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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
A L'OCCASION DU LANCEMENT DE
LA DECENNIE POUR LA RESTAURATION DES ECOSYSTEMES

 

Excellences,

Nous célébrerons demain la Journée mondiale de l’environnement. Cette commémoration annuelle nous encourage à nous rappeler que tout est lié. Une véritable «préoccupation pour l’environnement [doit être] unie à un amour sincère envers les êtres humains, et à un engagement constant pour les problèmes de la société» (Lettre encyclique Laudato si’, 24 mai 2015, n. 91).

Toutefois, la célébration de demain revêtira une importance particulière car elle aura lieu en l’année où commence la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. Cette décennie nous invite à prendre des engagements sur dix ans en vue de prendre soin de notre maison commune, afin «d’appuyer et d’intensifier les efforts visant à éviter, enrayer  et  inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier et à sensibiliser à l’importance d’une restauration réussie des écosystèmes» (Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 1er mars 2019 sur la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes).

Nous lisons dans la Bible que «Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce; / le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance / Non point récit, non point langage, nulle voix qu’on puisse entendre» (Ps 19, 2-4).

Nous faisons tous partie de ce don de la création. Nous faisons partie de la nature, et ne sommes pas séparés d’elle. C’est ce que nous dit la Bible.

La situation environnementale actuelle exige que nous agissions avec urgence pour devenir les gardiens toujours plus responsables de la création et restaurer la nature que nous avons endommagée et exploitée depuis trop longtemps. Sinon, nous risquons de détruire le fondement même dont nous dépendons. Nous risquons des inondations, la faim et de graves conséquences pour nous-mêmes et pour les générations futures. C’est ce que nous disent de nombreux scientifiques.

Nous devons prendre soin les uns des autres, et des plus faibles parmi nous. Continuer sur ce chemin d’exploitation et de destruction — des êtres humains et de la nature — est injuste et insensé. C’est ce qu’une conscience responsable nous dirait.

Nous avons la responsabilité de laisser une maison commune habitable pour nos enfants et pour les générations futures.

Toutefois, lorsque nous regardons autour de nous, que voyons-nous? Nous voyons la crise qui conduit à la crise. Nous voyons la destruction de la nature, ainsi qu’une pandémie mondiale qui provoque la mort de millions de personnes. Nous voyons les conséquences injustes de certains aspects de nos systèmes économiques actuels et de nombreuses crises climatiques catastrophiques qui produisent de graves effets sur les sociétés humaines et même l’extinction massive de certaines espèces.

Pourtant, l’espoir est possible. «La liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter, comme de la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral» (Laudato si’, n. 112).

Nous assistons à une participation et un engagement renouvelés de la part de nombreux Etats et acteurs non-gouvernementaux: autorités locales, secteur privé, société civile, jeunes... des efforts visant à promouvoir ce que nous pouvons appeler une «écologie intégrale», qui est un concept complexe et multidimensionnel: il exige une vision à long terme; il souligne le lien indissoluble entre «la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure» (Laudato si’, n. 10); il vise à restaurer «les différents niveaux de l’équilibre écologique: au niveau interne avec soi-même, au niveau solidaire avec les autres, au niveau naturel avec tous les êtres vivants, au niveau spirituel avec Dieu» (ibid., n. 210). Il rend chacun de nous conscient de notre responsabilité, en tant qu’êtres humains, envers nous- mêmes, envers notre prochain, envers la création et envers le Créateur.

Toutefois, nous avons été avertis qu’il reste peu de temps — selon les scientifiques les dix prochaines années, le délai de cette décennie des Nations unies — pour restaurer l’écosystème, ce qui signifiera la restauration intégrale de notre relation avec la nature.

Les nombreux «signaux d’alerte» qui se présentent à nous, parmi lesquels nous pouvons voir le Covid-19 et le réchauffement global, nous poussent à agir avec urgence. Je forme le vœu que la cop26 sur le changement climatique, qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain, nous aidera à trouver les réponses correctes pour restaurer les écosystèmes, à la fois à travers une action climatique renforcée et une plus large diffusion de la sensibilisation et de la prise de conscience.

Nous sommes également amenés à repenser nos économies. Nous avons besoin d’une «réflexion nouvelle et approfondie sur le sens de l’économie et de ses fins, ainsi qu’une révision profonde et clairvoyante du modèle de développement pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres» (Benoît XVI, Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 32). La dégradation de l’écosystème est un résultat évident du mauvais fonctionnement économique.

Restaurer la nature que nous avons endommagée signifie, avant tout, restaurer nous-mêmes. Tandis que nous saluons cette décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes, faisons preuve de compassion, de créativité et de courage. Puissions-nous trouver notre juste place en tant que «génération de la restauration».

François

 


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