DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR DU LESOTHO
PRÈS LE SAINT-SIÈGE
LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE*
Monsieur l'Ambassadeur,
C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Vatican au début de votre mission en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Lesotho près le Saint-Siège. En acceptant vos Lettres de Créance, je vous prie de transmettre à Sa Majesté le Roi Letsie III et au Premier ministre mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.
Les tragiques événements mondiaux qui ont eu lieu récemment et la crise dans laquelle est entraînée à présent la Communauté internationale montre plus clairement que jamais le besoin de renouveau personnel et social radical afin de parvenir à une plus grande justice et solidarité dans le monde. Un tel renouveau exigera d'immenses efforts, à cause des nombreux déséquilibres qui doivent être redressés.
Cela est tragiquement vrai de l'Afrique, dont les peuples continuent de souffrir plus que les autres du poids de la pauvreté endémique, de l'instabilité politique, de la désorientation sociale et de la mauvaise gestion des ressources. C'est pourquoi, tout au long de mon pontificat, j'ai cherché à attirer l'attention sur les besoins de l'Afrique, et sur la responsabilité des nations les plus riches à contribuer de façon plus efficace au développement de ses peuples; et je le fais une fois de plus à présent, de peur que les problèmes dans d'autres parties du monde ne détournent l'attention des besoins urgents de l'Afrique.
Hélas, l'intérêt de la Communauté internationale pour le continent n'a pas toujours été motivée par une réelle préoccupation pour le bien-être de ses peuples. Il est particulièrement décevant que, à peu d'exceptions près, bien peu ait été fait pour améliorer les institutions éducatives des jeunes; car cela est certainement l'une des clés d'un meilleur avenir pour les peuples d'Afrique.
Le manque de progrès signifie que les pays les plus petits comme le Lesotho sont particulièrement vulnérables aux pressions économiques qui accompagnent le processus de mondialisation. En effet, il existe le danger que la mondialisation accroisse le fossé entre les riches et les pauvres, laissant les pays en voie de développement comme le vôtre, faire face à des défis toujours plus difficiles et presque insurmontables. Dans une telle situation, l'Eglise continuera d'oeuvrer en vue d'une mondialisation de la solidarité, afin de garantir que les bénéfices potentiels parviennent à tous les peuples et à tous les niveaux de la société.
Les pressions sur l'Afrique ne sont pas seulement externes; car au sein de l'Afrique elle-même, les vents de changement soufflent fortement (cf. Ecclesia in Africa, n. 44), au fur et à mesure que les personnes deviennent de plus en plus conscientes de leur dignité humaine et du besoin de défendre leurs droits et leurs libertés. De nombreux pays luttent pour consolider la démocratie à tous les niveaux de la vie publique, et pour surmonter la résistance à l'autorité de la loi. Votre Excellence, vous avez souligné que votre pays est pleinement engagé dans le processus de démocratisation, qui apportera sans aucun doute des résultats positifs en termes d'approfondissement des valeurs de la dignité et des droits, de la bonne gestion, du dialogue et de la paix. Le Saint-Siège soutient pleinement ce processus, car il n'existe aucun autre fondement sur lequel une nation puisse édifier un avenir digne de ses citoyens.
Le processus de changement à présent évident au Lesotho est loin d'être superficiel. Il va au contraire au coeur même de votre culture, car il touche le sens moral des personnes, qui est à son tour intimement lié à la religion (cf. Veritatis splendor, n. 98). Au centre de toute culture, il y a l'attitude que les hommes et les femmes adoptent face au plus grand mystère de la vie. Comme je l'ai noté dans mon Encyclique Centesimus annus, "les cultures des diverses nations sont autant de manières d'aborder la question du sens de l'existence personnelle: quand on élimine cette question, la culture et la vie morale des nations se désagrègent" (n. 24). C'est pourquoi, tandis que les peuples, les nations et les organismes internationaux cherchent à améliorer la vie sociale et politique, garantir la sécurité et promouvoir la croissance économique, ils ne doivent pas manquer dans le même temps de promouvoir les valeurs et les perspectives transcendantes qui sont véritablement religieuses et qui permettent aux personnes, aux communautés et aux nationaux de se développer de façon véritablement humaine. Parmi les nombreuses implications que cela comporte se trouve le fait que la personne humaine doit être au centre de toute analyse et décision, afin que le bien de la personne et le bien commun soient effectivement garantis et promus.
C'est cette vision de la personne et de la société qui inspire l'engagement de l'Eglise catholique à servir la famille humaine dans toutes les parties du monde à travers des programmes en matière d'éducation, de santé et d'assistance sociale. A cet égard, j'apprécie beaucoup votre reconnaissance de l'influence positive de l'Eglise catholique dans votre pays depuis l'époque du roi Moshoeshoe I; l'Eglise ne manquera pas d'offrir toute l'assistance possible tandis que le Lesotho s'efforce de traverser cette époque troublée et d'entrer dans un avenir stable et prospère.
Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans le corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, je vous assure de l'assistance des divers bureaux de la Curie romaine dans l'accomplissement de vos fonctions. Puisse votre mission servir à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre votre nation et le Saint-Siège. Sur vous, sur votre famille et sur le bien-aimé peuple du Lesotho, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.
*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française 2002 n.2 p.5.
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