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DICASTÈRE POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
Mater Populi fidelis
Note doctrinale sur certains titres mariaux
qui se réfèrent à la coopération de Marie
à l’œuvre du salut
Index
Présentation
Introduction
La coopération de Marie à l’œuvre du salut
Titres faisant référence à la coopération de Marie au salut
Co-rédemptrice
Médiatrice
Marie dans l’unique médiation du Christ
Féconds dans le Christ glorieux
Mère des croyants
Intercession
Proximité maternelle
Mère de grâce
Là où seul Dieu peut aller
De l’eau vive qui jaillit
L’amour qui se communique dans le monde
Critères
Les grâces
Notre union avec Marie
La première disciple
Mère du Peuple fidèle
Présentation
Cette Note répond à de nombreuses questions et propositions parvenues au
cours des dernières décennies au Saint-Siège – en particulier à ce Dicastère –
sur des questions liées à la dévotion mariale et à certains titres mariaux. Ce
sont des questions qui ont préoccupé les derniers Pontifes et qui ont été
abordées à plusieurs reprises au cours des trente dernières années dans les
différentes instances du Dicastère, tels que les Congrès, les Assemblées
ordinaires, etc. Cela a permis à ce Dicastère de disposer d’un matériel abondant
et riche, fondement de cette réflexion.
Tout en clarifiant le sens selon lequel certains titres et expressions qui se
réfèrent à Marie sont acceptables ou non, ce texte se propose également
d’approfondir les justes fondements de la dévotion mariale, en précisant la
place de Marie dans sa relation avec les croyants, à la lumière du mystère du
Christ, unique Médiateur et Rédempteur. Cela implique une profonde fidélité à
l’identité catholique et, en même temps, un effort œcuménique particulier.
L’axe qui traverse toutes ces pages est la maternité de Marie à l’égard des
croyants, une question qui revient à plusieurs reprises, avec des
affirmations sans cesse reprises, en les enrichissant et en les complétant,
telle une spirale, de considérations nouvelles.
La dévotion mariale, suscitée par la maternité de Marie, est ici présentée comme
un trésor de l’Église. Il ne s’agit pas de corriger, mais bien de valoriser,
d’admirer et d’encourager la piété du peuple de Dieu fidèle qui, en Marie,
trouve refuge, force, tendresse et espérance parce qu’elle est une expression
mystagogique et symbolique d’une attitude évangélique de confiance dans le
Seigneur que l’Esprit-Saint lui-même inspire librement aux croyants. En effet,
les pauvres trouvent « la tendresse et l’amour de Dieu dans le visage de Marie.
En elle, ils voient se refléter le message essentiel de l’Évangile »[1].
En même temps, il existe des groupes de réflexion mariale, des publications, de
nouvelles dévotions ainsi que des demandes de dogmes mariaux qui ne présentent
pas les mêmes caractéristiques de dévotion populaire, mais qui, en définitive,
proposent un certain développement dogmatique et s’expriment fortement à travers
les réseaux sociaux, soulevant souvent des doutes chez des fidèles plus simples.
Il s’agit parfois de réinterprétations d’expressions utilisées par le passé avec
des significations diverses. Le présent document tient compte de ces
propositions afin d’indiquer en quelle mesure certaines répondent à une dévotion
mariale authentique et inspirée par l’Évangile, ou en dans quelle mesure
d’autres doivent être évitées parce qu’elles ne favorisent pas une contemplation
adéquate de l’harmonie du message chrétien dans son ensemble.
D’autre part, divers passages de cette Note offrent un large
développement biblique qui aide à montrer comment l’authentique dévotion mariale
n’apparaît pas seulement dans la riche Tradition de l’Église mais déjà dans la
Sainte Écriture. Cette empreinte biblique exceptionnelle est accompagnée de
textes des Pères, des Docteurs de l’Église et des derniers Pontifes. De cette
façon, plutôt que de proposer des limites, la Note cherche à accompagner
et à soutenir l’amour envers Marie et la confiance en sa maternelle
intercession.
Víctor Card. Fernández
Préfet
Introduction
1. [Mater populi fidelis] La Mère du Peuple fidèle[2] est contemplée avec affection et admiration par les chrétiens, parce que,
si la grâce nous rend semblables au Christ, Marie est l’expression la plus
parfaite de son action qui transforme notre humanité. Elle est la manifestation
féminine de tout ce que la grâce du Christ peut opérer dans un être humain. Face
à une telle beauté, poussés par l’amour, de nombreux fidèles ont toujours
cherché à se référer à la Mère avec les paroles les plus belles et ont exalté la
place particulière qu’elle occupe avec le Christ.
2. Ce Dicastère a récemment publié les Normes procédurales pour le discernement
de phénomènes surnaturels présumés[3]. En relation avec ces phénomènes, il est fréquent que certains titres[4] et expressions qui se réfèrent à la Vierge Marie soient utilisés. Ces
titres, dont certains apparaissent déjà chez les Saints Pères, ne sont pas
toujours utilisés avec précision ; parfois, leur sens est modifié ou ils sont
mal interprétés. Outre les problèmes terminologiques, certains titres présentent
d’importantes difficultés de contenu, parce qu’il y a souvent une compréhension
erronée de la figure de Marie avec de graves répercussions au niveau
christologique[5], ecclésiologique[6] et anthropologique[7].
3. Le principal problème dans l’interprétation de ces titres appliqués à la
Vierge Marie est de comprendre comment Marie est associée à l’œuvre rédemptrice
du Christ, c’est-à-dire : « Quelle est la signification de la coopération unique de Marie au plan du salut ? »[8]. Sans vouloir épuiser la réflexion ou être exhaustif, le présent document
cherche à préserver l’équilibre nécessaire qui doit s’établir, dans les mystères
chrétiens, entre l’unique médiation du Christ et la coopération de Marie à
l’œuvre du salut, et il entend montrer aussi comment celle-ci s’exprime dans
divers titres mariaux.
La coopération de Marie à l’œuvre du salut
4. Traditionnellement, la coopération de Marie à l’œuvre du salut a été abordée
selon une double perspective : à partir de sa participation à la Rédemption
objective, accomplie par le Christ au cours de sa vie et particulièrement
dans la Pâques, et à partir de l’influence qu’elle a actuellement sur
ceux qui ont été rachetés. En réalité, ces perspectives sont liées entre elles
et ne peuvent être considérées isolément.
5. La participation de Marie à l’œuvre salvifique du Christ est attestée dans
les Écritures qui présentent l’événement salvifique accompli en Jésus-Christ
comme une promesse, dans les écrits vétérotestamentaires, et comme une
réalisation, dans le Nouveau Testament. Ainsi, Marie apparaît-elle déjà en
Gn 3, 15, parce qu’elle est la Femme qui participe à la victoire
définitive contre le serpent. C’est pourquoi, il n’est pas surprenant que Jésus
s’adresse à Marie avec l’appellation de « Femme » au du Calvaire, (Jn 19,
26). À Cana aussi, Jésus l’appelle « Femme » (Jn 2, 4), renvoyant à Marie
et à son rôle, près de Lui, à “l’Heure” de la Croix.
6. Là, à cette “Heure”, se manifeste la collaboration de Marie qui prononce à
nouveau le “oui” de l’Annonciation et, dans ce moment sacré, l’Évangile passe du
mot « Femme » sur les lèvres de Jésus (Jn 19, 26) à la présentation de
Marie comme « Mère » (Jn 19, 27). Lorsque l’Évangile explique qu’en
réponse le disciple, qui nous représente tous, la reçut, il utilise un verbe (lambanō)
qui, dans l’Évangile, prend le sens d’“accueillir” dans la foi (cf. Jn 1,
11-12 ; 5, 43 et 13, 20). C’est aussi le verbe utilisé par le quatrième Évangile
pour exprimer que la Lumière est venue chez les siens et qu’ils ne l’ont pas
« accueillie » (Jn 1, 11). Cela veut dire que le disciple, qui tenait
notre place près de Marie, l’a accueillie comme une mère dans la foi. Ce n’est
qu’après nous avoir donné Marie comme mère que Jésus reconnaîtra que « tout est
accompli » (Jn 19, 28). Cette allusion solennelle à l’accomplissement
empêche d’interpréter l’épisode de manière superficielle. La maternité de Marie
à notre égard fait partie de l’accomplissement du dessein divin qui se réalise
dans la Pâque du Christ. En un sens semblable, l’Apocalypse présente la
« Femme » (Ap 12, 1) comme la mère du Messie (cf. Ap 12, 5) et
comme la mère du « reste de ses enfants » (Ap 12, 17).
7. Il faut se rappeler que Marie de Nazareth peut être considérée comme le
« témoin privilégié »[9] des événements de l’enfance de Jésus[10] qui apparaissent dans les Évangiles (cf. Lc 1-2; Mt 1-2).
Dans le prologue de son Évangile, Luc met en garde ses lecteurs : « Puisque
beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se
sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux
qui furent dès le début témoins oculaires […] j’ai décidé, moi aussi, […] de
tout examiner avec diligence dès le commencement » (Lc 1, 1-3). Parmi ces
témoins oculaires, se distingue Marie, protagoniste directe de la conception, de
la naissance et de l’enfance du Seigneur Jésus. On peut dire la même chose des
récits de la Passion, puisque « près de la croix de Jésus » se tenait « sa
mère » (Jn 19, 25), et de l’attente de la Pentecôte, quand les apôtres
étaient « assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus » (Ac 1,
14).
8. Dans l’Évangile de Luc, Marie est la nouvelle Fille de Sion qui reçoit et
transmet la joie du salut. Luc reprend les promesses prophétiques qui
annonçaient la joie messianique (cf. So 3, 14-17 ; Za 9, 9). En
elle s’accomplissent les promesses qui firent tressaillir de joie Jean-Baptiste
(cf. Lc 1, 41). Élisabeth se présente comme indigne de recevoir la visite
de Marie : « Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon
Seigneur ? » (Lc 1, 43). Élisabeth ne dit pas : “Qui suis-je pour que mon Seigneur me visite ?”
Elle se réfère directement à la mère, ce qui nous fait voir le lien
indissoluble entre la mission du Christ et celle de Marie. Élisabeth parle
remplie de l’Esprit Saint (cf. Lc 1, 41), afin que son attitude envers
Marie soit présentée comme un modèle de foi. Poussée par l’Esprit, elle prononce
les paroles suivantes : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton
sein !» (Lc 1, 42). Il est frappant de constater que, sous l’action de
l’Esprit, il ne lui suffit pas de déclarer Jésus “béni”, mais qu’elle déclare
“bénie” aussi la mère. Elle les contemple intimement unis dans ce moment de joie
messianique. Marie apparaît ici comme la femme “heureuse” par excellence :
« Bienheureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45) ; « Mon esprit trésaille de joie »
(Lc 1, 47) ; « toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,
48). Cela devient encore plus important si l’on remarque que, dans l’Évangile de
Luc, ce bonheur n’apparaît pas comme un état d’esprit, mais comme
l’accomplissement des promesses messianiques chez les petits (cf. Lc 6,
20-22), qui reçoivent une grande récompense dans le ciel (cf. Lc 6, 23).
9. Dans les premiers siècles du christianisme, les Saints Pères s’intéressèrent
principalement à la maternité divine de Marie (Theotokos), à sa virginité
perpétuelle (Aeiparthenos), à sa sainteté parfaite, exempte de péché tout
au long de sa vie (Panagia), et à son rôle de nouvelle Ève[11], en concentrant sur le mystère de l’Incarnation la réflexion sur l’association
de Marie à la Rédemption du Christ. Le “oui” de Marie devant le salut de
l’archange Gabriel afin que le Verbe de Dieu prenne chair en son sein (cf. Lc 1,
26-27), donne à l’être humain la possibilité d’être divinisé. Saint Augustin
déclare donc la Vierge “coopératrice” de la Rédemption, insistant à la fois sur
l’action de Marie avec le Christ et sur sa subordination à Lui, car Marie
coopère avec le Christ afin que « les fidèles naissent dans l’Église »[12]et, pour cette raison, nous pouvons l’appeler Mère du Peuple fidèle.
10. Au cours du premier millénaire, la réflexion sur la Vierge Marie dans
l’Église renvoie à la liturgie. La grande et riche diversité des traditions
liturgiques de l’Orient chrétien voulait être un écho fidèle des Saintes
Écritures, des Conciles et des Pères de l’Église. La lex orandi, qui
devint lex credendi, configure la mariologie orientale d’après
l’hymnographie, l’iconographie et la piété populaire[13]. Par exemple, à partir du Ve siècle furent établies en Orient les
fêtes mariales qui, par la suite, au VIIe siècle, passèrent en
Occident. La participation de la Mère de Dieu à l’œuvre du salut est mentionnée
non seulement dans toutes les anaphores et liturgies eucharistiques des Églises
orientales, mais aussi et surtout dans les textes hymnographiques utilisés aux
heures canoniales, présents dans les différentes traditions liturgiques de
l’Orient chrétien. L’hymnographie abonde en compositions dédiées à Marie
et riches d’allégories bibliques[14]dans lesquelles on invoque l’intercession de la Mère de Dieu et qui permirent
d’approfondir le mystère fondamental de l’Incarnation et sa signification pour
la Rédemption dans le Christ, grâce à un langage riche de symbolisme poétique
capable d’exprimer l’émerveillement et la stupéfaction de ceux qui, étant de la
même lignée que Marie, contemplent les prodiges que le Tout-Puissant a réalisés
en elle[15].
11. L’enseignement des premiers conciles œcuméniques commence à dessiner le
dogme de Marie, Mère de Dieu, proclamé ensuite au Concile d’Éphèse. L’Orient
chrétien a toujours défendu doctrinalement les dogmes définis par ces premiers
conciles, au moins dans les Églises qui ont accepté les Conciles d’Éphèse et de
Chalcédoine. En même temps, elle a accueilli, dans ses traditions liturgiques,
hymnographiques et iconographiques, les récits et légendes mariales populaires
relatifs aux récits de l’enfance et de la mort de Jésus. Ces narrations
cherchent à nourrir la piété du Peuple de Dieu, en donnant voix au lyrisme des
images poétiques, qui n’ont d’autre objectif que de susciter l’émerveillement.
Cette vénération de la Mère de Dieu se manifeste aussi à travers l’iconographie
qui offre une image visuelle de Marie et du Verbe incarné. Il reste significatif
que les iconographies traditionnelles de ces Églises liées aux conciles d’Éphèse
et de Chalcédoine représentent majoritairement Marie comme “Theotokos”[16] et furent réalisées pour contempler en elles la Vierge-Mère qui
présente au monde et étreint son Fils, l’enfant Jésus, tandis qu’elle intercède
pour l’humanité auprès de Lui. Ainsi, l’iconographie mariale orientale, en tant
que kérygme et rappel visuel en couleurs de la théologie des premiers
conciles et des Saints Pères, veut être une traduction visuelle des titres
spécifiques qui s’appliquent à la Vierge[17]. C’est pourquoi les icônes doivent être “lues” à partir de la liturgie et des
hymnes. Marie n’est pas l’objet d’un culte placé à côté du Christ, mais elle est
insérée dans le mystère du Christ à travers l’Incarnation[18]. Elle est l’icône en qui se vénère le Christ lui-même. Elle est la Theotokos,
la Vierge Mère qui présente son fils Jésus, le Christ, et elle est, en même
temps, l’Odigitria qui montre, en le désignant de sa main, le seul Chemin
qui est le Christ.
