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			VI]   DICASTÈRE POUR LA COMMUNICATION   Vers une présence totale Une réflexion pastorale à propos de l’engagement sur les réseaux sociaux   1) De grands progrès ont été réalisés à l’ère du 
numérique, mais l’une des questions urgentes qui restent à traiter est de savoir 
comment nous, en tant qu’individus et en tant que communauté ecclésiale, devons 
vivre dans le monde numérique en tant que “proches aimants”, véritablement 
présents et attentifs les uns aux autres dans notre voyage ensemble le long des 
“autoroutes numériques”. Les progrès technologiques ont rendu possibles de nouveaux types d’interactions 
humaines. En fait, la question n’est plus de savoir s’il faut collaborer avec le 
monde numérique, mais comment. Les réseaux sociaux, en particulier, sont un 
environnement où les gens interagissent, partagent des expériences et cultivent 
des relations comme jamais auparavant. Dans le même temps, cependant, alors que 
la communication est de plus en plus influencée par l’intelligence artificielle, 
apparaît le besoin de redécouvrir la rencontre humaine en son cœur même. Au 
cours des deux dernières décennies, notre relation avec les plateformes 
numériques a subi une transformation irréversible. On a pris conscience du fait 
que ces plateformes peuvent évoluer pour devenir des espaces co-créés, pas 
seulement quelque chose que nous utilisons passivement. Les jeunes – comme les 
générations plus âgées – demandent à être rencontrés là où ils se trouvent, y 
compris sur les réseaux sociaux, parce que le monde numérique participe “de manière significative à la construction de l’identité d’un jeune 
et à sa manière de vivre”.[1] 2) Beaucoup de chrétiens demandent de l’inspiration et 
des conseils parce que les réseaux sociaux, qui sont une expression de la 
culture numérique, ont eu un impact profond à la fois sur nos communautés de foi 
et sur nos parcours spirituels individuels. Les exemples d’engagement fidèle et créatif sur les réseaux sociaux abondent 
dans le monde entier, tant de la part de communautés locales que d’individus qui 
témoignent de leur foi sur ces plateformes, souvent de manière plus omniprésente 
que l’Église institutionnelle. De nombreuses initiatives pastorales et 
éducatives ont été prises par des Églises locales, des mouvements, des 
communautés, des congrégations, des universités et des individus. 3) L’Église universelle s’est aussi penchée sur la 
réalité numérique. Depuis 1967, par exemple, les messages annuels de la Journée 
Mondiale pour les Communications Sociales proposent une réflexion en constante 
évolution sur le sujet. À partir des années 1990, ces messages ont abordé 
l’utilisation de l’ordinateur et, depuis le début des années 2000, ils ont 
constamment contenu une réflexion à propos d’aspects de la culture numérique et 
de la communication sociale. Soulevant des questions fondamentales pour la 
culture numérique, le 
			Pape Benoît XVI a abordé en 2009 les changements dans les 
modes de communication, affirmant que les médias ne devraient pas seulement 
favoriser les liens entre les personnes, mais aussi encourager celles-ci à 
s’engager dans des relations qui promeuvent “une culture du respect, du 
dialogue, de l’amitié”.[2] Par la suite, l’Église a consolidé l’image des réseaux sociaux comme des 
“espaces”, pas seulement des “instruments”, demandant que la Bonne Nouvelle soit 
également proclamée dans les environnements numériques[3]. De son côté, le Pape François a reconnu qu’on ne peut distinguer le monde numérique “de la sphère de la vie quotidienne”, 
et que celui-ci modifie la manière dont l’humanité accumule des connaissances, 
diffuse des informations et développe des relations.[4] 4) En plus de ces réflexions, l’implication pratique de 
l’Église dans les réseaux sociaux a également été efficace.[5] Récemment on a pu constater que les médias numériques sont un outil 
puissant pour le ministère de l’Église. 
			Le 27 mars 2020, alors que la pandémie 
de COVID-19 en était encore à ses débuts, la place Saint-Pierre était vide mais 
pleine de présence. Une transmission télévisée et diffusée en direct a permis au 
Pape François de mener une expérience mondiale transformatrice: une prière et un 
message adressés à un monde en confinement. Au milieu d’une crise sanitaire qui 
a coûté la vie à des millions de personnes, des gens du monde entier, mis en 
quarantaine et isolés, se sont retrouvés profondément unis les uns aux autres et 
au successeur de Pierre.[6] Grâce aux médias traditionnels et à la technologie numérique, la prière du Pape 
a atteint les foyers et touché la vie de gens partout dans le monde. Les bras 
ouverts que la colonnade du Bernin forme autour de la place Saint-Pierre ont pu 
étreindre des millions de personnes. Bien que physiquement éloignés les uns des 
autres, ceux qui se sont associés au Pape à ce moment-là étaient présents les 
uns aux autres et ils ont pu vivre un moment d’unité et de communion. *** 5) Les pages qui suivent sont le fruit d’une réflexion 
impliquant des experts, des enseignants, des jeunes professionnels et leaders, 
des laïcs, des membres du clergé et des religieux. L’objectif est d’aborder 
certaines des principales questions concernant la manière dont les chrétiens 
devraient aborder les réseaux sociaux. Elles ne sont pas censées être des 
“lignes directrices” précises pour le ministère pastoral dans ce domaine. On 
espère plutôt promouvoir une réflexion commune sur nos expériences numériques, 
en encourageant les individus et les communautés à adopter une approche créative 
et constructive qui peut favoriser une culture de bon voisinage. Favoriser des relations pacifiques, significatives et bienveillantes sur les 
réseaux sociaux constitue un défi susceptible de générer une discussion dans les 
milieux académiques et professionnels, ainsi que dans les milieux ecclésiaux. 
Quel genre d’humanité se reflète dans notre présence dans les environnements 
numériques? Dans quelle mesure nos relations numériques sont-elles le fruit 
d’une communication profonde et véridique, et dans quelle mesure sont-elles 
simplement façonnées par des opinions incontestées et des réactions passionnées? 
Quelle part de notre foi trouve des expressions numériques vivantes et 
réconfortantes? Et qui est mon “prochain” sur les réseaux sociaux? *** 6) La parabole du Bon Samaritain[7], par laquelle Jésus nous fait répondre à la question: “Qui est mon prochain?”, 
est suscitée par la question d’un expert en droit. “Que dois-je faire pour 
hériter de la vie éternelle?”, demande-t-il. Le verbe “hériter” nous rappelle 
l’héritage de la terre promise, qui n’est pas tant un territoire géographique 
qu’un symbole de quelque chose de plus profond et plus durable, quelque chose 
que chaque génération doit redécouvrir et qui peut nous aider à réimaginer notre 
rôle dans le monde numérique.   I. Attention aux écueils des autoroutes numériquesApprendre à voir du point de vue de celui qui est tombé entre les mains des 
brigands (cf. Lc 10:36).
 Une terre promise à redécouvrir ? 7) Les réseaux sociaux ne sont qu’une branche du 
phénomène, beaucoup plus vaste et plus complexe, de la numérisation, qui est le 
processus de transfert de nombreuses tâches et dimensions de la vie humaine vers 
des plateformes numériques. Les technologies numériques peuvent accroître notre 
efficacité, stimuler notre économie et nous aider à résoudre des problèmes 
auparavant insurmontables. La révolution numérique a accru notre accès à 
l’information et notre capacité à nous connecter les uns aux autres au-delà des 
limites de l’espace physique. Un processus qui était déjà en cours pendant les 
trois dernières décennies a été accéléré par la pandémie. Des activités telles 
que l’éducation et le travail, qui étaient normalement effectuées en personne, 
peuvent désormais être effectuées à distance. Les pays ont également apporté des 
changements importants à leurs systèmes juridiques et législatifs, adoptant les 
sessions et le vote en ligne comme alternatives aux réunions en personne. Le 
rythme rapide auquel l’information se propage modifie également le 
fonctionnement de la politique. 8) Avec l’avènement du Web 5.0 et d’autres avancées en 
matière de communication, le rôle de l’intelligence artificielle dans les années 
à venir aura de plus en plus d’impact sur notre expérience de la réalité. Nous 
assistons au développement de machines qui travaillent et prennent des décisions 
à notre place; qui peuvent apprendre et prédire nos comportements; de capteurs 
sur notre peau qui peuvent mesurer nos émotions; de machines qui répondent à nos 
questions et apprennent de nos réponses ou qui utilisent les registres de 
l’ironie et parlent avec la voix et les expressions de personnes décédées. Dans 
cette réalité en constante évolution, de nombreuses questions restent sans 
réponse.[8] 9) Les changements remarquables que le monde a connus 
depuis l’émergence d’Internet ont également suscité de nouvelles tensions. 
