DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU CONGRÈS DE L’UNION MONDIALE
DES ENSEIGNANTS CATHOLIQUES
Samedi 17 avril 1971
Chers Fils,
C’est avec joie que Nous vous accueillons, à l’issue des séances de travail de votre Conseil général, pour vous redire la confiance que met l’Eglise dans les Enseignants catholiques, dont l’«Union mondiale», que vous représentez, stimule et coordonne les activités.
Vous aviez voulu, lors de votre septième Congrès, à Montréal, au mois d’août dernier, réfléchir sur «l’école et l’enseignant dans ce monde en mutation». Votre analyse des nouvelles conditions de la culture, des styles de vie modernes de la jeunesse, et surtout des besoins les plus profonds de la société de demain, devait vous amener, Nous semble-t-il, à rechercher les meilleurs moyens d’y préparer les jeunes et leurs professeurs. Car tel est bien le but qui doit polariser tous vos débats. Et le problème demeure grave: comment, au milieu d’idéologies si diverses et d’options morales si fragiles, donner à ces jeunes le goût de la recherche du vrai et du bien? Comment les initier aux jugements de valeur qui leur permettront de discerner le meilleur chemin, pour eux-mêmes et dans l’intérêt de l’humanité? Comment les préparer à s’engager au service de leurs frères avec toute la compétence que l’école leur donne d’acquérir? Ils ont besoin, vous le savez, d’être respectés par les adultes dans leur personnalité, d’être admis à participer activement à leur propre formation. Ils ont non moins besoin, avant de se lancer dans la vie, de puiser avec objectivité à l’expérience et à la culture de leurs prédécesseurs, de recevoir le témoignage éclairant et entraînant de leurs maîtres.
Certes, chaque pays connaît des problèmes différents, qu’il faut respecter, un rythme spécifique, des étapes diverses dans l’accès à la culture, des besoins variés pour le développement harmonieux du peuple, des conditions inégales dans la répartition des initiatives laissées au secteur privé ou au secteur public. Il revient alors aux pasteurs responsables d’étudier, avec les fédérations nationales des enseignants chrétiens, les représentants des parents et des étudiants, les voies les plus favorables pour promouvoir, chez le plus grand nombre, une solide formation humaine, qui ne néglige en rien les exigences spirituelles. Mais, sur le plan international, l’U.M.E.C. garde, comme organisation catholique, un rôle de choix: elle permet d’échanger des expériences éclairantes, d’approfondir la vocation des enseignants chrétiens, d’établir l’entraide très large que la solidarité requiert, de porter un témoignage évangélique commun à la face du monde.
Et qu’est-ce que le monde, qu’est-ce que l’Eglise, attendent plus spécialement des enseignants catholiques? D’abord une compétence profonde, dans l’ordre de la connaissance comme sur le plan pédagogique.
Aujourd’hui en effet tous les ordres du savoir, dans les différentes branches et aux divers niveaux de l’enseignement, mais aussi au plan même de la recherche pure, se trouvent trop souvent sollicités par les idéologies ambiantes et risquent ainsi de se trouver orientés, voire canalisés, par des a priori, dommageables d’abord à la vérité elle-même. Il nous semble alors que les chrétiens doivent être au premier rang de ceux qui approfondissent la vérité, librement, objectivement. Par ailleurs, comment des maîtres catholiques pourraient-ils rester indifférents à ce que les élèves qui leur sont confiés découvrent ou non la Vérité, la cause et la fin de leur existence? Puissent-ils comprendre, ces jeunes, à travers l’enseignement et la vie de leurs aînés, à travers le climat éducatif créé autour d’eux, quelle force et quelle lumière, quel salut en un mot, le Christ apporte à ceux qui lui donnent leur foi et leur amour? Bien plus, qui leur fera connaître explicitement leur vocation divine, qui les aidera à y correspondre librement, si ce n’est l’ensemble de la communauté chrétienne, au premier rang de laquelle, il faut mentionner, avec les aumôniers, les parents et les éducateurs auxquels ceux-ci recourent avec confiance? Voilà la grandiose tâche, entre autres, que votre Union mondiale a pour mission d’encourager et d’éclairer.
Nous sommes heureux de savoir que le prochain Congrès se tiendra à Rome, avec l’objectif de promouvoir les valeurs évangéliques dans la vie internationale. Nous vous encourageons de grand coeur dans sa préparation, et Nous vous donnons comme à tous les dévoués enseignants catholiques que vous représentez, Notre paternelle Bénédiction Apostolique.
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