12. À partir du XIIe siècle, la théologie occidentale[19] s’est tournée vers la relation qui unit la Vierge Mère au mystère de la
Rédemption cruelle du Calvaire, et associe l’image de l’épée de Siméon à la
Croix du Christ. La présence de Marie au pied de la Croix est comprise comme un
signe de force chrétienne, pleine d’amour maternel. Saint Bernard, dans un
commentaire sur la présentation de Jésus au Temple, parle de la coopération de
Notre Dame au sacrifice rédempteur [20]. Arnaud, ami de saint Bernard et abbé bénédictin de Bonneval (mort après 1159),
considère pour la première fois la coopération de Marie au sacrifice du
Calvaire, unie à son Fils Jésus-Christ[21].
13. La coopération de la Mère et du Fils à l’œuvre du salut a été exposée par le
Magistère de l’Église[22]. Comme le dit le Concile Vatican II, « les Saints Pères considèrent Marie non
pas simplement comme un instrument passif aux mains de Dieu, mais comme
apportant au salut des hommes la coopération de sa libre foi et de son
obéissance »[23]. Cette association de la Vierge est présente à la fois dans la vie terrestre de
Jésus-Christ (conception, naissance, mort et Résurrection) et dans le temps de
l’Église.
14. Le dogme de l’Immaculée Conception met l’accent sur la primauté et l’unicité
du Christ dans la Rédemption, parce que même la première rachetée est rachetée
par le Christ et transformée par l’Esprit, avant toute possibilité d’une action
propre[24]. C’est à partir de cette condition particulière de “première rachetée” par le
Christ, de “première transformée” par l’Esprit-Saint, que Marie peut coopérer
plus intensément et plus profondément avec le Christ et avec l’Esprit, en
devenant un prototype[25], un modèle et un exemple de ce que Dieu veut accomplir en chaque personne
rachetée[26].
15. La collaboration de Marie à l’œuvre du salut a une structure trinitaire,
parce qu’elle est le fruit d’une initiative du Père, qui a vu la petitesse
de sa Servante (cf. Lc 1, 48) ; elle jaillit de la kenōsis du
Fils, qui s’est humilié en prenant la forme d’un Serviteur (cf. Ph 2,
7-8) et elle est l’effet de la grâce de l’Esprit-Saint (cf. Lc 1, 28.30),
qui a disposé le cœur de la jeune femme de Nazareth de telle façon qu’elle
réponde à l’Annonciation et tout au long de sa vie de communion avec son Fils.
Saint Paul VI enseignait que « dans la Vierge, tout se rapporte au Christ et
tout dépend de lui : c’est pour lui que Dieu le Père, de toute éternité, l’a
choisie comme Mère toute sainte et l’a parée de dons de l’Esprit à nul autre
consentis »[27]. Le oui de Marie n’est pas une simple condition préalable à quelque chose qui
aurait pu être réalisé sans son consentement ni sa collaboration. Sa maternité
n’est pas simplement biologique et passive[28], mais elle est une maternité « pleinement active »[29]qui s’unit au mystère salvifique du Christ comme instrument aimé par le Père
dans son dessein de salut. Elle « est la garantie qu’Il est vraiment homme, en
tant que “né d’une femme” (Ga 4, 4), mais elle est aussi, depuis la
proclamation du dogme de Nicée, la Theotokos, celle qui enfante Dieu »[30].
Titres faisant référence à la coopération de Marie au
salut
16. Parmi les titres sous lesquels Marie a été invoquée (Mère de la Miséricorde,
Espérance des pauvres, Aide des chrétiens, Secours, Avocate, etc.), certains se
réfèrent davantage à sa collaboration à l’œuvre rédemptrice du Christ, comme par
exemple Co-rédemptrice et Médiatrice.
Co-rédemptrice
17. Le titre de Co-rédemptrice apparaît au XVe siècle comme
une correction à l’invocation de Rédemptrice (comme abréviation de Mère
du Rédempteur) que Marie recevait depuis le Xe siècle. Saint Bernard
attribue à Marie un rôle au pied de la Croix qui donne naissance au titre de
Co-rédemptrice, qui apparaît pour la première fois dans un hymne anonyme du
XVe siècle à Salzbourg[31]. Bien que le nom de Rédemptrice ait été maintenu aux XVIe et
XVIIe siècles, il disparut complètement au XVIIIe siècle
pour être remplacé par Co-rédemptrice. La recherche théologique sur la
coopération de Marie à la Rédemption, au cours de la première moitié du XXe
siècle, a conduit à approfondir le contenu du titre de Co-rédemptrice[32].
18. Certains Pontifes ont utilisé ce titre sans trop s’attarder à l’expliquer[33]. D’une manière générale, ils l’ont présenté de deux manières précises: par
rapport à la maternité divine, dans la mesure où Marie, en tant que mère, a
rendu possible la Rédemption accomplie dans le Christ[34], ou en référence à son union avec le Christ près de la Croix rédemptrice[35]. Le Concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de Co-rédemptrice pour des
raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean Paul II l’a utilisé à
sept reprises au moins, en le rapportant en particulier à la valeur salvifique
de nos souffrances offertes avec celles du Christ à qui Marie est unie avant
tout sur la Croix[36].
19. Lors de la Feria IV du 21 février 1996, le Préfet de ce qu’on
appelait alors la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Joseph
Ratzinger, en réponse à la question de savoir si la demande du mouvement Vox
Populi Mariae Mediatrici d’une définition du dogme de Marie comme
co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces était acceptable, a répondu dans
son votum personnel : « Négatif. La signification précise des titres
n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. Une doctrine
définie de foi divine appartient au dépôt de la foi, c’est-à-dire à la
révélation divine véhiculée dans l’Écriture et dans la tradition apostolique.
Or, on ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est
présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique »[37]. Plus tard, en 2002, il s’est exprimé publiquement contre l’utilisation de ce
titre : « La formule “Co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de
l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus... Tout
procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux
Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui. Le mot “co-rédemptrice”
éclipserait cette origine ». Le Cardinal Ratzinger ne niait pas qu’il y aurait
de bonnes intentions et des aspects valables dans la proposition d’utiliser ce
titre, mais il soutenait qu’il s’agissait d’un « terme erroné »[38]
20. Le Cardinal de l’époque mentionnait les Lettres aux Éphésiens et aux
Colossiens, où le vocabulaire utilisé et le dynamisme théologique des hymnes
présentent de telle manière la centralité rédemptrice unique et la fontalité du
Fils incarné que la possibilité d’y ajouter d’autres médiations est exclue,
parce que « toutes sortes de bénédictions spirituelles » nous sont données
« dans le Christ » (Ep 1, 3) ; parceque nous sommes pour Lui des
fils adoptifs (cf. Ep 1, 5) et en Lui nous avons été comblés de
grâce (cf. Ep 1, 6), « En Lui nous trouvons la rédemption, par son sang »
(Ep 1, 7) et « Il nous a prodigués » (Ep 1,
8) sa grace. En Lui, « nous avons été mis à part » (Ep 1, 11)
et nous avons été prédestinés. Et Dieu a voulu « faire habiter en Lui
toute la Plénitude» (Col 1, 19) et, « par Lui, réconcilier tous les êtres pour Lui
» (Col 1, 20). Une telle louange sur la place unique du Christ nous
invite à mettre chaque créature en situation clairement réceptive, et à une
prudence religieuse et délicate lorsque nous envisageons toute forme de
coopération possible dans le domaine de la Rédemption.
21. Le Pape François a clairement exprimé sa position au moins trois fois contre
l’utilisation du titre de Co-rédemptrice, alléguant que Marie « n’a
jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais
présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple »[39].
L’œuvre rédemptrice a été parfaite et n’a besoin d’aucun ajout. C’est pourquoi « la Vierge n’a voulu obtenir aucun titre de Jésus [...]. Elle n’a pas demandé
d’être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice: non. Il n’y a
qu’un seul Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas »[40]. Le Christ « est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ »[41]. Parce que « le sacrifice de la Croix, offert avec un cœur aimant et obéissant,
présente une satisfaction surabondante et infinie »[42]. Bien que nous puissions prolonger ses effets dans le monde (cf. Col 1
:24), ni l’Église ni Marie ne peuvent remplacer, ni perfectionner, l’œuvre
rédemptrice du Fils de Dieu incarné, qui a été parfaite et n’a pas besoin
d’ajouts.
22. Compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au
Christ dans l’œuvre de la Rédemption, l’utilisation du titre de Co-rédemptrice
pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque
d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une
confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne,
parce qu’« il n’y a de salut en personne d’autre », car « il n’y a pas sous le ciel
d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,
12). Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes,
afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à
la foi du Peuple de Dieu et devient gènante. Dans ce cas, elle n’aide pas
à exhalter Marie comme la première et la plus grande collaboratrice dans l’œuvre
de la Rédemption et de la grâce, parce que le danger d’obscurcir la place
exclusive de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul
capable d’offrir au Père un sacrifice d’une valeur infinie, ne serait pas un
véritable honneur pour la Mère. En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Lc 1, 38), elle nous indique le Christ et nous demande : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5).
Médiatrice
23. Le concept de médiation est utilisé dans la patristique orientale à partir
du VIe siècle. Au cours des siècles suivants, saint André de Crète[43], saint Germain de Constantinople[44] et saint Jean Damascène[45] utilisent ce titre avec des significations différentes. En Occident, son
utilisation est devenue plus fréquente à partir du XIIe siècle, bien
que ce ne soit qu’au XVIIe siècle qu’il a été énoncé comme une thèse
doctrinale. En 1921, le Cardinal Mercier, Archevêque de Malines, avec la
collaboration scientifique de l’Université Catholique de Louvain et le soutien
des évêques, du clergé et du peuple belge, demanda au Pape Benoît XV la
définition dogmatique de la médiation universelle de Marie, mais le Pape ne fut
pas d’accord. Il n’approuva qu’une fête, avec sa messe propre et l’office de
Marie Médiatrice[46]. À partir de ce moment-là et jusqu’en 1950, des recherches théologiques ont été
menées sur la question qui devaient aboutir à la phase préparatoire du Concile
Vatican II. Le Concile n’est pas entré dans des déclarations dogmatiques[47] mais a préféré présenter une vaste synthèse « de la doctrine catholique sur la place qu’occupe la Très Sainte Vierge Marie
dans le mystère du Christ et de l’Église »[48].
24. La phrase biblique qui se réfère à la médiation exclusive du Christ est
décisive. Le Christ est l’unique Médiateur, « car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le
Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2, 5-6).
L’Église a expliqué cette place unique du Christ, parce que, étant le Fils
éternel et infini, l’humanité qu’Il a assumée Lui est hypostatiquement unie. Ce
lieu est exclusif de cette Humanité, et les conséquences qui en découlent ne
peuvent s’appliquer qu’au Christ. En ce sens précis, le rôle du Verbe incarné
est exclusif et unique. Face à une telle clarté dans la Parole révélée, une
prudence particulière s’impose dans l’application de l’expression “Médiatrice” à
Marie. Face à une tendance à élargir le champ de la coopération de Marie sur la
base de ce terme, il convient d’en préciser à la fois la portée précieuse et les
limites.
25. D’une part, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’existe un usage commun du
terme “médiation” dans les domaines les plus variés de la vie sociale, où il
s’entend simplement comme coopération, aide, intercession. Par conséquent, il
est inévitable qu’il soit appliqué à Marie dans un sens subordonné, et en aucune
façon il n’a pour but d’ajouter une efficacité ou une puissance à l’unique
médiation de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.
26. D’autre part, il est évident qu’il y a eu une forme de médiation réelle de
Marie pour rendre possible l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité,
car il était exigé que le Rédempteur fût « né d’une femme » (Ga 4, 4). Le
récit de l’Annonciation montre qu’il ne s’agit pas d’une médiation purement
biologique, puisqu’il met en évidence la présence active de Marie qui interroge
(cf. Lc 1, 29.34) et accepte avec fermeté : « Qu’il m’advienne selon
ta parole » (Lc 1, 38). Cette réponse de Marie a ouvert les portes de
la Rédemption que toute l’humanité espérait et que des saints ont décrite dans
un dramatisme poétique[49]. Lors des noces de Cana, Marie joue également un rôle médiateur lorsqu’elle
présente à Jésus la nécessité des fiancés (cf. Jn 2, 3) et demande aux
serviteurs de suivre les instructions de Jésus (cf. Jn 2, 5).
27. La terminologie de la médiation au Concile Vatican II se rapporte
surtout au Christ et, parfois, aussi à Marie mais de manière clairement
subordonnée[50]. En fait, il préféra utiliser une autre terminologie axée sur la coopération[51] ou sur l’aide maternelle[52].
L’enseignement du Concile formule clairement la perspective de l’intercession
maternelle de Marie, avec des expressions telles que « intercession multiple » et « protection maternelle »[53]. Ces deux aspects constituent ensemble la spécificité de la coopération de
Marie à l’action du Christ par l’Esprit. On ne peut parler au sens strict d’une médiation de la grâce autre que celle du
Fils de Dieu incarné[54]. C’est pourquoi il est nécessaire de se rappeler toujours, et de ne pas
obscurcir, la conviction chrétienne qu’« il faut en effet croire fermement, comme un élément permanent de la foi
de l’Église, la vérité sur Jésus-Christ, Fils de Dieu, Seigneur et unique
Sauveur, qui par son incarnation, sa mort et sa résurrection a accompli
l’histoire du salut, dont il est la plénitude et le centre »[55].
Marie dans l’unique médiation du Christ
28. En même temps, nous devons nous rappeler que l’unicité de la médiation du
Christ est “inclusive”, c’est-à-dire que le Christ rend possibles diverses
formes de participation à l’accomplissement de son dessein salvifique de sorte
que, en communion avec Lui, nous pouvons tous être, d’une certaine manière, des coopérateurs de Dieu,
“médiateurs” les uns pour les autres (cf. 1 Co 3, 9). C’est
précisément parce que le Christ a une puissance infiniment suprême qu’Il peut promouvoir ses frères et sœurs pour les rendre capables de coopérer
vraiment à la réalisation de ses desseins. Le Concile Vatican II a affirmé que
« l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une
coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source »[56]. C’est pourquoi « il faut élucider le contenu de cette médiation participée,
qui doit rester guidée par le principe de l'unique médiation du Christ »[57]. Il est vrai que l’Église prolonge dans le temps et communique partout les effets
de l’événement pascal du Christ[58] et que Marie a une place unique dans le cœur de l’Église mère[59].
29. La participation de Marie à l’œuvre du Christ est évidente si l’on part de
cette conviction que le Seigneur ressuscité promeut, transforme et rend les
croyants capables de collaborer avec Lui à son œuvre. Ce n’est pas à cause d’une
faiblesse, d’une incapacité ou d’un besoin du Christ, mais précisément à cause
de sa puissance glorieuse, qu’Il est capable de nous prendre, généreusement et
gratuitement, comme collaborateurs pour son œuvre. Ce qu’il faut souligner dans
ce cas, c’est précisément ceci : lorsqu’Il nous permet de l’accompagner et, sous
l’impulsion de sa grâce, nous donnons le meilleur de nous-mêmes, c’est sa propre
puissance et sa miséricorde qui sont finalement glorifiées.