Certains sont nés dans cette culture et sont des “enfants du numérique”; 
d’autres essaient encore de s’y habituer en tant qu’“immigrants numériques”. En 
tout cas, notre culture est désormais une culture numérique. Pour dépasser la 
vieille dichotomie entre “numérique” versus “en face à face”, certains ne 
parlent plus de “online” opposé à “offline” mais uniquement de “onlife”, 
intégrant la vie humaine et sociale dans ses diverses expressions, qu’elles 
soient dans des espaces numériques ou physiques. 10) Dans le contexte de la communication intégrée, consistant en la 
convergence des processus de communication, les réseaux sociaux jouent un rôle 
décisif en tant que forum où nos valeurs, nos croyances, notre langage et nos 
hypothèses sur la vie quotidienne sont façonnés. De plus, pour de nombreuses 
personnes, en particulier celles qui vivent dans des pays en développement, le 
seul contact avec la communication numérique passe par les réseaux sociaux. Bien 
au-delà de l’acte d’utiliser les réseaux sociaux comme outil, nous vivons dans 
un écosystème façonné en son cœur par l’expérience du partage social. Alors que 
nous utilisons encore le web pour rechercher des informations ou des 
divertissements, nous nous tournons vers les réseaux sociaux pour éprouver un 
sentiment d’appartenance et d’affirmation, le transformant en un espace vital où 
a lieu la communication des valeurs et des croyances fondamentales. Dans cet écosystème, les gens sont invités à faire confiance à l’authenticité 
des déclarations de mission des entreprises de réseaux sociaux, qui promettent, 
par exemple, de rapprocher le monde, de donner à chacun le pouvoir de créer et 
de partager des idées, ou de donner à chacun une voix. Bien que nous soyons 
conscients du fait que ces slogans publicitaires ne sont presque jamais mis en 
pratique puisque les entreprises sont beaucoup plus soucieuses de leurs profits, 
nous avons tout de même tendance à croire les promesses. 11) En effet, lorsque les gens ont commencé à utiliser Internet il y a 
quelques décennies, ils partageaient déjà une version de ce rêve: l’espoir que 
le monde numérique serait un espace heureux de compréhension commune, 
d’information gratuite et de collaboration. Internet devait être une “terre 
promise” où les gens pourraient compter sur des informations partagées sur la 
base de la transparence, de la confiance et de l’expertise. Des écueils à éviter 12) Ces attentes, cependant, n’ont pas été tout à fait satisfaites. Tout d’abord, nous sommes toujours confrontés à une “fracture numérique”. Alors 
que cette évolution va plus vite que nos capacités à la comprendre correctement, 
beaucoup de gens sont encore privés d’accès non seulement aux besoins de base, 
tels que la nourriture, l’eau, l’habillement, le logement et les soins de santé, 
mais aussi aux technologies de communication de l’information. Cela laisse un 
grand nombre de gens marginalisés qui sont bloqués sur le bord de la route. En outre, une “fracture des réseaux sociaux” devient de plus en plus aiguë. Les 
plateformes qui promettent de construire une communauté et de rapprocher les 
gens du monde entier ont au contraire approfondi diverses formes de division. 13) Il y a sur “l’autoroute numérique” quelques écueils à connaître, parce 
qu’ils permettent de mieux comprendre comment cela a pu se passer. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de “réseaux sociaux” sans considérer leur 
valeur commerciale, c’est-à-dire sans prendre conscience que la véritable 
révolution s’est produite lorsque les marques et les institutions ont réalisé le 
potentiel stratégique des plateformes sociales, contribuant à une consolidation 
rapide des langages et des pratiques qui, au fil des ans, a transformé les 
utilisateurs en consommateurs. De plus, les individus sont à la fois 
des consommateurs et des marchandises: en tant que consommateurs, 
ils reçoivent de la publicité basée sur les données et du contenu 
sponsorisé élaboré sur mesure. En tant que marchandises, leurs profils et leurs 
données sont vendus à d’autres entreprises dans le même but. En adhérant aux 
déclarations de mission des entreprises de réseaux sociaux, les gens acceptent 
également des “termes de l’accord” qu’ils ne lisent ou ne comprennent 
généralement pas. Il est devenu populaire de comprendre ces “termes de l’accord” 
selon un vieil adage qui dit: “Si vous ne payez pas pour cela, vous êtes le 
produit”. En d’autres termes, ce n’est pas gratuit: nous payons avec des 
minutes de notre attention et des octets de nos données. 14) L’importance croissante accordée à la diffusion et au commerce des 
connaissances, des données et des informations, a généré un paradoxe: dans une 
société où l’information joue un rôle aussi essentiel, il est de plus en plus 
difficile de vérifier les sources et l’exactitude des informations qui circulent 
numériquement. La surcharge de contenu est résolue par des algorithmes 
d’intelligence artificielle qui déterminent constamment ce qu’il faut nous 
montrer en fonction de facteurs que nous percevons ou réalisons à peine: non 
seulement nos choix, goûts, réactions ou préférences précédents, mais aussi nos 
absences et distractions, pauses et durées d’attention. L’environnement 
numérique que chaque personne voit – et même les résultats d’une recherche en 
ligne – n’est jamais le même que celui de quelqu’un d’autre. En recherchant des 
informations sur les navigateurs, ou en les recevant dans notre flux pour 
différentes plates-formes et applications, nous ne sommes généralement pas 
conscients des filtres qui conditionnent les résultats. La conséquence de cette 
personnalisation de plus en plus sophistiquée des résultats est une exposition 
forcée à des informations partielles, qui corroborent nos propres idées, 
renforcent nos croyances, et nous entraînent ainsi dans un isolement lié aux “bulles 
de filtres”. 15) Les communautés en ligne sur les réseaux sociaux sont des “points de rencontre”, 
généralement formés autour des intérêts communs des “individus en réseau”. Les 
personnes présentes sur les réseaux sociaux sont ciblées en fonction de leurs 
caractéristiques particulières, de leurs origines, de leurs goûts et de leurs 
préférences, car les algorithmes des plateformes en ligne et des moteurs de 
recherche tendent à rapprocher les “similaires”, à les regrouper et à attirer 
leur attention afin de les garder en ligne. Par conséquent, les plateformes de 
réseaux sociaux peuvent courir le risque d’empêcher leurs utilisateurs de 
rencontrer réellement “l’autre” qui est différent. 16) Nous avons tous été témoins de systèmes automatisés qui risquent de créer ces 
“espaces” individualistes et parfois d’encourager des comportements extrêmes. 
Les discours agressifs et négatifs se propagent facilement et rapidement, 
offrant un terrain fertile à la violence, aux abus et à la désinformation. Sur 
les réseaux sociaux, différents acteurs, souvent enhardis par l’utilisation d’un 
pseudonyme, ne cessent de réagir les uns aux autres. Ces interactions sont 
généralement très différentes de celles des espaces physiques, où nos actions 
sont influencées par les commentaires verbaux et non verbaux d’autrui. 17) Être conscient de ces écueils nous aide à discerner et à démasquer la logique 
qui pollue l’environnement des réseaux sociaux et à chercher une solution à ce 
mécontentement numérique. Il est important d’apprécier le monde numérique et de 
le reconnaître comme faisant partie de notre vie. C’est pourtant dans la 
complémentarité des expériences numériques et physiques que se construisent une 
vie et un parcours humain. 18) Le long des “autoroutes numériques”, de nombreuses personnes sont blessées par 
la division et la haine. Nous ne pouvons pas faire comme si cela n’existait pas. 
Nous ne pouvons pas être de simples passants silencieux. Pour humaniser les 
environnements numériques, il ne faut pas oublier ceux qui sont “laissés pour 
compte”. Nous ne pouvons voir ce qui se passe que si nous adoptons le point de 
vue de l’homme blessé dans la parabole du Bon Samaritain. Comme dans la 
parabole, où nous sommes informés de ce que l’homme blessé a vu, le point de vue 
des marginalisés et des blessés numériques nous aide à mieux comprendre le monde 
de plus en plus complexe d’aujourd’hui. Tisser des relations 19) À une époque où nous sommes de plus en plus divisés, où chacun se retire dans sa 
propre bulle de filtres, les réseaux sociaux deviennent une voie menant beaucoup 
de gens vers l’indifférence, la polarisation et l’extrémisme. Lorsque les gens 
ne se traitent pas mutuellement comme des êtres humains mais comme de simples 
expressions d’un certain point de vue qu’ils ne partagent pas, on assiste à une 
autre manifestation de la “culture du rebut” qui prolifère: la “mondialisation” 
– et la normalisation – “de l’indifférence”. Se replier dans l’isolement de ses 
propres intérêts ne peut pas être le moyen de redonner espoir. Au contraire, la 
voie à suivre est de pratiquer une “culture de la rencontre”, qui promeut 
l’amitié et la paix entre les différentes personnes.[9] 20) Par conséquent, il est de plus en plus urgent de recourir aux plateformes de 
réseaux sociaux de façon à aller au-delà de ses propres silos, en sortant du 
groupe de ses “semblables” pour rencontrer les autres. Accueillir “l’autre”, quelqu’un qui prend des positions opposées aux miennes ou 
qui semble “différent”, n’est certainement pas une tâche facile. "Pourquoi 
devrais-je m’en soucier?" pourrait bien être notre première réaction. On 
retrouve même cette attitude dans la Bible, en commençant par le refus de Caïn 
d’être le gardien de son frère (cf. Gn 4:9) et en continuant avec le 
docteur de la Loi qui demande à Jésus : “Qui est mon prochain ?” (Lc 
10:29). Le docteur de la Loi a voulu fixer une limite quant à qui est et 
qui n’est pas mon prochain. Il semble que nous voudrions trouver une 
justification à notre propre indifférence; nous essayons toujours de tracer une 
ligne entre “nous” et “eux”, entre “quelqu’un que je dois traiter avec respect” 
et “quelqu’un à qui je peux ne pas prêter attention”. De cette façon, presque 
imperceptiblement, nous devenons incapables de ressentir de la compassion pour 
les autres, comme si leurs souffrances étaient de leur propre responsabilité et 
ne nous concernaient pas.[10] 21) La parabole du Bon Samaritain, au contraire, nous met au défi d’affronter la 
“culture du rebut” du numérique et de nous entraider pour sortir de notre zone 
de confort en faisant un effort volontaire pour tendre la main à l’autre. Cela 
n’est possible que si nous nous vidons, en comprenant que chacun de nous fait 
partie de l’humanité blessée et en nous rappelant que quelqu’un nous a regardés 
et a eu de la compassion pour nous. 22) Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons – et devons – être ceux qui font le premier 
pas pour vaincre l’indifférence, car nous croyons en un “Dieu qui n’est pas 
indifférent”.[11] Nous pouvons et devons être ceux qui cessent de demander: “Jusqu’à quel 
point dois-je vraiment prendre soin des autres?”, et qui commencent plutôt à 
agir en proches, en rejetant la logique d’exclusion et en reconstruisant une 
logique de communauté[12]. Nous pouvons et devons être ceux qui passent d’une compréhension des médias 
numériques en tant qu’expérience individuelle à une expérience fondée sur la 
rencontre mutuelle, qui favorise la construction d’une communauté. 23) Au lieu d’agir en tant qu’individus, de produire du contenu ou de réagir aux 
informations, idées et images partagées par d’autres, nous devons nous demander: 
comment pouvons-nous co-créer des expériences en ligne plus saines où les gens 
peuvent engager des conversations et surmonter les désaccords dans un esprit 
d’écoute mutuelle? Comment pouvons-nous donner aux communautés la possibilité de trouver des façons 
de surmonter les divisions et de promouvoir le dialogue et le respect sur les 
plateformes de réseaux sociaux? Comment redonner à l’environnement en ligne la place qu’il peut et doit occuper, 
celle d’un lieu de partage, de collaboration et d’appartenance, basé sur la 
confiance mutuelle? 24) Chacun peut participer à ce changement en engageant le dialogue avec les autres 
et en se défiant soi-même dans ses rencontres avec les autres. En tant que 
croyants, nous sommes appelés à être des communicateurs qui se dirigent 
intentionnellement vers la rencontre. De cette façon, nous pouvons rechercher 
des rencontres significatives et durables, plutôt que superficielles et 
éphémères. En effet, en orientant les connexions numériques vers la rencontre de 
vraies personnes, la formation de vraies relations et la construction d’une 
vraie communauté, nous nourrissons en fait notre relation avec Dieu. Cela dit, 
notre relation avec Dieu doit aussi être nourrie par la prière et la vie 
sacramentelle de l’Église, qui, de par leur essence, ne peuvent jamais être 
réduites simplement au royaume “numérique”.   II. De la prise de conscience à la vraie rencontreApprendre de celui qui a eu de la compassion (cf. Lc 10:33).
 Auditeurs intentionnels 25) La réflexion sur notre rapport avec les réseaux sociaux a commencé par une prise 
de conscience du fonctionnement de ces réseaux et des opportunités et défis 
auxquels nous sommes confrontés. Si les réseaux sociaux en ligne portent en eux 
une tendance intrinsèque à l’individualisme et à l’auto-glorification, telle 
qu’elle a été décrite dans le chapitre précédent, nous ne sommes pas condamnés, 
bon gré mal gré, à tomber dans ces attitudes. Le disciple qui a rencontré le 
regard miséricordieux du Christ a vécu autre chose. Il ou elle sait qu’une bonne 
communication commence par l’écoute et la prise de conscience qu’une autre 
personne est devant moi. L’écoute et la prise de conscience visent à favoriser 
la rencontre et à surmonter les obstacles existants, y compris celui de 
l’indifférence. Écouter de cette manière est une étape essentielle pour engager 
le dialogue avec les autres; c’est un premier ingrédient indispensable à la 
communication et une condition d’un véritable dialogue[13]. 26) Dans la parabole du Bon Samaritain, l’homme qui a été battu et laissé pour mort 
a été aidé par la personne la moins attendue: au temps de Jésus, les peuples 
juif et samaritain étaient souvent en désaccord. Au contraire, l’hostilité 
aurait été le comportement attendu. Le Samaritain, cependant, n’a pas vu cet 
homme battu comme un “autre”, mais simplement comme quelqu’un qui avait besoin 
d’aide. Il a ressenti de la compassion, se mettant à la place de l’autre; et il 
a donné de lui-même, de son temps et de ses ressources pour écouter et 
accompagner quelqu’un qu’il avait rencontré.[14] 27) La parabole peut inspirer les relations sur les réseaux sociaux parce qu’elle 
montre la possibilité d’une rencontre profondément significative entre deux 
parfaits inconnus. Le Samaritain brise la “fracture sociale”: il dépasse les 
frontières de l’accord et du désaccord. Tandis que le prêtre et le lévite 
passent à côté du blessé, le voyageur samaritain le voit et éprouve de la 
compassion (cf. Lc 10:33). La compassion signifie que je sens que l’autre 
fait partie de moi-même. Le Samaritain écoute l’histoire de l’homme; il 
s’approche parce qu’il ressent en lui-même de l’émotion. 28) L’évangile de Luc ne comporte aucun dialogue entre les deux hommes. On peut 
imaginer le Samaritain trouvant le blessé et, peut-être, lui demandant: “Que 
t’est-il arrivé?” Mais même sans paroles, par son attitude d’ouverture et 
d’hospitalité, une rencontre commence. Ce premier geste est une expression de 
soin et c’est crucial. La capacité d’écouter et d’être prêt à recevoir 
l’histoire d’autrui sans se soucier des préjugés culturels de l’époque a empêché 
que le blessé ne soit laissé pour mort. 29) L’interaction entre les deux hommes nous incite à faire le 
			premier pas dans le monde numérique. Nous sommes invités à voir la 
			valeur et la dignité de ceux dont nous sommes différents. Nous 
			sommes également invités à regarder au-delà de notre filet de 
			sécurité, de nos silos et de nos bulles. Devenir un proche dans 
			l’environnement des réseaux sociaux nécessite de l’intentionnalité. 
