JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 28 avril 2004
Confiance en Dieu dans les situations de danger
Lecture: Ps 26, 1.3-4
1. Notre itinéraire à travers la liturgie des Vêpres reprend aujourd'hui avec le Psaume 26, que la liturgie divise en deux passages différents. Nous suivrons à présent la première partie de ce diptyque poétique et spirituel (cf. vv. 1-6) qui a pour toile de fond le temple de Sion, siège du culte d'Israël. En effet, le Psalmiste parle explicitement de "maison de Yahvé", de "sanctuaire" (v. 4), de "refuge, demeure, maison" (cf. vv. 5-6). Dans l'original hébreu, ces termes indiquent d'ailleurs plus précisément le "tabernacle" et la "tente", c'est-à-dire le coeur même du temple, où le Seigneur se révèle à travers sa présence et sa parole. On évoque également le "roc" de Sion (cf. v. 5), lieu sûr permettant de se réfugier, et l'on fait allusion à la célébration des sacrifices d'action de grâce (cf. v. 6).
Si la liturgie est donc l'atmosphère spirituelle dans laquelle baigne le Psaume, le fil conducteur de la prière est la confiance en Dieu, que ce soit dans les moments de joie ou dans les moments de peur.
2. La première partie du Psaume, que nous méditons à présent, est marquée par une grande sérénité, fondée sur la confiance en Dieu le jour sombre de l'assaut des méchants. Les images utilisées pour décrire ces adversaires, qui sont le signe du mal qui corrompt l'histoire, sont de deux types. D'une part, il semble qu'il y ait l'image d'une chasse féroce: les méchants sont comme des fauves qui avancent pour saisir leur proie et en arracher la chair, mais ils trébuchent et tombent (cf. v. 2). De l'autre côté, on trouve le symbole militaire d'un assaut accompli par une armée tout entière: c'est une bataille qui éclate de façon impétueuse, semant la terreur et la mort (cf. v. 3).
La vie du croyant est souvent soumise à des tensions et à des contestations, parfois également à un refus, voire la persécution. Le comportement de l'homme juste dérange, parce qu'il retentit comme un avertissement à l'égard des violents et des pervers. Les impies décrits par le Livre de la Sagesse le reconnaissent de façon tout à fait franche: le juste "est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge; car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents" (Sg 2, 14-15).
3. Le fidèle est conscient que la cohérence crée un isolement et provoque même le mépris et l'hostilité dans une société qui choisit souvent comme bannière l'intérêt personnel, le succès extérieur, la richesse, la jouissance effrénée. Toutefois, il n'est pas seul et son coeur conserve une paix intérieure surprenante, car - comme le dit la splendide "antienne" d'ouverture du Psaume - "Yahvé est ma lumière et mon salut, il est le rempart de la vie du juste" (cf. Ps 26, 1). Il répète sans cesse: "De qui aurais-je crainte?... Devant qui tremblerais-je?... mon coeur est sans crainte... j'ai là ma confiance" (vv. 1.3).
Il nous semble presque entendre la voix de saint Paul qui proclame: "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?" (Rm 8, 31). Mais le calme intérieur, la force d'âme et la paix sont un don qui s'obtient en se réfugiant dans le temple, c'est-à-dire en ayant recours à la prière personnelle et communautaire.
4. L'orant, en effet, se confie à l'étreinte de Dieu et son rêve est exprimé également dans un autre Psaume (cf. 22, 6): "Ma demeure est la maison de Yahvé en la longueur des jours". Là il pourra "savourer la douceur de Yahvé" (Ps 26, 4), contempler et admirer le mystère divin, participer à la liturgie sacrificielle et élever ses louanges au Dieu libérateur (cf. v. 6). Le Seigneur crée autour de son fidèle un horizon de paix, qui laisse à l'extérieur le fracas du mal. La communion avec Dieu est source de sérénité, de joie, de tranquillité; comme si l'on entrait dans une oasis de lumière et d'amour.
5. Pour terminer notre réflexion, écoutons à présent les paroles du moine Isaïe, d'origine syrienne, qui vécut dans le désert égyptien et qui mourut à Gaza vers 491. Dans son Asceticon, il applique notre Psaume à la prière qu'il faut prononcer face à la tentation: "Si nous voyons les ennemis nous entourer de leur malice, c'est-à-dire de la paresse, que ce soit parce qu'ils affaiblissent notre âme dans le plaisir, ou parce que nous ne contenons pas notre colère contre notre prochain lorsqu'il agit contre son devoir, ou bien s'ils troublent nos yeux pour les conduire à la concupiscence, ou s'ils veulent nous conduire à goûter les plaisirs de la table, s'ils transforment en venin la parole du prochain, s'ils nous font mépriser la parole d'autrui, s'ils nous poussent à établir des différences entre nos frères en disant: "Celui-ci est bon, celui-là est méchant": si, donc, toutes ces choses nous entourent, ne perdons pas courage, mais exclamons-nous plutôt comme David, d'un coeur ferme: "Yahvé est le rempart de ma vie!" (Ps 26, 1)".
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, notamment le groupe de confirmands de Reims, le collège Notre-Dame des Minimes, de Lyon, ainsi que tous les jeunes. Que votre pèlerinage à Rome vous fasse chercher avec persévérance le visage du Seigneur, pour donner un vivant témoignage dans le service de vos frères !
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