Féconds dans le Christ glorieux
30. Le texte suivant est particulièrement éclairant : « Celui qui croit en moi
fera, lui aussi, les oeuvres que je fais; et il en fera même de plus grandes,
parce que je vais vers le Père » (Jn 14, 12). Les croyants, unis au
Christ ressuscité, qui est retourné dans le sein du Père, peuvent accomplir des
œuvres qui dépassent les prodiges de Jésus terrestre, mais toujours grâce à leur
union par la foi avec le Christ glorieux. C’est ce qui s’est manifesté, par
exemple, dans la merveilleuse expansion de l’Église primitive, parce que le
Ressuscité a fait participer son Église à son œuvre (cf. Mc 16, 15). De
cette façon, sa gloire n’a pas été diminuée mais s’est manifestée plus encore,
se révélant comme une puissance capable de transformer les croyants en les
rendant féconds avec Lui.
31. Chez les Pères de l’Église, cette idée a trouvé une expression particulière
dans le commentaire de Jn 7, 37-39, parce que certains ont interprété la
promesse de “fleuves d’eau vive” comme se référant aux croyants. C’est-à-dire
que les croyants eux-mêmes, transformés par la grâce du Christ, deviennent des
sources pour les autres. Origène expliquait que le Seigneur accomplit ce qu’Il a
annoncé en Jn 7, 38 parce qu’Il fait jaillir de nous des fleuves d’eau :
« L’âme de l’être humain, qui est à l’image de Dieu, est capable de contenir en
elle-même et de faire jaillir d’elle-même des puits, des fontaines et des
fleuves »[60]. Saint Ambroise recommandait de boire au côté ouvert du Christ « afin qu’abonde
en toi la fontaine d’eau qui jaillit vers la vie éternelle »[61]. Saint Thomas d’Aquin l’a exprimé en affirmant que si un croyant « se hâte de
communiquer aux autres les divers dons de la grâce qu’il a reçue de Dieu, de
l’eau vive coule de son sein »[62].
32. S’il en est ainsi pour tout croyant, dont la collaboration avec le Christ
devient toujours plus féconde à mesure qu’il se laisse transformer par la grâce,
à plus forte raison doit-on l’affirmer de Marie, d’une manière unique et
suprême. Car elle est la « comblée de grâce » (Lc 1, 28) qui, sans faire
obstacle à l’œuvre de Dieu, a dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole »
(Lc 1, 38). Elle est la Mère qui a donné au monde l’Auteur de la
Rédemption et de la grâce, qui s’est tenue ferme près de la Croix (cf. Jn
19, 25), en souffrant avec le Fils, en offrant la douleur de son cœur maternel
transpercé par l’épée (cf. Lc 2, 35). Elle a été unie au Christ, de
l’Incarnation à la Croix et à la Résurrection, d’une manière exclusive et
supérieure à tout ce qui peut arriver à tout croyant.
33. Tout cela n’a pas eu lieu à cause de ses propres mérites, mais parce que les
mérites du Christ sur la Croix lui ont été pleinement appliqués de manière
spéciale et anticipée, pour la gloire de l’unique Seigneur et Sauveur[63]. Elle est, en somme, un chant à l’efficacité de la grâce de Dieu, de sorte que
toute reconnaissance de sa beauté renvoie immédiatement à la glorification de la
source originelle de tout bien : la Trinité. L’incomparable grandeur de Marie
tient à ce qu’elle a reçu, et à sa disponibilité confiante à se laisser envahir
par l’Esprit. Quand nous nous efforçons de lui attribuer des fonctions actives
parallèles à celles du Christ, nous nous éloignons de cette beauté incomparable
qui lui est propre. L’expression “médiation participée” peut exprimer un sens
précis et précieux de la place de Marie, mais comprise de manière inadéquate,
elle pourrait facilement l’obscurcir et même la contredire. La médiation du
Christ, qui à certains égards peut être “inclusive” ou participée, est, à
d’autres égards, exclusive et incommunicable.
Mère des croyants
34. Dans le cas de Marie, cette médiation s’effectue de manière maternelle[64], comme elle l’a fait à Cana[65] et ratifié sous la Croix[66]. C’est ainsi que le Pape François expliquait : « Elle est Mère. C’est le titre
qu’elle a reçu de Jésus, précisément là, au moment de la Croix (cf. Jn 19,
26-27). Tes enfants, tu es Mère. [...] elle a reçu le don d’être sa Mère
et le devoir de nous accompagner comme une Mère, d’être notre Mère »[67].
35. Le titre de Mère trouve ses racines dans l’Écriture Sainte et chez
les Saints Pères ; il est proposé par le Magistère et la formulation de son
contenu a évolué jusqu’à l’exposé du Concile Vatican II[68]avec l’expression “maternité spirituelle” dans l’encyclique
Redemptoris Mater[69]. Cette maternité spirituelle de Marie découle de la maternité physique du Fils
de Dieu. En enfantant physiquement le Christ, à partir de son acceptation libre
et croyante de cette mission, la Vierge enfantait dans la foi tous les chrétiens
qui sont membres du Corps mystique du Christ, c’est-à-dire qu’elle enfantait le
Christ total, tête et membres[70].
36. La participation de la Vierge Marie, en tant que Mère, à la vie de son Fils,
de l’Incarnation à la Croix et à la Résurrection, donne un caractère unique et
singulier à sa coopération à l’œuvre rédemptrice du Christ, en particulier pour
l’Église « lorsqu’elle considère la maternité spirituelle de Marie à l’égard de
tous les membres du Corps mystique ; invocation confiante, lorsqu’elle fait
l’expérience de l’intercession de son Avocate et Auxiliatrice »[71]. C’est cet aspect maternel qui caractérise la relation de la Vierge avec le
Christ et sa collaboration à tous les moments de l’œuvre du salut. Dans sa
mission de Mère, Marie a une relation singulière avec le Rédempteur et aussi
avec ceux qui ont été rachetés dont elle est la première. « Marie est le typos (modèle) de l’Église et de la nouvelle naissance qui
s’opère en elle », mais plus encore, elle est le symbole et « la synthèse de cette même Église »[72]. C’est une maternité qui naît du don total de soi et de l’appel à devenir
servante du mystère[73]. Dans cette maternité de Marie est synthétisé tout ce que nous pouvons
dire de la maternité selon la grâce et de la place actuelle de Marie dans toute
l’Église.
37. La maternité spirituelle de Marie présente certaines caractéristiques :
a) Elle trouve son fondement dans le fait d’être la Mère de Dieu et se prolonge
dans la maternité à l’égard des disciples du Christ[74] et même de tous les êtres humains[75]. En ce sens, la coopération de Marie est unique et distincte de la coopération
« des autres créatures »[76]. Son intercession a une caractéristique qui n’est pas celle d’une médiation
sacerdotale, comme celle du Christ, mais qui se situe dans l’ordre et l’analogie
de la maternité[77]. En associant l’intercession de Marie à son œuvre, les dons qui nous viennent du
Seigneur nous sont présentés sous un aspect maternel, remplis de la tendresse et
de la proximité de la Mère[78] que Jésus a voulu partager avec nous (cf. Jn 19, 27).
b) La coopération maternelle de Marie est dans le Christ, et donc
participée, c’est-à-dire selon « une participation à l’unique
source »[79] qui est la médiation du Christ Lui-même. Marie entre de manière toute
personnelle dans l’unique médiation du Christ[80]. Le rôle maternel de Marie « n’offusque et ne diminue en rien cette unique
médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu. Car toute influence
salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes » jaillit de la
« surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle
dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu »[81]. Dans sa maternité, Marie n’est pas un obstacle entre les êtres humains et le
Christ ; au contraire, son rôle maternel est indissolublement lié à celui du
Christ et orienté vers Lui. Ainsi comprise, la maternité de Marie n’a pas pour but d’affaiblir l’unique
adoration qui n’est due qu’au Christ, mais de la stimuler[82]. C’est pourquoi il faut éviter les titres et les expressions qui se réfèrent à
Marie et qui la présentent comme une sorte de “paratonnerre” devant la justice
du Seigneur, comme si Marie était une alternative nécessaire à l’insuffisante
miséricorde de Dieu. Le Concile Vatican II a réaffirmé que le culte rendu à
Marie devait être « un culte orienté vers le centre christologique de la foi
chrétienne, de sorte que, “à travers l’honneur rendu à sa Mère, le Fils [...]
soit connu, aimé, glorifié” »[83]. En somme, la maternité de Marie est subordonnée[84] à l’élection de la part du Père, à l’œuvre du Christ et à l’action de
l’Esprit Saint.
c) L'Église n'est pas seulement un point de référence pour la maternité
spirituelle de Marie, mais elle est aussi, précisément dans sa dimension
sacramentelle, le lieu où se développe toujours sa fonction maternelle[85]. Marie agit avec l’Église, dans l’Église et pour l’Église. L’exercice de sa
maternité se trouve dans la communion ecclésiale, et non en dehors d’elle ; elle
conduit à l’Église et l’accompagne. L’Église apprend de Marie sa propre
maternité[86]: dans l’accueil de la Parole de Dieu qui évangélise, convertit et annonce le
Christ, dans le don de la vie sacramentelle du Baptême et de l’Eucharistie, et
dans l’éducation et la formation maternelles qui aident les enfants de Dieu à
naître et à grandir[87]. On peut dire que « la fécondité de l’Église est la même que celle de Marie;
elle se réalise dans l’existence de ses membres dans la mesure où ils revivent
“en petit” ce qu’a vécu la Mère, c’est-à-dire qu’ils aiment selon l’amour de
Jésus »[88]. En tant que Mère, comme l’Église, Marie attend que le Christ soit engendré en
nous[89], elle ne prend pas sa place. C’est pourquoi, « grâce à l’immense source qui
jaillit du côté ouvert du Christ, l’Église, Marie et tous les croyants,
deviennent de diverses manières des canaux d’eau vive. Le Christ déploie, de
cette manière, sa gloire dans notre petitesse »[90].
Intercession
38. Marie est unie au Christ d’une manière unique en raison de sa maternité et
parce qu’elle est pleine de grâce. C’est ce que suggère la salutation de l’ange
(cf. Lc 1, 28), lorsqu’il utilise un mot (kecharitōmenē) qui est unique et sans autre exemple dans toute la Bible. Celle qui a reçu
dans son sein la force de l’Esprit Saint et qui a été la Mère de Dieu, devient
par ce même Esprit la Mère de l’Église[91]. En raison de cette union particulière dans la maternité et la grâce, sa prière
pour nous a une valeur et une efficacité qui ne peuvent être comparées à aucune
autre intercession. Saint Jean Paul II a lié le titre de “médiatrice” à cette fonction
d’intercession maternelle. Parce qu’elle « se place “au milieu”, c’est-à-dire qu’elle agit en médiatrice non pas de l’extérieur, mais à sa
place de mère, consciente, comme telle, de pouvoir montrer au Fils les
besoins des hommes - ou plutôt d’en “avoir le droit”»[92].
39. La foi catholique lit dans les Écritures que ceux qui sont proches de Dieu
au ciel peuvent continuer à accomplir ces actes d’amour en intercédant pour nous
et en nous accompagnant. Nous voyons, par exemple, que les anges sont « des
esprits chargés d’un ministère, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter
du salut » (He 1, 14). On parle de missions accomplies par des anges
(cf. Tob 5, 4 ; 12, 12 ; Ac 12, 7-11 ; Ap 8, 3-5). Il y a
des anges qui aident Jésus dans le désert des tentations (cf. Mt 4, 11)
et au cours de la Passion (cf. Lc 22, 43). Dans le Psaume, il nous est
promis qu’« Il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes
voies » (Ps 91, 11).
40. Ces textes nous disent que le ciel n’est pas complètement séparé de la
terre. Cela ouvre à ceux qui sont au ciel la possibilité d’intercéder pour nous.
Le livre de Zacharie nous présente un ange de Dieu qui dit : « Seigneur de
l’univers, jusques à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les
villes de Juda auxquelles tu as fait sentir ta colère depuis 70 ans ? » (Za 1,
12). De la même manière, l’Apocalypse nous parle des “égorgés”, des
martyrs dans le ciel, qui interviennent pour demander à Dieu d’agir sur la terre
afin de nous libérer de l’injustice : « Je vis sous l’autel les âmes
de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu'ils
avaient rendu. Ils crièrent d'une voix puissante: “Jusques à quand, Maître saint
et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les
habitants de la terre ?” » (Ap 6, 9-10). Déjà, dans la tradition juive hellénistique, apparaissait
la conviction que les justes qui sont morts intercèdent pour le peuple (cf. 2 M 15,
12-14).
41. Marie qui, dans le ciel, aime le « reste de ses enfants » (Ap 12,
17), de même qu’elle a accompagné la prière des Apôtres lorsqu’ils ont reçu
l’Esprit Saint (cf. Ac 1, 14), accompagne aussi maintenant, de son
intercession maternelle, nos prières. De cette façon, elle continue à avoir
l’attitude de service et de compassion qu’elle avait manifestée aux noces de
Cana (cf. Jn 2, 1-11) et elle continue aujourd’hui à se tourner vers
Jésus pour Lui dire : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Dans son chant
de louange, nous voyons Marie comme une femme de son peuple qui loue Dieu parce
qu’« Il a élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés » (Lc 1,
52-53), parce qu’Il «est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de
sa miséricorde, selon qu’Il l’avait annoncé à nos pères » (Lc 1, 54-55),
et nous reconnaissons son empressement lorsqu’elle vient sans tarder aider sa
cousine Élisabeth (cf. Lc 1, 39-40). C’est pourquoi le Peuple de Dieu a
une ferme confiance en son intercession.
42. Parmi ceux qui ont été choisis et glorifiés avec le Christ, la Mère est à la
première place, et nous pouvons donc affirmer qu’il y a une collaboration unique
de Marie à l’œuvre salvifique que le Christ accomplit dans son Église. C’est une
intercession qui fait d’elle un signe maternel de la miséricorde du Seigneur. De
cette façon, parce qu’Il l’a voulu librement, le Seigneur donne à son action en
nous un visage maternel[93].
Proximité maternelle
43. L’existence de différentes invocations, d’images et de sanctuaires mariaux
manifeste cette véritable maternité de Marie qui se fait proche de la vie de ses
enfants. Un exemple est la manifestation de la Mère à l’Indien San Juan Diego
sur la montagne de Tepeyac. Marie l’appelle avec la tendresse d’une mère : « Mon
fils le plus petit, mon Juanito ». Et, face aux difficultés que lui manifeste
saint Juan Diego dans l’accomplissement de la mission qui lui est confiée, Marie
lui révèle la force de sa maternité : « Ne suis-je pas ici, moi qui ai l’honneur
d’être ta mère ? […] ... N’es-tu pas sur mes genoux, dans le creux de mes
bras ? »[94].