			Et cela commence par la capacité de bien écouter, de se laisser 
			toucher par la réalité de l’autre. Voler notre attention 30) L’écoute est une compétence fondamentale qui nous permet d’entrer en relation 
avec les autres et pas seulement d’échanger des informations. Nos appareils, 
cependant, regorgent d’informations. Nous nous retrouvons intégrés dans un 
réseau d’information, nous connectant avec les autres par le partage de textes, 
d’images et de sons. Les plateformes de réseaux sociaux nous permettent de faire 
défiler à l’infini au fur et à mesure que nous explorons ce contexte. Alors que 
la vidéo et le son ont certainement augmenté la richesse médiatique de la 
communication numérique, nos interactions médiatisées les uns avec les autres 
restent encore limitées. Nous découvrons souvent des informations rapidement et 
sans le contexte complet et nécessaire. Nous pouvons réagir facilement et 
rapidement à une information sur un écran sans en rechercher toute l’histoire. 31) Cette abondance d’informations présente de nombreux avantages: lorsque nous 
faisons partie du réseau, les informations sont rapidement et largement 
accessibles et personnalisées en fonction de nos intérêts. Nous pouvons obtenir 
des informations pratiques, maintenir des liens sociaux, explorer des ressources 
et approfondir et élargir nos connaissances. La facilité d’accès à l’information 
et à la communication a également le potentiel de créer des espaces inclusifs 
qui donnent la parole à ceux de nos communautés qui sont marginalisés par 
l’injustice sociale ou économique. 32) Dans le même temps, la disponibilité infinie d’informations a également créé des 
défis. Nous subissons une surcharge d’informations: notre capacité 
cognitive à les traiter souffre de la quantité excessive d’informations 
disponibles. Dans le même ordre d’idées, nous subissons une surcharge 
d’interactions sociales car nous sommes soumis à un niveau élevé de 
sollicitations sociales. Différents sites web, applications et plates-formes 
sont programmés pour s’attaquer à notre désir humain de reconnaissance, et ils 
se battent constamment pour attirer l’attention des gens. L’attention elle-même 
est devenue l’atout et la marchandise la plus précieuse. 33) Dans cet environnement, notre attention n’est pas concentrée, alors que nous 
essayons de naviguer dans cet écrasant réseau d’information et d’interaction 
sociale. Au lieu de se concentrer sur une question à la fois, notre attention 
partielle continue passe rapidement d’un sujet à l’autre. Dans notre état 
“toujours actif”, nous sommes confrontés à la tentation de publier 
instantanément puisque nous sommes physiologiquement “accro” à la stimulation 
numérique, voulant toujours plus de contenu dans un défilement sans fin et 
frustrés par tout manque de mises à jour. Un défi cognitif important de la 
culture numérique est la perte de notre capacité à penser profondément et de 
manière ciblée. Nous scrutons la surface et restons dans les eaux peu profondes, 
au lieu de réfléchir profondément aux réalités. 34) Nous devons être plus attentifs à cet égard. Sans le silence et l’espace pour 
penser lentement, profondément et de manière ciblée, nous risquons de perdre non 
seulement nos capacités cognitives, mais aussi la profondeur de nos 
interactions, tant humaines que divines. L’espace pour l’écoute délibérée, pour 
l’attention et pour le discernement de la vérité devient rare. Le processus appelé attention-intérêt-désir-action, bien connu des 
publicitaires, s’apparente au processus par lequel toute tentation entre dans le 
cœur humain et détourne notre attention de la seule parole véritablement 
signifiante et vivifiante, la Parole de Dieu. D’une manière ou d’une autre, nous 
prêtons encore attention au vieux serpent qui nous montre chaque jour de 
nouveaux fruits. Ils semblent “savoureux et agréables à l’œil, et aussi 
désirables pour acquérir l’intelligence” (Gn 3:6). Comme des graines le 
long du chemin, là où la Parole est semée, nous permettons au Malin de venir 
enlever la parole qui a été semée en nous (cf. Mc 4:14-15). 35) Avec cette surcharge de stimuli et de données que nous recevons, le silence est 
une denrée précieuse, car il assure un espace pour la concentration et le 
discernement.[15] L’impulsion à rechercher le silence dans la culture numérique élève 
l’importance de la concentration et de l’écoute. Dans les environnements 
éducatifs ou de travail ainsi que dans les familles et les communautés, il y a 
un besoin croissant de se détacher des appareils numériques. Le “silence” dans 
ce cas peut être comparé à une “désintoxication numérique”, qui n’est pas 
simplement une abstinence, mais plutôt un moyen d’établir un contact plus 
profond avec Dieu et avec les autres. 36) L’écoute émerge du silence et elle est fondamentale pour se soucier des autres. 
En écoutant, nous accueillons quelqu’un, nous lui offrons l’hospitalité et nous 
lui montrons du respect. Écouter est aussi un acte d’humilité de notre part, car 
nous reconnaissons la vérité, la sagesse et la valeur au-delà de notre propre 
perspective limitée. Sans une disposition d’écoute, nous ne sommes pas en mesure 
de recevoir le don de l’autre. Avec l’oreille du cœur 37) Avec la rapidité et l’immédiateté de la culture numérique, qui teste notre 
attention et notre capacité de concentration, l’écoute devient d’autant plus 
importante dans notre vie spirituelle. Une approche contemplative est 
contre-culturelle, voire prophétique, et peut être formatrice non seulement pour 
les personnes mais aussi pour la culture dans son ensemble. Un engagement à l’écoute sur les réseaux sociaux est un point de départ 
fondamental pour évoluer vers un réseau qui ne concerne pas tant les octets, les 
avatars et les “j’aime” que les personnes.[16] De cette façon, nous passons de réactions rapides, d’hypothèses trompeuses 
et de commentaires impulsifs à la création d’opportunités de dialogue, posant 
des questions pour en savoir plus, faisant preuve d’attention et de compassion, 
et reconnaissant la dignité de ceux que nous rencontrons. 38) La culture numérique a considérablement accru notre accès aux autres. Cela nous 
offre aussi la possibilité d’écouter beaucoup plus. Souvent, lorsqu’on parle 
d’“écoute” dans les réseaux sociaux, on fait référence à des processus de 
surveillance des données, à des statistiques d’engagement et à des actions 
destinées à une analyse marketing des comportements sociaux présents sur les 
réseaux. Cela, bien sûr, ne suffit pas pour que les réseaux sociaux soient un 
environnement d’écoute et de dialogue. L’écoute intentionnelle dans le contexte 
numérique appelle à une écoute avec “l’oreille du cœur”. Écouter avec “l’oreille 
du cœur” va au-delà de la capacité physique à entendre des sons. Au contraire, 
elle nous incite à nous ouvrir à l’autre avec tout notre être: une ouverture 
du cœur qui rend possible la proximité[17]. C’est une posture d’attention et d’hospitalité qui est fondamentale pour 
établir la communication. Cette sagesse s’applique non seulement à la prière 
contemplative mais aussi aux personnes qui recherchent des relations 
authentiques et des communautés authentiques. Le désir d’être en relation avec 
les autres et avec l’Autre – Dieu – reste un besoin humain fondamental, qui se 
manifeste également dans le désir de connectivité dans la culture numérique.[18] 39) Un dialogue intérieur et une relation avec Dieu, rendus possibles par le don 
divin de la foi, sont essentiels pour nous permettre de grandir dans notre 
capacité d’écoute. La Parole de Dieu a aussi un rôle fondamental dans ce 
dialogue intérieur. L’écoute priante de la Parole dans l’Écriture à travers la 
pratique de la lecture spirituelle des textes bibliques, comme dans la lectio 
divina, peut être profondément formatrice car elle permet une expérience 
lente, délibérée et contemplative.[19] 40) La “Parole du Jour” ou “l’Évangile du Jour” figurent parmi les sujets les plus 
recherchés par les chrétiens sur Google, et on peut affirmer sans risque 
d’erreur que l’environnement numérique nous a offert de nombreuses possibilités, 
nouvelles et plus faciles, pour une “rencontre” régulière avec la Parole divine. 
Notre rencontre avec la Parole du Dieu vivant, même en ligne, fait passer notre 
approche de la visualisation d’informations à l’écran à la rencontre d’une autre 
personne racontant une histoire. Si nous gardons à l’esprit que nous nous 
connectons avec d’autres personnes derrière l’écran, l’exercice d’écoute peut 
étendre l’hospitalité aux histoires des autres et commencer à forger des 
relations. Discerner notre présence sur les réseaux sociaux 41) Du point de vue de la foi, que communiquer et comment communiquer est une 
question non seulement pratique mais aussi spirituelle. Être présent sur les 
plateformes de réseaux sociaux incite au discernement. Bien communiquer dans ces 
contextes est un exercice de prudence et demande une réflexion dans la prière 
sur la manière d’établir des contacts avec les autres. Aborder cette question à 
travers le prisme de la question du docteur de la Loi, “Qui est mon prochain?”, 
appelle au discernement concernant la présence de Dieu dans et à travers la 
façon dont nous interagissons les uns avec les autres sur les plateformes de 
réseaux sociaux. 42) Sur les réseaux sociaux, la proximité est un concept complexe. Les “prochains” 
des réseaux sociaux sont très clairement ceux avec qui nous entretenons des 
liens. En même temps, nos prochains sont aussi, bien souvent, ceux que nous ne 
pouvons pas voir, soit parce que les plateformes nous empêchent de les voir, 
soit parce qu’ils ne sont tout simplement pas là. Les environnements numériques 
sont également partagés par d’autres participants tels que les “bots 
informatiques” et les “deepfakes” (“hyper-trucages”), des programmes 
informatiques automatisés qui fonctionnent en ligne avec des tâches assignées, 
simulant souvent une action humaine ou collectant des données. De plus, les plateformes de réseaux sociaux sont contrôlées par une “autorité” 
externe, généralement une organisation à but lucratif qui développe, gère et 
promeut les changements dans la façon dont la plateforme est programmée pour 
fonctionner. Dans un sens plus large, tous “vivent” ou contribuent au 
“voisinage” en ligne. 43) Reconnaître son “prochain” numérique signifie reconnaître que la vie de chaque 
personne nous concerne, même lorsque sa présence (ou son absence) est médiatisée 
par des moyens numériques. “Les médias d’aujourd’hui nous permettent de 
communiquer et de partager nos connaissances et nos affections”, comme le dit le 
Pape François dans Laudato si’, “cependant, ils nous empêchent aussi parfois d’entrer en contact direct avec la 
détresse, l’inquiétude, la joie de l’autre et avec la complexité de son 
expérience personnelle”.[20] Être proche sur les réseaux sociaux, c’est être présent aux histoires des 
autres, en particulier de ceux qui souffrent. En d’autres termes, plaider pour 
de meilleurs environnements numériques ne signifie pas détourner l’attention des 
problèmes concrets rencontrés par beaucoup de gens – par exemple, la faim, la 
pauvreté, la migration forcée, la guerre, la maladie et la solitude. Cela 
signifie plutôt plaider pour une vision intégrale de la vie humaine qui, 
aujourd’hui, inclut le domaine numérique. En fait, les réseaux sociaux peuvent 
être un moyen d’attirer davantage l’attention sur ces réalités et de renforcer 
la solidarité entre les personnes proches et éloignées. 44) Si l’on considère les réseaux sociaux comme un espace non seulement de 
connexions, mais en fin de compte de relations, un véritable “examen de 
conscience” concernant notre présence sur les réseaux sociaux devrait inclure 
trois relations vitales: avec Dieu, avec notre prochain et avec l’environnement 
qui nous entoure.[21] Nos relations avec les autres et avec notre environnement devraient 
nourrir notre relation avec Dieu, et notre relation avec Dieu, qui est la plus 
importante, doit être visible dans nos relations avec les autres et avec notre 
environnement.   III. De la rencontre à la communauté“Prends soin de lui” (cf. Lc 10:35) – étendre le processus
de guérison aux autres.
