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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 octobre 1999

La vertu théologale de la charité: l'amour envers Dieu

    

Lecture: Mc 12, 28-31 

1. Dans l'Ancien Israël, le commandement fondamental de l'amour envers Dieu était inséré dans la prière récitée quotidiennement: «Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd'hui restent dans ton cœur! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout» (Dt 6, 4-7). 

A la base de cette exigence d'aimer Dieu de manière totale se trouve l'amour que Dieu lui-même porte à l'homme. Il attend une véritable réponse d'amour du peuple qu'il aime d'un amour de prédilection. C'est un Dieu jaloux (cf. Ex 20, 5), qui ne peut pas tolérer l'idôlatrie, dont est sans cesse tenté son peuple. D'où le commandement: «Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi» (ibid., v. 3). 

Progressivement, le peuple d'Israël comprend qu'au-delà de cette relation de profond respect et d'adoration exclusive, il doit exprimer au Seigneur une attitude filiale et même nuptiale. C'est dans ce sens que doit être entendu et lu le Cantique des Cantiques, transfigurant la beauté de l'amour humain en dialogue sponsal entre Dieu et son peuple. 

Le Deutéronome rappelle deux caractéristiques essentielles de cet amour. La première est que l'homme n'en serait jamais capable si Dieu ne lui en donnait pas la force, à travers la «circoncision du cœur» (cf. Dt 30, 6), qui élimine du cœur tout attachement au péché. L'autre est que cet amour, loin de se réduire à un sentiment, se concrétise en «marchant dans les voies» de Dieu, en observant «ses commandements, ses lois et ses coutumes» (ibid., v. 16). Telle est la condition pour «avoir la vie et le bonheur», alors que tourner son cœur vers d'autres dieux mène à trouver «la mort et le malheur» (ibid., v. 15) 

2. Le précepte du Deutéronome se retrouve de façon semblable dans l'enseignement de Jésus, qui le définit «le premier et le plus grand des commandements», en le reliant étroitement à l'amour envers le prochain (cf. Mt 22, 34-40). En reproposant le précepte dans les mêmes termes que l'Ancien Testament, Jésus montre que sur ce point la Révélation a déjà atteint son sommet. 

Dans le même temps, c'est précisément dans la personne de Jésus que ce commandement assume sa plénitude. En lui, en effet, se réalise la plus grande intensité de l'amour de l'homme pour Dieu. A partir de cet instant, aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces, signifie aimer ce Dieu qui s'est révélé dans le Christ et l'aimer en participant à l'amour même du Christ, répandu en nous «par le Saint Esprit qui nous fut donné» (Rm 5, 5). 

3. La charité constitue l'essence du «commandement» nouveau enseigné par Jésus. En effet, elle est l'âme de tous les commandements, dont l'observance est ultérieurement répétée et elle devient même la démonstration évidente de l'amour envers Dieu: «Car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements» (1 Jn 5, 3). Cet amour, qui est en même temps amour pour Jésus, représente la condition pour être aimé du Père: «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime; or celui qui m'aime sera aimé de mon Père et je l'aimerai et je me manifesterai à lui» (Jn 14, 21). 

L'amour envers Dieu, rendu possible par le don de l'Esprit, se fonde donc sur la médiation de Jésus, comme lui-même l'affirme dans la prière sacerdotale: «Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux» (Jn 17, 26). Cette médiation se concrétise surtout dans le don qu'il a fait de sa vie, un don qui témoigne, d'une part, du plus grand amour et qui, de l'autre, exige l'observance de ce que Jésus commande: «Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande» (Jn 15, 13-14). 

La charité chrétienne puise à cette source d'amour, qui est Jésus, le Fils de Dieu offert pour nous. La capacité d'aimer comme Dieu aime est offerte à chaque chrétien comme fruit du mystère pascal de mort et de résurrection.

4. L'Eglise a exprimé cette réalité sublime en enseignant que la charité est une vertu théologale, c'est-à-dire une vertu qui se réfère directement à Dieu et fait entrer les créatures humaines dans le circuit de l'amour trinitaire. En effet, Dieu le Père nous aime comme il aime le Christ, voyant en nous son image. Celle-ci est, pour ainsi dire, peinte en nous par l'Esprit, qui comme un «iconographe», la réalise dans le temps. 

C'est toujours l'Esprit Saint qui dessine également dans le cœur de notre personne les lignes fondamentales de la réponse chrétienne. Le dynamisme de l'amour pour Dieu naît ainsi d'une sorte de «connaturalité» réalisée par l'Esprit Saint qui nous «divinise», selon le langage de la tradition orientale. 

Dans la force de l'Esprit Saint, la charité anime l'agir moral du chrétien, oriente et renforce toutes les autres ver- tus, qui édifient en nous la structure de l'homme nouveau. Comme le dit le Catéchisme de l'Eglise catholique, «l'exercice de toutes les vertus est animé et inspiré par la charité. Celle-ci est le "lien de la perfection" (Col 3, 14); elle est la forme des vertus; elle les articule et les ordonne entre elles; elle est source de leur pratique chrétienne. La charité assure et purifie notre puissance humaine d'aimer. Elle l'élève à la perfection surnaturelle de l'amour divin» (n. 1827). En tant que chrétiens, nous sommes toujours appelés à l'amour. 

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du mercredi 13 octobre 1999, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France: Groupe de pèlerins des diocèses d'Autun et de Savoie; paroisses de Strasbourg, de Colmar, de Mulhouse et de Marseille; groupe de pèlerins de Beaucroissant, de Castelnaudary. 

De Belgique: Pèlerinage diocésain de Namur. 

Du Canada: Etudiants de l'Université de Waterloo (Ontario). 

 

Chers Frères et Sœurs,

Progressivement le peuple de l’alliance comprend que la relation d’adoration et de respect envers le Seigneur doit exprimer une attitude filiale et même nuptiale. En réponse à son amour total envers les hommes, Dieu attend que son peuple l’aime. Mais l’homme ne serait pas capable d’aimer Dieu si ce dernier ne lui en donnait pas la force, l’invitant à pratiquer les commandements, qui sont la condition pour avoir la vie et le bonheur, comme l’indique le Deutéronome (cf. 30, 15). Ce même précepte se retrouve dans l’enseignement de Jésus, qui définit l’amour de Dieu comme le premier et le plus grand des commandements (cf. Mt 22, 34-40), le reliant étroitement à l’amour envers le prochain. Jésus réalise pleinement ce commandement de l’amour du Père. Désormais, aimer Dieu consiste à participer à l’amour même du Christ. Cet amour rend possible le don de l’Esprit.

La charité constitue le commandement nouveau dans l’enseignement de Jésus. Elle puise sa force à la source de l’amour, qui est le Christ, livré pour nous. La capacité d’aimer est offerte à tout chrétien comme un fruit du mystère pascal de la mort et de la résurrection. La charité est une vertu théologale, c’est-à-dire qui se réfère directement à Dieu et qui fait entrer les créatures dans l’amour trinitaire. Elle anime l’agir moral du chrétien, renforçant toutes les autres vertus et les ordonnant entre elles. L’Esprit réalise en nous une sorte de “connaturalité” et, selon le langage de la tradition orientale, nous “divinise”.

 

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment le pèlerinage du diocèse de Namur. Puisse votre séjour à Rome affermir votre foi et votre amour de l’Eglise! Avec ma Bénédiction apostolique.

   



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