44. L’expérience de l’affection maternelle de Marie faite par saint Juan Diego
est l’expérience personnelle des chrétiens qui accueillent l’affection de Marie,
remettent entre ses mains « les nécessités de la vie quotidienne et ouvrent leur
cœur avec confiance pour demander son intercession maternelle et obtenir sa
protection rassurante »[95]. Plus que des manifestations extraordinaires de sa proximité, il existe des
expressions quotidiennes constantes de sa maternité dans la vie de tous ses
enfants. Même lorsque nous ne demandons pas son intercession, elle se montre
proche comme une Mère pour nous aider à reconnaître l’amour du Père, pour
contempler le don salvifique du Christ, pour accueillir l’action sanctifiante de
l’Esprit. Sa valeur pour l’Église est si grande que les pasteurs doivent éviter
toute instrumentalisation politique de cette proximité de la Mère. Le Pape
François a mis plusieurs fois en garde à ce sujet, et il a manifesté sa
préoccupation face aux « propositions idéologiques-culturelles de divers genres
qui veulent s’approprier la rencontre d’un peuple avec sa Mère »[96].
Mère de la grâce
45. Ce sens de “Mère des croyants” nous permet de parler de l’action de Marie aussi
en relation avec notre vie de grâce. Mais il faut noter que certaines
expressions, qui peuvent être théologiquement acceptables, sont facilement
chargées d’un imaginaire et d’une symbolique qui transmettent, en fait, d’autres
contenus moins acceptables. Par exemple, Marie est présentée comme si elle avait
un dépôt de grâce séparé de Dieu ; et l’on ne perçoit pas clairement que
le Seigneur, dans sa toute-puissance généreuse et libre, a voulu l’associer à la
communication de cette vie divine jaillie d’un centre unique, centre qui est le
Cœur du Christ et non pas de Marie[97]. Elle est aussi souvent présentée ou imaginée comme une source d’où découle
toute grâce. Si l’on tient compte du fait que l’inhabitation trinitaire (la
grâce incréée) et la participation à la vie divine (la grâce créée) sont
inséparables, nous ne pouvons pas penser que ce mystère puisse être conditionné
par un “passage” par les mains de Marie. De tels imaginaires exaltent Marie de
telle sorte que la centralité du Christ lui-même peut disparaître ou, du moins,
être conditionnée. Le Cardinal Ratzinger avait affirmé que le titre de Marie
médiatrice de toutes grâces n’était pas non plus clairement fondé sur la
Révélation[98] et, en accord avec cette conviction, nous pouvons reconnaître les
difficultés qu’il comporte, tant pour la réflexion théologique que pour la
spiritualité.
46. Pour éviter ces difficultés, la maternité de Marie dans l’ordre de la grâce
doit être comprise comme dispositive. D’une part, en raison de son
caractère d’intercession[99],
parce que l’intercession maternelle est expression de cette « protection maternelle »[100] qui permet de reconnaître dans le Christ l’unique Médiateur entre Dieu et les
hommes. D’autre part, sa présence maternelle dans nos vies n’exclut pas diverses actions de
Marie motivant l’ouverture de nos cœurs à l’action du Christ dans l’Esprit
Saint. Ainsi, elle nous aide, de diverses manières, à nous disposer à la vie
de la grâce que seul le Seigneur peut infuser en nous.
47. Notre salut est l’œuvre de la seule grâce salvatrice du Christ, et non de
quelqu’un d’autre. Saint Augustin affirmait que « ce royaume de mort n’est
détruit en tout être humain que par la grâce du Sauveur »[101] et il l’expliquait clairement par la rédemption de l’homme injuste : « Qui
voudrait mourir pour un injuste, pour un impie, si ce n’est le Christ, si
innocent qu’Il peut justifier même les injustes ? C’est pourquoi, mes frères,
nous n’avions aucun mérite, mais seulement des démérites. Mais bien que les
œuvres des hommes fussent telles, sa miséricorde ne les abandonna pas et […] au
lieu du châtiment dû, Il leur accorda la grâce qu’ils ne méritaient pas […] pour
nous racheter, non pas au prix de l’or ou de l’argent, mais au prix de son sang
versé. »[102]. C’est pourquoi, lorsque saint Thomas d’Aquin se demande si quelqu’un peut
mériter pour un autre, il répond que « seul le Christ peut mériter pour un autre
la première grâce »[103]. Aucun autre être humain ne peut la mériter au sens strict (de condigno),
et sur ce point il n’y a pas de doute : « Seul peut être juste celui à qui sont
communiqués les mérites de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ »[104]. La plénitude de grâce de Marie existe également parce qu’elle l’a reçue
gratuitement, avant toute action de sa part, « en considération des mérites de
Jésus-Christ, le Sauveur du genre humain »[105]. Les mérites de Jésus-Christ, qui s’est livré jusqu’à la fin, nous sont
appliqués dans notre justificatio qui « ayant pour fin le bien éternel de la
participation à Dieu, est une œuvre plus grande que la création du ciel et de la
terre »[106].
48. Cependant, l’être humain peut participer par son désir au bien de son frère, et
il est raisonnable (congruo) que Dieu réalise ce désir de charité que la
personne peut exprimer « par sa prière » ou « par les œuvres de miséricorde »[107]. Il est vrai que ce don de la grâce ne peut être répandu que par Dieu,
puisqu’il « dépasse les proportions de notre nature[108]» et qu’il y a une distance infinie[109] entre notre nature et sa vie divine. Cependant, Il peut le faire en
réalisant le désir de la Mère qui s’associe ainsi avec joie à l’œuvre divine
comme une humble servante.
49. Comme à Cana, Marie ne dit pas au Christ ce qu’Il doit faire. Elle intercède en
manifestant au Christ nos manquements, nos besoins et nos souffrances afin qu’Il
agisse avec sa puissance divine[110]: « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Aujourd’hui encore, elle nous aide
à nous préparer à l’action de Dieu[111]: « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Ses paroles ne sont
pas une simple indication, mais deviennent une véritable pédagogie maternelle
qui introduit la personne, sous l’action de l’Esprit, au sens profond du mystère
du Christ[112]. Marie écoute, décide et agit[113] pour nous aider à ouvrir notre existence au Christ et à sa grâce[114], parce qu’Il est le seul qui travaille au plus profond de notre être.
Là où seul Dieu peut aller
50. Comme le rappelle le Catéchisme, la grâce sanctifiante est « d’abord et principalement le don de l’Esprit qui nous justifie et nous
sanctifie »[115]. Elle n’est pas simplement une aide, une énergie à posséder, mais « le don gratuit que Dieu nous fait de sa vie infusée par l’Esprit Saint dans
notre âme »[116] qui peut être décrit comme l’habitation de la Trinité au plus profond,
comme l’amitié avec Dieu, comme l’alliance avec le Seigneur. Seul Dieu peut le
faire, car cela implique de surmonter une disproportion « infinie »[117]. Ce don de soi de la Trinité, cet « enchevêtrement de l’âme »[118] (illabitur) de la part de Dieu lui-même implique un effet de
transformation inhérent à ce qu’il y a de plus profond dans le croyant[119]. Saint Thomas d’Aquin a utilisé pour cette pénétration à l’intérieur de l’être
humain un verbe qui ne pouvait s’appliquer qu’à Dieu, illabi, car seul
Dieu, n’étant pas une créature, peut atteindre cette intimité personnelle sans
violenter la liberté et l’identité de la personne[120]. Seul Dieu atteint le centre le plus intime d’une personne pour réaliser son
élévation et sa transformation, lorsqu’Il se donne comme ami et pour cette
raison « aucune créature ne peut conférer la grâce »[121]. Saint Thomas le répète en parlant de la grâce sacramentelle : en tant que cause
principale « Dieu seul produit l’effet intérieur du sacrement. Parce qu’Il
est le seul à pénétrer dans l’âme, là où se produit l’effet sacramentel –
personne ne peut agir immédiatement là où il n’est pas – puisque la grâce, qui
est un effet intérieur du sacrement, ne vient que de Dieu »[122].
51. D’autres auteurs se sont exprimés de manière semblable[123], mais il vaut la peine de mentionner saint Bonaventure. Il enseignait que lorsque Dieu travaille avec la grâce sanctifiante chez un être
humain, Il le rend absolument immédiat à Lui[124]. Dieu, par la grâce, se fait pleinement proche de l’être humain, avec une
immédiateté absolue, dans une “intimité” au plus profond de l’être humain que
Lui seul peut atteindre[125]. La grâce créée n’agit donc pas comme un “intermédiaire”, mais elle est un
effet direct de l’amitié que Dieu donne en touchant directement le cœur humain.
Puisque c’est Dieu qui opère la transformation de la personne lorsqu’Il se donne
comme ami, il n’y a aucun intermédiaire entre Dieu et l’être humain transformé[126]. Seul Dieu est capable de pénétrer de cette manière, si profondément, pour
sanctifier, jusqu’à se rendre absolument immédiat, et Lui seul peut le
faire sans anéantir la personne[127].
52. Dans l’Incarnation, le Fils éternel et naturel de Dieu[128] assume une nature humaine qui occupe une place unique dans l’économie du
salut. Hypostatiquement unie au Fils par une grâce qui « est sans aucun doute
infinie »[129], cette Humanité « a reçu la grâce au plus haut degré. C’est pourquoi, en raison
de l’éminence de la grâce qu’elle a reçue, il lui appartient [competit sibi]
de faire parvenir cette grâce aux autres. Cela est propre à la tête »[130]. Cette humanité participe à l’effusion de la grâce sanctifiante, qui jaillit
d’elle ou « rejaillit »[131]. En conséquence, « selon son humanité, Il est principe de toute grâce »,
en tant que Tête à partir de laquelle celle-ci parvient aux autres (« in
alios transfunderetur »)[132]. Cette nature humaine est inséparable de notre salut car « par l’incarnation, toutes les actions salvifiques que le Verbe de Dieu opère
sont toujours réalisées avec la nature humaine qu’Il a assumée pour le salut de
tous les hommes »[133]. À travers cette nature humaine assumée, le Fils de Dieu « s’est en quelque
sorte uni lui-même à tout homme » et « par son sang librement répandu, Il nous a
mérité la vie »[134]. Par la grâce, les fidèles s’unissent au Christ et participent à son mystère
pascal, de sorte qu’ils peuvent vivre une union intime et unique avec Lui, que
saint Paul exprimait par ces mots : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ
qui vit en moi » (Ga 2, 20).
53. Aucun être humain, pas même les apôtres ou la Très Sainte Vierge, ne peut
agir en tant que dispensateur universel de la grâce. Seul Dieu peut donner la
grâce[135] et Il le fait à travers l’humanité du Christ[136], car « la plénitude de la grâce du Christ homme est celle du Fils unique
du Père »[137]. Bien que la Sainte Vierge Marie soit éminemment “pleine de grâce” et “Mère de
Dieu”, elle est, comme nous, fille adoptive du Père et aussi, comme l’écrit le
poète Dante Alighieri, « fille de ton Fils »[138]. Elle coopère à l’économie du salut par une participation dérivée et
subordonnée; par conséquent, tout langage concernant sa “médiation” dans la
grâce doit être compris par lointaine analogie avec le Christ et sa médiation
unique[139].
54. Dans la parfaite immédiateté entre l’être humain et Dieu pour la
communication de la grâce, même Marie ne peut intervenir. Ni l’amitié avec
Jésus-Christ, ni l’inhabitation de la Trinité ne peuvent être conçues comme une
chose qui nous vient par Marie ou par les saints. En tout cas, ce que nous
pouvons dire, c’est que Marie désire ce bien pour nous et le demande avec nous.
La liturgie, qui est aussi lex credendi, nous permet de réaffirmer cette
coopération de Marie, non pas dans la communication de la grâce, mais dans
l’intercession maternelle. En effet, dans la liturgie de la solennité de
l’Immaculée Conception, lorsqu’il est expliqué en quel sens le privilège accordé
à Marie a été établi pour le bien du peuple, il est dit qu’elle était disposée à
être « avocate de la grâce »[140], c’est-à-dire qu’elle intercède pour demander le don de la grâce pour nous.
55. Comme l’enseigne le Concile Vatican II, « l’influence salutaire de la part
de la bienheureuse Vierge sur les hommes [...] l’union immédiate des croyants
avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire
favorisée »[141]. Pour cette raison, nous devons éviter toute description qui suggérerait, de
manière néoplatonicienne, une sorte d’effusion de la grâce par étapes, comme si
la grâce de Dieu descendait par différents intermédiaires – comme Marie – tandis que sa source ultime (Dieu) resterait déconnectée de nos cœurs. Ces
interprétations affectent négativement la bonne compréhension de la rencontre
intime, directe et immédiate que la grâce réalise entre le Seigneur et le cœur
du croyant[142]. Le fait est que seul Dieu justifie ; seul le Dieu Trine[143]. Lui seul nous élève pour surmonter l’infinie disproportion qui nous sépare de
la vie divine, Lui seul actue en nous son inhabitation trinitaire, Lui seul
entre en nous, nous transformant et nous faisant participer à sa vie divine. Ce
n’est pas un honneur pour Marie de lui attribuer une quelconque médiation dans
l’accomplissement de cette œuvre exclusivement divine.
De l’eau vive qui jaillit
56. Cependant, étant donné que Marie est pleine de grâce, et que le bien tend
toujours à se communiquer, surgit facilement l’idée d’une sorte de “débordement”
de la grâce de Marie, qui ne peut avoir un sens adéquat que si elle ne contredit
pas ce qui a été dit jusqu’à présent. Cela ne pose pas de difficulté s’il s’agit
surtout des formes de coopération que nous avons déjà mentionnées
(l’intercession et la proximité maternelle qui nous invitent à ouvrir notre cœur
à la grâce sanctifiante) et que le Concile Vatican II a présentées comme une
coopération variée de la part de la créature « en dépendance de l’unique
source »[144].
57. Le caractère fondamentalement déterminant de la coopération des croyants –
principalement de Marie – dans la communication de la grâce apparait dans
l’interprétation traditionnelle des “fleuves d’eau vive” qui jaillissent du cœur
des croyants (cf. Jn 7, 38). Bien qu’il s’agisse d’une image forte, qui
pourrait être interprétée comme si les croyants étaient des canaux d’une
transmission perfective de la grâce sanctifiante, les Pères de l’Église,
lorsqu’il s’agit de préciser comment s’effectue cette effusion des fleuves de
l’Esprit, l’ont exprimé par des actions de type dispositif, comme par exemple,
la prédication, l’enseignement et d’autres formes de transmission du don de la
Parole révélée.
58. Origène l’applique à la connaissance des Écritures ou à la perception de ses
sens spirituels[145]. Pour saint Cyrille d’Alexandrie, ce débordement d’eau est l’enseignement des
mystères de la foi[146], la “pure mystagogie” dans son sens profond, qui n’est pas seulement
intellectuel, mais regarde la disposition ou la préparation de toute la personne[147]. Saint Cyrille de Jérusalem soutient que l’enseignement de l’Écriture conduit à
la lumière[148]. Saint Jean Chrysostome fait référence à la sagesse d’Étienne ou à l’autorité
de la parole de Pierre[149]. Saint Ambroise affirme: « Ce sont les fleuves qui ont entendu de leurs
oreilles la Parole de Dieu et qui parlent, afin que la Parole soit infusée dans
le cœur de chacun »[150], et il l’applique de cette manière: « Que l’eau de la doctrine céleste coule
[...] que la sève de la parole du Seigneur imprègne »[151] le cœur de chacun[152]. Pour saint Jérôme aussi, l’eau est l’enseignement du Sauveur[153], comme pour saint Grégoire le Grand, qui enseigne aussi qu’elle est « une
volonté pieuse envers le prochain »[154]. Ces interprétations, des fleuves d’eau vive que les croyants déversent, se
concentrent sur la connaissance des Écritures et de leurs mystères ; elles ne se
réfèrent pas, en général, à une connaissance purement intellectuelle, mais à une
connaissance sapientiale et à l’illumination du cœur pour s’ouvrir à la réalité
même des Mystères.