 Face à face 45) La communication commence par la connexion et évolue vers les relations, la 
communauté et la communion.[22] Il n’y a pas de communication sans la vérité d’une rencontre. Communiquer, 
c’est établir des relations; c’est “être avec”. Être communauté, c’est partager 
avec les autres des vérités fondamentales sur ce que l’on a et sur ce que l’on 
est. Bien au-delà de la simple proximité géographique-territoriale ou 
ethnico-culturelle, ce qui constitue une communauté, c’est un partage commun de 
la vérité ainsi qu’un sentiment d’appartenance, de réciprocité et de solidarité, 
dans les différentes sphères de la vie sociale. Quand on considère ces derniers 
éléments, il est important de se rappeler que la construction de l’unité 
communautaire par des pratiques communicatives, qui maintiennent les liens 
sociaux à travers le temps et l’espace, sera toujours secondaire par rapport à 
l’adhésion à la vérité elle-même. 46) Comment construire, au moyen de pratiques de communication, une communauté même 
parmi des gens qui ne sont pas physiquement proches les uns des autres, est en 
fait une très vieille question. Nous pouvons déjà détecter dans les lettres des 
Apôtres une tension entre présence médiatisée et désir de rencontre en personne. 
L’évangéliste Jean, par exemple, conclut ses deuxième et troisième lettres en 
disant : “J’ai beaucoup à vous écrire, mais je ne veux pas utiliser de papier ni 
d’encre. Au lieu de cela, j’espère vous rendre visite et vous parler face à 
face, afin que notre joie soit complete” (2 Jn 12). Il en va de même pour 
l’apôtre Paul qui, même quand il était absent et ressentait le “désir de voir” 
les gens en personne (1 Th 2:17), était présent, par ses lettres, dans la 
vie de chacune des communautés qu’il avait fondées (cf. 1 Co 5:3). Ses 
écrits ont également servi à “interconnecter” les différentes communautés (cf.
Col 4:15-16). La capacité de construction communautaire de Paul s’est 
transmise jusqu’à nos jours à travers ses nombreuses lettres, dans lesquelles 
nous apprenons que pour lui il n’y avait pas de dichotomie entre présence 
physique et présence à travers sa parole écrite lue par la communauté (cf. 2 
Co 10:9-11). 47) Dans la réalité de plus en plus vivante du monde d’aujourd’hui, il est 
nécessaire de dépasser une logique “soit-ou bien”, qui pense les relations 
humaines dans une logique dichotomique (numérique vs. réel-physique-en 
personne), et assume une logique “à la fois-et”, fondée sur la complémentarité 
et la plénitude de la vie humaine et sociale. Les relations communautaires sur 
les réseaux sociaux doivent renforcer les communautés locales et vice versa. 
“L’utilisation du web social est complémentaire d’une rencontre en chair 
et en os qui s’anime à travers le corps, le cœur, les yeux, le regard et le 
souffle de l’autre. Si le Net est utilisé comme une extension ou une attente 
d’une telle rencontre, alors le concept de réseau n’est pas trahi et reste une 
ressource pour la communion”[23]. “Le réseau numérique peut être un lieu plein d’humanité, pas seulement un réseau 
de fils, mais de personnes humaines”[24], si l’on se rappelle que de l’autre côté de l’écran il n’y a pas de “chiffres” 
ou de simples “agrégats d’individus”, mais des personnes qui ont des histoires, 
des rêves, des attentes, des souffrances. Il y a un nom et un visage. Sur la route de Jéricho 48) Les médias numériques permettent aux gens de se rencontrer au-delà des 
frontières de l’espace et des cultures. Même si ces rencontres numériques 
n’apportent pas nécessairement une proximité physique, elles peuvent néanmoins 
être significatives, percutantes et réelles. Au-delà de simples connexions, ils 
peuvent être un moyen de s’engager sincèrement avec les autres, d’engager des 
conversations significatives, d’exprimer la solidarité et de soulager 
l’isolement et la douleur de quelqu’un. 49) Les réseaux sociaux peuvent être perçus comme un autre “chemin vers Jéricho”, 
rempli d’occasions de rencontres imprévues comme pour Jésus: un mendiant aveugle 
qui crie au bord de la route (cf. Lc 18:35-43), un collecteur d’impôts 
malhonnête qui se cache dans les branches d’un figuier (cf. Lc 19:1-9) et 
un blessé laissé à moitié mort par des brigands (cf. Lc 10:30). En même 
temps, la parabole du Bon Samaritain nous rappelle que ce n’est pas parce qu’une 
personne est “religieuse” (un prêtre ou un lévite) ou prétend être un disciple 
de Jésus qu’elle offrira de l’aide ou cherchera la guérison et la 
réconciliation. L’aveugle a été réprimandé par les disciples de Jésus et ils lui 
ont dit de se taire; l’interaction de Zachée avec Jésus a provoqué des 
grognements de protestation des autres; le prêtre et le lévite ont fait comme si 
le blessé n’existait pas lorsqu’ils sont passés près de lui. 50) Aux carrefours numériques comme dans les rencontres en face à face, être 
“chrétien” ne suffit pas. On peut trouver sur les réseaux sociaux de nombreux 
profils ou comptes qui annoncent un contenu religieux mais qui ne s’engagent pas 
dans une dynamique relationnelle de manière fidèle. Des interactions hostiles et 
des paroles violentes et dégradantes, en particulier dans le contexte du partage 
de contenu chrétien, crient depuis l’écran et sont en contradiction avec 
l’Évangile lui-même.[25] Au contraire, le Bon Samaritain, attentif et ouvert à la rencontre du blessé, 
est incité par la compassion à agir et à prendre soin de lui. Il soigne les 
blessures de la victime et l’emmène dans une auberge pour lui assurer des soins 
continus. De même, nos envies de faire des réseaux sociaux un espace plus humain 
et relationnel doivent se traduire par des attitudes concrètes et des gestes 
créatifs. 51) Favoriser un sentiment de communauté implique d’être attentif aux valeurs 
partagées, aux expériences, aux espoirs, aux peines, aux joies, à l’humour et 
même aux blagues, qui en eux-mêmes peuvent devenir des points de rassemblement 
pour les personnes dans les espaces numériques. Comme pour l’écoute, le 
discernement et les rencontres, former une communauté avec les autres demande un 
engagement personnel. Ce qui est défini comme “amitié” par les plateformes de 
réseaux sociaux commence simplement par une connexion ou une connaissance. 
