Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
La paix soit avec vous !

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Je suis heureux d'être parmi vous, qui représentez tous les homme et femmes consacrés du monde en cette semaine de votre Jubilé à Rome. Je vous accueille par une étreinte qui vient du cœur et que je désire voir parvenir jusqu'aux lieux les plus reculés de la terre, où je sais que je peux vous trouver. En particulier, en rappelant ce que le Pape François vous a dit déjà, je veux à mon tour vous répéter que l'Église a besoin de vous et de toute la diversité et de la richesse des formes de consécration et de ministère que vous représentez (cf. Message pour la Journée mondiale de la vie consacrée, 2 février 2023).

Par votre vitalité et par le témoignage d'une vie où le Christ est le centre et le Seigneur, vous pouvez contribuer à « réveiller le monde » (François, Lettre apostolique à tous les hommes et femmes consacrés à l'occasion de l'Année de la Vie Consacrée, 21 novembre 2014, II, 2). C'est ce que nous avons entendu ce matin : vous pouvez réveiller le monde ! En ce sens, il faut toujours réaffirmer combien il est important pour vous tous d'être enracinés en Christ. Ce n'est que de cette manière que vous pourrez accomplir votre mission avec fécondité, en vivant votre vocation comme une partie de la merveilleuse aventure qui consiste à suivre Jésus de plus près (cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret Perfectae caritatis, n. 1). Unis à Lui, et en Lui, vos petites lumières deviennent comme le tracé d'un chemin lumineux dans le grand projet de paix et de salut que Dieu a pour l'humanité. C'est pourquoi, je vous adresse, à vous qui êtes filles et fils de Fondateurs et Fondatrices, une exhortation chaleureuse à "revenir au cœur", comme le lieu où redécouvrir l'étincelle qui a animé les débuts de votre histoire, lorsqu’à été remis à ceux qui vous ont précédés une mission spécifique, qui n’est pas finie et qui vous est confiée aujourd'hui. C'est en effet dans le cœur que se produit « le lien paradoxal entre la valorisation de soi et l'ouverture aux autres, entre la rencontre très personnelle avec soi-même et le don de soi à l'autre » (François, Lett. enc. Dilexit nos, n. 18). C'est dans l'intériorité, cultivée par la prière et la communion avec Dieu, que s'enracinent les meilleurs fruits dans l'ordre de l'amour, par la pleine promotion de l'unicité de chacun, la valorisation de son propre charisme et l'ouverture universelle de la charité.

Vous vous êtes préparés à ces journées par un long cheminement dans vos pays, au sein de vos Instituts, Sociétés et Associations, dans les différentes Conférences, inspirés par la devise : « Pèlerins d'espérance, sur le chemin de la paix ». Un besoin profond d'espérance et de paix habite le cœur de tout homme et de toute femme de notre temps, et vous, personnes consacrées, vous voulez en être les porteurs et les témoins par votre vie, en tant que diffuseurs de concorde par la parole et l'exemple, et avant tout en tant que personnes qui portent en elles, par la grâce de Dieu, l'empreinte de la réconciliation et de l'unité. C'est seulement ainsi que vous pourrez être, dans les différents environnements où vous vivez et travaillez, des bâtisseurs de ponts et des diffuseurs d'une culture de la rencontre (cf. François, Lett. enc. Fratelli tutti, n. 215), dans le dialogue, dans la connaissance réciproque, dans le respect des différences, avec cette foi qui vous fait reconnaître en tout être humain un seul visage sacré et merveilleux : celui du Christ. Hier soir, beaucoup d'entre vous ont dialogué avec la ville de Rome sur certaines places, avec des moments de partage, de fraternité et de témoignage autour de thèmes importants, tels que l'engagement pour la fraternité universelle, l'attention aux plus pauvres, le soin de la création. Ce sont là des points centraux qui témoignent de votre engagement quotidien à créer et à promouvoir des environnements et des structures de fraternité, où la pauvreté est vaincue, où la dignité de l'être humain est mise au centre et où l'on entend le cri de la "maison commune". Il s'agit de domaines de service pour lesquels, au fil des siècles, la vie consacrée a toujours manifesté un intérêt et une attention particuliers et auxquels, encore aujourd'hui, votre action quotidienne cachée témoigne d'une attention privilégiée. Continuez à agir ainsi : soyez les gardiens et les promoteurs de cette grande tradition, pour le bien de vos frères !

Je voudrais toutefois vous inviter à réfléchir sur un autre thème important pour l'Église de notre temps : celui de la synodalité, en vous exhortant à rester fidèles au chemin que nous parcourons tous dans cette direction. Saint Paul VI en parlait en termes magnifiques. Il écrivait : « Comme nous voudrions le goûter en plénitude de foi, de charité, d'œuvres, ce dialogue de famille ! Combien nous le voudrions intense et familier ! Combien sensible à toutes les vérités, à toutes les vertus, à toutes les réalités de notre patrimoine doctrinal et spirituel ! Combien sincère et ému dans son authentique spiritualité ! Combien prompt à accueillir les voix multiples du monde contemporain ! Combien capable de rendre les catholiques des hommes vraiment bons, des hommes sages, des hommes libres, des hommes pleins de sérénité et de force » (Lett. enc. Ecclesiam suam, 6 août 1964, n. 117). C'est la description d'une mission enthousiasmante : un « dialogue domestique » qui vous est aujourd'hui confié, à vous aussi, et même à vous en particulier, pour un renouvellement continu du Corps du Christ dans les relations, les processus, les méthodes. Votre vie, la manière même dont vous êtes organisés, le caractère souvent international et interculturel de vos instituts, vous mettent en effet en position privilégiée pour vivre quotidiennement des valeurs telles que l'écoute réciproque, la participation, le partage d'opinions et de compétences, la recherche commune de chemins selon la voix de l'Esprit.

De tout cela, l'Église vous demande aujourd'hui d'être des témoins privilégiés dans les différentes dimensions de votre vie, tout d'abord en marchant en communion avec toute la grande famille de Dieu, en la considérant comme votre Mère et votre Maîtresse, en partageant en elle la joie de votre vocation et aussi, si nécessaire, en surmontant les divisions, en pardonnant les injustices, en demandant pardon pour les fermetures dictées par l'autoréférentialité. Travaillez à devenir, jour après jour, de plus en plus "experts en synodalité", afin d'en être les prophètes au service du peuple de Dieu.

Pour conclure, je voudrais vous inviter à envisager l'avenir avec sérénité et confiance, et à ne pas avoir peur d'accomplir des choix courageux. Je voudrais rappeler à ce sujet ce que le Pape François écrivait dans sa Lettre apostolique aux personnes consacrées à l'occasion de l'Année de la Vie Consacrée. Notre espérance « ne se fonde pas sur des chiffres ni sur des œuvres, mais sur Celui en qui nous avons mis notre confiance (cf. 2 Tm 1, 12), et pour lequel "rien n'est impossible" (Lc 1, 37). Là est l'espérance qui ne déçoit pas et qui permettra à la vie consacrée de continuer à écrire une grande histoire dans l'avenir, vers lequel nous devons tenir notre regard tourné, conscients que c'est vers lui que nous pousse l'Esprit Saint pour continuer à faire avec nous de grandes choses » (n. 3). Et il ajoutait : « Scrutez les horizons de votre vie et du moment actuel en veille vigilante » (ibid.).

Chers amis, continuez votre chemin avec cette confiance ! Je vous remercie de votre fidélité et du grand bien que vous accomplissez dans l'Église et dans le monde. Je vous promets de me souvenir tout particulièrement de vous dans ma prière et je vous bénis de tout cœur ! Merci.