59. Chez d’autres Pères et Docteurs de l’Église, nous trouvons également une
explication plus large, qui inclut, en plus de la prédication ou de la
catéchèse, les œuvres qui portent assistance aux prochains dans leurs besoins,
ou un témoignage d’amour. Ainsi, saint Hilaire comprend les fleuves d’eau vive
comme les œuvres de l’Esprit Saint à travers les vertus qui agissent pour le
bien du prochain[155]. Saint Augustin l’applique à « la bienveillance par laquelle on veut aider son
prochain »[156]. Au Moyen Âge, cette perspective se poursuit jusqu’à saint Thomas d’Aquin, pour
qui des fleuves d’eau vive se manifestent parce que, quand quelqu’un
« s’empresse de conseiller son prochain et de communiquer aux autres divers dons
de grâce reçus de Dieu, des fleuves d’eau vive coulent de son sein »[157].
60. Quand saint Thomas parle des « divers dons de grâce » pour le service du
prochain, il fait référence aux divers dons charismatiques, car « comme il est
dit (1 Co 12, 10), à l’un est donné le don des langues, à l’autre celui
de la guérison, etc. »[158]. Cet aspect est également présent chez saint Cyrille de Jérusalem, qui indique
que les fleuves d’eau de l’Esprit, qui se communiquent à travers les croyants,
se manifestent lorsqu’« Il se sert de la langue des uns pour le charisme de la
sagesse ; Il illumine l’esprit des autres par le don de prophétie ; à celui-ci,
Il accorde le pouvoir de chasser les démons [...]. [L’Esprit] renforce chez
certains la tempérance, chez d’autres la miséricorde, et enseigne à celui-ci à
pratiquer le jeûne et la vie ascétique ».[159].
61. On peut dire quelque chose de similaire à propos de l’interprétation de Jn 14,
12, concernant les croyants qui accomplissent des “œuvres plus grandes” (meizona)
que celles du Christ sur terre. Les croyants participent à l’œuvre du Christ
dans la mesure où eux aussi, d’une certaine manière, suscitent la foi des autres
par l’annonce de la Parole. C’est ce qu’affirme explicitement Jn 17, 20b
: « Ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi ». La même chose est suggérée
dans Jn 14, 6-11, où les œuvres du Christ sont celles qui manifestent le
Père (v. 8). Les œuvres des croyants, qui se concentrent sur la proclamation de
l'Évangile par la parole, sont mises en parallèle avec les œuvres du Christ.
Jésus annonce : « S’ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont » (Jn 15, 20c). De même que celui qui entend la Parole du Christ a la vie
éternelle (cf. Jn 5, 24), Jésus annonce que d’autres croiront à travers
la parole des croyants (cf. Jn 17, 20). Cela ne concerne pas seulement
les paroles, mais aussi le témoignage éloquent des croyants, et c’est pourquoi
Jésus demande au Père que les croyants soient unis pour que « le monde croie » (Jn 17,
21).
L’amour qui se communique dans le monde
62. L’Évangile de Jean lie étroitement la charité fraternelle à cette
communication du bien. En effet, l’affirmation « si vous m’aimez, vous garderez
mes commandements» (Jn 14, 15) est parallèle à « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais »
(Jn 14, 12). Quand le Christ parle du fruit qu’Il attend de ses
disciples, Il finit par l’identifier à l’amour fraternel (cf. Jn 15,
16-17). Saint Paul aussi, après avoir parlé des diverses œuvres extraordinaires
que les croyants peuvent accomplir (cf. 1 Co 12), propose un chemin
meilleur lorsqu’il dit : « Aspirez aux dons supérieurs(ta meizona), et je vais encore vous montrer
une voie qui les dépasse toutes.(kath’hyperbolēn) » : l’amour (1 Co 12, 31 - 13,1). Les œuvres d’amour envers le prochain,
y compris le travail quotidien ou l’engagement pour changer ce monde, deviennent
alors un canal de coopération à l’œuvre salvifique du Christ.
63. Les Pontifes récents se sont également exprimés en ce sens. Saint Jean XXIII
enseignait que lorsque le chrétien est spirituellement uni au divin Rédempteur,
en déployant son activité dans les entreprises temporelles, son travail devient
comme une continuation de celui de Jésus-Christ, dont il tire sa force et sa
vertu salvatrice […] il contribue à étendre aux autres les fruits de la
rédemption[160]. Saint Jean Paul II a compris cette collaboration comme une reconstruction,
avec le Christ, du bien qui a été abimé dans le monde à cause des péchés, parce
que « le Cœur du Christ veut avoir besoin de notre collaboration pour
reconstruire le bien et la beauté », et « c’est la véritable réparation demandée
par le Cœur du Sauveur »[161]. Le Pape Benoît XVI affirmait que, « objets de l’amour de Dieu, les hommes sont constitués sujets de la charité,
appelés à devenir eux-mêmes les instruments de la grâce, pour répandre la
charité de Dieu et pour tisser des liens de charité. La doctrine sociale de l’Église répond à cette dynamique de charité reçue et
donnée »[162]. Et le Pape François a enseigné que, pour sainte Thérèse de l’Enfant Jésus,
« il ne s’agit pas seulement, par une confiance totale, de permettre au Cœur du
Christ de répandre la beauté de son amour dans son cœur, mais aussi de faire en
sorte qu’il rejoigne les autres et transforme le monde […] par des actes d’amour
fraternel par lesquels nous guérissons les blessures de l’Église et du monde. De
cette manière, nous offrons de nouvelles expressions de la puissance
restauratrice du Cœur du Christ »[163].
64. La coopération est rendue possible par le Christ et réalisée par l’action de l’Esprit qui, dans le
cas de Marie, se distingue de la coopération de tout autre être humain par le
caractère maternel que le Christ lui-même lui a attribué sur la Croix.
Critères
65. Toute autre manière de comprendre la coopération de Marie dans l’ordre de la
grâce, surtout si l’on entend lui attribuer une forme d’intervention ou de
capacité de perfectionnement ou de causalité seconde dans la communication de la
grâce sanctifiante[164], devrait accorder une attention particulière à certains critères déjà indiqués
dans la Constitution dogmatique Lumen gentium:
a) Nous devons réfléchir sur la manière dont Marie favorise notre union
« immédiate »[165] avec le Seigneur, qu’Il produit Lui-même en conférant la grâce, et que
nous ne pouvons recevoir que de Dieu[166], mais sans comprendre l’union avec Marie comme plus immédiate que celle avec le
Christ. Ce risque est présent, avant tout, dans l’idée que le Christ nous donne
Marie comme instrument ou cause seconde perfective dans la communication de sa
grâce.
b) Le Concile Vatican II a remarqué que « toute influence salutaire de la part de
la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement
gratuite de Dieu : elle ne naît pas d’une nécessité objective »[167]. Cette influence ne peut être pensée qu’à partir de la libre décision de Dieu
qui, bien que sa propre action soit débordante et surabondante, veut l’associer
librement et gratuitement à son œuvre. C’est pourquoi il n’est pas licite de
présenter l’action de Marie comme s’Il en avait besoin pour opérer le salut.
c) Nous devons comprendre la médiation de Marie non pas comme un complément pour
que Dieu puisse agir pleinement, avec plus de richesse et de beauté, mais « de
telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité
et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ »[168]. Pour expliquer la médiation de Marie, il faut souligner que Dieu est le seul
Sauveur, qui applique exclusivement les mérites de Jésus-Christ, les seuls
nécessaires et absolument suffisants pour notre justification. Marie ne remplace
pas le Seigneur dans une chose qu’Il ne fait pas (dérogation) ou ne Le complète
pas (addition). Si, dans la communication de la grâce, elle n’ajoute rien à la
médiation salvifique du Christ, Marie ne doit pas être considérée comme un
instrument primaire de cette donation[169]. Si elle accompagne une action du Christ, par l’œuvre du Christ lui-même, cela
ne doit en aucun cas être compris comme de manière parallèle. Au contraire,
étant associée à Lui, c’est Marie qui reçoit de son Fils un don qui la place
au-delà d’elle-même, parce qu’il lui est donné d’accompagner l’œuvre du Seigneur
avec son caractère maternel. Nous revenons donc au point le plus sûr: la
contribution dispositive de Marie, où l’on peut effectivement penser à une action dans laquelle elle apporte
quelque chose qui lui est propre, dans la mesure où elle « peut disposer d’une certaine manière »[170] pour les autres. Car « il appartient à la puissance suprême de conduire à la fin
ultime, tandis que les puissances inférieures aident à atteindre cette fin en y
disposant »[171].
66. Tout ce qui précède n’offense ni n’humilie Marie, parce que tout son être est
référée à son Seigneur. « Mon âme exalte le Seigneur ! » (Lc 1, 46). Pour
elle, il n’y a pas d’autre gloire que celle de Dieu. En tant que Mère, elle
redouble de joie lorsqu’elle voit comment le Christ manifeste la beauté
inépuisable et surabondante de sa gloire en guérissant, en transformant et en
remplissant de lui-même le cœur de ces enfants qu’elle a accompagnés sur le
chemin vers le Seigneur. Par conséquent, un regard dirigé vers elle qui nous
détourne du Christ, ou qui la place au même niveau que le Fils de Dieu, serait
en dehors de la dynamique propre d’une foi authentiquement mariale.
Les grâces
67. Certains titres, comme celui de Médiatrice de toutes les grâces, ont des
limites qui ne facilitent pas une compréhension correcte de la place unique
de Marie. En effet, elle, la première rachetée, ne peut pas avoir été médiatrice
de la grâce qu’elle a reçue elle-même. Il ne s’agit pas d’un détail mineur, car
il met en évidence une chose centrale : en elle aussi le don de la grâce la
précède et procède de l’initiative absolument gratuite de la Trinité, en vue des
mérites du Christ. Elle, comme nous tous, n’a mérité sa justification par aucune
de ses actions antérieures[172], ni par aucune action ultérieure[173]. Pour Marie aussi, son amitié avec Dieu par la grâce sera toujours gratuite. Sa
précieuse figure est le témoignage suprême de la réceptivité croyante de celle
qui, plus et mieux que quiconque, s’est ouverte avec docilité et pleine
confiance à l’œuvre du Christ, et en même temps elle est le meilleur signe de la
puissance transformatrice de cette grâce.
68. D’autre part, le titre susmentionné court le risque de voir la grâce divine
comme si Marie devenait distributrice de biens ou d’énergies spirituelles,
détachés de notre relation personnelle avec Jésus-Christ. Cependant, le mot
“grâces”, à propos de l’aide maternelle de Marie à différents moments de la vie,
peut avoir un sens acceptable. Le pluriel exprime toutes les aides, même
matérielles, que le Seigneur peut nous apporter en écoutant l’intercession de la
Mère ; des aides qui, à leur tour, disposent les cœurs à s’ouvrir à l’amour de
Dieu. De cette façon, Marie, en tant que mère, est présente dans la vie
quotidienne des fidèles bien supérieure à la proximité que peut avoir n’importe
quel autre saint.
69. Par son intercession, elle peut implorer pour nous les élans intérieurs de
l’Esprit Saint que nous appelons “grâces actuelles”. Ce sont ces aides de
l’Esprit Saint qui agissent aussi chez les pécheurs pour les disposer à la
justification[174], et aussi chez ceux qui ont déjà été justifiés par la grâce sanctifiante, pour
les stimuler à la croissance. C’est dans ce sens précis qu’il faut interpréter
le titre de “Mère de la grâce”. Marie collabore humblement pour que nous
ouvrions notre cœur au Seigneur, qui seul peut nous justifier par l’action de la
grâce sanctifiante, c’est-à-dire lorsqu’Il infuse en nous sa vie trinitaire,
qu’Il demeure en nous comme un ami et qu’Il nous fait participer à sa vie
divine. Cela est exclusivement l’œuvre du Seigneur, mais n’exclut pas que, par
l’action maternelle de Marie, paroles, images et impulsions diverses puissent
atteindre les fidèles pour les aider à avancer dans la vie, à préparer leur cœur
à la grâce que le Seigneur infuse ou à grandir dans la vie de la grâce reçue
gratuitement.
70. Ces secours, qui nous viennent du Seigneur, se prèsentent à nous avec un
aspect maternel, plein de la tendresse et de la proximité de la Mère que Jésus a
voulu partager avec nous (cf. Jn 19, 25-28). Marie accomplit ainsi une
action unique pour nous aider à ouvrir notre cœur au Christ et à sa grâce
sanctifiante qui élève et guérit. Lorsqu’elle se communique en envoyant diverses
“motions”, celles-ci doivent toujours être comprises comme des stimuli pour
ouvrir notre vie à l’Unique qui travaille dans la partie la plus intime de notre
être.
Notre union avec Marie
71. Le Concile a préféré appeler Marie « dans l’ordre de la grâce, notre Mère»[175], ce qui exprime mieux l’universalité de la coopération maternelle de Marie, qui
est indéniable dans un sens précis: elle est la Mère du Christ, qui est la grâce
par excellence et l’Auteur de toute grâce.
72. Cette maternité de Marie dans l’ordre de la grâce – qui jaillit du
mystère pascal du Christ – implique aussi que chaque disciple établisse avec
Marie « une relation unique et non reproductible ». Saint Jean Paul II a parlé d’une « dimension mariale de la vie des
disciples du Christ », qui s’exprime comme « la réponse à l’amour d’une personne et, en particulier, à
l’amour de la mère »[176]. La vie de grâce inclut notre relation avec la Mère. L’union avec le Christ par
la grâce nous unit en même temps à Marie dans une relation faite de confiance,
de tendresse et d’affection sans réserve.
La première disciple
73. Marie est « la première disciple, celle qui a le mieux appris les choses de
Jésus»[177]. Marie est la première de ceux qui « écoutent la parole de Dieu, et
l’observent » (Lc 11, 28) ; elle est la première à se placer parmi les
humbles et les pauvres du Seigneur pour nous apprendre à espérer et à recevoir,
avec confiance, le Salut qui ne vient que de Dieu. Marie « devenait ainsi en
un sens le premier “disciple” de son Fils, la première à qui Il semblait
dire: “Suis-moi!”, avant même d’adresser cet appel aux Apôtres ou à quiconque
(cf. Jn 1, 43) »[178]. Elle est un modèle de foi et de charité pour l’Église en raison de son
obéissance à la volonté du Père, de sa collaboration à l’œuvre rédemptrice de
son Fils et de son ouverture à l’action de l’Esprit Saint[179]. C’est pourquoi saint Augustin disait que « c’est plus pour Marie d’être
disciple du Christ que d’avoir été sa mère »[180]. Et le Pape François a insisté sur le fait qu’« elle est plus disciple que Mère
»[181]. Marie est, en somme, « la première et la plus parfaite disciple du Christ »[182].
