpris par ce choix ; mais en réalité, ils se trompent, car un peuple qui prie possède un avenir, en puisant sa force et son espoir d’en haut. Et même l’emblème de l’oiseau de paradis, dans le logo du voyage, est un symbole de liberté : de cette liberté que rien ni personne ne peut étouffer parce qu’elle est intérieure et qu’elle est gardée par Dieu qui est amour et veut que ses enfants soient libres.

Pour tous ceux qui se déclarent chrétiens - la grande majorité de votre peuple - je souhaite ardemment que la foi ne se réduise jamais à l’observance de rituels ou de préceptes, mais qu’elle consiste à aimer, à aimer Jésus-Christ et à le suivre, et qu’elle puisse devenir une culture vécue, en inspirant les esprits et les actions et en devenant un phare de lumière qui éclaire le chemin. De cette manière, la foi pourra aussi aider la société dans son ensemble à grandir et à trouver des solutions bonnes et efficaces à ses grands défis

Mesdames et Messieurs, je suis venu ici pour encourager les fidèles catholiques à poursuivre leur chemin et les affermir dans leur profession de foi ; je suis venu me réjouir avec eux des progrès qu’ils accomplissent et partager leurs difficultés ; je suis ici, comme dirait saint Paul, pour « contribuer à votre joie » (2 Co 1, 24).

Je félicite les communautés chrétiennes pour les œuvres caritatives qu’elles réalisent dans le pays et je les invite à toujours rechercher la collaboration avec les institutions publiques et toutes les personnes de bonne volonté, à commencer par leurs frères qui appartiennent à d’autres confessions chrétiennes et à d’autres religions, pour le bien commun de tous les citoyens de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le témoignage lumineux du bienheureux Peter To Rot - comme l’a dit saint Jean-Paul II au cours de la Messe de béatification - « nous enseigne à nous mettre généreusement au service des autres pour que la société se développe dans l’honnêteté et la justice, dans l’harmonie et la solidarité » (cf. Homélie, Port Moresby, 17 janvier 1995). Que son exemple, ainsi que celui du bienheureux Giovanni Mazzucconi, du PIME et de tous les missionnaires qui ont annoncé l’Évangile sur cette terre qui est la vôtre, vous donne force et espérance.

Que Saint Michel Archange, Patron de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, veille toujours sur vous et vous défende contre tous les dangers, qu’il protège les Autorités et tout le peuple de ce pays.

Excellence, vous avez parlé des femmes. N'oublions pas que ce sont elles qui font avancer un pays. Les femmes ont la force de donner la vie, de construire, de faire grandir un pays. N'oublions pas que les femmes sont à l'avant-garde du développement humain et spirituel.

Excellence, Mesdames et Messieurs !

C’est avec joie que je commence ma visite parmi vous. Je vous remercie de m’avoir ouvert les portes de votre beau pays, si loin de Rome et pourtant si proche du cœur de l’Église catholique. Car dans le cœur de l’Église se trouve l’amour de Jésus-Christ qui, sur la croix, a embrassé tous les hommes. Son Évangile est pour tous les peuples, il n’est lié à aucune puissance terrestre, mais il est libre de féconder toutes les cultures et de faire grandir le Royaume de Dieu. L'Évangile s'inculture et les cultures s'évangélisent. Que ce Royaume de Dieu soit pleinement accueilli sur cette terre, afin que tous les peuples de Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec la variété de leurs traditions, puissent vivre ensemble en harmonie et donner au monde un signe de fraternité. Merci beaucoup.



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