Cependant, là aussi, il est possible de souligner un esprit partagé de soutien 
et de camaraderie. Devenir une communauté exige un sens de la participation 
libre et mutuel; devenir une association souhaitée qui rassemble des membres 
basés sur la proximité. La liberté et l’entraide ne naissent pas 
automatiquement. Pour former une communauté, le travail de guérison et de 
réconciliation est souvent la première étape à parcourir. 52) Même sur les réseaux sociaux, “nous sommes confrontés au choix d’être de bons samaritains ou des voyageurs 
indifférents qui passent outre. Et si nous étendons notre regard à l’ensemble de 
notre histoire et au monde de long en large, tous nous sommes ou avons été comme 
ces personnages : nous avons tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose 
d’un brigand, quelque chose de ceux qui passent outre et quelque chose du bon 
Samaritain”.[26] Nous pouvons tous être des passants sur les autoroutes numériques – simplement 
“connectés”[27] – ou nous pouvons faire quelque chose comme le Samaritain et permettre aux 
connexions de se transformer en véritables rencontres. Le passant occasionnel 
devient un proche lorsqu’il prend soin du blessé en soignant ses blessures. En 
s’occupant de l’homme, il vise à soigner non seulement les blessures physiques 
mais aussi les divisions et l’animosité qui existent entre leurs groupes 
sociaux. 53) Que signifie alors “soigner” les blessures sur les réseaux sociaux ? Comment 
“lier” ce qui est divisé? Comment construire des environnements ecclésiaux 
capables d’accueillir et d’intégrer les “périphéries géographiques et 
existentielles” des cultures d’aujourd’hui ? Des questions comme celles-là sont 
essentielles pour discerner notre présence chrétienne sur les autoroutes 
numériques. “Aujourd’hui, nous nous trouvons face à la grande opportunité de montrer que, par 
essence, nous sommes frères, l’opportunité d’être d’autres bons samaritains qui 
prennent sur eux-mêmes la douleur des échecs, au lieu d’accentuer les haines et 
les ressentiments. Comme pour le voyageur de notre histoire qui passait par 
hasard, il suffirait juste d’être animé du désir spontané, pur et simple de 
vouloir constituer un peuple, d’être constant et infatigable dans le travail 
d’inclure, d’intégrer et de relever celui qui gît à terre”.[28] "Allez et faites de même" 54) La relation engendre la relation, la communauté construit la communauté. La 
grâce de la relation qui est établie entre deux personnes va au-delà de leur 
interaction. La personne humaine est faite pour la relation et pour la 
communauté. En même temps, la solitude et l’isolement font du tort à notre 
réalité culturelle, comme nous en avons fait l’expérience aiguë lors de la 
pandémie de COVID-19. Ceux qui recherchent de la compagnie, en particulier les 
marginalisés, se tournent souvent vers les espaces numériques pour trouver une 
communauté, une inclusion et une solidarité avec les autres. Alors que beaucoup 
ont trouvé du réconfort dans la connexion avec les autres dans l’espace 
numérique, d’autres trouvent cela inadéquat. Nous ne parvenons peut-être pas à 
fournir un espace à ceux qui cherchent à engager un dialogue et à trouver du 
soutien sans être confrontés à des attitudes de jugement ou défensives. 55) Le passage de la rencontre à la relation puis à la communauté concerne à la fois 
les dons et les défis de la culture numérique. Parfois, des communautés en ligne 
se forment lorsque des gens trouvent un terrain d’entente en se rassemblant 
contre un “autre” externe, un ennemi idéologique commun. Ce type de polarisation 
donne lieu à un “tribalisme numérique” dans lequel des groupes s’opposent à 
d’autres groupes dans un esprit de confrontation. Nous ne pouvons pas oublier la 
présence des autres, frères et sœurs, personnes de dignité à travers ces lignes 
tribales. “Je ne dois pas cataloguer les autres pour décider qui est mon prochain et qui 
ne l’est pas. Il dépend de moi d’être ou de ne pas être le prochain – la 
décision est la mienne – il dépend de moi d’être ou de ne pas être le prochain 
de la personne que je rencontre et qui a besoin d’aide, même si elle est 
étrangère ou peut-être hostile”[29]. Malheureusement, les relations brisées, les luttes et les divisions ne sont 
pas inconnues dans l’Église. Par exemple, lorsque des groupes qui se présentent 
comme “catholiques” utilisent leur présence sur les réseaux sociaux pour 
favoriser la division, ils ne se comportent pas comme une communauté chrétienne 
devrait le faire.[30] Au lieu de capitaliser sur les conflits et les pièges à clics 
contradictoires, les attitudes hostiles devraient devenir des occasions de 
conversion, une occasion d’assister à une rencontre, à un dialogue et à une 
réconciliation autour de questions apparemment conflictuelles.[31] 56. L’engagement avec les réseaux sociaux doit aller au-delà de l’échange d’opinions 
personnelles ou de l’émulation de comportements. L’action sociale mobilisée à 
travers les réseaux sociaux a eu un plus grand impact et est souvent plus 
efficace pour transformer le monde qu’un débat d’idées superficiel. Les débats 
sont généralement limités par le nombre de caractères autorisés et la rapidité 
avec laquelle les gens réagissent aux commentaires, sans parler des arguments 
émotionnels ad hominem – des attaques dirigées contre la personne qui 
parle, quel que soit le sujet abordé. Le partage d’idées est nécessaire, mais les idées seules ne fonctionnent pas; 
elles doivent devenir “chair”. Les actions doivent fertiliser le sol jour 
après jour.[32] En apprenant du Samaritain, nous sommes appelés à devenir attentifs à cette 
dynamique. Il ne se limite pas à ressentir de la pitié; il ne se limite même pas 
à panser les blessures d’un étranger. Il va plus loin, emmenant le blessé dans 
une auberge et organisant la poursuite de ses soins[33]. Par cet arrangement, la relation de soin et les germes de communauté établis 
entre le Samaritain et le blessé sont étendus à l’aubergiste et à sa maison. Comme le docteur de la Loi, nous aussi, dans notre présence médiatique 
numérique, nous sommes invités à “aller et faire de même” et à promouvoir ainsi 
le bien commun. Comment pouvons-nous aider à corriger un environnement numérique 
toxique? Comment pouvons-nous promouvoir l’hospitalité et les opportunités de 
guérison et de réconciliation? 57) L’hospitalité se construit sur l’ouverture que nous apportons à la rencontre 
avec l’autre ; à travers elle, nous accueillons le Christ sous les traits de 
l’étranger (cf. Mt 25:40). Pour cela, les communautés numériques doivent 
partager des contenus et des intérêts mais aussi agir ensemble et devenir un 
témoin de communion. Il existe déjà des expressions puissantes de communautés de 
soins dans le contexte numérique. Par exemple, il existe des communautés qui se 
rassemblent pour soutenir les autres en cas de maladie, de perte et de deuil, 
ainsi que des communautés qui fournissent de l’argent à une personne dans le 
besoin et celles qui apportent un soutien social et psychologique à leurs 
membres. Tous ces efforts peuvent être considérés comme des exemples de 
“proximité numérique”. Des personnes très différentes les unes des autres 
peuvent s’engager dans un dialogue en ligne pour promouvoir une action sociale. 
Ils peuvent ou non être inspirés par la foi. Dans tous les cas, les communautés 
qui se forment pour agir pour le bien des autres sont essentielles pour 
surmonter l’isolement dans les réseaux sociaux. 58) On peut voir encore plus grand: le web social n’est pas immuable. Nous pouvons 
le changer. Nous pouvons devenir des moteurs de changement, en imaginant de 
nouveaux modèles fondés sur la confiance, sur la transparence, l’égalité et 
l’inclusion. Ensemble, nous pouvons inciter les entreprises de médias à 
reconsidérer leur rôle et à laisser Internet devenir un véritable espace public. 
Des espaces publics bien structurés sont capables de promouvoir de meilleurs 
comportements sociaux. Nous devons donc reconstruire les espaces numériques pour 
qu’ils deviennent des environnements plus humains et plus sains. Partager un repas 59) En tant que communauté de foi, l’Église est en pèlerinage vers le Royaume des 
Cieux. Étant donné que les réseaux sociaux et, plus largement, la réalité 
numérique sont un aspect crucial de ce cheminement, il est important de 
réfléchir à la dynamique de communion et de communauté face à la présence de 
l’Église dans l’environnement numérique. Pendant la pandémie, dans les périodes de confinement les plus dures, la 
diffusion de célébrations liturgiques par les réseaux sociaux et d’autres moyens 
de communication a apporté beaucoup de réconfort à ceux qui ne pouvaient y 
participer en personne. Toutefois il faut encore beaucoup réfléchir, dans nos 
communautés de foi, à la façon de tirer parti de l’environnement numérique d’une 
manière qui complète la vie sacramentelle. Des questions théologiques et 
pastorales ont été soulevées à propos de divers sujets tels que l’exploitation 
commerciale de la retransmission de la Sainte Messe. 60) La communauté ecclésiale se forme là où deux ou trois personnes se réunissent au 
nom de Jésus (cf. Mt 18:20) indépendamment de leur origine, de leur 
résidence ou de leur appartenance géographique. Nous pouvons reconnaître que 
l’Église est entrée dans les foyers des gens à travers la transmission de la 
messe mais il faut réfléchir à ce que signifie la “participation” à 
l’Eucharistie[34]. L’émergence de la culture numérique et l’expérience de la pandémie ont révélé 
combien nos initiatives pastorales ont accordé peu d’attention à “l’Église 
domestique”, l’Église qui se rassemble dans les maisons et autour de la table. À 
cet égard, nous avons besoin de redécouvrir le lien entre la liturgie célébrée 
dans nos églises et la célébration du Seigneur avec les gestes, les paroles et 
les prières dans la maison familiale. Autrement dit, nous devons reconstruire le 
pont entre nos tables familiales et l’autel, où nous sommes spirituellement 
nourris quand nous recevons la Sainte Eucharistie et confirmés dans notre 
communion en tant que croyants. 61) On ne peut pas partager un repas à travers un écran.[35] Tous nos sens sont sollicités lorsque nous partageons un repas: le goût et 
l’odorat, les regards qui contemplent les visages des convives, l’écoute des 
conversations à table. Partager un repas à table est notre première éducation à 
l’attention envers les autres, un encouragement des relations entre les membres 
de la famille, les voisins, les amis et les collègues. De même, nous participons 
avec toute la personne à l’autre: l’attention, l’esprit et le corps sont 
impliqués. La liturgie est une expérience sensorielle; nous entrons dans le 
mystère eucharistique par les portes des sens qui s’éveillent et se nourrissent 
de leur besoin de beauté, de sens, d’harmonie, de vision, d’interaction et 
d’émotion. Surtout, l’Eucharistie n’est pas quelque chose que nous pouvons 
simplement “regarder” ; c’est quelque chose qui nous nourrit vraiment. 62) L’incarnation est importante pour les chrétiens. Le Verbe de Dieu s’est incarné 
dans un corps, il a souffert et est mort avec son corps, et à la Résurrection il 
est ressuscité dans son corps. Après son retour vers le Père, tout ce qu’il a 
vécu dans son corps a coulé dans les sacrements.[36] Il est entré dans le sanctuaire céleste et a laissé ouvert un chemin de 
pèlerinage. A travers ce chemin le ciel se déverse sur nous. 63) Être connecté au-delà des limites de l’espace n’est pas l’aboutissement de 
“merveilleuses découvertes technologiques”. C’est quelque chose que nous vivons, 
même sans le savoir, chaque fois que nous “nous rassemblons au nom de Jésus”, 
chaque fois que nous participons à la communion universelle du corps du Christ. 
Là, nous nous "connectons" avec la Jérusalem céleste et rencontrons les saints 
de tous les temps et nous nous reconnaissons comme faisant partie du même Corps 
du Christ. Par conséquent, comme nous le rappelle le Pape François dans son 
			message de la 
Journée Mondiale pour les Communication Sociales 2019, le web social 
complète – mais ne remplace pas – une rencontre dans la chair qui prend vie à 
travers le corps, le cœur, les yeux, le regard et le souffle de l’autre. “Si une famille utilise le réseau pour être plus connectée, pour ensuite se 
réunir à table et se regarder dans les yeux, alors c’est une ressource. Si une 
communauté ecclésiale coordonne sa propre activité à travers le réseau, pour 
ensuite célébrer l’Eucharistie ensemble, alors c’est une ressource (…) L’Église elle-même est un réseau tissé par la communion eucharistique, où 
l’union n’est pas fondée sur "j’aime", mais sur la vérité, sur l’“Amen”, 
avec lequel chacun adhère au Corps du Christ en accueillant les autres”[37].   IV. Un style distinctifAimez… et vous vivrez (cf. Lc 10: 27-28).
 Le quoi et le comment: la créativité de l’amour 64) Beaucoup de créateurs de contenu chrétiens se demandent: Quelle est la stratégie 
la plus efficace pour atteindre plus d’utilisateurs-personnes-âmes? Quel outil 
rend mon contenu plus attractif? Quel style fonctionne le mieux? Ces questions 
sont utiles mais nous devons toujours nous rappeler que la communication n’est 
pas simplement une “stratégie”. C’est beaucoup plus. Un vrai communicant donne 
tout, se donne tout entier. Nous communiquons avec notre âme et avec notre 
corps, avec notre esprit, notre cœur, nos mains, avec tout.[38] En partageant le Pain de Vie, nous apprenons un “style de partage” de Celui qui 
nous a aimés et s’est donné pour nous (cf. Ga 2:20). Ce style se reflète 
dans trois attitudes – “proximité, compassion et tendresse” – que le Pape 
François reconnaît comme des caractéristiques distinctives du style de Dieu[39]. Jésus lui-même, dans son dîner d’adieu, nous a assuré que le signe distinctif 
de ses disciples serait de s’aimer comme il les a aimés. Par là, chacun peut 
reconnaître une communauté chrétienne (cf. Jn 13:34-35). Comment pourrait-on refléter le “style” de Dieu sur les réseaux sociaux ? 65) Tout d’abord, nous devons nous rappeler que tout ce que nous partageons dans nos 
publications, nos commentaires et nos “j’aime”, oralement ou par écrit, dans des 
films ou des images animées, doit s’aligner sur le style que nous apprenons du 
Christ qui a transmis son message non seulement par la parole, mais dans toute 
sa manière de vivre, révélant que la communication, à son niveau le plus 
profond, est le don de soi par amour.[40] Par conséquent, la façon dont nous disons quelque chose est tout 
aussi importante que ce que nous disons. Toute créativité consiste à 
faire en sorte que le comment corresponde au quoi. Autrement dit, 
on ne peut que bien communiquer si on “aime bien”.[41] 66) Pour communiquer la vérité, nous devons d’abord nous assurer que nous 
transmettons des informations véridiques; non seulement quand nous créons du 
contenu, mais aussi quand nous le partageons. Nous devons nous assurer que nous 
sommes une source fiable. Pour communiquer le bien, nous avons besoin d’un 
contenu de qualité, d’un message qui vise à aider, pas à nuire; à promouvoir 
l’action positive, pas à perdre du temps en discussions inutiles. Pour 
communiquer la beauté, nous devons nous assurer que nous communiquons un message 
dans son intégralité, ce qui nécessite l’art de la contemplation – un art qui 
nous permet de voir une réalité ou un événement lié à beaucoup d’autres réalités 
et événements. Dans le contexte de la “post-vérité” et des “fausses nouvelles”, Jésus-Christ, 
“le chemin, la vérité et la vie” (Jn 14:6) représente le principe de 
notre communion avec Dieu et les uns avec les autres.[42] Comme le Pape François nous l’a rappelé dans le 
			message de la Journée 
Mondiale pour les Communications sociales 2019, “l’obligation de garder la vérité découle de la nécessité de ne pas nier la 
relation réciproque de la communion. La vérité, en fait, se révèle dans la 
communion. Le mensonge au contraire est un refus égoïste de reconnaître la 
propre appartenance au corps; c’est le refus de se donner aux autres, perdant 
ainsi la seule voie de se retrouver soi-même”.[43] 67) Pour cette raison, la deuxième chose à retenir est qu’un message est plus 
facilement persuasif quand celui qui le communique appartient à une communauté. 