74. Marie est, pour chaque chrétien, « celle qui, la première, “a cru”, et c’est précisément avec cette foi d’épouse
et de mère qu’elle veut agir sur tous ceux qui se confient à elle comme des fils
»[183]. Elle le fait avec une affection pleine de signes de proximité qui les
aident à grandir dans la vie spirituelle, en leur apprenant à laisser agir de
plus en plus la grâce du Christ. Dans cette relation d’affection et de
confiance, elle, qui est “pleine de grâce”, enseigne à chaque chrétien à
recevoir la grâce, à garder la grâce reçue et à méditer sur l’œuvre que Dieu
accomplit dans sa vie (cf. Lc 2, 19).
75. Dans le cas de présumés phénomènes surnaturels qui ont fait l’objet d’un
jugement positif de la part de l’Église, où apparaissent certaines expressions
ou titres tels que ceux cités ci-dessus, on se souviendra que « dans le cas où un Nihil obstat est accordé par le Dicastère, de tels
phénomènes ne deviennent pas objets de foi – c’est-à-dire que les fidèles ne
sont pas obligés d’y donner leur assentiment »[184].
Mère du Peuple fidèle
76. « Marie, la première disciple, est la Mère »[185]. Sur la Croix, le Christ nous donne Marie, et ainsi « Il nous conduit à elle,
car Il ne veut pas que nous marchions sans une mère »[186]. Elle est la Mère croyante qui est devenue « Mère de tous les croyants »[187], et en même temps elle est « la Mère de l’Église évangélisatrice »[188], qui nous accueille comme Dieu a voulu nous appeler, pas seulement comme des
individus isolés, mais comme un peuple en marche[189]: « Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche de nous, nous
aider par son intercession et son amour »[190]. Elle est la Mère du Peuple fidèle, elle « marche au milieu de son peuple, mue
par une tendresse délicate, et prend sur elle ses angoisses et ses
vicissitudes »[191].
L’amour s’arrête, contemple le mystère, jouit en silence
77. Le Peuple fidèle ne s’éloigne pas du Christ ni de l’Évangile lorsqu’il
s’approche d’elle, mais il sait lire « en cette image maternelle tous les
mystères de l’Évangile »[192]. Parce que sur ce visage maternel se reflète le Seigneur qui nous cherche (cf. Lc 15,
4-8), qui vient à notre rencontre les bras ouverts (cf. Lc 15, 20), qui
se tient devant nous (cf. Lc 18, 40), qui se penche et nous soulève
jusqu’à sa joue (cf. Os 11, 4), qui nous regarde avec amour (cf. Mc 10,
21) et qui ne nous condamne pas (cf. Jn 8, 11 ; Os 11, 9). Sur son
visage maternel, beaucoup de pauvres reconnaissent le Seigneur, qui « a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles » (Lc 1, 52). Ce visage de femme chante le mystère de l’Incarnation. Sur
ce visage de la Mère, transpercée par l’épée (cf. Lc 2, 35), le Peuple de
Dieu reconnaît le mystère de la Croix et, sur ce même visage, baigné de la
lumière de Pâques, il perçoit que le Christ est vivant. Et c’est elle, qui a
reçu l’Esprit Saint en plénitude, qui soutient les Apôtres en prière au Cénacle
(cf. Ac 1, 14). C’est pourquoi nous pouvons dire que, « en se fondant sur
le témoignage apostolique de l’Église, en quelque manière, la foi de Marie
devient constamment la foi du Peuple de Dieu en marche »[193].
78. Comme l’ont dit les évêques latino-américains, les pauvres « rencontrent
aussi la tendresse et l’amour de Dieu dans le visage de Marie. En elle, ils
voient se refléter le message essentiel de l’Évangile »[194]. Le Peuple simple et pauvre ne sépare pas la glorieuse Mère et Marie de
Nazareth, que nous trouvons dans les Évangiles. Au contraire, il reconnaît la
simplicité derrière la gloire, et il sait que Marie n’a pas cessé d’être l’une
d’entre eux. C’est elle qui, comme toute mère, a porté son enfant dans son sein,
l’a allaité, l’a élevé avec tendresse avec l’aide de saint Joseph, et elle n’a
pas été exempte des chocs et des doutes de la maternité (cf. Lc 2,
48-50). C’est elle qui chante le Dieu qui « a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 53) ; qui souffre avec les fiancés qui n’ont plus de vin
pour leur fête (cf. Jn 2, 3) ; qui sait courir pour aider sa cousine qui
en a besoin (cf. Lc 1, 39-40) ; qui se laisse blesser, comme transpercée
par l’épée, à cause de l’histoire de son peuple, où son fils est « un signe
en butte à la contradiction » (Lc 2, 34) ; qui comprend ce que c’est que d’être migrant ou exilé
(cf. Mt 2, 13-15) ; qui, dans sa pauvreté, ne peut offrir que deux
petites colombes (cf. Lc 2, 24) et qui sait ce que c’est que d’être
méprisée parce qu’elle est de la famille d’un pauvre charpentier (cf. Mc 6,
3-4). Les peuples souffrants reconnaissent Marie marchant à leurs côtés et c’est
pourquoi ils cherchent leur Mère pour implorer son aide[195].
79. La proximité de la Mère suscite une piété mariale “populaire”, qui s’exprime
différemment selon les peuples. Les différents visages de Marie – coréen, mexicain, congolais, italien et tant d’autres – sont des formes d’inculturation de l’Évangile qui reflètent, en tout lieu de la
terre, « la tendresse paternelle de Dieu »[196] qui atteint les entrailles de nos peuples.
80. Contemplons la foi du Peuple de Dieu, où des multitudes de croyants
reconnaissent spontanément Marie comme Mère, comme le Christ lui-même nous l’a
proposé sur la Croix. Le Peuple de Dieu aime faire des pèlerinages dans les
différents sanctuaires mariaux, où il trouve consolation et force pour aller de
l’avant, comme quelqu’un qui, dans la fatigue et la souffrance, reçoit la
caresse de sa Mère. La Conférence d’Aparecida a pu exprimer de manière claire et
belle la profonde valeur théologique de cette expérience. Rien de mieux que de
terminer cette Note par ces mots :
« Nous soulignons les pèlerinages, où l’on peut reconnaître le Peuple de Dieu en
train de cheminer. Là, le croyant célèbre la joie de se sentir immergé au milieu
de tant de frères, cheminant ensemble vers Dieu qui les attend. Le Christ même
se fait pèlerin et marche, ressuscité au milieu des pauvres. La décision de
partir vers le sanctuaire est déjà un acte de foi, le cheminement est un
véritable chant d’espérance, et l’arrivée est une rencontre d’amour. Le regard
du pèlerin se porte sur une image qui symbolise la tendresse et la proximité de
Dieu. L’amour se fixe, contemple le mystère, en profite en silence. En même
temps il s’émeut, laissant se répandre toute la charge de sa douleur et de ses
souhaits. La supplication sincère, qui s’écoule en tout confiance, est la
meilleure expression d’un cœur qui a renoncé à sa suffisance propre,
reconnaissant que tout seul il ne peut rien. Une vive expérience spirituelle se
trouve condensée en un bref instant »[197].
Mère du Peuple fidèle, priez pour nous.
Le Souverain Pontife Léon XIV, Le 7 octobre 2025, Mémoire Liturgique de la Sainte Vierge du Rosaire, il a
approuvé la présente Note, délibérée lors de la session ordinaire de ce Dicastère, en date du 26
mars 2025, et en a ordonné la publication.
Donné à Rome, au siège du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le 4 novembre
2025, Mémoire Liturgique de saint Charles Borromée.
Víctor Manuel Card. Fernández
Préfet
Mgr Armando Matteo
Secrétaire
pour la Section doctrinale
Leo PP. XIV
7 octobre 2025
[1] Conseil Épiscopal Latino-américain, Ve Conférence Générale de l’Épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes (Aparecida, 13-31 mai 2007), n. 265. Cité au n. 78 de la Note.
[2] Cf. S. Augustin, De sancta virginitate, 6 : PL 40, 399.
[3] Dicastère pour la doctrine de la foi,
Normes procédurales pour le
discernement de phénomènes surnaturels présumés (17 mai 2024) : AAS
116 (2024), 771-794.
[4] Dans certains de ces phénomènes, ou apparitions, la Vierge Marie est
désignée par des titres tels que Co-rédemptrice, Rédemptrice, Prêtre,
Médiatrice, Médiatrice de toutes les grâces, Mère de grâce, Mère spirituelle,
etc.
[5] Cf. S. Paul VI, Exhort. ap.
Marialis cultus (2 février 1974), n. 26 : AAS 66 (1974), 136-139.
[6] Cf.
ibid., n. 28 : AAS 66 (1974), 139-141.
[7] Cf.
ibid., n. 37 : AAS 66 (1974), 148-149.
[8] S. Jean Paul II,
Audience générale (9 avril 1997), n. 3 :
L’Osservatore Romano, 10 avril 1997, 4.
[9] François,
Homélie pour le Jubilé extraordinaire de la
Miséricorde : Messe et ouverture de la Porte Sainte (8 décembre 2015) :
AAS 108 (2016), 8.
[10] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 26 : AAS 79 (1987) 396.
[11] La relation qui apparaît dans les textes de saint Paul entre Adam et le
Christ (Rm 5, 18-19 et 1 Co 15, 22) a servi aux Saints Pères à
établir le parallèle Ève-Marie. Par exemple, S. Justin, Dialogue avec le juif
Tryphon, 100 : PG 6, 710CD-711A ; S. Irénée de Lyon, Adversus
Haereses, III, 22, 4 : PG 7/1, 959C-960A ; Tertullien, De carne
Christi, 17, 5 : PL 1, 782B. Ce parallèle antithétique entre Ève et
Marie est la première approche faite par les Pères du thème de la coopération de
la Vierge à l’œuvre rédemptrice du Christ : si Ève a apporté la perdition, la
foi de Marie nous a apporté le salut. La grande abondance de témoignages
patristiques sur le thème de la Vierge comme nouvelle Ève, offre des éléments
intéressants du point de vue théologique : a) Marie et la femme, parce
qu’en Marie la femme reprend sa splendeur primitive et trouve son
accomplissement définitif ; b) Marie et le Christ comme
épouse-partenaire, qui constitue avec son Fils le binôme exemplaire et
salvifique de la récapitulation ou restauration messianique ; c) Marie et
l’Église, établissant en Marie une double relation avec l’Église, celle de
l’exemplarité, comme prototype, et celle de Mère de l’Église.
[12]S. Augustin, De Sancta Virginitate, 6 : PL 40, 399.
[13] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 31 : AAS 79 (1987), 402-403.
[14] Par exemple, cf. S. Efrem, Hymni de Nativitate : SC 459 ; S. Jean Damascène,
In dormitione Deiparae I, 8 : SC 80, 100-104.
[15] Par exemple, cf. Octoëchus magnus, Roma 1885, 152 : « Par toi nous
sommes devenus participants de la nature divine, ô toujours Vierge, Theotokos,
parce que pour nous tu as donné naissance au Dieu incarné. Nous te magnifions
donc tous comme il est juste de le faire » (trad. de l’original grec du
Theotokion du Kathisma poétique après la première stasis). Un
autre exemple, plus significatif, de l’expression de la dévotion mariale est le
célèbre Akathistos (du Ve siècle), en 24 strophes; le titre
signifie simplement qu’on l’écoute debout, et non assis, comme on écoute
l’Évangile en signe de respect spécial pour la Vierge-Mère Marie, que le poète
célèbre avec les plus beaux adjectifs et métaphores symboliques, en lui
demandant d’accepter son offrande poétique et d’intercéder pour sauver le genre
humain du péché de la terre : cf. E.M. Toniolo, O.S.M., Akathistos Inno alla
Madre di Dio, Roma 2017.
[16] Le témoin le plus ancien de ce titre vient d’Égypte au IIIe siècle.
Cf. Papyrus 470 de la John Rylands Library (Manchester, UK) qui
transmet en grec une grande partie de l’invocation mariale. La traduction latine
de cette prière dit : « Sub tuum praesidium confugimus, Sancta Dei Genetrix. Nostras deprecationes ne despicias
in necessitatibus, sed a periculis cunctis libera nos semper,
Virgo gloriosa et benedicta ».
[17]Les représentations iconographiques traditionnelles de la Vierge suivent une
série de modèles stables. En particulier, l’Odēghētria de sa main montre
“le chemin” vers son fils Jésus-Christ sur ses genoux ; l’Éleousa, qui
est la Tendresse, où se manifeste le lien intime entre la Mère et le Fils : son
visage repose sur celui de Marie ; et la Platytera, la plus grande aux
cieux, porte en elle le Christ en elle, représenté comme l’enfant Jésus sur sa
poitrine. La plupart des autres sont inspirées de ces trois modèles, comme la Galaktotrophousa, qui nourrit l’enfant avec son lait ; la Kyriōtissa ou Dame, qui tient l’Enfant sur ses genoux comme sur un trône ; la
Panagia, ou la Toute-Sainte, vêtue d’un manteau rouge qui exprime la
plénitude de la sainteté ; ou la Deēsis, où elle apparaît à la droite de son Fils intronisé en majesté (Pantokratōr) intercédant pour nous, avec Jean-Baptiste à gauche. Dans d’autres icônes,
Marie apparaît en intercession avec les autres saints, souvent avec
Jean-Baptiste, comme derniers représentants de l’Ancienne Alliance et, en même
temps, comme premiers membres du peuple nouveau.
[18] Cf. Benoît XVI,
Audience générale (27 mai 2009) : L’Osservatore Romano, 28 mai 2009, 1 ; S. Grégoire de Narek, Prex 26 et 80, Ad Deiparam:
SC 78, 160-164, 428-432.
[19] Des auteurs orientaux tels que saint Jacques de Sarug († 521), saint Romain le Chantre († 555-562), saint Jean Damascène († 749) et Jean le Géomètre († 1000) avaient déjà abordé le thème de la coopération de Marie au sacrifice
rédempteur du Christ sur la Croix.
[20] Cf. S. Bernard de Clairvaux, In Purificationem Deiparae, III, 2:
PL 183, 370C.
[21] Cf. Arnaud de Bonneval, De laudibus B. M. Virginis I, 3c. 12, 4 :
PL 189, 1727A.
[22] Dans le magistère antérieur au Concile Vatican II, on remarque : Pie IX,
Const. Ineffabilis Deus (8 décembre 1854) : Pontificis Maximi Acta. Pars prima, Roma 1854, 597-619 ; Léon XIII,
Lett. enc.
Iucunda semper expectatione (8 septembre 1894) : ASS 27
(1894-1851), 177-184 ; Id., Lett. enc. Adiutricem populi (5 septembre
1895) : ASS 28 (1895-1896), 129-136 ; S. Pie X, Lett. enc.
Ad diem illum laetissimum (2 février 1904) : ASS 36 (1903-1904), 453,
453 ; Benoît XV, Lett. ap. Inter sodalicia, à la Confrérie de
Notre-Dame de la Bonne Mort (22 mars 1918) : AAS 10 (1918), 182 ; Pie
XI, Lett. enc.
Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928) : AAS 20 (1928), 165-178; Pie
XII, Lett. enc.
Mystici corporis Christi (29 juin 1943) : AAS 35
(1943), 193-248 ; Id., Lett. enc.
Ad caeli Reginam (11 octobre 1954) : AAS 46 (1954), 634-635.
[23] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 56 : AAS 57 (1965), 60.
[24] Cf. Pie IX, Const. ap. Ineffabilis Deus (8 décembre 1854) : Pontificis Maximi Acta. Pars prima, Roma 1854, 616 :
(DH 2803) « la Bienheureuse Vierge Marie fut préservée de toute tache du péché
originel dès le premier instant de sa conception, par la grâce et le privilège
singuliers de Dieu tout-puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ
Sauveur du genre humain » ; Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen
gentium, n. 53 : AAS 57 (1965), 58 : « Rachetée de façon éminente en
considération des mérites de son Fils ».
[25] Cf. S. Ambroise, Exp. Evangelii secundum Lucam, II, 7: PL 15,
1555.
[26] Cf. François,
Angélus en la Solennité de l’Assomption de la
Bienheureuse Vierge Marie (15 août 2013) : L’Osservatore Romano, 17-18 août 2013, 8.
[27] S. Paul VI, Exhort. ap.
Marialis cultus (2 février 1974), n. 25 : AAS 66 (1974), 135.
[28] Ce n’est pas simplement une « mère-nourricière ». Cf. S. Jean Paul II,
Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 20 : AAS 79
(1987), 384-387.
[29] Benoît XVI,
Homélie pour la Concélébration eucharistique avec les nouveaux
Cardinaux et la remise de l’anneau cardinalice (25 mars 2006) : AAS 98 (2006), 330;
cf. S. Paul VI, Exhort. ap.
Signum magnum, (13 mai 1967), n. 5: AAS 59
(1967), n. 5: AAS 59 (1967), 469 : « Marie, dès qu’elle fut rassurée par
la voix de l’ange Gabriel que Dieu l’avait choisie comme Mère sans craindre son
Fils unique, sans tarder, elle donna son assentiment à une œuvre qui engagerait
toutes les énergies de sa frêle nature, en déclarant : “Voici la servante du
Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole” (Lc 1, 38) ».
[30] H.U. von Balthasar, Theodramatik.
Bd. 2 Die Personen des Spiels. Teil 2 Die Personen in Christus,
Einsiedeln 21998, 272; cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Ep. II ad Nestorium : DH 251 : « De cette
façon, [les Saints Pères] n’avaient pas d’objection à appeler la Sainte Vierge
Mère de Dieu », Concile Œcum. d’Éphèse, can. 1 : DH 252.
[31] Pour autant que nous le sachions aujourd’hui, cela s’est passé au XVe
siècle, un hymnographe bénédictin nous a légué la prière manuscrite suivante,
conservée à l’abbaye Saint-Pierre de Salzbourg : « Pia, dulcis et
benigna/nullo prorsus luctu digna/si fletum hinc eligeres/ut compassa
Redemptori/captivato transgressori/tu corredemptrix fieres ». « Pieuse,
douce et bonne/tu n’es digne d’aucune douleur/si d’ici tu enlèves les
pleurs/souffrant avec le Rédempteur/pour le captif qui a transgressé/tu seras
co-rédemptrice » : De compassione BMV, 20 : G.M. Dreves (ed.), Analecta Hymnica Medii Aevi, XLVI, Leipzig
1905, n. 79, 127.
[32] Les théologiens comprennent le titre de co-rédemptrice de différentes
manières : a) Coopération immédiate, christotypique ou maximaliste, qui
situe la coopération de Marie comme proche, directe et immédiate à la Rédemption
elle-même (Rédemption objective). En ce sens, les mérites de Marie, bien que
subordonnés à ceux du Christ, auraient une valeur rédemptrice pour le salut ;
b) Coopération médiate, ou minimaliste, limitée au “oui” de
l’Annonciation. Il s’agirait d’une coopération médiate, qui rendrait possible
l’Incarnation comme une étape préalable à la Rédemption ; c) Coopération
immédiate réceptive ou ecclésiale, en coopérant à la Rédemption objective en
ce sens qu’elle a accepté les fruits du sacrifice rédempteur du Sauveur
représentant l’Église. Une coopération immédiate, mais réceptive, puisque Marie
a simplement accepté la Rédemption du Christ, devenant la “première Église”.
[33] Sous le pontificat de saint Pie X, le titre de Co-rédemptrice se trouve
dans un document de la Sacrée Congrégation des Rites et dans deux documents du
Saint-Office. Cf. Sacrée Congrégation des Rites, Dolores Virginis Deiparae
(13 mai 1908) : ASS 41 (1908), 409 ; Sacrée Congrégation du Saint-Office,
Décret Sunt Quos Amor (26 juin 1913) : AAS 5 (1913), 364, qui fait
l’éloge de la coutume d’ajouter au nom de Jésus le nom « de sa mère, notre
co-rédemptrice, la Bienheureuse Marie »; Id., Prière indulgenciée (22
janvier 1914): AAS 6 (1914), 108, où Marie est appelée « co-rédemptrice
du genre humain ». Le premier des papes à utiliser le terme de Co-rédemptrice
est Pie XI dans le Bref du 20 juillet 1925, s’adressant à la Reine du Rosaire de
Pompéi dans Pie XI, Ad B.V.M. a sacratissimo Rosario in Valle Pompeiana,
dans Sacra Paenitentiaria Apostolica, Enchiridion Indulgentiarum, Roma
1952, n. 628. : « Souviens-toi aussi qu’au Calvaire tu as été constituée co-rédemptrice,
collaborant avec la crucifixion de ton cœur au salut du monde, avec ton Fils
crucifié » Cf. Id., Discours “Ecco di nuovo” a un groupe de
pèlerins de Vicence (30 novembre 1933) : L’Osservatore Romano, 1er
décembre 1933, 1.
[34] Cf. Id., Message radiophonique à l’occasion de la clôture de l’Année
Sainte de la Rédemption à Lourdes (28 avril 1935) : L’Osservatore Romano, 29-30 avril 1935, 1.
[35] Cf. Id., Ad B.V.M. a sacratissimo Rosario in Valle Pompeiana dans Sacra Paenitentiaria Apostolica,
Enchiridion Indulgentiarum, Roma 1952, n. 628.
[36] Cf. S. Jean Paul II, Audience générale (10 décembre 1980) :
L’Osservatore Romano, 11 décembre 1980, 2 ; Id., Audience générale (8 septembre 1982) :
L’Osservatore Romano, 10 septembre 1982, 2 ; Id., Angélus (4 novembre 1984) :
L’Osservatore Romano, 5-6 novembre 1984, 7 ; Id., Homélie au sanctuaire de Notre-Dame de l’Alborada à Guayaquil,
Equateur (31 janvier 1985) : L’Osservatore Romano, 2 février 1985, 6 ; Id., Angélus du dimanche des Rameaux (31 mars 1985) :
L’Osservatore Romano, 1-2 avril 1985, 10 ; Discours aux pèlerins de “l’Opera Federativa Trasporto Ammalati a Lourdes” (OFTAL) (24 mars 1990) :
L’Osservatore Romano, 25 mars 1990, 4 ; Angélus (6 octobre 1991) :
L’Osservatore Romano, 7-8 octobre 1991, 7. Après la Feria IV de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
le 21 février 1996, saint Jean Paul II n’utilisera plus le titre de
Co-rédemptrice. Il est également important de noter que ce titre n’apparaît pas
dans la Lettre encyclique
Redemptoris Mater du 25 mars 1987, qui est le
document par excellence dans lequel saint Jean Paul II explique le rôle de Marie
dans l’œuvre de la Rédemption.
[37] J. Ratzinger, Compte rendu de la Feria IV du 21 février 1996, dans les Archives du
Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
[38] P. Seewald - J. Ratzinger, Dios y el mundo. Una conversación con Peter Seewald, Madrid 2005, 287-288.
[39] François,
Homélie pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre
2019) : AAS 112 (2020), 9.
[40] Id.,
Méditations quotidiennes La Femme des douleurs, disciple et mère
(3 avril 2020) L’Osservatore Romano, 4 avril 2020, 8.
[41] Id.,
Audience générale (24 mars 2021) : L’Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8.
[42] Pie XII, Lett. Enc.
Haurietis Aquas (15 mai 1956), n. 10 : AAS 48
(1956), 321.
[43] Cf. S. André de Crète, In Nativitatem Mariae, IV : PG 97,
865A.
[44] Cf. S. Germain de Constantinople, In Annuntiationem s. Deiparae
PG 98, 322BC.
[45] Cf. S. Jean Damascène, In Dormitionem Deiparae, I : PG 96,
712B – 713A.
[46] Le 12 janvier 1921, à la demande du Card. Désiré-Joseph Mercier, Benoît XV
a accordé à toute la Belgique l’office et la messe de la Vierge Marie
« Médiatrice de toutes grâces », à célébrer le 31 mai. Par la suite, le Siège
apostolique a accordé sur demande le même office et la même messe à de nombreux
autres diocèses et congrégations religieuses. cf. AAS 13 (1921), 345.
[47] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62: AAS 57
(1965), 63; Académie pontificale mariale internationale, « Un nouveau
dogme marial ? », L’Osservatore Romano, 4 juin 1997, 10 : « La
Constitution Lumen gentium, qui, après un choix réfléchi, ne contient pas
la définition dogmatique de la médiation, a été approuvée par 2.151 voix sur
2.156 votants [...] et, 33 ans à peine après la promulgation de Lumen gentium
[...], le panorama ecclésial, théologique et exégétique n’a pas
substantiellement changé ». Cette affirmation de l’Académie Pontificale Mariale
Internationale s’est ajoutée à la Déclaration de la Commission théologique créée
dans le cadre du 12e Congrès Mariologique International (Czestochowa,
12-24 août 1996) qui a jugé inopportun de procéder à la définition dogmatique de
Marie comme “médiatrice”, “co-rédemptrice” et “avocate” ; cf. Commission théologique du Congrès de Czestochowa,
Pétition pour la définition du dogme de Marie Médiatrice, Co-rédemptrice et
Avocate. Déclaration de la Commission théologique du Congrès de Czestochowa
: L’Osservatore Romano, 4 juin 1997, n. 10.
[48] S. Paul VI,
Discours de clôture de la troisième session du
Concile Vatican II (21 novembre 1964) : AAS 56 (1964), 1014.
[49] Cf. S. Bernard de Clairvaux, Hom. In laudibus Virginis Matris, IV,
8 : PL 183, 83CD-84AB.
[50] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, nn. 55-62 : AAS 57 (1965),
59-63.
[51] Cf.
ibid., nn. 53, 56, 61, 63: AAS 57 (1965), 59; 60; 63 ; 64.
[52] Cf.
ibid., nn. 60, 62, 63, 65 : AAS 57 (1965), 62 ; 63 ; 64
; 65.
[53]
Ibid., n. 62: AAS 57 (1965), 63.
[54] Cf. François,
Audience générale (24 mars 2021) : L’Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8.
[55] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration
Dominus Iesus (6 août 2000), n. 13: AAS 92 (2000), 754-755.
[56] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62: AAS 57 (1965), 63.
[57]Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration
Dominus Iesus (6 août 2000), n. 14: AAS 92 (2000), 755.
[58] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 1 : AAS 57 (1965), 5 ; François, Exhort. ap.
Evangelii gaudium
(24 novembre 2013), n. 112 : AAS 105 (2013), 1066.
[59] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 65 : AAS 57 (1965), 64-65 ; François, Exhort. ap.
Evangelii gaudium
(24 novembre 2013), n. 288 : AAS 105 (2013), 1019-1137, 1136.
[60] Origène, Hom. in Numeros, XII, 1: PG 12, 657.
[61] S. Ambroise, Ep. 11, 24: PL 16, 1106D.
[62] S. Thomas d’Aquin, Super Ioannem, cap. 7, lect. 5.
[63] Cf. Pie IX, Const. ap. Ineffabilis Deus (8 décembre 1854) dans Pie IX, Pontificis Maximi Acta. Pars prima, Roma 1854, 616
(DH 2803) : « Par la grâce et le privilège singuliers du Dieu
Tout-Puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ, le Sauveur du genre
humain ».
[64] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 38 : AAS 79
(1987), 411.
[65] Cf.
ibid., n. 21 : AAS 79 (1987), 387-389.
[66] Cf.
ibid., n. 23 : AAS 79 (1987), 390-391.
[67] François, Méditations quotidiennes Notre Dame des Douleurs, disciple et mère
(3 avril 2020) : L’Osservatore Romano, 4 avril 2020, 8.
[68] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, nn. 55-62 :
AAS 57 (1965), 59-63.
[69] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 4: AAS 79 (1987), 421.
[70] Cf. S. Paul VI,
Discours de clôture de la IIIe
session du Concile Vatican II (21 novembre 1964) : AAS 56 (1964),
1015 : « Marie donc, en tant que Mère du Christ, est aussi la Mère des fidèles et de tous
les pasteurs ; c’est-à-dire de l’Église » ; Catéchisme de l’Église
catholique, n. 963.
[71] S. Paul VI, Exhort. ap.
Marialis cultus (2 février 1974), n. 22 : AAS 66 (1974), 133.
[72] Cf. H.U. von Balthasar,
Theodramatik. Bd. 2 Die Personen des Spiels. Teil 2 Die Personen in Christus, Einsiedeln 21998, 306.
[73] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 56 :
AAS 57 (1965), 60 : « Elle se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la
personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui,
par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption ».
[74] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 23 : AAS 79 (1987), 391.
[75] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 69
: AAS 57 (1965), 66 : « Mère de Dieu et Mère des hommes ».
[76] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 38
: AAS 79 (1987), 411 ; cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 61 : AAS 57 (1965), 63. Le contenu de la maternité
spirituelle de Marie est présent dans les premiers textes de la patristique et
trouve son fondement biblique surtout dans l’Évangile de saint Jean, plus
précisément dans la scène de la Croix.
[77] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 21 : AAS 79 (1987), 388 : « Elle se manifeste concrètement comme la
maternité nouvelle selon l'esprit et non selon la chair, c'est-à-dire la sollicitude
de Marie pour les hommes, le fait qu'elle va au-devant de toute la gamme de
leurs besoins ».
[78] Cf. François,
Homélie en la Solennité de sainte Marie, Mère de
Dieu. 53e Journée Mondiale de la Paix (1er janvier
2020) : AAS 112 (2020), 19.
[79] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 38 : AAS 79 (1987), 411-412. cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62: AAS
57 (1965), 63.
[80] Cf. S. Jean Paul II,
Audience générale (9 avril 1997), n. 2 :
L’Osservatore Romano, 10 avril 1997, 4 : « La participation de Marie s’est déroulée au cours de l’événement lui-même et en
sa qualité de mère ; par conséquent, elle s’étend à la totalité de l’œuvre
salvatrice du Christ ».
[81] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 60 : AAS 57 (1965), 62 ; Catéchisme de l’Église catholique, n. 970.
