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choses, mais dans les personnes elles-mêmes qui se donnent mutuellement dans
le dialogue. La prédication purement moraliste ou endoctrinante, comme aussi
celle qui se transforme en un cours dâexégèse, réduit cette communication entre
les cÅurs qui se fait dans lâhomélie et qui doit avoir un caractère quasi
sacramentel : « La foi naît de ce quâon entend dire et ce quâon entend dire vient
de la parole du Christ » (
Rm
10, 17). Dans lâhomélie, la vérité accompagne la
beauté et le bien. Pour que la beauté des images que le Seigneur utilise pour
stimuler à la pratique du bien se communique, il ne doit pas sâagir de vérités
abstraites ou de froids syllogismes. La mémoire du peuple fidèle, comme celle
de Marie, doit rester débordante des merveilles de Dieu. Son cÅur, ouvert Ã
lâespérance dâune pratique joyeuse et possible de lâamour qui lui a été annoncé,
sent que chaque parole de lâÃcriture est avant tout un don, avant dâêtre une
exigence.
143. Le défi dâune prédication inculturée consiste à transmettre la synthèse du
message évangélique, et non des idées ou des valeurs décousues. Là où se trouve
ta synthèse, là se trouve ton cÅur. La différence entre faire la lumière sur la
synthèse et faire la lumière sur des idées décousues entre elles est la même quâil
y a entre lâennui et lâardeur du cÅur. Le prédicateur a la très belle et difficile
mission dâunir les cÅurs qui sâaiment : celui du Seigneur et ceux de son peuple.
Le dialogue entre Dieu et son peuple renforce encore plus lâAlliance quâil y a
entre eux et resserre le lien de la charité. Durant le temps de lâhomélie, les cÅurs
des croyants font silence et Le laissent leur parler. Le Seigneur et son peuple se
parlent de mille manières directement, sans intermédiaires. Cependant, dans
lâhomélie ils veulent que quelquâun serve dâinstrument et exprime leurs
sentiments, de manière à ce quâensuite, chacun puisse choisir comment
continuer sa conversation. La parole est essentiellement médiatrice et demande
non seulement les deux qui dialoguent, mais aussi un prédicateur qui la
repropose comme telle, convaincu que « ce nâest pas nous que nous proclamons,