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HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE PAUL VI
AU CORPS DIPLOMATIQUE
PENDANT LA MESSE DE MINUIT
*

Chapelle Sixtine - 24 décembre 1964

 

Excellences, Mesdames et chers Messieurs,

Soyez les bienvenus à cette cérémonie nocturne, si différente des autres, si intime et si familiale.

Nous sommes heureux de votre présence pour vous offrir des vœux que Nous voulons très particuliers et très intenses. Et, en cette occasion qui Nous place en dehors de tout caractère officiel, Nous vous , présentons des souhaits plus cordiaux que jamais pour vos personnes, pour vos familles, pour vos missions et pour vos pays respectifs. Quelle émotion pour Nous de considérer en chacun de vous un peuple, un Etat libre et souveraine une société, humaine: cette présence ici, si pleine et si agréable, donne libre cours à toute Notre affection immense. Quelle émotion pour Nous de penser qu'une communauté de nations, par l'intermédiaire de votre fonction diplomatique, Nous est librement et spirituellement proche: vous êtes pour Nous, cette nuit, le monde; vous êtes l'humanité, avec laquelle Nous avons le devoir et l'honneur 'd'avoir des relations amicales, et à laquelle Nous voulons réserver toutes les meilleures preuves de Notre estime, de Notre volonté de solidarité, de collaboration et de service pour le bien de la civilisation et de la paix. Vous êtes Notre famille! C'est-à-dire ce que Nous avons de plus cher, car c'est aux Nations dont vous êtes les représentants dignes et qualifiés qu'est consacré Notre ministère universel.

Aussi est-ce dans cette atmosphère unique de spiritualité et d'intimité que Nous osons vous confier Notre secret. Le rite que Nous célébrons introduit en quelque sorte ceux qui y participent dans le nombre des initiés aux mystères propres du Christianisme! Ces mystères, vous les connaissez déjà certes, mais en cette heure précieuse vous vous attendez à ce que Nous vous en fassions l'annonce. C'est l'annonce de Noël: tel est Notre secret. C'est de lui que vit l'Eglise, c'est là qu'elle puise sa tradition millénaire, c'est là qu'elle trouve la justification de sa mission dans l'histoire, c'est là que naît son souci d'être présente et agissante dans le monde. Vous connaissiez le visage sous lequel l'Eglise se présente à vous; cette nuit, Nous vous dévoilons son cœur.

Ce cœur, le voici. Nous savons, Nous croyons qu'un fait sans précédent, exceptionnel et décisif, s'est accompli dans la suite immense et confuse de l'histoire de l'humanité: Dieu, — Nous disons: Dieu, le Verbe de Dieu -, s'est fait homme. L'amour infini s'est inséré dans la trame de la vie humaine. Les cieux se sont ouverts; la transcendance divine s'est quasi dévoilée; une volonté de salut est descendue sur la terre; une bonté infinie s'est approchée de nous, la Parole profonde et ineffable de Dieu s'est exprimée en parole humaine, elle s'est faite Evangile, message de joie, d'espérance et de paix.

Nous ne finirions plus de parler de ce fait capital; rien que d'en faire mention Nous exalte et Nous confond. C'est ainsi; et Notre esprit déborde de joie et de force.

Nous vous faisons ces confidences, chers Messieurs, parce que Nous célébrons justement la nuit même de la révélation de Notre secret, qui n'est rien d'autre que la foi dans l'Incarnation. Nous ne vous demandons pas maintenant si vous la partagez, — le fait que vous êtes ici le laisserait supposer, pour Notre plus grande joie. Mais Nous vous demandons simplement de prendre acte de cette circonstance décisive: que l'Eglise, que Nous-même, Nous tirons Notre raison d'être du mystère de Noël; et qu'ainsi Notre mission n'est rien d'autre que la continuation et la propagation du fait évangélique que Nous commémorons cette nuit. Notre seule raison d'être et Notre unique volonté consistent à répandre dans le monde l'amour et la paix. Un amour et une paix qui s'originent à une source plus haute, inépuisable, et qui coule pour chaque peuple, pour chaque homme qui veut bien en accueillir l'onde très pure et régénératrice.

Et Nous vous prions, chers Messieurs, vous qui êtes les intermédiaires qualifiés de Nos rapports profanes avec le monde, de dire aux Nations que vous représentez au moins ceci sur Notre compte: nous sommes un organisme, un centre organisé, non pour quelque intérêt personnel d'ordre temporel, mais pour répandre dans le monde, pour son plus grand bien, l'amour et la paix. Nous cherchons à faire Nôtre, en célébrant Noël, la signification du nom de Bethléem, qui veut dire la maison du pain. Nous voulons être la maison du pain. Nous voulons offrir au monde le pain dont il est affamé, le pain matériel dans le mesure de Nos possibilités, et le pain spirituel, en Nous souvenant de ce que le Christ S'est Lui-même défini le Pain de Vie, parce que nul autre comme Lui ne connaît les besoins des hommes, et nul autre que Lui ne peut les satisfaire.

Dans cette invitation que Nous faisons ainsi à votre mission de rendre témoignage à la Nôtre, votre fonction diplomatique trouve, à Nos yeux, sa chance, et un surcroît de dignité. Et que vos personnes soient les premières à jouir, c'est là Notre vœu, du message transmis, message d'amour et de paix, message de Noël.


*AAS 57 (1965), p.173-175.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. II, p. 775-777.

L’Osservatore Romano, 28-29.12.1964 p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, 1965, n.1 p.4.

La Documentation catholique, 1965, n. 1440 col. 141-144.

 



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