Il est urgent d’agir non seulement en tant qu’individus, mais en tant que 
communautés. Le fait que les réseaux sociaux facilitent les initiatives 
individuelles dans la production de contenu peut sembler une opportunité 
précieuse, mais cela peut devenir problématique lorsque les activités 
individuelles sont menées de manière capricieuse et ne reflètent pas l’objectif 
global et la vision de la communauté ecclésiale. Laisser de côté notre propre 
agenda et l’affirmation de nos propres capacités et compétences, afin de 
découvrir que chacun de nous – avec tous ses talents et ses faiblesses – fait 
partie d’un groupe, est un don qui nous permet de collaborer en tant que 
“membres les uns des autres”. Nous sommes appelés à témoigner d’un style de 
communication qui favorise notre appartenance les uns aux autres et qui ravive 
ce que saint Paul appelle les “ligaments” qui permettent aux membres d’un corps 
d’agir en synergie (Col 2:19). 68) Notre créativité ne peut donc être que le résultat d’une communion: elle n’est 
pas tant l’aboutissement d’un grand génie individuel, mais plutôt le fruit d’une 
grande amitié. En d’autres termes, c’est le fruit de l’amour. En tant que 
communicateurs chrétiens, nous sommes appelés à donner le témoignage d’un style 
de communication qui n’est pas fondé seulement sur l’individu, mais sur un mode 
de construction communautaire et d’appartenance. La meilleure façon de 
transmettre du contenu est de rassembler les voix de ceux qui aiment ce contenu. 
Travailler ensemble en équipe, faire place à des talents, des parcours, des 
capacités et des rythmes divers, co-créer la beauté dans une “créativité 
symphonique”, est en fait le plus beau témoignage du fait que nous sommes 
vraiment des enfants de Dieu, rachetés du fait de ne nous préoccuper que de 
nous-mêmes et ouverts à la rencontre avec les autres. Dites-le en racontant une histoire 69) Les belles histoires captent l’attention et font travailler l’imagination. 
Elles révèlent la vérité et lui offrent l’hospitalité. Les histoires nous 
donnent un cadre d’interprétation pour comprendre le monde et répondre à nos 
questions les plus profondes. Les histoires construisent la communauté, car la 
communauté se construit toujours par la communication. La narration a acquis une importance renouvelée dans la culture numérique en 
raison du pouvoir unique qu’ont les histoires d’attirer notre attention et de 
nous parler directement; elles fournissent également un contexte de 
communication plus complet que ce qui est possible dans des publications ou des 
tweets tronqués. La culture numérique regorge d’informations et ses plateformes 
sont pour la plupart des environnements chaotiques. Les histoires offrent une 
structure, une façon de donner du sens à l’expérience numérique. Plus 
“incarnées” qu’un simple argument et plus complexes que les réactions 
superficielles et émotionnelles souvent rencontrées sur les plateformes 
numériques, elles contribuent à restaurer les relations humaines en offrant aux 
gens la possibilité de transmettre leurs histoires ou de partager celles qui les 
ont transformés. 70) Une bonne raison de raconter une histoire est de répondre aux personnes qui 
remettent en question notre message ou notre mission. Pour répondre à un 
commentaire haineux, créer un contre-récit peut être plus efficace que répondre 
par un argument.[44] De cette façon, on s’éloigne d’une position de défense pour s’orienter 
vers la promotion active d’un message positif et vers la culture de la 
solidarité, comme Jésus l’a fait avec l’histoire du Bon Samaritain. Au lieu de 
discuter avec le docteur de la Loi pour déterminer qui on doit considérer comme 
son prochain et qui ont peut laisser de côté ou même haïr, Jésus a simplement 
raconté une histoire. En tant que maître conteur, Jésus ne met pas le docteur de 
la Loi à la place du Samaritain, mais à la place du blessé. Pour savoir qui est 
son prochain, le docteur de la loi doit d’abord comprendre qu’il est à la place 
du blessé et que quelqu’un a pitié de lui. Ce n’est que lorsqu’il l’a découvert 
et a fait l’expérience de l’attention que le Samaritain lui porte qu’il peut 
tirer des conclusions sur sa propre vie et s’approprier l’histoire. Le docteur 
de la Loi est l’homme qui est tombé entre les mains des voleurs, et le 
Samaritain qui s’approche de lui est Jésus. Chacun de nous, quand il écoute cette histoire, est l’homme blessé qui est 
étendu par terre. Et pour chacun de nous, le Samaritain, c’est Jésus. Car si 
nous demandons encore: “Qui est mon prochain?”, c’est que nous n’avons toujours 
pas découvert que nous sommes aimés et que notre vie est liée à toutes les vies. 71) Dès le début de l’Église, raconter l’histoire de l’expérience profonde que les 
disciples de Jésus avaient vécue en sa présence a conduit d’autres personnes à 
devenir des disciples chrétiens. Les Actes des Apôtres regorgent de tels 
exemples. Par exemple, Pierre a reçu la puissance du Saint-Esprit et a prêché la 
résurrection du Christ aux pèlerins à la Pentecôte. Cela a conduit à la 
conversion de trois mille personnes (cf. Actes 2:14-41). Nous avons là 
une idée de la manière dont notre narration peut influencer les autres. En même 
temps, raconter des histoires et des expériences n’est qu’un élément de 
l’évangélisation. Les explications systématiques de la foi faites à travers la 
formulation des Symboles de la foi et d’autres ouvrages doctrinaux sont 
également importantes. Construire une communauté dans un monde fragmenté 72) Les gens recherchent quelqu’un qui puisse leur donner une direction et de 
l’espoir; ils ont soif de conseils moraux et spirituels, mais n’en trouvent pas 
souvent dans les lieux traditionnels. Il est désormais courant de se tourner 
vers des “influenceurs”, des individus qui gagnent et conservent un large 
public, qui acquièrent une plus grande visibilité et sont capables d’inspirer et 
de motiver les autres avec leurs idées ou leurs expériences. Adopté de la 
théorie de l’opinion publique pour l’approche marketing des réseaux sociaux, le 
succès d’un influenceur des réseaux sociaux est lié à sa capacité à se démarquer 
dans l’immensité du réseau en attirant un grand nombre de followers. 73) En soi, devenir “viral” est une action neutre; cela n’a pas automatiquement un 
impact positif ou négatif sur la vie des autres. À cet égard, “les réseaux sociaux sont capables de favoriser les relations et de promouvoir le 
bien de la société, mais ils peuvent aussi conduire plus tard à des 
polarisations et des divisions entre les personnes et les groupes. Le domaine 
numérique est une place, un lieu de rencontre, où l’on peut caresser ou blesser, 
avoir une discussion profitable ou faire un lynchage moral”.[45] 74) Micro et macro-influenceurs Nous devrions tous prendre notre “influence” au sérieux. Il n’y a pas que des 
macro-influenceurs à large audience, mais aussi des micro-influenceurs. Tout 
chrétien est un micro-influenceur. Tout chrétien doit être conscient de son 
influence potentielle, quel que soit le nombre de ses followers. En même temps, 
il doit être conscient que la valeur du message véhiculé par “l’influenceur” 
chrétien ne dépend pas des qualités du messager. Chaque disciple du Christ a le 
potentiel d’établir un lien, non pas avec lui-même, mais avec le Royaume de 
Dieu, même pour le plus petit cercle de ses relations. “Crois au Seigneur Jésus 
et tu seras sauvé, toi et ta famille” (Actes 16:31). Cependant, nous devons reconnaître que notre responsabilité s’accroît avec 
l’augmentation du nombre de followers. Plus le nombre de followers est grand, 
plus nous devrions être conscients que nous n’agissons pas en notre propre nom. 
