DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU PÈLERINAGE DES MEMBRES DE L’ARMÉE BELGE
Mercredi 29 mars 1967
Chers fils, membres de l’Armée Belge en pèlerinage à Rome, soyez les bienvenus. C’est devenu maintenant, peut-on dire, une tradition - une belle et noble tradition - que cette visite que vous Nous réservez dans l’horaire de votre séjour romain. Cette année, la rencontre est rehaussée encore par la présence de Son Excellence Monsieur le Ministre de la Défense Nationale, et votre hommage filial n’en acquiert que plus de prix à Nos yeux.
Vous êtes des militaires, et il pourrait sembler à un observateur superficiel qu’il y a bien peu de rapports entre le métier des armes, qui est le vôtre, et la religion de l’Evangile dont Nous sommes le ministre.
Mais qui lit attentivement la Sainte Ecriture s’aperçoit que le soldat y a sa place, et qu’il l’occupe honorablement. Qui ne connaît l’épisode du Centurion de Capharnaüm, dont le Christ admire la foi et guérit le serviteur? C’est un centurion encore qui, assistant en service commandé, comme nous dirions aujourd’hui, à la mort de Jésus en croix, professe sa foi en s’écriant: «Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu!». Et le soldat qui, de sa lance, ouvre le cœur du Christ en croix est, lui aussi, touché par la grâce: une antique tradition le vénère sous le nom de Saint Longin.
Un épisode qui vous est peut-être moins familier, mais qui ne fait pas moins honneur à l’uniforme que vous portez, c’est celui que rapporte Saint Luc dans le livre des Actes des Apôtres à propos des premiers païens convertis au Christianisme. Il introduit un centurion «de la cohorte italique», Corneille, qu’il présente comme un homme «pieux et craignant Dieu, faisant d’abondantes aumônes et priant Dieu sans cesse» (Act. 10, 1-2). Les prières et les aumônes de ce juste sont agréées par Dieu, qui lui envoie Saint Pierre pour le baptiser, lui et toute sa maison, et faire descendre sur lui la plénitude des dons du Saint-Esprit.
Qu’on ne dise donc pas que la piété est une vertu qui s’harmonise mal avec le service militaire: rien ne peut empêcher une âme droite, où qu’elle se trouve, de connaître, d’aimer et de servir Dieu de tout son cœur.
Puissiez-vous être tous, chers Fils, de ces bons et fidèles serviteurs que loue l’Evangile, et qui savent «rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» (cf. Matth. 22, 21)! C’est la grâce que Nous Nous plaisons à vous souhaiter, spécialement en ce temps pascal, tout plein de la foi et de la joie chrétienne, et de grand cœur Nous vous accordons à tous, en gage de Notre paternelle bienveillance pour vous, vos familles, vos Chefs, vos aumôniers et votre chère Patrie, une large Bénédiction Apostolique.
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