JEAN PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 5 décembre 2001
3. La procession semble se dérouler dans les rues de Jérusalem, car l'on parle des "tentes des justes" (cf. v. 15). Une hymne d'action de grâce s'élève cependant (cf. vv. 5-18), dont le message est essentiel: même lorsqu'on éprouve de l'angoisse, il faut maintenir vive la flamme de la confiance, car la main puissante du Seigneur conduit son fidèle à la victoire sur le mal et au salut.
Le poète sacré utilise des images fortes et vivantes: les adversaires cruels sont comparés à un essaim d'abeilles ou à un front de flammes qui avance en réduisant tout en cendres (cf. v. 12). Mais la réaction du juste, soutenu par le Seigneur, est véhémente; à trois reprises, il répète: "Au nom de Yahvé, je les sabre" et le verbe hébreu souligne une intervention destructrice à l'égard du mal (cf. vv. 10.11.12). En effet, à la base se trouve la main droite puissante de Dieu, c'est-à-dire son oeuvre efficace, et certainement pas la main faible et hésitante de l'homme. C'est pour cette raison que la joie pour la victoire sur le mal débouche sur une profession de foi très suggestive: "Ma force et mon chant, c'est Yahvé, il fut pour moi le salut" (v. 14).
4. La procession semble être parvenue au temple, aux "portes de justice" (v. 19), c'est-à-dire à la porte sainte de Sion. C'est là qu'est entonné un deuxième chant d'action de grâce, qui s'ouvre par un dialogue entre l'assemblée et les prêtres pour être admis au culte. "Ouvrez-moi les portes de justice, j'entrerai, je rendrai grâce à Yahvé!", dit le soliste au nom de l'assemblée en procession. "C'est ici la porte de Yahvé, les justes entreront" (v. 20), répondent d'autres personnes, probablement les prêtres.
Une fois entré, on peut commencer à entonner l'hymne de gratitude au Seigneur, qui, dans le temple, s'offre comme une "pierre" stable et sûre sur laquelle édifier la maison de la vie (cf. Mt 7, 24-25). Une bénédiction sacerdotale descend sur les fidèles, qui sont entrés dans le temple pour exprimer leur foi, élever leur prière et célébrer le culte.
5. La dernière scène qui s'ouvre à nos yeux est constituée par un rite joyeux de danses sacrées, accompagnées par des rameaux qui sont agités en signe de fête: "Serrez vos cortèges, rameaux en main, jusqu'aux cornes de l'autel" (v. 27). La liturgie est joie, rencontre de fête, l'expression de toute l'existence qui loue le Seigneur. Le rite des rameaux fait penser à la fête juive des Tentes, en mémoire du pèlerinage d'Israël dans le désert, solennité au cours de laquelle une procession était accomplie avec des rameaux de palmiers, de myrtes et de saules.
Ce rite évoqué par le Psaume est reproposé au chrétien à l'entrée de Jésus à Jérusalem, qui est célébrée lors de la liturgie du Dimanche des Rameaux. Le Christ est honoré comme le "fils de David" (cf. Mt 21, 9) par la foule qui, "venue pour la fête.... prit les rameaux des palmiers et sortit à sa rencontre en s'écriant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël!" (cf. Jn 12, 12-13). Au cours de cette célébration de fête, qui prélude cependant à l'heure de la passion et de la mort de Jésus, se réalise également et acquiert sa pleine signification le symbole de la pierre d'angle, proposé à l'ouverture, et qui revêt une valeur joyeuse et pascale.
Le Psaume 117 encourage les chrétiens à reconnaître dans l'événement pascal de Jésus "le jour que fit Yahvé", où "la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête d'angle". Remplis de gratitude, ils peuvent donc chanter avec le Psaume: "Ma force et mon chant c'est Yahvé, il fut pour moi le salut" (v. 14); "Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie" (v. 24).
Chers Frères et Sœurs,
Quand le chrétien entonne le psaume 117, il ressent une émotion particulière. Car on y trouve deux phrases qui résonnent avec une tonalité nouvelle dans le Nouveau Testament. La première : «La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle» : parole citée par Jésus, qui l’applique à son mystère pascal, et reprise par Pierre dans les Actes des Apôtres : «Ce Jésus, il est la pierre que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d’angle». La seconde est celle que proclame la foule, à l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, le jour des Rameaux : «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !»
Cette hymne splendide, qui fait partie des psaumes du Hallel, la louange pascale de la liturgie juive, a pour fil conducteur le rite d’une procession, scandée par les chants alternés du soliste et du chœur. C’est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour son amour et de trouver confiance en lui : «Ma force et mon chant, c’est le Seigneur, il est pour moi le salut». Quand s’ouvrent les portes de justice, celles du Temple, la louange redouble pour célébrer «l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux».
C’est dans la Pâque de Jésus que nous, chrétiens, nous reconnaissons cette merveille, «le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie !»
Je vous salue, pèlerins de langue française présents à cette audience. Dans un monde marqué par la souffrance et le désarroi, soyez les témoins de la tendresse de Dieu. A tous, j’accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique.
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