La responsabilité de servir sa communauté, en particulier pour ceux qui occupent 
des rôles de leadership public, ne peut pas devenir secondaire par rapport à la 
promotion de ses opinions personnelles depuis les chaires publiques des médias 
numériques.[46] 75) Soyez réfléchis, pas réactifs Le style chrétien sur les réseaux sociaux doit être réfléchi et non réactif. Par 
conséquent, nous devons tous faire attention à ne pas tomber dans les pièges 
numériques cachés dans un contenu intentionnellement conçu pour semer le conflit 
entre les utilisateurs en provoquant l’indignation ou des réactions 
émotionnelles. Nous devons prendre garde à la publication et au partage de contenus 
susceptibles de provoquer des malentendus, d’exacerber les divisions, d’inciter 
aux conflits et d’approfondir les préjugés. Malheureusement, la tendance à se 
laisser emporter par des discussions animées et parfois irrespectueuses est 
courante avec les échanges en ligne. Nous pouvons tous tomber dans la tentation 
de rechercher la “paille dans l’œil” de nos frères et sœurs (Mt 7:3) en 
portant des accusations publiques sur les réseaux sociaux, en attisant les 
divisions au sein de la communauté ecclésiale ou en nous disputant pour savoir 
qui d’entre nous est le plus grand, comme l’ont fait les premiers disciples (Lc 
9:46). Le problème de la communication polémique et superficielle, et par là 
même source de division, est particulièrement préoccupant lorsqu’il émane de 
dirigeants de l’Église: évêques, pasteurs et dirigeants laïcs éminents. Non 
seulement ceux-ci provoquent des divisions au sein de la communauté, mais ils 
autorisent et légitiment la promotion de ce type de communication par d’autres 
personnes. Face à cette tentation, la meilleure ligne de conduite est souvent de ne pas 
réagir ou de réagir par le silence pour ne pas donner du poids à cette fausse 
dynamique. Il est prudent de dire que ce type de dynamique ne construit pas; au 
contraire, il cause un grand mal. Ainsi, les chrétiens sont appelés à montrer 
une autre voie. 76) Soyez actifs, soyez synodaux Les réseaux sociaux peuvent devenir un moyen de partager des histoires et des 
expériences de beauté ou de souffrance éloignées de nous physiquement. Ce 
faisant, nous pouvons alors prier ensemble et rechercher ensemble le bien, en 
redécouvrant ce qui nous unit.[47] Être actif signifie s’engager dans des projets qui affectent la vie 
quotidienne des gens: des projets qui promeuvent la dignité humaine et le 
développement, visent à réduire les inégalités numériques, favorisent l’accès 
numérique à l’information et à l’alphabétisation, encouragent l’intendance et 
les initiatives de financement participatif en faveur de ceux qui sont pauvres 
et marginalisés, et donnent voix aux sans-voix de la société. Les défis auxquels nous sommes confrontés sont mondiaux et nécessitent donc un 
effort de collaboration mondial. Il est donc urgent d’apprendre à agir ensemble, 
en tant que communauté et non en tant qu’individus. Non pas tant comme 
“influenceurs individuels”, mais comme “tisserands de communion”: mettre en 
commun nos talents et compétences, partager connaissances et contributions.[48] Pour cette raison, Jésus a envoyé les disciples “deux par deux” (cf. Mc 
6:7), afin qu’en cheminant ensemble[49] nous puissions révéler, y compris sur les réseaux sociaux, le visage 
synodal de l’Église. C’est le sens profond de la communion qui unit tous les 
baptisés du monde entier. En tant que chrétiens, la communion fait partie de 
notre “ADN”. Ainsi, l’Esprit Saint nous permet d’ouvrir notre cœur aux autres et 
d’embrasser notre appartenance à une fraternité universelle. La marque du témoin 77) Notre présence sur les réseaux sociaux se concentre généralement sur la 
diffusion d’informations. En ce sens, la présentation d’idées, d’enseignements, 
de pensées, de réflexions spirituelles, etc. sur les réseaux sociaux doit être 
fidèle à la tradition chrétienne. Mais cela ne suffit pas. En plus de notre 
capacité à atteindre les autres avec un contenu religieux intéressant, nous, 
chrétiens, devrions être connus pour notre disponibilité à écouter, à discerner 
avant d’agir, à traiter tout le monde avec respect, à réagir par une question 
plutôt que par un jugement, à garder le silence au lieu de déclencher une 
polémique et à être “prompt à entendre, lent à parler, lent à se mettre en 
colère” (Jc 1.19). En d’autres termes, tout ce que nous faisons, en 
paroles et en actes, doit porter la marque du témoignage. Nous ne sommes pas 
présents sur les réseaux sociaux pour “vendre un produit”. Nous ne faisons pas 
de publicité, mais nous communiquons la vie, la vie qui nous a été donnée en 
Christ. Par conséquent, chaque chrétien doit veiller à ne pas faire de 
prosélytisme, mais à témoigner. 78) Que signifie être témoin? Le mot grec pour témoin est “martyr”, et on peut dire 
sans risque que certains des “influenceurs chrétiens” les plus puissants ont été 
des martyrs. Les martyrs attirent parce qu’ils manifestent leur union avec Dieu 
par le sacrifice de leur vie même.[50] “Ne savez-vous pas que vos corps sont les temples du Saint-Esprit, qui est 
en vous, que vous avez reçu de Dieu? Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes” 
(1 Co 6 ;19). Les corps des martyrs sont des instruments exemplaires pour 
la révélation de l’amour de Dieu. Si le martyre est le signe ultime du témoignage chrétien, tout chrétien est 
appelé à se sacrifier: la vie chrétienne est une vocation qui consume notre 
existence même en s’offrant, âme et corps, pour devenir un espace de 
communication de l’amour de Dieu, un signe qui pointe vers le Fils de Dieu. C’est dans ce sens que l’on comprend mieux la parole du grand Jean-Baptiste, 
premier témoin du Christ : “Il faut qu’il croisse; il faut que je diminue” (Jn 
3:30). Comme le Précurseur, qui exhortait ses disciples à suivre le Christ, nous 
aussi nous ne recherchons pas des ”followers” pour nous-mêmes, mais pour le 
Christ. Nous ne pouvons répandre l’Evangile qu’en forgeant une communion qui 
nous unit dans le Christ. Nous le faisons en imitant la manière d’interagir avec 
les autres de Jésus. 79) L’attractivité de la foi atteint les gens là où ils se trouvent et tels 
qu’ils sont ici et maintenant. Jésus, qui était au départ un charpentier inconnu 
de Nazareth, a rapidement gagné en popularité dans toute la région de Galilée. 
Regardant avec compassion le peuple, qui était comme des brebis sans berger, 
Jésus proclama le Royaume de Dieu en guérissant les malades et en enseignant les 
foules. Pour assurer la “portée” maximale, il parlait souvent aux foules depuis 
une montagne ou un bateau. Pour favoriser “l’engagement” de certains qui le 
suivaient, il en choisit douze à qui il expliqua tout. Mais alors, à 
l’improviste, au sommet de son “succès”, il se retirait dans la solitude avec le 
Père. Et il demandait à ses disciples de faire de même: lorsqu’ils racontaient 
le succès de leurs missions, il les invitait à s’éloigner pour se reposer et 
prier. Et quand ils discutaient pour décider qui parmi eux était le plus grand, 
il leur annonça ses futures souffrances sur la croix. Son objectif – ils ne le 
comprendraient que plus tard – n’était pas d’augmenter son audience, mais de 
révéler l’amour du Père afin que les hommes, tous les hommes, aient la vie et 
qu’ils l’aient en plénitude (cf. Jn 10:10). En suivant les pas de Jésus, nous devons prioritairement donner un espace 
suffisant pour la conversation personnelle avec le Père et pour rester en 
harmonie avec l’Esprit Saint, qui nous rappellera toujours que tout a été 
renversé sur la Croix. Il n’y avait pas du tout de  “j’aime” et presque pas de 
“followers” au moment de la plus grande manifestation de la gloire de Dieu! 
Toute mesure humaine du “succès” est relativisée par la logique de l’Évangile. 80) Voici notre témoignage: attester, par nos paroles et nos vies, de ce que 
quelqu’un d’autre a fait.[51] En ce sens, et seulement en ce sens, nous pouvons être des témoins – et 
même des missionnaires – du Christ et de son Esprit. Cela inclut notre 
engagement avec les réseaux sociaux. La foi signifie avant tout témoigner de la 
joie que le Seigneur nous donne. Et cette joie brille toujours de mille feux sur 
fond de souvenir reconnaissant. Dire aux autres la raison de notre espérance et 
le faire avec douceur et respect (1 Pt 3:15) est un signe de gratitude. 
C’est la réponse de quelqu’un qui, par gratitude, est rendu docile à l’Esprit et 
donc libre. Ce fut le cas pour Marie qui, sans l’avoir voulu ni avoir essayé, 
est devenue la femme la plus influente de l’histoire.[52] C’est la réponse de quelqu’un qui, par la grâce de l’humilité, ne se met 
pas au premier plan et facilite ainsi la rencontre avec le Christ qui a dit: 
“Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur” (Mt 11:29). Suivant la logique de l’Évangile, tout ce que nous avons à faire, c’est 
provoquer une question pour éveiller la recherche. Le reste est l’œuvre cachée 
de Dieu. *** 81) Comme nous l’avons vu, nous parcourons les autoroutes numériques aux côtés 
d’amis et de parfaits inconnus, en nous efforçant d’éviter de nombreux écueils 
en cours de route, et nous prenons conscience de la présence de blessés au bord 
de la route. Ces blessés peuvent être tantôt d’autres personnes, tantôt 
nous-mêmes. Lorsque cela se produit, nous nous arrêtons, et à travers la vie que 
nous avons reçue dans les sacrements, qui est en œuvre en nous, cette prise de 
conscience devient rencontre: à partir de textes ou d’images sur un écran, le 
blessé prend les contours d’un proche, un frère ou une sœur, et même le 
Seigneur, qui a dit: “Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits… 
c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25:40). Et si parfois c’est nous 
aussi qui sommes les blessés, le Samaritain qui est penché sur nous avec 
compassion a aussi le visage du Seigneur, qui est devenu notre prochain, penché 
sur l’humanité souffrante pour panser nos blessures. Dans les deux cas, ce qui aurait pu commencer comme une rencontre fortuite ou 
une présence distraite sur les plateformes de réseaux sociaux réunit des gens 
présents les uns aux autres dans une rencontre pleine de miséricorde. Cette 
miséricorde nous permet de goûter, dès maintenant, au Royaume de Dieu et à la 
communion qui trouve son origine dans la Sainte Trinité: la véritable “terre 
promise”.   82) Il est donc possible qu’à partir de notre présence aimante et authentique dans 
ces sphères numériques de la vie humaine, un chemin puisse s’ouvrir vers ce à 
quoi saint Jean et saint Paul aspiraient dans leurs lettres: la rencontre face à 
face de toute personne blessée avec le Corps du Seigneur, l’Église, afin que 
dans une rencontre personnelle, cœur à cœur, ses blessures et les nôtres soient 
guéries et que “notre joie soit complète” (2 Jn 12). *** Que l’image du Bon Samaritain, qui a soigné les blessures du blessé en y versant 
de l’huile et du vin, soit notre inspiration. Que notre communication soit un 
baume qui soulage la douleur et un bon vin qui réjouisse les cœurs. Que la 
lumière que nous apportons aux autres ne soit pas le résultat de cosmétiques ou 
d’effets spéciaux, mais plutôt celui d’être des “proches” aimants et 
miséricordieux envers ceux qui sont blessés et laissés sur le bord de la route.[53] 
 Cité du Vatican, 28 mai 2023, Solennité de la Pentecôte   Paolo RuffiniPréfet
 Lucio A. RuizSecrétaire
   [traduction de l'original anglais]   
 
					[1] Synode des évêques, 
					Document final de la réunion présynodale en préparation 
de la XV Assemblée Générale Ordinaire, “Les Jeunes, la Foi et le Discernement 
Vocationnel”, Rome (19-24 mars 2018), N° 4. 
					[2] Message du Pape Benoît XVI pour la 43ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture 
de respect, de dialogue, d’amitié” (24 mai 2009). Dès 1992, l’Instruction pastorale 
					Aetatis Novae 
parlait des technologies numériques. Puis, les documents 
					Ethique en Internet 
et L’Eglise et Internet publiés simultanément en 2002 se sont concentrés 
plus en détails sur les effets culturels d’Internet. Enfin, la Lettre 
apostolique Le Progrès Rapide de Jean Paul II, adressée aux responsables 
des communications sociales, offre des réflexions sur les questions soulevées 
par la communication sociale. Outre les documents qui concernent de façon 
spécifique la communication sociale, d’autres textes magistériels ont aussi 
évoqué en partie ce thème au cours des dernières décennies. C’est le cas par 
exemple des exhortations apostoliques 
					Verbum Domini, 113; 
					Evangelii 
Gaudium, 62, 70, 87; 
					Gaudete et Exsultate, 115; 
					Christus Vivit, 
86-90, 104-106; et des encycliques 
					Laudato 
					si’, 47, 102-114; 
					Fratelli 
					tutti, 42-50. [3] Message du Pape Benoît XVI pour la 47ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Réseaux sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour 
l’évangélisation” (24 janvier 2013). [4] Message du Pape François pour la 53ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nous sommes membres les uns des autres” (Ép, 4,25). Des communautés de réseaux sociaux à la communauté humaine” (24 janvier 
2019). [5] Le Vatican a ouvert sa première chaîne YouTube en 2008. Depuis 2012, le 
Saint-Père est actif sur Twitter et depuis 2016, sur Instagram. En parallèle, la 
présence médiatisée numériquement du Pape est devenue l’une des modalités de son 
engagement pastoral, à commencer par des messages vidéo au milieu des années 
2000, suivis de visioconférences en direct comme la rencontre de 2017 avec les 
astronautes de la Station spatiale internationale. Le message vidéo du Pape en 
2017 au Super Bowl aux États-Unis et ceux envoyés lors des TED Conferences en 
2017 et 2020 ne sont que quelques exemples de la présence pastorale numérique du 
Pape. [6] La diffusion en direct de la 
					 
					Statio Orbis du 27 mars 2020 a attiré 
environ six millions de téléspectateurs sur la chaîne YouTube de Vatican News et 
dix millions sur Facebook. Ces chiffres n’incluent pas les vues ultérieures de 
l’enregistrement de l’événement ou les vues à travers d’autres canaux 
médiatiques. Le soir même de l’événement, 200.000 nouveaux abonnés ont rejoint 
@Franciscus sur Instagram, et les publications sur l’événement restent parmi les 
contenus les plus commentés de l’histoire du compte. [7] Parmi les nombreuses images de l’Evangile pouvant servir de source d’inspiration 
pour ce texte, c’est la parabole du Bon Samaritain qui a été choisie, considérée 
par le Pape François comme “une parabole du communicateur”. Cf. 