[82] Cf. François,
Audience générale (24 mars 2021) : L’Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8 :
« [Marie] indique le Médiateur: elle est l’Odigitria. Dans l’iconographie
chrétienne elle est partout présente, parfois même avec un grand relief, mais
toujours en relation avec son Fils et en fonction de Lui. Ses mains, ses yeux,
son attitude sont un “catéchisme” vivant et ils signalent toujours le pivot, le
centre: Jésus. Marie est totalement tournée vers Lui ».
[83] S. Jean Paul II, Lett. ap.
Rosarium Virginis Mariae (16 octobre 2002), n. 4 : AAS 95 (2003), 8 ;
citant Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 66 : AAS 57
(1965), 65.
[84] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62
: AAS 57 (1965), 63 :« Le rôle subordonné de Marie ».
[85] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 40 : AAS 79 (1987), 414-415.
[86] Cf.
ibid., n. 43 : AAS 79 (1987), 420.
[87] Cf. François,
Discours à l’occasion de la récitation du Saint Rosaire
dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure (4 mai 2013) : L’Osservatore
Romano, 6-7 mai 2013, 7.
[88] Léon XIV,
Homélie pour le Jubilé du Saint-Siège (9 juin 2025) :
L’Osservatore Romano, 10 juin 2025, 2.
[89] Cf. François, Exhort. ap.
Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 285 :
AAS 105 (2013), 1135.
[90] Id., Lett. enc.
Dilexit nos (24 octobre 2024), n. 176 : AAS 116 (2024), 1424.
[91] Cf. Id.,
Audience générale (18 novembre 2020), L’Osservatore Romano, 18 novembre 2020, 11.
[92] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 21
: AAS 79 (1987), 388-389.
[93] Cf. François,
Homélie en la solennité de sainte Marie Mère de Dieu
(1er janvier 2024) : AAS 116 (2024), 20.
[94] J. L. Guerrero Rosado, Nican Mopohua :Aquí se cuenta… el gran acontecimiento, Cuautitlán 2003, nn. 23, 119.
[95] S. Jean Paul II,
Audience générale (13 août 1997), n. 4,
L’Osservatore Romano, 14 août 1997, 4.
[96] François,
Homélie en la fête de Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre
2022), AAS 115 (2023): 53 ; cf. Id.,
Homélie en la fête de
Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre 2023) : AAS 116 (2024), 12.
[97] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 8
: AAS 57 (1965), 11 ; François, Lett. enc.
Dilexit nos (24
octobre 2024), n. 96: AAS 116 (2024), 1398.
[98] Cf. J. Ratzinger, Compte rendu de la Feria IV du 21 février 1996,
dans les Archives du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
[99] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 21 : AAS 79 (1987), 389. Ce caractère d’intercession de la
médiation maternelle de Marie est un enseignement constant des papes récents.
Cf. Pie IX, Const. ap. Ineffabilis Deus (8 décembre 1854) :
Pontificis Maximi Acta. Pars prima, Roma 1854, 597-619 ; Léon XIII, Lett. enc.
Adiutricem populi (5 septembre 1895) : ASS 28 (1895-1896), 129-136 ; S. Pie X, Lett. enc.
Ad diem illum
(2 février 1904) : AAS 36 (1903-1904), 455 ; Pie XII,
Lett. enc.
Ad Caeli Reginam
(11 octobre 1954), n. 17 : AAS 46 (1954), 636.
[100] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62 : AAS 57 (1965), 63.
[101] S. Augustin, De peccatorum meritis et remissione et de baptismo
parvulorum, I, 11, 13 :CSEL 60, 14.
[102] Id., Sermo 23/A: CCSL 41, 322.
[103] S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 114, a. 6. co.
[104] Concile Œcum. de Trente, Sessio VI: Decretum de iustificatione, 7: DH 1530.
[105] Pie IX, Const. ap. Ineffabilis Deus (8 décembre 1854), dans Pii IX Pontificis Maximi Acta. Pars prima, Roma 1854, 616.
[106] S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 113, a. 9, co.
[107] Ibid., q. 114, a. 6, ad 3.
[108] Ibid., q. 114, a. 5, co.
[109] Cf. ibid., q. 114, a. 1, co.
[110] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 21 : AAS 79 (1987), 389.
[111]Cf. François,
Audience générale (8 juin 2016) : L’Osservatore Romano,
9 juin 2016, 8.
[112] Cf. Id.,
Audience générale (24 mars 2021), L’Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8 ;
Catéchisme de l’Église catholique, n. 2764.
[113] Cf. François,
Paroles du Saint-Père lors de la récitation du Saint
Rosaire (31 mai 2013) : L’Osservatore Romano, 2 juin 2013, 8.
[114] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 61 :
AAS 57 (1965), 5-71, 63.
[115] Catéchisme de l’Église catholique, n. 2003.
[116] Ibid., n. 1999.
[117] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 114, a. 1, co. ;
Quaestiones disputatae de Veritate, 27, a. 3, ad 10.
[118] Cf. Id., Summa Theologiae, III, q. 64, a. 1, co; cf. ibid., q. 8,
a. 8, ad 1, co. : « […] solus Deus illabitur animae ».
[119] Cf. Concile Œcum. de Trente, Sessio VI. Decretum de iustificatione, 7: DH 1528-1531;
ibíd., Canones de iustificatione, 11: DH 1561.
[120] Cf. S. Thomas d’Aquin, Quaestiones disputatae de Veritate, q.
28, a. 2, ad 8;Summa contra gentiles, II, cap. 98, n. 18; ibíd.,
III, cap. 88, n. 6.
[121] Cf. Id., Quaestiones disputatae de Veritate, q. 27, a. 3, s.c. 5.
[122] Id., Summa Theologiae, III, q. 64, a. 1, co.
[123] Entre autres, Gennade de Marseille, De Ecclesiasticis Dogmatibus,
83 : PL 58, 999B ; De même S. Jean Cassien, Collationes VII, 13 :
PL 49, 683A ;En outre Didymus Caecus, De Spiritu Sancto, 60:
PL 23, 158C.
[124] Cf. S. Bonaventure, Collationes in Hexaemeron, XXI, 18: Opera Omnia, V, Quaracchi 1891, 434.
[125] Cf. Id., Sententiarum Lib. I, d.14, a. 2, q. 2, ad 2: Opera Omnia, I, Quaracchi 1891, 250.
[126] Cf. ibid., q. 2, fund. 3, 251.
[127] Cf. ibid., q. 2, fund. 4 et 8, 251-252.
[128] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I, q. 33, a. 3 ; ibid.,
III, q. 23, a. 4.
[129] Id., Compendium theologiae, I, n. 215; cf. Id., Summa Theologiae, III, q. 2, a. 10.
[130] Id., Summa Theologiae, III, q. 8, a. 5, co. ; cf. ibid., q. 2, a. 12 ; q. 7, a. 9 ; q. 48, a.
1.
[131] Id., Compendium Theologiae, I, n. 214.
[132] Id., Quaestiones disputatae de Veritate, q. 29, a. 5, co.
[133] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration
Dominus Iesus (6 août 2000), n. 10 : AAS 92 (2000), 750-751,
cf. François, Lett. enc.
Dilexit nos (24 octobre 2024), nn. 59-63 : AAS
116 (2024), 1386-1387.
[134] Conc. Œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 22 : AAS 58 (1966),
1042-1043.
[135] Cf. S. Thomas d’Aquin,
Summa Theologiae I-II, q. 112, a. 1, co.
[136] Cf. Id., Super Ioannem, cap. 1, v. 16, lectio 10; Summa Theologiae, I-II,
q. 112, a. 1, ad 1.
[137] Id., Compendium Theologiae, I, n. 214.
[138] Dante Alighieri, Paradis, XXXIII, 1.
[139] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, nn. 60, 62 : AAS 57 (1965), 62-63 ; S. Thomas d’Aquin,
Summa Theologiae, III, q. 26.
[140] Missale Romanum ex Sacrosancti Oecumenici Concilii Vaticani II instauratum
auctoritate S. Pauli PP. VI promulgatum S. Ioannis Pauli PP. II cura recognitum, editio typica tertia, Typis Vaticanis 2008, 879.
[141] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 60 : AAS 57
(1965), 62.
[142] Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2002.
[143] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae I, q. 25, a. 3, ad 4. La
création et la justification « ne peuvent être faites immédiatement
que par Dieu seul ».
[144] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n.62 : AAS 57 (1965), 63.
[145] Cf. Origene, Hom. in Genesim, XIII, 3-4: PG 12, 232B-234CD.
[146] Cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Comm. in Ioannem, II, 4, 13-14: PG 73, 300C.
[147] Cf. Id., Comm. in Isaiam, V, II, 55, 1-2: PG 70, 1220A.
[148] Cf. S. Cyrille de Jérusalem, Catechesis mystagogica XVI, 11: PG 33, 932C.
[149] Cf. S. Jean Chrysostome,
in Ioannem, 51, 1: PG 59, 283.
[150] S. Ambroise, Explanatio Psalmorum XII, Ps. 48, 4, 2 : PL 14, 1157A.
[151] Id., De Noe, 19, 70 : PL 14, 395A.
[152] Cf. Id., Explanatio Psalmorum XII, Ps. 48, 4, 2 : PL 14, 1157A.
[153] Cf. S. Jérôme, Comm. in Zachariam, III, 14, 8.9 : PL 25,
1528C.
[154] S. Grégoire le Grand, Hom. in Ezechielem I, 10, 6 : PL 76,
888B.
[155] Cf. S. Hilaire de Poitiers, Tractatus in Psalmos 64, 14 : PL 9,
421B.
[156] S. Augustin, In Ioannis Evangelium, 32, 4 : PL 35, 1643D.
[157] S. Thomas d’Aquin, Super Ioannem, cap. 7, lect. 5.
[158] Ibid.; cf. Id., Summa Theologiae, II-II, q. 178 a. 1, s. c.
[159] S. Cyrille de Jérusalem, Catechesis mystagogica XVI, 12: PG 33, 933B.
[160]> Cf. S. Jean XXIII, Lett. enc. Mater et Magistra (15 mai 1961),
AAS 53 (1961), 462.
[161] S. Jean Paul II,
Lettre au Supérieur général de la Compagnie de Jésus, Paray-le-Monial (5 octobre 1986) : L’Osservatore Romano, 6
octobre 1986, 7 ; cité par François, Lett. enc.
Dilexit nos (24 octobre
2024), n. 182 : AAS 116 (2024), 1427.
[162] Benoît XVI, Lett. enc.
Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 5 : AAS 101
(2009), 643.
[163]François, Lett. enc.
Dilexit nos (24 octobre 2024), nn. 198, 200 :
AAS 116 (2024), 1432.
[164] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 5, a. 6, co. et
ad 1; Id., Quaestiones disputatae de Veritate, q. 27, a. 3, s.c. 5. Les arguments utilisés par saint Thomas d’Aquin
pour expliquer pourquoi aucune créature ne peut conférer la grâce, mais
seulement Dieu, ne peuvent être considérés comme dépassés, ni dans sa propre
œuvre, ni par la suite.
[165] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 60 : AAS 57 (1965), 62 ; cf.
S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I, q. 25, art. 3, ad 4; Id.,
Scriptum super Sententiis II, d. 26, q. 1, a. 2 co; ibid., IV,
d. 5, q. 1, a. 3, qc. 1, ad 1.
[166] Cf. Id., Quaestiones disputatae de Veritate, q. 27, a. 3, s. c. 5. Une fois de plus nous rappelons que : « Sed mentem, in qua est gratia, nulla
creatura illabitur ».
[167] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 60 : AAS 57 (1965), 62.
[168] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 62: AAS 57 (1965), 63.
[169] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa contra Gentiles, lib. 2, cap. 21, n.
7. Un instrument apporte sa contribution propre : « Omne agens
instrumentale exequitur actionem principalis agentis per aliquam actionem
propriam et connaturalem sibi ».
[170] Ibid., lib. 3, cap. 147, n. 6 ; cf. Id., Summa Theologiae I, q. 45, a. 5 co.
[171] Id., Summa Theologiae I-II, q. 5, a. 6, ad 1.
[172] Cf. Concile Œcum. de Trente, Sessio VI.
Decretum de iustificatione, 8: DH 1532.
[173] Cf. S. Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 114, a. 5 co. :
« L’homme qui est déjà en grâce ne peut pas mériter la grâce qu’il a déjà. »Si
la personne justifiée peut mériter une croissance dans la vie de grâce, le fait
d’être justifié, d’être ami de Dieu par la grâce, sera toujours absolument
gratuit.
[174] Ce que saint Thomas d’Aquin appelle « disposition finale », concomitante à
l’effusion de la grâce sanctifiante, est l’œuvre immédiate de la grâce
elle-même. C’est « la disposition finale, nécessairement suivie de la forme » :
S. Thomas d’Aquin, Sententia Metaphysicae, livre 5, lect. 2, n. 5 ; cf. Id.,
Scriptum super Sententiis, I, d. 17, q. 2, a. 3, co ; Id.,
Summa contra Gentiles, lib. 2, cap. 19, n. 6; Id., Compendium
theologiae, I, n. 105.
[175] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 61 : AAS 57 (1965), 63.
[176] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 45
: AAS 79 (1987), 422-423.
[177] François,
Audience générale (18 novembre 2020) : L’Osservatore Romano, 18 novembre 2020, 11.
[178] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 20
: AAS 79 (1987), 387.
[179] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 53 : AAS 57 (1965), 58-59.
[180] S. Augustin, Sermo 72/A, 7 : CCSL 41Ab, 117.
[181] François,
Audience générale (24 mars 2021), L’Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8.
[182] S. Paul VI, Exhort. ap.
Marialis cultus (2 février 1974), n.35 : AAS 66 (1974), 147.
[183] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 46
: AAS 79 (1987), 424.
[184] Dicastère pour la doctrine de la foi,
Normes procédurales pour le discernement des phénomènes surnaturels
présumés (17 mai 2024), n. 12 : AAS 116 (2024), 782.
[185] François,
Audience générale (16 février 2022) : L’Osservatore Romano, 16 février 2022, 2.
[186] François, Exhort. ap.
Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 285 : AAS
105 (2013), 1134-1135.
[187] Benoît XVI, Lett. enc.
Deus caritas (25 décembre 2005), n. 42 : AAS 98 (2006), 252.
[188] François, Exhort. ap.
Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 284 : AAS
105 (2013), 1134.
[189] Cf.
ibid., n. 113 : AAS 105 (2013), 1067.
[190] Léon XIV,
Première Bénédiction apostolique “Urbi et Orbi” (8 mai 2025),L’Osservatore Romano, 9 mai 2025, 3.
[191] François,
Message pour la XXXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse (15
août 2022) : AAS 114 (2022), 1255.
[192] Id., Exhort. ap.
Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 285 : AAS
105 (2013), 1135.
[193] S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 28
: AAS 79 (1987), 398.
[194] Conseil épiscopal latino-américain, Ve Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des
Caraïbes (Aparecida, 13-31 mai 2007), n. 265.
[195] Cf. S. Jean Paul II, Lett. enc.
Redemptoris Mater (25 mars 1987),
n. 35 : AAS 79 (1987), 407.
[196] François,
Homélie en la solennité de sainte Marie Mère de Dieu (1er
janvier 2024) : AAS 116 (2024), 20.
[197] Conseil épiscopal latino-américain, Ve Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes (Aparecida, 13-31 mai 2007), n. 259.
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