					Message du 
Pape François pour la 48ème Journée Mondiale des Communications Sociales, “La 
communication au service d’une authentique culture de la rencontre” (24 
janvier 2014). [8] Par exemple : qui définira les sources auxquelles ont recours les systèmes 
d’intelligence artificielle? Qui finance ces nouveaux créateurs d’opinion 
publique ? Comment pouvons-nous nous assurer que ceux qui conçoivent les 
algorithmes sont guidés par des principes éthiques et contribuent à diffuser à 
l’échelle mondiale une nouvelle prise de conscience et une pensée critique pour 
limiter les dégâts sur les nouvelles plateformes d’information? La formation aux 
nouveaux médias devrait inclure les compétences qui permettent aux personnes non 
seulement de s’impliquer de manière critique et efficace dans l’information, 
mais aussi de discerner l’utilisation de technologies qui réduisent de plus en 
plus le fossé entre l’humain et le non-humain. [9] Cf. 
					
					Fratelli 
					tutti 30; 
					Evangelii 
Gaudium 220; voir aussi 
					“Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence 
commune” (4 février 2019) : “Nous nous adressons (…) aux opérateurs des 
médias (…) en toute partie du monde, afin qu’ils retrouvent les valeurs de la 
paix, de la justice, du bien, de la beauté, de la fraternité humaine et de la 
coexistence commune, pour confirmer l’importance de ces valeurs comme ancre de 
salut pour tous et chercher à les répandre partout”. [10] “Certaines personnes préfèrent ne pas chercher, ne pas s’informer, et vivent 
leur bien-être et leur confort, sourdes au cri de douleur de l’humanité 
souffrante. Presque sans nous en apercevoir, nous sommes devenus incapables 
d’éprouver de la compassion pour les autres, pour leurs drames ; prendre soin 
d’eux ne nous intéresse pas, comme si ce qui leur arrive était d’une 
responsabilité extérieure à nous, qui ne nous revient pas”. 
					Message du Pape 
Francois pour la 49ème Journée Mondiale de la Paix, “Gagne sur l’indifférence et 
remporte la paix” (1er janvier 2016) ; 
					Evangelii 
Gaudium, 54. [11] 
					Message du Pape 
Francois pour la 49ème Journée Mondiale de la Paix, “Gagne sur 
l’indifférence et remporte la paix” (1er janvier 2016). [12] Cf. 
					Fratelli 
					tutti, 67. [13] Message du Pape François pour la 56ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Écouter avec l’oreille du cœur” (24 janvier 2022). [14] Fratelli 
					tutti, 63. [15] “Le silence est précieux pour favoriser le nécessaire discernement parmi tant de 
sollicitations et tant de réponses que nous recevons, précisément pour 
reconnaître et focaliser les questions vraiment importantes”. Message du Pape 
Benoît XVI pour la 46ème Journée Mondiale des Communications Sociales, “Silence 
et Parole : chemin d’évangélisation” (24 janvier 2012). [16] Message du Pape François pour la 48ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “La communication au service d’une authentique culture de la 
rencontre” (24 janvier 2014). [17] Message du Pape François pour la 56ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Écouter avec l’oreille du cœur” (24 janvier 2022); 
					Evangelii 
Gaudium, 171. [18] “Ainsi, la première écoute à redécouvrir lorsqu’on recherche une communication 
réelle est l’écoute de soi, de nos besoins les plus réels, ceux inscrits au plus 
profond de chaque personne. Et nous ne pouvons que repartir de l’écoute de ce 
qui nous rend uniques dans la création : le désir d’être en relation avec les 
autres et avec l’Autre. Nous ne sommes pas faits pour vivre comme des atomes, 
mais pour vivre ensemble”. 
					Message du Pape François pour la 56ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Écouter avec l’oreille du cœur” (24 janvier 2022). [19] Verbum Domini, 86-87. 
					 [20] Laudato 
					si’, 47. [21] Cf. 
					Laudato 
					si’, 66. [22] Communio et Progressio, 12. [23] Message du Pape François pour la 53ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nous sommes membres les uns des autres” (Ép, 4,25). Des communautés 
de réseaux sociaux à la communauté humaine” (24 janvier 2019). [24]
					Message du Pape François pour la 48ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “La communication au service d’une authentique culture de la 
rencontre” (24 janvier 2014). [25] Cf. 
					Fratelli 
					tutti, 49. [26] Fratelli 
					tutti, 69.  [27] Cf. 
					Message du Pape François pour la 48ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “La communication au service d’une authentique culture 
de la rencontre” (24 janvier 2014). [28] Fratelli 
					tutti, 77. [29] Pape François, 
					
					Angélus, 10 juillet 2016.  [30] Cf. 
					Gaudete et Exsultate, 115. [31] Sur la question de la polarisation et son lien avec la construction d’un 
consensus, voir en particulier 
					Fratelli 
					tutti, 206-214. [32] Cf. 
					 
					Discours à l’occasion de la manifestation “Economy of Francesco”, 24 
Septembre 2022. [33] “Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en 
lui disant : ‘Prends soin de lui; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le 
rendrai quand je repasserai’” (Luc 10:35). [34] Une enquête menée aux États-Unis par le Barna Research Center en 2020 a révélé 
que si la moitié des “fidèles” habituels a déclaré ne pas avoir “participé à une 
célébration religieuse, que ce soit en présence ou en ligne”, pendant une 
période de six mois, cette même moitié a affirmé en revanche avoir “regardé un 
service religieux en ligne” au cours de cette même période. Il est donc possible 
de reconnaître avoir regardé une célébration religieuse sans se considérer pour 
autant comme un participant. [35] Il semble y avoir des substituts artificiels pour presque tout dans la réalité 
virtuelle; nous pouvons partager toutes sortes d’informations grâce au 
numérique, mais partager un repas ne semble pas possible même dans le métavers. [36] Cf. Lettre apostolique 
					
					Desiderio desideravi, n° 9, renvoi au “Sermo 
LXXIV: De ascensione Domini II,1 de Léon le Grand: “quod [...] 
Redemptoris nostri conspicuum fuit, in sacramenta transivit”. [37] Message du Pape François pour la 53ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nous sommes membres les uns des autres” (Ép, 4,25). Des communautés 
de réseaux sociaux à la communauté humaine” (24 janvier 2019). Il peut être utile d’envisager d’autres formes de pratique 
spirituelle, telles que la Liturgie des Heures et la lectio divina, qui 
pourraient être plus adaptées au partage en ligne, que la Messe. [38] Cf. Pape François, 
					
					Discours aux participants à l’Assemblée plénière du 
Dicastère pour la Communication, 23 septembre 2019. [39] Le Pape François a parlé du mode de communication de Dieu comme étant marqué par 
“la proximité, la compassion et la tendresse” à de nombreuses reprises 
(Audiences générales, Angélus, Homélies, Conférences de presse, etc.). [40] Communio et Progressio, 11. 
					 [41] “Il suffit d’aimer bien pour bien s’exprimer" (saint François de Sales). Cf 
					
					Message du Pape François pour la 57ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Parler avec le cœur. Selon la vérité, dans la charité” (24 
janvier 2023). [42] Message du Pape François pour la 52ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “La vérité vous rendra libres” (Jn 8, 32). Fausses nouvelles et 
journalisme de paix” (24 janvier 2018). [43] Message du Pape François pour la 53ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nous sommes membres les uns des autres ” (Ép, 4,25). Des communautés 
de réseaux sociaux à la communauté humaine” (24 janvier 2019). [44] Il est important néanmoins que lorsqu’un faux récit commence à se propager, il 
soit corrigé avec respect et rapidité. “Il faut lutter contre les fake news, 
mais les personnes qui y adhèrent, souvent sans être pleinement averties et 
responsables, doivent toujours être respectées”. 
					Discours du Pape François 
aux participants à la rencontre promue par le Consortium national des médias 
catholiques “Catholic Fact-Checking”, 28 janvier 2022. [45] Message du Pape François pour la 50ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Communication et miséricorde: une rencontre féconde” (24 janvier 2016). [46] Cela concerne aussi la formation des prêtres. Comme nous le lisons dans la 
					Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis (8 décembre 2016), les mass 
media et les réseaux sociaux représentent “un univers que les futurs pasteurs ne 
peuvent ignorer, que ce soit pendant leur formation ou dans leur ministère 
futur” (n° 97). Ils doivent également être prudents devant les risques 
inévitables liés à la fréquentation du monde numérique, notamment les 
différentes formes d’addiction (n° 99). Sur cet aspect, voir aussi le 
					Discours du Pape François aux Séminaristes et Prêtres Étudiant à Rome (24 
octobre 2022). [47] Cf. 
					Message du Pape François pour la 53ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “Nous sommes membres les uns des autres” (Ép, 4, 25). 
Des communautés de réseaux sociaux à la communauté humaine” (24 janvier 
2019). [48] Il pourrait donc être utile que les initiatives individuelles sur les réseaux 
sociaux, en particulier celles qui émanent des religieux et du clergé, trouvent 
un moyen de renforcer la communion dans l’Église. En tant que communauté 
chrétienne, il pourrait également être utile de tendre la main aux 
“influenceurs” qui se trouvent en marge de nos milieux ecclésiaux. [49] Être synodal (de 
					syn odòs) signifie marcher sur le même chemin, 
marcher ensemble, avancer ensemble. [50] Cela a déjà été décrit par les anciens Pères de l’Église. Tertullien, par 
exemple, parlait du martyre comme d’un attrait. Dans son Apologétique, il 
explique que les persécutions sont non seulement injustes, mais aussi inutiles: 
“Et néanmoins vos cruautés les plus raffinées n’avancent rien; elles sont une 
amorce pour notre Religion. Nous augmentons toutes les fois que vous nous 
moissonnez. Le sang des chrétiens est une semence. (…) Cette même 
obstination que vous nous reprochez est la maîtresse des hommes. Car quel est 
celui qui à sa vue n’est pas poussé à rechercher ce que la chose est en 
elle-même ? Quel est celui qui, après l’avoir approfondie, n’embrasse pas notre 
doctrine ?" Tertullien, Apologétique, n. 50 (traduction adaptée). [51] Ce paragraphe est en partie inspiré du 
					
					Message du Pape François aux Œuvres 
Pontificales Missionnaires (21 mai 2020). [52] Voyage Apostolique du Pape François au Panama: 
					
					Veillée avec les Jeunes 
(Campo San Juan Pablo II – Metro Park, 26 janvier 2019). [53] Message du Pape François pour la 48ème Journée Mondiale des Communications 
Sociales, “La communication au service d’une authentique culture de la 
rencontre” (24 janvier 2014).   |